États-Unis
Distance parcourue : 1487 kms
Durée : 76 jours
Date d'entrée : 2013-11-12
Date de sortie : 2014-01-26
Jour 409 - Ocean Beach
Mardi 12 novembre 2013 - 45 kms - Post n° 411
Barth : Le réveil est un peu dur, on avait perdu l'habitude de se coucher aussi tard, mais le petit dej et le bon café qui suivent nous réveillent un peu. Nous faisons nos adieux à Franck de manière un peu précipitée, mais nous avons rendez-vous à 11h et lui prend un avion pour San Francisco pour son boulot. Ce fut rapide, mais une rencontre vraiment cool, merci encore Franck !
Une petite vingtaine de kilomètres nous séparent de la plage où nous devons retrouver Marion et Virgile, des français amis d'une amie, qui descendent le continent américain à vélo avec un projet audiovisuel. Un vent de face et un froid de canard nous font arriver avec une heure de retard, mais la rencontre autour d'un burger sur un parking de la plage nous fait oublier le climat breton de ce jour. Par un hasard assez fou, Billy et Kate un couple d'américains que Marion avait rencontré lors d'un précédent voyage au Mexique, débarquent en voiture de location. La conversation tourne donc à l'anglais et il nous faut pas mal de concentration pour arriver à la suivre parfois. Mais ça commence déjà à venir !…
Entre récits de voyages et échange de bons tuyaux pour survivre en milieu ultra-capitaliste, l'après-midi défile très très vite et au moment où Billy sort sa guitare et Fanch sa flûte, je sais que nous ne quitterons pas San Diego ce soir. Nous irons donc passer la nuit chez Merle et Linda, dans la petite dépendance qu'ils ont construit dans leur jardin pour héberger des cyclo voyageurs et ou Marion et Virgile ont trouvé refuge. Billy et Kate emportent nos sacs en voiture et nous suivons Marion et Virgile à vélo pour regagner la petite maison avant la nuit.
Une quinzaine de kilomètres tout de même avec quelques arrêts pour acheter des bricoles et nous voici enfin arrivés. Kate et Billy ont préparé une sorte de buffet dîner, à base de vrai fromage, de houmous, de fruits, et de bières artisanales ! Incroyable ! Il faut dire que nos deux amis viennent de terminer une saison de six mois de travail dans une plantation de cannabis près de San Francisco, et ce genre de boulot rapporte gros, nous sommes donc victimes d'une tournée générale ! Le reste de l'année, Kate et Billy passent leur temps à bourlinguer aux états-unis et ailleurs, en stop, en voiture ou en sautant dans des trains de marchandises. Un mode de vie simple et qui nous donne envie d'en savoir plus malgré la barrière de la langue. La conversation avec Virgile et Marion nous amène à cogiter sur le financement de Geocyclab, grosse question à l'ordre du jour pour nous et qui va sans doute pas mal inspirer notre manière de voyager en Californie. Juste avant de dormir à la belle étoile devant le cabanon, un mail d'Anaïs nous annonce une série de contacts à San Francisco (Merci David ! Et Anaïs of course !) et nous donne envie d'y être déjà…!
Fanch : Les adieux se font rapidement. « Désolé Franck, c'est vraiment pas classe de partir ainsi, mais nous sommes à la bourre. Merci pour ton accueil, à la française avec une touche de Californie dans la bière et dans le steak. J'espère avoir un jour l'opportunité de te renvoyer la balle… »
Direction Ocean Beach ou Marion et Virgile nous attendent. Mal réveillé et en retard, je n'observe pas la ville qui défile autour de moi, je fonce. J'ai toujours détesté être en retard… Après une heure de route, nous découvrons enfin les visages de nos compères. Compères, puisqu'ils pédalent de l'Alaska vers Ushuaïa, Autrement dit vers l'extrême sud du continent américain, un autre grand voyage. Voici leur site internet qui vous apprendra plus sur leur aventure: pignonsvoyageurs
Nous ne nous connaissions que de réputation mais après avoir consulté notre site, sachant que nous allions très bientôt nous croiser, il nous ont contacté par mail. Et nous nous retrouvons là, sur un carré de pelouse abrité du vent par un container de travaux public, au bord de l'océan, à déguster notre premier american cheese burger (un peu déçu pour le coup). Enfin bref, ces deux là on vraiment bourlingué, ils n'en sont pas à leur première aventure de ce genre et c'est avec un grand plaisir que nous partageons nos expérience… Évidemment.
Je n'ai pas encore terminé mon double cheese qu'une voiture blanche se gare à notre hauteur, Marion se lève et accourt auprès de Cate et Billy deux de leur amis arrivant tout droit de Seattle (2000 bornes plus haut). Les présentations se font maladroitement (de notre côté) puisque notre anglais peine à se décoincer et jusqu'à cet instant nous n'avons pas eu de réel opportunité de s'exercer. On fini notre Burger.
Le seul problème c'est que nous aurions voulus avancer un peu, au moins pour sortir de San Diego ce soir, mais il se fait déjà tard et partir maintenant, alors que la nuit tombe dans une heure et que nous ne savons pas ou dormir ne serait pas judicieux . Mais… Nous sommes invités dans la petite maisonnette de Mearle, un contact trouvé par Marion et Virgile via warmshowers.org (site de couchesurfing spécial cycle très efficace au States).
Le temps de rentrer, il fait déjà nuit noir et en arrivant, nous découvrons la table préparé par Kate et Bily, ils ont déployé le grand jeu. Au menu, fromage, pain, bière local (du genre très amère, j'ai du mal mais c'est classe!) vin rouge, pâtisseries marocaine… Whaou, je vous rappelle que nous sommes au Etats-Unis et que la cuisine locale ne jouit pas d'une très bonne réputation, mais là, bravo! La soirée traîne un peu, juste le temps d'en découvrir d'avantage sur nos ami d'un soir.
Billy et Kate sont les premiers américains que nous rencontrons vraiment. Ils forment un couple discret mais souriant et plutôt atypique si l'on se réfère aux standards imposés par la société de consommation plus que présente dans les parages. Marion et Virgile nous les présentes comme les rois de la débrouille moderne, autrement dit, il vivent du système D! Ils sont tout d'abord voyageurs et pour ce faire, ils ont pris la bonne habitude de sauter à bord des trains de marchandises. Ils récupèrent leur pain quotidien dans les poubelles de super-marché, achètent une paire de pompe pour la ramener 6 mois plus tard et se la faire rembourser prétextant qu'ils sont insatisfait (satisfait ou remboursé, ça vient d'ici!). Ils nous citent de nombreuse chaînes de commerces et de restaurants ou il est facile de se nourrir pour trois fois rien et ce partout dans le pays. La pizza classique de chez Little Ceasar à 5$, le Whole food ou il est possible de goûter sans acheter et d'autres plan du genre. La voiture dans laquelle ils roulent? ils la louent pour quelques dollars, pas de caution, juste le gazole à payer. Kate et Billy ont aussi plusieurs petites maisons disséminées dans le pays, leur dernière acquisition a coûté à peine 5000$, Un toit à ce prix là, de quoi en faire rêver plus d'un. Je ne sais pas comment ils se démerdent, mais il le font avec classe. J'aimerai passer un peu plus de temps en leur compagnie, en apprendre un peu plus sur eux, comprendre leurs combines, mais nous partirons demain pour une autre destinée.Allez, il est grand temps de dormir, demain est un autre jour.
Jour 410 - Laguna Beach
Mercredi 13 novembre 2013 - 20 kms - Post n° 412
Fanch : Le réveil ce fait au pied de la maisonnette de Mearle (que nous avons entre aperçu hier) et la table de jardin se transforme rapidement en buffet, le petit déjeuner est servi! Kate, Billy, Marion, Virgile, Barth tout le monde est présent et nous reprenons le fil de notre discussion entamée la veille.
Afin d'éviter un tronçon de ville peu divertissant, suivit d'une zone militaire qui ne nous attire pas spécialement, Billy propose de nous pousser jusqu'à l'entrée de Los Angeles. L'idée serait de monter nos deux vélos à bord de la voiture de location (ce n'est ni un break, ni un fourgon), une bonne quinzaine de sacoches et de partir tout les six jusqu'à Clement Beach, d'ou nous reprendrons notre chemin à vélo (les autres continueront vers le nord). La décision est prise, si nous parvenons à rentrer l'ensemble de notre matos sans que personne ne suffoque, alors nous accepterons de faire un bout de route en votre compagnie. Attention, challenge! Une bécane à l'arrière (ça dépasse un peu mais c'est pas grave), l'autre sur le toit, on comble les espaces vides du coffre avec nos sacoches, le tetris est bien engagé. Un, deux, trois, quatre, cinq et six, sacs sur les genoux, un peu serré, tout le monde rentre, la route continue à l'africaine…
C'est l'heure des courses, c'est aussi ici que nous allons nous dire au revoir, devant la porte super-market. Mais avant tout, Virgile nous accompagne dans les rayons du magasin et tient à nous montrer quelques bons plans pour éviter de sortir les poches vide. Le dollars est peut être plus faible que l'euros mais les prix eux sont bien plus élevés. Étant donné la situation financière de Geocyclab, il va falloir prendre garde… Tout est ultra cher et les produits du genre fromage et charcuterie sont tout simplement hors de prix (9 dollars le bout de brie, aïe), pour nos piques nique, il va dorénavant falloir être très créatif…
Après de brefs adieux sur le parking du centre commercial de San Clemente, nos ami reprennent la route, nous abandonnant lâchement à notre sort… L'heure est déjà bien avancé, la nuit ne vas pas tarder et trouver un plan pour dormir devient notre principale préoccupation. Kate nous ayant indiquée une plage à Laguna Beach ou il semble possible de dormir, nous décidons de rouler quelques bornes. Effectivement le plan est sympa, avec toilette public, accès à l'eau potable, douche… Nous y mangeons nos traditionnelles nouilles chinoises et commençons tranquillement à nous installer. On est bien, on est content!
Mais, c'était trop beau pour être vrais… Une patrouille s'approche, un projecteur nous éclaire, la voiture s'arrête et coupe le moteur. Un flic sort en claquant la portière du véhicule et nous lance « vous devez partir, tout forme de camping est interdit sur la plage » Et merde… On était pourtant bien la, au coin du feu!
Ne sachant pas ou dormir et n'ayant pas spécialement envie de nous engager sur la voie rapide de nuit, nous échouons sur un parking. Nous sommes près d'un cours d'eau, personne en vu, nous espérons ne pas être dérangé dans la nuit. Seule le vent froid risque de nous causer des soucis, on verra bien. Pour le moment je vais tenter de trouver le sommeil.
Barth : Aprés la formidable soirée de la veille, difficile de se lever aux aurores… Le petit déjeuner est tout aussi royal que le dîner d'hier, avec le soleil en plus qui cogne dur sur le jardin fleuri de nos hôtes. L'organisation de la journée s'oriente vers le plan à l'africaine que Billy évoquait, à savoir embarquer nos vélos, nos affaires et nous six dans leur voiture pour nous rapprocher de Los Angeles. La proposition est alléchante car nous n'avons pas beaucoup de temps pour rejoindre Los Angeles avant qu'Anaïs n'y soit et la route en sortie de San Diego n'est pas spécialement intéressante… Il faut une bonne heure pour arriver à caser tout ce bazar dans la voiture, un vélo dans le coffre et l'autre sur le toit, et c'est parti !
Ambiance taxi brousse donc sur deux heures de route où plus personne ne peut bouger d'un pouce dans la voiture, pour nous faire finalement déposer à San Clemente près d'un supermarché où nous trouvons de quoi manger pour le soir et le le demain matin. Nous faisons déjà nos adieux à nos quatre nouveaux amis qui filent vers Los Angeles pour une visite de la ville, et après avoir pris le temps de nous connecter à la terrasse d'un Starbuck pour relancer nos plans hébergement du lendemain, nous rejoignons la côte à vélo dans le soleil couchant.
Au bout de deux tentatives dans des parks en bordure de la plage, nous trouvons de nuit un coin un peu à l'écart au fond du parking de Laguna Beach. L'alcool à brûler que nous venons d'acheter ne fonctionne pas avec notre réchaud, mais heureusement nous trouvons quelques braises dans un des feux abandonnés pour y faire chauffer… des nouilles chinoises bien sûr ! Au moment de boire une tisane annonçant l'heure du coucher, un policier chargé de fermer le parking nous fait comprendre que nous ne pouvons pas rester là. Sans avoir tout compris à ce qu'il racontait et surtout sans s'être vraiment fait comprendre sur nos intentions, nous préférons lever le camp. Pas question de reprendre la route en pleine nuit, nous allons donc nous cacher au fond de l'autre parking de l'autre côté de la route, plus ou moins abrités du vent par un grillage… La nuit s'annonce dure avec le froid qui règne, et nous ne sommes pas à l'abri d'un second déménagement d'urgence..
Jour 411 - Long Beach
Jeudi 14 novembre 2013 - 70 kms - Post n° 413
Barth : Le vent froid qui a soufflé toute la nuit ne nous a absolument pas laissé dormir. En ouvrant les yeux sur les premières lueurs de l'aube je me précipite hors de mon duvet glacé, sors Fanch de sa torpeur et nous plions bagages au plus vite pour nous réchauffer et éviter de croiser le gardien du parking… Vingt minutes plus tard, nous voilà avec un café entre les mains, et un petit déjeuner à déguster en regardant le soleil allumer le pacifique déjà assailli par quelques surfeurs. Il fait un temps radieux, nous sommes dans les plus beaux quartiers du monde, tout ceci a une odeur de Walt Disney assez perturbante.
Nous reprenons ainsi la route, dans un décor de plus en plus luxueux, organisé, propre… Les plages sont sur-équipées, avec des blocs sanitaires gratuits tous les 300 mètres, ce qui dans notre situation est plus que luxueux ! Surf, volley, running, golf, vélo, tous les sports se côtoient ici entre la promenade et la quatre-voies surplombant les immenses plages qui s'enchaînent avec les kilomètres que nous avalons. Quelques rencontres, pas incroyables, souvent avec d'anciens voyageurs à vélo qui sont intéressés par nos vélos plus que par notre voyage, mais là encore la barrière de la langue est encore trop palpable pour en déduire quoi que ce soit. Seule certitude, les dollars sont là et bien visibles. Le American Way of Life se présente sous nos yeux ahuris dans sa plus radieuse démesure, et quand nous arrivons à Long Beach un peu avant le couchant, nous ne cherchons même pas à trouver un coin pour camper…
Long Beach est à une bonne trentaine de kilomètres du centre de Los Angeles mais fait déjà figure de mini-mégapole avec ses tours et ses lumières. Nous sommes tous deux abasourdis par le gigantisme du territoire urbain que nous entreprenons de traverser! Mexico c'était la campagne à côté des villes américaines. Direction le Starbuck du coin pour tenter le tout pour le tout grâce au réseau WarmShower, et parvenir après quelques heures d'angoisses dans le froid à trouver refuge chez Jennifer, une étudiante qui a de la place dans son immense studio/garage, et qui nous sauve ainsi d'une deuxième nuit blanche. Après 70 kms, et sans avoir dormi la veille je ne mets pas longtemps à ronfler, tandis que Fanch joue les diplomates en accompagnant Jennifer et un ami à elle sur Hollywood pour une soirée dansante… Quelle bravoure ! Il m'étonnera toujours ce Fanch !
Fanch : Levés à six heures dans l'unique but d'échappé au vigile sensé ouvrir les barrières du parking, notre nuit fût un fiasco. Personne ne nous dégagé car nous étions discrets, mais non loin d'un cours d'eau, l'air y était froid et agité, sans tentes nous étions exposés au vent et j'ai grelotté une bonne partie de la nuit.
Au réveil, nous sommes pommé, la ville qui nous accueil ne convient guère au baroudeur à tendance SDF que nous sommes actuellement, c'est clair, il va falloir s'adapter, trouver de nouvelles solutions pour dormir sans être dérangés, pour manger sans trop dépenser.
Bon, nous sommes Laguna Beach, le but est de se rAprocher de L.A. Downtown. Nous ferons 70 bornes sans parvenir à atteindre notre but et échouons lamentablement à Longue Beach.
La Californie est l'état le plus riche des States, s'il était indépendant il serait la sixième puissance économique mondiale… Et ça saute au yeux. Tout d'abord, le parc automobile est principalement constitué d'énormes pickup et de luxueuse voiture de sport, le genre de bolide que l'on ne croise que très rarement en France… Personnellement, quand je regarde une voiture, je pense consommation de carburant, ici ça n'a franchement pas l'air de poser question s'en est presque choquant. Après une année de vadrouille et des souvenirs encore frais d'Afrique et du Mexique ici, tout semble propre, homogène, rangé, surveillé. Il n'y a pas de terrains vagues, pas un mètre carré de zones franches, tout est soigné, ordonné pour le bien de la population locale. Je m'y attendais, mais pas à ce point, loin de là. La côte est ponctué de chiottes publiques, tout les 200 mètres environs, l'eau potable est en libre service, et toutou peu aussi se désaltérer, il a son propre robinet. En parlant de toutou, la mode est au culte du chien, plus c'est petit, plus c'est mignon (ou plus c'est con), quoiqu'il en soit, plus c'est petit, plus on peu en avoir et il est courant de croiser un quintet de chihuahua vêtus de leurs plus beaux apparats reliés à la même main. Après avoir côtoyé les chiens errants du Maroc, le changement est radical. Notre relation aux autres à elle aussi radicalement changé. La langue que nous n'avons pas encore adoptée y est pour quelque chose mais on sent malgré tout que les rapports humains sont plus froid, voir superficiels. J'ai même l'impression de faire peur au passants et quand il s'agit de s'orienter, il me faut la plupart du temps insister pour obtenir l'aide de quelqu'un. Nous ne sommes pas de ce monde c'est certain, mais j'ai bien l'intention de le chatouiller un peu pour voir ce qu'il a dans le ventre. J'avais pas mal d'idées préconçues avant d'arriver ici et il s'avère que ce que j'y découvre ne font que les renforcer, mais curieusement, je suis sur que je me trompe, il doit bien exister un moyen de franchir la haute et solide barrière de l'apparence…
Le soir tombe et nous ne savons toujours pas ou dormir. Après avoir énuméré les différentes options nous décidons de lancer un appel d'urgence à la communauté Warmshowers. Le moral n'est pas au beau fixe, la fatigue y est pour quelque chose. Mais notre recherche d'hébergement est fructueuse et Jennifer réponds positivement, ça c'est fait.
Il y a trois heure de cela, nous pensions coucher sur le bitume d'un parking à l'image de notre précédente nuit. Retournement de situation, après avoir fait là connaissance de Jennifer et de Randon, ils nous proposent une petite sortie. Quand quelqu'un me propose une soirée Drum'nBass, je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas dire non! Barth quant à lui décide de rester pour se reposer, malgré une fatigue certaine, personnellement, je ne veux pas louper ça!
Jour 412 - Green avenue, Venice Beach
Vendredi 15 novembre 2013 - 60 kms - Post n° 414
Fanch : Après un tardif et rapide petit déjeuner, tortillas, beurre de cacahuètes, miel et fruit (c'est devenu un classique), nous saluons et remercions Jennifer pour son accueil qui nous a sauvé la mise hier soir. Nous prenons la route au départ de Longue Beach en direction de Venice Beach ou Éric et Nicole, (amis d'ami d'ami) nous attendent pour ce soir. Cette ville est tout simplement immense, elle s'étale sur plusieurs centaines de kilomètres carrés, son périmètre avoisine 600 km (rien que ça). Il va sans dire qu'il nous est impossible d'appréhender sa superficie et que la notion de distance est ici tout relative. Nous continuons notre périple californien en alternant entre voie rapide, piste cyclable et zones résidentielles. Je poursuis mon observation sur les 60 bornes qui nous séparent de notre objectif. Il y a beaucoup à dire, tout est si différents que je ne trouve pas les mots pour décrire simplement mon nouvel environnement. J'ai juste l'impression de me retrouver dans le décor de « The Truman Show », avec la sensation non pas d'être dans un monde parfait mais d'évoluer dans un grosse bulle ou tout doit absolument être propre et uniforme. Rien ne dépasse, tout est en ordre, les pelouses ressemblent aux greens des terrains de golf, pas un brin d'herbe ne pousse plus vite que les autres, c'est juste bluffant. J'ai encore besoin d'un peu de temps pour comprendre… Enfin, nous arrivons chez Eric et Nicole qui nous accueillent à bras ouverts. Le temps de s'installer rapidement et Gurvand (ami d'ami pour le coup) nous rejoint pour un repas à l'américaine certes mais de qualité. C'est l'occasion de faire de plus amples connaissances avec nos hôtes, d’ouvrir encore un peu plus la barrière de la langue. À ce sujet, nous sommes encore mal à l'aise mais parvenons à comprendre la majorité des conversations pour peu que notre interlocuteur fasse preuve d'un peu de patience et ne parle pas à la vitesse du son. Le plus dur reste de s'exprimer sans complexes.
Barth : Une grasse matinée s'impose après les péripéties des derniers jours. Un rapide petit dejeuner en discutant tant bien que mal avec Jennifer et nous nous éclipsons. Direction un café et une connexion pour nous assurer que nous avons bien un pied à terre pour ce soir. La veille nous avons eu le contact d'Eric, un ami de Gurvand lui même ami de Michael en Bretagne ! Bref la chaîne de l'amitié donc, et Eric nous a bien répondu, nous sommes attendus chez lui vers Venice à partir de 19h. Cela nous laisse quatre heures environ pour faire les cinquante kilomètres nécessaires.
Sur la longue piste cyclable qui longe le fleuve, nous croisons Florent et Hélène (flolene.blogspot.com) deux français qui entament un périple en vélo couché direction l’Amérique latine ! Le soleil est déjà en train de disparaître nous n'avons pas beaucoup le temps d'en savoir plus… A la nuit tombée, après avoir traversé un écœurant quartier « neighborhood watch » pour rejoindre la côte nous nous accordons une pause thé, abrités du vent par un luxueux bloc sanitaire. Éclairages et robinets automatiques, toilettes impeccables, nous semons le doute et la suspicion parmi les quelques promeneurs nocturnes en allumant le réchaud à alcool. Une fois ravigotés, les 20 derniers kilomètres sont plutôt simples à parcourir. Nous filons en silence sur une piste de ciment lissée avec pour seules lumières nos frontales qui nous permettent d'éviter les autres cyclistes qui nous croisent. À gauche la plage immense avec ses postes de surveillance sortis tout droit d'un décor Spielbergien et le pacifique endormi. A droite des quartiers résidentiels incroyablement cosys, où l'on aperçoit parfois une bibliothèque à la lueur d'un feu de bois au travers d'une belle fenêtre à l'ancienne. Puis ce sont les usines pétrolières et électriques, dont la beauté irréelle digne d'un parc d'attractions nous inspire une tentative de haïku, avant de traverser une plage quadrillée de feu de camps allumés dans les vasques en béton disposées à cet effet. Autour de chacune d'entre elles un petit groupe de personnes partage un repas, un verre ou juste un peu de musique, mais chaque groupe a son feu, sans débordements possibles… Je crois que je préfère de loin le concept du feu sur la plage à la bretonne, où un nouvel arrivant n'a qu'à ramener de quoi alimenter la flamme pour trouver sa place. Un autre monde !
Finalement, sur le coup de 20h30, nous débarquons chez Eric et sa compagne Nicole qui nous attendaient de pied ferme. Eric à la quarantaine, super dynamique et un peu fou, pratiquant le vélo de course, l'escalade, la moto, les voyages et qui bosse depuis une vingtaine d'années dans le milieu de la post-prod vidéo. L'accueil est aussi cool que chaleureux, et une fois douchés nous partons dîner un morceau en compagnie de Gurvand qui vient d'arriver. Lui est français, de Penmarc'h ! Et il bosse en ce moment avec Eric sur une production vidéo, ce qui nous a permis de trouver cet hébergement qui s'annonce plutôt palpitant. Dîner fashion ce soir donc, et conversation en anglais qui me rassure, je commence à me sentir un peu plus en confiance avec cette nouvelle langue…
Jour 413 - Green Avenue, Venice Beach
Samedi 16 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 415
Barth : Nous croisons Nicole et Eric au réveil avant qu'ils ne disparaissent chacun au boulot ou faire des courses. Un petit tour dans le quartier pour nous trouver de quoi manger et éviter ainsi un pillage en bonne et due forme du frigo de nos hôtes, et il est déjà midi !
Le reste de la journée est consacré au montage des derniers haïkus, à la mise à jour du site, entre deux discussions avec Eric qui est en congé aujourd'hui après deux mois de boulot intense. Pas vraiment le temps de notre côté pour s'essayer au mur d'escalade qu'il pratique tous les jours sur le bord de sa maison… Ce soir, Anaïs arrive à Los Angeles, je tiens donc particulièrement à ne pas avoir de boulot en tète pendant les prochains jours où je vais disparaître de ce carnet. J'abandonne donc Fanch pour quelques jours et nous avons tout juste le temps de partager une pizza avant que je boucle la synchronisation du site, que j'appelle un taxi et que je me retrouve à l'aéroport vers minuit passé… L'avion a une bonne heure de retard mais Anaïs est bien dedans, jet-laguée à souhait..! Sur ce, je vous dis à dans trois jours.
Fanch : Ce samedi est placé sous le signe du repos, mais dans l'action de ces derniers jours, j'ai pris pas mal de retard dans mes écrit. Spontanément, nous avons pris la décision de faire la synchronisation du site aujourd'hui, dans l'unique but d'êtres tranquille quelques temps. Mais qui dit synchronisation dit aussi mise à jour et je passerai donc pas mal de temps à rédiger mes notes.
La maison d'Eric est parfaite pour pour bosser et rester concentré, nous sommes ici au calme. Je prends aussi un temps pour digérer nos premiers kilomètres sur le sol américain, j'essaye de faire un point, de rassembler mes impressions mais j'avoue être encore pommé, le dépaysement opère plus que je ne l'aurai imaginé. Enfin, Los Angeles m'intimide, contrairement aux autres ville croisée auparavant, je ne m'y sens pas chez moi. Pour tout avouer, je pense déjà à la route qui nous mènera à San Francisco.
Barth s'en va retrouver sa belle à l'aéroport, je resterai chez Eric et Nicole quelques jours, une immersion totale qui ne me fera sans doute pas de mal…
Jour 414 - 7th Street, Downtown L.A.
Dimanche 17 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 416
Fanch : Peu de temps après mon réveil, Eric chez qui je loge depuis trois nuits me persuade sans difficulté de le suivre du côté plus au nord pour une petite session d'escalade entre amis. Carrément! Un nouveau truc! Trois de ses amis sont présents, il sont expérimentés. Je les regarde se déplacer aisément le long de la parois et ça n'a franchement pas l'air compliqué. J'aurai dû me taire… Le « block » fait 15 mètres de haut, avec un peu de recule, les prises blanchies par la magnésie sont bien visible mais une fois le nez collé à la roche, c'est tout de suite plus difficile, sans compter que ma panique s'accroît proportionnellement à la hauteur. Mes résultats sont ne pas enviables mais selon mes compagnons, cette première fut plutôt positive. Personnellement, je ne suis pas vraiment convaincu par mes performances, le vélo c'est cool certes, mais pour les biceps ne sont pas hyper stimulés.
De retour chez Eric je décide de rebondir pour une petite virée à Los Angeles downtown. Le centre de la ville se situ à 20 kilomètres à l'Est de Venice Beach. Après avoir marché 5 ou 6 bornes, je prends donc mon premier métro californien, rien de spectaculaire, je lui trouve même une curieuse ressemblance avec le RER parisien. Je sors de la station sur la 7th Street et me voilà plongé en plein cœur de downtown. Et c'est presque le choque.
Je savais qu'aux States le phénomène était inversé. Les banlieues sont constituées en grande majorité de citées pavillonnaires, propres, homogènes et destinées aux classes aisées. Depuis le métro (aérien), le centre ville et ses quelques grattes-ciels pourrai ressembler au quartier de la défense à Paris, mais cette première impression est trompeuse. Je retrouve des trottoirs déformé par le temps, les joggers et leurs smartphones en brassière ont disparus laissant place au fauteuils roulants des vétérans du Vietnam. Bienvenue dans un autre réel, je sors de la bulle de Truman.
Le contraste est fort. Ce que je constate en premier lieu c'est qu'ici la mendicité côtoie la folie. Cette vision doit être déformée puisque nous sommes dimanche, la nuit est tombée, les commerces sont clos et comme souvent, quand les magasins sont fermés la population reste chez elle. Le peuple de la rue est alors d'avantage visible et la nuit tout les chats sont gris. Même si je ne me sens pas très à l'aise, cette ambiance me convient d'avantage, je sort d'un univers de plastique, lisse et brillant pour retrouver un environnement de béton de métal, irrégulier, gris, sale. Au contact de ce lieu ou la misère ne se cache pas, j'ai le sentiment d'être à nouveau dans un monde sincère.
Après une bonne matinée d'escalade puis quasiment 20 bornes de marche, j'avoue être à point pour une grosse nuit. Demain est un autre jour!
Barth : Pendant ce temps là à Los Angeles Downtown…
Jour 415 - Venice Beach
Lundi 18 novembre 2013 - 20 kms - Post n° 417
Fanch : Je rumine ce matin, travail un peu mais le coeur n'y est pas. J'ai pas mal de question en tête, le genre d'interrogation que l'on met de coté mais qui remonte régulièrement à la surface. Le temps gris et l'air un peu trop frai à mon gout n'arrange rien. Mais bon, je décide de prendre l'air et de longer la côte en vélo, j'ai peut être tout simplement le besoin de me défouler un bon coup afin de retrouver la pêche.
Sans surprise, je dirais que 99% du littoral est urbanisé, piqué de villas surplombant les plages. Qui dit zone urbanisée dit aussi commerces, restaurants, fastfoods, bistrots et comme nous sommes en Californie, les surfshops et boutiques de vêtements branchés sont présent à tout les coins de rue. Ah, la Californie! J'ai l'impression de me balader dans une (mauvaise) série télé et reste franchement étonné de croiser autant de joggeuses en débardeur rose fluo, Iphone en main et écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, avec une queue de chevale qui se balancent au rythme du pas. C'est cliché mais c'est coutume. Pas de vagues aujourd'hui, je double un groupe d'ados blondinets qui file à tout allures en direction du skatepark situé un peu plus loin, sur un block de béton mordant sur la large bande de sable. Plus au nord, toujours aux abords de la piste cyclable, les vétérans réapparaissent, la plupart d'entre eux pousse un cadi dans lequel ils trimbalent leur vie matériel. Jimi Hendrix, n'est pas mort mais il a cependant perdu l’esprit. Il joue de la gratte perché sur ses rollers tout en vendant des t-shirts à son effigie. Les « doctors green » proposent des consultations pour diagnostiquer le mal dont vous souffrez. La thérapie, 100% naturel (personnellement, j'en doute fort), se fera grâce à l'obtention d'une « green card » qui vous permettra d'acheter la marijuana adéquat à la pharmacie du coins et ce en tout légalité bien sûr. Les pickups jaunes d'Alerte à Malibu font leurs rondes sur la plage et slaloment entre les terrains de beach-volley. Ici, il ne pleut que 5 à 10 jours par an, bienvenu au pays de « The Endless Summer », bikinis et shorts à fleurs (et pourtant ça caille aujourd'hui). On s'y croirai, j’hallucine toujours autant.
Comme espéré, l'exercice physique combiné à l'air du large ont contribué à remettre mon moral d'aplomb. Je suis dorénavant près à me mettre la tête dans le boulot et pour fêter le fait d'avoir un ordinateur pour moi tout seul, je me colle à Pure Data pour confectionner un petit séquenceur qui devrait servir bientôt. Je passerai un bon moment devant l'écran ce soir mais je prends tout de même le temps de dîner avec mes hôtes, Nicole, Eric et son fils Austin. Au menu, « New York steak »! Ne me demandez pas d'ou vient l'origine de cette appellation, je n'ai pas compris. Quoi qu'il en soit, la bouffe américaine est peut-être de mauvais goût, mais la viande de bœuf est tout simplement excellente. Moi qui aimerai virer végétarien, ce n'est pas ici que je m'y mettrai. Il est tard et demain Eric me propose une ballade matinale, pardon si je ne m'étale pas d'avantage.
Barth : Pendant ce temps là à Los Angeles Downtown…
Jour 416 - Paseo de La Playa
Mardi 19 novembre 2013 - 60 kms - Post n° 418
Fanch : La journée commence sur les chapeaux de roue. Eric me propose un virée sur la côte au Sud de Venice Beach. 60 bornes de vélo durant lesquelles Je découvre un peu plus précisément les us et coutumes pratiquées dans cette partie de la Californie. C'est toujours plus agréable d'être accompagné par un local, d'un coup tout semble moins opaque, les portes de la compréhension s'entre-ouvrent et mon esprit fait de même. J'ajoute que cette ballade aussi physique qu'instructive m'a aussi permise de franchir une nouvelle étape, je me découvre à présent un peu plus bavard, un peu plus à l'aise avec la langue.
Midi, nous revenons à la maison, plutôt que de m'épuiser, ce petit tour m'a donné la pêche, je trouve le courage et la concentration nécessaire pour rédiger les notes des jours précédent. Dans la foulée, je derush mes pistes audio et enfin je me mets à jour dans mon travail avant l'arrivée d'Anaïs et de Barth. Je trouve le temps d'aller faire quelques courses et de préparer un plat de lasagne à la fois pour fêter l'arrivée d'Anaïs et dans l'idée de ravir Eric et Nicole qui nous hébergent gracieusement!
Le repas est introduit par quelques verre de bourbons ce qui nous projette tout les 5 dans un état d'euphorie modéré, déliant d'un seul coup les langues et les complexes. Le dîner peu alors commencer dans une ambiance détendue et amicale.
J'aime ce genre de journée, aussi physique et productive que festive. Nos retrouvailles avec Barth et Anaïs en rajoute une couche, nous passerons la fin de soirée à discuter autour d'un feu de cheminée, à l'américaine. Pourquoi à l'américaine? Parce qu'un tuyau de cuivre perforé de quelques petits trous est situé au centre du foyer, Eric y entrepose deux bûches, ouvre le gaz et allume le feu à coups d'étincelles… À l'américaine quoi…
Barth : Ces trois jours passés dans Downtown ne nous ont pas permis de visiter tant de choses mais au moins de prendre la température réelle de ces lieux et de poursuivre un peu l'acclimatation dans cette étrange culture californienne. Je suis tout de même frappé par l'esprit de liberté qui règne ici, une liberté individuelle poussée à son extrême mais dans un contexte puritain qui définie une ligne rouge que tout le monde s'accorde à ne pas franchir, jusqu'au malaise parfois… Le vertige de se sentir passé de l'autre côté de l'écran, dans le décor réel de tous ces films et séries américain qui alimentent l'imaginaire collectif de la planète. La ville américaine, où du moins le peu que j'ai aperçu de Los Angeles pour le moment, est à l'image de sa représentation télévisuelle… Ou peut-être est-ce l'inverse…?
