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France (départ)
Distance parcourue : 1261 kms
Durée : 42 jours
Date d'entrée : 2012-09-30
Date de sortie : 2012-11-10
Jour 1 - Rue Sainte Catherine, Quimper
Dimanche 30 septembre 2012 - 40 kms - Post n° 001
Fanch : C'est ici que tout se termine, que tout commence. C'est en cette belle journée, un dimanche pas comme les autres que nous sommes partis.
Partis le cœur gros, plein à craquer et en ce qui me concerne, la peau du visage piquée de cristaux de sel et les yeux qui brûlent encore.
Aujourd'hui le soleil a illuminé vos sourires. Merci d'avoir répondu présent pour ce bel au revoir qui restera inscrit sur les parois interne de ma boite crânienne tout au long de ces trois ans et bien plus encore. Merci d'avoir pensé à nous, pour vos encouragements, votre soutien, votre énergie. Merci pour ces premiers tours de roues partagés, pour cette pluie de carambars au caramel.
On est partis, mais on revient. A présent, 40 bornes nous séparent de notre point de départ, un premier col a été franchi (Laz, 293m !) et nous voilà à Saint-Gouazec, petit village surplombant le canal de Nantes à Brest, chez notre ami Seb qui nous accueille ce soir. Les ordinateurs chauffent, les légumes aussi. Il est 23h30 Seb tente d’installer une version de Linux sur notre ordinateur de bord sous les yeux attentifs de Barth. Ça parle de serveurs, d'octets et de RAM dans la pièce d'à coté, Fanchic touille la potée, je tourne la première page de mon carnet pour contempler le blanc de la suivante, je pense à demain. Nous sommes bel et bien partis.
Barth : Enfin le jour du départ officiel ! En descendant seul la route de douarnenez sur mon vélo surchargé, je suis plus étonné par la fraicheur et le ciel bleu que par ce qui m'attend… En arrivant rue Ste Catherine tout Liblab est déjà là, sirotant un café. Petit à petit le monde arrive. Chaque bonjour me ramène peu à peu à la réalité. Je pars pour trois ans, et toutes ces têtes plus ou moins connues vont me manquer.
Les heures défilent vite jusqu'au discours de Fab qui annonce notre décollage. Et c'est parti ! Sous un tonnerre d'applaudissements et après une interminable tournée d'adieux, le premier coup de pédale est donné, propulsé par une dizaine de potes qui nous accompagnent jusqu'à la sortie de la ville. Les kilomètres s'enchainent sous le soleil et nous arrivons chez Seb à St Gouazec vers 19h30, après 40 km de montée jusqu'au col de Laz. Apéro, retrouvailles, visite de quelques potes… Il est alors temps de diner et de tester l'installation de Linux sur notre nouvel ordinateur. Ce qui durera en vain jusque 3h00 du matin…
Jour 2 - Port-Carhaix
Lundi 01 octobre 2012 - 60 kms - Post n° 002\
Barth : Lever à 9h00… Dur. On prend le temps le matin de refaire un peu les sacs pendant que Seb s'acharne sur Linux - il est question de sa participation active au projet en tant que webmaster, à suivre…
Vers 14h, pâtes et on decolle sans Seb qui préfère achever l'installation pour nous rejoindre le soir. Bruine pour les premiers kilomètres du canal qui se transforme en pluie sur la fin de la journée. Petit topo sur les huiles essentielles dans une maison du canal, de nombreux pêcheurs sur la route… Il faut arriver à Rostrenen avant la fermeture du supermarché.
On rejoint ensuite le camping « Fleur de bretagne » de nuit pour partager une soupe de nouilles avec Seb. Douche chaude et première nuit sous la tente (Trop petite pour moi, je vais reprendre la mienne…)
Fanch : L'installation de Linux n'a pas été une réussite hier, Barth et Seb ont veillé tard espérant résoudre ce problème mineur avant de fermer les yeux…
Le onzième coup de cloche sonne alors que la cafetière n'a pas fini de tourner, nous avons foiré notre réveil et l'ordinateur ne fonctionne pas… Le ciel est sombre quand nous partons pour rejoindre le canal.
12 Heures plus tard, Rostronen. Il pleut, ces 60 kilomètres quotidien nous rappellent que nous sommes encore en Bretagne.
Seb nous a rejoint pour nous livrer le fameux ordinateur sur lequel il a travaillé toute la journée. Linux est opérationnel mais il reste encore quelques mises au point à réaliser. Il repartira avec, et Anaïs nous l'apportera à Nantes en fin de semaine.
Jour 3 - Porte de Guerlédan
Mardi 02 octobre 2012 - 40 kms - Post n° 003
Fanch : Marché de Rostrenen. Les rencontres commencent, un couple s'arrête pour contempler les assises de nos montures. J'apprends dans la foulée qu'ils ont construis un bateau fonctionnant à la seule force des mollets, autrement dit, un pédalo habitable destiné à naviguer sur le canal, il est à une heure de vélo en avale de Rostrenen, nous le croiserons un peu plus tard. Puis c'est un baroudeur d'une cinquantaine d'années qui, attiré par nos engins, vint nous conter quelques fragments de son épopée autour du monde, en vélo, qui vient de s'achever il y a tout juste une semaine.
Il pleut ce soir. Je suis sous ma tente et j'écoute les cliquetis irrégulier des gouttes sur la toile tendu. J'ai encore quelques difficultés à me persuader que je suis au commencement d'un long voyage, mais nous commençons doucement à nous organiser.
Barth : Réveillé à 6h00 par les oiseaux puis à 9h00 par le réveil apres une nuit un peu fraîche. Le soleil est au rdv et sêche les tentes et vêtements mouillés de la veille. Départ vers 11h30 du camping et passage au marché de Rostrenen - toujours pas de news de David, je n'ai pas osé frapper à sa porte ( il faut quand même qu'on pédale un peu avant le dej! ) - Quelques courses, rencontre d'un type qui rentre tout juste de trois ans de tour du monde en vélo pour voir les forets primaires et d'un anglais qui s'est construit un bateau à pédales que nous apercevrons un peu plus tard sur le canal.
Une petite averse nous oblige à décoller vite et nous descendons sur le canal pour déjeuner. Rencontre des propriétaires d'une maison d'écluse dont le fils est marin pêcheur sur le dernier morutier de france. Nous filons ensuite sur l'abbaye de Bon-Repos - J'utilise les cales-pieds pour la première fois - une grosse averse se déclenche juste quand nous trouvons un abri en terrasse pour trois allongés (cafés). Ensuite, route vers Mur-de-Bretagne avec une grande montée récompensée par une première gorgée de lait concentré sucré ! Fanchic manque de peu un faisan à la course et nous bifurquons vers Pontivy après avoir aperçu le lac de Guerledan.
Nous passons entre les gouttes et stoppons vers 18h après 40km - camping sauvage et premier feu entre le canal et un étang - couchés à 21h00 juste avant la pluie avec un riz au tomates-oignons-ail et une banane dans le ventre - le moral et bon mais la fatigue de la veille se ressent. Il faut une bonne nuit au sec !
Jour 4 - Pontivy, Escalier d'écluses
Mercredi 03 octobre 2012 - 80 kms - Post n° 004
Barth : Réveil 8h00 avec l'arrivée d'un pêcheur. Petit dej et démontage rapide - pas le temps ni le soleil pour faire sécher les affaires. On roule ensuite jusque Pontivy - Pique-Nique sur un banc en face du tabac et rencontre d'un monsieur qui nous envie et d'un type qui part bientôt en vélo pour Barcelone…
Quelques courses, un café et nous repartons entre les gouttes pour la montée de l'escalier d'écluses. Petite halte goûter en discutant avec un cycliste triste que sa femme ne veuille pas faire ce genre de voyages… Puis les kilomètres s'enchaînent dans la descente jusque Rohan où on fait le plein de lait concentré! Les amis des parents de Fanch ne pourrons pas nous recevoir ce soir, ça sent le camping sauvage…
Ensuite c'est du plat jusque Josselin à 18h00 où nous remplissons les bouteilles d'eau pour aller bivouaquer 10km plus loin, près de la fontaine de st Bertin. 80km dans les pattes ! Une averse tombe au moment de démarrer le feu, monter les tentes, faire la vaisselle de la veille. Soupe de nouilles chinoise ameliorée au menu (avec de l'huile et des carottes) un thé à la menthe clôture la journée à 21h. Et le temps de passer quelques coups de fils avant la pluie, et il est l'heure de dormir. Reste 130 km jusque Nantes…
Fanch : 8 heures sur les rives d'un étang non loin de Guerlédan. La brume semble s'être levée bien avant nous.
Nous devons être à Nantes vendredi soir, il nous reste donc 3 Jours pour avaler 220 bornes. Une grosse journée nous attend. Quelques vols de martins-pécheurs viennent perturber le calme du halage. Hérons, buses et cormorans gourmands semblent nous indiquer le chemin. Écluse après écluse, les kilomètres s’enchaînent, notre rythme se fluidifie.
Ce soir, mes mollets montrent timidement quelques signes de fatigue, mais rien d’extraordinaire.
Jour 5 - Canal de Nantes à Brest
Jeudi 04 octobre 2012 - 80 kms - Post n° 005
Fanch : Réveil matinal. Nous n'avons pas le temps de traîner, je regarde mon compteur et remarque qu'il vient de passer la barre des 300km. Jamais, bien sûr, je ne suis partis si loin de mon petit pays sans l'aide d'un véhicule motorisé. Nantes approche et se dessine comme une étape importante. Je suis étrangement impatient d'y parvenir comme si cette ville symbolisait (pour moi) la frontière entre la Bretagne et le reste du monde. J'ai encore le sentiment de faire une petite ballade entre potes, un été pourri et j'imagine qu’après cette ville que je connais déjà, je pourrai enfin assouvir quelques uns de mes désirs de vagabond.
Enfin bref… Nous avons parcouru nos 80 kilomètres quotidien. Demain nous quitterons le canal de Nantes à Brest, ou plutôt de Brest à Nantes devrais-je dire pour rattraper l'Erdre et enfin, nous diriger vers la Loire.
Barth : Je me réveille à 8h00 la gueule en vrac. J'ai du prendre froid hier, je commence la journée par le brin de toilette avec l'eau de la fontaine. Petit dej, démontage et vague séchage des affaires sur le soleil qui se lève et nous voila repartis direction Mont?… Premier soleil sur le canal depuis le départ mais il fait fraîs.
Pause café sur la place du marché, vitamines et Riqulès à la pharmacie et quelques fruits et légumes sur le marché, nous repartons . Route sur 20 km avant la pause dejeuner sur une table de pique-nique où Fanch predecoupe les legumes pour le soir pendant que Fanchic loupe de peu une perche sous le regard désabusé d'une camionnette de personnes agées en promenade. Salut à la péniche qui passe au son de France Inter en radio solaire !
Le temps se maintient et je sors le short! Direction Redon où l'averse attend que soyons abrités autour d'un coca pour tomber. Discussion avec une dame en terrasse sur l'origine du drapeau breton (penser à trouver un drapeau rom) Nous repartons fatigué le long du canal qu'un tracteur vient de joncher de branches élaguées, ce qui ne facilite pas le trajet sur la terre battue.
Rendu à 80 km journaliers, nous hésitons à stopper pour la nuit en face d'un gîte où une sorte de préau muni d'une cheminée nous tend les bras. Mais nous décidons de pousser un peu jusque ?? La nuit tombe presque quand nous trouvons enfin un peu d'herbe pour planter les tentes et une table. Même menu que la veille mais amélioré préparé par Fanch et Fanchic pendant que je passe plusieurs coups de fils pour organiser le rapatriement de l'ordinateur via Anaïs qui vient à Nantes le lendemain. Je plante enfin ma tente à 21H passées et trouve encore la force d'écrire un peu, bercé par les ronflements de Fanch, les cris étranges d'oiseaux de nuit et l'angelus de l'église toute proche. 90km au moins aujourd'hui ! Et au moins 70 pour rejoindre Nantes demain. J'ai hâte que prenions le temps de faire autre chose que du vélo toute la journée…
Jour 6 - Ecluse Bougard
Vendredi 05 octobre 2012 - 80 kms - Post n° 006
Barth : Lever, petit déjeuner, vaisselle de 8h à 10h et nous repartons jusque Blin - courses et café en terrasse sur la place de l'église. On file ensuite pour une pause déjeuner vers 14h sur une écluse. Fanchic se trompe de coté sur le canal mais on le retrouve un peu plus loin. Premier vrai soleil depuis le départ, enfin torses nus!
Les derniers kilomètres le long du canal permettent de digérer un peu avant d'attaquer la nationale… Sucé-sur-Erdre puis grande montée vers la Chapelle-sur-Erdre. Il fait chaud et nous avons soif aux portes de Nantes, mais nous profitons des premiers tronçons en travaux de la Vélodyssée.
Entrée dans Nantes à l'heure de pointe. On se sépart pour 24h. Je file chez ma grand-mère pour poser mon vélo et charger des sacoches dans la voiture de mon père. Puis je retrouve Anaïs qui attend dans un bistrot pas loin de chez mon père. Vers 20h, douche et dîner rapide avant de m'effondrer de sommeil.
Fanch : C'est aux frontières bretonnes que le soleil nous salut enfin, que nos tentes et vêtement ont pour la première fois, une véritable opportunité de sécher. Nous quittons le canal et ses 238 écluse sous l’œil apeuré d'un ragondin avec l’étrange impression d'avoir suivi les ruines d'une voie de navigation inerte mué en axe touristique. Nous aurons tout de même une petite pensée pour ces nombreux pécheurs rencontré sur notre chemin. Nous arrivons à Nantes, mon compteur affiche 389 km et il est temps de marquer une pose car les 3 derniers jours furent intenses et mes membres inférieurs ont besoin de repos. Barth et Fanchic sont partis de leur coté. Ce soir je prends le temps, marche au pas et profite de la douceur du crépuscule en observant quelques jeunes étudiant nantais fin prêt pour la première fiesta du W.E.
22h 15, mon amoureuse va sortir du train dans quelques minutes. Nous nous retrouverons pour 48 heures, un dernier W.E. ensemble.
Jour 7 - Blanchelande, Oudon
Samedi 06 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 007
Fanch : Petit déjeuner continental. Je passe en mode pédestre pour la journée. Notre petite visite nantaise est perturbée par les litres de flotte crachés par les nuages sombre. Malgré un programme tombé à l'eau (on peut le dire !) nous profitons de ces retrouvailles qui nous sont chères. Je lui confie mes premières impressions de voyage. Nous nous abritons dans la librairie du Lieu Unique, d’où je repartirai avec un sac contenant deux petites éditions que je me garderai de lire avant d'avoir fait quelques kilomètres.
Nous retrouvons Fanchic, Barth et Anais à quelques lieues de Nantes où un comité d'accueil nous attend. Quelques vieux amis se sont réunis pour une raclette « d'adieu » accompagnée de larges sourires et de chaleureuses embrassades. Merci, chers amis, ce fut un honneur de passer cette soirée en votre compagnie.
Il reste cette fatigue, cette bonne fatigue qui ne m'a pas abandonnée aujourd'hui, cette nouvelle fatigue qui me plaît bien. Bonne nuit.
Barth : Pas de grasse mat, le rythme est pris. Petites courses le matin (pharmacie) et dentiste à 13h30. La fin d'après-midi se passe au sec chez mon père devant un film « Man from earth ».
Vers 18h je prends la route avec Anaïs pour rejoindre Fanch et Fanchic à Oudon pour une soirée raclette avec tous les potes de l'association « Y'a qu'à bouger ! » qui nous offre un chèque en bois de 150€. Dur de lutter contre la fatigue, on dort sur place après une présentation du camion de Ju avec toilettes sèches intégrées!
Jour 8 - Blanchelande, Oudon
Dimanche 07 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 008
Barth : Retour chez mon père vers 11h30 après un café avec Ben et Miam. Douche et déjeuner chez ma grand-mère. Deuxième après-midi de pluie devant un film et bricolage sur l'ordi. Rapide dîner et au lit!
