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Jour 633 - Bye-bye Bangkok

Dimanche 21 septembre 2014 - 10 kms - Post n° 528


Fanch : L'hosto fût mon premier contact avec la Thaïlande. Après un séjour sous perfusion, condamné à regarder les mêmes tours durant sept jours depuis la fenêtre d'une chambre blanche aux odeurs de Bétadine, je renifle enfin le smog chaud et étouffant de la mégapole. Et oui, je me sens perdu comme si je débarquais d'un Boeing A380 venu tout droit d'Europe, pris d'un étrange sentiment de dépaysement avec l'excitation du premier jour du voyage en moins. Alors que je commençais a baragouiner quelques mot de malais, je me retrouve confronté à une nouvelle langue, tonale cette fois et accompagné d'un alphabet que l'amateur de divertissements fantastiques pourrait facilement qualifier d'elfique. La nourriture est aussi différente (je retrouve peu à peu l'appétit), avec coriandre et piment à volonté, des odeurs non identifiées, du bruit, beaucoup de bruit, des rue bondées, un nouveau paysage, je débarque après un break aseptisé et j'ai besoin d'un peu de temps pour me remettre dans le bain. Barth au contraire n'a pas l'air de s'être déshabitué au rythme à la fois studieux et effréné du quotidien. C'est aussi son second séjour ici, il a repéré les lieux, quelques noms de plats locaux, une cantine aux tarifs abordables, sur les rive d'une ruelle embouteillée.

Enfin, je me suis remis au boulot à mi-temps, encore un peu secoué par l'épisode dengue, j'ai d'ailleurs toujours besoin de ma petite sieste quotidienne. Mais petit à petit, je retrouve le rythme de Geocyclab, écriture, mail, questions administratives, enfin depuis le temps, vous commencez à connaître le refrain, on se retrouve de nouveau en mode « boulot dodo ».

Et quand on travail, on a pour réflexe de repérer une « cantine ». En gros, pour faire notre sélection, la première chose qui importe c'est le rapport prix/distance, la qualité passe au troisième plan, c'est bien ce qui défini le terme de cantine. Le sourire du personnel n'est pas nécessairement un critère important mais à partir du moment ou il nous reconnaît, l'ambiance devient rapidement cordiale et peut être que c'est aussi pour ça que nous aimons « nous fidéliser », pour le sourire en plus! Enfin bref, notre cantine se situe à dix minutes de la maison d'Etienne et d'Emmanuelle, sur Sukumvit, à la frontière d'un quartier meublé d'hôtel pour émirats et de la zone très chaude de Nana.

Nana, c'est en fait le nom de la station de métro aérien qui dessert entre autre la Soy 4, rue que nous traversons chaque midi, réputée pour ses salons de massage douteux et ses « lady-boys » à talon aiguille. À la fois étonnant et pathétique, le coin attire toute une tribu d'occidentaux sexagénaires nostalgiques de leurs succès perdu qui tente d'acheter le temps à coup de biftons magiques. On y croise aussi quelques petits groupes de jeunes blancs-becs aux accents divers et variés mais surtout au porte-feuille bien rempli qui viennent ici se rincer l’œil et/ou mettre à l'épreuve leur libido avec 3 grammes dans le sang, ça trinque à la Carlsberg sur les terrasses des bistrots et ça braillent sans pudeur comme si ces gens là étaient fiers de confondre un bar à pute avec un éden sans égal.

Non loin de là, de l'autre côté de Sukumvit il y a donc ce quartier de la Soy 1 et 3 ou les épices thaïes laisse place au odeurs de chich kebab et de cumin. On y croise des visages varié, du golf persique, d’Afrique du nord ou d'Arabie Saoudite venus pour affaire sinon pour goutter à l'atmosphère Bangkokoise. Djellaba, ghotra et moustache sont de coutume. Quand au femmes? La grande majorité se cache tristement derrière un voile sombre. Certaines laissent leurs visages transparaître mais d'autres reste entièrement dissimulées sous un tissu sans forme jusqu'à inventer d'étranges accessoires pour manger en public. Adieu couleurs chatoyantes et accessoire de beauté, ici le noir est à la mode.