Quoiqu'il en soit nous quittons Downtown ce soir pour rejoindre Fanch à Venice dans la maison d'Eric. Lasagnes préparées par Fanch pour le dîner, cocktails au Scotch d'Eric, visionnage de vidéos de courses à moto d'Austin le fils d'Eric, la soirée se passe dans la bonne humeur, entre rencontre pour les uns et retrouvailles pour les autres. Anaïs nous aide pas mal à tenir une conversation digne de ce nom en Anglais, et c'est officiel nous sommes invités pour Thanksgiving jeudi prochain !
Jour 417 - Centinela Avenue
Mercredi 20 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 419
Barth : Pas facile de se lever tôt dans tant de confort et après une soirée aussi cool. Une fois totalement réveillés, Eric nous embarque pour une tournée de courses. Acheter une tablette pour Anaïs, ça c'est fait ! Lui trouver un vélo, pas encore mais nous avons résolu un malentendu de notre part en faisant comprendre à Eric que nous ne cherchons pas un vélo couché..! Et pour finir, petits saut dans le supermarché bio et cher où travaille Nicole pour lui soutirer quatre succulents burgers de bison que nous rentrons manger au chaud chez Eric.
La pluie est au rendez-vous aujourd'hui, et le froid avec… Le reste de la journée est consacré à l'écriture de mails pour trouver un autre hébergement sur Los Angeles et organiser un peu les visites prévues… Je mise pas mal sur le professeur Howard que nous avions rencontré à Tijuana et qui nous suit depuis quelques jours sur internet. Nous verrons demain si les réponses pleuvent, pour l'heure il est déjà temps de dîner avec en dessert un tiramisu aux framboises préparé par Anaïs, avant de céder à la tentation d'un film sur l'impressionnant home cinéma d'Eric. « Life of Pi », une belle histoire pleine d'effets spéciaux assez bluffants pour lesquels le film a été récompensé, et dont Eric est un des nombreux maîtres d'oeuvre.. Good job guy !!
Anaïs : Hello world
Fanch : Le réveil se fait devant l'écran, nous avons rendez vous avec Gwendal, membre de LibLab et de Cric, une autre association oeuvrant pour la culture sur Quimper et sa région. L'objectif principale de cette réunion virtuelle outre le fait d'être heureux de retrouver notre vieux pote Gwendal, reste de trouver des solutions pour dynamiser la visibilité de Geocyclab. Il se peut donc qu'un événement soit organisé au printemps prochain mais nous y reviendrons en temps voulu (ne mettons pas la charrue avant les bœuf).
Il s'en suit une petite sortie en compagnie d'Eric car Anaïs a besoin de s'équiper et entre autre de trouver une bécane. J'ai hésité à les suivre mais j'ai besoin de prendre l'air, de découvrir de nouvelles choses et le fait qu'Eric propose de nous guider me pousse à me joindre au groupe. Pas de vélo pour aujourd'hui, mais nous trouverons ce qu'il nous faut dans les prochains jours. Geocyclab reprendra bientôt la route, à trois cette fois.
De retour dans nos appartement, je met rapidement mon nez sur pure data pour compléter mon petit séquenceur, ça avance rapidement. Ils nous faut aussi recontacter les Fablabs et Makerspaces de Los Angeles pour les prévenir de notre arrivé et de notre disponibilité. Barth de son côté contact Mr Les Howard (que nous avions rencontré au centre d'art contemporain de Tijuana) professeur en Sociologie sur le campus de Whittier, nous devrions nous voir d'ici peu. Je crois bien que cet homme est plein de ressources susceptibles de nous aider pour nos recherches. Nous attendons la suite avec impatience.
Jour 418 - Centinela Avenue, L.A.
Jeudi 21 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 420
Fanch : Je réalise aujourd'hui comme cette aventure est différent de tout ce que j'ai pu réaliser auparavant. Forcément. Mais ce que je ne savais pas c'est à quel Geocyclab modifie doucement ma façon de travailler. J'avais jusqu'à lors le réflexe inconscient d'utilisé le tremplin de la spontanéité pour me mettre à l'oeuvre. Les différentes étapes nécessaire à la conception et à la production d'une installations devait s'effectuer dans un un temps très court. Pourquoi? En générale, j'ai tout simplement besoin de la passion qui découle d'une idée pour produire. Si entre la conceptualisation d'une oeuvre et sa mise en forme il s’écoule un laps de temps trop important, alors j'ai tendance à trop réfléchir ce qui me mène à perdre confiance en moi et fatalement ma motivation décroît. Je me lasse et ne trouve plus de sens à ce que je fait. J'aime la spontanéité et l'improvisation mais cette manière de faire me force (toujours à mon insu) à prématurément cristalliser l'idée puis à l'enfermer dans une forme définitive ne lui laissant pas la possibilité d’évoluer. L'idée germe mais se fige trop vite.
Geocyclab me pousse à voir les choses sous un autre angle puisque, (ce que je n'ai pas complètement réalisé avant), cette aventure s'apparente à une véritable course de fond. Une performance de 3 ans qui m'oblige à laisser les portes grandes ouvertes quant à la forme finale de nos productions. Je m'interroge donc sur la véritable identité de ce projet au long cours, qui vu d'ici n'a pas encore de fin. J'interroge le fonctionnement de notre atelier mobile et mon rôle dans celui ci. Beaucoup de questions glissent dans mes pensées, mais je leur trouve de plus en plus de réponses, non définitive certes, mais je sens que j'avance, à pas de loups.
Barth : Je ne m'étais pas trompé, le professeur Les Howard nous a répondu, et d'une manière on ne peut plus accueillante ! Nous sommes les bienvenus sur le campus de Whittier où il enseigne à l'est de Los Angeles. Il nous propose de nous lôger, nous parle de différents contacts entre arts, cyclisme et open-source, et nous fait savoir qu'il serait peut-être possible de nous faire rémunérer raisonnablement pour l'organisation d'un petit événement sur le campus ! Voilà qui sent bon la reprise des aventures et qui nécessite un peu de temps pour rédiger une réponse à la hauteur de ces encouragements.
Les journées passent très vite, avec un levé vers 9h et la nuit qui tombe à 17h30, la marge n'est pas grande surtout quand il ne fait pas beau comme aujourd'hui. Il y a pas mal de choses à penser, à planifier, à organiser, on est donc bien loin de s'ennuyer même si l'envie d'aller enfin visiter un peu plus le nouveau monde où nous sommes. Ce soir, histoire de changer d'air malgré la pluie, Eric et Nicole nous embarquent au « Barber shop », un bistrot branché installé en arrière boutique d'un salon de coiffure à l'ancienne. C'est un exemple d'une mode actuelle consistant à ouvrir des bars dans le style de l'époque de la prohibition… Clandestino style quoi ! Mais une fois dans le bar, la musique trop forte, les gens qui s'arrachent les cordes vocales pour tenter de tenir une conversation, et le prix des bières (qui ne sont pas clandestines pourtant) nous fait rentrer pas trop tard. Nous prenons le temps d'exposer à Eric les plans qui se dessinnent pour la suite de notre séjour à Los Angeles et il nous propose directement son aide pour déménager ! Sacré Eric !
Anaïs : Aux États-Unis depuis 4 jours, mon premier constat, influencé par le décalage horaire et la fatigue, est sans appel: « gast! C'est comme dans les films, Crénom! » Et notre hôte me permet une mise en abîme intéressante puisqu'il travaille dans l'industrie du cinéma. C'est donc un film tout chaud sorti du four, sur lequel il a travaillé, que nous avons regardé hier soir: Life of Pi, qui comme son nom ne l'indique pas, retrace la vie de Piscine, alias Pi, un indien, et sa folle épopée de 227 jours sur l'océan suite au naufrage de son navire. Une jolie fable sur la spiritualité et la fictionnalisation du réel. Ce film est tiré du roman du même nom, de Yann Martel, un auteur canadien. Et cette transcription en image aura valu 3 academic awards à Eric et ses collègues pour les effets spéciaux. Le deuxième personnage principal, à savoir un tigre du Bengale appelé Richard Parker, les décors, l'océan, tout est virtuel, et il faut bien avouer que le résultat est particulièrement bluffant. Eric nous a expliqué que ce film a mis du temps à voir le jour (le livre est sorti en 2001) et plusieurs réalisateurs ont été pressenti mais ont refusé, c'est finalement Ang Lee qui a décroché la timbale, et il a eu un mal de chien à réunir une équipe et des financements parce que personne n'était assez fou pour s'embarquer sur un film d'une heure et demie avec quasiment pour uniques personnages Pi l'Indien, un tigre, et l'océan! Mais Eric trouvait ça « fun »! Le grand enfant qu'il est adore relever ce genre de défis un peu « crazy », et ça lui va bien!
Jour 419 - Beverly Boulevard
Vendredi 22 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 421
Anaïs : Notre visite du jour au Fablab s'étant avérée un échec, nous profitons d'être en ville, « Downtown » pour aller explorer le quartier des arts, et le quartier des affaires. Nous nous retrouvons face à une explosion de fresques, du « street-art dans ta face, man! », un musée à ciel ouvert qui s'étend sur des kilomètres et des kilomètres. On s'en prend plein les mirettes et on remplit à une vitesse supersonique la carte mémoire de notre appareil photo! Les buildings et leurs centaines d'étages de baies vitrées se détachant sur le soleil couchant entament un dialogue assez magique avec le foisonnement de couleurs qui habillent les murs.
Barth : Avant de décoller de la maison pour une excursion dans Downtown, nous prenons le temps de répondre aux mails de Les Howard et de ses collaborateurs qui nous annoncent plein de nouvelles. C'est le branle-bas de combat sur le campus de Whittier ! Nous pouvons donc loger chez Les, sommes attendus lundi en fin d'après-midi pour faire une présentation de notre projet sur le campus, nous devrions toucher un peu d'argent pour cette prestation et nous avons planifié un rendez-vous demain pour déjeuner avec Les dans Downtown ! Impressionnant..!
Et c'est parti, dans une ambiance pas très fraîche et sous un ciel de nuages gris nous avalons l'heure de métro qui nous sépare de The Build Shop, un maker-space qui nous avait répondu et chez qui Fanch a fait livrer un peu de matériel que nous devons récupérer. Personne ne répond à l'interphone, le temps d'avaler une pizza et un café, rien de nouveau… Il est quatorze heures, quelques gouttes de pluie annoncent déjà le déclin du soleil, nous n'allons peut-être pas passer toute notre après-midi à attendre ici ! Direction the Arts District pour une petite promenade au milieu des œuvres de street art qui s'accumulent sur les murs des studios, galeries, ateliers qui composent ce quartier. Au retour nous traversons le quartier signaler par Les Howard, où les bâtiments d'anciennes banques sont investis par des riverains fortunés qui cohabitent avec une population de sans domiciles. Mais nous en saurons plus demain certainement, lors de notre déjeuner avec Les. Pour l'heure il fait nuit, froid, et il pleut légèrement, il est temps de rentrer au chaud et de se faire un bon dîner de légumes.
Fanch : Objectif, rendre visite à The Build Shop, un makerspace (autrement dit un atelier de prototypage collaboratif) situé un peu plus à l'Est, entre Downtown et Hollywood. Nous les avions contactés il y a de cela quelques mois et ils semblaient alors plutôt enjoués de notre possible rencontre. Mais n'ayant pas eu de réponse suite à notre dernier message, nous décidons de leur faire une surprise en se rendant directement sur place.
La surprise n'est pas celle escompté puisque nous nous cassons le nez devant la porte de leurs locaux. Après deux heures d'attente, résignés nous préférons changer de programme. Nous découvrirons un peu plus tard un e-mail de Brian, un des membres de the Build Shop, le RDV est reporté à mardi prochain.
Je part de mon côté, laissant les tourteaux tranquille quelques heures pour découvrir un (tout petit) peu plus en profondeur le centre de Los Angeles. Pour commencer, je choisi de me rendre au quartier « Art District », avec un nom comme celui-ci, il m'est difficile d'en faire l'impasse. Art District est semble-il une ancienne zone industrielle réhabilitée et transformée en faubourg culturel. Ici, peu de façades échappent à l'aérosol ou aux pinceaux des street-painters, j'y croise quelques ateliers et résidences mais leurs portes sont closes et ce à mon grand regret. Après une heure de marche dans le quartier, j'admets avec une légère déceptions que l'ambiance du coin se soumet (elle aussi) à l'industrie culturelle et au commerces fashions qui vont avec.
Je tourne le dos à Art District pour rejoindre Little Tokyo afin de contenter ma curiosité. Chose certainement intéressante sociologiquement parlant, ce petit village dont on fait rapidement le tours s'apparente tout à fait à un parc d’attraction. Le sapin de noël géant planté là, entre une boutique Hello Kitty et un resto-sushis en témoigne. J'ai une fois de plus l'impression d'évoluer dans un décors en plastique dont l'unique fonction est de chatouiller le vice du consommateur et de lui vider son portefeuille. Pas de bol, je n'ai pas un sous en poche et de ce fait, je ne me sens pas à ma place ici. Enfin bref, vous n'êtes pas à Tokyo, vous êtes à L.A. c'est clair.
Je fini ma ballade dans les ruelles de District Toy. Encore une fois c'est l'originale nomination de ce quartier qui m'y conduit. Je découvre alors une atmosphère que j'affecte d'avantage, populaire et donc plus sincère . Des dizaines de petites échoppes de jouets et de gadgets en tout genre ponctuent mon chemin, les enseignes lumineuses clignotent, les commerçant, pour la plupart d'origine mexicaine s'active pour préparer les fêtes. C'est apparemment le jour des livraisons. Et c'est vivant! Mais le plus intéressant, enfin en ce qui me concerne, c'est qu'on y croise un bel échantillon de la population locale. Américain, afro-américain, asiatiques et mexicains, jeunes, vieux, bourgeois et SDF, personne ne manque à l'appel et je crois que j'ai enfin trouver ce que je cherche. Je prends donc le temps de traîner mes guêtres dans les parages mais la pluie se mêle de la partie, il commence à se faire tard et c'est deux facteurs combinés font que les rues se vide peu à peu. Si jamais je trouve le temps d'y retourner, je ne louperai pas cette occasion. Downtown remonte dans mon estime, je finirait mon excursion urbaine sur une note positive.
Jour 420 - Chinatown
Samedi 23 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 422
Fanch : Nous avons rendez vous ce midi avec Les, Monsieur Les Howard. Nous avions rencontré ce drôle de personnage alors que nous visitions le centre d'art contemporain de Tijuana en compagnie de notre ami Julio, Les nous avait alors donné ses coordonnés. Ça, c'est pour vous remettre dans le contexte.
Nous l'avons donc contacté il y à quelques jours et depuis tout est allé très vite. Les Howard est professeur de sociologie au Whittier College et en moins de temps qu'il en faut pour le dire, il a prévenu ses collègues de notre arrivée. Grace à sa réactivité couplé à un incroyable sens de l'organisation, une intervention (rémunérée!) de Geocyclab auprès des étudiants de l'université est d'hors et déjà programmé. Mais ce n'est pas tout, Monsieur le professeur nous invite à loger quelque temps dans sa demeure. Enfin bref, je ne vais pas trop m'étendre sur le planning de la semaine prochaine, j'ai déjà beaucoup à écrire.
Donc, nous sommes chez Philips, un des plus ancien restaurant de Downtown et qui contre toute attentes est resté populaire. Ici, à l'image de District Toy, toute les franges de la population se regroupent et mangent coude à coude sur de grandes tables rectangulaires. Je crois bien que Les affecte particulièrement ce lieu et c'est la raison de notre présence ici.
Sans faire d'analyse précise, ne laissant que quelques indices derrière lui qui nous suffise à en comprendre d'avantage, il nous guide dans le quartier chicano (chicano, c'est le nom donné aux mexicains vivant au States ou ayant un lien étroit avec la culture américaine). Nous visitons le Self Help Graphics and Art, un atelier d'art visuel et un lieu d'exposition s’évertuant à promouvoir la culture Mexicain à Los Angeles. Comme pour nous replonger quelques jours en arrière, Les nous guide au mercado mexicano, ou nous retrouvons les ambiances chaude du mexique, on s'y croirait et comme nous répète notre ami, « it's really intense ». Après ce petit moment nostalgie nous npartons à la découverte du campus qui nous accueillera à partir de lundi prochain. Professeur Howard nous présente à ses collègues ainsi qu'à quelques uns de ses étudiants. Nous sommes accueillis comme de véritables aventuriers ce qui en soit n'est pas désagréable, mais j'avoue que je commence à fatiguer ce qui affecte ma concentration. En cette fin de journée, j'ai la nette impression d’être à coté de la plaque, je ne comprends plus rien au conversation et ne pense plus qu'à retrouver mon tapi de sol et mon sac de couchage. Mais la soirée s'éternise et du boulot nous attends chez Eric ce soir. Je me coucherai avec un beau mal de crâne. Bonne nuit.
Anaïs : Aujourd'hui nous rencontrons « Mr le Professeur », Les Howard, qui nous embarque, après un repas dans l'un des plus vieux restaurants de la ville, pour une virée dans certains endroits immanquables. L'espace de quelques instants, j'ai la sensation de n'avoir jamais quitté le Mexique, grâce à un petit tour au Super Mercado Mexicano. Nous passons également voir une galerie: « Self help graphics and art », un lieu connu pour avoir aidé à promouvoir la culture latino et « chicano » dans les années 70, et qui a contribué à importer en Californie la tradition mexicaine du jour des morts, « dia de los muertos », sujet de l'Expo d'aujourd'hui puisque c'était le quarantième anniversaire de cette fête dans cette galerie. Des belles gravures et sculptures de caterina ornaient les murs, ces squelettes joyeux vêtus de grandes robes extravagantes et outrageusement maquillés, dont Tim Burton est très friand. M. Le Professeur mérite un article à lui tout seul, je prendrai la peine de le faire dans les jours qui viennent!
Barth : Le soleil se montre un peu se matin et je suis Anaïs dans un lever matinal pour profiter un peu des premiers rayons. Quelques heures plus tard, le temps d'avaler un petit déjeuner et de mettre à jour nos écrits respectifs, nous nous mettons en route pour rejoindre Les Howard au Philippe's, un restaurant populaire dans le quartier mexicain. Nous mettons quelques temps à réaliser que les bus ne passent pas le samedi et Eric nous sauve la mise en nous conduisant jusqu'au métro le plus proche, nous évitant ainsi une heure de marche et de retard…
Nous retrouvons sans peine le professeur devant le restaurant et faisons plus ample connaissance autour d'un sandwich à la viande assorti d'une salade et de quelques pickles dans une ambiance familiale et bigarrée qui selon Les reflète bien la société de l'est de Los Angeles. Notre nouvel ami est professeur de sociologie et à la question dans quelle spécialité, il vous répondra dans un français timide : « flânerie ». Son enthousiasme et sa compréhension pour notre projet me surprennent d'abord, mais je comprends peu à peu la finesse de ce personnage !
Une fois rassasiés, Les nous entraîne dans une visite du quartier, entre peintures murales du milieu du vingtième siècle, dont une représentant un indien crucifié peinte par un Mexicain qui avait été censurée pendant des décennies, et en passant par un petit tour dans un marché mexicain pour boire une bière au milieu de mariachis plus vrais que nature ! Puis nous visitons un atelier artistique tenu depuis quarante ans par le collectif « Self help graphics and art » qui s'est fondé sur la tradition du Jour des morts importée du Mexique également. Bref, la leçon du jour est plus que limpide, Los Angeles est une ville à moitié mexicaine, et ça se voit plus sur ce côté-ci que dans les quartiers west coast où nous résidons en ce moment. Merci professeur !
Changement de décor pour aller faire un tour à Whittier, le campus où vit et travail Les. Nous sommes tout d'abord présentés à Jenny qui vit dans la maison où nous parlerons de notre projet lundi. Puis nous passons voir David dans l'ancienne salle de basket reconvertie en atelier artistique ouvert à tous les étudiants, et il semble qu'il y a de la vie ici ! Et pour finir, Lizardo qui bosse au service international du campus et qui passera la soirée avec nous ensuite. En plus de la sensation magique de débarquer au beau milieu d'un nouveau fantasme télévisuel, le campus américain, l'accueil qu'on nous y fait est plus qu'engageant ! Un petit tour par la maison de Les où nous vivrons à partir de lundi, finit de nous convaincre ! La fin de la journée est un peu physique, entre la fatigue et le froid, et malgré un restaurant de fruits de mer qui a le défaut d'être insupportablement bruyant et dont le service un peu désorganisé n'a fait que prolonger ma souffrance. Impossible de discuter, surtout en anglais, dans une telle ambiance. Seule Anaïs relève un peu le niveau ! Puis Les nous raccompagne très courtoisement jusque chez Eric, 40 minutes de voitures tout de même, et nous nous disons à lundi avec l'impression partagée de quitter un ami de longue date.
Fanch et Anaïs se plongent dans le sous-titrage d'un checkpoint en vue d'une projection au campus lundi, et Eric ne tarde pas à rentrer de sa course de vélo sur piste, avec une côte fêlée et quelques égratignures suite à une belle chute.. Mais comme dirait notre ami : « No it's ok ! It was a good crash, so funny ! »
Jour 421 - Getty Museum
Dimanche 24 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 423
Barth : Sunday, and sunny day ! Enfin, après cette semaine pluvieuse… Fanch et Anaïs poursuivent leurs travaux sur le sous-titrage du checkpoint tandis que je m'occupe de lancer une lessive générale. Puis, en fin de matinée, Eric nous emmène au musée Gide, que nous allons visiter plus pour le site que pour les collections qu'il présente étant donné le temps que nous avons. L'édifice date d'il y a à peine une dizaine d'année, perché sur un flanc de colline qui surplombe tout Los Angeles, les nombreuses terrasses pleines de fleurs permettent d'observer l'immensité de la mégalopole californienne. Après avoir bien profité de ce point de vue, nous visitons une exposition de photographies avant de déclarer forfait devant la faim qui nous anime tous les quatre.
Sur le chemin du retour, nous faisons un arrêt chez le glacier « Cool Haus » dont Eric nous vante les mérites depuis notre arrivée. Un apéritif sucré et glacé donc qui à défaut de nous rassasier, fait l'unanimité chez nos papilles. La fin d'après-midi est consacrée à un peu de boulot, quelques mails pour organiser la journée du lendemain, une pizza vite avalée, une sieste incontrôlée avant de repartir avec Nicole qui rentre tout juste du boulot (oui, ici le travail le dimanche ne fait plus débat depuis un bon moment apparemment..) en direction d'une salle de concert pour fêter notre dernière soirée à Venice.
Nous voilà donc au Harvelle's, une petite salle historique dans le quartier très huppé de Santa Monica où l'on peut assister à des concerts tous les dimanche soirs dans une ambiance cosmopolite et intime à la fois. Quelques bières, du Jazz Noir en live, une atmosphère tamisée, l'effet fonctionne et nous passons une belle soirée immergés dans la nuit californienne. Le retour tardif nous fait passer par un resto Junk Food pour un hamburger d'urgence qu'il faut ensuite digérer en dormant !
Fanch : Tout d'abord, Eric, notre ange gardien nous propose une visite du fameux Getty Museum, tout le monde accepte sans savoir trop ce qui nous y attend. Nous te faisons donc confiance Eric. L'impressionnante architecture du Getty Museum est posé à flanc de colline ce qui nous offre une vue imprenable sur l'immensité de Los Angeles. De ce point de vue, les hautes tour de Downtown se transforment en château s'élevant au centre d'un royaume de pixels. Seul le pacifique, à l'Ouest, impose une limite à l'urbanisation du territoire. En se tournant vers les trois autres points cardinaux, la ville s'étend comme un empire infini. Ce panorama, non content de régaler mes yeux et mon imaginaire, nous révèle un indice supplémentaire pour que nous puissions comprendre d'avantage la géographie des lieux et la folie dans laquelle nous nous immergeons petit à petit.
La suite se déroule à l'intérieur du musée ou nos pas sont rythmés par le travail du photographe Cubain Abelardo Morell. Ses photographies se situent au croisement de l'esthétique et de la recherche. Morell développe et explore ses concepts le plus loin possible avant de changer subtilement de direction pour ensuite tourner son objectif vers un autre sujet. Son travail illustre pour moi le moment ou la technique épouse le sensible tout en accordant une attention particulière au contexte et au protocole de production. Enfin bref, je vous conseil vivement d'aller y jeter un coup d’œil.
En prévision de la présentation de demain, Anaïs a traduit hier soir notre troisième checkpoint. Elle s'est donc occupée du plus chiant c'est clair mais il me reste à sous-titrer la vidéo et cela occupe un bonne partie de cette fin d'après midi, mais voilà une bonne chose de faite. J'enchaîne sur une rapide mise à jour du carnet de bord, la synchronisation du site doit être effectué avant demain 23h, pour que les publications quotidienne ne soient pas interrompues. Je termine juste à temps car l'heure est à la sortie du dimanche. C'est une belle surprise que nous réserve Eric et Nicole puisque nous nous retrouvons au « Haveller's » le plus ancien jazz club de Los Angeles. Mes oreilles sont enchanté, mais genoux se plient et ma tête se balance malgré moi, ce soir (comme tout les dimanche) ça joue soul-funk et franchement, à chaque fois que ce genre de style est interprété par des musiciens afro-américains… Ça groove méchamment!
Anaïs : Une nouvelle journée culturelle nous attend aujourd'hui, puisque Éric nous embarque pour une virée au Getty Muséum. Un complexe culturel colossal qui aura coûté la coquette somme d'un milliard de dollars, crée par Jean Paul Getty, milliardaire ayant « œuvré » dans l'exploitation du pétrole… J'y découvre avec ravissement et délectation quelques très bonnes expos photos, dont la rétrospective de Abelardo Morell, artiste americano-cubain de 55 ans, connu pour ses formidables expérimentations photographiques avec le procédé de la caméra obscura. Un artiste intéressant et une expo qui l'était tout autant, pour la découpe minutieuse de ses différentes étapes de création. Un processus long et riche, sans cesse alimenté par de nouvelles trouvailles, et des images subtiles et intimistes.
Je découvre un peu plus loin une autre expo photo, « at the window », plusieurs artistes internationaux, réunis autour du thème de la fenêtre en photographie. Des portraits d'anonymes chinois m'attirent l’œil, et le procédé mis en place pour obtenir ces portraits est intéressant. Une artiste chinoise, dont j'ai bien évidemment oublié le nom , a déposé dans plusieurs boites aux lettres un courrier expliquant sa démarche, en gros, ça raconte ça: moi, artiste anonyme, je souhaite que toi, résident anonyme de cet immeuble, tu viennes te placer ce soir devant ta fenêtre de salon, entre telle heure et telle heure, pendant 10 minutes, et je te prendrai en photo. Nous ne nous rencontrerons pas, et c'est ça qui est chouette… en gros, quoi. Ces portraits étaient intrigants, les gens sont restés 10 minutes devant leur fenêtre, mais sans prendre la pose et sans voir l'objectif, sans savoir quand la photo serait prise. En résulte comme une tension dramatique dans l'expression de ces personnes, mises à nu de leur plein gré dans leur propre chez-eux, leur propre intimité, et comme victimes fatalement de ce voyeur anonyme.
De la nourriture pour notre petit monstre créatif, toujours affamé, ça fait toujours du bien!
La journée n'est pas terminée puisque nous passerons la soirée dans un célèbre club de Jazz de Los Angeles, le Harvelle's, où nous assistons au concert endiablé du Toledo Show, avec un chanteur proche de l'univers doux-dingue de Screamin' Jay Hawkins, avec un petit grain à la Tom Waits. Du bon son, très bon même! On en oublierait presque qu'à la fin d'une journée traditionnelle, en général, on va se coucher.
Jour 422 - Whittier campus
Lundi 25 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 424
Anaïs : Aujourd'hui a lieu la présentation de Geocyclab sur le campus de Whittier. C'est dans une ambiance décontractée que ça se passe, et nous sommes ravis de rencontrer le prof de français Andy qui parle un français époustouflant. Nous rencontrons également, un peu brièvement, un étudiant en philo qui étudie le nomadisme, et avec qui j'échange quelques minutes sur Deleuze. Nous nous reverrons avant de prendre la route car nous sentons que la discussion n'est pas terminée. Mais ça me permet de me replonger dans mes souvenirs et de raviver les écrits de Deleuze dans mon disque dur interne, notamment « mille plateaux », écrit en collaboration avec Félix Guattari, deuxième tome de l'ensemble « capitalisme et schizophrénie », le premier étant l'Anti-Œdipe. Je trouve un écho intéressant en vivant depuis quelques jours à Los Angeles, aux propos développés dans Mille plateaux. Deleuze explore les notions de collectivité sociale, et des changements sur l'individu que cela induit, notamment l'idée de défaire le visage pour devenir comme tout le monde.
»Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le monde. » (Mille plateaux)
Je trouve dans le voyage le souffle sacré pour saisir plus profondément la pensée de Deleuze et Guattari, et j'ai bien envie de trouver un exemplaire de mille plateaux pour le feuilleter sur ma route!
Nous finissons la journée chez David, le prof d'arts, et sa fille Élizabeth, qui nous accueillent comme des membres de la famille dans leur chaleureuse maison perchée sur une colline, offrant un spectacle époustouflant, sous nos pieds, le ciel et la mer se sont inversés. Un océan de lumière sert de socle à une nuit noire comme de l'encre. Nous reviendrons, oui, hein, dis, on reviendra, hein!
Fanch : C'est parti, on déménage. La disponibilité d'Eric nous permet de joindre le campus de Whittier en pickup. Ce n'est pas que j'affecte particulièrement ce genre de transport mais il est clair que d'une part, ce trajet nous fait gagner une journée et sans doute faut-il préciser qu'ici, les routes sont à l'échelle de la ville, énormes! De véritables autoroutes (freeway) à 10, 12, parfois 14 voix traversent L.A., ce petit coup de pouce nous permet donc d'éviter de prendre trop de risques inutiles.
Nous arrivons donc chez notre ami, le professeur Howard. Nous saluons Eric que nous retrouverons jeudi prochain à l'occasion de Tanksgiving, puis prenons place dans nos nouveaux appartements.
Nous ne tardons pas à faire route vers le campus de Whittier ou nous sommes attendu pour de présenter notre projet. L'ambiance est détendu, l'accueil dans la résidence « Garette House » se fait à coup de sourires, de café et de cookies. Rapidement nous faisons la rencontre d'Andrew, professeur de français, avec qui nous avions échangé quelques mails peu de temps auparavant. En plus d'être parfaitement bilingue, il maîtrise le sujet de l'Open Source puisque qu'il s’intéresse de très près à Arduino. Il sera bien plus qu'un interprète.
On compte une petit vingtaine de personnes dans le salon, parmi elles, des étudiants, enseignants mais aussi des amis venus par simple curiosité. Notre intervention se déroule sans accro, nous sommes de plus en plus à l'aise avec notre sujet (c'est une bonne chose) mais je tiens à précisé que la fluidité de notre discours découle de l'engagement du public et de la qualité des traductions d'Andrew. Ce fut donc un immense plaisir de partager ce moment dans de telles conditions.
Nous prenons une petite respiration de quelques minutes chez le professeur avant de gravir la colline voisine pour répondre à l'invitation de David, enseignant au département Art de l'université de Whittier. Isolée de folie humaine, sa demeure se situe sur les hauteurs de L.A. Nous arrivons de nuit et le spectacle qui s'offre à nous est tout simplement fantastique. Les étoiles couvrent le sol d'un tapis de lumières s'étendant au delà de l'horizon. Si la mégalopole ressemble de jour à un champs de bétons, de nuit elle se dévoile bien plus poétique, je dirais même scandaleusement poétique tant les dépenses d'énergie semblent ne pas poser questions.
Enfin bref, nous ne sommes pas ici pour compter les lucioles mais pour partager un dîner. David nous présente à sa fille Elisabeth et l'apéro est servi sur la terrasse, dans la fraîcheur du soir. L'ambiance est détendu « please, just relaxe » lance David. Le cadre est incroyable et nos hôtes d'une gentillesse sans limite. Je reste cependant frustré de ne pas parvenir à m'exprimer de façon convenable mais pas au point d'être désespéré. Nous parlons boulot, David et le professeur Howard semblent tout deux avoir particulièrement apprécié notre petite conférence et il est probable que ce court passage à Los Angeles soit suivit d'un second épisode. Je ne sais pas encore bien sur la forme que cela prendra mais étant donné l'enthousiasme que montre David à cet égard je me réjouis d'avance. Le repas se termine un étage plus haut, pour une session haïku méditation. Just relaxing.
Barth : Le réveil n'est pas très frais suite à la soirée d'hier et la matinée n'est pas de trop pour finir de boucler nos bagages et de tout charger dans le pick-up d'Eric. Nous sommes sensés faire la synchronisation du site aujourd'hui, mais la bousculade du déménagement compromet pas mal ce programme.. Une petite heure de route pour rejoindre la maison de Les de l'autre côté de Los Angeles et nous disons au-revoir à Eric que nous reverrons jeudi pour Thanksgiving. Nous avons un peu de temps avant la présentation, le temps de déjeuner avec Les, de rejoindre le campus et d'attendre un peu devant Garret's house, la maison de Jenny.
Un peu avant quatre heures, les invités commencent à arriver. Je règle tant bien que mal la vidéoprojection du checkpoint sous-titré par Anaïs et Fanch et nous sommes prêts ! Les nous présente rapidement et c'est ensuite Andrew, professeur de français sur le campus qui nous aide à traduire nos propos et les questions des spectateurs. La présentation dure une bonne heure, devant un auditoire d'une vingtaine de personnes très intéressées, et la conversation se poursuit un peu après en dégustant quelques cookies et une tasse de café.
Je suis un peu perturbé car je viens de me rendre compte que j'ai perdu mon iPod, donc mes derniers écrits, ce qui repousse encore un peu la synchronisation du site. J'envois un message à Eric pour m'assurer qu'il l'a bien retrouvé dans sa voiture comme je l'imagine et nous quittons le campus pour aller dîner chez David, le professeur d'Arts Plastique que nous avions rencontré lors de notre première visite ici…
David habite une immense maison perchée sur les hauteurs de Whittier, ancien bar clandestin caché dans la pampa pendant la prohibition. La petite route sinueuse que nous empruntons pour y aller nous laisse entrevoir le spectacle irréel des lumières de la ville à perte de vue. Nous sommes reçus comme des princes par David et sa fille Elisabeth. Apéro au vin rouge sur la terrasse en bois qui nous permet d'admirer le paysage nocturne, dîner au coin du feu, discussions sur l'art et tant d'autres choses, une soirée féerique qu'il nous est difficile d'interrompre. Le retour est un peu compliqué dans le dédale de petites routes qui relient les villas du quartier mais nous finissons par retrouver notre route et rentrer chez Les pour une nuit de sommeil bien méritée.