Fanch : Deuxième journée de repos. Réveil à Oudon
Je fais un aller-retour à Nantes pour accompagner mon amoureuse sur le quai de la gare. Nous nous retrouverons bientôt.
22h, Oudon, (re)connexion. Je profite d'un accès web pour numériser mes notes, relever mes mails et regarder les quelques photos du départ. Je plonge dans mes pensée, entre passé et futur, j'essaie mentalement de faire le point de la semaine passée en tentant d'anticiper la journée de demain. Je m'emmêle les neurones et manque d'efficacité devant l'écran du vieux PC de Ju. Les questions concernant l'organisation et l'archivage du travail s'accumulent, il reste encore beaucoup à faire.
2 heure, le matin. Il est temps d'aller dormir.
Jour 9 - Ping Base, Nantes
Lundi 08 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 009
Fanch : 6 petites heures de sommeil et me voilà sorti du monde des rêves, la réalité me rattrape. Il faut contacter Barth et Fanchic pour nous donner RDV quelque part à Nantes afin de se retrouver avant d'aller rendre une petite visite à l'association Ping que nous connaissons bien puisque nous y avons présenté Geocyclab début 2012. Charlotte, Marie, Mona et Thomas nous accueil avec un petit café. Nous leurs tirons un petit portrait vidéo (à découvrir bientôt).
18 heures, je retourne une dernière fois à Oudon accompagné de Fanchic pour y passer notre dernière nuit au nord de la Loire.
Barth : Réveil toujours matinal ! La fin de la pause nantaise approche. Fanch nous rejoint chez mon père pour midi et nous partons tous les trois vers Ping à pieds sous un soleil timide. Fanchic nous rejoint juste attend et nous débarquons chez Ping où nous retrouvons Thomas, Charlotte, Marie, Mona que nous connaissons au moins depuis le SummerLab.
C'est l'occasion de tester un peu l'appareil photo et les micros binauraux qu'Anaïs vient de nous ramener. Interview de Mona et portrait rapide des locaux et machines de Ping. On est pas vraiment encore rodé ! Toujours pas moyen d'activer le wifi sur l'ordinateur (merci Thomas d'avoir passer du temps dessus) Vers 17H30, Fanch et Fanchic retournent à Oudon tandis que je profite de la dernière soirée avec Anaïs pour un resto asiatique dans le centre de Nantes. Une tisane avec mon père au retour et nous voilà au lit.
Jour 10 - Pornic
Mardi 09 octobre 2012 - 55 kms - Post n° 010
Barth : Debout à 7h00. Anaïs doit se rendre à Vannes pour 9H30. Elle me dépose chez ma grand-mère où après des adieux un peu précipités je récupère mon vélo vide. De retour chez mon père, j'ai le temps de fignoler un peu mes bagages et de peser l'ensemble (31Kg tout de même) pendant que mes comparses prennent le train suivant pour nous rejoindre vers 10H.
Nous partons en direction de Pornic sous un ciel chargé et guidés par mon père jusqu'au bac qui nous fait passer la Loire au Pellerin. Le soleil apparaît au bout du canal pour un dernier au-revoir à mon père… Cette fois la route est devant moi, j'ai vraiment quitté tous les miens (même si je sais que je vais revoir Anaïs bientôt).
Les rendez-vous ne sont pas terminés en revanche car nous sommes attendus par Tony qui nous avait contacté quelques mois auparavant en découvrant notre projet dans le journal. Nous le rencontrons autour d'une assiette de Chili con Carne dans un petit restaurant à l'entrée de Pornic vers 14h après deux longues heures de nationale pluvieuse et venteuse.
Tony est photographe et inconditionnel du vélo couché. Nous passons l'après-midi et la soirée à découvrir ses images et ses souvenirs de voyages riches de conseils et d'inspiration. Quand on rejoint enfin les tentes plantées dans son jardin, le ventre bien rempli de délicieuses spaghettis bolognaises et d'un excellent vin nature, je ne sais plus trop si nous sommes déjà au Maroc… Le sommeil arrive vite.
Fanch : C'est sur le bac du Pèllerin que nous passons la Loire. Les ardoises grises font place aux toits de tuiles. Le petit village de Buzay nous annonce la voie du Sud. Nous filons vers Pornic ou Tony, vélociste couché invétéré nous accueil avec ses anecdotes de voyages, photos, conseils et surtout à bras ouverts. Il pleut averse. Nos blousons gouttent, suspendus au crochet du pommeau de douche. Et nous observons, un verre de vin rouge à la main, les nombreuses images rapportées du voyage (France / Guinée Bissau) de Tony défiler sur l'écran et nous fait rêver.
Les tentes sont montées dans le jardin, la bolognaise mijote à feu doux. Bivouac trois étoiles. Un repas chaud au chaud, je profite de cette chance. Merci pour tout Tony.
Jour 11 - Café « Les embruns »
Mercredi 10 octobre 2012 - 20 kms - Post n° 011
Fanch : Un thé, un café serré, petite journée sportive.
On étale une dernière fois les cartes d'Espagne et du Maroc au sol. Je prends bonnes notes. Dehors, les vélos sont harnachés, prêt à prendre la route. Un dernier café avec Tony et c'est partis…
…Pour s'arrêter 15 bornes plus loin, dans un bistrot ou l'on peut se connecter au web afin de publier quelques-uns de nos premiers articles de ce journal de bord. On en profite pour faire le point sur les quelques jours passés sur la route et essayons d'imaginer la suite des événements.
18h30 et quelques cafés plus tard, nous saluons la tenancière du bar qui nous souhaite amicalement bonne chance partons nous installer 5 km plus loin, dans le département voisin. Nous plantons nos tente au pied des pins vendéen. Il fait doux et sec, ce qui n'est pas désagréable en soi étant donné la météo des derniers jours, même si la tente est restée humide de ce matin.
Barth : J'émerge vers 9H00 avec un léger mal de crâne. Le temps de boire le thé et de faire un brin de toilette et Tony nous emboîte le pas sur son « Baron » pour un café et quelques courses dans Pornic. Nous le quitterons au somment de la rue de la Source où nous attendons Fanchic qui a oublié son téléphone…
Nous roulons une quinzaine de kilomètre pour nous poser dans le seul café ouvert de ? . La patronne adorable nous offre la possibilité de connecter l'ordinateur avec un câble. Nous allons enfin pouvoir donner des nouvelles ! Le temps d'avaler une baguette et une boîte de pâté et vers 14H30 nous voilà donc installés dans le bistrot avec ordinateur, appareils photos… Cette session de travail dure jusque 18H, je passe beaucoup de temps à reprendre mes notes des premiers jours, sélectionner les photos et reprendre en main notre site.
Nous repartons avant que la nuit tombe et bivouaquons 5km plus loin, dans des dunes près d'un port. Soupe de nouilles, montage tardif des tentes et me revoila sur l'ordinateur en écoutant Fanch qui fait chauffer sa flûte traversière sur la plage toute proche. A partir de demain, nous allons commencer à prendre le temps de tester un peu le reste du matériel, tout en continuant à rattraper le retard dans nos publications. Le métier rentre !
Jour 12 - Saint Hillaire de Rietz
Jeudi 11 octobre 2012 - 40 kms - Post n° 012
Fanch : Réveil pénible. Après avoir poliment dégagé une belle araignée de mon oreille droite, pour la première fois depuis le début du voyage, je n'ai pas envie de sortir de ma tente. Les nuages fondent, de grosse goutte s'explose sur tout ce qui traîne au sol et cela fait 10 heures que ça dur… Je remarque que la pointe d'une de mes chaussures dépasse du double toit, de quelques centimètres seulement mais suffisamment pour être entièrement trempée. Super réveil…
14h00, Saint Jean De Mont. Les tentes ont entamées une folle danse face à l'océan. Un vent soutenu et quelques timides rayons de soleil suffisent à sécher les toiles. Positionnées de cette façons, l'air s'y engouffre, elles se gonfle, respirent, s'affolent et claques, puis sèchent. Jambon-beurre à la main, nous sommes à l'affût, guettons le ciel pour être prêts à remballer à la première goutte.
Nous passons la barre des 500 kilomètres.
Quelque part aux alentours de Saint Hilaire de Riez, camping interdit, nous nous installons et mangeons une fois de plus sous la flotte…
Barth : Le réveil sonne à 7h30. Il fait encore nuit et il pleut. Dur de se lever. Nous remballons rapidement les tentes trempées avalons quelques biscuits et filons vers Bouin pour quelques courses… Un café et c'est reparti direction St Jean des Monts sur une route toute droite et plate avec vent et averses de face… Youpi !
Face à la plage de St Jean des Monts, nous dévorons un casse-croûte en faisant sécher les tentes sur la rambarde du remblais. Grosse animation dans cette ville fantôme hors saison ! Nous poursuivons quelques kilomètres pour bivouaquer avant St Gilles Croix de Vie dans une clairière qui semble être les vestiges d'un ancien camping… Arrivés tôt nous avons le temps de bricoler un peu et pour ma part de m'offrir une douche dans une marre d'eau de pluie presque tiède, pleine de petits escargots. Quelques averses plus tard c'est l'heure de se coucher.
Jour 13 - Champs Saint Père, maison d'Aurore et Julien
Vendredi 12 octobre 2012 - 91 kms - Post n° 013
Barth : Après un démontage et un petit déjeuner rapides sous un soleil timide, nous faisons halte à St Gilles Croix de Vie pour un café en terrasse – comme d'habitude, une averse éclate juste quand nous sommes abrités. Ensuite nous longeons la côte sur une piste cyclable qui se déroule entres les dunes et les forêts de pins. Le soleil chauffe un peu et nous avons enfin le vent dans le dos. Vers 14H la faim se fait vraiment sentir et nous échouons dans un immense centre Leclerc à Ollones où nous faisons le plein de provisions et quelques achats techniques. Pique-nique rapide près d'un crématorium et nous prenons cette fois la direction des terres pour rendre visite à des amis de Fanch chez qui nous pourrons passer la nuit..
Je n'ai plus de force sur les premiers kilomètres de montées et de descentes post-déjeuner. Une pause à Grosbreuil nous permet d'affiner l'itinéraire avec l'adjoint au maire, histoire de ne pas s'ajouter de kilomètres supplémentaires… Et une seconde pause à base de fruits secs débloque la fatigue musculaire et nous enchaînons alors les kilomètres à vive allure. Quelque chose se débloque dans mon pédalage, je commence à comprendre ce que ça veut dire que d'être cycliste au quotidien ! Par contre qu'est ce qu'on mange !!! La dalle tout le temps…
Nous finissons donc par atterrir chez Julien et Aurore, tous deux dessinateurs qui nous reçoivent comme des princes dans leur maison accueillante. Apéro, dîner bio, douche chaude, tisanes… Plus la force d'allumer l'ordinateur ce soir, il faut se reposer de ces 91 kilomètres avalés.
Fanch : Je commence à prendre le pli… au réveil, je m'extrais tout d'abord de mon sac de couchage, attrape mon T-shirte et mon pull dans la housse de mon duvet qui me sert d'oreiller pour les enfiler rapidement. La housse vide, je peux y ranger le sac et le drap de soie. Puis je dévisse le capuchon de mon petit matelas auto-gonflant, le roule une première fois pour le vider de son air, revisse le capuchon pour ensuite le dérouler, je le plie en deux, dans la longueur pour le rouler une seconde fois, il rentre ainsi de façon irréprochable dans ma sacoche arrière gauche. Je mets ensuite mon pantalon, puis mon blouson et me remplie les poches de ce que j'ai vidé la veille. Un petit check général, j'ai rien oublié. A ce moment seulement j'ouvre la fermeture de la chambre de ma tente, je tâte chaussettes et chaussure comme si le bout de mes doigt était doté d'un capteur hygrométrique et en fonction du taux d'humidité interne de mes pompes, je râle plus ou moins au moment de me chausser. Et enfin, j'ouvre le double toit, et me positionne à la vertical.
« Bonjour ! »
Fanchic, l'ami du petit déjeuner, à porté l'eau à ébullition, la chicorée est déjà prête.
Nous ne somme pas partis pour rouler toute la journée mais à 10h30 nous décidons de rendre visite à Aurore et Julien, amis rencontrés aux Beaux Art de Quimper. Il vivent à coté de Champs Saint Père, une petite commune dans les terres vendéennes. La météo a rendu illisible notre minable bout de carte de Vendée, nous jaugeons mal la distance nous séparant de notre point de chute. Nous arrivons enfin, je regarde mon compteur… record battu, nous avons roulé 90 km aujourd'hui.
Nous sommes accueillis avec un verre de pastis, une bonne douche, de la chaleur et de la bonne humeur. Malgré ma fatigue, j'apprécie ce moment d'échange simple sur un tapis qui fera office de matelas pour ce soir.
Jour 14 - Champs Saint Père, maison de Aurore et Julien
Samedi 13 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 014
Barth : Tout le monde se lève vers 9h00, après une douce nuit au sec sur les immenses tapis du salon. Il est temps de brancher l'ordinateur, de rédiger, de décharger les images de la semaines, de trier, tout en essayant de profiter de nos hôtes qui doivent partir en début d'après-midi pour 24H…
Nous décidons de rester une nuit de plus dans la maison – merci encore Aurore et Julien pour votre générosité ! - pour rattraper un peu le retard dans le boulot et finir de reprendre quelques forces. Je passe mon après-midi sur l'ordinateur à débloquer enfin le WIFI (Merci Pierre de Linux Quimper !!!), tester les logiciels de montages vidéo, pendant que les Fanchs font un aller-retour à Champ-St-Pères pour faire quelques courses. Nous profitons de la cuisine pour nous faire un bon repas, et la soirée se termine vers 2h du matin par un atelier de fabrication de réchauds à alcool à partir de canettes de boissons (canstoves)
Fanchic : J’apparais comme par enchantement, mais comme je roule avec Fanch et Barth depuis le départ. Alors on s'est dit qu'il serait intéressant que je dépose mes impressions sur le site. Je commence donc ce carnet de bord en ce jour 14 où nous sommes hébergés chez Aurore et Julien. Un petit détail me marque, l'absence de télévision dans la maison. Alors je sonde ma mémoire, exercice périlleux dans mon cas. Je fais les comptes et m'aperçoit que les 6 maisons, dans lesquelles j'ai été hébergées depuis le départ, sont dépourvues de télé. En France, 2% des foyers sont dans ce cas. Fanch, Barth et moi appartenons à cette catégorie de réfractaire (bien que je me précipite chez les copains pour regarder les matche de foot, personne n'est parfait!). Alors ce pourrait-il que les personnes rencontrées nous ressemble, sociologiquement, idéologiquement (je sais, c'est un gros mot)? Car souvent des réflexions émergent sur des aspirations à vivre autrement les rythmes de travail, sur d'autres formes de consommation.
Plus terre à terre, je noterai la qualité du tapis sur lequel nous avons passé deux nuit, une merveille. Merci à la préfecture de Niort qui abandonne sur les trottoirs ce genre de trésor.
Fanch : Aurore et Julien nous ont laissés la maison en toute confiance, ils sont partis pour 24 heures et nous en profitons pour nous reposer muscles et articulations. Mais nous avons du pain sur la planche. Linux est installé mais il nous faut encore prendre en main notre nouveau système d'exploitation. Au menu, une belle journée devant les écrans :
- Débugage du WIFI -OK- merci à Pierro Linux
- Mise en place d'un protocole de tris, de stockage et d'archivage de nos données, photos, vidéo, son et écris -OK-
- Installation de logiciel -En cours-
- Prise en main du logiciel de montage vidéo (KDLive) -En cours-
- Montage du time-laps tourné dans la soirée de Jeudi dernier -OK-
- Rédaction et mise en ligne de nos derniers articles pour alimenter notre carnet de bord. -OK-
- Repas et discutions
Puis travaux manuel, ce soir nous fabriquerons 3 canstoves, réchauds à alcool ultra légers conçus à partir de cannettes en fer blanc.
- Le premier sera offert à nos hôtes bienveillants.
- Le deuxième remplacera notre ancien réchaud trop peu productif.
- Le troisième, un modèle plus évolué, s’avérera être un échec et sera jeté à la poubelle.
