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Jour 447 - Salle des fêtes de Watsonville

Vendredi 20 décembre 2013 - 40 kms - Post n° 449


Barth : Premier réveil au soleil dans notre avancée montagnarde et le petit déjeuner est assorti du passage de quelques baleines au large. Nous sommes très loin mais les quelques jets de bruine qui scintillent ponctuellement dans l'immensité du Pacifique m'émeuvent particulièrement…

La route est toujours aussi physique mais l'entrainement des derniers jours commencent à porter ses fruits. De temps en temps on entend sans les voir les aboiements d'un troupeau d'otaries au pied d'une falaise et les oiseaux mouches s'affairent dans le soleil des talus. La montée finale pour atteindre Big Sur se fera en poussant les vélos, il y a des limites au degré de pente qu'on ne peut pas dépasser, surtout en vélo couché, mais c'est l'occasion de surprendre une famille de cerfs au détour d'un lacet. Et voilà Big Sur, avec sa panoplie de boutiques design et compagnie, ses mini-market hors de prix et surtout les traces encore fumantes de l'incendie des derniers jours. Nous fêtons notre arrivée avec un copieux hamburger dans un pub plutôt pittoresque avant de filer loin de toute cette civilisation dans l'espoir de trouver un coin tranquille pour la nuit.

Erreur… La sortie de Big Sur n'est qu'une succession de terrains agricoles, tous soigneusement clôturés et placardés de « No trepassing, private property ». Je hais les propriétés américaines, c'est décidé. Vingt kilomètres plus loin, la nuit nous a attrapé, au fond d'une vallée balayée par le vent glacial du soir sans aucune chance de trouver un coin où monter la tente. Le fermier chez qui Anaïs va demander l'hospitalité lui répond qu'il est locataire et non autorisé à laisser des gens planter une tente sur son terrain, il nous faut donc nous résigner à bivouaquer dans le fossé, abrités du vent par une bache…

Anaïs : Hey Kerouac, « I did it! » Big Sur, en vélo, sur la route des beatniks. Effectivement pas loin d'être des clochards célestes!


Fanch : 5H30, je préfère lever le camps avant que les sentiers du parc ne soient envahis par les joggers nationaux. Il fait froid (2 degré?), je ne peux pas faire de feu, retourne au Starbuck d'où je ne repartirai qu'une fois l'intégralité de mon corps réchauffé

Ayant bien avancé ces derniers jours et sentant le poids de kilomètres dans mes mollet, je décide de prendre mon temps pour les jours à venir. Je m'accorde même une pause « shopping » avec l'espoir de me trouver une paire de gants pour un prix raisonnable (en voilà une bonne chose de faite) ainsi que quelques course pour la suite du voyage.

La route qui longe la côte entre Monterey à Santa Cruz est truffée de States Beach, endroits idéal pour y planter une tente. Mais la encore c'est la galère. J'ai peut être l'imagination trop développé mais j'ai la nette impression d'être la proie du jour d'un ranger qui s'emmerde. À trois reprises, je joue l'éclaireur dans un de ces parcs, à trois reprises il arrive dans son pickup et se post face à mon vélo, à une trentaine de mètres, éteint son moteur mais braque ses feux sur moi. Ça pue, je me casse d'ici sans plus attendre.

J'arrive à proximité de Watsonville au crépuscule et la galère pour trouver un petit terrain discret continue. Je repère une salle des fête relativement isolé de l'activité du centre ville et derrière laquelle je songe à planter ma tente pour la nuit. Merde, Il y a du monde la dedans, bon, je n'ai plus qu'à demander la permission de camper ici, j'y vais au moins pour signaler ma présence.

Et c'est la que je rencontre la famille Juarez. D'abord Laura et ses filles qui ne semblent pas rassurées par ma présence puis son frère Peter qui arrivant apaise aussitôt les craintes de sa frangine. L'atmosphère se détend. 10 minutes plus tard, je suis convié à rester le week-end chez Peter pour participer à la grande fiesta. Et oui, Laura fête ses 40 ans demain, ici même dans la salle communale, c'est la raisons de leurs présence. Laura et ses filles s'activent pour les préparatifs, alors que je fini la pizza peperoni encore tiède tout en répondant aux questions de Peter qui n'en revient toujours pas qu'on puisse faire du vélo en Afrique.

Il charge mon vélo à bord de son pickup. Une maison m'attend avec une douche chaude, un rasage complet (il est temps), et un canapé dans une ambiance chaleureuse, relaxante, à la mexicaine en somme.

Et je ris seul dans mon lit en pensant à cette journée merdique qui finalement se termine plutôt bien. Il y a trois heures de cela, j'était dans le froid, vraiment fatigué et le moral en berne de ne pas savoir ou dormir ce soir et maintenant je suis mieux que dans un hôtel 4 étoiles. C'est toujours dans ces moments rudes que la providence se manifeste sous son plus beau profil. Je le savais mais que c'est bon quand ça arrive!

documentation/carnets/geocyclab/almanach/07-usa/post-449.txt · Dernière modification : 05 02 2023 de 127.0.0.1