Une triste mode qui au croisement de Sukumvit et de la Soy 4 se heurte aux vendeurs ambulant de sex-toy, aux bas-résille et aux décoltés plongeant. La première est en burqa alors que la deuxième, en mini jupe, caresse la nuque d'un touriste pour gagner sa croûte. Deux extrêmes s'entre-choc, boum-badaboum, croyances, valeurs et tabous, sont tout d'un coup chamboulée . À tort plus qu'à raison, je m'aventure parfois à imaginer ce qui se passe dans la tête de ces deux femmes quand elles se croisent sur un bout de trottoir trop étroit pour garder distance. À tort plus qu'à raison puisque je n'en déduit absolument rien. En voilà une curieuse cohabitation mais qui ne semble pas exaspéré les esprits (au premier abord), ni d'un côté ni de l'autre. Est-ce un signe de tolérance? Je ne sais pas, parfois bien des choses m'échappent…

Il ne nous reste que peu de temps avant de reprendre la route. À l'ordre du jour du vendredi 19 septembre: Les courses! Super, on adore… Mais nous avons réellement besoin d'un nouveau disque dur (on est accro à la sauvegarde) d'un micro cravatte pour les interviews (les anciens ont disparu avec mon sac à Kuala Lumpur) et de remettre à jour notre trousse à pharmacie. En revanche c'est aussi l'occasion de changer de quartier et de découvrir le Bangkok de la consommation à outrance. Bienvenue à Gataca… Non, Bienvenue dans le quartier du Central World Plaza ou nous arpentons le « skywalk », une voie pédestre suspendu au métro aérien slalomant entre les écrans LED géants et qui dessert une multitude de malls (énormes centre commerciaux sur-climatisés dont les asiatiques raffolent). « Bientôt, il y aura le monde d'en haut, celui du skywalk, et le monde d'en bas, celui des petites échopes et des barbecue de rue » m'a dit Etienne après coup. Et paf, je me retrouve plongé dans l'univers de Moebius qui avec ce type de métaphore laissait envisager la disparition de la classe moyenne. Ne nous inquietons pas, à Bangkok, il y a des coins ou nous y sommes presque… À méditer. De retour « à la maison » nous prenons part à une visio-réunion avec nos amis de Biji Biji Initiative. Nous nous y attendions un peu mais il semblerait bien que du boulot (rémunéré) qui nous attend en Malaisie à l'occasion du festival Urbanscape en décembre prochain. Nous allons donc probablement nous payer un aller retour pour revoir notre bande d'amis degentés de Kuala Lumpur et par la même occasion, renflouer les caisse de Geocyclab. Affaire à suivre, on vous tiendra au courant.

Finalement, nous parvenons à nous accorder une journée pour souffler un peu. Emmanuelle et la petite Octavie nous embarque au salon de massage pour un baptême qui tombe à pic avant la reprise de l'exercice physique. Puis nous rejoignons Étienne et Hugo pour une ballade en bateau- bus jusqu'au haut lieu touristique Wat Po et de son gigantesque Bouddha couché. Par je ne sais quelle miracle, il n'y a pas un chat et nous profitons allègrement de cette chance.

Dimanche 21 septembre. Nous voilà sur le départ, remerciant nos hôte une dernière fois pour leur immense générosité (et je ne pèse pas mes mots). Emmanuelle et Étienne si vous lisez ces lignes, soyez en certains, nous vous accueillerons en Bretagne avec un énorme saladier de pousse-pied! 19H30, nous enfourchons nos bécanes pour quelques kilomètres, le temps de saluer une dernière fois Bangkok et de parvenir jusqu'à la gare ferroviaire. Et oui encore une fois, la gare, le train et tout et tout, mais avec ces petits soucis de santé nous avons pris pas mal de retard! Prochaine étape, Nakhon Sawan, à environs 200 km d'ici! On se voit là bas!

Hugo

Octavie et Emmanuelle

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