Grosse journée donc, il est 2 heure du matin, en dessert nous dégustons une bonne nuit sur tapis moelleux.
Jour 15 - Frontière de la Charente
Dimanche 14 octobre 2012 - 45 kms - Post n° 015
Fanch : Nous poursuivons notre descente, au départ de Champs Saint père direction la Charente. Étant donné la météo menaçante et un léger ras le bol de ces nuages qui nous suivent et nous harcèlent depuis le deuxième jour de notre périple, la principale préoccupation de cette fin de journée est de nous dégoter un lieu au sec, si possible à l’abri du vent pour y passer la nuit. A ce stade, mon imagination est débordante. Grange, préau, maison abandonné ou en construction, hangar désaffecté, wagon oublié par la SNCF, château d'eau à sec, cabane de pécheur ou de chasseur… Nous repérons finalement sur les bord du canal qui mène vers la Rochelle, une maison apparemment victime de la tempête Xinthia et en faisons le tour. Un monospace gris s’arrête, le conducteur nous observe avant d'appeler les flics quelques minutes plus tard. (nous ne les croiserons pas). Ce soir le destin nous invite à dormir dans nos tentes plantées sur une étroite bande d'herbe, entre le canal et un chemin boueux. Il fait froid, c'est la soirée la plus fraîche depuis le début de cette aventure… Mais il ne pleut pas !
Barth : Grâce à Fanchic qui a eu le courage de faire un aller retour au village avant midi pour prendre du pain, nous profitons jusqu'au bout de la maison de nos hôtes et particulièrement de la connexion internet. Ces 24H au sec et connectés auront permis de prendre un peu mieux nos outils en mains (ordinateur, logiciels de montage, gps…) Les réflexes se prennent, les outils se rodent, Geocyclab commence à ressembler à un atelier mobile !
Mais qui dit mobile dit qu'il faut reprendre la route ! Tant mieux la pluie s'est arrêté vers 14H… Un peu décalés, la pause déjeuner aura lieu dans un village désert vers 16H30 puis nous quittons la Vendée pour les Charentes après 45 km de pédalage. Bivouac très frais avec le vent du Nord qui s'est levé et qui a chassé tout les nuages. L'automne arrive, mais nous filons vers le soleil.
Fanchic : Nous quittons très tôt la maison, à environ 15H… Nous nous arrachons de la douceur bienveillante du logis, le vent du Nord nous aide à avancer. Nous atteignons rapidement la frontière de la Vendée. A peine un kilomètre en territoire charentais et déjà une engueulade. Un petit monsieur nous guette bien à l'abri de sa voiture alors que nous avisons une maison abandonnée en quête d'un endroit sec pour la nuit. Je vais le voir, soucieux d'en savoir d'avantage sur les desseins , que je n'imagine pas belliqueux, de l’autochtone. Pas de chance. il ouvre légèrement sa fenêtre et me menace d'appeler la police. Il s'en remet au principe supérieur de la propriété privée, « Mais c'est une ruine monsieur! », rien à faire il restera planté telle une vigie jusqu'à notre départ. Grâce à lui nous découvrons la vie nocturne, riche et bruyante, du marais Poitevin (humide aussi).
Jour 16 - Canal près de Maraine
Lundi 15 octobre 2012 - 30 kms - Post n° 016
Fanchic : Réveil au bulldozer, le sol tremble, un bruit de succion envahit l'espace sonore. Je sors timidement ma tête de la tente. L'ouvrier hilare nous fais remarquer qu'il fait froid, ah bon? Ça faisait déjà quelques heures que j'en étais arrivé à la même conclusion. Dépassé La Rochelle nous arrivons dans une zone dévastée par la tempête Xinthia. Les stigmates sont flagrants, maisons rasées, campings abandonnés. Dans ce no man's land, quelques irréductibles vivent (ou survivent..) un petit vieux dans sa maison, seule rescapée des destructions, et des squatteurs. La bonne aubaine, nous allons les voir, quémander une place pour la nuit. Une fois passé le rideau de chiens (j'ai flipouillé, j'avoue), l'attroupement se forme, nous expliquons l'affaire. Yorik, une sorte de patriarche, prend les choses en main.Il nous guide dans un bâtiment (vue sur mer) et nous propose une pièce laissée vacante. La soirée sera animée, et la sommeil trouvé au rythme d'un dejeridoo, d'une guitare et de la flûte traversière de Fanch.
Barth : J'ai eu froid toute la nuit. Le vent du nord qui s'est levé hier soir a nettoyé le ciel. A 8H je suis le premier debout, juste a temps pour assister a un lever de soleil automnal que j'immortalise d'une série de clichés. Mes comparses emmergent un peu plus tard, secoués par l'improbable passage d'un bulldozer fendant la brume au galop…!
Plus d'alcool pour faire chauffer le café, on file donc sur la piste herbue jusqu'au petit Quinquin pour deux allongés réconfortants. La suite de la journée se passe dans la zone commerciale de la Rochelle pour 3H de courses techniques - decathlon, leroy-merlin, foirefouille… Que du bonheur ! S'en suit une traversée bucolique du port de La Rochelle sous un beau soleil - « Eh m'sieur! Il est trop classe votre vélo ! Vive la bretagne ! » - Bel accueil.
Nous finissons par trouver refuge dans un ancien camping dévasté par l'ouragan Xinthia, aujourd'hui squatté par une trentaine de personnes et quelques chiens. On nous met royalement à disposition une chambre sans fenêtre et un local pour abriter les vélos. Les tentes ont juste le temps de secher avant le coucher du soleil. Diner et repos avec quelques visites des habitants du lieu dont certains viennent de l'Elaboratoire de Rennes. Un petit tour à la capsule ( le QG du squat ) pour discuter un coup et au lit!
Fanch : La terre tremble, vibre sous mon corps à demi endormit. Dans un moment de panique je sors la tête de ma tente et regarde un bulldozer passer à quelque dizaine de centimètre de celle de Fanchic.
Bonjour - Action - Direction La Rochelle ou nous ferons quelques achats pour améliorer notre confort relativement primaire. Quelques borne plus loin, nous logeons la cote de la commune d'Aytre, à droite les dunes de sable nous coupe de l'horizon, sur notre gauche pourrissent les restes de caravanes, de mobilhomes meurtris et de cabanes ravagées par Xinthia en 2010. Nous sommes au cœur d'une zone noir, de la Louisiane français.
Sur cette triste route, nous découvrons une vie bourgeonnante post-catastrophe, et c'est aux alentours d'une de ces battisses en ruine que les les squatteur du Camping de la Plage nous accueillent pour la nuit. Sur l'un des murs oranges de la petite pièce à la fenêtre sans carreaux qui nous servira de chambre, on peut lire:
« Je suis chez moi, je suis arrivé. Il n'y a qu'ici et maintenant Bien solide, vraiment libre, Dans l'ultime je m'établis. »
Jour 17 - Aytré, zone noire
Mardi 16 octobre 2012 - 50 kms - Post n° 017
Fanchic : Arrêt sur image sur ce squatte improbable. A 50 mètres de la mer, enclavée au centre d'une station balnéaire et d'une zone résidentielle, il dénote. Et c'est peu de le dire! Ils sont une trentaine, dont une dizaine de gamins. Je présume qu'un certain nombre d'assistants sociaux en pénétrant les lieux resteraient mortifiés devant le spectacle, de ces gamins courant entres les punks, les camions tagués, la ferraille, au milieu d'une meute de chiens hurlante. Mais l’essentiel n'est pas là pour le bien-être de ces gosses. Je présume que ce bordel ambiant est riche d'humanité et d'expérience, pourvu qu'il y ai de l'attention.
Le squatte c'est aussi une orgie de bricole. Bricole matérielle, on répare les camions, les caravanes, on créé les pièces avec du matos de fortune. Bricole des relations humaines aussi. On organise les tâches communes, on créé des normes, on les met en œuvre de façon plus ou moins délicate…
Les chiens sont partout, toute le temps. Ils investissent les parties communes (on ne s'assoit sur les canapés qu'en ayant préalablement déplacé le canidé endormi), s'invitent à la table, s'immiscent dans les conversations. Un des squatteurs m'explique que le chien révèle le caractère de son propriétaire. Quand les chiens se bastonnent, les humains vont suivre. Le déroulement de la soirée appuiera ses dires…
Si la majorité y voit une zone de déclassement, les squatteurs eux l'opposent à la zone (les SDF, nos clodos quoi). Le squatte est pour certains une bouée, voire un tremplin. Il créé des dynamiques, restaure des liens humains. Un des gars qui vient de passer un an à la rue insiste sur le fait que ce mode de vie lui ouvre des perspectives. Qu'à la différence de la « zone » la vie ne s'y résume pas à une spirale d'autodestruction.
C'est avec un sentiment de décalage (je pense partagé) que nous quittons ce lieu. La traversée des zones pavillonnaires nous ramènent dans le monde que nous connaissons, les rues sont silencieuses, les portes fermées…
Au bout quelques kilomètres nous rencontrons… trois bretons qui descendent à Gijón. Ils viennent de l'île de Groix et filent bien plus vite que nous, montés sur des vélos basiques, un sac à dos sur le porte bagage. On parait suréquipé à coté d'eux! On roule sur quelques kilomètre ensemble, en peloton, guidé par un charentais qui s'est joint à nous. Une bien belle balade. Bon vent les gars!
Fanch : Un bâtiment au fenêtres brisées, une piscine mi-pleine d'eau de pluie ou flottent quelques bouts de bois, trois bouteilles plastiques et une botte vert-chasseur, je fais le tour du propriétaire. Sur ma droite se trouve une demi douzaine de « camtars », camions aménagés en lieux de vie, posés ici, attendant sagement les quelques longs mois d'hivers avant de reprendre la route du Maroc ou des pays de l'est. C'est gens là vivent pour le voyage. Récupération alimentaire, bidouillage, bricolage, ils se contentent de peu pourvu que le voyage recommence. Au fond du terrain, une dizaine de caravanes plus ou moins bariolées se partagent les anciens emplacements du camping. Mon regard se heurte régulièrement sur l’un des nombreux mobiles-homes éclatés ou sur un tas de débris, brassés, poussés jusqu’ici lors de la grosse tempête, et puis tombés dans l’oubli. Mais les squatters et leur chiens apposent leurs couleurs et réaniment finalement ce lieu abandonné dont plus personne ne veut, à la fois dévasté et plein d'espoir… Merci Yorik et les autres, merci pour votre accueil !
4 km plus tard… Ah ! 3 cyclistes, A oui ! Des bretons qui filent vers l’Espagne… Nous serons 6 cette après-midi à pédaler sur une trentaine de bornes, en direction de Royan. Bonne route les gars et merci pour votre agréable compagnie !
Ce soir c'est dans une grange que nous nous sommes installé, nous sommes au sec, Fanchic et moi dormons sur une remorque au plateau rouillé.
Barth : Apparemment il a plu cette nuit, et fort ! Ça ne m'a pas empêché de dormir sur mes deux oreilles. Nous repartons vers midi du squat après avoir revu quelques figures de la veille, plus ou moins réveillés. Notre projet de tour du monde fait briller le regard de cette bande de nomades en camions et nous aurons même quelques contacts au Maroc de la part de Yoric. Nous ne trouvons pas le temps et l'interlocuteur disponible pour faire une petite présentation vidéo de ce lieu où le système D est à l'honneur. Quelques photos permettront de garder une trace tout de même…
Cinq kilomètres plus loin, nous nous faisons rattraper par trois gars qui viennent de Groix, en virée à vélo jusque l'Espagne. Les deux trios bretons se mixent jusqu'au viaduc de Rochefort et au moment de se séparer, rendez-vous est pris vers bayonne ou en Espagne. Sympathique et symétrique rencontre !
Toujours pas de pluie malgré les prévisions du journal mais le ciel est chargé, nous optons donc pour une grange afin de passer la nuit au sec.
Jour 18 - Grange à Saint Aignant
Mercredi 17 octobre 2012 - 50 kms - Post n° 018
Fanch : Un faux plat devient une montée, une descente se transforme en faux plat, ce phénomène est bien sûr proportionnel à la vitesse du vent… de face. Sans plat ni pente, tout les délices et sensations du vélo disparaissent. Le vent souffle d'avantage sur les sommets dégagés des vallons ou collines et comme la nature est bien faite le sommet est toujours, toujours, toujours à l'extrémité dominante de la montée, au fur et à mesure que la fatigue du cycliste augmente, les rafales s’intensifient. De plus, il se met à pleuvoir. Mes yeux luttent pour rester ouverts, les grosses gouttes en s'explosant sur la peau du visage procure une sensation de picotement véritablement désagréable. Petite cerise sur le gâteau, ce vent de face s'engouffre dans ma capuche ce qui physiquement me ralenti, et psychologiquement n'arrange rien à la situation. Ces 50 derniers kilomètres n'ont pas pas été pure plaisir…
Mais nous sommes accueillis merveilleusement par Lola, Gladys, et Joël, dans leur charmante maison charentaise, avec simplicité et générosité. Une bonne douche, une lessive, un petit Pineau et un bon repas plus tard et le soleil revient dans mon esprit…
Barth : Réveillé par quelques enfants qui attendent le car scolaire, je mets un peu de temps à émerger totalement. Il ne pleut toujours pas mais nous roulons face au vent jusque Saujon pour une pause au chaud dans un café, animée par David, ancien militaire de 38 ans qui nous fait bien marrer. La route se poursuit sous la pluie et dans le vent. Une seule pause pour un coca
dans un bar PMU tout neuf et nous arrivons vers 16h chez Gladys,Joël et Lola. Douche, lessive, boulot sur l'ordinateur laissent place à un savoureux dîner qui nous permet de faire plus ample connaissance avec nos hôtes dont nous ne savons qu'une chose : qu'ils sont des amis de Carole. Merci Carole !
Fanchic : La journée est marqué par le fort vent de face et une pluie battante sur la fin de parcours. Nous rencontrons David à Saujon. Il est speed, grande gueule. Il a le physique de sa logorrhée, massive. Au bout de 5 minutes de conversation, il brosse notre portrait. Je suis le séducteur, Fanch le rigolo et Barth le pragmatique ! Merci David pour tes cadeaux… et tes saillies, notamment le « font chier les vieux… j'en ai marre des vieux… Faudrait tous les tuer à la naissance ! ».
Jour 19 - Fiolle, commune de Floirac
Jeudi 18 octobre 2012 - 20 kms - Post n° 019
Barth : Petit dej avec Joël qui rentre de sa promenade quotidienne à vélo et qui découvre ensuite nos montures avec des étincelles dans les yeux. Boulot, rangement, déjeuner avec des amis de Gladys et Joël, et c'est l'heure des aux-revoir pleins de provisions ( St Nectaire et confiture potiron gingembre ). Merci encore pour cet accueil si chaleureux Joël et Gladys !
Reprise de la route vallonnée… Nous rencontrons deux ramasseuses de champignons Annie et Françoise, qui nous indiquent la route. Nous décidons tout de même de faire un détour pour quelques courses et tombons de nouveau sur Françoise qui nous offre café et galette charentaise avec une simplicité qui nous a totalement charmé ! Nous ne traînons pas trop tout de même, et repartons avec un saucisson et la fin de la galette.. Merci Françoise !
Après quelques kilomètres, la fin de la journée approche et le ciel est lourd… Cap sur une grange. On trouve une sorte de préau derrière une maison inoccupée qu'une chouette vieillarde nous recommande prestement. Quelques difficultés à installer le bivouac face au nombre et à l'incroyable vivacité des moustiques qui peuplent l'estuaire de la Gironde tout proche. On surplombe les marais et quelques habitations… Pour calmer un peu les moustiques, nous décidons de faire un feu qui en plus de faire disparaître les moustiques aura pour effet d'inquièter les voisins.. A l'heure de la tisane, nous aurons donc l'immense plaisir de parler de notre projet de tour du monde avec deux gendarmes venus voir ce qui se passait à Conac !
Fanch : Le piment fait ressortir le petit goût sucré de la pomme de terre, nos hôtes sont aux petits soins. Merci Lola, Gladys et Joël pour la confiture de potiron- gingembre, pour le Saint-Nectaire, merci d'avoir été sur notre route.