Jour 423 - Centre de Whittier
Mardi 26 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 425
Barth : Les nous a préparé un somptueux petit déjeuner à base de salade de fruit, de fromages et de café bien fort ! De quoi prendre des forces pour le programme de la journée. Nous avons rendez-vous avec Bryan, fondateur de The Build Shop, un maker space situé pas très loin d'Hollywood. Fanch doit y récupérer du matériel électronique que nous avons fait livrer ici et ce sera peut-être l'occasion d'un portrait. Le principal problème de Los Angeles, c'est l'immensité de la ville et le peu de transports en commun existants. Il nous faut donc deux heures pour arriver au Build shop et encore un peu plus pour revenir à notre point de départ. Nous récupérons sans problème le colis mais Bryan n'est pas très dispo pour une interview en bonne et due forme. The build Shop est un maker space qui semble fonctionner comme une petite entreprise, à la différence que les clients peuvent apprendre les processus de fabrication, particulièrement autour de l'impression 3D. Quelques photos et une rapide discussion et nous voilà repartis… Pour quelques heures de transport dans le sens inverse… J'adore ce genre de journée…
En rentrant, la nuit est tombée. Les nous propose d'assister à une conférence d'un musicien dans le campus, mais seul Fanch aura le courage de le suivre. Je reste avec Anaïs pour bosser un peu, écrire et dérusher les dernières images en particulier. Au retour de Fanch et Les, nous partageons un dîner simple entre hommes car Anaïs a succombé à un coup de barre. En quelques jours à peine, une forme de complicité est en train de se construire entre Les et nous, et malgré son grand âge et la barrière de la langue nos conversations sont de plus en plus intéressantes !
Anaïs : Nous nous réveillons ce matin pour la première fois chez Les, et le reste de la journée n'ayant pas été des plus palpitants, je vais profiter de cette journée un peu creuse pour parler de M. Le Professeur. Ah la la, le meilleur moyen d'évoquer un peu le personnage, je pense, est de parler de sa façon de faire à manger! Les et ses petits-dèj, c'est tout un poème!
La meilleure façon de parler de Les, c'est de décrire son rituel pour préparer le petit-déjeuner. C'est un moment sacré où chaque geste a son importance. Préparer avec autant de soin ce que l'on mange est très révélateur d'un certain art de vivre. Il aime la bonne bouffe, les bons vins et la bonne compagnie. Ces salades de fruits du matin sont incroyables. C'est une expérience à vivre et non à décrire. La table recouverte de plats ressemble à un tableau. Je prends des photos pour pouvoir le peindre à mon retour! Je commence à avoir une série de photos intéressantes des différentes bouffes de différents pays! Les est un esthète qui prend plaisir à partager sa passion de la bouffe. Son flegme presque britannique fait briller ses yeux d'une étincelle malicieuse, et lui permet d'avoir des réponses à toutes les questions.
Par exemple, quand Fanch lui demande pourquoi la « first Christian church » donc Première église chrétienne en bas de chez lui est la première, il répond « parce qu'il doit y en avoir une deuxième! » Élémentaire !
Grâce à lui nous nous défaisons petit à petit des clichés que nous avions sur la Californie avant d'arriver, et nous constatons que la culture californienne peut-être proche de notre culture du plaisir et de la bonne bouffe et ça c'est youpi!
Fanch : Nous sommes à l'Est et devons traverser la moitiés de la ville pour joindre The buildshop situé 40 bornes plus bas. 2 heures de transport en commun pour y aller, deux heures pour en revenir, tout cela pour seulement un petit quart d'heure de discutions. Alors que nous les avions contacté plusieurs mois à l'avance et projeté de construire quelque chose ensemble, le résultat de cette rencontre est mince et peu décevant. Brian, responsable de l'atelier paraît d'avantage préoccupé par ses commandes que par notre présence sur les lieux. Et pour cause, cet espace s'apparente d'avantage à une petite entreprise qu'à un local de travail collaboratif. Il nous reçois malgré tout très poliment et nous accorde une visite expresse de son atelier sur-équipé (imprimantes 3D, découpeuse laser, fraiseuse à commande numérique et autre machine un peu plus classique) .Le côté positif, c'est que nous repartons équipé d'un shield arduino pour solénoïde. Nous avions auparavant (avec l'accord de Brian) utilisé l'adresse de The Buildshop pour nous faire livrer le colis. C'est donc une bonne chose de faite, avec ce matériel à notre disposition, notre l'atelier va pouvoir se livrer à de nouvelles expériences.
La suite du programme se déroule dans l'auditorium du campus ou j'assiste en compagnie du professeur à une conférence de Nelson Gonzales. « Inside Latin Jazz ». Le sujet est centré sur l'utilisation de la « Tres » dans la musique cubaine. « Tres », c'est le nom que l'on donne un l'accordage particulier des cordes de la guitare du même nom. Le flow teinté d'un accent hispanique de Gonzales et les termes qu'il emploie, spécifiquement liés à la pratique instrumentale font que je comprends l'essentiel de son discours. Je sortirai de la salle avec quelques ritournelles afro-cubaines suspendues au bout de mes orteils. Et je ne me lasserai pas de découvrir les richesses rythmiques, parfois très complexe, de cette musique du soleil.
Jour 424 - Maison du professeur
Mercredi 27 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 426
Fanch : Tout en sachant qu'il prendra connaissance de cette article, je me permet tout même de parler un peu de notre hôte, que dans mes écrits, j'aime à surnommer « le professeur ». Les, ou encore Leslie Laurence Howard.
Dès notre première rencontre (aussi courte fût elle) à Tijuana, le professeur s'était montré curieux et intéressé à l'égard de notre aventure. Et je fut marqué tant il est rare de croiser une personne de cette expérience concerné à ce point par notre sujet de recherche. Sa réactivité quand il apprit notre passage à Los Angeles nous avait alors donné l'espoir de l'y croiser et d'approfondir d'avantage cette belle rencontre. Quelques jours plus tard, nous habitons chez lui.
Les Howard se définit lui même comme un grand flâneur. Mais cette flânerie n'est à mon sens qu'un prétexte apparent pour observer le monde avec des yeux d'enfant passionné et c'est sans doute ce qui fait tout le charme de personnage. Franchement, qui a-t-il de plus intéressant que la présence d'une personnalité exalté par la vie qui l'entoure? Notre promenade du jour, dans un supermarché chinois illustre parfaitement ce que j'essaie d'expliquer. Nous ne sommes pas ici pour le shopping, le professeur nous guide en ces lieux pour nous dévoiler un pan de ce qui fait la richesse culturelle de Los Angeles. Un super-marché, c'est bien le dernier lieu que j'aurais visité, mais en sa compagnie, c'est un peu différent. Malgré lui le professeur me pousse à faire abstraction de ce qui d'habitude m’insupporte et à appréhender cet endroit comme un véritable phénomène social… Et j'y prends goût! Aussi, je le regarde observer avec un œil aiguisé l'agitation ambiante, ce que j'admire le plus chez cet homme, c'est définitivement sa capacité à s’émerveiller du quotidien.
Je ne parlerai pas de sa salade de fruit, de son café serré et de l'importance qu'il porte au « breakfast », je préfère laisser ce plaisir à Anaïs (elle le fera probablement mieux que moi). Mais le professeur est un bon vivant, il aime la bonne bouffe, le bon vin, le chocolat quand il est bien noir. Je crois aussi qu'il affecte autant que moi les histoires, la bonne musique, les voyages et les chapeaux, mais probablement plus que tout, il aime les livre (sa maison est un bibliothèque) et est addicte au news paper.
Ce matin, alors que nous étions tous le nez sur les écrans, j'entends un « wonderfull ». Alors que nous levions tout les trois la tête pour en savoir un peu plus l'origine de son enthousiasme, il nous dit avec un grand sourire, « j'ai hacké mon téléphone pour économiser de la batterie et ça marche ! »
Enfin bref, inutile de préciser que cette rencontre est un privilège dont je me régale, sa compagnie est un honneur et tout cela sans compté son extrême générosité et son sens de l'humour incomparable. J'aurai l'occasion de te le redire Les, mais en attendant, thank you very much professeur, thank's for all!
Barth : Je n'ai pas assez dormi mais nous avons décidé de nous lever tôt pour anticiper la coupure de courant annoncée pour travaux pendant la matinée. Après un copieux petit déjeuner, Les nous emmène au « The Coffee Bean & Tea Leaves », un café où il a ses habitudes et nous pouvons travailler sur ordinateur sans problème. C'est l'occasion d'avancer dans la future mise à jour du site qui est toujours reportée tant que je n'ai pas remis la main sur mon iPod… Je surprends Les en pleine lecture de notre carnet de bord sur le site et il m'explique que malgré ses difficultés à s'exprimer oralement en français, il a toujours eu l'habitude de lire Le Monde sans aucune gène ! Nous voilà prévenus, pas intérêt à raconter n'importe quoi dans les jours qui viennent…
Vers midi, Phil nous rejoint au café pour nous montrer le vélo que sa fille veut vendre et qui pourrait peut-être faire l'affaire pour Anaïs. Tout compte fait il paraît un peu petit mais on se garde l'option sous le coude si on ne trouve pas mieux… Il est temps d'aller manger un morceau, direction le nouveau quartier asiatique à l'Est de Los Angeles pour une immersion dans un monde parallèle. Sandwich saïgonnais dans une baguette française, visite d'un supermarché chinois où nous faisons quelques emplettes pour le dîner du soir, il ne m'en faut pas plus pour accuser un méchant coup de barre et m'endormir avec la tombée de la nuit dans la voiture de Les. À mon réveil nous sommes arrivé à l'observatoire de Los Angeles, lieu très fréquenté par les famille en cette veille de Thanksgiving et où, à défaut d'admirer le ciel étoilé nous profitons du panorama sur DownTown et toute la mégalopole à perte de vue. Cela ressemble assez à notre point de vue de chez David lundi dernier mais nous sommes vraiment plus près de la ville ici, impressionnant !
De retour chez Les, après une petite heure de route, Fanch prépare un tajine que nous dégustons en discutant de tant de choses qu'il m'est impossible de tout résumer ici. Les est vraiment un sacré personnage, pas vraiment voyageur au sens nomade du terme, il a néanmoins vécu dans différents pays d'Afrique, d'Asie ou au Mexique, et sa curiosité n'a d'égal que sa patience et sa générosité. Nous ne sommes pourtant pas sur le point de partir mais je sens déjà que les aux-revoir vont être durs avec notre ami. Je ne peux m'empêcher de repenser à certains professeurs durant mes études, assez peu conformistes pour laisser la passion de leur métier sortir de la salle de cours à l'occasion de quelques dîners inoubliables…
Anaïs : Ce matin nous sortons en ville pour un petit-déjeuner studieux dans un café. Phil, un ami de Les nous rejoint pour m'apporter en vélo que son fils veut vendre mais qui est trop petit pour moi et en trop mauvais état, une fausse joie donc, mais je finirai bien par en trouver un ailleurs! Mais c'est quand même sympa d'avoir pensé à moi et d'avoir voulu participer! S'ensuit une nouvelle journée de visites à travers Los Angeles avec Monsieur le professeur pour guide. À 73 ans je me demande où il va chercher cette énergie et nous sommes sur les rotules en rentrant à la maison!
La soirée instaure un nouveau rituel à base de dégustation de Porto et de chocolat noir, nous discutons de Truffaut, Godard, Fellini et autres géants du cinéma, en compagnie d'un amateur averti. Je pense à la strada, à la Dolce Vita, à 8 et demi, à Amarcord, à tous les films de Fellini à la douce exubérance, je pense à la jeunesse en Inde de Les et tout cela se mélange pour créer un nouveau film.
Jour 425 - Culver City station
Jeudi 28 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 427
Anaïs : Vous connaissez « La grande bouffe » de Marco Ferreri ? La mort en moins, nous avons vécu sensiblement la même chose aujourd'hui. Thanksgiving dans une vraie famille américaine avec une chef cuisinière pour préparer le repas, c'est une expérience transcendantale. J'aime la bouffe mais trop de bouffe c'est presque trop intense. J'ai besoin d'une bonne nuit pour me remettre de mes émotions. Décidément je commence à penser que je quitterai les États-Unis avec 78 kilos de plus… et pas dans mes bagages. Ce soir, mon cerveau ressemble un plat de vieille gélatine, je crois. Ah oui et au fait, Happy Thanksgiving !
Barth : Le petit déjeuner un peu plus tardif que les autres jours a lieu dehors ce matin, à l'ombre du grand arbre dont les racines défoncent imperturbablement le sol pavé de la terrasse. Mais le temps de se préparer et il est déjà temps de décoller, nous sommes attendus à 15h chez Eric pour le repas de Thanksgiving !
Comme il n'y a pas beaucoup de bus en ce jour de fête, Les nous emmène jusqu'au métro. Une heure plus tard nous sommes réceptionnés par Eric au terminus de la ligne Expo qui nous conduit jusque chez lui. Nous retrouvons Nicole et rencontrons les deux fils d'Eric, Austin et Anthony. La maman d'Eric et celle de Nicole sont aussi présentes ainsi qu'une amie de Nicole. Nos deux amis n'ont pas fait les choses à moitié, la maison est méconnaissable, la chambre où nous avons dormi a été transformée en salon et les parfums qui émanent de la cuisine sont plus qu'alléchants ! Le top départ est donné par la maman de Nicole qui bénie en quelques simples mots la nourriture et le talent de sa fille, et nous attaquons. Impossible de venir à bout de la quantité hallucinante de plats et de viandes et il faut garder un peu de place pour le dessert ! Thanksgiving est vraiment une fête dédiée à la « bonne bouffe » et aux amis, merci encore Nicole et Eric pour nous en avoir fait profiter ainsi !
Après avoir fait nos adieux à Eric qui par le lendemain pour trois semaines de vacances en Israël et en Italie, et au-revoir à Nicole que nous recroiserons peut-être avant de quitter Los Angeles, nous prenons le chemin du retour et retrouvons Les au terminus du métro à l'heure précise du rendez-vous. De retour chez lui, nous nous laissons tenter par une dégustation de sa collection de digestifs dans le bu de trouver celui qui s'accorde le mieux au chocolat qui l'accompagne. Une nouvelle occasion de poursuivre nos conversations des autres jours jusqu'à ce que la fatigue nous gagne tous. Je prends juste le temps de terminer la synchronisation du site avec les textes de mon iPod retrouvé et au dodo !…
Fanch : Joyeux Tanksgiving! Et oui, le fameux Thanksgiving qu'on ne connaissais alors qu'à travers les séries et films hollywoodiens. Nous sommes conviés à participer aux festivités chez Eric et Nicole, un repas qui sera partagé en famille. Après une heure et demi de route nous voilà assis auprès de nos amis, le menu en main et les papilles curieuse découvrir de nouvelles sensations. Le petit plus, c'est que Nicole, la maîtresse de maison est cuisinière de son métier, nous sommes donc on ne peut mieux lotis. Après son court discours dont l'objectif était d'expliquer à l'audience les propriétés gustatives de chacuns des plats gourmets, l'heure est à la dégustation. Nous ne sommes que dix autours de la table mais nous pourrions être facilement 30 à se remplir la panse sans retenu. Tanksgiving, c'est pour la plupart des américains l'occasion de se retrouver entre ami/famille et de manger à outrance.
Mais à part la dinde et le plaisir de l'estomac, c'est quoi exactement cette fête? Pour en savoir plus, je suis allé voir de ce côté là. Pour ceux qui ne ce sentent pas le courage d'aller fouiller les antres de cette tradition, voici un extrait tiré de l'article de Wikipedia qui résume très rapidement les origines de cette fête nationale : (…)Depuis l’époque des Pères pèlerins évangéliques, l’Action de grâce (autrement nommée Thanksgiving) est pour les Américains, une manière de remercier Dieu de la qualité providentielle du Nouveau Monde et de la bonne entente avec les populations indigènes. Or, pour quelques groupes amérindiens, ce jour représente le point de départ de la destruction de leur continent et des guerres indiennes. En 1676, le gouverneur de Charlestown profita même de ce jour pour célébrer une victoire sur les Amérindiens. Depuis les années 1970, des manifestations sont organisées en mémoire des Amérindiens.(…)
À méditer donc…
Sur ce, c'est pour nous l'heure des adieux car nous ne reverrons certainement plus Eric et Nicole. Plutôt que de louer dieu pour ce repas exceptionnel, nous remercions nos hôte pour leur accueil fabuleux ainsi que pour cette semaine que nous aurons passé en immersion dans la maison de Venice et ne tardons pas à rejoindre la ligne de metro pour continuer la soirée chez le professeur Howard avec les traditionnelles expérimentations chocolat noir/vin rouge.
Jour 426 - LACMA Museum
Vendredi 29 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 428
Fanch : C'est à l'heure du breakfast que nous retrouvons David et Elisabeth chez Les. Pour le professeur, ce rituel semble coutume, le petit déjeuner reste d'ailleurs un moment privilégié, voir le repas le plus important de la journée.
Après avoir fait le plein de vitamines et de caféine nous sommes à point pour une journée culturelle. Au programme… On va bien voir (je n'a pas vraiment suivit tant il est bon de se laisser guidé), mais une visite du LACMA Museum (l'équivalent du centre George Pompidou) s'impose comme le principal objectif du jour.
Les ne sera pas parmi nous aujourd'hui mais nous le retrouverons un peu plus tard dans la soirée. En attendant, la compagnie d'Elisabeth et de David nous pousse à la flânerie. Comment ne pas se laisser porter par l'ambiance simple et détendu que nous imposent nos amis. Nous retrouvons avec plaisir le calme et la sérénité de leur demeure lors d'une collation improvisé avant de se mettre en route pour le LAMAC. La haut, isolé des tumultes urbain, le temps n'est plus le même, l'heure n'a pour moi plus de valeur et je me laisse porté au rythme de nos hôte. C'est bon.
Mais tout de même, j'ai parfois l'impression de ne pas optimiser le temps tel que je devrais le faire. Depuis le Mexique, Geocyclab a pris un rythme qui ne me convient plus. C'est peut être dû à la géographie des lieux, ponctuée de citées susceptibles de nous révéler quelques secrets intéressants, c'est peut être à cause de ces rencontres qui au fur et à mesure deviennent toujours plus intenses, c'est peu être aussi parce que notre réserve financière qui s’assèche trop vite et qui prend beaucoup de place dans mes pensée. Mais en réalité, je pense que suite à l'épisode de Mexico, nous avons perdu un peu de notre énergie, un peu de notre fougue et de notre volonté. Je ne sais pas comment résoudre ce problème, je ne sais même pas si c'est un problème d'ailleurs, mais il va falloir faire quelque chose et à commencer par reprendre la route.
Anaïs : Ce matin, Les, notre manager de choc nous a calé une fois de plus des rendez-vous pour notre journée. Tous les matins, nous nous réveillons et il a déjà passé 3 ou 4 coups de fil pour nous organiser des rencontres, fait couler le café, et préparer la salade de fruits.
D'ailleurs, même le café qu'il nous a offert le premier jour témoigne de la finesse et de la sensibilité du personnage. En effet, il avait une très bonne amie mariée à un brésilien, grande aventurière, ayant beaucoup voyagé, très intéressée par les milieux culturels et artistiques des endroits qu'elle traversait. Cette amie est décédée il y a peu de temps et la dernière fois que Les l'a vu, elle lui avait donné un paquet de très bon café du Brésil, et Les a tenu particulièrement à nous offrir le dernier café de ce paquet car il pensait que c'était une belle manière de rendre un dernier hommage à cette aventurière trop tôt disparue. Un très bon café!
Aujourd'hui donc, David, le prof d'arts et sa fille Élizabeth nous rejoignent pour le petit déjeuner et nous passons une longue et riche journée en leur compagnie, entre moment de détente à refaire le monde dans leur jolie maison et visite du Lacma, gros musée de Los Angeles. Encore une fois, nous ressentons ce sentiment puissant de se connaitre depuis toujours, et j'imagine pouvoir les accueillir un jour en Bretagne.
Au Lacma, je redécouvre avec plaisir certaines œuvres de Giacometti, exposées dans des conditions parfaites, révélant toute la puissance de ces silhouettes. Nous retrouvons notre chambrette bien tard. Encore une bien belle journée à L.A, (prononcer « elle ééé »!) où décidément il fait bon vivre sous le soleil californien.
Barth : Ce matin nous recevons David et Elizabeth pour le petit déjeuner. Les et Fanch sont allés faire des courses de bonne heure et le menu du jour s'annonce encore plus copieux que les précédents ! Le soleil n'est pas au rendez-vous ce matin, la pluie l'a remplacé, nous restons donc au sec pour ce petit déjeuner gargantuesque.
Vers midi, Les nous abandonne pour passer la journée avec un vieil ami, et nous organisons la notre en compagnie de David et Elizabeth. Pour commencer, un petit tour au collège, dans l'ancien terrain de basket converti en atelier artistique afin d'y récupérer Louise, le labrador de David. C'est l'occasion de pousser un peu plus la visite et d'avoir un aperçu du travail de David et de Jenny qui occupe l'atelier voisin. David réalise de grands tableaux à base d'emballages industriels compressés et assemblés en mosaïque. Il travail également sur un projet de carreaux de terre cuite qu'il cherche à fissurer à la cuisson pour reproduire des figures de dessiccation qu'on peut rencontrer dans la nature en cas de sécheresse…
Un passage par sa maison pour y déposer Louise sera l'occasion d'une petite collation, avant de prendre la route du centre de Los Angeles pour visiter le musée LACMA. Sur la route nous faisons halte dans une petite boutique de brocante où nous repérons un autre potentiel vélo pour Anaïs. La visite du musée est un peu précipitée mais nous avons tout de même le temps d'apercevoir les collections d’œuvres européennes avec pour ma part un coup de cœur pour une série de bronzes de Giaccometti particulièrement bien exposée. La nuit est tombée depuis longtemps, je lutte un peu contre la fatigue, et après une pause ravitaillement dans un supermarché chinois, nous rentrons dîner au coin du feu chez David.
Jour 427 - Penn street
Samedi 30 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 429
Barth : La journée commence par une grasse matinée suivie d'un petit déjeuner au soleil. Pas de programme aujourd'hui, nous allons prendre le temps de travailler un peu, derusher les dernières images, écrire, contacter nos interlocuteurs à San Francisco… Un coup de fil de David nous annonce la trouvaille d'un vélo pour Anaïs. Il s'agit d'un VTT appartenant au fils de David et qu'il veut bien nous prêter le temps de notre route jusque San Francisco. Une révision de base sera nécessaire et il faudrait aussi trouver des sacoches, mais la grosse part du problème semble réglée !
Tout ceci nous a ouvert l’appétit et le gaspacho que Les prépare en guise de lunch à la tombée du jour tombe à point.. S'en suit une promenade digestive dans les rues de Whittier où les chants et courses de Noël ont commencé deux jours à peine après Thanksgiving. En temps normal ce genre de spectacle ne m'enchante guère, mais en compagnie de Les, le regard sociologique qu'il nous propose rend la chose presque passionnante. De retour chez lui, Fanch se colle aux fourneaux et nous dînons peu de temps après en compagnie d'un autre David, ami et voisin de longue date de Les.. Le dîner se termine par la désormais traditionnelle dégustation de chocolat et de vin rouge, avec ce soir une mention spéciale pour le chocolat au piment marié à une goutte de Porto !
Fanch : Il y à deux jour, nous assistions à notre premier Tanksgiving. Et nous avons peine à reprendre notre souffle car aujourd'hui c'est déjà noël. Enfin presque. Nous somme dans le centre ville de Whittier, près du fast-food le plus populaire du coin, décoré aux couleur de noël et au pied duquel la fanfare du collège entonne dans une bonne humeur assumée, les grands classiques de noël. Un large public assiste à ce rendez vous, il est explicitement réjouit et fredonne en cœur « Douce nuit » et « Jingle bells ». Je me demande encore pourquoi ce rassemblement a-t-il lieu un mois avant les festivités mais je comprendrai plus tard que tout ce beau monde est venu pour voir Mario connecter les guirlandes du sapin au courant secteur. Le top départ est lancé (applaudissement), et les portes du calendrier de l'Avant vont enfin pouvoir s'ouvrir. On fait durer le plaisir quoi!
Le décor est donc planté, le sapin majestueux (faut il le préciser?) trône aux côtés de la crèche et des bonhommes de neige en polystyrène. C'est donc là que nous découvrons notre premier aperçu des traditions de noël et une fois de plus, j'ai l'impression d'évoluer dans un film Hollywoodien. Les bonnets rouges soulignés d'une large bande de moumoute blanche sont de rigueurs en cette saison, le père noël n'est pas loin, on entend d'ailleurs les grelots de son traîneau s'agiter au dessus de nos tête, sous fond d'odeurs de fritures. C'est ça, la magie de noël version californienne.
Anaïs : Malgré un réveil un peu tardif, nous entamons une journée assez studieuse pour rattraper un peu le retard accumulé ces derniers jours, occupés que nous étions à nous laisser envahir par l'art de vivre californien. Je suis donc en pleine séance d'écriture quand Les vient me prévenir que David vient d'appeler pour nous proposer de passer à son atelier sur le campus pour me montrer un vélo que je pourrai utiliser jusqu'à Sans Francisco si il me convient.
J'abandonne donc les garçons à leur travail pour une virée avec Les sur le campus. Le vélo est parfait, et David me le laisse pour toute la durée du voyage, et je lui ramènerai en janvier quand je viendrai prendre mon avion pour rentrer. Ce qui me donnera l'occasion de les croiser avant de repartir, et ça c'est chouette! Donc merci David encore une fois pour ce coup de main très bienvenu!
C'est donc sur ma nouvelle monture que je rentre fièrement chez Les! Le temps de présenter la bête à mes compagnons de route et de se remettre un peu au boulot, et nous sortons à nouveau pour aller assister aux débuts des festivités de Noël, dans les rues de Whittier, entre chorale de chants de Noël, stands de sucreries, et spectacles d'enfants trop choupinous qui se trémoussent devant des parents émerveillés. La magie de Noël, quoi!
Une petite fille de 5 ans environ me donne envie d'apprendre le flamenco! Une petite lutine haute comme 3 pommes qui danse déjà comme une petite diablesse hispanique.
Nous rentrons pour dîner avec un autre David, le voisin de Les cette fois, et finissons la soirée par notre petit rituel chocolaté, amélioré ce soir par le chocolat noir au piment de David. Ah la la, c'est pas facile la vie d'aventuriers!
Jour 428 - Coffe Bean, Whittier
Dimanche 1 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 430
Anaïs : Il était tout simplement hors de question pour Les que je quitte Los Angeles sans avoir vu Venice Beach, quintessence du cliché californien! Les garçons ont eu le privilège de longer cette plage en arrivant chez Eric en vélo mais je n'avais pas eu cette chance! Nous partons donc en virée à la plage tous ensemble pour une exploration en profondeur de ces images de carte postale que sont les plages californiennes. C'est comme Montmartre, mais avec du soleil, l'océan, des filles en bikini, des Jimi Hendrix en roller, et des boby builders qui soulèvent de la fonte entre deux skateurs… Mais sinon, exactement pareil!
Enfin, il faudrait imaginer Montmartre si Jean-Claude Van Damme était président de la république… Parce que quand même ils ont réussi à élire Arnold Schwarzenegger comme gouverneur de Californie.. Bon c'est plus lui maintenant, mais quand même… Arnold Schwarzenegger quoi… Le mec avec un œil rouge qui disait « I'll be back ! »… Je ne pense pas que Les et ses esthètes d'amis aient voté pour lui!
Bref, une excursion à Venice Beach avec un sociologue, c'est comme être borgne au royaume des aveugles! Les a toujours une histoire, une anecdote, un éclaircissement à nous apporter sur ce que nous ne comprenons pas de premier abord. Il rend passionnant ce qui pourrait nous apparaitre comme seulement un désir pathologique de prôner le culte de l'apparence. Ici, avec le bon guide, tout est curieux et insolite!
Le soir, nous avons le plaisir de retrouver Andy pour un verre en ville, le prof de français fondu d'Open source et qui a grandement contribué à la mise en place de la présentation de Geocyclab de lundi. Un chouette bonhomme, que je suis contente d'avoir pu croiser un peu plus longtemps qu'à la présentation.
Fanch : Contrairement à Barth et Anaïs, je redécouvre Venice Beach. Ma première rencontre avec cet endroit particulier fut plutôt du genre morose, le temps était gris ce qui ce jour là avait eu une incidence sur mon état d'esprit et certainement sur l'ambiance générale des lieux. Mon regard était donc limité par un paire d'œillères invisibles mais il semble qu'aujourd'hui ce ne soit plus le cas. Il fait beau ce dimanche, le soleil illumine les plages de Los Angeles. C'est un temps idéal pour les badauds et ils viennent en masse se détendre à Venice Beach, c'est ce qui fait la joie du professeur Howard.
Vous voici donc dans un monde parallèle. Bienvenue sur une autre planète, ici les genres se mélangent, vous y croiserez plusieurs de vos congénères extra-terrestres. Venice est le point de rendez-vous de la première génération de hippies et de toutes celles qui suivent, les « homeless » répondent aussi à l'appel et côtoient les bikers qui exposent fièrement leurs biceps tatoués et leurs grosses machines, le skatepark est toujours là, encore plus animé que lors de ma dernière visite. Quelques marginaux se dandinent en déguisements délirants espérant ainsi gagner quelques dollars pour le repas du soir. Les « docteurs green » sont toujours à votre disposition pour une éventuelle consultation. Ici vous pourrez croiser de véritables artistes, peintres, sculpteurs, musiciens et hommes orchestre, jongleurs, DJs, savant fou et fou tout court, un chien en slip rouge qui fait mine d'être empaillé, la réincarnation d'Hendrix et bien d'autres phénomènes improbables. Le monde de Venice Beach est d'autant plus étrange qu'un dialogue s'agence avec une Amérique plus conservatrice. Je ne sais pas vraiment comment décrire cette atmosphère si particulière, à la fois actuelle et pleine de nostalgie, triste mais libre, réelle mais aussi et hélas très superficielle.
La frustration de ne pas avoir le temps d'explorer d'avantage tout cela est elle aussi bien présente, mais la vengeance est un plat qui se mange froid… Je reviendrai, là aussi!
Barth : Après un petit déjeuner au « Coffee Bean & Tea Leaves » où Les nous sert tout de même son incontournable salade de fruits, il nous entraîne à l'autre bout de la ville, sur la côte ouest, pour une visite dominicale de Venice Beach.
Venice est un vieux quartier de Los Angeles, qui est devenu depuis les années soixante un lieu emblématique de la contre-culture, du melting-pot américain, du fun et de la liberté. Le dimanche après-midi est le moment idéal pour assister à ce spectacle sous sa forme la plus concentrée. Skate, musculation, sports en tous genres, mais aussi art, street art, musique, danse… Ce ne sont pas les activités qui manquent ici. Le soleil, le sable, le surf et les terrasses de café ne sont pas non plus en défaut… Je crois que c'est l'authenticité qui est en voie de disparition ici. L'esprit de liberté qui fait la réputation de Venice Beach est encore visible de par la mixité des classes sociales et ethniques ainsi que par l'absence visible des force de l'ordres, mais le nombre de caméras de surveillances et de règlements récemment affichés un peu partout font vite comprendre que la liberté est désormais sous contrôle ici. Ça sent le parc d'attraction malgré l'entrée libre, avec pour thème la nostalgie des sixties, seventies et eighties… Je reste songeur devant un chien habillé d'un slip de bain débordant de dollars qui tient la pose juste en face d'une des nombreuses officines de Green doctors qui vous délivre une dose de marijuana sur présentation d'une carte d'abonnement délivrée par n'importe quel médecin. Comme dirait Les : « it's both nice and sad… » Mais c'était intéressant d'avoir un aperçu de ce qu'est devenu le Californian Dream en 2013 !
De retour à Whittier, nous abandonnons Les une heure pour aller boire un verre avec Andrew, le collègue de Les, professeur de français, qui nous avait aidé lors de notre présentation sur le campus. Nous n'avions pas beaucoup eu le temps de nous parler la fois précédente et c'est avec plaisir que nous partageons une délicieuse bière dans un des bars du centre de Whittier. En plus de son amour de la culture française, Andrew est amateur de bidouilles technologiques et d'informatique, ce qui aiguise vite notre curiosité. Nous n'aurons pas le temps d'aller visiter son système de porte à chats automatique qu'il a mis en place avec Arduino et des puces RFID, ni de voir en détail le système Open-Source de gestion de vie scolaire qu'il a installé sur le campus il y a déjà quelques années, mais nous échangeons quelques idées, et gardons le contact pour plus tard of course ! La soirée se termine par un dîner chez Les, toujours avec Andrew qui confirme nos dernières avancées sur le dossier de recherches « wine and chocolate » !
Jour 429 - Parking du super marché
Lundi 2 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 431
Barth : Les nous abandonne pour aller travailler après un petit déjeuner toujours aussi wonderfull ! De notre côté il faut aussi qu'on se remette au boulot. Notre séjour à Los Angeles touche à sa fin et en plus de la mise à jour du site il nous faut annoncer notre arrivée à San Francisco à la fin du mois afin de tirer le meilleur de nos nombreux contacts là-bas. Notre séjour ici aura été l'occasion de s'acclimater un peu à la culture californienne mais notre dépendance aux voitures et vis à vis de nos hôtes, ajouté au fait que nous sommes tombés en pleine période de Thanksgiving, tout ceci ne nous a pas permis de réellement enquêter sur le libre dans cette ville qui doit pourtant regorger de bidouilleurs. Mais c'est ainsi, la route nous appelle et avec elle plein de rencontres à venir qui affineront notre point de vue et nos recherches…!
En milieu d'après-midi nous sortons avaler quelques tacos de poisson en guise de lunch avant de faire des courses pour le dîner du soir. La sortie du supermarché est animée par un coucher de soleil assez impressionnant que tous les clients immortalisent cadi dans une main et smartphone dans l'autre. Armé de mon reflex, je passe presque pour un professionnel…
De retour chez Les, nous avons la visite de Chris, un étudiant en philosophie que nous avions rapidement rencontré lors de notre présentation sur le campus. Le courant passe super bien avec lui et nous passons la soirée à discuter, à échanger des référence littéraires, musicales et artistiques, ou encore des contacts sur San Francisco qui pourraient nous aider. Les lasagnes que Fanch a préparé font l'unanimité et le dessert est suivi d'une coupe de champagne offerte par Mathieu, un voisin français de Les venu nous rendre visite avec sa femme. Le petit dîner simple tourne donc au festin et les discussions nous font nous coucher tard dans la nuit..! Une chose me réjouit, Les et Chris qui ne semblaient pas vraiment se connaître avant ce soir, se sont apparement découvert quelques atomes crochus et n'en resteront sûrement pas là !
Anaïs : Ce matin, l'idée que l'on soit en décembre me frappe de plein fouet et me parait ridicule tant j'associe décembre depuis toujours à la nuit, au froid, au « glagla y'en a marre ça caille », voire même à la neige pour mes plus jeunes années, durant ma glorieuse époque appelée « époque Heidi ». Ce matin, sur la terrasse de Les, je me fais dorer les orteils sous les rayons déjà chauds du soleil, et les yeux fermés pour sentir la tiédeur sur mes joues, je pense en souriant béatement « on est le 2 décembre… »
Encore une journée douce au rythme nonchalant, on essaie de bosser mais on ne peut pas résister à l'envie de se faire promener par notre guide californien préféré! On part donc en ballade pour avaler un tacos, faire quelques courses et après un coucher de soleil exceptionnellement coloré, nous préparons le repas du soir. Chris, l'étudiant adepte de Deleuze nous rejoint et ma première impression ne me trompait pas: celui-ci est déjà notre copain! On passe une soirée à découvrir tous nos centres d'intérêts communs, au point d'en rire parfois tellement certains points de nos vies sont semblables. Nous essayons de prolonger la soirée le plus tard possible et l'arrivée du voisin Mathieu, de sa femme et de sa bouteille de champagne nous aide un peu, mais nous finissons par nous dire au-revoir avec ce frustrant sentiment de trop peu! Nous resterons en contact, of course! Nous pourrions vraiment rester ici des mois, David nous avait proposé de rester trois ans dans sa maison plutôt qu'autour du monde, les garçons feront ce qu'ils veulent mais je commence à reconsidérer la réponse à donner!
