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documentation:carnets:geocyclab:almanach:02-espagne:post-049
Jour 49 - Areta

Samedi 17 novembre 2012 - 25 kms - Post n° 049


Fanchic : Sortie de Bilbao, pas jolie jolie, rocade et trafic dense, c'est une enfilade de zone industrielle et commerciale qu'il nous faut traverser pour nous enfoncer ensuite dans le pays Basque. Au détour d'un énième changement de direction, des basque nous invitent (que dis-je, nous ordonnent) de les rejoindre dans une sorte de bar. Ils sont une une vingtaine à festoyer gaiement en attendant LE match Atlhetic de Bilbao / Real de Madrid. On comprend pas grand chose mais en 2 minutes une table est dressée et le repas apporté!!! C'est une immersion complète en Euskaria, la communication est difficile, ils parlent Basque et pas castillan. Mais on s'en fout, on y arrive quand même en mélangeant les langues. J'apprends à dire « bonjour », « au revoir », « comment ça va? », « santé » les bases quoi. Et aussi que je m'appelle Patxi!

Après le festin, l'un d'eux nous accompagne pour nous montrer un endroit où dormir. Ce sera près d'un terrain de pelote (ça commence à faire cliché, n'est ce pas?). Pendant le repas ils nous ont collé des autocollants sur les vélos, l'un demande le retour des prisonniers politiques en Euskadi et l'autre dénonce les licenciements qui frappent l'usine de la ville (nous avions auparavant croisés les mecs qui bloquaient l'usine). Animo!

Barth : Le gros problème qui se pose quand nous dormons chez des gens est le décalage de notre rythme physiologique. Couché vers 2H du matin, je me suis levé du pied gauche et je sens que la journée va être difficile… Nous mettons un peu de temps à lever le camp et à faire nos adieux à Juan et Laura (Javi n'aura pas réussi à emmerger assez tôt). Nous avons passé deux nuits chez nos hôtes, mais au moment de se quitter j'ai l'impression qu'on se connait depuis des semaines. Cette première expérience de couchsurfing m'a totalement convaincu !

Pour sortir de Bilbao nous devons suivre une sorte d'autoroute sur une quinzaine de kilomètres traversant la zone industrielle qui s'étend en aval de la vallée. Ensuite arrivent les premières côtes qui causeront le blocage de mon dérailleur et une grosse baisse de mon moral… Une pause déjeuner s'impose mais je suis trop fatigué pour avaler quoi que ce soit. En discutant avec mes deux compères, je me rend compte que je n'arrive pas vraiment à souffler puisque dès que nous arrêtons de pédaler je me retrouve souvent à travailler sur l'ordinateur pour rattrapper le retard… Physiquement et moralement ça n'est pas durable. Nous poussons ensuite sur une dizaine de kilomètres jusque Areta où nous devons choisir entre un col de première catégorie, un détour de 20 kms environs pour rallier Burgos. Après nous être engagés par erreur sur l'autoroute, nous retournons dans la ville pour trouver un endroit où dormir et quelques indications sur notre trajet. A l'entrée d'un bar restaurant, une poignée de basques d'humeur plutôt joyeuse nous interpellent pour que nous nous arrêtions. Quelques minutes plus tard nous nous retrouvons attablés devant un plat de cassoulet, un gateau à la crème, un verre de vin, un café et un digestif local, le tout dans une ambiance d'arrière salle très chaleureuse. Une trentaine de personnes sont réunies là pour partager un bon repas, discuter des dernières actualités indépendantistes basques, militer pour la sauvegarde de leur emplois dans l'usine voisine et surtout en vue du match de foot qui a lieu le soir même. Mes quelques rudiments d'espagnol ne servent plus à rien, nous sommes au coeur de la culture basque espagnole et aucun de nos hôtes n'est en mesure de tenir une conversation en castillan. Peu importe, la générosité de cet accueil et quelques bribes d'anglais suffisent à nous sentir comme à la maison. Mais la nuit tombe bientôt. Un de nos hôtes nous escorte alors jusqu'à un terrain municipale où nous pourront planter les tentes. Un homme y fait courrir ses chevaux, aidé par ses chiens quand nous arrivons. « Dire qu'il y a des gens qui n'ont pas de toît dans ce pays, et vous vous avez trouvé la solution la plus simple ! » nous dit-il en guise de bienvenue. La simplicité et la gentillesse de ces rencontres de fin de journée apportent une réalité concrète aux similitudes que j'ai toujours entendu dire qu'il existait entre bretons et basques. Pour une fois nous n'aurons pas à faire à manger et nous pouvons nous coucher tôt !


Fanch : Au revoir Bilbao, j’espère avoir le plaisir un jour de me perdre à nouveau dans tes ruelles enluminées, plus sereinement, plus posément… Adios Juan, Laura et Javi, Couchsurfer de luxe, merci pour votre accueil et pour la petite leçon d'espagnole au bistrot, hier soir.

Nous reprenons la route du sud, direction Burgos. D'ici là, nous aurons quelques hauts cols à franchir mais pour l'instant, nous décidons de nous remettre doucement dans le rythme et d'avancer au pas. Il est 16h, déjà et nous sommes… pommés. Enfin pas vraiment, le problème est que notre route est obstruée par un obstacle de taille… Ordina, un col de première catégorie, une cote à 16% sur 14 kilomètres nous barre la route… de l'autre coté c'en est une autre, de seconde classe cette fois, mais qui risque d’être difficile à digérer si nous décidons de nous y frotter.

Nous tournons en rond dans le centre d'Areta espérant trouver une issus de secours. Fanchic va jeter un œil, au cas ou, à la gare qui n'en est pas vraiment une… nous l'attendons à proximité du bistrot du coin, quand le cuisiner, sourcilles baissés et regard insistant nous fait un geste de la main pour que nous rentrions à l’intérieur de son établissement… nous hésitons quelques secondes le temps d'évaluer les « risques » puis rentrons, incrédules mais curieux de découvrir ce qui nous y attends… Et c'est une vingtaine de personnes finissant de festoyer qui nous accueillent, le sourire aux lèvres. Une table est dressée en notre honneur… Du vin, du champagne nous sont proposés, un cassoulet de cotes de porc, boudin et chorizo tombe dans nos assiettes comme une manne tombe de du ciel. Incroyable.

Ici, on s'exprime en Basque, le cuisinier d'ailleurs, parle aussi bien espagnole que moi anglais mais nous arrivons malgré tout à nous faire comprendre. J'ai du mal à saisir la raison pour laquelle nous sommes assis ici, mais de toute façons, c'est exactement ce genre de situation qui fait que le voyage à si bon goût…

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