6 kilomètres plus tard, c'est Françoise alias Fanfan qui stoppe notre course folle en nous installant autour de la table de sa cuisine avec café noir, galette charentaise et une saucisse sèche pour la route. Elle se trouvait là, sur notre route et nous a spontanément invitée au goûter. Belle leçon d’hospitalité de sa part et encore une fois, j’hallucine devant tant de générosité. Merci Fanfan.
Ce soir ce sont les moustiques de l'estuaire de la Gironde qui viennent à notre rencontre et nous souhaitent la bienvenue en entamant une danse hystérique autour de chaque petite parcelle découverte de notre épiderme. Je suis pour le partage et l'open source certes, je veux bien qu'ils se servent une petite goutte de mon sang mais qu'ils arrêtent de m'injecter cette anticoagulant qui démange !
Dans un autre registre, après les moustiques ce sont les gendarmes qui nous rendent visite à l'heure du dernier thé à la menthe, averti de notre présence par un voisin vraisemblablement apeuré. Un petit contrôle d'identité plus tard, nous leur parlons de notre voyage, ils sortent de leur fourgon bleu marine pour venir fumer une clope auprès du feu et finissent par nous indiquer qu’en cas de problèmes, ils restent joignables. Retournement de situation.
Fanchic : Nous sommes arrivées la veille chez Joel et Gladys, lui maroquinier, elle créatrice de bijoux. Ils ont retapés une très belle maison charentaise. On s'y sent bien, on y mange très bien ! Le saucisse lentille maison nous permettra de ne pas succomber (au moins pour un temps) au « charme » de la même recette en boite. Nous repartons le lendemain dans l'après midi. Nous avons fait à peine 5km que nous nous arrêtons discuter avec deux cueilleuses de champignon. Nous retrouvons l'une d'elle dans le village suivant. Françoise nous invite à prendre le café, discussion sur le voyage et l'hospitalité. Nous repartons chargés d'une saucisse sèche et de galettes !
Le gîte nous est indiqué par une personne d'un âge vénérable (j'euphémise). Nous passons la nuit au sec sous un hangar. La proximité des marais de la Gironde, en fait l'endroit rêvé pour les moustiques. L'apparition de trois poches de sang les rendent dingues. C'est par dizaine que ces enfoirées de petites bêtes de merde viennent nous harponner. La p'tite dame, elle, n'est pas le moins du monde perturbée par les bestioles, sa peau tanné est un barrage infranchissable.
Et une première ! Les gendarmes viennent nous rendre visite dans la soirée, alertés par des voisins craintifs. Je suis déjà dans ma tente et assiste, à l'oreille, à la scène. Surprenant le changement de ton quand leur est expliqué le projet. Ils finissent par venir fumer une clope autour du feu. J'adore aussi leur sortie ponctuée par « vous avez un téléphone ?… Vous nous appelez si vous avez un problème ». Alléluia, nous voilà protégé, pour la nuit, par la maréchaussée !
Jour 20 - Lamarque
Vendredi 19 octobre 2012 - 55 kms - Post n° 020
Fanch : Notre cabane se situe à l’entrée d’un petit bourg du médoc bordant la rive sud de l’estuaire girondin. Elle est posée sur un parterre de gazon détrempé, entourée de quelques tables de pique-nique en pin faisant mine d’être sur pilotis. Devant, un immense terrain de pétanque prend les allures d’une piscine olympique. Un panneau “BUVETTE” indique qu’à cette endroit précis et en temps normal, quelques retraités lèvent le coude paisiblement pendant que l'équipe adverse tire ou pointe le cochonnet. Sur le toit de taule résonnent les gouttelettes achevant leurs chutes sans fin. La surface du sol est équivalant à celle de deux arrêts de bus et un comptoir la divise en deux moitiés équivalentes. La première partie, ouverte et boueuse joue le rôle du garage à vélo. L’autre, dont le sol est cimenté, est relativement abritée des intempéries et juste assez large pour y entreposer nos carcasses humides. C’est parfait, c’est tout simplement parfait. Deux voitures immatriculées en Espagne servent de dortoir de fortune à Ricardo et son ami andalous qui, au vue des circonstances économiques de leur pays natal, sont venus grappiller quelques euros en coupant les grappes rouges de raisin mûre.
Fanchic : Un voisin vient aux nouvelles dans la matinée. Il est jovial, un fort accent du sud ouest. Il s'amuse du comportement des autres voisins qui l'ont appelé dans la soirée pour lui dire que des gens picolaient de la bière dans le hangar. Ah bon ? Du coup on lui propose un thé que l'on buvait la veille. C'est étonnant ce que l'esprit associé aux fantasmes permet de créer comme illusion auditive. Nous repartons sous la pluie, elle nous suivra toute la journée, sans discontinuer… Le passage du bac est apprécié pour l’abri qu'il constitue, pas pour la vue. C'est à peine si nous distinguons l'autre rive.
Nous finissons rincés dans le village de Soussans. Nous partagerons , pour la nuit, une buvette de terrain de pétanque, avec deux espagnols qui dorment a coté, dans leur voiture. Ricardo nous explique qu'il vit comme ça depuis deux mois. Il est venu pour les vendanges (on est dans les Pauillac, Margaux et consort). Ils sont beaucoup à faire de la sorte, douche chez l 'employeur et nuit dans la voiture.
Barth : Pluie. C'est le thème de la journée et il s'impose dès le réveil. Nous mettons un peu de temps à décoller pour faire sécher les affaires, espérant une accalmie.. En vain. La visite d'un voisin en rapport avec la venue des gendarmes de la veille nous permet d'expliquer notre présence sauvage en ces lieux. Je ne sais pas s'il aura bien compris qu'on partait faire le tour du monde tant il était déjà chamboulé de réaliser que nous venions de Bretagne… On vient de franchir les 900 km - Je commence moi aussi à relativiser mes repères d'espace et de temps.
Les marais qui s'étendent sur la rive nord de la Garonne sont plats à perte de vue, peuplés de moustiques, de quelques renards et hérons… Avec la pluie en continu, le moral baisse un peu, le froid et la fatigue s'entremélent, la faim surgit, si bien que les 45 kms qui nous séparent de Blaye finissent par nous jeter affamés dans le bar le « Betty boop ». On s'y fait offrir un verre de Pineau par un client, et après des sandwiches St Nectaire saucisson et un grand chocolat chaud il est l'heure du bac ! Dur de renfiler le T-shirt mouillé et glacé, mais il faut garder du sec pour ce soir.
Il est 17h00 passées quand nous mettons pieds à terre sur l'autre rive de la Garonne. Ici nous croisons quelques espagnols qui loge dans leurs voitures pour travailler aux vendanges la journée. Nous trouvons refuge près de l'un d'eux, Ricardo, dans une minuscule cabane buvette près du terrain de pétanque de Soussans.
L'occasion de baragouiner quelques mots en espagnol… Et de se rappeler qu'on y sera dans pas longtemps !
Jour 21 - Blanquefort
Samedi 20 octobre 2012 - 25 kms - Post n° 021
Fanch : Nous quittons notre cabane idyllique. A cet instant, j’ose penser qu’aujourd’hui les dieux nous accorderons leur clémence en retenant les trombes d’eau qu’ils ont pris l’habitude de nous offrir. Grossière erreur de ma part…
J’entends parler de Kerfeuntun, du Ceili et de la Pépi, nous croisons brestois et quimperois. Je souris intérieurement car je sais que ce genre de rencontre ne vont certainement pas s'arrêter là.
Nous sommes au portes de bordeaux, il est 22h et c’est notre première tentative de bivouac urbain. Nous nous sommes abrités sous le porche du Pôle Senior de Blanquefort. Pour l’instant tout ce passe bien. Nous avons étalés nos matelas sur deux bâches noirs, le long d’un des mur du bâtiment. Je me cache derrière mes sacoches alignées en rang d'oignon et attachées les unes entre elles. Mon vélo ainsi que deux poubelles grises viennent compléter ma planque en m’assurant un minimum d'intimitée. Il faut savoir se contenter de peu et le seul fait d’écouter la cascade de flotte tomber de la gouttière percée à deux mètres de son lit tout en étant emmitouflé au chaud dans son sac, procure une intense sensation de bien être. C’est le déluge, pas de piétons, seul les voitures s’aventurent sur la chaussée toute proche, la lumière de leurs phares ne nous atteint pas, j’ai l’impression que nous restons invisible.
Barth : La pluie est là dès le réveil, nous prenons donc le temps pour quitter notre abri aprés avoir fait nos adieux à Ricardo qui repart en Espagne. A peine 500 mètres plus loin nous rencontrons un espagnol venu de Brest en vélo également et deux villages plus loin un quimpérois avec son accolyte en pleines vendanges… Puis deux filles qui remontent en camion vers la Bretagne. Pas moyen de boire un café tranquille sur la route des Châteaux du Médoc !
On vient d'apprendre que nous sommes à moins de 30 km de Bordeaux où nous sommes attendus demain soir chez George .. Il est temps de lever le pied après dix kilomètres sous des trombes d'eau ! Pique-nique à la sortie du Leclerc puis fin d'après-midi au sec dans le seul bistrot de Blanquefort où nous trouvons une connexion internet. Il tombe toujours des cordes au moment de partir chercher un endroit où bivouaquer… Un petit tour de la ville pour le plaisir pour atterrir finalement sur le parvis abrité du pôle senior, sorte de maison sociale pour personnes âgées – inoccupée la nuit. Un banc public, une terrasse en tomettes, un lampadaire, enfin au sec !
Fanchic : En repartant, arrêt café clope et (…) au bistrot. Deux vendangeurs, encore dans leur soirée de la veille, nous accostent. L'un est de Quimper ! C'était hier le dernier jour des vendanges, ça s'arrose ! Il nous propose de venir les rejoindre à l'apéro, mais tel de véritables sportifs, nous déclinons pour chevaucher nos fidèles destriers, direction… Leclerc. Tout ceci se fait évidemment sous la pluie qui ne nous lâche plus. C'est un peu journée galère, la recherche d'un lieu pour dormir est longue et vaine.
La nuit est quasiment tombé sur la commune de Blanquefort quand nous échouons sous le porche d'un bâtiment public. Quand j'utilise échouer c'est pas pour rien nous sommes trempés, presque spongieux…
Jour 22 - Bordeaux, “C’est chez nous”
Dimanche 21 octobre 2012 - 20 kms - Post n° 022
Barth : Après une douce nuit de sommeil, la dizaine de kilomètres qui nous séparent de Bordeaux est vite avalée. L'arrivée en ville est agréable, sans pluie et au beau milieu d'une manifestation « Femina challenge » de sensibilisation au sujet du cancer du sein. Nous trouvons un petit bistrot pour un café qui ferme ses portes à midi. Après un tour sur le marché des capucins, nous croisons Maud de l'association Ping qui déjeune avec des amis au « Chez nous », un petit restaurant qui nous fait beaucoup penser à « l'Effet papillon » de Quimper. Beuf musical l'après-midi, Fanch à la flûte et l'occasion de bosser un peu sur l'ordinateur pour moi.
Après une dernière terrasse nous arrivons chez George et Pascaline en début de soirée oú nous nous faisons un plaisir de terminer le couscous du midi ! La soirée de retrouvailles se finit tard malgré la fatigue…
Fanch : Au réveil, quelques badauds mi-curieux, mi-effrayés feintent de ne pas entendre nos bonjours encore ensommeillés mais tout va pour le mieux. Pas de problèmes majeur à signaler cette nuit.
Nous voici donc à Bordeaux, cherchant un bistro sympa pour la pause déjeuner. On rode autour d’un rade qui nous semble plutôt chouette, une demoiselle nous interpelle. C’est Maud que Barth et moi avions rencontrés à plusieurs reprises dans les quartiers de l’association nantaise Ping. Coïncidence? Elle nous a aperçu a travers la porte entrouverte de ce bistro-soupe ou elle dégustait en compagnie de ses amis un potage sympathique. A l'intérieur du petit restaurant, le “C’est chez nous”, piano, contrebasse, et guitares attendent sagement d’être chatouillés. Nous nous installons. Peu de temps après, les musiciens sorte de l'anonymat, c’est une bonne occasion pour sortir ma flûte et de me dérouiller les doigts. Le feeling passe bien, Bordeaux nous accueil en douceur.
Fanchic : Ce soir, c’est encore une fois un repas chaleureux auquel nous participons chez George et Pascaline, des amis de Barth. Nous devrions y rester quelques jours dans l’objectif de bosser un peu et de fignoler les détails techniques de notre atelier mobile.
Nous avons moins de 10 km pour arriver à Bordeaux. Nous passerons la journée à boire des cafés dans les bars, notamment le « chez c'est nous », musical par la grâce de ses clients. Les rencontres se succèdent avant notre arrivée chez George et Pascaline.
Jour 23 - Quartier Saint Michel, Bordeaux
Lundi 22 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 023
Fanch : Ce matin je règle quelques questions administratives qui me renvoient à ma vie de sédentaire déjà presque oubliée. J’aperçois au travers des carreaux de l’appartement bordelais quelques fragments de ciel bleu. Les silhouettes de nuage se dessinent progressivement alors que durant ces 3 derniers jour, nous n’avions profité que d’une masse homogène, grise et menaçante en guise de toit. Mes rétines entament un va-et-vient entre les fenêtres du navigateur internet et celle du salon de George et Pascaline. Je cède finalement à l’invitation de Fanchic qui me propose de l’accompagner en ville pour quelques courses, en vélo bien sûr mais à vide, sans sacoches.
Rouler sans bagages, c’est comme poser un sac de 25 kilos après 15 bornes de marche à pied, on se sent léger, agile. On s’éclate, roule, fonce à toute berzing, on se faufile entre les voitures, on visite la ville en vélo et au soleil, c’est du pur plaisir. De nombreuses personnes nous interpellent pour causer 2 minutes, parfois plus. A force de croiser ces hommes et femmes particulièrement intéressants, touchants, drôles ou cons, je me dis qu’il serait peut-être judicieux de dresser quotidiennement un portrait du personnage du jour. Affaire à suivre.
Fanchic : On se prélasse le matin, à deux à l'heure entre une clope et un café. Visite de la ville avec Fanch pendant que George et Barth travaille sur le site. On tombe sur Erwan qui a décidé de vivre sur la route en vélo couché, près de quatre mois qu'il est parti. Je l'ai déjà croisé à Aurillac au début de son parcours. Il vit sans argent, allant de porte en porte pour demander à manger. Cette position est réfléchie, elle créé le débat sur les relations humaines, l'échange, le don. Nous nous fixons rendez-vous pour le lendemain, avec Simon un vidéaste qui le suit durant une semaine. Il compte le rejoindre à intervalle régulier pendant un an et réaliser un documentaire. Une heure plus tard on se recroise devant un bar associatif… Où il vient discuter de son mode de vie. C'est difficile de repartir, les questions fusent, les bon plans aussi.
On arrive bien tard à l'appartement de George et Pascaline. Avec Fanch nous nous lançons dans un « battle » quiche aux oignons cramés VS tarte aux poireaux dégoulinante.
Ah si, le mec qui admiratif devant nos vélos nous lance ironiquement , « vous faites un tour du monde ! », ben ouais… Il met du temps à intégrer. Il se reprend et nous dresse un portrait géopolitique du Sahara occidental…
Barth : Décision est prise de poser le camp pour une semaine à Bordeaux. Les trois semaines passées à pédaler nous ont permis de nous confronter à la réalité quotidienne de notre atelier mobile en formation, qui plus est dans des conditions météorologiques pas toujours évidentes. Mais il y a une quantité de choses à faire sur l'ordinateur particulièrement qui nécessitent un temps que nous n'avons pas eu avant le départ. Sans compter quelques points administratifs personnels qui sont plus simples à règler tant que nous sommes encore sur le territoire français.
Grâce à l'hospitalité de George et Pascaline, nous allons donc pouvoir rattraper le retard dans les publications du site, finir de mettre en place la traduction multilingue de celui-ci, installer une copie du site sur l'ordinateur pour pouvoir travailler dessus sans connexion, installer le logiciel Puredata qui nous permettra de réaliser de nombreuses installations interactives, etc.