Fanch : Le temps passe, inlassablement, en revanche le travail n'avance pas à la vitesse espérée et déjà c'est l'heure de préparer le dîné de ce soir (ce qui inclue bien sûr qu'il faut faire quelques emplettes). J'ai trop souvent tendance à sur estimer le nombre d'heure qui compose une journée, le couché de soleil sera observé depuis le parking du super marché.
Puis tout s'enchaîne. À peine rentrés, Chris débarque alors que je me met aux fourneaux. Chris est en fin de master, nous l'avions rencontré lors de notre petite présentation sur le campus de Whittier. Il avais dès lors exprimé son désir d'approfondir cette furtive rencontre et c'est avec le professeur comme complice que nous avons arrangé le coup pour organiser cette nouvelle entrevue. C'est avec plaisir que nous discutons et échangeons nos contacts, anecdote, projets et… Merde, le four du professeur, inutilisé depuis fort longtemps de daigne pas fonctionner! Pour les lasagnes, ça le fait pas… Voilà comment je me retrouve à squatter la cuisine des voisins. Il se trouve d'ailleurs que Mathieu (le voisin donc) est français, nous en profitons donc pour bavarder un peu. Il ne tarde pas à lancer « j'ai mis du champ' au frigo pour fêter votre passage à L.A. » Je comprends alors que ce n'est pas ce soir que j'arriverai à terminer ma part du boulot.
Nous nous retrouvons tous (le professeur, Chris, Mathieu et sa femme, mes deux compères et moi même) autour de la petite table ronde du salon, une coupe de champagne dans une main un carreau de chocolat au gingembre dans l'autre, et la tête qui commence à tourner. Ça ce passe comme ça chez Les Howard, n'importe quel prétexte est bon pour passer une agréable soirée en bonne compagnie.
Jour 430 - Vista Street, Witthier
Mardi 3 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 432
Fanch : Le départ est normalement pour demain mais il reste encore pas mal de boulot à abattre avant la fin d'après midi. La classique synchronisation du site doit normalement être effectué ce soir, une mise à jour de mes notes s'impose donc. Il est déjà 16h30 et c'est l'heure d'éteindre les écrans car ce soir nous sommes conviés au concert de John Adams au Disney Hall. Le Disney Hall ne se situe pas à Disney-World comme son nom le suggère mais au cœur de Downtown, c'est une salle de concert datant du début des année 2000 dont l'architecture extérieure se trouve dans la lignée du célèbre Guggenheim de Bilbao. Quant à l'intérieur du bâtiment, les volutes chaude du bois répondent aux courbes métalliques de la façade, la salle principale est assez extraordinaire, de par sa taille, son agencement et son acoustique irréprochable.
Je disais un peu plus haut, « nous sommes conviés au concert de John Adams ». Ce n'est pas exactement le cas. Le concert de ce soir comporte quatre pièces écrites par 4 jeunes compositeurs Américains, 4 pièces pour orchestre qui sont en réalité dirigé par John Adams. Bon, comment dire… Je reconnais la recherche, le talent des compositeurs, la virtuosité des musiciens et du chef d'orchestre mais je n'accroche pas. On retombe trop vite à mon gout dans une musique contemporaine ou la surprise n’atteint pas le cœur du spectateur. La forme est plutôt standard puisque joué par des musiciens et instruments classiques. Rien ne me surprends et serai assez radical en disant cela, mais la performance se situe d'avantage au niveau de l'écriture qu'au niveau musicale. Pour chacune des interprétations, à peine ai-je le temps de rentrer dedans, que c'est déjà terminé, on est plus dans démonstration quand mode des Ragga hindou…
Barth : Nous émergeons plutôt tard après la grosse soirée de la veille, mais le désormais traditionnel petit déjeuner nous remet un peu d’aplomb pour attaquer la journée. Au programme, boulot, préparation du départ de demain et tout ça avant 16h30, heure à laquelle David, le vieux copain de Les, arrivera pour une soirée concert.
Le concert que nous allons voir a lieu dans le « Walt Disney Hall » en plein cœur de Downtown. Il faut une grosse demie-heure de route pour s'y rendre mais nous sommes en avance pour avoir le temps d'avaler un hot-dog et une bière dans le quartier « Art district ». Nous assistons ensuite à un entretien avec les compositeurs dans le hall de la salle de spectacle avant de prendre place pour assister aux pièces à proprement parler. Il s'agit de musique contemporaine, quatre différentes pièces par quatre jeunes compositeurs rassemblés pour l'occasion par John Adam, célèbre compositeur de la génération précédente. Je ne suis pas vraiment absorbé par la représentation, mais le décor de la salle et du public rassemblé ce soir me suffit presque comme spectacle. Une expérience intéressante donc, qui change radicalement de notre quotidien de baroudeurs, et la compagnie de Les et David qui sont comme deux vieux gamins ensemble, est un vrai plaisir. Sur le retour, avant d'honorer le rituel du « Wine and chocolate », ils nous font déguster une glace maison dans une vieille boutique de Whittier tenue par une mexicaine vraiment sympathique !
Avant de dormir, je passe quelques heures à terminer la synchronisation du site, dans la plus grande tradition de Geocyclab consistant à se reposer la veille des grands départs en faisant tout au dernier moment…! Je profite d'ailleurs de cette occasion pour une petite remarque au sujet des photos qui illustrent nos écrits : depuis qu'Anaïs est arrivée, nous publions à la fois ses images et les miennes sans vraiment avoir le temps de les différencier… Donc en cas de réclamations ou de compliments, je ne serais pas forcément le seul à pouvoir vous remercier ;)
Anaïs : Pour notre dernière soirée avec Les, nous sommes de sortie à la ville, direction le Disney hall, pour un concert de musique expérimentale de 4 jeunes compositeurs de nos âges. Le Disney hall,comme son nom l'indique a été financé par Mr et Mrs Disney. La pièce de la seule femme compositrice de la soirée rentre bien dans le thème Disney, puisqu'elle a mis en musique un poème qu'elle a écrit, dont le personnage principal est l'amour… So romantic… (Et so fleur bleue…) sa voix est jolie mais ça dégouline un peu trop de bons sentiments à mon goût… Mais disons que ça fait bien dans le décor. La dernière pièce du jeune Mc Intosh est nettement plus intéressante. Notre dernière soirée ne coupera pas à la désormais traditionnelle dégustation de vin-chocolat.
Jour 431 - Devant la maison d'Eric
Mercredi 4 décembre 2013 - 25 kms - Post n° 433
Anaïs : Notre dernière journée avec Les fait planer l'ombre d'un au-revoir qui pique un peu les yeux. Alors pour ne pas y penser, les garçons réalisent un portrait de notre cher professeur avant de partir et je fais quelques plans de coupe en attendant, des petits plans filmés de sa maison.
Mais on ne peut plus reculer davantage la mise en route et c'est avec émotion que les embrassades de départ arrivent. J'espère pouvoir le croiser quand je viendrai prendre mon avion pour rentrer, peut-être avec les garçons selon le programme à San Francisco.
Nous faisons halte chez Eric et Nicole pour la nuit, pour pouvoir être à la sortie de la ville (enfin façon de parler dans une ville qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres) demain matin. Eric est parti en voyage et Nicole nous laisse la maison pour la nuit, ce que je prend pour une belle marque de confiance. Elle me propose de me réceptionner pour mon retour à L.A dans un mois, et ça c'est rassurant! Je serai entre de bonnes mains pour mon retour ici.
Je rôde ma nouvelle monture avec la vingtaine de kilomètres qui nous emmène à Venice Beach, chez nos amis, et ce n'est pas de trop pour me sentir à peu près à l'aise avec un baudet chargé d'une vingtaine de kilos de bagages!
Barth : Le début de journée est consacré à la préparation de nos bagages et au rangement de la chambre que Les nous avait prêté. L'ambiance est flottante entre la fatigue, la frustration de ne pas avoir eu le temps de remercier en bonne et due forme notre wonderfull professeur, et tout de même l'envie de reprendre la route et la liberté que nous avons perdu en laissant moisir les vélos… Vers midi, j'accompagne Anaïs et Les pour aller acheter en urgence une paire de sacoches pour sa monture. Le gros sac de voyage ne passera pas sur le petit porte-bagage, c'est certain. L'opération prend un peu de temps mais nous finissons par trouver notre bonheur et pour fêter ça nous emportons quelques tacos de poissons en promotion le mercredi pour un dernier repas en compagnie de Les.
Quinze heures, le repas est avalé, le café coule, c'est le moment où jamais pour enfin tourner un portrait vidéo afin de garder une trace de la libre pensée du spécialiste es flânerie qu'est Les. C'est dans la boîte, nous pouvons enfin songer à décoller! Il nous reste une bonne heure de soleil mais il fait déjà froid quand nous faisons nos adieux à Les, où plutôt au-revoir car nous nous reverrons c'est certain et peut-être pas dans si longtemps…
Une quinzaine de kilomètre pour rejoindre le métro, c'est vite avalé. Par contre pas de chance notre métro a quelques ennuis techniques et nous ne pourrons pas atteindre le premier changement. La décision est vite prise de filer directement en vélo jusqu'au changement suivant, à une petite dizaine de kilomètres, ce qui m'interroge tout de même sur la perspicacité de notre choix avant le départ. Prendre le métro avec trois vélo chargés comme des mules à l'heure de pointe, ça peut valoir le coup pour une grosse distance, mais pour dix kilomètres, je ne suis pas sûr… Bref, nous glissons vers DownTown dans la nuit illuminée et trouvons sans peine notre dernière ligne de métro qui nous emmène jusque Culver City, pour aller passer la nuit chez Eric et Nicole, sans Eric qui est toujours en voyage en Israël. Ainsi nous serons près de la côte demain pour enfin prendre la route du Nord… C'est pas de la tarte de sortir d'une des villes les plus étendues du monde !
Un peu après 20h, nous arrivons congelés à destination. Nicole est là, fatiguée par sa journée de travail. Nous discutons rapidement avant qu'elle ne nous laisse les clés de la maison pour aller passer la nuit chez sa maman. Une pizza, une tisane, et au lit !
Fanch : La journée commence avec le désormais traditionnel breakfast que nous prépare chaque matin depuis notre arrivé le professeur Howard. Sans traîner, Les, Barth et Anaïs partent en routes pour dégoter une paire de sacoche pour la dernière arrivante (oui, je parle bien d'Anaïs). Ils reviendront une bonne heure plus tard, la pêche fût bonne avec en prime quelques tacos de poissons pour le déjeuner. Ça c'est fait. L'heure du café rime avec celle de interview de notre cher ami le professeur Leslie Howard. Simple, rapide et efficace, vous le retrouverez bientôt je l'espère, dans la rubrique des objets libres.
Les sacoches sont arrachées, tout est prêt… L'unique souci c'est qu'il nous faut à présent partir et que personne ne semble en avoir envie. Encore des adieux qui ne sont pas simples. Alors, comme pour faire passer la pilule, mais aussi parce que je le crois sincèrement, je ne dis pas adieu, juste « à bientôt professeur ». Je pense sincèrement que c'est mieux ainsi. Merci pour tout Les, pour ton accueil, pour ta salade de fruits, tes petits fromages et ton chocolat noir arrosé de vins californiens, merci pour tout ces petits plaisirs gustatifs, pour ces conversations, pour ces promenades et bien plus encore…
Allez hop, c'est parti avec pour objectif la maison d'Éric et de Nicole. Et oui, on y revient pour une petite nuit « stratégique », point duquel nous prendrons un vrai départ demain matin. Nous nous y rendons d'ailleurs en métro, avec les vélo, si si, c'est possible! Enfin, en partie seulement, une bonne portion du trajet sera finalement avalée à coup de pédale, disons tout de même que ce dernier tour sur les rails de Los Angeles nous facilite allègrement la tâche (les freeways en vélo c'est toujours pas notre délire).
Éric est toujours à Tel-Aviv et c'est Nicole qui nous reçoit, au chaud. Elle ne tarde pas à nous faire comprendre qu'elle ne sera pas parmi nous ce soir. Nous avons les clefs et la responsabilité de la maison… Une maison pour nous tout seul? Que demander de plus?
Jour 432 - Magasin de vélo, Santa Monica
Jeudi 5 décembre 2013 - 35 kms - Post n° 434
Fanch : Et voilà, enfin! L'heure du départ à sonné. Enfin presque car il nous reste à dévoilé la roue du vélo d'Anaïs, nous passerons chez un réparateur sur la route et l'affaire sera vite pliée. Que disais-je? Ah oui, nous sommes donc enfin sur la route, près à avaler les 850 kilomètres qui nous séparent de San Francisco. Je garde mon enthousiasme pour un peu plus tard, ou en tout cas, je tente de le préserver puisque nous avons encore près de 140 kilomètres de ville avant de nous retrouver face à face avec mère nature. L'objectif du jour est de rejoindre Malibu et d'y prendre l'apéro avec Pamela Anderson sur la terrasse d'une cabine de sauveteur. Bon, après plusieurs secondes d'attente, Pamela n'est pas venu mais il a une bonne nouvelle! Concernant notre couchage, nous appréhension cette zone encore largement urbanisée. Mais à force de chercher, nous dégotons près d'un terrain de base-ball avec vu sur mer, juste derrière la cabane des jardiniers, quelques mètres carrés pour y planter nos tentes. Impeccable. Il est 20 heure quand je fini d'écrire, une bonne nuit s'annonce.
Anaïs : Ça y'est, nous sommes officiellement des artistes nomades on the route encore ! Nous avalons une petite trentaine de kilomètres, histoire de nous mettre en jambe gentiment, et nous longeons la côte pour admirer les paysages de carte postale qui font la renommée de la Californie. Nous plantons nos tentes à Malibu, et réalisons qu'ici, tout n'est que propriété privée et qu'on va peut-être devoir faire un peu les filous pour dormir sans être dérangés. Le revers de la carte postale!
Barth : Soleil radieux en ce début de journée, mais réveil difficile après la fatigue de la veille… Après avoir avalé un petit dej et refait nos sacoches, nous prenons la direction d'un magasin de vélo pour faire dévoiler la roue arrière d'Anaïs et régler son dérailleur. Nous tombons sur une bonne adresse, le réparateur nous dit qu'il en a pour une demie-heure ! Le temps de faire quelques courses, et pour ma part de bricoler mon rétroviseur gauche qui me manque beaucoup depuis notre arrivée aux States.
Et c'est parti ! Nous enchaînons une bonne trentaine de kilomètres sous un soleil qui ne chauffe pas à cause du vent glacial. Ce n'est pas la grosse ambiance, entre fatigue et flemme de traverser les 150 kms de zone urbaine ultra friquée, mais ça ira mieux dans la nature d'ici quelques jours ! Nous trouvons un coin pour planter la tente au fond d'un grand parc, cachés derrière un local technique d'où nous avons une vue imprenable sur la mer et sur Los Angeles dont les lumières s'allument en même temps que tombe la nuit. Fanch est allé faire quelques courses pour que nous puissions manger, car nous sommes partis sans alcool pour le réchaud, nous ne pouvons pas faire de feu discrètement ici et nous n'avons que des nouilles chinoises à manger… Dîner froid donc, en admirant la sinusoïde étoilée qui frôle l'horizon au niveau de l'aéroport, dessinée par la dizaine d'avions qui atterrissent et décollent sans discontinuité. Je n'ai pas vu de baleine aujourd'hui, mais j'ai pris conscience que dans les semaines à venir mon regard va continuer de chercher à la surface du pacifique, la queue d'un rorqual, la nageoire dorsale d'un dauphin ou les moustaches d'un phoque…
Jour 433 - Malibu
Vendredi 6 décembre 2013 - 60 kms - Post n° 435
Barth : Le froid nous a empêché de bien dormir et le réveil est un peu dur. Des ouvriers mexicains nous font comprendre que nous les genons pour qu'ils puissent déplacer leurs engins, nous ne traînons donc pas à lever le camp. Pause dans une station service pour un petit déjeuner et un café chaud qui fait du bien après tout ce froid et nous enchaînons la route entre montagne et océan. Partout de splendides propriétés se laissent entrevoir, accumulées le long de l’océan dans des quartiers privés ou perchées dans les hauteurs… Nous faisons halte sur une petite plage plantée de sycomores au pied d'un des nombreux canyons qui débouchent sur la mer, histoire de manger un morceau avant d'avaler les derniers kilomètres de la journée. C'est le début d'un paysage enfin naturel, sans construction, mais de courte durée car nous débouchons ensuite sur une immense plaine et la route nous éloigne d'un coup de la côte. Après avoir longé une immense base militaire nous traversons une zone agricole où les panneaux « danger pesticides » rivalisent avec les « buscas trabajo » s'adressant aux travailleurs immigrés venu du Mexique et d'Amérique latine. Le même tableau qu'en Espagne ou dans les vignes française avec les travailleurs d’Afrique du nord…
Il fait bientôt nuit, et les derniers kilomètres jusqu'au supermarché sont un peu durs. Nous trouvons de quoi manger et une sorte d'alcool pour faire fonctionner le réchaud avant de rejoindre la citronneraie que nous avions repéré pour passer la nuit. Le dîner est chaud mais le fond de l'air est froid et humide, à 19h nous sommes au chaud dans les tentes pour un peu d'écriture avant de dormir… Vivement la nature, la vraie, où on pourra faire du feu sans peur du propriétaire !
Fanch : Mon sommeil à été plus fort que le froid. Ce ne fut apparemment pas le cas pour mes compagnons. C'est le jardinier qui me sort de mes rêves ce matin, il me glisse d'un ton gêné qu'il à besoin de sortir la remorque et qu'il faut que nous décampions sans traîner. C'est presque parfait, juste 5 minutes avant que mon réveil ne sonne.
C'est donc de cette manière et sans regrets particuliers (excepté le rendez-vous loupé avec Pamela) que nous faisons nos adieux à Malibu. Nous roulons encore quelques kilomètres entre de luxueuses villas, généralement bien gardées avant de découvrir un littorale plus sauvage avec les falaises à notre droite, le Pacifique à notre gauche. Nous avançons à rythme soutenu, une bonne trentaine de bornes sont avalées avant la pose déjeuner. Trente bornes ce n'est pas énorme mais pour Anaïs c'est un bon début. Nous continuons à longer la côte jusqu'au moment de se trouver nez à nez avec une autoroute traversant une base naval, impossible d'aller tout droit, il nous faut la détourner. Anaïs commence à fatiguer, et il nous faut pousser jusqu'à Camarillo, la prochaine ville pour y acheter un peu de nourriture, nous n'avons pas d'autres choix. En pénétrant vers l'intérieur, le paysage se transforme en vaste terrain agricole, vaste, plat et sans grand intérêt pour le regard. Sur certaines passerelle, c'est la saison des récolte et je ne suis pas surpris d'y croiser essentiellement (pour ne pas dire totalement) des travailleurs d'origine mexicaine… Le schéma se répète. Nous trouvons finalement de quoi nous ravitailler et à défaut d'avoir trouvé mieux, champs de citronniers au cœur duquel nous planterons nos tentes.
Camper sur une propriété de ce genre (privée) comprend toujours quelques risques, surtout quand elle se situe juste en face de la maison du shérif, mais franchement, c'est le meilleur plan dodo que nous ayons trouvé pour ce soir. Il nous faut juste savoir être discret et espérer que le propriétaire, s'il nous tombe dessus, ne correspondra pas aux critères du stéréotype du fermier américain, aigris, à tirer sur tout ce qui bouge. Enfin, les citrons n'ont pas l'air mûrs, nous ne serons probablement pas dérangés, qui peut bien se douter que trois voyageurs campent au milieux du verger… Je vais pouvoir dormir serein, j’espère!
Anaïs : Gast, ça caille ici la nuit… On m'avait point prévenu… La différence de température entre les journées ensoleillées et les nuits est quelque peu déstabilisante.
Aujourd'hui, je préviens les gars assez tôt que je me sens pas assez en forme pour faire plus de 40 kilomètres, bon allez 45 dernier carat… Mais certainement pas 60, disais-je alors innocemment. Aujourd'hui, on a fait 60 kilomètres ! Même pas mal! Enfin si un peu, mais quand même! Je deviens sportive! Ô capitons ennemis, craignez la colère de la sportive! Ô bourrelets disgracieux, préparez vous à souffrir, un long chemin de croix cyclabique vous attend…
Jour 434 - Champ de citronnier, Camarillo
Samedi 7 décembre 2013 - 20 kms - Post n° 436
Anaïs : Aaaaaargh… après une journée comme aujourd'hui, je ne sais vraiment pas quoi dire d'autre! Si, j'ai découvert la présence de muscles totalement insoupçonnés, à des endroits improbables. Merci Vélo, grâce à toi, j'apprends à connaitre mon corps mieux qu'en dix ans de cours de bio…
Fanch : Hier nous nous sommes endormis avec le froid, aujourd'hui, c'est la pluie qui nous réveil. Autant dire qu'il s'avère difficile de sortir de la tente quand c'est la douche froide assuré, sans compté que la nuit ne fut pas des plus calme. Notre bivouac de fortune était planté entre une route passante, un Aérodrome et une voix ferrée. Le petit plus, c'est le coup de l'arrosage automatique qui s'est déclenché en pleine nuit. Fort heureusement ni la tente de mes amis ni la mienne n'étaient à porté des jets d'eau mais j'eu la bonne idée de me poser juste entre les deux pompes, c'est un peu comme dormir entre deux gros groupe électrogène et à 2 ou 3 heure du matin, je n'ai pas trouvé le courage de déplacer mon toit. Enfin, ce n'est que le début d'une journée de merde.
Le pneu arrière du vélo d'Anaïs est à plat, elle s'en aperçoit avant même de quitter le verger. Il pleut toujours alors nous avançons en faisant mine grise vers le super-marché pour quelques courses et un café chaud. C'est devant la porte automatique du magasin que pour la première fois depuis le départ, nous changeons avec Barth une chambre à air. Et oui, ce n'est pas celle d'une de nos deux bécane!
Nous voici enfin sur la route, toujours celle qui contourne la base navale, direction plein Ouest. Un vent souffle sans retenu, direction… Plein Est évidemment! 10 kilomètres et une heure plus tard, épuisé, nous échouons sur un des parkings de Oxnard, ville industrielle qui ne nous parle pas particulièrement. Le temps de faire sécher les tentes, il est déjà 15 heure et le soleil ne vas pas tarder à se coucher. Nous constatons, déçu par cette journée peu productive qu'il nous faut d'hors et déjà partir en quête d'un spot ou dormir ce soir. C'est peut être le seule point positif de la journée, nous trouvons rapidement ce qu'il nous faut, un porche dans une cours d'école… Nous nous y abriterons pour la nuit, espérant que personne ne nous y dérangera. C'est l'hivers en Californie et ça caille vraiment.
Barth : Mis à part l'arrosage automatique qui s'est enclenché vers 2h30 du matin dans un bruit assourdissant de compresseurs et de groupes électrogènes, et la pluie qui nous accueille au réveil, on peut dire que la nuit ne s'est pas trop mal passée… Le démontage du camp est un peu technique entre les tentes trempées, la boue qui colle aux semelles, et surtout le pneu arrière du vélo d'Anaïs qui est à plat. Nous le regonflons le temps de retourner au supermarché de la veille où nous déjeunons avec un café bien chaud en regardant le vent chasser les nuages. La réparation de la crevaison prend un peu de temps, et nous décollons enfin vers midi…
Nous avançons contre le vent qui se déchaîne en rafales. En plus de l'effort qu'il faut faire pour atteindre la vitesse de 10km/h, il faut éviter les tumbleweeds qui foncent parfois sur nous sans prévenir… Ce n'est pas le bon jour pour avancer. Nous arrivons tout de même à Oxnard après un quinzaine de kilomètres vraiment éprouvants et profitons des derniers rayons du soleil et du vent qui ne se calme pas pour faire sécher tente et affaires sur un parking. Nous avons juste le temps de repérer un coin à l'abri dans l'enceinte d'une école avant que la nuit ne tombe complètement, et nous trouvons refuge dans un petit restaurant mexicain pour avaler un burrito au chaud et écrire un peu en rechargeant les batteries (au propre comme au figuré..) De retour dans la cour de l'école nous avons un instant de doute en voyant quelques voitures sont garées là et qu'il y a de la lumière à l'intérieur, mais finalement nous installons notre bivouac sous les fenêtres des salles de classe et nous endormons rapidement en espérant ne pas être dérangés…
Jour 435 - Route de Carpinteria
Dimanche 8 décembre 2013 - 50 kms - Post n° 437
Barth : La nuit s'est bien passée et nous avons le temps de ranger les affaires et d'avaler un petit déjeuner avant le passage d'un instituteur, plutôt surprenant pour un dimanche matin, mais qui nous salue poliment sans sembler s'inquiéter plus que ça de notre présence ici. Quelques kilomètres sans trop de vent pour rejoindre la côte et nous nous accordons une pause courses et café avant de poursuivre. La route longe ensuite l'océan, entre l'autoroute et la voie de chemin de fer. Le paysage commence à être beau mais toutes ces infrastructures cassent un peu l'ambiance…
Pause pique-nique sur la plage donc où nous rencontrons Jack, un sud-coréen qui traverse les États-Unis à vélo et qui n'aura pas loupé nos montures garées en surplomb de la plage. Il fait lui aussi route vers le nord et nous décidons donc naturellement de faire un bout de route ensemble. Le ciel se couvre, et la température chute d'un coup pour la vingtaine de kilomètres qu'il nous reste à faire pour atteindre un parc national où nous pourrons peut-être camper. Nous croisons sur la route un vieux cycliste qui nous escorte jusqu'au dit parc, mais le prix demandé pour simplement planter une tente nous fait déguerpir rapidement. Nous trouvons finalement refuge quelques kilomètres plus loin, cachés derrière le bloc sanitaire d'un autre parc un peu marécageux. Il fait froid, mais le dîner en compagnie de Jack nous change un peu de l'ordinaire. Il nous en apprend un peu plus sur son projet tout en nous faisant déguster différentes nouilles instantanées avec une mention spéciale pour la sauce aigre douce pimentée qu'il affectionne particulièrement !
Jack a 23 ans, étudiant en architecture il a décidé de prendre deux ans pour visiter le monde. Après quelques mois passés au canada pour gagner un peu d'argent, il est donc en train d'achever sa traversée des States à vélo avant de poursuivre dans une virée au Mexique et en Amérique Latine en sac à dos. Puis il rejoindra l'Europe pour un nouveau tour en vélo avant de prendre le transsibérien et de rejoindre la Corée en bateau. Un sacré numéro !
Anaïs : Ce midi, alors que nous finissons notre ingurgitation de calories réglementaire, un petit bonhomme tombe quasiment littéralement du ciel devant nos yeux ebobis. Nous sommes en contrebas, sur la plage, et il saute depuis la route pour nous rejoindre et nous raconter en deux minutes chrono qu'il voyage lui aussi à vélo, qu'il est parti de New-York il y a deux mois et qu'il est en route pour San Francisco.
Voilà.
C'est Jack.
Et c'est déjà notre copain!
Un tout jeune sud coréen de 23 ans, parti de son pays il y a un peu plus de 6 mois pour venir travailler au Canada, se faire des sous afin de partir sur les routes du monde pendant un an. Un voyage nécessaire pour ce petit bonhomme qui a été soldat pendant 2 ans dans son pays, où le service militaire est encore obligatoire, et qui avait soif de vivre de belles choses après cette expérience qui n'est « pas un bon souvenir ». Il a mis en place de manière très spontanée et très intuitive un joli projet de « chaine » d'échanges. Quand il rencontre des personnes sur sa route, il leur propose de leur échanger un petit objet, et de fil en aiguille, il créé une chaîne en offrant ces nouveaux objets aux nouvelles personnes rencontrées, avec un petit mot de la personne précédente… Je ne sais pas si c'est très clair mais dans le doute, je mets le lien vers son site : cobib.blog.me
Fanch : Il fait beau, le soleil brille et petit à petit mes membre se décongèlent petit à petit sous soleil du matin. Ce jour s'annonce heureusement plus productif que celui de la veille. Nous quittons Oxnard pour rejoindre la côte via Ventura ou ne nous attarderons seulement pour un pose café et quelques achats alimentaires. Nous longeons à nouveau le pacifique. Les surfeurs ponctuent d'une façon ou d'une autre notre route, certains pagayent debout sur leurs planches, d'autres se confondent avec des phoques, d'autres encore se trémoussent dans une bassine au pied de leurs bagnoles, essayant tant bien que mal de nous éviter le spectacle de leur postérieur.
Le pique nique sur la plage s'impose et c'est à son terme que nous rencontrons Jack, alias (ou le contraire) Ko Jin Hyeuk, le Sud Coréen. Ce petit homme plein d'énergie se ballade lui aussi en vélo en direction de San Francisco, il nous propose de faire un bout de chemin en sa compagnie et nous acceptons avec grand plaisir. Nous sommes donc 4 pendant quelques bornes, puis 5 puisqu'un gentilhomme nous accompagnera jusqu'à la fin de notre étape. Il nous quittera avant de me donner son prénom. Bref, nous nous installons avec notre nouveau compagnon derrière les chiotte public d'un petit parque aux abord d'une plage, tout près d'un camping. Le spot n'est pas idéal mais personne ne nous y dérangera ce soir.
Malgré un froid saisissant, nous passons une agréable soirée avec Jack le cycliste fou qui traversa en diagonale les états Unis en seulement deux mois, le tout en solitaire et à l'âge de 23 ans seulement. Il colporte avec lui un projet d'échange très intéressant que je vous laisse découvrir sur son site internet. Je l'aime vraiment bien ce gars, autant de fougue que de rêves, spontané, à la fois malins et doté d'une naïveté pleine de poésie. Je n'oublierai jamais ce moment ou il nous proposa du « visky » en sortant une mini fiole de vodka de l'une de ses sacoches… Et en répétant à plusieurs reprises « Do you want visky guys, I bought visky for only one dollars »… Et bien merci pour la vodka Jack, merci pour ton énergisante compagnie, rendez vous au petit déjeuner!
Jour 436 - Santa Barbara
Lundi 9 décembre 2013 - 30 kms - Post n° 438
Fanch : Nous n'arrivons pas à prendre le rythme. Depuis quelque temps, le froid nous a surprend chaque matin et n'arrange rien à l'affaire quand il s'agit de sortir de nos tentes. 7h30, c'est beaucoup trop tard, le temps de petit déjeuner, de ranger nos affaire de bavarder avec Jack et il est déjà 9 heure 30. Sachant qu'à partir de 17 heure il devient compliquer de rouler tant il fait noir, sans compter qu'il nous faut trouver un spot ou dormir, la journée de vélo se termine généralement à partir de 16 heure, c'est court.
Nous arrivons à Santa Barbara, une luxueuse citée, certainement trop étincelante pour moi, je ne m'y sent vraiment pas à l'aise mais nous avons néanmoins besoin d'alcool pour notre fameux canstove (notre réchaud en canette recyclée). En France, cela semble évident mais aux States, impossible de trouver notre bonheur. Après avoir essayer plusieurs type d'alcool de pharmacie ainsi qu'une étrange bouteille rouge soit disant pour destinée à cette usage qui ne fait que cramer l'extérieur de notre popote, nous tentons le tout pour le tout dans un magasin de campisme et finissons enfin par dénicher la perle rare. Manger et boire chaud de temps en temps quand les températures frisent le zéro la nuits, c'est tout simplement réconfortant. Voilà une bonne chose de faite. Direction le supermarché, mon moment préféré! Dorénavant, nous allons quitter les grands axes (enfin!) mais cela veux dire qu'il faut calculer le nombre de jours d'autonomie avant le prochain ravitaillement. Là ou cela se complique un peu, c'est qu'il nous faut faire attention au poids (oubliez les pots en verts, boîtes de conserves…) que nos repas ne prenne pas trop de place (des tortillas à la place du pain…) et prendre les produits jaunes. Oui, les produits étiqueté en jaune sont avantageux pour les clients fidèles et Fernand Ovitch (c'est mon noms de client) dont le numéro de téléphone n'existe pas est un client fidèle. Quand on a pas de fric on se démerde comme on peut. Mais tout ça prend un temps fou et au bout du compte, nous déjeunons avec les derniers rayons du soleil.
Jack notre ami Sud Coréen semble apprécier notre compagnie. Il est bien plus pressé que nous, je pensait d'ailleurs le voir prendre la route avant le petit déjeuner, mais non, il est toujours là. Ça tombe bien parce que moi aussi j'aime sa présence. Il est bien plus bavard que mes deux coéquipier, disont qu'il met un peu l'ambiance. Notre quatuor à tout juste le temps de se faufiler à la sortie de Santa Barbara avant la nuit noir et le froid qui va avec. Le gîte du soir sera situé dans un sous bois à l'entrée d'un parc. Nous n'aurons pas d'autres choix que de nous cacher et faire silence pour déjouer l'attention du gardien qui peu de temps auparavant nous avait demandé de quitter les lieux pour la nuit. C'est pas très bien tout ça, mais dormir n'est pour personne un luxe et la journée de demain s'annonce rude. À suivre…
Barth : La nuit était vraiment froide du fait de l'humidité ambiante mais le petit déjeuner au soleil réchauffe un peu les corps et fait sécher les affaires plus ou moins rapidement. Et c'est reparti pour une vingtaine de kilomètres jusque Santa Barbara, la dernière grosse agglomération avant la nature, enfin ! Nous y trouvons sans peine le magasin spécialisé que nous avait indiqué le cycliste de la veille et achetons enfin un petit bidon de vrai alcool pour notre réchaud ! Fini les casseroles noires et les fumées toxiques..! Quelques courses, quelques kilomètres pour sortir de la ville, mais le petit déjeuner est déjà un lointain souvenir et une pause casse-croûte s'impose pour poursuivre plus loin. Un parc vide à la sortie de la ville fera l'affaire, en contemplant le triste spectacle d'un clochard au bout du rouleau, affalé dans un fauteuil blanc au milieu de l'immense pelouse…
Le soleil descend dangereusement, il faut sortir de la ville pour trouver un bivouac. Ça grimpe un peu pour sortir mais nous n'avons pas trop de kilomètres à avaler avant de trouver un State Parc, de nous cacher dans les fourrés en attendant que les gardes-chasse ferment les lieux et nous voilà tranquilles pour la nuit. De nouveau un dîner partagé avec notre ami Jack qui nous raconte un peu plus sa vie et ses projets en Corée. Son service militaire de deux ans, la chaîne de restaurants qu'il veut ouvrir après son voyage, ses rencontres durant sa traversée du continent américain, bref pas de quoi s'ennuyer malgré la lenteur de la discussion due à notre anglais approximatif à tous les quatre. Mais le froid et la fatigue prennent vite le dessus, il es temps d'aller dormir.
