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Jour 55 - Bustarviejo

Vendredi 23 novembre 2012 - 35 kms - Post n° 055


Barth : Aujourd'hui c'est grasse matinée, dodo jusque 9h !! Petit dej et boulot sur l'ordi avant de quitter l'hotel à midi. On prend ensuite le temps de manger un sandwiche avant de reprendre la route direction Madrid. Nous sommes toujours en pleine montagne et les kilomètres défilent lentement… Lors d'une première pause, un cycliste très enthousiaste à la vue de nos drapeaux bretons nous conseille une route plus sûre entre deux « Joder » et autres « Puta madre » d'exclamation quand il apprend que nous faisons le tour du monde !

Et c'est reparti pour l'ascension. Mes jambes commencent à coincer au fur et à mesure que la température descend avec la fin de journée. Nous arrivons finalement à Bustarviejo, à plus de 1200 mètres d'altitude… Et il se trouve que c'est là qu'habite Luis que nous avons rencontré la veille au col de Somosierra. Nous avons son numéro de téléphone et après quelques essais nous finirons par le contacter. C'est Fanchic qui gère l'affaire en mode « J'irais dormir chez vous ». Rendez-vous est pris une heure plus tard dans un café où nous pouvons nous réchauffer un peu.

Comme prévu Luis nous retrouve accompagné de sa compagne Sarah dans le bistrot et après des retrouvailles chaleureuses il nous conduit dans sa petite maison où nous préparons à manger tout en discutant en espagnol et anglais. Luis est pompier et a un peu voyagé dans quelques coins du globe. En plus d'être vraiment adorable, il prend vraiment le temps de discuter avec nous en rigolant tout le temps ! Sarah nous rejoint pour le dîner avec du pain et des madeleines sous le bras ! Et pour clôturer le tout, Luis nous avoue sa dépendance au chocolat en nous présentant sa réserve personnelle pour mon plus grand bonheur ! Malgré la fatigue qui s'abat une fois le ventre plein, nous accompagnons nos hôtes à un concert organisé par une association de la ville. Une guitariste chanteuse et un batteur font chauffer la salle sur des airs latinos bien enjoués mais la fatigue et la raison finissent par reprendre le dessus… C'est un peu dur de ne pas pouvoir profiter plus d'une rencontre aussi formidable, mais il nous reste 70 kms à faire demain pour rejoindre Madrid, nous allons donc nous coucher, laissant Luis et Sarah profiter pleinement de la fête. En retraversant la ville vers minuit dans le froid, je ne peux m'empêcher de me dire que nous aurions put être là, sous un porche, à lutter contre le froid pour trouver le sommeil… Merci mille fois pour votre hospitalité Luis et Sarah !

Fanchic : Je pensais naïvement que le plus dur était passé, que nenni!!! La journée est placée sous le signe de la grimpette. Nous passons de vallée en vallée, avec à chaque fois l'espoir de voir enfin la route descendre vers Madrid. A 17h nous sommes encore à 1200 mètres d'altitude. Pas de logement même précaire à l'horizon, on tente le coup avec Luis rencontré la veille. Je parlais de l'homme qui tombe à pic, aujourd'hui on l'a carrément débusqué. « Allo, salut Luis. Il fait froid, on sait pas ou dormir… On peut venir chez toi? ». Je suis pas très fan de ce genre de méthode, trop direct pour moi. Pour autant je ne regrette pas un seul instant de l'avoir fait. La rencontre est géniale, Luis et Sarah se marre tout le temps. Je crois qu'on prend tous plaisir à se parler. Nous poussons le vice jusqu'à expliquer en « espanglais » des expressions de nos pays, comme « le fils du cordonnier est le plus mal chaussé », pas simple… Plus c'est ardu plus Luis se marre, c'est exactement le prof d'espagnol qu'il nous faudrait (loin de celle qui par le passé m’appelait « el bicho »).

Dans la soirée je me dis qu'il était improbable, 4 heures plus tôt, de se retrouver devant un concert de musique brésilienne, dans le village ou nous imaginions passé une nuit glaciale. Magie de la rencontre et de l'improvisation, j'en veux encore!

Fanch : Il m'aura fallu 12 heures au lit pour me remettre de la journée précedente, une bonne douche chaude hier soir et j'avoue même avoir profiter de la baignoire pour méditer ce matin. L'étape d'aujourd'hui commence donc en douceur, nous ne fuyons pas face aux avantages du petit hotel dans lequel nous avons établi notre campement. Ma crève s'installe traquillement, je ne pète pas la forme et fais mine d'être emballé par ce que nous prépare la montagne, mais en verité je serais bien resté au chaud 24 heures suplémentaires. Enfin bref.

C'est très simple, nous sommes à environs 1000 mètre d'altitude et nous rejoignons Madrid qui se trouve 400 mètres plus bas, logiquement c'est de la descente… c'est en tout cas ce que nous pensons. Les dix premiers kilomètres sont à notre avantage et nous perdons de l'altitude. Mais les 25 suivant nous montre la dur réalité de la montagne en vélo et nous poussent à 1200 mètre au dessus du niveau de la mer, à Bustarbiejo. Il fait froid et ce coup ci, c'est Barth qui rame, d'autant plus que nous ne savons pas vraiment ou dormir ce soir. J'appréhende une nuit dehors à cette altitude et avec des températures négatives car je ne veux pas me choper une pneumonie.

Mais, hier après midi, perchés sur le col de Somossiera (que je garderai en mémoire), nous avons croisé Luis avec qui nous avons échangés quelques mots. Il habite par ici et nous a proposé un hébergement si jamais nous y passions.  Nous avons donc son numéro et c'est Fanchic qui l’appelle d'une cabine… pas de réponse… le moral chute. On discute des possibilités qu'il nous reste toute en épluchant une clémentine… On retente désespérément de le joindre… Il décroche et nous invite chez lui pour la nuit. Ouf…

Il nous met a l'aise très rapidement parlant de temps à autre un anglais approximatif pour que je puisse suivre la conversation. Sarah, son amie nous rejoint un peu plus tard, à l'heure du dîner. Blagues, rires et sourires sont au rendez vous, on parle de tout et de rien et l'ensemble des personnes présentes autour de cette table semble heureux d’être là, tout simplement. La soirée enchaîne avec un concert de musique brésilienne dans une petite salle associative du village. Un percussionniste et une chanteuse de talent nous ont offert un peu de soleil dans la nuit, un peu de chaleur pour nous aider à lutter contre le froid.

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