Il faut dire que nous sommes au bon endroit pour faire tout cela. En plus d'être un très bon ami avec qui j'ai travaillé ces dernières années, George est le patron de BarGeo Création, entreprise de création de sites web qui offre à Geocyclab l'hébergement du site. Grâce à ces précieux conseils, nous avons pu résoudre bons nombre de problèmes techniques sur l'ordinateur et nous repartirons de Bordeaux avec un outil enfin sur mesure !
Je passe donc la fin de journée à travailler pendant que les deux Fanchs partent faire un tour dans Bordeaux pour quelques courses et rencontres innopinées…
Jour 24 - Recup'R à Bordeaux
Mardi 23 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 024
Barth : La soirée de travail de la veille s'est fini tard, et le réveil n'est pas des plus matinal. Nous avons rendez-vous à 11h avec Erwan et son comparse Simon qui sillonnent la France en vélos couchés en évitant tous rapports marchands avec les gens. Posés sur les quais de la Gironde sous un soleil estival, nous grignotons un petit pique-nique en discutant d'un tas de choses. C'est l'occasion de faire un portrait d'Erwan dont la démarche nous paraît répondre aux critères de notre enquête sur le Libre.
Nous quittons nos nouveaux amis pour faire un saut chez Recup'R, une ressourcerie où se mêlent réparation de vélos et atelier couture, dans l'espoir d'y dénicher une vis pour réparer le siège de Fanch. L'endroit est très accueillant et après une visite des lieux nous parlons un peu de notre projet. Nous repasserons en fin de semaine pour faire une révision de nos vélos et bricoler des appuis-têtes qui commencent à nous manquer dans les grandes distances…
Le soir même, Erwan fait une conférence sur son projet à la ressourcerie. Seul Fanchic qui à rendez-vous avec des amis à lui s'y rendra. Fanch et moi préférons rester travailler chez George. C'est reparti pour une longue soirée devant l'ordinateur, à installer, tester, configurer, rédiger…
Fanch : Les coïncidences n’existent pas, mais j’avoue que parfois cela peut paraître troublant. Peut-être qu’inconsciemment je deviens de plus en plus réceptif à ces petits signes du quotidien, que je commence à m’adapter à un environnement en mutation permanente. Notre mode de vie devenu nomade induit certainement ce genre de situations et j’ai tendance à penser que ces surprises découlent d’une improvisation quasi continue. Ayant déjà ressenti ce genre de chose lors de mes voyages précédents, je m’y attendais donc. Mais c’est toujours avec étonnement et amusement que je rencontre un visage connu au coin d’une rue, qui va me parler d’une autre personne qu’il faut impérativement rencontrer, que l’on va croiser au “hasard” de nos pérégrinations urbaines et avec qui nous passerons 4 heures à discuter de choses et d’autres. En étant un peu plus pragmatique, c’est une suite logique d'évènements, induite par mon statut socio-culturel, j’en suis conscient mais ces moments n’en restent pas moins magiques et surprenants.
Fanchic : Nous retrouvons Erwan et Simon, direction les quais de Bordeaux sous un soleil radieux. La discussion s'engage autour des choix d'Erwan. Sa vision me heurte, me bouscule. Il avance des arguments, questionne nos représentations. Les sujets se succèdent, l'argent, l'éducation, la famille, la sexualité…
Il fait des choix radicalement contraires aux nôtres. Pour nous c'est un voyage, lui un mode de vie. Nous avons des tunes, pas lui. Quand nous allons au sud trouver soleil et chaleur, il va au nord se confronter à l'hiver et tester son mode de vie.
Un petit portrait du mec s'impose. Il avait, à priori, tout pour « réussir » dans notre société. Issue d'une famille au capital culturel et économique important, il suit, très logiquement, une scolarité exemplaire, bac S, prépa et … première rupture. Il décline la carrière d'ingénieur qui s'offre à lui pour l'enseignement. Une haute idée de son rôle le pousse à mettre en lien les connaissances techniques et les conséquences de leur utilisation, pas évident… Il commence à s'intéresser il y a 15 ans à l'écologie. Il affine sa réflexion, ses connaissances et aboutit à l'obligation de changer nos modes de vie, aller notamment vers moins de consommation. Autant vous dire qu'il est bien loin de la farce marketing du développement durable. Il milite durant 5 ans, s'épuise puis s'abime dans la volonté de convaincre. S'ensuit une grosse pause. Quand il le raconte ça paraît logique, il faut qu'il roule pour retrouver du plaisir.
Maintenant, il indique ne plus vouloir convaincre mais ce qu'il fait fait c'est encore de l'éducation (populaire sans doute) par les questions que son mode de vie soulève. Il se décrit comme un clown, le vélo tel un nez rouge, le nomadisme comme art de rue.
Autour du repas qu'il nous offre la discussion se poursuit, mes neurones surchauffent. Qu'il est bon parfois de réfléchir de la sorte. Nous filmons durant ce temps une présentation un peu formelle de son projet, je vous invite à la découvrir. Si le personnage vous intrigue, la démarche vous intéresse…où vous irrite, il est possible de contacter Erwan sur son site unvelodanslatete.free.fr et même de l'accompagner…
Même journée autre rencontre, je rejoins Justine et Maria connues en Andalousie. Elle prennent le café avec François (incroyable ce qu'ils sont bons les François!), un pirate des temps moderne. Activiste social, il ouvre des lieux délaissés par la mairie, les fait vivre. Je l'accompagne récupérer des affaires au « marché des Douves », sublime bâtiment de verre et de fer. Le lieu qu'il a squatté, contribué à animer est repris en main par la mairie. Sous couvert d'une rénovation du bâtiment, c'est les gens du quartier qu'on met dehors.
Il me mène jusqu'au petit jardin qu'il essaye de créer dans le quartier, la balade se fait au rythme du caddy qu'il pousse et des personnes qu'il salue (environ une sur deux!). Le soleil décline, nous redescendons vers les quais au rythme de sa guitare et de sa voix cassée, « c'est dur la ville mais j'y ai ma famille… des toxicos, des sans-pap, des alcoolos ».
Soirée à « récup'r », atelier associatif de couture et de réparation de vélo. C'est soirée auberge espagnole, au menu, des discussions autour de l'expérience de l'inévitable Erwan.
Jour 25 - Bordeaux, appartement de Pascaline et George
Mercredi 24 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 025
Barth : Décidément il y a beaucoup de choses à régler sur l'ordinateur… Cette nouvelle journée de travail ne sera pas de trop. J'ai enfin terminé, avec l'aide de George bien sûr, d'installer la version locale de notre site tout en prenant en main l'outil de conversion multilingue et Fanch a réussi à installer PureData et les librairies permettant d'utiliser le matériel Arduino ! On va enfin pouvoir commencer à s'amuser !
La soirée de boulot se poursuit tard pour moi.
Fanch : Exercice du jour : Installer Pure Data et Arduino sur notre ordinateur de bord. Pure Data est un logiciel informatique qui permet de générer des interactions entre le monde virtuel et notre environnement physique. Exemple : En fonction du volume sonore émis par un trompettiste, il est possible de faire tourner un moteur plus ou moins vite. Certaines personnes pourront penser que cela est stupide et ne sert absolument à rien. Personnellement je trouve ça plutôt magique car avec un peu d'imagination on pourrai concevoir une machine mobile dont la vitesse serait proportionnel au volume sonore dégagé. Dans ce cas il est tout à fait envisageable d'organiser une course de trompettistes, de trumpet-cars. Bon, c'est vrai, cette exemple est complètement idiot mais il m'amuse et c'est déjà pas mal. Enfin bref, avant de commencer à rire il faut que je trouve une version de mon petit logiciel magique compatible avec notre Linux, puis résoudre un problème de driver audio.
L'Arduino est un petit circuit imprimé programmable sur lequel je vais brancher toute sorte capteurs, moteurs, lampes, il leur permettra de communiquer avec Pure Data. Et là, j'ai quelques soucis car mon ordinateur ne reconnaît pas ma petite carte électronique. Problème de serial port… Je trouve finalement les réponses à mes questions et n'en suis pas peu fier.
L'objectif ici n'est pas d'étaler mes problèmes informatique, je cherche simplement une excuse à mon comportement de nomade qui ne sort pas de son lieu d’hébergement alors que dehors, il fait 25° et que le soleil n'a pas été aussi clément depuis fort bien longtemps.
Jour 26 - 30, rue du temple, Bordeaux
Jeudi 25 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 026
Fanch : Encore une journée boulot, toujours à Bordeaux.
Maintenant que j’en ai fini avec l'installation de logiciels voués à la création numérique, je profite de la connexion de George pour mettre à jour mon GPS. Quand je l’allume, il m’indique ma position sous forme de coordonnées ce qui est très intéressant je n’en doute pas, mais ne m’indique pas grand chose. Pour avoir ma position sur un carte, il faut en charger une dans l’appareil et comme Geocyclab a un budget limité, je ne peux pas me permettre d’acheter une carte de l’Aquitaine à 139 euros. Il y a une solution à mon problème et elle se nomme Open Street Map (OSM), une version open source de Google Map. Un des avantage d’OSM c’est que l’on peut se faire ses propres cartes sur ce site pour ensuite les importer sur son GPS. C’est un peu de boulot (en tout cas pour comprendre comment cela fonctionne), mais c’est gratuit. Le seul petit hic, c’est que je n’y parviens pas, en tout cas pour le moment. Je navigue sur le Web de forum en forum à la recherche d’indices pouvant m’être utiles. Mes neurones chauffent, surchauffent mais je ne veux pas lâcher le morceau et j’ai la ferme intention de quitter Bordeaux avec un GPS fonctionnel !
Bon, il est peut être temps de faire une pause, de rabattre l’écran. Nous partons à RECUP’R pour une petite révision de nos vélos, j'espère aussi trouver le temps pour me bricoler un appui tête qui viendra ponctuer la courbe de mon siège et du même coup, améliorer mon confort.
Barth et Fanch se concentrent sur leurs montures avec l’aide de Benoit et de Vincent. De mon coté, je révise les freins de mon vélo, adapte une attache rapide entre le siège et le cadre (pièce perdu quelques jours auparavant et qui avait été remplacée par une tige d’acier en guise de solution d’urgence), puis décide d’attaquer la conception de l'appui tête qui sera finalement constituer de quelques boulons, d’une tringle de garde-boue et d’une selle de vélo qui jouera le rôle de coussinet et maintiendra ma nuque bien droite. Mission accomplie.
Déçu, je ne m’étalerais pas sur le concert de la Compagnie Lubat de ce ce soir. Mais je me suis aérer l’esprit et je peux retourner à mes problèmes d’orientation satelite. 4 heures du matin. Je n’ai toujours pas résolu mon problème GPS. Mais je sens que la solution se trouve à porté de main. Je me couche en cherchant d'où vient le pépin.
Barth : Après une matinée studieuse toujours en compagnie de George, nous filons chez Recup'R pour une séance fabrication d'appuis-têtes pour nos montures. C'est l'occasion de faire plus ample connaissance avec les membres de l'association et d'en savoir un peu plus sur leur fonctionnement. Après un verre en terrasse pour profiter du soleil estival, nous retournons chez George pour diner rapidement avant d'aller tous ensemble assister à un concert de fin de résidence de la Cie Lubat… Pas très convaincant, mais gratuit donc sans rancune !
Et c'est reparti pour une veillée face à l'écran d'ordinateur. Je veux vraiment que tout soit prêt quand on repartira de Bordeaux et pour le moment il y a un problème avec la synchronisation du site… Sans rentrer dans les détails, c'est le fait que des gens puissent écrire des commentaires sur le site ( Merci à tous d'ailleurs on vous répond dès que possible ! ) qui nous oblige à comparer les bases de données avant d'écraser un des fichiers. Mais tout va bien, George à rédigé un petit outil en PHP pour palier au problème !
Jour 27 - Bordeaux
Vendredi 26 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 027
Fanch : Pique-Nique ensoleillé dans un jardin partagé avec quelques membres de conseil d’administration de RECUP’R, l’atelier ou nous avions révisés nos vélos la veille. Le moment est venus d’échanger pain, chips et tarte à la tomate, adresses et bons plans. Nous conversons, la bouche pleine, de vagabondages, de voyages ou de nos aspirations à changer de mode de vie. Le ciel légèrement couvert laisse un peu de place au soleil, j’en profite, l’heure est à la détente.
Je file avant le café, laissant Barth, Fanchic et les autres pour retrouver mon amoureuse sur les quai de la gare Saint Jean. Nous logerons durant ces trois petit jours dans un petit appartement au centre de Bordeaux, loué pour une bouchée de pain.
Barth : Je sais qu'il reste beaucoup de temps à passer sur l'ordinateur pour atteindre les objectifs posés en début de semaine… Mais heureusement nous avons rendez-vous pour déjeuner chez Recup'R. Je redécouvre le soleil et le plein air lors d'un majestueux pique-nique dans un jardin potager collectif du quartier.
Tandis que Fanch disparait pour un week-end en amoureux, je retourne à l'atelier avec Fanchic pour une nouvelle après-midi de bricolage sous les bons conseils de nos anges gardiens mécanos. Nous repartons en début de soirée sur des vélos presque comme neufs, freins serrés, roues dévoilées et regonflées, chaine et pignons nettoyés et graissés, et surtout avec le sentiment de connaître un peu plus intimement nos vélos. Une fondue savoyarde avec George et Pascaline me redonne quelques forces pour une énième soirée d'informatique.
Jour 28 - Médiatèque de Pessac
Samedi 27 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 028
Fanch : Sortie culturelle. Fanchic, Cindy et moi visitons trois expositions cette après-midi organisées dans le cadre de la quinzième édition des “Vibrations Urbaines”. La encore, je préfère ne pas m’étendre sur les performances des 4 artistes invités à l’artothèque de Pessac pour l’exposition “Vibrationes Espagna” car je ne me sens absolument pas concerné par leur travail (disons cela comme ça). La seconde exposition présente 15 toiles de tailles identiques mais d’auteur différent, d'où son nom, “15 ans, 15 artistes”. Sous l’allure d’une confrontation de formes et de couleurs, c’est 15 points de vue sur le graffiti qui débattent et dialoguent en silence dans la salle. Pour finir, c’est le travail de Landry Munoz, alias Landroïd qui avec son exposition intitulée “Manhattan Project” nous plonge dans un univers décalé ou s'agence figures de super héros, revendications et provocations subtiles. Il attaque la société de consommations à coup de pinceaux, de figurines de plomb, de canevas détournés, d’engrenages et d'électronique ludique. Un artiste aux multiples facettes, aux multiples compétences, à découvrir.
Barth : Cette fois, c'est la dernière ligne droite ! Il faut créer des copies de tous les article du site en vue de la traduction anglaise… Youpi ! En début d'après-midi Fanchic rejoint Fanch et Cindy à Pessac pour une exposition et passe la soirée en ville avec des amis. Je me retrouve donc seul devant l'écran, avec George en supervisor qui sacrifie une partie de son week-end pour affiner le tir sur cette histoire de synchronisation du site qui ne fonctionne pas tout à fait comme prévu… Je prendrais juste le temps de diner et de passer quelques coups de téléphone avant de ré-enchaîner une nouvelle session numérique nocturne.
Jour 29 - Marché des Cappucins, Bordeaux
Dimanche 28 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 029
Fanch : Un dimanche froid.
L’espace temps continu de se dérober. Moi, je marque une pause et profite de la présence de Cindy. J’en profite tout de même pour signaler un site internet qui propose une alternative aux hôtels, chambres d'hôte ou auberges de jeunesse tout en gardant son indépendance (c’est à dire, ne pas loger chez les potes). “AirBnB” référence des dizaines de maisons, appartements ou chambres à louer pour un ou plusieurs jours aux tarifs relativement attractifs. Ce genre d’initiative ne rentre pas dans la catégorie du “libre” mais parait tout de même suffisamment intéressante pour en toucher un mot. Alors, quand la recherche de Couche-Surfer ne porte pas ses fruits ou si vous avez besoin de tranquillité loin de chez vous, allez donc faire un tour de ce coté: www.airbnb.fr
Barth : Ce n'est toujours pas fini, mais ça avance ! la synchronisation du site est maintenant bien huilée, la traduction est bien entamée, mais il faut aussi rattraper le retard dans les publications et mettre à jour le graphisme du site. Journée boulot donc, pour changer. Je tiens un peu de la locomotive diésel sur un ordinateur, quand je suis lancé, je peux tenir très longtemps…
Fanchic réapparait le temps de manger un succulent poulet rôti avant de prendre seul la route pour Toulouse où il doit être deux jours plus tard pour revoir des amis.
