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Jour 273 - Calle 16 de Septiembre

Samedi 29 juin 2013 - 0 kms - Post n° 274


Barth : Ça y est, c'est de nouveau arrivé, je me sens une fois de plus sédentaire dans une ville qui m'était jusqu'alors inconnue. Mexico que j'imaginais n'avoir qu'à traverser pour plonger dans les profondeurs du terroir mexicain, s'avère être une pause obligatoire, un séjour constitutif de ces trois années de voyage… L'occasion de prendre un peu de recul sur l'immersion du premier mois dans le sud du pays, et sans doute aussi sur Geocyclab. Cette panne d'ordinateur vient en effet briser le rythme intransigeant de la production quotidienne que nous avions depuis le départ…

Pas grand chose à raconter aujourd'hui. Une journée d'attente, à guetter des nouvelles de Fanch (de Rennes) avant de nous lancer dans l'achat du nouvel ordinateur, tout en faisant quelques recherches sur le web…

Le Mexique, après s'être présenté comme une rupture brutale suite à la douce immersion dans la culture musulmane et nomade du nord-ouest africain que nous avions vécu, se laisse peu à peu apprivoiser. La langue tout d'abord, avec laquelle je commence à me sentir moins complexé, plus prompt à engager une conversation, est le premier obstacle en voie de franchissement. Ensuite il y a cette culture si dense, si feuilletée, qu'il faut du temps pour y distinguer l'incroyable diversité des éléments qui la compose. La première couche de ce formidable mille-feuilles est bien sûr constituée des restes des civilisations amérindiennes, allant des ruines de temples devenus sanctuaires touristiques, à la lutte silencieuse de minorités pour la plupart paysannes qui évoluent en marge de la société. À chaque fois que j'aperçois une de ces vieilles indigènes mendiante dans les rues bourgeoises du centre de Mexico, j'ai cette impression qu'elles sont débarquées d'un autre univers, tellement elles ont l'air réelles… Juste à leur côté se trouve un passage vers une autre dimension, plus virtuelle cette fois, et majestueusement incarnée par l'omniprésence visuelle du monde de Walt Disney. Un culte de l'imaginaire, du plus puéril au plus vulgaire qui inonde les rues, les intérieurs, les écrans, au même titre que ces mises en scène religieuses sous verre et néons que l'on aperçoit au coin des rues… Car c'est bien la religion catholique qui constitue le liant de la recette.


Fanch : La sédentarisation s'empare de mes membres et de mon esprit, comme si une liane tout droit sortie de terre grimpait le long de ma colonne vertébrale et ne me laissait pas libre. Elle opprime mes propres mouvements et me rappelle que l'évolution de la société a contraint l'homme à s'immobiliser et que le nomadisme est une dérogation à la règle.

Les habitudes se mettent en place, les repères s'affirment, les rencontres se concrétisent. Nous mangeons au même petit restaurant que j'appelle à présent la cantine sans faire l'effort de pousser un peu plus loin… A la différence de la mobilité, les découvertes se font plus éparses, presque au compte goûte. La routine nous guette, elle n'est jamais loin et pour en échapper il faut lui livrer un combat permanent.  J'ai l'impression de stagner, mon regard s'en trouve modifier et ne se tourne plus vers l'extérieur, mais vers l'intérieur. Je remet pas mal de mes attitudes en questions et ce début de ré-sédentarisation accentue le phénomène. Étrange sentiment.

Mais nous sommes à Mexico et lors de notre ballade du jours nous avons l'honneur de croiser une manifestation mondial, la Gay Pride qui semble respecter sa réputation en nous offrant un spectacle haut en couleur.

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