Anaïs : Jack est censé repartir aujourd'hui pour San Francisco, (il roule beaucoup plus vite que nous!) mais on est bien ensemble alors il passe une nouvelle journée a rouler à nos cotés. C'est dans un parc national que nous passerons une nouvelle soirée à parler d'art, de Corée du sud, du nord, de Kim Jun Un, et de nouilles chinoises!
En me voyant grelotter (on peut pas faire de feu en mode campeur-squatteur!) ll m'offre son blouson de soldat, celui qu'il avait pendant son service en Corée du sud. Un bien beau cadeau !
Ça le fait bien rire de m'imaginer débarquer dans son pays avec ce blouson! Nous envisageons peut-être de nous revoir, avec les garçons, quand je les rejoindrai en Asie, où nous pourront peut-être aller faire un tour par chez lui, nous serons sans nul doute bien accueillis!
Jour 437 - San Marco Pass
Mardi 10 décembre 2013 - 30 kms - Post n° 439
Anaïs : C'est aujourd'hui que Jack nous quitte! Avec ses jambes de droïde, il grimpe la montagne comme si la gravité était inversée… On essaie même pas de le suivre, et on préfère lui dire au-revoir en bas de la longue côte qui nous attend. Une dernière photo souvenir, et pouf, disparu le petit Jack!
Nous nous tapons une étape de vraie montagne, le haut est à environ 1000 mètres d'altitude, le bas à 0, et la route qui sépare les deux longue d'une dizaine de kilomètres… Je vous laisse calculer le dénivelé, moi je préfère pas savoir!
Mais bon, fatalement, après la montée vient la descente…
Barth : La nuit n'était pas si froide, mais le petit déjeuner à l'ombre du sous-bois ne nous réchauffe pas franchement. C'est donc transis par le froid que nous attaquons les dix kilomètres d’ascension pour rejoindre le lac de Cachuma, objectif du soir. Pour ma part je n'en mène pas large, la fatigue accumulée et le premier coup de chaud en pleine montée me fait perdre l'équilibre et je m’étale sur le bitume le pied accroché à ma pédale sous le regard étonné de deux voitures qui me suivaient. Plus de peur que de mal mais j'ai compris la leçon et finis la grimpette à pied en poussant ma bécane. Jack qui est beaucoup plus rapide et léger que nous décide de foncer devant, nous nous disons donc au-revoir dans un des lacets de la petite route que nous suivons. Ce fut vraiment un plaisir de partage ces quelques jours de pédalage, de froid et nouilles chinoises ! A la revoyure Jack !
Enfin le silence et la nature, ou presque car il y a toujours quelques pick-up qui croisent ou doublent notre lente ascension. Un peu après midi, c'est enfin le sommet et nous prenons le temps de nous faire chauffer un café en grignotant sur le point de vue aménagé qui ne donne pas sur grand chose vu l'épaisseur de la végétation. Ensuite la descente vers le lac se fait à toute allure et nous arrivons sur les rives bien avant le coucher du soleil. Là encore les propriétés, ranchs et autres barbelés nous empêchent de trouver un bivouac sauvage et nous nous rabattons, une fois n'est pas coutume sur un camping à 5 dollars…
Une douche chaude après une semaine sans se laver, ça reste quelque chose de magique, et malgré l'interdiction de ramasser du bois dans le parc et refusant de payer 7 dollars pour quelques bûches, nous glanons de quoi faire notre premier feu américain et dînons sans trop ressentir le froid sec qui est tombé avec la nuit. Sur ce, au lit !
Fanch : 7h, je fait des abdos dans ma tente pour me réchauffer, les réveils sont de plus en plus froids. Je n'arrive pas à mettre la main sur mes gants (un comble!) depuis que j'en ai besoin… La vie de nomade n'est pas toujours facile, mais bon, le simple fait de tenir un gobelet de café chaud réconfort. C'est donc dans notre sous bois que nous petit déjeunons, le gardien du parc passe sous notre nez sans même nous apercevoir. Je continue à me remplir le ventre, l'étape du jour sera sportive.
Au programme, un ascension de 800 mètres qui commence… Maintenant. L'avantage quand ça grimpe, c'est que le corps se réchauffe à chaque coup de pédale. À 350 mètre d'altitude, il est temps pour Jack de faire route en solitaire, notre rythme le retarde. Une dernière photo de groupe, puis nous nous disons adieu avec le Pacific en arrière plan. Vas-y Jack, nous ne t'oublierons pas de si tôt, ta compagnie fut un honneur…
Il est parti.
C'est raide, très raide mais les paysages que dévoile la hauteur me donne la force de continuer. Je prends le temps et m'arrête régulièrement quand mon cœur s'emballe. Malgré tout, on peut dire que le plaisir est au rendez vous. Anaïs s'accroche et tient bien la marée, en revanche pour Barth, c'est plus compliqué car il accumule la fatigue depuis un certain temps et une chute lui brise le moral.
Notre objectif est d'atteindre le lac Cachuma Pour y passer la nuit. On s'en approche petit à petit, chaque coup de pédale nous fait avancer et nous atteignons enfin le col. Un autre paysage se dresse alors devant nous, un ruban de montagne se dévoile et la fin d'étape nous attends 500 mètres plus bas. Pas vraiment en fait, j'avais tendance à idéaliser la situation puisque que trouver un lieu pour bivouaquer s'avère plus compliqué que je ne l'imaginais. La plupart des terrains non accidenté sont privés et bien sur encerclés de barbelés. On peut régulièrement lire sur les panneaux gisants à l'entré des propriétées « keep out » littéralement traduit par « restez dehors ». Mouai, c'est pas très sympa tout ça. On tente notre chance à l'entré d'un ranch, sans succès. Avec une réel fatigue dans les pattes, la solution camping paraît être la meilleur. Les prix dérisoires et la perspective d'une douche chaude finissent par nous convaincre. C'est décidé, nous dormirons là ce soir.
Jour 438 - Dumm School, Los Olivos
Mercredi 11 décembre 2013 - 25 kms - Post n° 440
Fanch : Plusieurs personnes nous avaient avertis que la nuit serai très froide proximité du lac, qu'importe, j'ai bien dormi et je me sent en bonne forme. Une petite journée de vélo s'annonce puisque le temps de la synchronisation approche, il nous faut donc trouver un peu de courant pour connecter notre machine et ainsi faire les mises à jour qui s'imposent. Nous reprenons tout de même nos bécane pour joindre Los Olivos qui se trouve à quelques 25 bornes plus au Nord, village que nous atteindrons sans difficultés en début d'après midi.
Je ne parvient pas à savoir si Los Olivos est un vieux bourg bien entretenu ou un hameau récent volontairement patiné mais quoi qu'il en soit, j'ai l'impression d'arriver dans un décor de film à la Tim Burton et j'ouvre bien grand les yeux car à chaque instant, je m'attends à croiser le regard anxieux d'Édouard aux mains d'argent. Vous voyez un peu l'ambiance? Bref, cet étrange village est aussi le point départ (ou d'arrivée) de la route des vins, « The Wine Road » et la tradition veux qu'il y ai ici davantage de « Wine tastery » que d'habitant. L'atmosphère est uniquement perturbée par quelques touristes venus déguster les produits locaux, mise à part cela, il ne se passe pas grand chose à Los Olivos.
La nuit tombe rapidement, le café ou nous avions établis notre Q.G. Ferme ses portes avant la fin de notre synchro. Barth n'est pas en forme et j'ai bien peur qu'une nuit de plus dans le froid ne l'achève complètement. Bien sûr, nous ne savons pas ou dormir, une seule chose me vient en tête « on est pas dans la merde », mais je sais aussi qu'il y a toujours une solution. Ne crions pas avant d'avoir mal.
Nous suivons donc les conseils d'un passant qui nous souffle d'aller quêter un peu de chaleur à l'école un peu plus loin, à l'entrée du patelin. Faute d'autre options, c'est ce que nous faisons sans trop y croire. C'est une école privée, je me demande bien ce qu'elle fout au milieu de nul part. Terrains de tennis, salle de musique, piscine ouverte… Vraiment, j'ai du mal à croire que nous dormirons ici ce soir. Après une heure d'attente, nous rencontrons à l'heure du dîner, quelques uns des responsables et leur faisons part de notre requête. Et ça fonctionne. Leslie, enseignante, et Nick son mari, acceptent tout deux de nous recevoir dans leur demeure. Ouf… Immédiatement, nous sommes conviés à leur table pour partager le repas du soir, dans une cantine qui s'apparente davantage à un restaurant. Au menu, lasagnes et bidoche de qualité. Cela fait un bout de temps que je n'ai pas été aussi heureux à l'idée de manger au self… J'ai le sourie aux lèvres ce que considère comme une manière simple de déclarer ma satisfaction d'être reçu ainsi, de toute manière, je ne peux m'en empêcher.
La soirée se termine donc dans la maison de nos hôtes qui appartement son habitués à recevoir du monde puisque qu'ils font partis de la communauté Couchesurfeur. Nous discutons longuement, Nick est à l'image de mon compère, passionné de photo et de vidéo mais il aime aussi, de temps à autre, s’asseoir devant le piano pour entonner un petit air de blues. Vous imaginez donc que nous avons pas mal de sujets de conversation… Mais il est temps d'aller se coucher, demain est un autre jour et pas mal de kilomètres nous attendent encore.
Anaïs : Nous sommes prêts à reprendre la route après une nuit un peu plus reposante que d'habitude, grâce au petit feu d'hier soir et à la douche qui nous ont permis de nous réchauffer afin de passer une bonne nuit. Nous rejoignons donc la prochaine ville, et nous y arrêtons pour pouvoir travailler. Une ville vraiment étrange aux allures de carton pâte qui me fait vraiment penser très fort au décor d'Edward aux mains d'argent, des rues qui s'arrêtent net, et des façades qui semblent ne rien abriter derrière. Je m'attend à voir une équipe de tournage quelque part mais non il s'agit bien d'un village, où la quasi totalité des commerces est constituée de boutiques de vin… Vraiment étrange!
on s'attarde un peu pour faire ce qu'on a à faire, et on se rend compte qu'on va devoir dormir là. On suit le conseil d'un autochtone, même si je redoute que toutes ces boutiques de vin ne doivent détériorer le sens commun des habitants. Et sans renter dans les détails, on peut dire que son conseil était bon!
Se payer le culot d'entrer dans le réfectoire d'une école privée au moment du repas pour demander le gîte… Ça, c'est fait!
Aux États-Unis , quand on demande si on peut avoir un petit bout de terrain où planter sa tente on se retrouve avec une assiette qui déborde de trucs délicieux, un bon lit dans une maison chauffée et un bon petit déjeuner! C'est bon à savoir!
Leslie a accepté de nous accueillir sans sourciller et nous faisons la connaissance de cette professeure de « technique d'apprentissage » (un truc du genre) et de son mari Nick. Nous sommes ravis de partager la soirée de ce couple absolument adorable, nous n'en espérions pas tant. Décidément, j'aime la Californie, j'aime les californiens !
Barth : Peut-être l'effet de la douche de la veille, impossible d'entendre le réveil ce matin, ni les sifflements de Fanch qui a réussi a émerger à sept heures. Le soleil est au rendez-vous et après s'être restaurés, nous filons vers Los Olivos, prochain village à une vingtaine de kilomètres avec dans l'idée de s'y poser pour travailler un peu. Les images et écrits en retard s'accumulent depuis une semaine et il vaut mieux anticiper un peu sur la prochaine synchronisation du site dans un ou deux jours. Los Olivos est un village totalement surréaliste. Nous sommes entrés dans les vignobles californiens et toutes les boutiques ici sont dédiées à la dégustation des crus locaux dans une débauche d'artifices et de décors kitchissimes. Nous trouvons tout de même une sorte de cafétéria pour brancher l'ordinateur et passer quelques heures à dérusher, écrire, trier…
Vers 15h, le café où nous sommes ferme ses portes, nous voilà donc dehors avec le froid qui ne va pas tarder à arriver. Je me sens un peu patraque, il faut qu'on mange un peu avant de penser à la suite. Pendant le bref pique-nique sur une des tables du mini-parc au centre de Los Olivos, un homme nous aborde pour satisfaire sa curiosité et après avoir expliqué la raison de notre présence ici, il nous indique une école à la sortie de la ville où il serait peut-être possible de planter nos tentes. Une demie-heure plus tard nous voici donc dans l'enceinte de l’établissement en quête d'un responsable qui puisse nous autoriser à passer la nuit ici, mais ce n'est pas la bonne heure, il nous faudra repasser plus tard…
Je pense que cette fois ci je couve un truc pas cool. Montée de fièvre, mal de crâne et nausée, avec le froid qui commence à faire son effet il est temps de trouver une solution. Finalement, une heure plus tard, nous débarquons dans le self de l'école et rencontrons rapidement le proviseur qui nous met en relation avec une professeur et son mari qui habitent sur le campus et proposent de nous héberger. Nous n'en demandions pas tant mais difficile de décliner l'offre et encore plus la proposition de partager le copieux dîner servi aux élèves. A chaque bouchée je sens mes forces revenir et la perspective de passer une bonne nuit au chaud me rassure pas mal. Un peu plus tard nous voila donc chez Leslie et Nick, à siroter un thé bouillant en faisant connaissance. Une bonne douche chaude, quelques récits de nos aventures, et l'heure du coucher arrive enfin…
Jour 439 - Foxen Canyon
Jeudi 12 décembre 2012 - 60 kms - Post n° 441
Barth : Pour la première fois depuis bien longtemps j'ai dormi d'une traite, sans avoir froid, et le petit déjeuner que nous avalons au self du campus ne donne pas vraiment envie de partir d'ici..! Mais la route nous attend, et le soleil et la chaleur sont au rendez-vous après cette semaine exceptionnellement glaciale selon Nick et Leslie. Je serais bien resté plus longtemps à discuter avec Nick et à regarder les kilomètres de vieilles bobines de films qu'il est en train de numériser dans son atelier… Après avoir échangé nos contacts pour se revoir un jour nous repartons donc pour une trentaine de kilomètres à travers les vignes qui en cette saison ne portent plus de fruit.
Une pause casse-croûte et nous voilà repartis pour trente autres kilomètres au milieu des cultures de fraises, de framboises et de choux-fleurs, avec un vent pas trop fort mais qui ne nous arrange pas vraiment. Nous arrivons juste à temps avant la nuit à Santa Maria où nous nous réfugions dans un Starbuck pour se réchauffer et prendre des nouvelles des requêtes Warmshower que nous avions envoyé la veille. Seul Ross nous a répondu positivement mais sa maison est à une vingtaine de kilomètres plus au nord, ce qui complique l'affaire avec la nuit qui tombe… Nous prenons le temps de chercher d'autres alternatives, en vain, et Ross finit par nous dire qu'il arrive dans 20 min avec son Pick-up pour nous embarquer ! Cette entorse au principe de Warmshower où nous sommes sensés arriver à vélo chez nos hôtes nous met un peu mal à l'aise. Nous achetons un dessert en dernière minute pour nous faire pardonner mais la gentillesse de Ross a vite fait de nous rassurer. Un peu plus tard nous sommes douchés, attablés devant de délicieux petits plats dans une maison impressionament grande et bien rangée ! Ross et sa femme sont adorables et nous reçoivent comme des rois, et malgré la fatigue nous discutons jusque tard de notre voyage, de la France, de la Californie et de tant d'autres choses, avant de passer une délicieuse nuit au chaud.
Fanch : Le réveil se fait de bonheur, entourés d’étudiants, avec un petit déjeuner dans la cantine 4 étoiles de Dunn School. Nous ne tardons pas à remercier Leslie (qui part pour une de ses classe) puis Nick pour leur hospitalité incroyable. Il est temps pour nous, comme à notre habitude de reprendre la route.
Nous avions hier soir pris soin de contacter quelques Warmshower. Pour l'instant, nous n'avons qu'une réponse positive, Ross nous attends avec une douche chaude, à 80 kilomètres d'ici ce qui risque de faire beaucoup pour les petites jambes d'Anaïs. Nous verrons ce qu'il en sera au moment ou nous arriverons à Santa Maria, petite ville situé à 60 bornes de Los Olivos.
Nous prenons donc la route des vins, autrement nommée Foxen Canyon Road et traversons les champs de vignes. Les collines nous accompagne et pour la première fois depuis Los Angeles nous empruntons un chemin peu fréquenté par les véhicules à moteur. Le silence n'est troublé que par le chant des piafs, quelques couinements d'écureuil et par le son des feuilles de chêne s'agitant au gré du vent. C'est pour moi comme une libération, je commençais sérieusement à saturer de la circulation plutôt dense dans la région. Les premiers kilomètres on du mal à passer, pour Anaïs en tout cas. Ça grimpe doucement mais sûrement et au bout d'une vingtaine de kilomètres, nous voici 400 mètres au dessus de notre point de départ. Vu de la colline, on devine le Pacifique et le paysage annonce une route sinueuse mais descendante, les derniers kilomètres avant Santa Maria devrait s'achever entre les champs de choux fleurs et de myrtilles. Mais en début d'après midi, le vent se lève et c'est un nouvel obstacle supplémentaire qui se dresse devant nous.
Nous arrivons à Santa Maria avant le couché de soleil. Après 60 bornes difficile, cela n'aura pas été facile pour Anaïs. La maison de Ross se situ à 12 miles d'ici, nous ne l'atteindrons malheureusement pas ce soir, qu'on se le dise. Nous n'avons pas de nouvelles des autres Warmshower, il est probable nous ayons à nous dégoter une planque quelque part en ville. Personnellement, je vois cela comme un challenge plutôt qu'un problème pour moi, mais je sens que ça n'enchante guère mais compagnons de route. Nous contactons Ross pour le prévenir de notre échec, il nous aidera à distance à chercher d'autres solutions pour nous faire héberger, mais rien n'y fait. Mais cet homme, a définitivement le cœur sur la main et semble ne pas vouloir nous savoir dehors. Il débarquera quelques minutes plus tard au volant de son pickup blanc et nous ramènera chez lui.
Nous sommes comme d'habitude accueillis comme des princes. Une maison chauffé, une douche réconfortante, des serviettes propres, un délicieux repas chaud, du vin rouge pour moi et de la bière du coin pour mes compères. Encore une fois, nous expérimentons l'hospitalité Californienne mais cette fois ci, version Warmshower, nous ne sommes bien sûr pas déçu. Merci à vous deux pour votre fantastique accueil.
Anaïs : C'est avec un nouveau pincement au coeur que je quitte ce matin Leslie et Nick, et nous partons pour une longue étape d'une soixantaine de kilomètres, je sens que mon corps commence vraiment à souffrir mais on a aucun autre bled avant, donc on doit se forcer (enfin je dois me forcer) à avancer jusqu'au bout. On arrive à Santa Maria peu avant la nuit, mais le hic est que le contact que nous avons ce soir pour dormir est à encore une grosse vingtaine de kilomètres. Après quelques coups de fil dans la langue de Shakespeare (ou dans la langue de Bruce Willis plutôt), Ross, notre sauveur du soir vient nous chercher avec son camion et ramène nos trois bécanes, nos 14 sacs et nos 3 petits corps transis et courbaturés! Et voilà une bonne étoile de plus au firmament de nos anges gardiens!
Jour 440 - San Luis Obispo
Vendredi 13 décembre 2013 - 30 kms - Post n° 442
Anaïs : Je vais me servir de la superstition du vendredi 13 pour ne pas écrire aujourd'hui… Écrire un vendredi 13 porte malheur chez moi…
Fanch : Nous avons besoin d'un peu de temps pour travailler. La synchronisation du site n'à malheureusement pas été effectué et il n'y a pas d'article pour aujourd'hui. De plus, nous devons préparer notre arrivée à San Francisco, à la fois pour trouver de quoi loger mais aussi pour confirmer à nos contacts notre venu imminente, trouver une opportunité de faire une installation, recontacter les Fablabs qui s'étaient manifestés en apprenant l'existence de notre projet, et plancher sur un dossier de subvention. Ça fait pas mal de pain sur la planche tout ça. La bonne nouvelle est que nous avons un contact non loin d'ici à San Luis Obispo, près à nous héberger jusqu'à Dimanche de quoi, je l'espère abattre le boulot qui nous attend. Nous disons donc au revoir et remercions Ross et sa femme (dont personne ne connait le nom, ça craint) avant de faire route vers notre nouvelle destination.
Sur la route, l'ambiance n'est pas à son comble. Barth et Anaïs sont fatigués et semble avoir besoin à la fois de repos et de se retrouver un peu seul, en amoureux. Ça fait maintenant quelques jour que je ressent une tension dans notre trio. En ce qui me concerne, je suis en forme et la perspective de longer une des plus belle côte d'd’Amérique m’excite et me motive. Mais j'ai aussi conscience qu'il reste encore plus de 600 bornes avant San Francisco et j'ai bien peur que cela fasse beaucoup pour Anaïs. Habituellement, j'ai tendance à pousser mes compagnons dans le sens de la route, peut être un peu trop à leur goût, mais en même temps, je tient absolument à rouler jusqu'à San Francisco, je n'ai vraiment pas l'intention de faire la moitiés du trajet à bord d'un autobus. Si nous continuons ainsi, si nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord, nous risquons d'amplifier les petites tensions existantes entre nous et personne ne veux en arriver là. Nous décidons donc de nous séparer dimanche pour nous retrouver dans la joie et dans la bonne humeur dix jours plus tard, à San Francisco. Je vais aller à mon rythme, envisager les étapes à ma façon, me retrouver aussi un peu seul, tout cela ne devrait que me faire du bien.
Enfin, après avoir roulés une petite trentaine dé kilomètres, observés environ 30 000 monarques copuler sur les branche de quelques résineux non loin de Pismo Beach, nous arrivons à San Luis Obispo, chez Robert et Elaina qui nous ouvrent gentiment les portes de leur demeure. Nos hôtes sont adeptes des voyage en vélo, les nombreuses bicyclettes suspendues dans le garage en témoignent. Il sont aussi branchés musique du monde en tout genre, avec un petit côté hippies sur les bords. Ici, la nourriture doit être saine, c'est la fête des huiles essentielles, du bio et des ondes positives et énergisantes. Quoi de mieux pour se sentir à l'aise…
Barth : Il n'y aura pas d'article sur le site aujourd'hui… Pas le temps de faire la synchronisation car nos hôtes partent en week-end ce midi. Nous prenons donc juste le temps de nous assurer un nouveau Warmshower à San Luis Obispo à une trentaine de kilomètres, et nous décampons sous un soleil radieux. La route que nous empruntons croise un un important point de passage de papillons migrateurs, les monarques. Nous nous y arrêtons donc quelques temps dans l'idée d'un nouveau haïku mais ce n'est pas simple de filmer à cette distance. Les papillons sont bien présents, par milliers, accrochés en grappes aux branches des grands eucalyptus et le spectacle est assez impressionnant. Mais comme toujours la fin du jour se fait déjà sentir et il nous reste une vingtaine de kilomètres à parcourir pour rejoindre San Luis Obispo. Le vent est contre nous mais nous arrivons juste avant la nuit chez Bob et Elaina qui nous accueillent avec une tasse de thé fumant.
Grâce au réseau Warmshower, non seulement nous avons l'assurance de passer de bonnes nuits au chaud et au sec, mais c'est aussi l'occasion de découvrir plus précisément le mode de vie des habitants des régions que nous visitons. Ainsi nous voici dans une nouvelle maison, avec une nouvelle ambiance, et comme toujours avec un accueil incroyable. Bob et Elaina paraissent beaucoup plus jeunes qu'ils ne le sont. Ils tiennent un centre de soins énergétiques à base de massages, musicothérapie, aromathérapie, etc.. Leur maison respire le zen et le dîner qu'ils nous offrent est tout simplement délicieusement sain ! Nous allons passer deux nuits ici, pour prendre le temps de travailler demain, à la fois pour remettre le site à jour, pour organiser un peu notre future arrivé à San Francisco et préparer le dossier de subvention Déclics jeunes pour lequel nous venons d'apprendre notre présélection. Bref, pas de quoi s'ennuyer… Mais pour l'heure, nous profitons de cette douce soirée pour faire un peu plus connaissance avec Bob et Elaina.
Jour 441 - Trail de San Luis Obispo
Samedi 14 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 443
Barth : Aujourd'hui c'est boulot ! Après un petit déjeuner tout aussi diététique que le dîner de la veille, je me colle donc devant l'écran de l'ordinateur pour une grosse mise à jour du site qui me prend une bonne partie de la journée. Quelques pauses tout de même le temps de grignoter un morceau, de siroter un thé en profitant du soleil dans le jardin, et de réparer le bout de la canne à pêche qui me sert de porte drapeau sur mon vélo avec l'aide de Bob.
En fin d'après-midi, je décide de persévérer devant l'ordinateur pour écrire une longue série de mails à nos potentiels contacts à San Francisco. En plus de la question du logement, nous sommes à la recherche d'opportunités pour réaliser une nouvelle création artistique et surtout il va nous falloir trouver un moyen de renflouer un peu les caisses de Geocyclab qui sonnent de plus en plus creux depuis nos mésaventures informatiques au Mexique… Pendant ce temps là, Fanch et Anaïs accompagnent Bob pour une balade dans la montagne toute proche, et à leur retour c'est déjà la fin de journée, l'heure de partager un délicieux dîner et pour ma part de souffler un peu en laissant l'ordinateur à Fanch qui bosse sur un nouveau dossier de subvention. Bob et Elaina nous ont fait comprendre que ce serait un plaisir pour eux de nous avoir une nuit de plus chez eux, à méditer d'ici demain matin…
Anaïs : Nous sommes début janvier, et je tente d'écrire pour ce jour du 14 décembre mais rien ne vient. Sur la route, je n'ai pas pu écrire et le retard s'accumulant, je me retrouve avec trois semaines à écrire d'un coup, sauf que je me rend compte que ce n'est pas possible. Trois semaines en mode voyageur, c'est comme trois ans dans ma maison. J'ai l'impression que ce 14 décembre a eu lieu il y a quelques années, et il m'est impossible de me remettre dans un état d'esprit d'écriture quotidienne alors que j'ai l'impression d'avoir vécu vingt vies depuis ce 14 décembre. Je ne suis pas sûre du reste que ce 14 décembre soit particulièrement à marquer d'une pierre blanche, et j'ai beau chercher, je ne crois pas m'être dit à aucun moment de la journée: il faut absolument que je me souvienne de cette journée du 14 décembre, cette journée est tellement incroyable! Non, je ne pense pas m'être dit ça… Mais peut-être que je loupe un truc important.. Je sais plus…
Fanch : Je disais donc hier, nous marquons une pause vélo pour se mettre au boulot. La mise à jour du carnet de bord et la synchronisation du site devraient être bouclés dans la journée, en ce qui me concerne, j'y passerai la matinée avant d'enchaîner sur le dossier de subvention cette après midi. J'accepte malgré le travail qu'il reste, la proposition de Bob, notre hôte, et laissant Barth à ses affaires, nous partons tout les en compagnie d'Anaïs nous dégourdir un peu les pattes sur un sentier de randonnée. Pour tout vous dire, ça fait du bien de mettre un pied devant l'autre, disons qu'après 300 bornes, mes articulations apprécient le changement de mouvement.
Trêve de plaisanterie, on rentre au bercail après deux heure de ballade sportive sur une des collines qui encerclent San Luis Obispo, l'heure est au boulot. J'imprime les documents demandés par la Fondation de France pour cette fameuse aide financière. Si Remplir un dossier de ce type n'a rien d'aisé en France, se coller à une telle paperasse à distance peut s'apparenter à un parcours du combattant. Je passe d'ailleurs plus de temps à cogiter et à contacter les personnes susceptible de m'aider à trouver certain document à joindre au formulaire de candidature qu'à bosser sur le dossier à proprement parler. Il est une heure du matin et je suis loin d'avoir achevé cette tâche ingrate. Voyant que je ne finirai point ce soir et qu'il reste pas mal d'autres petites choses à régler concernant l'organisation de la semaine à venir je vais arrêter là car je risque d'y passer la nuit. Je comptait partir de bon matin demain, je pense plutôt demander 24 de sursis à Elaina et à Bob…
Jour 442 - San Luis Obispo Downtown
Dimanche 15 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 444
Fanch : L'heure est grave, Geocyclab est mal en point. Nous discutons avec Barth et Anaïs de notre situation. Depuis Mexico, nous avons perdu notre rythme de travail et de voyage. Après le crash de l'ordinateur qui nous a causé pas mal de soucis, nous voilà maintenant fauchés. Je suis vraiment optimiste pour les subventions mais elles devraient tomber au printemps prochain et il est clair que nous ne tiendrons pas jusque là, il ne faut pas se leurrer. Il va falloir trouver de nouvelles solutions pour maintenir ce projet en vie et le mener à son terme mais à quel prix? En se tournant en arrière on remarque que durant les six derniers mois du voyage, nous avons dépensé davantage de temps et d'énergie à tenter de régler des problèmes qu'à avancer géographiquement ainsi q'au niveau du projet Geocyclab. On épluche les solutions (ça aussi ça prend du temps), certaine sont plus concrètes que d'autres mais à moins de découvrir la poule aux œufs d'or d'ici peu, l'énergie de Geocyclab va en prendre un coup. Enfin voilà, puisque nous en parlons entre nous, autant l'écrire ici… On est pas dans la merde et là, je ne rigole pas.
Sur ce, c'est pas encore fini, j'ai du pain sur la planche moi! Ah oui, j'allais oublier, je reste une nuit de plus ici, trop de trucs à finir avant de partir. Barth et Anaïs aussi d'ailleurs…
Barth : Une fois le petit déjeuner avalé la décision est vite prise : on reste une nuit de plus chez Elaina et Bob. A la fois pour peaufiner un peu le boulot en cours et surtout pour avoir le temps de visiter un peu San Luis Obispo et profiter un peu de nos hôtes. La première partie de la journée est donc consacrée à l'écriture de nouveaux mails pour préparer notre séjour à San Francisco pendant que Fanch planche sur le dossier de subvention. Je prends le temps également de finir de réparer le drapeau de mon vélo et de régler un peu les accroches de mes sacoches qui ont un peu souffert ces derniers temps…
Une journée un peu plus calme donc où nous trouvons enfin le temps de discuter posément de la situation générale de Geocyclab. L'heure est grave, nos finances ne nous permettront pas de poursuivre très longtemps encore et même si nous touchons la subvention Declic Jeunes, le délais est beaucoup trop long pour nous permettre de souffler réellement. En soit ce n'est pas vraiment une surprise, nous avons quitté la France avec un budget non bouclé. Mais notre crise informatique au Mexique qui se prolonge aujourd'hui par une crise financière me sape un peu le moral. Il va falloir trouver des solutions et vite, pour éviter le dernier recours d'un retour en France le temps de nous refaire ce qui ne me réjouit pas du tout. Bref, on en reparlera. En attendant nous avons décider de faire un petit break jusque San Francisco, Fanch va filer à son rythme sur la route et nous le suivrons plus lentement avec Anaïs histoire de prendre un peu de temps tous les deux également. Une pause qui devrait faire du bien et laisser le temps de réfléchir à toutes ces histoires compliquées.
Mais pour l'heure il est temps d'aller faire un tour dans le centre ville avec Bob et Elaina qui rentrent tout juste d'une session de méditation. Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons sur place, mais à quelques semaines de Noël les boutiques sont ouvertes et nous faisons donc un peu de lèche-vitrine. Je retiendrais pour ma part des bouteilles de soda à l'effigie de Ben Laden et de Kadhafi en vente dans une boutique de sucreries, très classe ! Et également un petite ruelle aux murs entièrement recouverts de chewing-gums usagés, plutôt impressionnant ! À part ça, San Luis Obispo est une petite ville charmante, très propre et commerçante. Après avoir avaler un « monster burger » nous reprenons le chemin de la maison en passant par un supermarché pour faire quelques courses en vue des kilomètres de vide de la semaine à venir. Une tisane en observant un étrange cercle nuageux autour de la lune presque pleine et il est déjà l'heure d'aller au lit !
Anaïs : Bob et Elaina sont des hôtes adorables, et j'aurais aimé avoir plus de temps pour faire du shopping avec elle. Next time! Traîner avec des mâles m'avait fait oublier le plaisir apparemment génétiquement féminin de faire du shopping… (Ceci en réponse aux trois paires d'yeux levés au ciel quand Elaina et moi nous pâmions devant une robe..)
Jour 443 - San Simeon
Lundi 16 décembre 2013 - 60 kms - Post n° 445
Anaïs : La route en mode duo, l'ambiance est différente de l'ambiance joyeusement scout qui règne quand on est à trois, mais je ne boude pas mon plaisir. Je savoure ces moments à deux comme des micro lunes de miel, fugaces et en mode camping, mais c'est mieux que rien !
Barth : Fanch prend donc la route le premier aujourd'hui, un peu après neuf heures. Nous ne traînons pas trop non plus, laissant Bob se concentrer sur la livraison à vélo des colis que la camionnette d'UPS lui a apporté ce matin. C'est un boulot qu'il fait avant Noël et qu'il a l'air de beaucoup aimer ! Au-revoir donc Bob et Elaina, ce séjour chez vous bien que très studieux, fut délicieux ! Nous serions bien resté encore une bonne semaine…
Le vent souffle plein est aujourd'hui, chaud et sec venant du continent, une aubaine pour reprendre le pédalage. Après une vingtaine de kilomètres nous faisons halte à MorroBay pour quelques courses complémentaires et un pique-nique rapide devant l'immense piton rocheux qui domine la baie. Puis il faut pousser encore quelques kilomètres pour enfin voir le bout de la civilisation et trouver un coin de nature pour planter la tente. C'est un parc d'état, le camping y est interdit mais comment résister au majestueux coucher de soleil qui nous invite et qui est immédiatement suivi d'un lever de lune incroyable, totalement pleine aujourd'hui. La côte sauvage californienne s'est fait attendre, mais ce prologue en met plein les yeux !
Fanch : J'avais dis entre 8 et 9 heure, j'ai loupé mon coup, il est 9h15 quand je dis au revoir à Bob et Elaina mais aussi à Barth et Anaïs. Rendez vous à San Francisco amigos! J'ai des bornes à faire, des bornes qui s'annoncent grandioses niveau paysage, mais aussi difficile car la rumeur dit que ça grimpe par là bas et les vent dominant descende d'Alaska, froid et surtout de face… Mais je m'en fout, aujourd'hui le soleil est au rendez vous et j'ai besoin de me défouler!
J'arrive rapidement port de Moro bay ou je ne m'attarde que pour enregistrer les vocalises des otaries. On nous avait prévenu que nous croiserions certainement des éléphants de mer, mais ceux ci ne semblent pas en être. Avec la distance qui nous séparent, je n'en mettrai pas ma main à couper mais il semble bien que ce soit des Otarie. Enfin bref, ça commence bien et cette petite rencontre ne peut que me faire sourire. Excepté le petit tour au lac Cachuma, les derniers 350 kilomètres ne m'ont pas du tout convaincu tant nous roulions sur des axes trop fréquentés, espérons que cette quinzaine de mammifères qui bronzent sur un rocher au milieu du port ne soit qu'une introduction…
Je continue ma route, à la cool mais sans trop rêvasser, enfin si mais tout en pédalant. Mon objectif est d'atteindre la plage de San Simeon et d'y trouver un coin pour passer la nuit. La route est pour le moment relativement plate et je pense arriver plus tôt que prévu. En attendant, je longe le pacifique, en solitaire, perdu dans mes pensées mais enchanté de retrouver un peu de nature. Tant que je suis en route, rien ne sert de se tracasser au sujet des problèmes de Geocyclab, ça revient de temps à autre mais pour l'instant je me contente de rouler, de vivre le présent, de lui sourire et de lui dire merci.
