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documentation:carnets:geocyclab:almanach:10-thailande:post-524
Jour 613 - Convalescence Bangkokoise...

Lundi 1 septembre 2014 - 0 kms - Post n° 524


Barth : Samedi 30 août. C'est aujourd'hui que nous allons passer la frontière. La nuit fut calme pour une zone urbaine, j'ai pu récupérer de la nuit blanche de la veille et le petit déjeuner est vite trouvé à la même cantine indienne qui n'a pas fermé de la nuit… Pour Fanch c'est une autre histoire, il a très mal dormi et se sent fiévreux.. Peut-être que les 100 kilomètres d'hier ne sont pas bien passés avec sans doute un peu de déshydratation. Quoi qu'il en soit ce serait idiot de rester bloqués ici, on décide donc de rejoindre la frontière au plus vite et d'aviser là-bas en fonction de l'évolution de sa santé. Il n'y a pas de soleil mais ça grimpe un peu, une quarantaine de kilomètres qui se termine en calvaire pour mon pauvre coéquipier. Les cachets de paracétamol et les pauses que nous faisons n'y suffisent pas, la fièvre ne semble pas se calmer, bien au contraire…

Le passage de la frontière se fait rapidement, et nous filons directement à travers la petite ville de Padang Besar pour y trouver la gare… Les choses se compliquent alors, nous ne sommes plus en Malaisie, personne ne parle anglais ici et il semble que la gare n'existe pas… Il est midi, le soleil cogne maintenant et Fanch est en train de tourner de l’œil. Retour au poste frontière où les douaniers thaïlandais intrigués par nos montures nous avaient proposé leur aide si nous trouvions pas. Ils nous conduisent alors en voiture à une petite agence où nous pouvons acheter les billets de train et repérer le quai désert où nous pourrons embarquer en fin d'après-midi… Ouf !

Après avoir mangé un peu, Fanch installe son hamac à l'ombre dans l'enceinte du poste frontière tandis que je papote un peu avec un des douaniers qui est passionné de vélo. Nous avons le temps de souffler, de nous laver un peu et de préparer nos bagages pour la nuit de train qui nous attend, mais je commence à m’inquiéter de plus en plus pour la santé de mon ami. Nous serons dans 24 heures à Bangkok, j'espère qu'il va tenir le coup jusque là. Bon gré mal gré, il trouve la force pour un dernier coup de pédale jusqu'aux quais de la gare. Après une étrange magouille qui me fait traverser la frontière clandestinement dans l'autre sens en suivant les voies ferrées pour me procurer les tickets pour nos vélos à la vraie gare, nous n'attendons plus longtemps avant de pouvoir enfin charger les vélos et nous installer dans le train juste avant la pluie… A partir de là, je sais que le plus dur est fait, Fanch peut s'étendre au frais sur sa couchette et tenter de dormir entre deux pics de fièvre en attendant Bangkok.

Nos voisines thaïlandaises sont des lèves-tôt et ne savent pas vivre sans parler et encore moins en chuchotant. Je pense à Fanch qui doit halluciner dans ses rêves fiévreux en entendant une nouvelle langue rythmée par les vibrations du train. L'arrivée sur Bangkok est interminable. Il est midi passé quand nous posons nos vélos dans un coin de la gare où Fanch peut rester allongé pendant que je m'occupe de contacter notre assurance pour savoir vers quel hôpital se diriger. L'affaire n'est pas aussi simple que je le pensais… Impossible de passer des appels internationaux dans le quartier de la gare, la plupart des cybers-cafés sont fermés le dimanche et quand je trouve finalement une connexion wifi dans un bar c'est pour réaliser que le numéro d'urgence qui figurait sur nos cartes d'assurés à changé et pas moyen d'avoir une seule information sur leur site internet. Il est 15 heures, je sens la colère me monter au nez, la fatigue me pèse à moi aussi et je suis inquiet pour Fanch dont l'état est vraiment de plus en plus alarmant. Au moment d'envisager de simplement appeler une ambulance et d'avancer tous les frais, le cyber café de la gare ouvre, et avec l'accord de Fanch qui me dit que « quand même ça va.. » avec des yeux rouges qui en disent long, je prend un peu plus le temps de fouiller et finis par mettre la main sur nos nouvelles cartes en pièces-jointe d'un vieux mail. A partir de là tout va très vite, je parviens à joindre l'assurance, j'ai le nom d'un hôpital, et j'ai même une réponse d'Etienne et Emmanuelle, des amis d'ami d'ami chez qui nous allons pouvoir nous débarrasser de nos encombrantes montures. Le temps de négocier avec deux tuk-tuks pour y charger les dîtes montures, de faire la route jusque chez nos sauveurs, de boire un rafraîchissement dans le calme de leur jardin et nous nous engouffrons enfin dans un taxi en direction de l'hôpital…

Un peu d'attente, un coup de fil à l'assurance, et je retrouve Fanch perfusé, installé dans un fauteuil roulant qui le conduit jusqu'à sa chambre… Fin de la partie, je respire enfin un peu, en attendant de connaître le diagnostic officiel même si nous soupçonnons tous les deux une bonne dengue. L'assurance m'a réservé une chambre d'hôtel pas très loin, j'abandonne donc Fanch aux mains d'une armée de nurses thaïlandaises qui parlent anglais avec un appareil dentaire et un masque sur le visage pour la plupart, et je file me reposer un bon coup après toutes ces émotions !

Le lendemain le diagnostic tombe tôt, il s'agit bien de la dengue, l'hospitalisation va donc durer quelques jours au minimum. Je profite de l'impressionnant buffet du petit déjeuner avant d'aller rendre visite à Fanch qui a le moral, malgré son épuisement physique. La climatisation polaire de l'hôpital nous inspire un petit chocolat chaud avec cookies, bien loin des cartes postales culinaires de ce pays réputé pour sa gastronomie, mais de toute façon Fanch va devoir attendre encore un peu avant d'expérimenter les padtaïs et autres tomyams qui pullulent à tous les coins de rues… De mon côté, je vais profiter de ce temps libre et de ce confort pour me reposer bien sûr, mais aussi pour avancer sur le boulot et préparer tout ce que je peux pour gagner du temps dans nos demandes de visas à venir. Affaire à suivre…

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