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Jour 983 - Du Jura aux urgences de Paray-le-Monial...

Dimanche 6 septembre 2015 - 45 kms - Post n° 589


Fanch : Retour. Retour. C'est un mot qui, malgré nous revient souvent, que l'on soit seul à méditer sur un vélo ou en société à parler d'aventure au bout du monde nous y revient inévitablement. Marion et Virgile, nos amis les Pignons Voyageurs (et chez qui nous faisons escale à Lons Le Saunier, Jura) connaissent eux aussi cette étrange obsession, ils nous font part de leurs expériences rassurantes puisque les voilà rentrés de leur périple aux Amériques depuis déjà quelques mois. Ils nous invitent à nous reconnecter en douceur avec un week-end aux saveurs jurassiennes, un peu plus haut sur la colline pour profiter des dernières chaleurs estivales. Nous serions bien resté en leur compagnie attendre l'hiver en partant chasser du dinosaure mais ne pouvons pas faire de vieux os… L'horloge ne cesse de tourner. Merci Virgile, Marion, Françoise, Dominique et toute la joyeuse bande de Lons Le Saunier pour cet accueil qui donne envie de revenir lors d'un prochain tour du monde, en ski de fond probablement (on travaille déjà sur l'itinéraire…).

Et nous reprenons la route avec un vent de face soutenu jusqu'à Chalon Sur Saône pour finalement trouver refuge dans une petite maison d'écluse. Le lendemain, Barth s'en va au-devant pour retrouver son père à une quarantaine de kilomètres avant Orléans et qui plus tard nous accompagneront le long de la Loire jusqu'à Nantes. La pluie nous rappelle que nous approchons du but, aux files des bornes le paysage se teinte d'ocre et d'orange et déjà les veilles feuilles se décomposent sous nos roues… Tic tac tic tac, les mômes s'en vont pour leurs premiers jours de classe…

Et parfois la route nous réserve de drôles de surprises, des choses que l'ont a peine à comprendre, mais elles nous tombent dessus il est alors impossible d'y échapper… Après une dizaine de kilomètres, Roxana se plaint d'une intense douleur au ventre. Nous faisons donc une pause. Dix minutes plus tard la voilà qui s'écroule au sol. Les pompiers font leur entrée, nous partons pour l'hôpital gyrophare allumé. Le diagnostic tombe trois heures plus tard: Crise d'appendicite aiguë. Rien de grave mais il faut opérer d'urgence, une hospitalisation est prévue et Roxana dont l'objectif était de relier Istanbul à l'Atlantique en vélo (après plus de 4000 kilomètres) doit à présent se résoudre à joindre la Bretagne par un autre moyen. L'opération se déroule bien, le réveil est plus difficile surtout que c'est à ce moment qu'elle prend vraiment conscience que l'aventure à bicyclette se termine… si près du but. La fatigue amplifie les émotions et quelques larmes s'échappent.

Je prends mes marques au camping de Paray Le Monial pour rester auprès d'elle le temps de sa convalescence, pour m'occuper des bécanes restées à 10 bornes en amont du canal, acheter un billet de train, faire la traduction entre le personnel soignant et notre amie qui ne parle pas vraiment français et puis je passerai quelques heures en compagnie de l'assistante sociale pour tenter de régler des histoires d'assurances à en perdre la tête. Enfin bref, pourquoi cela nous tombe dessus maintenant? Entre-temps, je reçois des nouvelles de Barth et de Patrice. Ils roulent tous deux sur les bords de Loire, à rythme modéré et en direction de Tours. Je fais un rapide calcul et si je suis le même chemin (Paray le monial - Nevers - Orléans - Tours) j'ai alors 450 km à faire pour rattraper mon binôme à Tours. Je couperai donc par Bourges, Vierzon et me contenterai de l'Allier et du Cher au lieu de suivre « La Loire à vélo ».

Dimanche 6 Septembre, 14H00. Roxana monte dans le train pour Nantes, je me refamiliarise avec la voix de la SNCF. « Le train expresse régional en provenance de Lyon et à destination Saint Pierre Des Corps blabla ». Ne pouvant rien porter, je l'accompagne à l'intérieur du wagon pour suspendre son vélo. Alors que je lutte contre le système d'accrochage une sonnerie retentit, j'ai tout à bout de bras et les portes se ferment. Merde… Mon vélo (chargé), est quant à lui rester sur le quai. Vigipirate, c'est encore d'actualité? Oui forcément et plus que jamais… La voix me l'a répété 4 fois en 30 minutes, j'espère juste qu'ils ne feront pas sauter mon deux roues et mes affaires avec. Deux heures plus tard, je retrouve le tout intact, prends enfin la route et seul je monte le bivouac pensant à mes deux compagnons de route… L'aventure continue.

documentation/carnets/geocyclab/almanach/22-france/post-589.txt · Dernière modification : 05 02 2023 de 127.0.0.1