J'atteinds San Simeon State Park avant 15 heure. Bien sûr, il y est interdit d'y camper mais je trouve rapidement un lieu à l’abri des regard pour planter ma tente, j'attendrai le noir complet pour faire au plus discret. C'est camping interdit et à 200 $ la prune, ça vaut bien le coup de patienter un peu. Enfin, il y a une aire de pick-nick à deux pas, j'ai laissé la cuisine à Barth et Anaïs et je suis impatient de tester ma popote boîte conserve recyclée pour espérer manger chaud ce soir. J'assisterai au « sunset » sur la plage, les nuages se tenteront d'or et de carmin, un dauphin montrera 3 fois sa nageoire dorsale avant de disparaître dans la houle du soir. Pas mal…
Jour 444 - Plaskett Creek
Mardi 17 décembre 2013 - 60 kms - Post n° 446
Fanch : Ma nouvelle popote fonctionne bien, il suffit juste d'être un peu plus patient. Il est 6 heure 30, l'eau chauffe pour le café et je viens d'avaler un bol de purée reconstituée et ainsi faire le plein de sucre lent pour une journée intense.
Malgré l'heure avancée, le jour et déjà levé depuis une trentaine de minutes quand je donne mon premier coup de pédale. Je m'élance à travers les collines dorés. Colline qui malheureusement sont toute et sans exception entourées, clôturées de grillages et de barbelés qui m’accompagne sur la route. Nous sommes au pays de la liberté certes, mais entre la chaussée et les propriétés privées à n'en plus finir il n'y a pour zone franche qu'une étroite bande d'herbe séchée et c'est franchement limité comme territoire d'expression. L'accès aux plages est aussi réglementée. On ne peut pas y dormir, pas faire de feu, elles ferment la plupart du temps au couché du soleil et les rangers du coin veille au grains. Enfin bon, les californiens sont sympas, ils ont aménagés des « Vista point » ou les automobilistes ont la possibilité d'admirer le paysage sans même sortir de leurs bagnoles… Ça reste le dernier lieux ou j'imagine bivouaquer (de toute façon, c'est aussi camping interdit)
Trêve de plaisanterie à ma gauche, le pacifique, à ma droite, des barbelés, un troupeaux de bovidé rumine nonchalamment en compagnie d'un quintet de Zèbres, chercher l'erreur.
Chouette, un autre vista point à 1/2 mile! Le panneau indique: « Elephant seal vista point ». Bon, ça gâche un peu la surprise mais au moins, je suis sûr de ne pas me tromper. Un éléphant de mer, ça pue, c'est pas super sexy et c'est énorme (2500 kilos pour les gros mâles). J'avoue que là c'est pas mal aménagé, les conducteur sont obligés de quitter leurs joujoux et de se garer sur les emplacement prévu à cet effet. Les clôtures longent le sable mais sont en bois cette fois (ça change du barbelé), elle surplombe la plage de à 2 mètres environs. Et… Il y a des dizaines peut être même plusieurs centaines d'éléphants de mer. Tout ce petit monde en période de bronzage intensif. C'est pas beaux ça? Les mâles s'adonnent à quelques vocalises, bien profondes et bien grasses, un bon nombre de femelles plutôt passives veillent sur une tripoté de petits jeunes, c'est d'après le dépliant, la saisons ou ils se retrouvent tous, au sec durant quelques semaine… Si vous voulez en savoir plus sur les éléphants de mer, je vous laisse demander à google ou à votre oncle océanographe.
La grimpette commence et j'atteins Ragged Point le temps d'une pause bouffe. Ce sera mon premier arrêt à un peu plus de 100 mètres au dessus des vague. À deux pas d'ici, la falaise plonge à la vertical et s'explose au contact de l'océan, c'est plutôt impressionnant. Le soleil brille, ce petit break est bienvenu, le panorama exceptionnel et les colibris sont contents.
Et c'est reparti, je pensais bien ne plus avoir guère à grimper, je galère un peu physiquement mais le jeu en vaut la chandelle. À 220 mètre, les vagues ne sont plus que des liserets blanc qui viennent surligner le rivage. L'horizon n'existe plus, un voile de brume se dépose au loin pour que le bleu du ciel et celui de l'eau ne fasse d'un. Le paysage se transforme en peinture surréaliste. Moi, j'en prends plein les yeux…
Je redescend de mon perchoir pour revenir à la réalité mais remonte à 200 mètre un peu plus loin et retrouve un autre paysage, toujours aux frontières de deux monde.
Anaïs : Vélo, endorphines, grimpettes, muscles qui grossissent presque à vue d'oeil, otaries qui flemmardent, paysages nouveaux, beauté, endorphines, nouilles chinoises, dodoooooo…
Barth : Après une nuit un peu agitée par le vent qui secouait la tente, nous émergeons juste avant le soleil et prenons le petit déjeuner en observant phoques et dauphins qui batifolent dans les premiers rayons. Puis nous reprenons la route. Une pause café et quelques courses à Cambria où l'on nous explique qu'un feu de forêt s'est déclenché à Big Sur (pourvu que ce ne soit pas Fanch, je m'en voudrais de ne pas lui avoir laissé le réchaud à alcool..!), puis les kilomètres défilent sur une route cernée de part et d'autre de barbelés qui n'annoncent pas vraiment le bivouac aisé… Un peu avant la nuit nous faisons halte pour admirer une troupe d'éléphants de mer affalés dans le sable derrière le grillage qui les protège des nombreux badaux agglutinés là.. Ou peut-être est-ce l'inverse ?…
Après avoir recroisé la cycliste guitariste qui nous avait doublé la veille le soleil commence à nous faire ses adieux. Avec 50 kms dans les pattes il est temps de trouver un endroit pour dormir, entre la route et l'océan, un peu à l'abri des regards et du vent, sur un terrain propriété de l'état. Le brouillard et l'humidité sont au rendez-vous, la soirée ne se prolonge donc pas.
Jour 445 - Route de Big Sur
Mercredi 18 décembre 2013 - 70 kms - Post n° 447
Fanch : Debout 5 heure. J'ai réussi à me motiver, cool, un bon point pour Fanch. Le temps de remballer, de chauffer le café et de m'avaler mon bol de nouilles et je prends la route vers 7 heure quand les premiers rayons parviennent à percer un ciel décidément bien nuageux.
Les montagnes russes n'en finissent pas. Autant hier et malgré les grimpettes, j'avais la nette impression de longer une côte splendide et spectaculaire, autant aujourd'hui, j'évolue dans un décor de haute montagne. Une épaisse brume s'est levée et avec elle l'infinie étendu d'eau à disparut. A l'Est, le sommet des pics s'évaporent dans les nuages, quand je regarde vers l'Ouest, je suis au bord un ravin sans fond. Mais dans toute cette vapeur, je perçois tout de même l'écho de l'impact des lames se brisant sur le rivage, l'ambiance n'en est que plus mystérieuse.
Point de chaleur ce matin, mon bonnet est à porté de main, ma polaire aussi. Pour expliquer simplement le truc, ça monte et ça descend, je pense passer environs 70% du temps à grimper et à suer, 10% du temps à me refroidir à une vitesse impressionnante et les autres 20% sont destiné à rajouter ou à enlever des couches de vêtements. Bref, on n'est pas dans le scoop là… Je change de sujet.
Dans l'effort, mon regard se perd dans le brouillard. Je ne pense plus à la route, à la prochaine étape ou au nombre de kilomètres à parcourir. Je ne pense plus aux États Unis, à hier ou à demain, à Barth et Anaïs. J'avance, et frise avec avec une forme de transcendance. Mais pensée me guident en terre inconnue, elle sont irrationnelles, désorganisées. Je me laisse porter et ne réaliserai que plus tard que je suis à trois cent mètre d'altitude tout près du mythique Big Sur. N'ayant pas lu le guide du routard en Californie ou le célèbre roman de Jack Kerouac intitulé « Big Sur » je n'ai aucune idée de ce qui m'y attend. Quand j'entame la descente, tout ce que je vois, c'est que ça fume méchamment.
Et oui, Big Sur est en feu. Un bataillon de pompier s'agite à tout va. Je continue ma descente applaudi par les combattants du feu (ils ont vraiment l'air de trouver ça fun) et sans chercher le jeu de mots minable, ça fait chaud au cœur. Je croise quelques magasins de souvenirs, un « general store » qui vend du pain de mie à 5$ et je cherche un panneau « Big Sur » mais rien. Par prévention, les campgrounds sont clos, merde, je comptait passer la nuit dans l'un d'entre eux ce soir. J'achève ma descente et sort du parc national de Big Sur. Quand on me demandera à quoi se résumait ma visite de ce lieu je répondrai certainement quelques chose de ce type: Big Sur fut pour moi, une descente de 300 mètre dans une forêt de séquoia en feu, des dizaines de pompiers et un plan dodo foutu en l'air par les flammes.
Une nouvelle fois, je me confronte à ces nombreuses clôtures et ces milliers d'hectares de terrains privés. Rien, pas un carré de gazon pour accueillir un petite tente. J'enrage. Alors que la brume s'est levée, je n'ai plus cœur à admirer le paysage pourtant extraordinaire. Il est 16h et je doit trouver un plan bivouac, ça urge! La nuit tombe, ça caille de plus en plus, je n'ai plus beaucoup de flotte, la route est sinueuse et dangereuse. Je prends mon courage à deux mains et décide de rouler avec tout les risques que cela comporte les 30 kilomètres qui me séparent de la prochaine opportunité dodo (en théorie). Pour tout vous dire, en ce moment, je ne fais vraiment pas le malin. Mais la chance est avec moi (c'est vraiment ce que je crois parfois) car je degotte 10 bornes plus loin entre un talus et le flanc de la montagne un petit coin relativement isolé de la route. J'y plante ma tente, y fais un petit feu pour bouffer chaud ce soir, c'est pas grand chose mais un plan dodo et un bol de soupe, je vous assure que parfois, ça réconforte… Je suis KO.
Barth : Pas de soleil aujourd'hui, la brume et les nuages sont de mise et le froid les accompagne naturellement. Ce n'est peut-être pas si mal car voici les premières grimpettes qui nous mèneront à Big Sur dans quelques dizaines de miles. Les kilomètres s’enchaînent beaucoup plus lentement donc et une pause grignote s'impose en milieu de matinée dans la dernière aire de repos avant un bon bout de temps. Nous y recroisons une nouvelles fois la cycliste guitariste qui accuse un peu le coup de ces premiers kilomètres de montagne mais ne traînons pas pour avancer au maximum. Un pique-nique glacial dans le creux d'une vallée et quelques pauses pour reprendre notre souffle dans les plus longues ascensions et nous atteignons un nouveau lieu dit ou nous trouvons un peu de réconfort devant un chocolat chaud pas très bon… Notre cycliste guitariste réapparaît une dernière fois et nous fait comprendre qu'elle abandonne la partie.
La nuit se fait déjà sentir et nous trouvons un refuge providentiel dans un petit bois d'eucalyptus perché sur la falaise entre la route et l'océan. Il y fait sec, la vue sur l'horizon est splendide et chose incroyable, les restes fumants d'un feu nous attendent. Le temps de nous installer et nous comprenons que l'endroit n'est pas totalement vide, un gars nous explique qu'il passe quelques jours ici avec un copain pour pêcher et vivre au vert. Nous nous excusons d'avoir pris leur place et malgré notre proposition de partager le feu pour le soir, nous n'aurons pas plus de nouvelles… Le feu sent bon l'eucalyptus, le dîner chaud est ressourçant après cette froide journée, et le sommeil n'est pas long à venir ensuite.
Anaïs : Je redécouvre les joies simples d'être humaine: répondre à ses besoins primitifs: manger parce qu'on a vraiment faim, et pas parce qu'il est 19h, et qu'on va louper le JT, se réchauffer devant un feu et se sentir revivre petit à petit, et pas simplement allumer le chauffage central, redécouvrir la fascination tribale et presque hypnotique que peut exercer un feu et pas seulement allumer une bougie pour le coté romantique, trouver un endroit où dormir sans avoir froid, et pas seulement se glisser sous sa couette douillette, dormir parce qu'on s'écroule de fatigue et pas parce que le film est fini. Je vis « into the wild » (bon oui, vite fait…) mais quand même, je redécouvre que la-dessous, sous mon cerveau, mon corps a aussi beaucoup de choses à raconter.
Jour 446 - Carmel
Jeudi 19 décembre 2012 - 40 kms - Post n° 448
Fanch : La pluie de ce matin m'aide à me lever du pied gauche. Mais la véritable responsable de cette mauvaise humeur, c'est certainement la fatigue et je m'en rendrai compte dès mes premiers coup de pédales. Le vent se mêle de la partie ce qui à pour effets positifs de chasser les nuages et de sécher ma toile de tente en dix minutes, c'est pas mal mais s'il voulait bien souffler dans l'autre sens, je lui en serai reconnaissant. Sur la route de Monterey, je m'accorde une longue pause à la réserve de « Point Lobo » à la fois pour refaire le plein de calories mais aussi pour une petite ballade sur cette côte qui il faut bien l'avoué rabaisse la Pointe du Raz ou le cap de la chèvre à une catégorie inférieur. Enfin, je ne me lasse pas d'observer les otaries surfer dans une mer agitée.
Mes jambes sont lourde et flemmardes, la fatigue ne me permet pas de pousser jusqu'à Monterey comme je l'aurais souhaité. je m'arrête un peu avant, dans une ville nommé Carmel. Je n'ai rien de particulier à dire concernant cette petite zone urbaine excepté qu'elle m'à donné du fil à retordre pour y trouver un lieu de bivouac à l'abri des regards indiscrets. Je découvre un petit coin dans parc publique qui devrait convenir. Interdiction de camper, de faire du feu, de fumer et de passer en vélo. Je note les coordonnés GPS et vais me connecter au Starbuck (aucune réponse positive à mes demandes de couchsurfing, il me faut en contacter d'autres) en attendant que la nuit me permette de m'installer.
C'est vraiment pas simple le bivouac en Californie et s'en est parfois très énervant. En ville je vieux bien comprendre (et encore) mais, même au milieu de nul part, dormir en mode « sauvage » relève du vrai défi. J'aime ça les défis mais à la longue de devoir se cacher, cela devient usant. Depuis que nous roulons aux States, nous avons adopté malgré nous le statu de sans-abris (avec souvent les regards qui vont avec) et nous campons illégalement, c'est fou non? À chaque fois que nous plantons notre tente nous risquons une amande de 200$. Dormir n'est donc pas un droit, ici (comme en France) dormir n'est pas un droit… Ça craint…
Anaïs : Bon OK, j'ai un corps. Là il me hurle un truc, j'entends plus rien d'autre: ARRÊTE DE PÉDALER! C'est mon genou, il est pas content. Il me dit quelque chose du genre: « plutôt que de faire 1000 bornes en 3 semaines une fois par an, essaies d'étaler sur l'année la prochaine fois… »
Barth : Deuxième journée de montagne avec pour ma part un mal de crâne épuisant que j'attribue aux fumée d'eucalyptus de la veille. Le ciel bleu se laisse entrevoir mais le vent rend notre avancée difficile. Enfin, un peu après midi, le soleil est de retour pour une pause déjeuner près d'une source où je prend le temps de faire un micro-lessive. Le paysage se laisse enfin admirer mais la fatigue du jour précédent se fait sentir. Peu avant la nuit, une voiture s'arrête pour nous demander une rapide interview pour une revue norvégienne spécialisée dans les voyages. Un peu de pub pour Geocyclab ça ne peut pas faire de mal mais il nous faut avancer encore pour trouver un endroit où planter la tente ce qui n'est vraiment pas évident car les seuls endroits où le dénivelé permettrait un accès sont généralement de magnifique propriétés avec villas suspendues sur la falaise. Le genou d'Anaïs grince un peu, nous allons nous faire piéger par la nuit sur cette route de montagne quand enfin nous trouvons un petit terrain libre, à l'abri des sapins, et qui doit régulièrement sauver la mise de voyageurs tels que nous si l'on en croit le nombre de traces de feux et de tentes. Nouilles chinoises et au lit !
Jour 447 - Salle des fêtes de Watsonville
Vendredi 20 décembre 2013 - 40 kms - Post n° 449
Barth : Premier réveil au soleil dans notre avancée montagnarde et le petit déjeuner est assorti du passage de quelques baleines au large. Nous sommes très loin mais les quelques jets de bruine qui scintillent ponctuellement dans l'immensité du Pacifique m'émeuvent particulièrement…
La route est toujours aussi physique mais l'entrainement des derniers jours commencent à porter ses fruits. De temps en temps on entend sans les voir les aboiements d'un troupeau d'otaries au pied d'une falaise et les oiseaux mouches s'affairent dans le soleil des talus. La montée finale pour atteindre Big Sur se fera en poussant les vélos, il y a des limites au degré de pente qu'on ne peut pas dépasser, surtout en vélo couché, mais c'est l'occasion de surprendre une famille de cerfs au détour d'un lacet. Et voilà Big Sur, avec sa panoplie de boutiques design et compagnie, ses mini-market hors de prix et surtout les traces encore fumantes de l'incendie des derniers jours. Nous fêtons notre arrivée avec un copieux hamburger dans un pub plutôt pittoresque avant de filer loin de toute cette civilisation dans l'espoir de trouver un coin tranquille pour la nuit.
Erreur… La sortie de Big Sur n'est qu'une succession de terrains agricoles, tous soigneusement clôturés et placardés de « No trepassing, private property ». Je hais les propriétés américaines, c'est décidé. Vingt kilomètres plus loin, la nuit nous a attrapé, au fond d'une vallée balayée par le vent glacial du soir sans aucune chance de trouver un coin où monter la tente. Le fermier chez qui Anaïs va demander l'hospitalité lui répond qu'il est locataire et non autorisé à laisser des gens planter une tente sur son terrain, il nous faut donc nous résigner à bivouaquer dans le fossé, abrités du vent par une bache…
Anaïs : Hey Kerouac, « I did it! » Big Sur, en vélo, sur la route des beatniks. Effectivement pas loin d'être des clochards célestes!
Fanch : 5H30, je préfère lever le camps avant que les sentiers du parc ne soient envahis par les joggers nationaux. Il fait froid (2 degré?), je ne peux pas faire de feu, retourne au Starbuck d'où je ne repartirai qu'une fois l'intégralité de mon corps réchauffé
Ayant bien avancé ces derniers jours et sentant le poids de kilomètres dans mes mollet, je décide de prendre mon temps pour les jours à venir. Je m'accorde même une pause « shopping » avec l'espoir de me trouver une paire de gants pour un prix raisonnable (en voilà une bonne chose de faite) ainsi que quelques course pour la suite du voyage.
La route qui longe la côte entre Monterey à Santa Cruz est truffée de States Beach, endroits idéal pour y planter une tente. Mais la encore c'est la galère. J'ai peut être l'imagination trop développé mais j'ai la nette impression d'être la proie du jour d'un ranger qui s'emmerde. À trois reprises, je joue l'éclaireur dans un de ces parcs, à trois reprises il arrive dans son pickup et se post face à mon vélo, à une trentaine de mètres, éteint son moteur mais braque ses feux sur moi. Ça pue, je me casse d'ici sans plus attendre.
J'arrive à proximité de Watsonville au crépuscule et la galère pour trouver un petit terrain discret continue. Je repère une salle des fête relativement isolé de l'activité du centre ville et derrière laquelle je songe à planter ma tente pour la nuit. Merde, Il y a du monde la dedans, bon, je n'ai plus qu'à demander la permission de camper ici, j'y vais au moins pour signaler ma présence.
Et c'est la que je rencontre la famille Juarez. D'abord Laura et ses filles qui ne semblent pas rassurées par ma présence puis son frère Peter qui arrivant apaise aussitôt les craintes de sa frangine. L'atmosphère se détend. 10 minutes plus tard, je suis convié à rester le week-end chez Peter pour participer à la grande fiesta. Et oui, Laura fête ses 40 ans demain, ici même dans la salle communale, c'est la raisons de leurs présence. Laura et ses filles s'activent pour les préparatifs, alors que je fini la pizza peperoni encore tiède tout en répondant aux questions de Peter qui n'en revient toujours pas qu'on puisse faire du vélo en Afrique.
Il charge mon vélo à bord de son pickup. Une maison m'attend avec une douche chaude, un rasage complet (il est temps), et un canapé dans une ambiance chaleureuse, relaxante, à la mexicaine en somme.
Et je ris seul dans mon lit en pensant à cette journée merdique qui finalement se termine plutôt bien. Il y a trois heures de cela, j'était dans le froid, vraiment fatigué et le moral en berne de ne pas savoir ou dormir ce soir et maintenant je suis mieux que dans un hôtel 4 étoiles. C'est toujours dans ces moments rudes que la providence se manifeste sous son plus beau profil. Je le savais mais que c'est bon quand ça arrive!
Jour 448 - Salle des fêtes de Watsonville
Samedi 21 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 450
Fanch : Après une nuit complète et un petit déjeuné mexicain (évidemment), je participe ce matin au préparatifs des festivités de ce soir. Nous sommes donc de retour donc à la salle des fête derrière laquelle je m’apprêtais à planter ma tente hier soir, mais au lieu de cela, on dresse les tables en y apposant bouquets de fleurs, bougies et paillettes. Le décor est digne d'un mariage, entre les amis et la famille, 80 personnes sont conviées à l'anniversaire de Laura, 40 ans ça se fête dignement.
Il nous reste quelques heures avant l'ouverture du banquet, le temps de s'en retourner à la casa de Peter pour une petite sieste suivit d'une petite bière histoire de se mettre dans le bain. Pedro me prête quelques uns de ses vêtements ce qui signifie que pour la première fois depuis le début de cette aventure, j'ai l'occasion de me mettre sur mon 31. Le pantalon est un peu large mais il fera largement l'affaire.
Ce soir, c'est tacos, bière et tequila, rien d'étonnant donc à constater que la grande majorité des invités soient originaire mexicaine. Après les tacos, l'ouverture du bal est proclamé, le DJ alterne entre pop rock et cumbia, salsa et autres thèmes latino. L'ambiance se réchauffe, les femmes s'élancent sur le dancefloor puis les hommes se laissent tenter à leurs tours. Petit à petit, l'alcool aidant, on danse sans retenue et un peu plus tard sans pudeur. Je reste observateur tout en battant la mesure de mon pied droit, je m'amuse à observer tout ce monde, ces différentes générations, se dandiner le sourire franc et le regard fière. Peter ne me le dit pas mais il le pense tellement fort que je peux l'entendre d'ici : « Tu vois mec, ça c'est une véritable fiesta mexicaine ».
L'avantage avec les fiestas mexicaines c'est qu'elles début très tôt (16h) et lors des 12 coups de minuit, il n'y à déjà plus grand monde et ces l'heure de plier bagage. Ça tombe bien, j'ai besoin de dormir.
Barth : Après une telle nuit, le petit déjeuner est vite expédier, sans prendre le temps de se faire chauffer un café. Le vent souffle ce matin, et forcément pas dans le bon sens… Et les vingts kilomètres qui nous séparent de Carmel, le prochain village, sont majoritairement en mode grimpette. C'est donc le moral et la forme dans les chaussettes que nous prenons enfin le pique-nique du midi près d'une station service, avec un beau soleil pour faire sécher les duvets. C'est le moment que choisi Mike pour débarquer et nous remonter le moral en quelques bonnes paroles de voyageur bohème qu'il est. A 23 ans il vagabonde en faisant du stop sur les routes californiennes pour le moment, droit dans ses bottes et libre comme l'air, et ce café partagé après une dure nuit fut vraiment ressourçant ! Bonne route Mike ! Et merci d'avoir été là !
Quelque kilomètres de descente clôturent la journée tôt, et nous trouvons refuge sur un terrain sauvage entre la plage et une abbaye dont le clocher marque les heures. Douce soirée, toilette, feu de camp, les grosses montagnes de Big Sur sont derrière nous, nous pouvons souffler un peu.
Anaïs : Nous l'avons vu notre clochard céleste, en vrai, tout droit échappé du roman de Kerouac! Ciao Mike, bon vagabondage!
Jour 449 - Watsonville
Dimanche 22 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 451
Anaïs : Retour en terre cimentée et super-marchée. Il va me falloir quelques jours pour retrouver un visage de femme du monde. Ça fait combien de temps déjà que j'ai pas pris de douche?
Barth : Après avoir vite levé le camp, nous filons directement jusqu'à la zone commerciale qui se cachait à quelques kilomètres de là, pour y trouver un café, une connexion, et de quoi remplir dignement la sacoche destinée aux denrées alimentaires qui agrémentent notre quotidien. Nous sommes à l'entrée de Monterey, première grosse ville depuis San Luis Obispo et en traversant cette zone urbaine, la sensation est étrange, de retrouver un décor déjà vu et revu cent fois plus au sud, et de savoir qu'il faut avancer encore, même si la nuit est en train de tomber, pour trouver un coin discret pour monter la tente… Nous revoilà en terre civilisée…
Le seul espace un peu sauvage que nous finissons par trouver sont les immenses dunes qui séparent la highway de l'océan. le vent souffle pas mal, il ne fait pas chaud, mais la tente à l'air de tenir dans le sable et les nouilles chinoises sont cuites et avalées en pas trop de temps.
Fanch : Je me sens bien ici et décide sous l'influence et les encouragement de Peter de rester 24 heures supplémentaires. Je ne suis pas extrêmement pressé et cela s'avère être un bon argument pour me laisser tenter. En fin de matinée, il m'embarque dans ce qui pourrai s'apparenter à une tournée des bars mais à la place des bistrots, nous allons de maison en maison, chez le frère, chez le cousin, chez la frangine, chez un pote et à chaque fois, le shot de tequila est offert, petit cadeau de bienvenu qu'il serai mal vu de refuser, tradition oblige.
Nous faisons également un saut au ranch familial que son père à fait construire il y a plusieurs décénies. C'est ici, alors que je ne m'y attend pas, que Peter décide de se confier un peu plus. Il me parle de sa famille, de la fortune amassé par son père grâce aux bénéfices de la drogue, du milieux dans lequel il a grandit et dans lequel il évolue encore. Il me fait part de conflits et de certaines histoires que je suis étonné d'apprendre d'une manière si naturelle. Je ne peux pas rentrer dans les détails mais, malgré les visages souriants que j'ai croisé jusqu'à là, il semble que tout ne soit pas rose, vraiment pas.
La journée se termine chez une autre frangine de Pedro pour un petit barbecue entre pote. La Bud light est dans le bac à glaçons, le poulet au chili crépite à la chaleur des braises, alors que le soir tombe, ça commence à sentir bon. Peter qui ne se lasse pas de cet exercice, fait les présentations. J'apprends rapidement que La moitié des invités sortent de prison, ils l'assument ouvertement et c'est avec une certaine fierté qu'ils exhibent les tatouages témoignant de cet épisode. J'avoue ne pas être très à l'aise mais il semble que ma présence ne dérange pas, peut être même qu'elle amuse, je suis clairement identifié comme le français sympa mais un peu taré qui fait le tour du monde en vélo. Ça passe bien. Silencieusement, je me détends en croquant dans une cuisse de poulet. La curiosité de connaître davantage chacune de ces personnes est bien présente mais malgré cela, en acceptant l'invitation de ce soir, j'ai le sentiment d'avoir pris des risques inconnus que je préfère ne pas prolonger. Je partirai donc demain matin.
Jour 450 - Capitola
Lundi 23 décembre 2013 - 25 kms - Post n° 452
Fanch : Angine, ça y ressemble bien. J'éprouve quelque difficultés à trouver la motivation nécessaire à reprendre la route. Peter, avec sa générosité sans faille me propose de rester mais je décline l'invitation. D'une part, car hier soir j'ai pris la décision de ne plus traîner dans les parages, d'autre part parce que je ne veux pas prendre trop de retard, on m'attend à San Francisco dans 3 jours et j'ai encore pas mal de bornes à parcourir.
Nous entamons donc la cérémonie des adieux, qui se déroule à coup de poignées de mains et d'accolades amicales. Je m'en vais mais avec l'impression de laisser tout un monde derrière moi avec le sentiment de n'avoir pas su remercier Peter à la juste valeur de son hospitalité. Mais je m'en vais malgré tout, n'attendant que le premier virage pour m'arrêter, me retourner et saluer une dernière moi mon ami Ricanos.
Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas très en forme, les deux jour à dormir au chaud ont probablement déclenché les symptômes du coup de froid. Je roule 30 petites bornes avant de m'arrêter dans un camping aux portes de Santa Cruz. Je ne trouve pas le courage de camper à la sauvage ce soir, je veux juste me coucher tôt et dormir sans prendre le risque d'être dérangé en pleine nuit.
Barth : Le petit déjeuner au Starbuck's Coffee va certainement redevenir une habitude tant que nous croisons des villes, car il nous faut commencer à relancer un peu nos différents contacts en vue de notre arrivée à San Francisco, et également pourquoi pas se trouver un hébergement pour Noël dans deux jours. C'est chose faite, suivi de quelques courses complémentaires pendant que je discute avec un cycliste allant en sens inverse et qui me donne quelques infos sur la route à suivre.
Il y a une piste cyclable qui longe la highway, et c'est une bonne nouvelle ! Après quelques jours de montagne et la semaine d'avant pour s'échauffer, les kilomètres s'avalent plus vite sur ce terrain. Nous arrivons vers midi à Castroville où nous dégustons un burger en jetant un coup d’œil aux réponses des warmshowers, nous avons peut-être un jardin pour planter la tente demain soir à Santa Cruz ! S'en suit la traversée de Watsonville avant de reprendre la direction de la côte et de trouver un petit spot de bivouac entre une rivière et un immense champ cultivé, à l'abri de quelques arbres. Un bon feu qui tient le thé chaud jusque tard, jusqu'au moment où les étoiles font plus de bruit que la rivière, et il est l'heure de dormir.
Anaïs : Barth: « Un bon feu qui tient le thé chaud jusque tard, jusqu'au moment où les étoiles font plus de bruit que la rivière, et il est l'heure de dormir. »
Ouais, pas mieux…
Jour 451 - Año Nuevo State Park
Mardi 24 décembre 2013 - 40 kms - Post n° 453
Barth : La petite route qui nous conduit à Santa Cruz un peu avant midi est presque bucolique. Et au sortir d'une zone résidentielle plutôt luxueuse nous tombons nez à nez avec un Starbucks où nous apprenons que Fanch vient de quitter la ville. On l'a presque rattrappé ! Après avoir confirmé notre plan camping dans le jardin pour le soir nous prenons le temps de grignoter un peu pour avaler les dernières grimpettes dans la ville avec le soleil couchant en pleine face qui nous aveugle. Nous sommes le soir de Noël, il fait un temps solaire et je reste impressionné par le nombre de vagabonds, à pied ou à vélo, que nous croisons.
Nous arrivons avec la nuit dans le jardin de notre hôte, un peu à l'écart de la ville dans une vallée encaissée. Nous plantons donc la tente et après s'être habillés chaudement nous refaisons à pied les quelques kilomètres nous séparant du centre pour fêter notre réveillon dans un vulgaire restaurant japonais où quelques verres de vin donneront un petit air de fête tout de même ! Noël aux USA, dans la patrie d'origine du père du même nom, c'est quelque chose !!! Sur la route du retour, nous apercevons au travers des grandes baies vitrées des propriétés, les familles qui réveillonnent au coin du feu… Magie de Noël !
Fanch : Je me réveil entouré de trois tente alors que je me suis couché seul sur le bout de terrain réservé au cyclo-voyageur. Je discute rapidement avec mon voisinage avant de reprendre la route de Santa Cruz accompagné de Karl qui plus tard me payera un cappuccino le temps de faire un peu plus amples connaissance et de parler voyage. Mon chemin est entrecoupé de pause, plus ou moins longue, plus ou moins agréable. Courses, connexion au cyber réseau, discutions . Conclusion, je n'aurais pas avancé énormément aujourd'hui. Je ne sais pas si c'est le fait de m'être rasé il y a deux jours ou encore parce que nous sommes à quelques heures de Noël mais plusieurs personnes se sont approchées de moi aujourd'hui et c'est avec plaisir que je prends le temps de converser. Il va falloir que je me presse un peu, un Couchsurfer m'attend pour 17 heure après demain et j'ai encore 130 bornes à faire d'ici là.
La hightway 1 continue à longer le rivage. Avec la perte d'altitude elle a aussi perdu un peu de son caractère mais elle continue de me charmer grâce à d'autres atouts qu'elle dévoile aujourd'hui. La mer est lisse et le vent faible, de longues ondes parallèle répondent à l'horizon. Les vagues sont parfaites, creuse, régulières et imposantes (3 mètre?). C'est un beau jours pour les adeptes de la glisse… Et à Santa Cruz, ils sont nombreux. Je conserve ma frustration de ne pas avoir la possibilité de surfer et reprend mon chemin pour sortir de la ville.
Enfin je trouve de quoi planter ma toile de tente dans un State park esseulé et non entretenu, Año Nuevo State Park, c'est con, c'est noël aujourd'hui… Étant donné que nous sommes le 24 décembre, j'espère que le garde champêtre à déjà entamé l'apéro. Pas de champagne pour moi cette année, mais un millier de sapin ne noël à l'Est et un coucher de soleil, sobre mais rassurant sur le Pacifique. Je profite de l'occasion (même si vous lirez ceci dans une dizaine de jour seulement) pour vous envoyer une pensée particulière et souhaiter un joyeux Noël à ma famille en premier lieu, puis à mes amis et à tout les autres que je ne connais pas (pourquoi pas?). Petit moment nostalgique donc ce soir, mais tant que ça ne dur pas trop, c'est chouette la nostalgie.
Merde, ils m'ont mis en tête « We wich you a merry Christmas » au supermarket toute à l'heure. C'est dans le ton mais tout de même agaçant (ça tourne vite en boucle).
Anaïs : « ハッピークリスマス » Ça veut dire joyeux Noël en japonais…
Jour 452 - Half Moon Bay
Mercredi 25 décembre 2013 - 40 kms - Post n° 454
Anaïs : La Californie est une frontière Entre mer et terre Le désert et la vie La Californie La Californie La Californie La Californie
Fanch : Joyeux Noël! Je jette un rapide coups d’œil sous le sapin, rien. Alors je décampe la panse vide pour m'arrêter la ou je pourrai faire du feu pour me faire chauffer un bon café. Sur l'asphalte à 7h30, je suis bien motivé pour rouler mais mon corps ne voit pas cela sous le même angle. Alors que ma tête pense déjà à San Francisco, mes jambes ne veulent pas se réveiller. Il faut accepter l'évidence, je pense avoir un peu forcé au commencement de mon périple solitaire et je ramasse maintenant les pots cassés. Mais ma gorge va mieux et mon angine semble en voie de guérison.