George et Pascaline partent à la chasse aux champignons ce qui nous vaudra une magnifique omelette aux coulemelles ( c'est bien ça George ? ) pour le dîner ! Je vous laisse imaginer la suite de la soirée… Elle ressemble point pour point aux deux ou trois précédentes…
Jour 30 - Bordeaux, appartement de Pascaline et George
Lundi 29 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 030
Fanch : Elle est partie, je sens à présent qu’il est temps pour moi d’en faire autant, c’est ce qu’à fait Fanchic d'ailleur qui doit être sur le canal du midi à cette heure pour rejoindre Toulouse où il va rendre visite à quelque amis (nous le retrouverons vers Bayonne si tout va bien). Voilà déjà une semaine que nous n’avons pas roulés. Mais cette parenthèse bordelaise nous à permis de mettre à jours nos outils de travail, d’en créer de nouveaux et de développer nos idées. Nous somme en train de meubler notre atelier.
Seul ombre au tableau, Geocyclab est un atelier mobile… et mon GPS déconne toujours autant. Je m’y atèle pour l’après midi. C’est repartit pour 5 heures de recherche et de prise de tête pour finalement atteindre l'objectif tant convoité de ces derniers jours avec un certain soulagement, je l’avoue. Nous avons dès à présent la possibilité de charger légalement les cartes du monde entier dans notre tout petit appareil sans dépenser un sous. Cet outils va non seulement nous permettre de nous repérer dans l’espace mais aussi de faire des prélèvements automatiques de données (coordonnées, altitude, dénivelé, kilométrage…).Un grand merci aux contributeurs d’Open Street Map !
Barth : Aujourd'hui je dois finir la traduction avant notre départ prévu au lendemain pour que George puisse m'aider sur un dernier point technique que je ne maîtrise pas.
Fanch rentre juste à temps pour les lasagnes de Pascaline et nous finissons la journée en face à face sur les ordis, moi sur un site tordu d'un client de George et Fanch sur l'installation de notre GPS. Grâce à Pascaline, je vais pouvoir disposer d'un sac en couverture polaire comme couche intérieure supplémentaire dans mon duvet un peu léger.
Jour 31 - Petit chalet bordelais
Mardi 30 octobre 2012 - 10 kms - Post n° 031
Fanch : Le jour est venu de quitter Bordeaux qui nous aura accueilli un dizaine de jours. 10 jours de boulot dont nous sortons avec un sentiment de satisfaction puisque nous avons atteint quasiment tout nos objectifs de travail. Merci George pour le coup de main, merci Barth pour ces jours et nuits ou tu étais là, la bouche ouverte et les yeux fixés sur tes lignes de code en train de développer les nouveaux éléments du site de Geocyclab.
Le temps passe et nous devons sérieusement nous activer pour ne pas quitter l'appartement de George et Pascaline trop tardivement, mais il reste toujours un petit détail à régler, un petit truc à faire, un petit thé à boire ou une cigarette à fumer… Nous levons le camps entre chien et loup avec l'espoir d'atteindre les portes de la ville avant la nuit noir. Pari (vite) perdu, nous sortons nos lampes frontal. Quelque minutes plus tard et quelques rue plus loin, alors que nous demandons notre chemin, une cycliste et ses trois petits enfants armés de trottinettes s'arrêtent devant nos vélos couchés. Assis sur mon siège, j'essais de me concentrer sur mon GPS (maintenant fonctionnel) en le tournant et le retournant dans l'espoir de retrouver le nord, c'est alors je capte un fragment de conversation… Cette dame nous propose un hébergement. Barth me regarde, je le regarde, nous la regardons, elle nous sourit, c'est tentant, on se regarde à nouveau. C'est d'accord ! C'est ainsi que pour cette nuit froide, nous nous retrouvons tout les deux dans une petite maisonnette équipé de tout le confort moderne, dont le chauffage. Nous ne nous y attendions pas, c'est juste génial.
Barth : Je me lève tot pour la dernière séance de code informatique avec George (merci encore de t'être rendu si disponible!) Il s'agit de rendre compatible les templates qui permettent d'afficher le site avec la version multilingue en cours d'élaboration.
L'apparition d'une tartiflette mitonnée par Pascaline sonne la fin du chantier. Ça y est le site est potentiellement multilingue ! Reste à trouver des traducteurs pour nous aider ;)
Digestion, rangement, dernières urgences mails nous font repousser le départ à 17H
Je ne suis casiment pas sorti depuis trois jours et la traversée de Bordeaux sur fond de coucher de soleil hivernal m'enchante. C'est les vacances, il y a plein de monde sur les quais de la Gironde et une fête foraine rajoute un peu d'irréalité à l'ambiance générale pendant que Fanch pédale la tête plongée dans le GPS.
Route de Pessac, la nuit tombe au moment de faire quelques courses. Nous rencontre une dame accompagnée de ses trois petits enfants en vélos et trotinettes qui nous offre spontanément l'hébergement… Nous n'hésitons pas longtemps avant d'accepter, il fait nuit noir et nous ne sommes toujours pas sorti de la ville. Posés à 19h au sec dans une dépendance au fond du jardin, la soirée alterne entre coups de téléphone et discussion sur les projets à venir. C'est la première fois qu'on se retrouve que tous les deux avec Fanch, l'occasion de replonger un peu dans le coeur de Geocyclab maintenant que les outils sont opérationnels.
Jour 32 - Port de Gujan
Mercredi 31 octobre 2012 - 25 kms - Post n° 032
Fanch : Françoise, une petite dame pleine de vitalité nous a logés sans même connaître nos prénoms… Alors que certains missionnent la gendarmerie pour vérifier nos identités de malfrats potentiels, d'autres nous hébergent spontanément sans nous demander de justificatifs de domicile. Je me demande parfois ce qui différencie, ce qui sépare ces deux raisonnements diamétralement opposés. Nous évoquons vaguement le sujet avec Françoise ce matin, devant un café noir. Il faut se rendre à l'évidence… On flippe, on a peur des étrangers, des manouches, des punks, des clodos, des jeunes, des rastas, du voisin qui ne sourit jamais, du mec qui parle tout seul et des cyclistes voyageurs. J'ai parfois l'impression que mon pays natal ressemble à un train fantôme de fête foraine. On y prend un ticket pour avoir faussement peur, tout le monde sait pertinemment que l'acteur planqué sous un déguisement de squelette phosphorescent ne nous tranchera pas la gorge avec son poignard en plastique souple. A croire que nous nous inventons des peurs pour obtenir quelques sensations et pour finalement se sentir en sécurité. Pardonnez moi si je ne prends pas de pincettes en écrivant ces mots, j'ai conscience que tout n'est pas rose et qu'il existe réellement des personnes dotées de mauvaises intentions, mais il ne faut pas confondre vagabond et tueur en série. Je m'emporte, alors que notre sympathique Françoise nous propose, en descendant vers le sud, de faire étape à Biscarrosse dans sa maison de vacance. En voilà une belle leçon de confiance et d'hospitalité.
Direction sud ouest vers la dune du Pilat que ni Barth ni moi ne connaissons. C'est à 55 bornes de notre petit déjeuner, sur les rives du bassin d'Arcachon et au milieu du port ostréicole de Gujan que nous mangerons notre repas du soir.
Barth : Il est 10h quand nous terminons de ranger les sacoches et de nettoyer l'appart, l'heure de faire nos aux-revoirs à notre hôte. Une fois assis devant une tasse de café, une carte des Landes étalée en guise de nappe, nous en apprenons un peu plus sur Françoise puisque c'est son nom. Grand-mère formidable qui a donné sa voiture pour ne se déplacer plus qu'en vélo ou en train, et qui quand nous lui annonçons enfin que nous sommes en train d'entamer un tour du monde, s'empare de la mappemonde posée sur la commode du salon ce qui a pour effet d'attrouper ses trois petits fils. La conversation aurait pu se poursuivre longtemps, mais il est déjà tard et nous avons tous beaucoup à faire.
200 metres plus loin nous rencontrons un couple de vélocyclistes couchés, chauffeurs de bus tous deux, qui nous aborde très directement pour nous féliciter dans le choix de nos montures. Je commence petit à petit à croire que le monde du vélo, qui plus est « couché », est une sorte de société parallèle secrète. 20 km avant le pique-nique sur une stèle en bord de route, puis 35kms dans l'après-midi, dont 20 en ligne droite dans un paysage de landes, de pins, de zones commerciales et résidentielles. Pour la première fois je sors les écouteurs pour écouter un podcast sur les robots tout en pédalant sous un soleil radieux. Plus on approche du bassin d'arcachon, plus la densité des habitations et des terrains cloturés augmente. ça va être chaud pour le camping sauvage ce soir et pas une seule ferme à la ronde pour trouver une grange… Après avoir louché sur un petit terrain de foot, nous finissons par atteindre la rive du bassin au couchant, dans le petit port ostréicole de Guzan. Il y a encore de l'activité quand nous posons pied à terre, le temps de souffler un peu et de faire quelques photos. Le bivouac et le diner se déroulent rapidement dans la fraicheur qui s'abbat tandis qu'une lune rouge sang se lève à l'horizon. L'endroit est très cinématographique !
Jour 33 - Pilat sur Mer
Jeudi 1 novembre 2012 - 25 kms - Post n° 033
Fanch : Le réveil est humide et difficile. Je chute au premier coup de pédale entraînant Barth avec moi. Le suite n'en est pas moins désagréable. Le temps est déchaîné, c'est la tempête et ce n'est pas une mince affaire que d'avancer dans ces conditions météo démoralisantes. Nous ne pouvons/voulons plus continuer et trouvons refuge sur le porche de l'école de voile de Pilat sur Mer. L'abri est venté mais nous protège des grains qui se succèdent à intervalles réguliers. Nous en profitons pour manger, sécher, ranger, se poser, discuter, boire le thé, filmer et enregistrer.
Geocyclab est en état de fonction et livre en ce jour de coup de vent son premier haïku vidéo. Le but de cet exercice n'est pas de décrire mais d'évoquer l'atmosphère d'un instant, d'un lieu. Chaque haïku est une possibilité nouvelle pour Barth et moi d'exprimer puis de confronter de manière sensible nos deux points de vue différent (son et images) d'un même moment vécu. Nous devrions nous y adonner aussi souvent que possible.
17H 30. Mes parents, Marie et Aël mon neveux sont là, sous le porche de l'école de voile. Ils sont venu partager quelques instants de notre quotidien même si la véritable raison de leur visite se trouve être l'occasion d'un deuxième au revoir. Nous mangeons ensemble un bout de quiche lorraine en savourant cet instant précieux. Pendant qu'ils dorment dans le fourgon aménagé familial, nous squattons les vestiaires hommes du club nautique (merci Quentin). Au chaud, au sec, au calme, seul les mats de catamaran continuent leur cliquetis réguliers et hypnotique, une berceuse free jazz pour nous expulser au pays des rêves.
Barth : Un gros coup de vent et les premières gouttes d'une averse me réveillent vers six heures du matin. Il fait encore nuit mais impossible de me rendormir. Démontage précipité sans prendre le temps de faire chauffer un thé et nous voilà sur nos montures direction le premier café… Qui nous manque cruellement puisqu'au moment de donner son premier coup de pédale, Fanch bloc son cale-pied dans sa pédale qui reste immobile, perd l'équilibre qu'il tente de rattraper en m'administrant une superbe baffe qui me fait à mon tour m'affaisser sur le côté. Seuls les cygnes qui commencent à envahir la bassin seront témoins de ce burlesque faux départ et le porte fanion du vélo de Fanch n'aura pas tenu le coup. Pour ma part ça m'a presque autant réveillé que le café tant attendu. Nous trouvons un peu plus loin une boulangerie qui fait du café, pour notre plus grand réconfort. Nous rejoignons ensuite un marché entre deux averses et prenons le temps de reboire un chaud dans un bar en regardant les trombes d'eaux qui s'abattent sur les quelques retardataires de la messe de la Toussaint.
Profitant d'une brève éclaircie nous filons vers le Pilat - cette fois j'ai abbatu toutes mes cartes : veste déperlante, pantalon étanche, chaussons néoprènes, le tout recouvert d'un classique poncho en toile cirée. 3km plus loin, j'ai évidemment droit à une superbe éclaircie en pleine montée qui me transforme immédiatement en cocotte minute, mais je ne regrette rien quand nous débarquons au Pilat, accueillis par un grain aussi violent que soudain. Nous trouvons refuge dans le patio couvert d'un centre nautique avec vue directe sur l'océan et un renfoncement qui nous abrite des rafales. Nous n'avions pas vu l'océan depuis La Rochelle, les retrouvailles sont chaleureuses !
Nous passons le reste de l'après-midi à transformer notre refuge en un immense sèche linge, à grand renfort de tendeurs et de mousquetons, ce qui finira par nous inspirer le premier haiku de Geocyclab. Un monsieur vient nous faire la causette juste au moment où les parents de Fanch arrivent. Ils viennent passer deux nuits en camping-car avec sa soeur et son neuveu. Avant d'aller apéroter et dîner bien au chaud dans le camping car, débarque Quentin, moniteur dans cette école de voile, à qui nous demandons si on peut rester dormir dans le patio. Il nous indique alors un vestiaire chauffé avec douche pour passer la nuit au sec. Merci encore Quentin pour cet accueil et peut-être rendez-vous au Maroc !
Un bon verre de whisky suivi d'une quiche lorraine et d'un morceau de fromage dans la chaleur confortable du camping car, il n'en faudra pas plus pour déclencher le coup de barre. La soirée se termine tôt, je prends juste le temps avec Fanch de finaliser notre premier haiku et nous nous endormons, lessivés par cet après-midi de tempête.
Haiku 001 - Tempête</div>
Jour 34 - Dune du Pilat
Vendredi 2 novembre 2012 - 30 kms - Post n° 034
Fanch : Un immense tas de sable surplombe le bassin d'Arcachon, un bac à sable géant de plusieurs kilomètre carré se dresse fièrement face à l'atlantique. Le vent soutenu caresse avec entrain les courbes de la dune du Pilat créant une fine pellicule de particule que l'on pourrait confondre avec un épais brouillard assujetti à la gravité et filant à 80 km. Les crêtes s'évaporent, de temps à autres des nuages de silice s'élèvent, virevoltent, tourbillonne comme pour habiller les mouvements de l'air. Au loin, des dizaines de silhouettes avance maladroitement sur un sol meuble et irrégulier, à contre courant. La dune s'est mise en colère mais elle en perd toute sa pudeur et nous dévoile toute sa splendeur. Ici, trois monde se juxtaposent, la foret, le désert et l'océan. Le vert, le jaune pale et le bleu gris d'une mer sombre se côtoient sans complètement parvenir à s'entremêler. Au loin et dans l'alignement du Cap Feret, la houle venu du large déferle sur les bancs de sable invisibles. La dune sauvage. Je me régale en regardant mon père à plat ventre comptant les grains de sable.
Après quelques kilomètres difficiles, nous arrivons dans les Landes. Sur la piste goudronnée, les pins nous regardent de haut. Nous filons vers Biscarrosse plage à toute allure pour ne pas faire attendre le camping car qui patiente quelque part à l'entrée de la station balnéaire. Nous nous retrouvons facilement puis partons à la rencontre d'Igor et de sa petite famille dans la maison secondaire de Françoise. Cette journée en famille gardera une saveur inoubliable. Merci d'être venu…
Barth : La journée commence par débarrasser le plancher pour que le vestiaire soit disponible à l'ouverture du centre. Le vent qui a soufflé toute la nuit n'est toujours pas retombé, et une averse vient frapper à la porte… Heureusement nous sommes attendus dans le camping-car pour un copieux petit déjeuner sur fond de lecture de la version livre de « Cars » de Walt Disney et Pixar par Fanch à son neuveu Ael.
