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documentation:carnets:geocyclab:almanach:02-espagne:post-043
Jour 43 - San Sebastian

Dimanche 11 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 043


Fanchic : La veille, la recherche d'un abris pour dormir nous a amené, fort tard, à gravir le Monte Igueldo qui domine la ville. Trop fatigué hier pour profiter du spectacle je découvre aux aurores la baie de San Sebastian. De notre perchoir je peux reconnaître le Fronton (terrain de jeu basque) ou nous avons voulu squatté. Mais le place était déjà prise par des jeunes qui s'abreuvaient (du thé verveine bien sûr). Bonne soirée d'ailleurs passé avec Nato, qui n'a manqué aucun superlatif pour nous qualifier. Fanch en a rajouté avec une impro de « beat box flûte », les gens applaudissent, Nato me demande de traduire à Fanch que lui et ses copines sont hypnotisés par la musique… Rien que ça! J'avoue il est bon le Fanch!

Il faut redescendre de notre perchoir, mes plaquettes de freins lâchent. Montée d'adrénaline, ça réveil instantanément et complètement, c'est bien mieux qu'une douche et qu'un café. C'est donc frais et dispo que j'arrive à l'auberge. Nous y rencontrons le volubile et malicieux Manolo, espagnol à l'accent italien! Son débit est très impressionnant, il parle vite, beaucoup et sans discontinuer. Ce qui me sauve c'est qu'il radote un peu. La première version est flou. A la seconde les nuances apparaissent. La troisième est limpide. A la quatrième je suis en mesure de terminer l'histoire!

Son parcours mérite d'être conté. Il a beaucoup travaillé en Italie. Il me dit qu'il avait alors beaucoup d'argent qui à peine arrivé repartait dans la consommation matériel. En 2004, alors qu'il se balade en vélo, il se fait cartonner par une voiture. Ça lui coûte deux ans de convalescence. La personne qui a causé l'accident lui paye un appartement dans sa ville natale de La Corogne. Depuis « parce que demain je peux mourir », il voyage à vélo l'été et travaille le strict, mais alors le strict minimum l'hiver. Il a gardé « el nécessario », l'essentiel, dans sa baraque comme sur son vélo. Il n'a ni frigo, ni internet, ni ordinateur ni machines diverses et variées. Mais l'appartement est confortable, il me montre des photos pour appuyer ses dires.Effectivement c'est joli, un vélo suspendu face au lit pour se rappeler qu'il peut partir quand il veut, une machine à laver à main à laquelle il veut adjoindre un pédalier… Du coup, il ne débourse par mois que 25 euros pour son logement (les charges de copropriété), pour la nourriture il s'en remet à la générosité des grandes surfaces… En regardant nos drapeaux breton, il me dit vouloir installer un drapeau de pirate sur son vélo. J'adhère avec enthousiasme, c'est tout à fait son style qui colle parfaitement avec sa devise « liberté, égalité, gratuité » (répétée au moins dix fois dans la soirée!). Ses tirades me font marrer, il me donne des conseils à voix basse pour faucher dans les magasins, pour me conter des anecdotes, toujours avec un grand sourire et une complicité naturelle. Parfois le ton devient grave, comme devant ce reportage télé où la guardia expulse manu militari des personnes de leur logement, il se retourne: « l'Espagne est un pays de cannibale…

Barth : Réveillés sous des trombes d'eau, je trouve refuge avec Anaïs dans le hall d'une école de surf voisine d'un bar, le temps de refaire mes sacoches. Ensuite, malgré les kilomètres qui séparent Anaïs de la Bretagne, elle m'emmène jusque San Sebastian, ce qui m'évite une cinquantaine de kilomètres de montagne sous la pluie et une révision mécanique de mon vélo qui n'a pas très bien encaissé les divers démontages dans le sable et l'eau de mer ces derniers jours… De nombreuses déviations sur la route à cause d'un gigantesque marathon nous font perdre un peu de temps. On finit par se garer dans un parking souterrain dans le centre de San Sebastian, et il faut alors nous dire au-revoir…

Changement de pays, de géographie, séparation… J'ai le coeur gros en ressortant seul à la surface. Je prends le temps de relever mes mails pour apprendre que mes accolytes m'attendent à l'auberge de jeunesse située à l'autre bout de la ville.

Je me trompe de rue pour rejoindre l'auberge ce qui me vaut une ascencion de deux kilomètres en poussant mon vélo pour aboutir sur un hôtel quatre étoiles qui surplombe la ville et la baie… La redescente fut plus rapide, et je finis donc par trouver l'auberge vers 15h sous le regard ébahi de Fanch et Fanchic qui ne pensaient pas me voir de si tôt - Merci Anaïs pour ce coup de baguette magique !

Retrouvailles, douche, lessive, soirée boulot sur l'ordinateur, fatigue…


Fanch : Réveillés sur les hauteurs de San Sebastian, nous descendons rapidement, le ventre vide mais bien décidés à se réserver 3 lits en auberge de jeunesse ou Barth nous rejoindra dans la deuxième moitié de journée. Une douche et un peu de repos s'impose sans oublier la traditionnelle mise a jour du carnet de bord.

A notre grande surprise, Barth arrive plus tôt que nous le pensions. Nous partageons nos mésaventures et discutons de la suite des événements. Pas grand chose de plus pour aujourd'hui excepté la rencontre de Manolo, un petit homme hyperactif d'une cinquantaine d'année qui déblatère un hispano-italien déraisonné. Sa devise: « Liberté, égalité, gratuité ». (Fanchic en parle très bien dans son article du jour)…

Manolo et Fanchic devant l'auberge de jeunesse

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