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Jour 253 - Terminal de autobus, Juchitan

Dimanche 9 juin 2013 - 0 kms - Post n° 253


Fanch : Aujourd'hui c'est dimanche, le jour tant attendu par les nombreux fidèles qui sortent vêtus de leur plus beaux apparats vestimentaire pour honorer leurs confessions. Mais ce n'est pas aujourd'hui que nous obtiendrons le diagnostique concernant le mal dont souffre notre ordinateur. Je laisse donc à Barth le soin de s'en occuper demain puisque je pars ce soir pour une petite excursion en solitaire de quelques jours.

Après un mois de recule, je me lance dans une description sommaire de l'ambiance mexicaine prenant ainsi le risque de généraliser puisque je n'ai découvert qu'une part infime de ce qui la caractérise. C'est tout d'abord un changement considérable car n'ayant pas véritablement digérer mon séjour africain je me retrouve confronté à une civilisation dont les coutumes n'ont pas grands points communs avec ce que nous avions récemment découverts de l'autre côté de l'Atlantique. La religions y est certainement pour quelque chose, je note d'ailleurs que le son des cloches me procure presque le sentiment de revenir à la maison.

En apparence le changement de religion influe sur le degré des libertés individuelles, celles ci sont peut être similaires à celles de l'occident, (je rappelle que tout est relatif). Juchitan nous en apporte une preuve tangible puisque nous sommes au coeur d'une société ou depuis plusieurs génération les « muxes » autrement dit, travestis et homosexuels ont hérité d'un statut social privilégié. Effectivement, non content d'être parfaitement intégré, ils portent la culture Zapoteque sur leurs épaules et veillent à ce qu'elle soit transmise en bon et dû forme. D'ailleurs, d'après ce que j'ai compris, l'église catholique de la région se positionne soit de façon indifférente, soit de manière positive, encourageant ainsi la tolérance et l'acceptation de la différence. Belle leçon n'est ce pas, (petit clin d'oeil à l'actualité française). Les tatouages et piercing (pour les homme) ayant complètement disparus en Afrique, reviennent en force. Les habitudes vestimentaires des femmes vont et viennent entre apparats traditionnels pour les plus âgées, jeans et tenues d'été portées près du corps et souvent très colorées pour les plus jeune. On retrouve le même shéma chez les hommes mais tout ce joue au sommet du crâne puisque le couvre chef qui semble varier en fonction de l'âge et de la classe sociale. Au choix, chapeau de cowboy ou casquette portée à la new-yorkaise. Tout ce beau monde évolue dans une atmosphère plutôt sereine et dans un calme plus ou moins effectif. L'Europe (que j'utilise comme repère et non pas comme modèle) se retrouve aussi au travers des rapport humain. Cela se traduit par une tendance à l'égalité des sexes et même si ce n'est pas coutume, les femmes ne sont pas cantonnées à rester au fourneaux écrasées par le poids d'un quelconque livre sacré. Le revers de la médaille c'est que notre rapport aux autres est plus distant, plus froid et moins spontané qu'en terres musulmane, je ne pense pas que cela soit uniquement une affaire de communication. Nous verrons bien quand nous aurons repris nos supers bécanes qui suscitent la curiosité et les rencontres. Affaire à suivre donc.

Ou en étais-je, ah oui… Les oiseaux chantent, les mômes suivent de l'oreille le glacier ambulant annoncé par une petite mélodie facilement identifiable, les jeunes amoureux sans soucis sirotent leurs agua-fresca tandis que les vieux cowboy palabrent entre deux tacos. Mais nombreux sont les pick-up arborant les couleurs de la police ou de l'armée, ils patrouillent en permanence transportant 4,5 ou 6 hommes armés jusqu'aux dents. La présence des forces de l'ordre locales et nationales sont les seuls indices révélant que nous sommes dans un pays réputé dangereux. On imagine bien la guerre menée par le gouvernement aux narcos-trafiquants, sachant  que 90% de la drogue consommée aux USA est produite ou transite par le Mexique. Mais bon, une fois de plus, je suis sceptique face à ces parades démonstratives, ou finalement l'individu est surveillé du bout du fusils. Je n'ai pas encore les clés pour mesurer l'amalgame (récurrent) sécurité-flicage qui met en péril les dites libertés individuelles, je suis sceptique à sujet et le resterai éternellement, voilà tout.

Mon bus arrive, je vais vers Sans Cristobal. A moi les montagnes du Chiapas!


Barth : Après un copieux petit déjeuner, une promenade en quête d'un réparateur informatique ouvert le dimanche, un passage par le parc pour y voir les iguanes que Fanch avait repéré la veille, et nous revoici à l'hôtel pour patienter aux heures chaudes en attendant que les boutiques ré-ouvrent…

Finalement, pas moyen de trouver un réparateur informatique le dimanche, on verra ça demain donc… Une promenade le long de la rivière dans des quartiers plus modestes que le centre ville et nous voici déjà à la fin de la journée. Ce soir Fanch nous quitte pour aller explorer le Chiapas seul pendant quelques jours. Nous l'y rejoindrons certainement un peu plus tard, après avoir creusé un peu plus la culture de Juachitan et, « Si Dios quiere » (inch'allah en espagnol..), réparé l'ordinateur…

Anaïs : Il fait chaud… c'est dur de trainer sa carcasse. Nous explorons d'autres parties de la ville, et les habitants de ces quartiers excentrés semblent se demander ce qu'on fait là. Les gamins nous suivent en riant, dès qu'ils repèrent l'appareil photo, ils n'ont qu'une envie, prendre la pose, sans même vouloir regarder ce que ça donne. Des poses formatées, celles qu'ils voient dans les pubs, de joueurs de foot pour les petits garçons, et de bimbos pour les petites filles. Fanch nous lâche en fin de journée pour partir jouer tout seul à l'explorateur, et nous restons le temps de faire réparer l'ordinateur.

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