Je fait donc plusieurs pauses, la plupart du temps là ou l'horizon réapparaît. En ce 25 décembre je pensais être relativement tranquille, profiter des paysages désertés par les promeneurs. Belle illusion, je découvre avec stupeur que les californiens ne passent pas forcement ce jour particulier à manger de la dinde en famille au coin du feu en chantant Jingle Bells la bouche pleine. Certains vêtus de rouge et de blanc, ont la bonne idée d'aller à la plage pour une petite session surf, un pick nick entre amis, pour se faire un footing sur le sable ou du lancé de boomerang. Le boomerang, ah oui, je n'y avait pas pensé mais c'est un bon loisir pour les solitaires…
Enfin, cela ne m'empêche pas de savourer ces temps de repos arrosé de soleil. C'est mon dernier jour de voyage sur la fameuse Highway One, demain je retrouverai les tumultes de l'urbanisation. D'après mes calculs, euh et surtout d'après le dernier panneaux de signalisation que j'ai croisé, je suis ce soir à 40 kilomètres de mon point d'atterrissage à San Francisco. Je suis attendu demain aux alentours de 17 heure dans la maison de Steve, adepte de Couchsurfing, ou je prendrai certainement un peu de temps pour me reposer.
Barth : Lever, démontage du camp et direction le Starbucks du centre de Santa Cruz pour un petit déjeuner et une scéance wifi le matin de Noël. Les Starbuk's sont des lieux décidément intéressants en terme de mixité sociale. Les vagabonds y croisent les patrons de start-up au milieu des familles latinos ou des communautés asiatiques. bref, c'est toujours le même décor mais les acteurs changent tous les jours et dans l'ambiance de lendemain de fête d'aujourd'hui je suis comblé !
Quelques courses, quelques kilomètres sur la highway et nous décidons de nous cacher dans un State Park, perchés sur une falaise en face de l'océan et abrités du vent par de nombreux fourrés. Le paysage est vraiment magnifique, le soleil est chaud avant de disparaître dans un impressionnant dégradé Photoshop, alors que phoques, otaries et dauphins s'amusent dans les dernières vagues diurnes.
Jour 453 - San Francisco Downtown
Jeudi 26 décembre 2012 - 50 kms - Post n° 455
Barth : Nous suivons de nouveau la Highway 1, qui en cette période entre Xmas et Happy New year, est juste saturée de voitures. Question sécurité, on ne peut pas se plaindre, le goudron est lisse et il y a de la place pour circuler en vélo sans prendre de risque, mais c'est le bruit incessant des moteurs qui me monte vraiment à la tête et m'empêche de profiter pleinement des beaux paysages que nous traversons. Un arrêt pique-nique sur un champ avec un paquet de cookies au gingembre que nous offre une automobiliste de retour de réveillon, et nous poussons ensuite jusqu'à Pescadero Beach où nous pensions pouvoir trouver de l'eau. Raté, il n'y a rien, il faut faire quelques miles dans les terres pour aller jusqu'au bourg de Pescadero.
Nous y trouvons un café, de l'eau, des nouvelle de fanch qui vient d'arriver à San Francisco, mais la nuit nous appelle à quitter la ville pour finir par trouver un petit bout de terrain à l'entrée d'un ranch sur une route de campagne sinueuse qui doit nous éparger quelques kilomètres de highway bruyante. Cinquante kilomètres dans les pattes, la fatigue est bien là et après avoir avaler un dîner au feu le sommeil est au rendez-vous.
Anaïs : C'est le bout du monde et tous de la civilisation occidentale, le soleil peut lever à l'est, au moins, il s'installe à son emplacement final, il est entendu que Hollywood vend Californication. Californication, Red Hot Chili Peppers, traduction Google translate.
Fanch : Après avoir franchis les dernières collines qui me séparait de mon point d'arrivée, j'aperçois au loin les aubans rouge du Golden Bridge et suis pris d'un sentiment d'excitation de me savoir à la fin de ce périple sur les routes Californiennes. San Francisco me voilà!
Je rentre dans la ville en longeant la côte ouest. Vagues et surfeurs sont toujours au rendez vous et c'est peu dire puisque je n'ai jamais vu de telles conditions auparavant. Le vent est puissant et vient frapper de plein fouet une imposante houle qui s'échoue bruyamment sur le rivage. Ce qui a pour effet de générer de violentes déferlantes, très creuse pour ne pas dire tubulaire. Le choc de la lèvre contre le plan d'eau provoque un claquement sourds, la vague s'enroule sur elle même, déroule rapidement, à droite comme à gauche avant de recracher un dernier souffle et de mourrir progressivement laissant la place à la suivante. Les surfeurs s'en regalent, mes yeux aussi. Ce sera ma pause déjeuner.
Puis San Francisco se dévoile doucement au fur et à mesure de mes laborieux coups de pédales. Et oui, j'avais en tête la légendaire image du tram grimpant le long d'une rue inclinée à 45 degrés (j'exagère un peu) mais je n'expérimente qu'à présent, à la sueur de mon front la réalité de ce relief véritablement… Physique. Je n'irai pas jusqu'à downtown aujourd'hui, pas en vélo en tout cas, mes jambes refusent d'aller plus loin et préfèrent economiser un peu d'énergie pour une dernière ascenscion jusqu'à la maison de Steve. Je marque donc une pause sur les hauteur de la ville et profite un peu du soleil de 15 heure et de sa douce chaleur.
J'arrive un peu en avance l'heure à l'adresse indiquée. Darìo l'argentin, un autre couchsurfeur me rejoint rapidement et nous feront connaissance sur le pas de la porte attendant l'arrivé de notre hôte. Enfin, la maison s'ouvrent, les présentations continuent avec la rencontre de Steve, il s'en suit une bonne douche, une bouffe mexicaine et une rapide visite du centre ville « by night ».
Au premiers abords, Frisco comme on la surnomme ici, est réellement plus attractive que Los Angeles, ou que les autres villes de Californie que nous ayons traversés. Plus intime, plus chaleureuse, elle possède un caractère unique (d'après les gens du coin) et ce malgré son jeune âge. L'architecture victorienne domine et complète le décor, une fois n'est pas coutume, j'ai toujours l'impression d'être figurant dans un film hollywoodien.
Steve, semble se regaler de nous faire découvrir le centre, chinatown, les principaux bâtiments administratifs, museums et quelques autres lieux incontournables du Civic Center… En somme, il est bien probable que je me plaise ici! Affaire à suivre.
Jour 454 - 11ème avenue, San Francisco
Vendredi 27 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 456
Fanch : Une bonne nuit de repos s'est imposée, je me lève en même temps que Darìo mon collègue Couch-surfeur argentin alors que Steve est déjà au boulot. Matin web donc avec Darìo qui fait de même à mes côtés. L'objectif de cette connexion est simple, mais trouver de quoi loger pour les jours à venir en cette période d'entre deux fêtes ne s'avère pas gagné d'avance. Je profite aussi du calme ambiant pour écrire quelques lignes sur mon carnet de bord quelque peu délaissé depuis deux trois jours.
Après le déjeuner la conversation entamé en fin de matinée se prolonge, Darìo me pose plusieurs questions concernant notre projet et son financement. Il va s'en dire et mon interlocuteur me le rappel, que nous sommes chanceux d'avoir des aides ou subventions provenant de différente institutions publiques et qui permettent à ce genre de projet d'exister. Même si parfois nous aimerions qu'il y en ai davantage ou qu'elles soient plus accessibles ou plus ouvertes, c'est aussi ce que je tente de faire comprendre à mon ami argentin…
Nous décidons tardivement de joindre à pied downtown mais vu l'heure nous ne ferons que la moitié du chemin. Notre exploration s'avère être un échec. Downtown ce sera pour plus tard, j'ai promis à notre hôte de me coller au fourneau ce soir. Le temps de faire quelques achats alimentaires, de gravir la colline sur laquelle est perchée la demeure de Steve, de préparer le repas et il sera déjà bien tard. Comme toujours, j'essayerai de concevoir un petit plat sympa, je sais bien que la bouffe reste une valeur sûr pour faire plaisir au maître de maison. Et comme ils doit, on fini tout les trois devant un film, un film dont je ne me souviens déjà plus l'histoire, c'est dire comme il m'aura marqué.
Barth : Chose devenue rare depuis quelques jours, le ciel est couvert ce matin. Et on commence la journée par une grosse grimpette et l'équivalent en descente sinueuse pour gagner San Gregorio où nous ne trouvons pas le pain ou les tortillas qui nous manquent pour un pique-nique digne de ce nom… Il faut donc pousser jusqu'à Half Moon Bay, à une quinzaine de kilomètres pour enfin atteindre notre Graal du jour, un Shop Center !
Quelques courses donc, quelques discussions avec les passants aussi et un petit McDo pour relever les mails.
Finalement nous décidons de payer le camping d'Etat pour une nuit et accéder ainsi au luxe de notre première douche depuis quinze jours ! Et cerise sur le gâteau, au moment de se lancer dans la préparation du repas, un homme vient à notre rencontre en nous proposant quelques bûches qu'il a en trop. Voila de quoi compléter ma modeste récolte de bois flotté sur la plage. notre homme travaille au service Ressources du State Park où nous sommes, en charge de la gestion de la bio-diversité des végétaux dunaires. Il nous explique ainsi sa lutte quotidienne contre différentes espèces invasives entre deux histoires sur les relations présupposées d'une vendeuse de pizza avec le frère d'Al Capone qui seraient une des légende oubliée de la ville. N'ayant pas de logis, il est autorisé par ses employeurs à planter sa tente avec les voyageurs comme nous chaque soir. Chouette rencontre !
Anaïs : Douuuuuche… Quelle merveilleuse invention! Je sais pas qui a inventé l'eau chaude mais il était sacrément futé!
Jour 455 - Miour woods park
Samedi 28 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 457
Anaïs : Vous êtes bien sur le carnet de bord d'Anaïs, elle est absente pour le moment mais vous pouvez laisser un message après le bip, elle vous rappellera dès que possible. Biiiiip.
Barth : Peut-être les effets secondaires de la douche chaude de la veille, impossible de bouger tôt ce matin. Le soleil s'installe silencieusement à sa modeste place zénithale des jours d'hiver, nous échangeons quelques mots avec l'homme de la veille qui n'a pas l'air beaucoup plus pressé que nous, et finalement nous finirons par nous diriger au Starbuck's du coin pour en savoir un peu plus sur la suite du programme.
Pas vraiment de nouvelles pour San Francisco, et ça commence à vraiment m'inquiéter. Noël est passé, et c'est le nouvel an qui pointe son nez, les gens sont en familles en ce moment et sans doute pour une grosse semaine encore. Et pourtant nous avons des contacts, les appels à l'aide lancé sur le net portent leurs fruits comme à chaque fois, les connexions rebondissent et ça fait vraiment chaud au cœur à chaque fois qu'un inconnu nous envois un mail en nous disant « je peux peut-être vous aider »…! Mais malgré tout, je sens que ça ne mord pas… La nuit arrive, on sort de la ville et se fait le même paysage que la veille, terrain de camping en bord de plage mais sans payer cette fois. Ici on paye si on veut ! Bon, y'a pas la douche…
Fanch : Les demandes d'hebergement d'hier n'ont rien données, une autre matinée web se profile, toujours à la recherche de couchsurfeurs, parallèlement je travail sur un dossier de sub qu'il va falloir finaliser et expédier sous peu.
L'après midi quand à elle est plutôt du genre distractive. Steve est en weekend et nous emmène en ballade. Au programme, la visite du Miour State Park situé à quelques kilomètre au Nord de S.F. de l'autre côté du Golden Gate Bridge. Je n'avais vu jusqu'à présent que la cime des haubans rouge et j'avoue ressentir un petit brin d'émotion lors de sa traversée du pont. Et oui, on avance malgré tout, je pourrai au moins me vanter d'être allé à San Francisco en vélo…
De l'autre côté, au nord de la baie, Steve coupe le moteur et nous sortons de la Jeep. Le panorama sur la ville est impressionnant. D'ici, le Golden Bridge s'enfonce dans dowtown, et la ville semble être posée sur une île. Nous ne sommes qu'à un quart d'heure de notre point de départ et nous avons croisé un chat sauvage, quelques biches sur le versant sud d'une colline et un coyote traversant la chaussée. La nature fait face à la civilisation. Le contraste est frappant mais devrait faire figure d'exemple tant San Francisco à su rester humble en préservant quelques bout de terre de l'urbanisation massive. Bon, d'après ce que j'ai compris, avant que ce terrain ne soit estampillée du sigle des California State Parc, c'était une zone militaire réservée à protéger la baie. Ceci explique cela. Mais qu'importe, Frisco est une ville qui respire…
Darìo avec qui j'ai bien sympathisé, me lègue se chambre et s'en va pour un autre hébergement. Il me laisse donc seul avec Steve que je chauffe un peu soir pour qu'il me raconte l'histoire de sa collection de carte marine. Steve est plutôt de nature réservée et j'ai parfois du mal à trouver un sujet de conversation susceptible de le faire parler mais là je crois que nous avons un bon support pour bavarder davantage. Et J'avoue êtres autant impressionné qu'intéressé par toute ces cartes qui jouent le magnifique rôle du trait d'union entre la géographie et l'histoire. Nous passerons soirée passionnante, à genoux au milieu du salon à contempler d'anciennes gravure (certaines de ses cartes date du 16ème siècle) ainsi que de vieux et mystérieux bouquins aux allures de grimoires.
Jour 456 - Fine Arts Museum
Dimanche 29 décembre 2013 - 0 kms - Post n° 458
Fanch : Je bosse sur le dossier de sub avant d'accepter la proposition de Steve pour aller faire un tour au « Fine arts museum of San Francisco » situé à quelques pâtés de maison et une centaine de mètres plus bas. Mais avant tout j'aimerai finaliser le dossier qui est maintenant près à être imprimé.
Ah, des nouvelles de mes amis, ils ne sont pas bien loin et nous devrions nous retrouver demain.
Steve aussi intéressé par le sujet soit-il, m'avoue ne pas toujours comprendre. Je lui rétorque que moi non plus… Même si l'exposition de David Hokney ne nous à ni l'un ni l'autre emballé, elle eu le mérite de lancer une belle discution au sujet de l'art contemporain, de son rôle, de ses dérives, de ses délires…
Anaïs : Bon, allez, je reprendrai l'écriture avant de partir! À tantôt!
Barth : Sous un soleil estival nous prennons le petit déjeuner dans la marina luxueuse qui jouxte Half Moon Bay par le nord. Seul un café à emporté et une part de brownie maison auront réussi à faire succomber notre politique budgétaire mais c'est suffisant avec quelques tortillas au beurre de cacahuète pour faire la route jusque Pacifica, dernière petite ville avant la métropole de San Francisco. Un long et moderne tunnel marque l'arrivée sur cette petite ville balnéaire et l'éxpérience sonore de sa traversée nous laisse à tous les deux le sentiment d'avoir franchit une porte, une frontière entre le sud et le nord peut-être. San Francisco est juste là derrière les quelques colinnes qui bouchent l'horizon…
Un petit tour au Starbuck's pour commencer, l'occasion de relancer quelques contacts et d'aider Fanch qui se débat dans la finalisation du dossier de subvention pour Declic'jeunes. Puis un petit tour de reconnaissance nous fait vite trouver un endroit discret pour planter la tente cette nuit. Pas question de foncer à San Francisco ce soir, nous n'avons pas de point de chute, alors autant profiter du relatif calme de Pacifica pour le moment. Après une bonne pause sur le bord de la plage envahie de surfeurs, nous repassons relever les derniers mails au Starbuck's avant de rejoindre de nuit notre terrain vague. Le diner est rapide, pas possible de faire un feu ici, et un gamin s'amusant avec un faux haut parleur de police a réussi à semer le doute dans notre quiètude nocturne…
Jour 457 - Golden Gate Park
Lundi 30 décembre 2013 - 20 kms - Post n° 459
Barth : Sans surprise, le petit déjeuner se déroule au Starbuck's, le temps d'être sûr que nous n'avons vraiment pas de point de chute, et de prendre rendez-vous avec Fanch dans un camping à l'extérieur de San Francisco pour le soir même. Une piste tout de même, de la part d'un Jonathan qui nous parle d'un lieu associatif autour de l'art et du système D où il serait possible de résider quelques temps peut-être… Affaire à suivre.
On nous en avait parlé, juste avant l'arrivée sur San Francisco, il y a une grosse grimpette ! Effectivement, une sorte de falaise à franchir au milieu des quartiers résidentiels qui nous fera perdre pas mal de temps et de sueur. Mais une fois au sommet il n'y a plus qu'à se laisser glisser jusqu'aux portes de la ville, en attrapant une pizza au passage à Daly City, une ville asiatique. Le soleil est déjà bien bas quand nous commençons à longer la côte ouest de San Francisco pour rejoindre le Golden Gate Bridge au nord. Les kilomètres s'accumulent par dizaines au compteur et finalement la nuit est bien tombée lorsque nous traversons sans bien réaliser un des ponts les plus mythiques du monde. De l'autre côté c'est la nature.. Un state park très bien géré où nous devrons retrouver le camp ground indiquer par Fanch. Sans lumières et sans carte, ça va être vraiment coton… Mais c'est sans compter sur l'arrivée d'un tri-cycliste clignotant de mille feux qui après avoir compris notre affaire, nous propose de le suivre !
Notre sauveur est ranger pour ce parc et vit à quelques miles du camp ground, sur la route que nous cherchons. Nous suivons donc son vélo fluorescent sur une petite route qui passe par un tunnel, nous faisant ainsi éviter une ascension nocturne dans les collines et après avoir décliner son offre de dormir chez lui pour aller retrouver Fanch qui nous attend, nous lui promettons de donner des nouvelles le lendemain. A la frontale, dans un dédale de petites routes toutes neuves qui se ressemblent toutes, nous partons donc à la recherche du campground. Il faut quelques aller-retour, quelques rencontres avec des biches ou des ratons laveurs avant de finir par trouver le petit panneau qui indique le fameux camp ground. Il est pas loin de 21h, Fanch ne nous attendait plus mais le bruit des freins dans la dernière descente ne tarde pas à le réveiller ainsi que les quelques autres campeurs de passage. Il était temps que la journée se termine, et un bon dîner de retrouvailles nous redonne assez de forces pour ronfler en chœur sous les sapins.
Fanch : Après quelques mails, je profite d'une longue conversation d'entre deux fêtes avec mes parents tout en communiquant par mail avec Barth et Anais. Nous n'avons pas de plan ou dormir, on se donne donc RDV au Campground de l'autre côté du pont rouge.
Je dis au revoir à Steve chez qui j'aurai passé du bon temps. J'espère seulement que le temps que nous passerons dans les parages nous lassera l'opportunité de nous revoir. Si ce n'est pas le cas alors, merci Steve, c'est un honneur de te connaître.
Changement de sujet, J'ai pensé au menu du 31 durant la seconde moitié de la soirée d'hier, c'et donc à moi de me charger des courses avant de traverser le Golden Gate Bridge à vélo cette fois. J'arrive camping pour le crépuscule. Mais Barth et Anaïs ne sont pas au rendez vous, pas encore en tout cas. Je plante ma tente et décide de ne pas les attendre pour manger.
Je déballe la bouffe, et commence le grignotage. Sans plus attendre, des yeux s'allument à la lueur de ma frontale, 2, puis 4, puis 6, 12, 16… Oh! Des ratons laveurs, plein de ratons laveurs! Un peu trop d'ailleurs, je suis cerné et ma surprise se transforme en malaise. Je ne ferai pas le malin s'il par malchance il se mettaient tous d'accord pour me sauter dessus. Enfin, j'ai fini de mangé, les curieux sont partis, me laissant tout seul ici, vraiment tout seul.. Mes potes n'arrivent pas alors qu'il fait nuit est noir. Je n'aime pas trop ça. Je cogite et pense à trois options, soit ils ont trouvés un bon plan dodo en chemin, soit ils n'ont pas réussis à atteindre le camp avant là tombée de là nuit, soit ils ne l'on pas trouvé. (faut dire qu'il est bien planqué celui là).
J'ai décider d'allé au pieu, 3 heures qu'il fait noir, ils ont surement trouvé un spot pour la nuit. Alors que je commence à sombrer, bien installé au chaud dans ma tente (sans l'envie d'en ressortir) voila que j'entend d'étranges couinements. Si c'est les ratons laveurs qui causent, il font le même son que celui des freins d'Anaïs.
Jour 458 - Apartement
Mardi 31 décembre 2013 - 5 kms - Post n° 460
Fanch : L'heure n'est pas au boulot, nous nous levons volontairement tardivement et passons une bonne majorité de la journée assis autours d'une table de pique-nique. Apres le petit déjeuner, c'est le déjeuner qui arrive et nous enchaînons les discutions. Il faut croire que c'est bon de se retrouver et de se laisser aller au rythme de la fainéantise. C'est le dernier jour de l'année et sans nous concerter à ce sujet, il semble clair que nous ayons tout les trois décidé d'en profiter pour flâner. Je crois bien que depuis le début de ce voyage, c'est la première fois que je suis sortis de ma tente sans avoir pris soin de plier mon sac de couchage et de rouler mon matelas au préalable, il est 14H et je porte encore mon « pyjama » sous mes vêtements (j'entend par pyjama une espèce de combinaison moulante pour lutter contre le froid).
Alors qu'il tentaient de joindre le campement hier soir, mes compagnons ont fais la connaissance du Ranger James et nous sommes vraisemblablement conviés à partager une soirée de réveillon dans sa demeure située quelques kilomètres sur notre route. C'est la seul obligation que nous nous sommes imposés pour aujourd'hui.
Après avoir plié le camps nous voici sur la route pour 4 interminables kilomètres jusqu'à la maison du Ranger. Nous l'attendons avec les sacoches pleine de nourriture, près à affronter cette soirée comme il se doit. J'ai fais les courses hier Après midi en pensant au menu de ce soir. L'ensemble de ce repas fut élaboré pour une cuisson sur la braise uniquement. Au menu donc, papillote de petits légumes accompagné d'une délicate persillade à l'européen, pommes de terre braisées, steak grillé façon barbecue et crumble de pommes, framboises et cookies sur lit de chocolat noir accompagné du classique thé à la marocaine. Autant se faire plaisir…
Enfin bref, je rencontre enfin notre ami Ranger qui nous accueil avec un appartement vide à nous prêter pour la nuit et tout le confort qui va avec. Le temps de nous faire une beauté et James nous à préparé le dîner. Mon menu tombe à l'eau mais nous mangerons plus qu'il n'en est coutume, j'ai réussi à trouver une place dans le menu pour mes steaks, ma persillade et je me chargerai du dessert auquel nous notre Ranger y ajoutera une point de crème glacé à la vanille… On s'en sort très très bien.
James est grand, un peu rondouillard et affiche bien souvent un sourire à la fois rêveur et attentionné, il cache derrière ses petites lunettes très bien son jeu. Petite à petit, il nous dévoile un parcours hors du commun, boursier en école d'art, boulanger, puis étudiant dans la prestigieuses université de Berkeley, il est à présent Ranger et jongle entre plusieurs domaines de compétences. Il est tout autant passionné par ce qu'il fait qu'il est passionnant quand il en parle. C'est une chance d'être chez lui et je pense d'ailleurs qu'il savoure toute autant que nous ce réveillon improvisé, cette discussion sans gène, presque naturelle qui se met en place. Merci James pour ton accueil qui fait du bien au moral. Je sais que cela n'a rien à voir avec Le hasard. Nous attirons d'avantage le marginal au grand cœur avec nos bécanes et notre atelier mobile que l'investisseurs à cravate, qu'on se le dise! Mais je reste stupéfait devant la richesses culturelle que nous apportent ces belles rencontres aussi simple soient elles…
Minuit passé, allez il faut le dire tout de même, je le pense alors il est de bon ton de l'écrire. « Je vous souhaite à tous une belle et festive année 2014 ». Et surtout, restez branchés, nous n'avons pas fini notre aventure, le meilleur reste à venir, on y crois!
Barth : Après une relative grasse matinée et un petit déjeuner qui traîne en bavardages au sujet de nos routes, rencontres et expériences respectives des dernières semaines, nous décidons de lever le camp en début d'après-midi dans l'idée d'aller téléphoner à notre ranger de la veille. Pour préserver son anonymat, nous l’appellerons Mr X car ce qu'il a fait pour nous sort un peu du règlement du à sa fonction et nous ne voulons surtout pas lui attirer des ennuis…
Le « visitor center » vient de fermer ses portes quand nous arrivons, et l'espoir de pouvoir téléphoner disparaît avec. Nous changeons donc de stratégie et attendons directement Mr X devant chez lui, en espérant qu'il sera de retour assez tôt pour nous laisser le temps de lui proposer de partager notre réveillon. Un peu avant la nuit le voilà donc, en voiture cette fois, et non seulement l'idée de partager le dîner avec nous l'enchante, mais il nous propose directement d'occuper le logement vide à côté de chez lui pour la nuit ! Douche chaude, lessive, électricité, de quoi se détendre un bon coup et nous mettre sur notre 31 avant d'attaquer le dîner !
Mr X nous a devancé, pendant que nous prenions nos douches, il a préparé un copieux dîner, ne nous laissant que le dessert pour apporter notre touche personnelle. Nous réveillonnons donc en toute simplicité, autour d'une bonne soupe et de salades, tofu grillé et steak à la persillade tout en discutant avec Mr X. Adepte de poésie et de peinture, rêvant secrètement de voyager un jour en Ecosse sur la terre de ses ancêtres, notre projet lui parle bien et semble même l'émouvoir. une rencontre providentielle qui nous redonne le sourire après les derniers jours d'attente vaine pour trouver une solution de logement ! C'est ainsi que se clôture 2013, notre première année complète hors de France et loin de nos proches, en très touchante compagnie.
Jour 459 - San Rafael
Mercredi 1 janvier 2014 - 50 kms - Post n° 461
Barth : Le breakfast que Mr X nous a préparé est largement à la hauteur du réveillon de la veille ! S'en suit une séance d'étude des cartes géographiques de la région pour décider de notre prochaine étape. Nous ne pouvons hélas pas résider longtemps dans le logement que Mr X nous a prêté. N'étant pas le propriétaire des lieux, il s'est déjà pas mal mouillé pour nous y faire passer une nuit et il n'est pas question d'abuser. Nous décidons donc de prendre la route de Tiburon, à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur de la baie, d'où nous prendrons le bateau pour Angel's Island pour y poser nos tentes dans un des plus beaux campgrounds du coin selon Mr X !
La piste cyclable longe la côte en passant par Sausalito, petite bourgade bourgeoise les pied dans l'eau. Après une pause Mc Donald pour fêter le premier jour de l'année (on fait ce qu'on peut avec notre budget limité) nous rencontrons Sky, une cycliste qui nous laisse ses coordonnées en nous invitant à dîner, au cas où nous aurions un problème pour rejoindre Angel's Island… Prémonition ? Une fois à l'embarcadère, force est de constater que notre bateau est déjà parti et que les horaires spéciaux de ce jour non ordinaire ne vont pas dans notre sens… Sky vit à une vingtaine de kilomètres au nord, vers San Rafael, et il nous reste tout juste assez de soleil pour y arriver juste avant la nuit. Nous lui laissons un message téléphonique pour l'avertir de notre changement de programme et filons donc pour une nouvelle série de kilomètres. Quelques grimpettes mais pas trop méchantes, une piste cyclable facile à suivre, et nous voilà donc à San Rafael où après avoir pris le temps de trouver un téléphone nous contactons Sky qui vient nous chercher en voiture quelques minutes plus tard.
Quelques derniers miles en suivant sa voiture et nous débarquons, fourbus mais rassurés chez Sky et son mari Tom qui est en train de préparer une platée de pâtes bolognaises parfaitement bienvenue. Verre de vin rouge, pain frais et beurre en apéro, nous sommes encore une fois reçu comme des princes par des inconnus ! Sky est vraiment fan de vélo, du Tour de France entre autre, et elle nous parle un peu de ses virées cyclables en Europe il y a quelques dizaines d'années. Leur maison est décorée d'une incroyable collection d’œuvres, gravures, photos, dessins originaux ayant plus ou moins à voir avec le vélo parfois. Le courant passe bien, la soirée est vraiment agréable mais le sommeil nous appelle vite, nous finirons de discuter demain.
Fanch : On se réveil dans nos appartements, avant que notre voisin ranger ne toc à la porte pour nous annoncé que le petit déjeuner est servis. C'est mieux qu'à l'hôtel et nous éprouvons quelques difficultés pour trouver la motivation de reprendre la route. Mais il va falloir partir d'ici sans trop traîner, le soleil est déjà haut et nous avons quelques bornes à faire. Suivant les conseils de notre hôte nous prenons la route vers le nord pour tenter de joindre Angel Islande sans trop savoir si, en ce premier janvier le ferry exécutera ses allers retours quotidiens. Un camping nous attend là bas, le décor a l'air plutôt sympathique, qui tente rien n'a rien. On y va!
Bien sûr, exceptionnellement, la dernière navette est à 15H30 et il est tout juste 16H. Pas de bol Arnold, vu et vu le prix, c'est peut être pas plus mal… Mais tout n'est pas perdu car, il a quelques kilomètre de cela, nous avons fait la rencontre de Sky (oui c'est son prénom) qui nous a indiquée de l'appeler en cas de pépin. Elle habite 15 miles plus loin, on y va…
Après quelques montagnes Russes, quelques coups de fil, nous voilà à San Raphaël chez Sky et Tom son compagnon. Accueillis bien évidemment comme des princes, nous passons à table, un moment sacré pour les Californien peut être tout autant que chez la plupart des français, enfin bref, c'est le moment de faire plus amples connaissance.
Ici, à San Francisco on se sent mieux, peut être est ce un hasard mais les contacts humain semble plus simple. Peut être est ce une illusion, un coup de bol, mais après plusieurs jours sans rencontrer grand monde, deux invitation en deux jours c'est un record, c'est presque comme en Afrique!
Jour 460 - Bicentennial Camp Ground
Jeudi 2 janvier 2014 - 40 kms - Post n° 462
Fanch : Nous quittons San Raphaël relativement tard mais nous avons profité de la générosité de Tom et de Sky pour avancer un peu sur les recherches d'hébergement et de contacts pouvant nous aider en ce sens. Cependant, Geocyclab reste toujours en suspend.
Nous décidons par la même de ne pas passer sur Angel Island. Ayant à présent connaissances du prix de ferry, de celui du camping et tout cela combiné à une situation relativement isolée, sans internet pour communiquer avec nos quelques contacts de San Francisco, nous décidons de faire demi tour et de revenir au camping qui nous avait servi de lieu de retrouvailles. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un camping (pas de point d'eau), c'est tout simplement un terrain ou le plantage de tente est autorisé et chose non négligeable, c'est gratuit! Enfin bref, il faut se taper les 40 bornes du retour et quand nous arrivons sur le petit bout de terrain, il fait déjà nuit. Là encore, là journée à été trop courte…
Barth : Après une nuit sans interruption, le breakfast a un délicieux goût de « restez ici », mais nous ne voulons vraiment pas abuser de la gentillesse incroyable de nos hôtes improvisés. Peut-être juste le temps de travailler un peu sur internet ce matin, mais ensuite nous reprendrons la route. Les mails s'accumulent, les contacts sont pris dans tous les sens, mais toujours pas de réponse concluante qui pourrait nous soulager un peu et nous permettre de nous reconcentrer sur la publications du carnet de bord en particulier…
Bref, vers 14h, après un regonflage de nos pneus dans l'atelier vélos de Sky et après quelques recommandations sur la route à suivre, nous reprenons la route, en direction du campground de l'avant-veille, qui en plus d'être gratuit à l'avantage d'être accessible sans prendre de bateau. Encore une fois notre arrivée coïncide avec la tombée de la nuit, mais en connaissant les lieux, les choses sont plus efficaces et nous ne sommes pas long à re-installer le camp. Plus d'alcool pour notre canstove, le dîner sera donc préparé au feu de bois sur un des barbecues de l'aire de picnic qui surplombe le campground. Pour le plus grand plaisir de Fanch qui s'est équipé de papier aluminium en vue d'une série de recettes papillotes ! premier essai concluant !
Jour 461 - Tunnel
Vendredi 3 janvier 2014 - 25 kms - Post n° 463
Barth : Nous voilà donc coincé dans ce campground en attendant de trouver une solution pour accéder au saint graal, passer quelques jours dans la ville de San Francisco ! Sans doute la période des fêtes ne nous aura pas vraiment aidé pour contacter des gens, mais je ses tout de même que cette fois ci on est en train de s'attaquer à du lourd, trouver un squat gratuit à San Francisco n'est pas la même histoire qu'à Dakar…
Après un petit déjeuner au soleil en admirant la vue sur le Golden Gate Bridge et sur San Francisco qui émergent dans les brumes juste en face de nous, je file avec Fanch jusque Sausalito, pour refaire des courses et prendre les nouvelles sur internet. Pas de nouvelle aujourd'hui encore… Peut-être que ça ira mieux lundi avec la fin de vacances… Sans oublier de faire des provisions d'eau sur la route du retour, nous revoilà donc au campground pour un dîner barbecue version 2.0, qui je dois l'avouer fait preuve d'une certaine amélioration par rapport à la veille ! Puis c'est la nuit, après la ronde des ratons laveurs, la brume envahi la baie en déclenchant les nombreuses cornes de brumes qui se répondent inlassablement en berçant notre sommeil.
Fanch : Nous sommes bien ici, au milieu des ratons laveurs, relativement isolé et avec un panorama silencieux sur San Francisco. Nous n'avons pas à décamper de bonne heure, nous n'avons pas à décamper tout court et tout cela me fait penser au vacances. Ah, les vacances! Mais il va falloir attendre encore un peu en espérant se prendre trois jours à rien foutre. Hors sujet! Anais reste là et garde œil sur le bivouac, on part avec Barth à Sausalito, une petite ville à 10 bornes plus au nord pour trouver une connexion (espérant qu'il y à de neuf côté hébergement) et acheter de quoi manger correctement.
Petite journée qui ne nous auras pas vraiment avancée. J'arrive tout juste à rédiger les quelques notes de ces derniers jour avant de préparer le repas du soir. Côté moral, ça va, mais le fait de voir Geocyclab ne pas réussir à reprendre son souffle et surtout de se sentir impuissant face au boulot qui nous attends ne nous aide en rien. Enfin bon, comme le dit si bien Barth, « tant que ça recule pas »…
Jour 462 - Sausalito
Samedi 4 janvier 2014 - 25 kms - Post n° 464
Fanch : À quelques détails près, la journée d'hier se répète aujourd'hui. Anais reste auprès du matos pendant que Barth va se connecter à Sausalito je m'occupe des courses. Prendre le vélo ne me dérange pas particulièrement mais 100 mètres de dénivelé dès le matin, ça ne me motive pas spécialement…
Les communications reprennent doucement, nos contacts sont rentrés de vacances et ouvre timidement leurs messagerie virtuelle, de l'autre côté du pont San Francisco se réveil, mais pour l'instant, il n'y a pas un message dans notre boîte mail qui nous donne l'occasion de nous réjouir. C'est relativement frustrant de voir cette ville d'ici, de savoir qu'il s'y passe plein de choses intéressantes et de se sentir bloqué ici, faute de logement… Et d'argent.