Nous prenons ensuite le temps de profiter de la douche chaude dans les sanitaires publics, et frais comme des gardons, nous enfourchons nos destriers allègés de plusieurs dizaines de kilos de bagages qui restent dans le camping-car. Un au-revoir un peu rapide à nos hôtes, sous le regard du monsieur de la veille revenu voir dans quel état nous étions après cette nuit de tempête, et c'est le départ d'une course camping-car contre vélos couchés jusqu'à la dune du Pilat à 6 kms. Le camping-car l'emporta de justesse !..
La promenade dans des rafales de vents à 60 ou 80 km/h sur la dune du Pylat se passe de commentaire. Le site est vraiment grandiose, et la situation de se retrouver à plusieurs dizaines d'êtres humains sur un immense tas de sable sans autre but que d'être là lui confère une dimension presque surnaturelle. Les images parleront mieux je pense …
Tout cet air et ce sable ça creuse ! Ça tombe bien, le camping-car a été converti en crêperie ! Merci à toute la délégation de la famille Dodeur pour tout ce confort et cette logistique cinq étoiles ! On en viendrait presque à se demander ce qui nous a pris de partir à vélos… Le ventre plein nous prenons le temps d'appeler Igor, un ami Russe de Françoise (Cf : Jour 31) qui occupe actuellement sa maison de vacances à Biscarosse-Plage en échange de quelques travaux. Rendez-vous est pris pour la fin d'après-midi. Les premiers kilomètres seront un peu physiques, contre le vent et dans les creux et les bosses de la dune qui n'en finit pas. Mais une fois entrés dans Les Landes, le vent tombe, le soleil se montre, et nous glissons sur une piste goudronnée qui serpente au milieu des pins en évitant les nombreux ramasseurs de champignons. Un coup de klaxon du camping-car nous indique l'arrivée imminente. Les lieux ont déjà été repérés pas les parents de Fanch et nous arrivons sans peine chez nos futurs hôtes. Igor et sa femme Olga sont en train de repeindre la façade de la maison et nous leur annonçons un peu gênés que nous ne sommes pas deux mais six en tout… Qu'à celà ne tienne, Igor qui parle bien français nous explique que nous sommes chez Françoise et que tout le monde est bienvenu. Le temps qu'ils terminent la peinture, je m'éclipse seul sur les dunes toutes proches pour aller photographier le coucher de soleil.
De retour à la maison, l'apéro est presque commencé. Quelques vodkas à la russe auront vite raison de la gène que nous avons d'envahir ainsi la petite famille, tandis qu'Ael fait la rencontre de Mark le fils d'Igor et Olga. Un feu de cheminée, un dîner improvisé par Fanch, nous permettent d'en apprendre plus sur Igor. En France depuis trois ans, il vient tout juste d'avoir une promesse de CDI par le biais de la famille de Françoise, ce qui lui permet d'espérer pouvoir voir un peu plus sa femme et sa fille qui vivent habituellement en Ukraine, et pourquoi pas bientôt pouvoir les faire venir en France plus durablement que ces quelques semaines de visa touristique annuelles.. C'est ce que nous vous souhaitons Igor et Olga !
Jour 35 - Biscarosse-Plage
Samedi 3 novembre 2012 - 10 kms - Post n° 035
Fanch :
- Nous sommes vraisemblablement fatigués. Couchés à 2h30 (travail oblige…) et debout à 7h30 pour un dernier au revoir au camping-car.
- Mes parents, ma frangine et mon neveu son partis aux aurores, il s'en suit un petit coup de blues.
- Il pleut. Bien sur nous en avons l'habitude mais c'est toujours désagréable.
- Nous quittons Igor et se petite famille bien trop tardivement et sommes menacés par la nuit qui va bientôt s'abattre.
- Ca grimpe dur (quelques cotes à 10%) sur une quinzaine de kilomètres. Nos dérailleurs réclament une révision (surtout celui de Barth) ce qui rend difficile notre ascension.
- Demain dimanche, nous manquons de provisions pour tenir jusqu'à lundi matin et pas de ravitaillement à moins de 20 borne à la ronde. Nous n'avons pas le choix il faut avancer.
- Nous sommes en pleine ville alors qu'il fait déjà nuit et ne savons toujours pas ou dormir.
L'accumulation de tout ces facteurs donne à cette journée un petit goût de ras le bol. Par chance, à 3 kilomètres de la sortie du centre de Biscarrosse Bourg, le long d'une piste cyclable, nous repérons une petit bicoque de bois condamné. Je tente dans un premier temps d'escalader le portail avant de m'apercevoir qu'il n'est pas verrouillé. Il y a un petit porche donnant sur un champs en friche, à l'abris du vent, de la pluie et des regards indiscrets.
C'est à ce moment que la magie opère, mon moral remonte en flèche et celui de Barth aussi je pense. Notre coup de mou se transforme peu à peu en motivation. Nous remettons au bout du jour quelques réflexions concernant les objectifs de Geocyclab.
Barth : On se lève tôt pour un dernier café dans le camping-car en guise d'au-revoir à la famille Dodeur. Igor est parti tôt pour régler des histoires de billets d'avion, ce qui nous laisse le temps de travailler un peu sur l'ordinateur. A son retour, nous n'avons plus le temps de lui donner un coup de main comme prévu et de toute façon, la météo ne permet pas vraiment de faire de la peinture en extérieur. Nous déjeunons donc tous ensemble avant de décoller vers 15h, direction Biscarosse-Ville. Une pluie froide tombe alors que nous mettons quelques temps à trouver la piste cyclable qui s'enfonce dans la forêt de pins. Les premiers kilomètres sont très valonnés et mon dérailleur qui ne répond plus m'oblige à mettre pied à terre et à pousser le vélo sur quelques centaines de mètres.
Nous longeons ensuite le premier lac des Landes puis un canal pour aboutir au Leclerc de Biscarosse-Ville pour quelques courses car demain c'est dimanche. Le manque de sommeil, la météo plus que maussade et l'organisation des dernières 24H entre nos hôtes et la famille de Fanch font que nous sommes fatigués. Vivement qu'il fasse un peu beau et que nous puissions retrouver un rythme de croisiére qui nous laisse le temps de nous concentrer un peu plus sur le travail de création !
La nuit est tombée d'un coup pendant les courses. Il nous faut tout de même faire quelques kilomètres pour ne pas dormir en pleine zone commerciale. Dans le noir total avec nos lampes frontales pour pouvoir suivre la piste cyclable goudronnée, nous finirons par trouver une maison abandonnée et munie d'une terrasse couverte coté jardin ! On n'en demandait pas plus. Une fois habillés chaudement, Fanch se lance dans la préparation d'un riz au lard, champignons et oignons dont le seul parfum nous remonte déjà le moral. La friture et le bruit des gouttes d'eau sur des gamelles savament disposées par Fanch anime l'atmosphère sonore au point d'en faire un enregistrement. Pendant ce temps, je finis de préparer la mise en ligne des derniers articles sur la copie locale de notre site. Il n'y a plus qu'à trouver une connexion demain pour synchroniser !
Le dîner se termine par la relecture à haute voix de nos derniers écrits qui enchaine naturellement sur une réunion de travail un peu tardive. Depuis Bordeaux, le fonctionnement de l'atelier mobile s'est sacrement dégrippé !
Jour 36 - Contis
Dimanche 4 novembre 2012 - 70 kms - Post n° 036
Fanch : Saint Hilaire, Saint Jean De Mont, Biscarosse, Mimizan, Contis et j'en passe… Nos côtes sont truffé d'étranges villes.
Nous ne sommes pas confrontés à un agencement urbain classique avec l'église, les bâtiments publics et les commerces au centre, encerclés de quartiers résidentiels puis d'un rempart de zones industrielles et commerciales et éventuellement d'une banlieue et de quelques villages intégrant l'agglomération. Non, ici nous hésitons entre la « ville bourg » et la « ville plage » parfois séparés par une quinzaine de kilomètres ce qui ne facilite guère notre choix d'itinéraire. Ayant décidés de longer la cote, nous traversons plusieurs stations balnéaires. Nous sommes en Novembre, en période de vacance, mais la saison estival s'est stoppée net le jour de la rentrée scolaire. Je m'interroge en traversant chacune de ces station de sable, citée semi fantôme ou commerces clos et terrasses poussiéreuses sont les seuls souvenirs d'un été luxuriant. 1 maison sur 10 semble habitée, les autres gisent tristement vide, les volets en bernes. Étrange sentiment en empruntant ces rues esseulées, j'en viens à remettre en question la légitimité de ce bitume exploité quelques mois par ans seulement. J'imagine ces allées au mois d'août, bondées, avec des mômes en trottinette, pleurnichant pour une glace, une gaufre chantilly ou un ballon Bob l'éponge. J'imagine une foule de famille venu se divertir, jouer au mini-golf, se dandiner en slip de bain dans les rue « d'Atlantique Land » un lieu artificiel ou l'océan reste tout de même la principale attraction. C'est tout ce que je fuis et l'hivers arrivé, ces segments de béton du littoral, révèlent une désolante illusion.
Faute d'avoir trouvé un sol sec pour la nuit, nous continuons notre chemin sur une vingtaine de bornes, à la lueur de nos lampes frontal. Nous fonçons à 25 kmH sur un asphalte détrempé en pleine foret landaise. Ma roue arrière sort du chemin, je dérape, tombe pour glisser sur quelques mètres sur mon coté droit. Mes sacoche on amortis la chute, pas de casse sérieuse, mais mes jambes semblent faites de coton, je me suis fait une bonne frayeur.
Barth : Oeufs, lard, pain et caramel au beurre salé pour le petit dejeuner. La pluie commence. Café à la boulangerie du centre Leclerc et 30 kms de route et de piste cyclable sous la pluie, heureusement sans vent. Puis 10 kms pour atteindre Mimizan bourg. Pique-nique et patisseries dans une boulangerie puis scéance internet chez McDo. Pas moyen de shynchroniser le site comme prévu, je suis dégouté… Il faut sortir de la ville avant la nuit. Direction Mimizan-Plage, nous longeons une immense usine de fabrication de papier. La visite de Mimizan-Plage ne donne rien, que des villas barricadées…
On poursuit donc sur la piste cyclable, la nuit tombe quand on hésite à s'arreter pour squatter la maison de l'ONF. 15kms à la lampe frontale dans une forêt de pins obscure et sur une piste goudronnée toute neuve. Détour sur le bloc sanitaire d'une plage et gamelle de Fanch un peu plus loin… La fatigue se fait vraiment sentir.
Vers 20h, on tourne dans une petite ville pour trouver un porche squattable. Jusqu'à tomber sur un foyer de jeunes en travaux entouré d'un patio grillagé. L'endroit rêvé pour s'abriter du vent qui souffle en rafales !
Jour 37 - Vielle sur Gironde
Lundi 5 novembre 2012 - 45 kms - Post n° 037
Fanch : Nos dérailleurs déconnent, la synchronisation de notre site aussi. On aimerait tout les deux avancer plus vite, descendre plus au sud, être plus efficaces dans notre organisation, nos déplacement, notre travail. Les journées sont courtes, la fatigue et le bivouac ne nous permettent d'avoir que très peu de temps le soir, pour bosser.
Travailler ou pédaler? Il faut choisir. Ce matin, Barth profite d'une connexion internet dans un petit hôtel encore ouvert (mais vide) pour résoudre notre pépin numérique qui ne sera malheureusement pas réglé aujourd’hui. Un coup dans l'eau. La mâtinée s'évapore trop vite, il est temps pour nous de quitter Contis Plage pour aller de l'avant en espérant que la suite de la journée soit un peu plus productive. 20 kilomètre plus au sud, nous faisons halte dans une énième station balnéaire similaire à celles décrit hier (jour 36) mais qui pourrai bien en être le paroxysme. Les rues sont désertes, et le sable balayé par les vents d'ouest recouvre non nonchalamment le bitume noir. Par en droit la route disparaît complètement. Les quelques baraques de bois enracinées face à l'océan, se perdent dans un sable fin vierge de toute empreinte. Ce paysage rappel étrangement celui des stations de ski, au petit matin, après une nuit de neige, mais les montagnes en moins. A l'extrémité ouest de la rue principal, une plage gigantesque se perd à droite comme à gauche dans une horizon saturée d'embruns et demeure magnifiquement vide. Un chien passe, la tête baissée, sans dieu ni maître comme s'il était le gardien de ce lieu extraordinaire. Le vent souffle et le plan d'eau lui rend honneur. Barth sort l'appareil vidéo et moi l'enregistreur, ça tourne, silence…
Barth : Les journées passent vite. Quelques rayons de soleil dans le vent qui se déchaine ce matin. Rangement et tentative de réparation de nos dérailleurs. Café offert par la patronne de l'hotel de la Plage et tchat avec George pour gérer le problème de synchro. Il me dit qu'il prend le temps de jeter un oeil le soir même!
Il est midi quand on enchaine les premiers 20 kms de la journée jusqu'à une ville fantome dans les dunes qui nous inspire un second Haiku.
On mangera à Leon après avoir fait les courses, mais il est 17h en fait… Lait renversé dans le sac, pot du caramel au beurre salé explosé sur le bitume, le tout entre deux pluies diluviennes, je craque un peu et il faut au moins un chocolat chaud pour se remettre, avant de refaire quelques kilomètres pour trouver refuge sous le porche d'une mediathèque…
Jour 38 - Seignosse
Mardi 6 novembre 2012 - 30 kms - Post n° 038
Fanch : Le vent souffle, encore une fois il vient de l'ouest et nous traçons toujours vers le sud. Quelques kilomètres dans les Landes nous mènent vers Seignosse, Hossegor puis Capbreton. Nous sommes pays du surf et la houle est au rendez-vous.Les vagues s'enroulent, s'emmêlent, crachent et se succèdent pour que le paysage ne se fige jamais.
Midi passé, nous retrouvons Fanchic à l'heure du sandwich devant les surfeurs s'efforçant de lutter contre l'apesanteur et tournoyant au dessus des vagues. Je ne me lasse pas de ce spectacle et malgré nos retrouvailles avec notre troisième coéquipier, nous restons tout les trois, relativement silencieux, happés par le spectacle. Le ciel se dégage peu à peu nous laissant de l'espoir concernant notre bivouac du soir. Au cours de l'après midi, seul un voile d'embrun flotte au dessus de l'océan et nous permet d'apercevoir les montagnes basques avec, en ce qui me concerne, une légère appréhension car bientôt nous passerons au choses sérieuses.
Nos tentes sont plantées sur une dune surplombant l'océan. Nous attendons, dans un froid glaçant, Anaïs qui ne devrait plus tarder. La nuit promet d'être fraîche, les températures frôlent le zéro degré, l'occasion de tester notre matériel de couchage.
Barth : Levés trés tôt, le petit dejeuner se passe dans un bistrot pendant que la seule averse de la journée tombe. Ensuite route jusque Capbreton avec une halte à Ossegore où nous dicutons sur quelques kilomètres avec un cycliste qui aimerait bien faire le tour du monde aussi! Nous sommes en terre de surf, difficile d'y échapper! Fanch a du mal à se concentrer sur ses sandwiches devant les prouesses d'une poignée de surfeurs. Pour ma part, je viens d'avoir confirmation qu'Anaïs vient de prendre la route pour nous rejoindre, alors les surfeurs ça me laisse un peu rêveur… Le soleil est au rendez-vous quand Fanchic débarque pour finir le pique-nique avec nous. Nous sommes de nouveau à trois ! Direction une terrasse avec Wifi pour féter ça!
J'arrive à attraper George sur internet pour prendre quelques nouvelles de notre site silencieux. Pendant ce temps les deux Fanch ont réussi à cloturer une grande discussion avec un couple assis à la table d'à coté pour aller repérer un lieu pour la nuit. Je termine mes histoires numériques avec un coup de fil de George qui m'annonce que tout est prêt juste au moment où j'enfourche mon vélo. Trop tard, la nuit tombe, le test attendra demain. Avant de finalement décoller pour la plage des Océanides rejoindre mes comparses, je fais la rencontre de Thierry qui nous propose spontanément l'hébergement ! Pour ce soir c'est trop tard puisqu'il nous faudrait faire une quinzaine de kilomètres en arrière et dans le noir, mais nous échangons nos numéros de tel pour les jours suivants.
