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Jour 201 - Parc Naturel de Djoudj

Jeudi 18 avril 2013 - 50 kms - Post n° 201


Fanch : Comme par miracle, mon bricolage d'hier semble tenir le coup et même si je n'ai plus de frein arrière, qu'il me reste 90 kilomètre (Jusqu'à Saint Louis, la prochaine grande ville) à parcourir sans possibilité de changer de vitesse, ça roule!

Nous longeons la piste du fleuve, toujours aussi chaotique mais sans dénivelé cette fois ci. la verdure s'est confortablement installée et avec celle ci, la faune fait preuve d'impudeur. Après avoir traversé près de 2000 bornes de désert ou seuls quelques insectes osaient se montrer, nous assistons ravis, à ce retour à la vie. Je découvre ici milles espèces d'oiseux que je n'ai pour la plus part jamais vue de mes propres yeux. Des échassiers de toute sortes (grues, aigrettes, cigognes, hérons…), de toute taille, certains doivent atteindre 3 mètres d'envergure peut être plus, se mélangent au pélicans, au hirondelles et aux autres espèces de petites tailles qui exhibent fièrement leur couleurs vives et chatoyantes. Aux animaux à plumes s'ajoutent les mammifères et de nombreuses familles de phacochères traversent la piste de temps à autres, curieuses et peureuses à la fois. Dans la catégorie reptile, nous apercevons ce que nous pensions être un gros lézard mais qui, nous l’apprendrons plus tard, est en réalité une petite variété de crocodile. Et c'est avec étonnement que nous découvrons dans les roseaux, le corps sans vie d'un petit anaconda de 3 mètres (c'est déjà impressionnant), apparemment tué par un berger bien décidé à ne plus voir ses chèvres disparaître unes à unes dans le tube digestif de ces impressionnantes bestioles.

Après de rapides formalités administrative, le barrage de Diama nous ouvre ses portes, nous quittons la Mauritanie pour franchir la frontière Sénégalaise. L'heure est aux adieux. Je quitte la République Islamique de Mauritanie sans regret, heureux dans la perspective de découvrir un nouveau pays, de nouvelles saveurs, une nouvelle culture. Je reste néanmoins satisfait de ce passage en R.I.M., il y eu de belles rencontres, de belles surprises et je suis maintenant convaincu d'avoir fait le bon choix en parcourant les routes de cette « zone rouge » cependant ce pays me laisse sur le palais une petite amertume. Outre la ségrégation raciale et l’esclavagisme (plus ou moins) moderne persistant ici, le pays est assis sur d'énormes gisements de richesses naturelles (pétrole, phosphate, or, poissons…) qui devrait largement suffire à la mise en place d'équipements et de mesures pour le confort de tous. Au lieu de cela et alors qu'une minorité se gave à vomir du flouze, la majeur partie de la population traînent leurs pieds dans une triste poussière. La réalités est dur à avaler, j'espère juste qu'elle évoluera positivement au cours des prochaines années et qu'une prise de conscience alimentée par une éducation de la jeunesse précédera cette résignation apparente.

Paf paf paf, c'est à coup de tampons et de « bienvenu » que nous sommes accueillis au Sénégal. Et puis, coïncidence ou non, nous y rencontrons Olivier de Bruxelles et Gurvan le breton qui nous avaient doublé sur la piste 6 heures auparavant. Croiser un bretons ici ne m'étonne plus en revanche, au bout de quelques minute, je reconnais ce visage car 5 ou 6 ans auparavant nous avions tapé le « boeuf » ensemble quelques part au fin fond de la Normandie. Ha ha! Bonne surprise! Peu après cette rencontre inattendu, le crépuscule approchant, ils montent dans un taxis pour rejoindre Saint Louis quand de notre coté, nous inspectons les lieux car il grand temps de dégoter quelque chose à manger ainsi qu'un coin pour dormir.


Barth : Keur Massène est un mélange entre village de fermiers et étape de brousse. Tous les véhicules qui suivent la piste s'y arrêtent pour faire quelques provisions ou boire un thé avant de s'enfoncer dans le le parc naturel du Dialow. L'ambiance qui règne ici me rappelle mes lectures de Bob Morane de ma jeunesse, la plupart des aventures débutants dans le dernier poste avant les territoires inexplorés d'une jungle aux mille dangers.

De bon matin, nous voici donc partis pour la traversée du parc dont un panneau « Attention animaux sauvages » signale l'entrée. La piste suit la digue de terre qui sépare le fleuve Sénégal sur notre gauche d'une immense savane à droite nous séparant de l'océan. Le safari commence par la traversée de quelques familles de phacochères à quelques mètres de nous, puis à la pause de midi nous observons des centaines d'oiseaux, pélicans, cigognes, hérons, aigrettes, sternes et tant d'autres que je ne saurais nommer. Le chant du calao se fait entendre régulièrement et nous avons même eu la chance d'entrevoir deux crocodiles, trop farouches pour se laisser admirer. À une dizaine de kilomètres du barrage de Diama qui nous fera rejoindre le Sénégal, se trouve la maison du parc où nous devons payer notre droit de passage. Malgré tous nos efforts de négociation, impossible d'y couper, mais heureusement nous parvenons à faire comprendre au gardien que l'espagnol à moto qui vient de nous doubler sans payer n'est pas avec nous… Le gardien nous amène derrière des fourrés pour nous montrer le cadavre d'un anaconda de trois mètre qu'un paysan vient de tuer car il dévorait ses moutons !

Arrivés au barrage, nous passons les différents postes de police, gendarmerie et douane de part et d'autre du fleuve, dans une ambiance très détendue. Le douanier sénégalais nous fait une dédicace sur nos passeports, tandis que le policier tente de nous soutirer une dizaine d'euros en regardant d'un oeil le JT de Canal+… Nous retombons sur Gurvan et Olivier, un breton que Fanch avait croisé il y a quelques années et un belge, partis en stop pour rejoindre Bamako et qui nous avait promis une bière en arrivant à St Louis. La nuit tombe presque, il fait un froid de canard, nous ferons les trente kilomètres jusque St Louis demain matin et décidons de passer la nuit ici, sous le porche d'un café. aux portes du Sénégal, le cinquième pays de notre périple…

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