ExSitu

Recherche et expérimentation artistique

Outils pour utilisateurs

Outils du site


documentation:carnets:geocyclab:almanach:04-mauritanie:post-191
Jour 191 - Non loin du marché Capital

Lundi 8 avril 2013 - 0 kms - Post n° 191


Fanch : La réconciliation avec Nouakchott est imminente. Notre petite sortie d'aujourd'hui nous fait découvrir un nouveau quartier, une nouvelle ambiance. Nous voilà glissant dans le flot quotidien du marché Capital. Les centaines d’étals se succèdent exhibant leurs couleurs et leurs marchandises au passants qui scrutent d'un œil aiguisé la bonne occase. C'est un magnifique bazar au sein duquel chacun semble occuper une place précise. Les bruits rivalisent avec les odeurs, ils nous assaillent et nous encerclent mettant nos sens à l'épreuve.

Nous cherchons quelque chose dont nous ne soupçonnons pas l’existence, c'est pour moi la meilleur méthode pour ne pas avoir le sentiment d'avoir louper quelque chose. Même si aujourd'hui, la route que nous empruntons est censée nous mener aux ateliers des chaudronniers (qui pour le coup nous intéresse) mais l'attention que nous portons à notre environnement nous guide vers d'autres découvertes. Comme ont dit, le chemin compte plus que ce qu'il s'y trouve au bout. Et le « hasard » nous amène à rencontrer à l'angle d'un trottoir Alassan le tisseur de fer, un homme réservé mais qui se fait une joie de nous expliquer ce qu'il bricole à longueur de journée. Il tisse le fil de fer comme le jonc pour confectionner des ses doigts durcis de petits paniers coniques destinés à recevoir les braises qui « cuirons » le thé. L'objet en soi est simple mais il nous intéresse particulièrement car la matière première, le fil de fer, est extraite de la structure interne des pneus. Un objet libre s'esquisse.

Suite à cette rencontre avec Alassan, nous arrivons à une heure trop avancée et les ateliers de chaudronnerie sont désormais clos, les échos du métal se sont perdu dans les méandres de Nouakchott. Nous rencontrons néanmoins Amodou qui se présente comme le spécialiste de l'aluminium et qui nous propose de repasser demain pour une visite guidée de son domaine. Affaire à suivre.


Barth : La connexion remarche à l'auberge ! Youpi ! Et le vent du nord souffle fort… Matinée administrative pour ma part, quelques dossiers à remplir pour finaliser ma cessation d'activité en France. Le midi nous accompagnons Mathieu dans une maison où il est possible de manger ou d'emporter un plat pour un prix bien plus intéressant qu'au restaurant. Une femme prépare chaque jour un plat différent dans de grandes quantités et les gens du quartier viennent acheter une part emballée dans des sacs plastiques. Aujourd'hui c'est mafé, un plat sénégalais à base de cacahuètes, un régal !

Après une vague sieste digestive à base de mise à jour du site internet, nous partons en excursion dans le marché « capitale » à quelques encablures de l'auberge. Le marché s'étend sur des kilomètres mais toujours grâce aux précieux conseils de Mathieu, nous allons directement voir le quartier des bijoutiers. Chacun dans son petit atelier, travaillant à même le sol, produit des bijoux en argent, en laiton, en bronze, en cuivre, d'une finesse assez impressionnante au vu des conditions rudimentaires. En face se trouvent les bouchers qui viennent de temps à autres faire redresser le fil de leurs couteaux chez ces artisans… Nous poursuivons notre route dans un dédale de ruelles dégoulinantes de boue et d'ordures, où les chèvres croisent les camions croulants dans une foule multicolore. Pas un mètre carré qui ne soit pas occupé par un stand de bric ou de broc, les odeurs rivalisent avec les mouches, et la nourriture au raz du sol est saupoudrée de sable et de poussière. Un stand attire notre attention, une voix de petite fille s'échappe du traditionnel haut-parleur répétant en boucle ce que propose le vendeur, chose inhabituelle… En s'approchant, nous remarquons que le marchand est en train de bricoler avec du fil de fer. Il fabrique en fait des sortes de paniers avec des fils de fer récupérés en faisant brûler des pneus dans lesquels on peut poser quelques charbons incandescents pour faire le thé. Un nouvel objet libre en somme !

Nous finissons la promenade par un repérage du quartier des fondeurs, qui transforment les carrosseries de voitures en marmites et autres contenants métalliques. Mais la nuit tombe déjà, les ateliers sont fermés et le froid est en train de recouvrir la ville. Rendez-vous est pris le lendemain pour une visite des lieux, inch'allah comme toujours !

documentation/carnets/geocyclab/almanach/04-mauritanie/post-191.txt · Dernière modification : 05 02 2023 de 127.0.0.1