Hongrie
Distance parcourue : 565 kms
Durée : 13 jours
Date d'entrée : 2015-07-20
Date de sortie : 2015-08-01
Jour 937 - Arrivée à Budapest
Mercredi 22 juillet 2015 - 90 kms - Post n° 583
Barth : Depuis notre départ de Belgrade la chaleur est omniprésente, écrasante aux heures les plus chaudes, étouffante dans la moiteur de la tente la nuit. Se lever à l'aube est devenu l'unique solution pour pédaler efficacement, avant l'incontournable sieste du midi le plus souvent accompagnée d'un bain dans le Danube, et pour pouvoir monter le camp tôt le soir et se mettre à l'abri avant l'attaque imparable des hordes de moustiques qui peuplent ses rives…
Le paysage du Danube presque à sec au dire des locaux se déroule sans grande variation, de petits villages en petites villes, ou au travers de zones marécageuses. Nous suivons ainsi l'euro-vélo-route 6 avec un vent souvent de face et des rencontres de plus en plus nombreuses avec les cyclistes estivaux qui fréquentent cet axe. Parmi eux, nous avons eu la surprise de croiser Sébastien et Anne-Cécile, qui suivaient Geocyclab en préparant leur projet Diafragm.. ! Ou encore Josef, prof de mathématique autrichien en route pour Istanbul avec qui nous avons partagé une mémorable soirée de dégustation de Palinka (eau de vie hongroise) offerte par Attila dans sa petite maison au bord du Danube.
De Serbie nous sommes ainsi passés en Croatie pour seulement deux nuits avant d'entrer en Hongrie où la vieille Europe commence à se faire sentir. En suivant une piste vélo un peu sauvage débouchant directement au cœur de Budapest, j'ai le sentiment de changer de dimension, d'atterrir dans un monde étrange que je connais pourtant bien, un monde où tout est à sa place, de l'impressionnante architecture du Parlement en passant par cette boutique fashion d'accessoires pour animaux de compagnie qui me fait comprendre brutalement que nous sommes de retour dans le culte décomplexé du paradoxe occidental. Nous retrouvons là notre cher ami Sam, pour une bière à l'ombre avant une bonne suée pour charger notre barda sur les quatre étages de l'immeuble où nous allons passer quelques jours chez Bori (qui était en Erasmus aux Beaux-Arts de Quimper il y a quelques années) et ses colocataires Juli et Victoria. Un peu de boulot au programme pour mettre à jour le site internet, et sans doute quelques promenades dans la fournaises pour jeter un œil sur cette belle cité.
Dans un mois nous allons fouler de nouveau le sol français, le traverser d'est en ouest pour retrouver tous nos proches et nos repères d'avant. Est-ce l'usure de ces trois années de voyage, est-ce le fait de replonger un peu à reculons dans le « western way of life », ou est-ce la chaleur caniculaire qui n'aide pas à se motiver ?… Toujours est-il que notre atelier n'est plus aussi actif qu'à ses débuts. Ce ne sont pas les sujets qui manquent pourtant pour de nouveaux « Objets Libres », mais en cette période de vacances estivales la plupart des projets que nous rencontrons tournent au ralenti… Nous n'avons plus le temps, ni l'argent pour nous lancer dans une nouvelle création artistique, et même les Haïkus se font rares tant il est vrai que je n'ai plus le même plaisir à sortir la caméra dans cet environnent de plus en plus familier…
Il faut l'accepter, ça sent la fin. L'heure est plus à la projection dans le retour, dans les futurs projets, et à la relecture de toutes ces expériences passées. L'heure est au vertige…
Jour 944 - Le Danube, encore et toujours...
Mercredi 29 juillet 2015 - 70 kms - Post n° 584
Barth : Entre la chaleur caniculaire et quelques gros orages suivis de journées pluvieuses, notre séjour à Budapest est essentiellement consacré au repos et à la mise à jour de notre journal de bord. Au cœur de l'été, la capitale hongroise tourne au ralenti, principalement animée par les hordes de touristes qui arpentent le centre historique armés de leurs indispensables selfie sticks.
Nos hôtes Bori, Juli et Victoria, sont en mode métro-boulot-dodo mais le week-end leur laisse le temps de profiter avec nous d'une soirée de musique balkanique, et de nous régaler d'un délicieux dîner aux couleurs locales ! Sam reprend la route seul en direction de Prague mais en guise de consolation nous avons l'immense plaisir de recroiser Funda, qui nous avait hébergé à notre arrivée à Istanbul, et qui fait escale à Budapest pour la dernière étape de son tour ferroviaire des capitales d'Europe !
Nous avons tout de même réussi à rencontrer furtivement Vincent, un français basé en Hongrie depuis une douzaine d'années et membre actif du projet Cargonomia, collaboration entre une ferme et une boulangerie bio, un collectif de constructeurs de vélos cargos, et une petite entreprise de livraison à vélo qui vient juste de démarrer à Budapest. Là encore, le rythme estival n'est pas vraiment propice à organiser quoi que ce soit ensemble, mais le contact est pris, on reviendra…
Mardi 28 juillet, sept heures du matin. Un pigeon entreprend une visite peu discrète de l'intérieur de l'appartement, réveillant on ne peut plus efficacement toute la maisonnée. Le temps de plier bagages, de remercier Juli et Victoria (Bori étant repartie la veille pour visiter sa famille dans le sud du pays) et nous regagnons la vélo-route danubienne en quelques coups de pédales… Par une coïncidence quelque peu facilitée par internet, nous retrouvons Dori sur notre chemin Dori (une cycliste qui avait guidé nos premiers pas en Hongrie). Après le triathlon qu'elle vient d'avaler les jours précédents, elle a besoin de se dégourdir les jambes et décide de nous accompagner jusqu'à la sortie de Budapest, puis un peu plus loin le long de Danube, puis finalement de bivouaquer avec nous, juste pour réaliser que ce n'est pas si sorcier de voyager à vélo !
Ce matin, une fois le petit déjeuner avalé, notre invitée décide de s'en retourner vers Budapest et nous poursuivons notre route dans la direction opposé, dans une atmosphère humide qui se transforme peu à peu en crachin… Passé Budapest, nous voilà sur la partie la plus fréquentée de la vélo-route, et j'ai un peu de mal à comprendre ce qu'on fait là, à attendre le départ du bac pour changer de rive, en compagnie d'une cinquantaine de cyclo-touristes du troisième age, allemands ou autrichiens pour la plupart… Un exotisme inattendu qui me laisse songeur…