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Jour 648 - Arrivée à Yangon

Lundi 6 octobre 2014 - 110 kms - Post n° 534


Barth : Déjà une semaine de route à travers le Myanmar, et les journées se sont enchaînées aussi vite que les kilomètres. Il semble que nous n'ayons jamais autant transpiré, la faute à une chaleur particulièrement moite qui fait le bonheur des quelques mycoses qu'on commence à cultiver dans la sueur. Mais malgré ça, on avance bien !

Concernant les routes, nous sommes heureusement surpris car il semble que depuis le passage de Giom qui nous avait mis en garde contre l'état délabré de ces dernières, des travaux de rebouchage de trous ont été entrepris et les passages sur tôle ondulée sont plutôt rares. La densité du trafic est supportable, du moins jusqu'à notre approche de Yangon et c'est surtout le concert incessant des klaxons qui épuise les nerfs en fin de journée. Fanch le faisait remarquer dans un précédent article, nous sommes repassé à droite pour le sens de conduite. Nous concernant il a suffit de d'intervertir nos rétroviseurs pour nous adapter, mais ce qu'il n'a pas précisé, c'est que dans cette ancienne colonie britannique, le sens de conduite était traditionnellement à gauche, et la décision de l'inverser est une lubie du pouvoir qui date de quelques années. Cela fait que la plupart des véhicules ont leur volant à droite, et leurs pots d'échappement également… Les birmans s'y sont fait, et dans chaque camion ou bus, se trouve un copilote collé sur le côté gauche de la cabine et chargé de signaler au chauffeur s'il peut déboîter ou non pour dépasser un autre véhicule. Quand aux pots d'échappements, je parle ici de ceux des poids lourds, ils sont le plus souvent sur la droite du véhicule, précisément à la hauteur de nos têtes. La première bouffée de gaz noir et chaud en pleine face nous a tous les deux surpris, mais avec l'usage, on apprend à anticiper et à prendre sa respiration quand un camion double en pleine côte.

Un petit mot au sujet de la nourriture qui constitue tout de même un élément capital de notre vie quotidienne. Personnellement, je pleure en repensant aux pad thaïs et autres merveilles que nous avons abandonner derrière nous en Thaïlande. Ici, la nourriture est souvent très grasse, toujours avec une assiette de riz blanc pour éponger un peu, mais la plupart du temps il s'agit de plats cuisinés le matin et servis froids, ce qui ne me fait jamais plaisir. Même dans un pays tropical, je préfère les saveurs subtiles d'un plat fraîchement cuisiné ou d'une simple soupe de nouilles, au goût d'huile pimentée qui imbibe toutes les recettes ausi variées soient-elles…

Heureusement, nous tombons parfois sur une chouette cantine-bar, où une soupe de légume, une salade de pois chiches ou de lentilles, accompagné d'un roti (genre de chapatti) et suivi de quelques pâtisseries locales, viennent me remonter le moral ! Mais il n'est pas toujours simple de dégoter ce genre d'endroit dans les petites villes. Côté boissons, le thé brûlant gratuit nous attend dans un thermos à n'importe quelle table, et les coffee mix (café au lait industriel) nous rappellent de déjà vieux souvenirs d'Indonésie. Nous nous sommes autorisé une fois ou deux à boire une bière car l'alcool coule à flots ici. Bières et mauvais whisky font partie de la panoplie pour oublier le passé si l'on en croit les dire de cet ivrogne croisé lors d'une pause déjeuner et nous expliquant entre deux absences cérébrales, qu'il est ancien prisonnier politique et que sa nouvelle passion tourne autour de son scooter et son biberon de whisky… Les alcooliques anonymes ont un marché potentiel impressionnant en Birmanie.

Nous n'avons pas encore essayé de dormir à la belle ou chez l'habitant, et on s'en sort pas trop mal avec les guest-houses qu'on trouve. Partout, la connexion wifi est au rendez-vous, il ne reste plus qu'à y faire passer internet, car pour le moment le débit est quasi nul. Nous ne sommes donc pas très connectés, sans doute même moins que la population locale qui est suréquipée en smartphones. Comme toujours il n'est pas facile de mesurer à quel point ces usages sont fraîchement débarqués mais on sent bien que l'ouverture récente des frontières a inondé le pays d'une quantité incroyable de produits inexistants auparavant. Avec l'Inde, la Chine et la Thaïlande comme voisins mitoyens, le Myanmar est on ne peut mieux placé pour bénéficier en première ligne des nouvelles technologies dont ces pays sont producteurs.

En séjournant dans des guest-houses, nous avons le temps de visiter un peu les innombrables pagodes qui jalonnent notre route, d'y tourner de nouveaux haïkus, et de nous tenir à jour dans le derushage des images et sons qui recommencent à remplir quotidiennement nos disques durs. L'atelier de Geocyclab retrouve sa forme d'antan. Mais pour l'heure, nous voici arrivés à Yangon, dernière halte administrative avant de disparaître vers le nord et regagner l'Inde. Nous allons essayer de débusquer ici quelques acteurs de la culture du Libre…

documentation/carnets/geocyclab/almanach/11-birmanie/post-534.txt · Dernière modification : 05 02 2023 de 127.0.0.1