Arrivé à la plage, je loupe de peu le coucher de soleil mais pas la chute brutale des températures. Un vent du nord s'est levé et il faudra du temps pour réussir à faire chauffer une soupe de nouilles et une série de thés sous le regard mi-perplexe, mi-inquiet de quelques habitants du village de camping-cars tout proche. Au beau milieu d'une scéance footing nocturne initiée par Fanch pour lutter contre le froid, Anaïs arrive enfin ! La fin de soirée se passera au chaud dans son Express aménagé avec une pensée tout de même pour mes deux copains qui bravent le vent glacé dans leurs tentes au sommet de la dune.
Fanchic : Je reviens après une infidélité pyrénéenne d'une semaine. Je redoute les retrouvailles. Fanch et Barth devenus Ayatollah du vélo couché vont-ils me pardonner ma trahison ? Car comme toute minorité (celle des utilisateurs de vélo couché, une secte presque), ils se radicalisent (le démographe t'expliqueras qu'en plus la minorité procréée nettement plus…) Et oui, je l'avoue et me repens, j'ai rallié Bayonne en train. C'est donc la peur au ventre que je mets le cap sur.. Cap Breton. A mon grand étonnement mes deux compères ne m'obligent pas à me flageller avec les rayons de mon vélo. Non, non, ils se marrent en me voyant, le prétexte est futile… J'ai à peine perdu quelques cheveux dans la montagne. Mon âge apparent c'est encore abaissé, déjà que… Ils doivent à présent assumer la présence d'un ado pré-pubère à leur côté !
Je retrouve notre agréable routine du soir, soupe de pâtes chinoises, thé, flûte traversière de Fanch, le tout face à la mer. Elle est pas belle la vie ? La vie oui, la nuit euh…Un peu moins. Le vent d'Est est vicieux. Il transperce la toile de tente. J'use de toutes mes techniques de commando pour lutter contre le froid, en vain. Je résiste vaille que vaille en m'agitant, tel un ver de terre, dans mon sac de couchage.
Jour 39 - Anglet, plage des Océanides
Mercredi 7 novembre 2012 - 35 kms - Post n° 039
Barth : Je manque un lever de soleil sur une mer de vagues et de brume envahie de surfeurs. Mais ce n'est pas comme si je n'avais pas d'excuse..
Après un petit déjeuner copieux (grâce aux talents patissiers de ma dulcinée !), nous filons sur nos montures direction Anglet pour que je puisse enfin tester et relancer la publication automatique sur le site avant de prendre quelques jours de vacances. Anaïs nous précède en voiture avec une bonne partie des bagages. Nous mettons un peu de temps à traverser le terrain de golf sur une promenade en bois interdite aux vélos, et encore un peu à trouver un bistrot avec wifi. Finalement nous aterrissons à l'Atrium où je peux enfin résoudre le bug de notre site. Merci encore George pour ton efficacité et merci Anaïs pour ta patience.
Comme la veille, les Fanchs sont partis trouver un lieu pour le soir. Nous les retrouvons donc devant l'immense hôtel de Belambra pour partager une bouteille de moêlleux et un délicieux salé aux lentilles made in Fanch. Le froid ne m'empêchera pas de me laver à une des douches de plage. L'eau froide paraît tiède dans les courants d'air glacés et une fois sec, quel plaisir de sentir ma peau bruler… Bref, je suis pesque sur mon 31 pour aller boire un verre en amoureux à Bayonne, à une terrasse déserte et avec une répétition de fanfare en fond sonore. So basque !
Fanch : J'ai besoin d'un peu de temps pour reprendre mais esprits ce matin car la nuit fut intensément… fraîche. N'ayant pas très bien dormis, j'aurais aimé ne pas avoir à sortir de mon nid mais, j'entends (aux aurores) la voix de Fanchic qui me souffle « Vas-y Fanch, lèves toi, c'est trop beau, les vagues ! » et ce fut l'unique raison capable de m'extraire du lit. Effectivement, c'est grandiose. La houle forme des lignes horizontales qui se déclinent à l'infinie. En arrivant sur le rivage, elle se transforme en vagues qui creusent et déroulent parfaitement, à droite comme à gauche. L'océan avec une température largement supérieur à celle de l'air génère une brume moutonneuse et le tout se transforme en paysage surréaliste. Je ne suis pas réveillé, je rêve encore, ou pas.
Direction Anglet, un autre spot connu des surfeur dont les photos quotidiennement publiées sur le site « surfreport » m'ont souvent rendu envieux. Il est 15H, Barth communique avec George pour régler certains soucis techniques concernant le site de Geocyclab pendant qu'avec Fanchic, nous partons repérer une planque nocturne. C'est encore au son des vagues que nous nous endormirons ce soir.
Fanchic : Nous sommes récompensés de la période glaciaire qui a sévit durant la nuit. Réveillés par les exclamations enthousiastes des surfeurs qui découvrent l'océan, j'émerge encore transis. Le spectacle est somptueux, des nuages de brume s'élèvent en fumerolle au dessus des flots, laissant deviner un swell parfait qui semble surgir indéfiniment de l'immensité. J'en deviens lyrique mais le paysage m'y invite.
Nous restons avec Fanch contempler le ballet des surfeurs et de l'océan jusqu’au réveil de Barth et d’Anaïs (arrivée pendant la nuit). Ils nous gratifient d'un vrai café (j'approche de l'extase) et de gâteaux maisons.
En repensant à ma balade en solitaire entre Bordeaux et Toulouse, je valide mon hypothèse du vélo couché instrument de socialisation. Car chaque pause est l'occasion d'un échange, d'une rencontre. Or seul sur mon vélo classique et ben… Je le suis resté ! Alors petit conseil aux âmes solitaires (matou…) : achetez un vélo couché !!!
Jour 40 - Anglet
Jeudi 8 novembre 2012 - 15 kms - Post n° 040
Fanchic : Nous nous réveillons au pied de l'hôtel Belambra, du bel ouvrage qui défigure magnifiquement la côte d'Anglet. Les premiers promeneurs déambulent devant notre « camp de base ». Ils pressent le pas à notre hauteur, sans un bonjour ni un regard. Je me dis qu'il faudrait mettre en évidence les vélos couchés, en lieu et place de mon sac de couchage qui sèche sur une balustrade. Nous passerions du statut de vagabond interlope et vaguement menaçant à celui de curiosité sportive, encore une fois le poids de l'imaginaire collectif…
Dans le restaurant ou nous nous accordons une pause gastronomique, nous rencontrons deux mecs qui s’intéressent à nos vélos. L'un d'eux est photographe, à peine le temps de réagir qu'il nous met en contact avec le journal sud-ouest et une agence photo de Rennes.
Une pêche improductive (comme toujours, je commence à déprimer…) et une baignade plus tard, nous discutons avec le journaliste (low cost, c'est comme ça qu'il se désigne) qui nous annonce un article dans le journal de lundi.
La nuit est déjà tombée, nous traversons Biarritz de nuit, longeant la côte parsemée d'hôtels luxueux. Nous choisissons le plus onéreux, le « chiotte public », cinq étoiles amplement justifiées par sa vue sur mer, l'accès au lavabo et un service d'électricité 24H/24H.
Barth : Le réveil tardif est un peu compliqué entre les travaux qui commencent sur le parking d'à côté et le manège des voitures qui viennent se poser quelques minutes face à la mer avant de repartir sans même avoir posé le pied à terre ni même parfois coupé le moteur… Nous retrouvons les Fanchs qui bossent sur l'ordi depuis le petit matin à l'Atrium, pour un café qui enchaine sur un restaurant en plein soleil ! Je me retrouve mis en contact au téléphone avec une agence de photo en Bretagne qui pourrait peut-être nous acheter quelques images… Affaire à suivre !
Après nous être donné rendez-vous dimanche prochain à San Sebastian, je quitte donc l'atelier nomade pour quelques jours en compagnie d'Anaïs. Promenade à Biarritz avec halte obligatoire à l'atelier du chocolat, coucher de soleil sur la petite plage encaissée de Bidart et délicieuse pizzeria seront les ingrédients cette première soirée de congé.
Fanch : Nous ne somme pas très efficaces ces jour-ci comme si nous voulions profiter de nos derniers instant en France. Fanchic et moi quittons Anaïs que nous ne reverrons pas tout de suite pour rallier San Sebastian ou Barth (qui reste quelques jour en compagnie d'Anaïs) nous rejoindra dimanche si tout ce passe bien. Nous nous organisons pour notre premier passage de frontière. Mais avant de partir, nous avons rendez vous aux alentours de 18h avec un journaliste du Sud Ouest pour lui expliquer les objectifs de Geocyclab. Cela laisse le temps à Fanchic, de sortir son lancer (il reviendra bredouille), et d'une petite mise à jour du carnet de bord en ce qui me concerne.
Je suis assis sur un rocher, l'ordinateur sur les genoux. Le son des vagues me déconcentre, mon esprit jongle entre mes souvenirs que je suis en train de retranscrire et le présent d'une mer scintillante. Une douche froide sur la plage nous redonne un coup de boost pour l'interview puis nous décollons direction Bidart pour y rechercher un logement de fortune. C'est chose faite. Nous dormirons dans un bloc sanitaire (propre) toujours bercés par la rythmique de la houle s'échouant sur la côte des basques .
Jour 41 - Guéthary
Vendredi 9 novembre 2012 - 40 kms - Post n° 041
Fanch : J'ai rendez vous à 14h30 avec un médecin de Guethary pour exécuter une tache modérément agréable mais qui me permettra de quitter la France l'esprit tranquille. Surnommé Guethappy ou Guethawai, c'est un petit village branché de la côte basque (selon un témoignage originaire d'Anglet). Mais il abrite aussi, encaissé au milieu des falaise, une autre vague mythique. Nous nous posons sur une petite terrasse surplombant le spot, point d'observation avec vue panoramique jouant le rôle de salle d'attente 5 étoiles de cabinet médical. Le soleil est au rendez-vous. J'en profite pour brancher l'ordinateur sur l'un de nos panneaux solaire pour que Fanchic puisse, à son tour, retranscrire ses écrits.
Le Pays Basque nous fais découvrir le sens du mot relief et nous donne un petit aperçu de ce qui nous attends dans les semaines à venir. Malgré quelques suées non négligeables, mon corps semble s'adapter relativement bien à ce nouveau décor, à ce nouveau défi.
Nous voici à Saint Jean De Luz. C'est ici qu'une dernière nuit française se prépare, c'est la fin d'une étape. Les portes espagnoles s'ouvres sur un nouveau pays, une nouvelle langue, une nouvelle culture, un nouveau relief, un nouveau trip… La France a vidé l'encre de mon stylo, Je tourne une page et change de crayon.
Fanchic : La houle s'est reformée, les premiers surfeurs descendent sur la plage. C'est songeur et contemplatif que je traverse cette journée. Le spot de Guéthary, une pause incontournable lors de mes allers/retours en Espagne, me ramène à ces moments.
Nous retardons le passage de la frontière pas une pause à Socoa, son port, sa digue, sa citadelle signée… Vauban. Il y a un autre gars qui a construit des fortifications en France?!!! Nous nous installons à ses pieds. Mais notre abri d'infortune ne résiste pas à l'orage. Encore ensommeillé, la pluie ruissellant sur mon sac de couchage, je fais l'autruche. Je résiste aux exhortations de Fanch qui me demande de me bouger. Il l'emporte (avec raison). Fais chier j'étais bien, blotti dans mes rêves. Rapidement, nous plierons le camp pour un porche plus clément.
Et puis aussi, un grand merci à ces deux femmes rencontrées sur la digue. Elles rivalisent de sourires gratifiants et d'encouragements. Merci à vous pour ce moment plein d'énergie communicative.
Jour 42 - St Jean de Luz
Samedi 10 novembre 2012 - 45 kms - Post n° 042
Fanch : Un petit déjeuner digne d'un grand hôtel. Après une nuit relativement agitée, Olivier nous offre de quoi reprendre des forces avec en prime, une douche chacun et un itinéraire tracé jusqu'à Bilbao. Merci Olivier pour cet accueil formidable ainsi que pour tes conseils précieux, nous serions bien restés un peu plus longtemps histoire de voir voler ta surprenante machine mais l’Espagne nous fait de l’œil depuis un bon moment déjà, il est temps pour nous de reprendre la route. Et voilà.
Se dire qu'en l'espace d'une seul seconde il est possible de changer de langue et de culture reste pour moi quelque chose d'extraordinaire. Entre Henday et Irun, il n'y a qu'un pont, une riviere. D'un coté, je suis chez moi, je foule un espace plus ou moins connu. Je peux encore demander mon chemin, discuter avec une personne qui m’interpelle, mes repères culturels sont établis et me permettent une lecture sereine de mon environnement. De l'autre coté du petit pont, tout bascule. Je me surprend en observant le monde qui m'entoure, je suis dans une ville semblable à beaucoup d'autre mais mon regard a changé… Je suis redevenu un môme. Je ne sais plus à qui adresser la parole, j’appréhende les contacts avec la population local, j'ai tendance à rouler sur les trottoirs et à éviter la chaussée. J'observe attentivement les panneaux de signalisation et de publicité, regarde les passants en me demandant quelle est leur langue maternelle. Déjà de nouvelles sonorités m'envahissent, les sirènes de la guardia civil et des passages piétons. Mes sens sont en éveilles, le dépaysement commence… enfin.
L'objectif de la fin de journée est de trouver un lieux calme pour y dérouler nos matelas auto gonflant et ça ne s'annonce pas très bien. Fanchic qui maîtrise raisonnablement l'espagnol se renseigne, je me contente de décrypter tant bien que mal les visages des personnes interrogées, force est de constater que notre bonheur n'est pas a porté de main. Et c'est peu dire, il est 11h30 et après plusieurs tentatives tombées aux oubliettes, nous décidons d'aller jeter un coup d’œil au sommet d'une de ces montagnes ( je ne peux plus dire collines à ce niveau ) que la majorité des touristes visitent via le funiculaire de la ville… J'ai grimpé comme je n'ai jamais grimpé… Ouf, c'est bon.
Je lance à Fanchic qu'il n'est pas normal de galérer autant pour déceler un dortoir de fortune. Dormir n'est pas un droit, c'est un besoin vital et toute personne sur cette terre devrait pouvoir s’assoupir quand il le souhaite, où bon lui semble. Nous n'appréhendons pas d’être agressé, pas ici en tout cas, le seul problème est que nous serions désolés de ne rien pouvoir faire devant les autorités locales et que nous aimerions autant ne pas avoir à nous y confronter. Dans la logique du Libre, il devrait exister un site web doté d'une carte interactive où seraient indiqués les bons coins où dormir en milieu urbain. Encore quelque chose à mettre en place si ce n'est pas déjà fait (si c'est le cas, faites le nous savoir ).
Fanchic : Le jour se lève, bleu, pétant d'énergie. Première halte chez Olivier, rencontré la veille. Il nous paye le petit déjeuner et une douche. La proposition n'est pas dûe à notre odeur corporelle (quoique…), mais notre hôte a réalisé plusieurs périples en vélo et connaît les besoins du cycliste voyageur. Les premiers coups de pédale sur la corniche, reliant Saint Jean de Luz à Hendaye, sont une bonne mise en jambe, vent fort de face et montagne russe sur cette côte ciselée.
Puis voilà, c'est fait, la frontière est passée. Les rues d'Irun sont quasi vides, la pluie nous cingle le visage. Un plein de cigarette (pas con avant d'aborder la montagne!), un sandwich au foie gras ( à peine une heure en Espagne et déjà une crise de nostalgie culinaire…) et nous repartons vers San Sébastian. Quelques « buen camino » saluent notre passage. Les bars prennent de la consistance sonore. J'avale une Cruzcampo fadasse. Bien au chaud sur mon vélo, l'ibère-nation peut commencer…