Je rejoint Barth au café d'ou il se connecte pour faire le retour ensemble. Nous nous arrêtons chez Ranger James puisque sa maison se trouve relativement près du campground, simplement dans l'intention de le saluer. Nous ne traînons pas mais comme il faut une bonne nouvelle (au moins une) notre ranger préféré nous propose sa maison demain pour se connecter ainsi que pour se débarbouiller, cela nous évitera d'aller à Sausalito.
La soirée est identique à celle d'hier, le brouillard s'empare doucement des étoiles, mais nous laisse entrevoir les lumière du Golden Gate. Il ne fait pas froid, mais humide et j'ai bien quand il fait sec moi!
Barth : Les journées se suivent et se ressemblent beaucoup… Encore une fois, Anaïs reste au campground pour garder les affaires tandis que nous filons avec Fanch jusque Sausalito pour nous ravitailler et répondre aux derniers mails. Quelques nouvelles de Jonathan qui nous invite mercredi prochain pour un dîner de rentrer avec toute l'équipe de « The place for sustainable living », afin de nous rencontrer et de voir si un arrangement serait possible. Enfin une éclaircie !
Sur la route du retour nous faisons halte rapidement chez Mr X pour lui donner un peu les dernières nouvelles et après avoir pris connaissance de notre situation bloquée, il nous invite le lendemain à passer chez lui pour nous connecter ce qui divise par deux la distance à parcourir pour relever nos mails. Puis c'est le traditionnel dîner au barbecue, un peu animé par le passage de rangers qui nous font savoir que le campground est complet ce soir et que comme nous n'avons pas de permis nous pouvons passer la nuit sur l'aire de pique-nique… Finalement non, après avoir expliqué notre cas, on peut rester où l'on est, pas de problème. c'est impressionnant de se sentir autant dans la nature, loin de tout, avec sous les yeux une des plus belles villes du monde et le sentiment troublant de mesurer combien cette « nature » est sur-protégée et régulée par l'armée de rangers dont c'est la mission. Mais tout ceci se passe dans la bonne humeur heureusement !
Jour 463 - Bicentennial State Park
Dimanche 5 janvier 2014 - 10 kms - Post n° 465
Barth : Après un petit déjeuner au barbecue je file chez Mr X avec Anaïs pour nous connecter et prendre une douche ! Un petit détour par le « visitor center » pour y obtenir nos permis de séjour au campground et nous sommes ensuite reçus chez Mr X avec un bon café bien chaud. Nous prenons tout de même le temps de discuter un peu avec notre hôte qui nous propose d'organiser une présentation informelle de Geocyclab dans les jours qui viennent. Riche idée !
De retour au camp, c'est Fanch qui prend le relais, pour profiter de la douche également et poursuivre la conversation avec Mr X.. C'es le moment que je choisi pour me rendre compte que j'ai oublié ma sacoche avec mon passeport chez Mr X, du moins c'est ce que j'espère… On verra demain, si Fanch ne me la ramène pas tout à l'heure. Toujours pas de nouvelle sur internet, Fanch rentre bredouille et sans ma sacoche. Le dîner, toujours au barbecue est animé par des interrogations sur la suite de notre voyage, à savoir prendre rapidement nos billets pour l'Indonésie et ne pas nous éterniser dans ce pays où tout est cher et parfois compliqué… De quoi méditer pour toute la nuit, après avoir manqué le passage éclair de Mr X, venu me rapporter ma sacoche juste après que nous ne nous soyons couchés…
Fanch : Barth et Anais sont chez James, je garde le campement tout en bossant sur mes écrits ce matin. Un quatuor de biches s'approchent en douceur, attentive au moindre bruit, un craquement de branche suffit à les alerter, mais elles sont à 5 mètres devant moi et je n'ai pas l'impression de trop déranger.
Je vais à mon tours chez James, rien de neuf à part que les billets d'avions sont moins cher que je ne le craignait.
Je n'ai pas grand chose de neuf à raconter, désolé!
Jour 464 - Bicentennial State Park
Lundi 6 janvier 2014 - 40 kms - Post n° 466
Fanch : Bon, nous avons beau relancer les contacts qui s'était manifesté auparavant, mais les seuls retour sont négatifs et toujours pas de,plan ou dormir, ça ne laisse pas grand espoir pour la suite. Pour faire semblant d'avoir la pêche, surtout pour ne pas voir mes compagnons la perdre, je me dévoue pour remplir le frigo. Je reçois par la même occasion un bon pour un allez retour au supermarket, 40 bornes en vélo pour ramener deux jours d'autonomie, à ce prix là je vous assure qu'on va bien manger…
Barth : Nous avons beaucoup de chance avec la météo dans notre situation précaire. Alors que tout le pays semble pris par le froid et des tombées de neige records, nous sommes au sec, sous le soleil en journée, ce qui n'est pas très habituel pour la saison… Aujourd'hui c'est Fanch qui se colle aux courses, je me contente d'un aller-retour chez Mr X, d'où je peux me connecter depuis l'extérieur et prendre quelques nouvelles… Pas de nouvelle… Sauf de la visio-conférence à laquelle nous allons participer à l'occasion du lancement de la cantine numérique de Quimper mercredi prochain. Un saut au « visitor center » pour voir si des places se sont désister pour la nuit de mardi qui est annoncée complète et me revoilà au camp, pour écrire un peu mon carnet en retard.
Le retour de Fanch annonce le déjeuner, suivi d'une sieste, d'encore un peu d'écriture, avant d'aller ramasser un peu de bois parmi les biches pour faire chauffer le barbecue du soir… Drôle de vie, je n'avais pas imaginer San Francisco comme ça…
Jour 465 - Bicentennial Camp Ground
Mardi 7 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 467
Barth : Ce matin, je me lève plus tôt avec Anaïs et le temps d'avaler un petit-déjeuner et nous passons le relais à Fanch avant de nous éclipser pour une journée en ville. Nous sommes coincés au campground depuis quelques jours, Anaïs va bientôt reprendre la route de la France, et ce serait tout de même malheureux de ne rien voir de San Francisco avant son départ… La traversée du Golden Gate Bridge de jour est un peu plus stimulante que lors de notre arrivée et nous n'avons que l'embarras du choix pour suivre une des nombreuses pistes cyclables qui mènent vers DownTown.
Mis à part de changer d'air et de voir un peu la ville, la journée est tout de même bien remplie par la recherche d'une connexion internet et de quelques victuailles pour le repas du soir. La visio-conférence du lendemain est finalement reportée à la semaine prochaine, et nous n'avons toujours pas de précision de la part de Jonathan pour le dîner de demain soir… la tombée du jour qui sonne l'heure du retour est précédée d'une montée impressionnante de brumes qui en plus de déclencher toutes les cornes de la baie, font arriver l'obscurité plus tôt. Il est temps de rentrer, le plus vite possible pour ne pas être pris par la nuit, de retraverser le pont, le tunnel et de glisser sur la petite route du state park jusqu'au camp ground où nous retrouvons Fanch en train de jouer avec un raton laveur. C'est l'heure du dîner papillote version 3.0, rien à redire !
Fanch : Barth et Anais sont à San Francisco, je reste seul aujourd'hui pour veiller sur le campement. Au programme, écriture du carnet de bord, rangement, bricolage, testes, enfin, préparation du repas, flûte et rêverie, beaucoup de rêverie. Notre situation n'évolue guère et je commence à Saturer de tourner en rond ainsi. Je regarde San Francisco de loin, le matin, le midi et le soir sans parvenir à y accéder, ou bout d'un moment c'est lassant, pour ne pas dire frustrant! Et oui, 20 bornes pour y aller, 20 pour en revenir, remballer toute nos affaires le matin pour les redéballer le soir et en plus il faut se taper la route chargés comme des mulets pour au final ne pas savoir quoi faire de nos bécanes une fois en ville. Tout ça pour une ou deux heure de ballade à Downtown, je veux bien le faire, une fois mais pas dix…
C'est con d'en arriver là mais je n'ai plus qu'une chose et tête… L'Indonésie.
Jour 466 - Bicentennial Camp Ground
Mercredi 8 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 468
Fanch : Rien de neuf enfin si, nous avions deux rendez vous aujourd'hui, mais il ont été tous deux reportés à là semaine prochaine. Conclusion, mes amis on décidés de se prendre une chambre d'hôtel en ville pour qu'Anaïs ait l'opportunité de voir San Francisco avant son départ. Ils s'en iront demain et je pense qu'ils ont raison. Quant à moi, pour ne pas trop dépenser, je vais rester sur le camping encore quelques jours mais vais surement craquer et faire comme les autres si la situation ne se décoince pas…
Barth : Après le déjeuner, je retourne chez Mr X avec Anaïs pour une nouvelle connexion… Le dîner de Jonathan est lui aussi reporté à la semaine prochaine, nous voilà donc revenu à notre point de départ ou presque dans nos recherches, raison suffisante pour passer au plan B et réserver un hôtel pour les derniers jours d'Anaïs ici. Nous abandonnerons donc Fanch demain pour aller passer quelques jours en ville, profiter et visiter bien sûr, mais aussi pour avoir le temps de bosser sur la mise à jour du site qui n'a jamais été aussi longtemps interrompue et sur l'organisation de notre décollage pour l'Indonésie avant la fin du mois sans doute…
La fin de la journée se passe au campground, baignés dans les nuages qui sont descendus bien bas, et le dîner de ce soir verra le retour triomphale de nos fameuses nouilles chinoises qui m'auraient presque manqué !
Jour 467 - Sausalito
Jeudi 9 janvier 2014 - 40 kms - Post n° 469
Barth : Après un dernier petit déjeuner au feu pour Anaïs et moi, nous levons tous les trois le camp en profitant un peu du soleil qui fait sécher les affaires mouillées par la brume nocturne. Nous accompagnons ensuite Fanch jusqu'à la sortie du tunnel, là où nos routes se séparent, à droite vers le Golden Gate Bridge et San Francisco pour nous, et à gauche vers Sausalito pour Fanch qui va se connecter et faire des provisions avant de revenir au campground. A toute en ville, inch'allah !
Une fois le pont franchi, une petite pause café s'impose, nous ne sommes pas vraiment pressés et il fait beau, alors bon ! Puis nous partons à la recherche de notre hôtel, sur la sixième avenue au sud de Market Street dans le quartier Soma. En gros c'est de l'autre côté de la ville et mon petit doigt me dit qu'il vaut mieux longer par la côte plutôt que de tenter une diagonale montagnarde… J'avais raison et nous trouvons sans peine l’établissement, un peu vieillot, mais plutôt tranquille en apparence. on nous donne une carte magnétique à l'entrée qui sera notre passe-partout des prochains jours, et après avoir un peu galéré à monter les vélos sur les deux étages de la petite cage d'escalier moquettée, nous voici posés !
Douche, repos, et connexion internet depuis la chambre pour prendre les nouvelles du jour. Pas vraiment de nouvelles comme d'habitude… Un petit tour dans l quartier pour trouver de quoi assurer la fonction d'un dîner économique, et pour avoir un petit aperçu sur l'ambiance locale. On n'est sûrement pas dans le quartier le plus chic de San Francisco, et le nombre de vagabonds est assez impressionnant ici, mais plutôt pas méchants dans l'ensemble. Et on est pas si loin du cœur de la ville, à quelques dizaines de minutes à pieds quoi. On verra demain !
Fanch : Les tentes sèchent au soleil du matin et nous plions tout trois bagages. Barth et Anaïs s'en vont vers San Francisco ou il prendrons congés quelques temps, je me prépare à faire la route pour un petit réapprovisionnement. Personne ne sera là pour garder le camps, je préfère tout remballer car je risque de passer la journée à Sausalito. Je vais tenter de trouver un café sympa histoire de charger les batteries et de me connecter au web pour relancer quelques couchsurfeurs, toujours dans l'espoir de trouver quelque chose qui s'apparente à un logement.
Ce n'est pas que je soit mal ici, je trouve même ce lieu plutôt confortable. En faite, c'est entre du camping à la mode bidochon et du camping sauvage. Excepté trois tables en bois, trois coffre en métal sensé protéger la nourriture des animaux sauvages un peu trop gourmands, il n'y a aucune infrastructure mais le bivouac y est autorisé. Nous sommes seuls la plupart du temps, nous pouvons faire du feu et le bois ne manque pas, le point d'eau est à deux kilomètre. Je prépare le repas du soir avec les ratons laveurs, les biches s'approche à 3 mètres des tentes pour mâchouiller une herbe encore un peu verte et on a même la chance de croiser un jeune renard gris qui de temps à autre traverse non nonchalamment notre petit bout de terrain. Il fait un peu frais mais il fait beau, franchement, c'est l'idéal… Pour des vacances. Mais nous ne sommes pas en vacances, nous aimerions rattraper le boulot en retard, préparer le périple en Indonésie, rencontrer du monde concernant les Objets Libres et bien d'autres choses que notre situation géographique (entre autre) rend difficile à réaliser.
Bref, 20 bornes aller, 20 bornes retour, je devrais tenir au moins quatre jours avec toute ces provisions. Je rentre au campement. Malgré l'absence de mes compagnons de route je ne serai pas seul pour le dîner. James alias Mr X (On ne s'est pas mis d'accord sur ce coup là et je viens juste de m'en rendre compte) notre ranger préféré, ne tarde pas a venir charbon de bois dans la main gauche, crème glacée dans la main droite. Cool de la compagnie! Et un peu d'exotisme pour James (en tout cas pour le menu, légumes façon tajine). Nous discuterons longuement (et lentement car je lui demande de répéter une phrase sur deux) de progrès technologiques, d'arbre généalogique, de notre relation à la nature, de Buck Mister Fuller, du véritable barbecue, de la seconde guerre mondiale, d'humanité… On refait le monde quoi! Et ouai! C'est pas mal pour le moral de refaire le monde avec un Ranger plutôt sympathique tout en dégustant de la glace au café en regardant les lumières du Golden Gate Bridge scintiller!
Wahou! La glace c'est bon mais vu comme il fait froid, je regrette presque… Je ne vais pas m’éterniser là…
Jour 468 - Bicentennial Camp Ground
Vendredi 10 janvier 2014 - 15 kms - Post n° 470
Fanch : Allez Fanch… On se motive… Je suis bien au chaud! Dehors c'est tout gris avec plein de vent tout froid… Allez go!
Je n'ai pas spécialement la tête à avancer aujourd'hui mais je dois absolument finir de rédiger mes notes pour les expédier à Barth qui fera la syncro prochainement. Il faut aussi que je passe voir les rangers pour leur signaler ma présence sur le campground, que j'aille me connecter devant la maison de James pour guetter les réponses des couchsurfeurs, mais aussi les prix des billets d'avions… Ça c'est c'est ce que je me dis pour réussir à m'extraire de mon sac de couchage, le seul truc chaud à trois kilomètres à la ronde. Je sors finalement pour lancer le feu, c'est chaud aussi et ça fait du bien, chocolat chaud et pain grillé avec du beurre salé qui fond sur la mie… Ouai, je crois que c'était ça la réel motivation, chocolat chaud et pain grillé.
Le soleil a disparut depuis le petit déjeuner, j'ai réussi à faire ce que j'avais en tête et ce malgré ma flemme matinale. En revanche, toujours pas de réponse positive concernant un potentiel hébergement sur San Francisco, faut croire qu'on s'obstine.
Je lance le feu pour le repas du soir alors que James apparaît dans la brume vêtu de son uniforme de ranger, très classe (c'est la première fois que je le vois en uniforme, vous comprenez…) Nous avions parlé hier soir d'une éventuelle présentation de Geocyclab auprès de ses collègues et/ou amis pour demain, samedi (aurais-je omis de le préciser dans mes notes?). Mais pour une bonne organisation le délai paraît un peu court et nous décidons unanimement (Barth m'a envoyé un mail à ce sujet, je pense qu'il sera d'accord) de repousser le rendez vous de quelques jours, cela laissera le temps à James de faire un peu de communication autour de l'événement.
Bref, pas de crème glacé au menu de ce soir mais de la compagnie tout de même. À part ça, il fait nuit et humide, le brouillard est dense presque palpable, on y voit rien à deux mètres et cette ambiance me rappelle une BD dont j'ai oublié et le titre et l'auteur mais dont le protagoniste est sculpteur de brume… Ça parle à quelqu'un?
Barth : Après avoir dégoté un café sans lequel la journée ne peut pas vraiment commencer, nous passons au Visitor Center (office de tourisme) pour glaner quelques infos, en particulier sur les moyens de transports pour Los Angeles en vue du décollage d'Anaïs.
Le temps est ensoleillé et nous sommes tous les deux armés de nos appareils photo, pour une fois sans nos encombrantes montures, ça vaut le coup de faire la route à pied jusqu'au nord de la ville pour aller visiter l'ambassade d'Indonésie. Une belle grimpette jusque Grace Cathedral d'où la vue est impressionnante sur les avenues qui dégringolent de tous les côtés vers le rivage, et nous voilà donc au consulat d'Indonésie… C'est ouvert, mais vide. Juste un employé à l'accueil qui nous explique rapidement que les visas s'obtiennent à l'arrivée à l'aéroport. Bon, OK, j'aurais put trouver ça avec Google… Mais on est à San Francisco hein !
La route du retour nous fait longer Chinatown mais pas le temps de trop flâner, il fait faim et j'ai un peu de boulot à abattre ce soir pour la synchronisation du site en particulier. Quelques mails de Fanch et notre ami Mr X le ranger au sujet de la présentation de Geocyclab qui devrait avoir lieu vers le 20, et des nouvelles des recherches de billets d'avion qui commence à rendre notre décollage plus concret et imminent…
Jour 469 - Bicentennial Camp Ground
Samedi 11 janvier 2014 - 7 kms - Post n° 471
Barth : Le café au Starbucks, avec séance écriture pour rattraper encore un peu mon retard dans mon carnet, n'aura pas suffit à redonner un peu de chaleur à cette journée pluvieuse et studieuse. Mais je me couche la tête allégée de savoir que vous allez pouvoir reprendre la lecture de nos aventures, même si elles manquent un peu de palpitations ces derniers jours ! Le site est de nouveau à jour, Geocyclab respire encore, ouf !
Et quelques nouvelles de Fanch m'annoncent que nos billets pour l'Indonésie sont presque achetés, on va bientôt pouvoir aller voir ce qui se passe de l'autre côté, du Pacifique…!
Fanch : C'est la sécheresse dans ce coin de Californie, une grande sécheresse en même temps q'un record. Et bien la fête est terminée, retour à la normale! A San Francisco, l'hivers est similaire à celui de Bretagne, pas trop froid mais vachement humide. La nature est contente mais pas moi! Si il y a bien une chose qui ne me manque pas, c'est bien ce temps pourri! Ce n'est pas de la grosse pluie mais des milliards et des milliards de petites gouttelette qui pénètrent partout et en profondeur! La terre jusqu'à présent poussiéreuse s'est changée en boue et je pose les pieds dedans à 7h30 ce matin.
Bonjour!
Et c'est répartit pour un tour, je remballe mes affaire, charge le mulet et part me connecter chez James. J'ai pour habitude de connecter ma tablette depuis l'extérieur de la maison. Mais c'est le week-end pour James (il est là quoi), et il m'accueille avec du pain frais, du fromage, en somme tout ce qu'il faut pour me faire oublier le taux d'humidité ambiant et ma tente que je n'ai pas eu l'occasion de faire sécher avant de la glisser dans une de mes sacoches.
Mission du jour… Acheter les billets! Il est grand temps de se décider, constatant que notre séjour frise avec l'échec, nous n'espérons plus grand chose et pouvons arrêter d'hors et déjà une date. Et ce sera le 26 Janvier! Les billets ne sont vraiment pas chers et d'après mes calculs, nous devrions fêter mon anniversaire à 8000 mètres d'altitude, je n'avais jamais fait ça auparavant, ça ne change rien à part qu'à bord des Boeing 747, on ne paye pas les boissons servies avec les repas… Je vais me prendre une cuite gratos, ou pas. Bref, je m'égard vite, peut être parce que je ne veut pas avouer que j'ai gaspillé une journée à essayer de comprendre pourquoi je ne peux pas payer par carte…
Une journée maussade durant laquelle je n'aurai pas contribué à grand chose… Voyons le bon côté des choses, tout ce temps à surfer sur les sites des différentes compagnies pour comprendre leur politique concernant le transport de bagage « oversize » et d'équipement sportif, tout ce temps, je ne l'ai pas passé sous la pluie… Et à ma grande surprise, le soleil est revenu! Je vais donc pouvoir faire sécher ma tente avant de dormir, un bon point!
Jour 470 - Bicentennial Camp Ground
Dimanche 12 janvier 2014 - 15 kms - Post n° 472
Fanch : Bon, je vous épargne mon petit rituel du matin, (la flemme de sortir de la tente, le feu, le café chaud et tout et tout) pour passer directement aux choses sérieuse. C'est bon, nous partons en Indonésie, première escale dans moins de 15 jours sur l'Île de Bali. Nous arriverons le 28 Janvier à Denpasar, sous la flotte certainement puisque nous choisissons la saison des pluie pour notre séjour au sud de l'équateur… Une autre aventure s'annonce donc!
Je ne vais rien écrire de plus sur l'avenir et me concentrer davantage sur le présent. Je suis chez le ranger, l'histoire des billets est donc réglée (merci Madame Dodeur pour le coup de main!) il reste encore à prévenir la compagnie aérienne que nous sommes bien chargés. J'en profite pour réserver un hôtel bon marché à Denpasar (j'ai retenu la leçon de notre arrivée pitoyable à Mexico), et fais de même pour 2 nuits dans une auberge de jeunesse de Downtown San Francisco pour au moins trois raisons. J'aimerai dire au revoir à Anaïs, le camping c'est chouette mais une ou deux nuit au chaud c'est bien aussi, je pourrai plus facilement continuer à préparer notre arrivée en Indonésie via la connexion de l'hôtel et peut être même mais ça reste optionnel, que je me ferai une petite sortie culturelle… On verra bien. Il est vraiment sympa James, il a acheté du (bon) fromage, des saucisses et des oeufs pour m'offrir un petit déjeuner à plusieurs étoiles. Ça c'est de l'accueil!
Je rentre au campement, comme si je rentrais à la maison après une journée de travail. Sauf que la fenêtre du salon donne sur une des plus belle vue du globe. La nuit ne tombera que dans une bonne heure. Je profite de ce temps pour me poser face à l'océan pour contempler, juste contempler et surtout ne rien faire d'autre.
Une fois le soleil couché, je dois déjà penser à demain…
Barth : Après la journée hivernale d'hier, c'est le ciel bleu qui est au rendez-vous aujourd'hui et on se croirait presque en plein été en Bretagne (un jour où il pleut pas). Bref, nous sommes dimanche, une ballade au Park s'impose, et tant qu'à faire le Golden Gate du nom. Une petite heure de marche pour y arriver et deux bonnes supplémentaire pour le traverser d'est en ouest, c'est un programme qui prend la journée ! Après en soit le park est magnifique bien sûr, et très bien aménagé, et c'est vraiment impressionnant de voir un tel poumon au cœur d'une grande ville. L'atmosphère de San Francisco s'y distille dans un savant mélange où chacun semble trouver sa place malgré les incroyables écarts de situations sociales que je découvre…
Quelques courses et un retour en bus dans notre petit hôtel où la soirée est dédiée au repos, tout en gérant d'un œil les sauvegardes de nos précieuses données sur un nouveau disque dur qu'Anaïs aura la mission de ramener en France !
Jour 471 - Mission Street, San Francisco
Lundi 13 janvier 2014 - 30 kms - Post n° 473
Barth : Après une bonne grasse matinée, je finalise et vérifie la sauvegarde de toutes nos données depuis le départ avant de sortir nous promener. Le soleil est toujours radieux et après un passage au terminal de bus pour vérifier les conditions d'embarquement du vélo d'Anaïs qu'elle va rendre à David en passant à Los Angeles, nous flânons un peu sur les quais, côté baie…
Le soir nous retrouvons Fanch qui a fini par se décider à réserver quelques nuits dans une auberge pas loin de notre hôtel. Il est accompagné de Jérome, un français qui stationne ici en attendant de filer au Pérou après s'être rempli les poches de dollars dans une plantation de cannabis au nord de la Californie. Dîner japonais et discussion en français donc, pour clôturer cette journée.
Fanch : Après 15 jours au bicentenerial campground en (presque) total harmonie avec mère nature, j'ai l'étrange sentiment que ce retour à la vie urbaine sonne comme un retour à la folie. Je dis cela parce que je pense être arrivé dans le quartier le plus sombre, peut être le plus triste de la belle San Francisco.
Mon auberge de jeunesse ce situe à deux pas du carrefour de la 8ème Avenue et Mission Street. Cette dernière rue est la première parallèle de Market Street. Ce duo naît aux frontière de Castro, quartier gay réputé pour mourir dans les antres du quartier de la finance. Market Street comme son nom l'indique, est un axe plutôt commerciale qui s'avère être un des lieux les plus fréquentés de la ville. Les boutiques se juxtaposent des deux côtés de la chaussée au centre de laquelle circule en double sens, une rame de tramway retro. Sans oublier que la qualités des hôtels et des restaurants, tout comme la taille des enseignes commerciales augmente progressivement en s'approchant du quartier des grattes-ciel. On y croise quelques cravates bien nouées, des tailleurs et des talons, des hipster sur skateboard, une large déclinaison de bobo en tout genre et pas mal d'homeless venu faire fortune en tendant la main devant les grands magasins (pas trop devant quand même). Au niveaux de la 4ème avenue, les ambiances des rues perpendiculaires sont plutôt inspirées des thèmes de prédilection du cliché du bobos parigos, bars à vin, Jazz clubs branchés, magasin bio et bien êtres, boulangerie et pâtisserie fine, resto à la française, ou bar à sushi. Longeant cet axe principal (Market Street), on trouve donc Mission Street et le décalage est assez frappant. Disons qu'ici, c'est la misère qui me surprend en premier. Certainement la même qu'au centre de L.A. mais davantage marquée. C'est le quartier résidentiel des vétérans et afro-américain sans toit, des pommés, des camés. Ouai, c'est pas joli joli, ça sent très fort la drogue, celle qui au bout d'un certain temps déforme le corps, le visage, le regard et l'esprit. Contrairement à l'Europe, la misère n'a pas de complexes à s'exposer, la richesse non plus d’ailleurs et ces deux mondes coexistent dans ces quelques kilomètres carrés de bitume et de baraque à la mode victorienne. Vraiment, je retrouve un monde de fou.
Je rencontre Jérôme dans cette vielle demeure victorienne (plutôt du genre maison hantée), un français débrouillard qui descend tout juste du Nord de la Californie ou il a passé une saison à bosser dans les champs de marijuana. Ce n'est pas la première personne qui nous parle de ce plan car dans le coin, c'est plus ou moins un gagne pain comme les autres et sauf que ça rapporte gros. On y songera la prochaine fois… Enfin, après avoir fait connaissance nous partons tout deux rejoindre Barth et Anais pour une petite bouffe entre amis.
Jour 472 - Market Street, San Francisco
Mardi 14 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 474
Fanch : J’hésitais hier soir entre me faire une balade culturelle, ou rester au calme. Mais je décide ce matin, café en main de justement ne rien décider concernant le programme d'aujourd'hui et de me laisser aller au rythme de mes envie. Je consacre ma matinée à répondre au courrier en retard tout faisant quelques recherches rassurantes sur l'Indonésie et les saison des pluies qui sévissent non loin de l’équateur. Puis je profite des derniers rayons en (re)parcourant le quartier, ce curieux quartier ou évolue quotidiennement un curieux mélange d'humain… C'est définitivement un autre monde.
Je retrouve Jérôme puis Barth et Anaïs et la soirée de ce soir se déroule à l'identique de celle d'hier à une exception prête, elle se conclue par des adieux. Et oui, Anaïs, venue affronter les collines de Big Sur à coups de pédales et dormir avec les ratons laveurs, Anaïs quitte San Francisco demain et je ne la croiserai plus d'ici là… Mais je suis sur que l'on se reverra avant notre retour, hein Anaïs?
Barth : Journée off aujourd'hui, c'est le dernier jour d'Anaïs en Californie et mis à part quelques achats de dernière minute, il s'agit juste de profiter comme il se doit de ce temps trop court. Nous retrouvons Fanch et Jérome pour un nouveau restaurant japonais le soir et c'est déjà l'heure de dormir…
Jour 473 - Oakland
Mercredi 15 janvier 2014 - 20 kms - Post n° 475
Barth : La journée commence tôt avec le check-out de notre hôtel. Puis nous filons en direction du terminal des bus en prenant le temps d'avaler un café rapidement sur la route. Il faut faire rentrer le vélo d'Anaïs dans un carton pour le transport, ce qui donne lieu à un démontage improvisé des deux roues en dernière minute, mais finalement tout est prêt, le bus pour Los Angeles est sur le départ, juste le temps de nous dire au-revoir…
J'ai une demie-heure pour me remettre de mes émotions avant de retrouver Fanch au Starbucks du coin. Je finis par comprendre que notre rendez-vous n'était pas assez précis et que Fanch m'attend dans un autre Starbucks à quelques blocs d'ici, mais cela me laisse le temps de confirmer notre arrivée à Jonathan le soir même à Oakland. Fanch me rejoint donc et nous allons ensuite acheter nos tickets de ferry pour traverser la baie avant de manger rapidement. Il faut croire que le simple fait de prendre la direction d'Oakland change la donne car embarquant sur le ferry nous rencontrons coup sur coup, Hannah et son père qui vivent dans une maison plus ou moins communautaire et qui nous propose de nous héberger et Ulysse, d'origine suisse et vivant à Oakland également qui nous invite aussi à partir de dimanche ! Mais pour le moment nous maintenons notre cap initial en direction de « the place for unstaintable living » où nous avons rendez-vous avec Jonathan.
L'endroit est surprenant ! Depuis trois ans, ce collectif de militants écologistes, d'artistes et de bidouilleurs de vélos colonise un petit bout de terrain dans une zone plutôt résidentielle. Ça ressemble à un squat de prime abord, avec les caravanes alignées qui bordent la cour, mais une fois dans les locaux on sent qu'on arrive dans un projet bouillonnant qui tourne rond. Difficile d'en savoir plus pour le moment, Jonathan nous entraîne d'un coup de pédale au « Castle », maison communautaire indépendante du collectif mais où nous sommes bienvenus pour occuper la petite chambre du rez de chaussée donnant sur les parties communes. Royal !
Après avoir défait nos affaires nous retournons à The Place pour y partager le dîner avec le collectif qui se réunit ce soir là. C'est l'occasion de se présenter un peu, de mettre un nom sur la poignée de visages qui nous entourent (noms que je n'ai pas encore réussi à retenir) et de sentir que le courant passe bien. Notre proposition de présenter notre projet un soir et de prendre le temps de réaliser un portrait des lieux semble attiser les curiosités et c'est réciproque, j'ai envie d'en savoir plus sur ce qui se passe ici..
Affaire à suivre donc, pour l'heure nous laissons toute la bande faire sa réunion de rentrée et regagnons nos appartements pour une soirée de brainstorming geocyclabique. Nous avons dix jours avant de décoller d'ici, pour faire deux présentation, réaliser un portrait vidéo, un nouveau Checkpoint, et peut-être un second volet de « Float Drop », sans parler de l'organisation de notre arrivée à Bali le 28 janvier.. Bref on ne va pas s'ennuyer !
Fanch : La bonne nouvelle du jour? Nous sommes invités à dîner ici : A Place For Sustainable Living . Autrement nommé « The Place » (to be?) par les locaux, c'est un lieu communautaire d'échange de savoir et de travail collaboratif situé de l'autre côté de la baie, à Oakland, ou il semble se dérouler pas mal d'activité qui pourrai bien plaire à Geocyclab. Arts, jardinage, mécanique vélo, énergie renouvelable, récupération d'eau de pluie et traitement des eau usée… Mouai, je dirait qu'il y a un bon coup à jouer. Je ne m'avance pas trop mais nous allons probablement loger là bas d'ici notre départ… Enfin! Il va se passer quelque chose de concret!
Je retrouve Barth à l'heure du café. Il a l'air d'aller bien, cool. Alors on enchaîne en prenant la direction de l'embarcadère ou nous rencontrons plusieurs personnes s'intéressant à notre condition de nomade tout en nous proposant un, puis deux hébergement… Quoi!!! 15 jours à chercher un toit sous lequel bosser sans aucun résultat et quand enfin une piste sérieuse se dévoile, on nous propose à plusieurs reprises, à 10 min d'intervalle un hebergement! Franchement parfois, le déroulement de ce voyage s'avère déstabilisant.
Oakland, on change de rive!
Une fois débarqué il nous reste quelques petits kilomètres à parcourir avant d'arriver à « The Place ». L'occasion pour nous de traverser les faubourgs de la ville et de se faire une petite idée de l'ambiance locale. En (très) gros, la flambée des prix de l'immobilier de San Francisco n'a pas laissé le choix à la classe populaire (dont beaucoup d'artistes) de s'exiler sur l'autre rive. Et Oakland se transforme peu à peu en citée culturelle voir alternative. Effectivement, ce rapide premier aperçu confirme la rumeur, disons autrement que les porches et autre bagnoles de sport ne courent pas les rues, et en Californie… Les bagnoles, ça compte!
Nous voilà à « The Place » ou nous sommes accueillis à coups de questions concernant notre voyage. Nous commençons d’ailleurs à les connaître ces questions mais elles signifient que nos interlocuteurs s'intéressent au projet, c'est toujours bon signe. Jonathan que nous ne connaissions que via un échange de mail, nous prend en charge. Paf paf paf, un à un, les membre de l'équipe se présente et j'ai retenu le nom de… Jonathan. C'est déjà pas mal. Enfin, nous faisons le tour des lieux pour finir dans nos appartements, une petite piaule d'invité située dans une maison communautaire que l'on appellera le castel. Cet hébergement situé à deux ou trois rues de The Place n'est qu'une solution provisoire ou nous ne devrions pas faire de vieux os.
Ce soir nous dînons à avec les membres de « The Place », un dîner qui feit office d'entretiens puisqu'une délibération se fera lors de la réunion hebdomadaire. Va-t-on ou non loger dans la caravane rose, en plein cœur de ce lieu alternatif ou il se passe pas mal de choses intéressante? Attention suspense…
Jour 474 - Castle d'Oakland
Jeudi 16 janvier 2014 - 5 kms - Post n° 476
Fanch : Une nuit au chaud, une douche, un lieu ou bosser sans avoir les doigts crispés par le froid, c'est claire que l'on se sent bien ici. La journée va donc être réservée au travail. À l'écriture donc, mais aussi à la préparation de la prochaine étape. Nous nous préparons en effet à vivre un changement radical tant au niveau climat qu'au niveau culturel. Ici -et nous avons de la chance car il n'y a quasiment pas eu de pluie- quand le soleil se couche les températures dégringolent, un froid pinçant fait régulièrement son apparition ce qui fatigue les corps quand ils dorment en extérieur. Et nous allons atterrir sur le point le plus au sud de notre voyage, à proximité de l'équateur. Un changement qui s'annonce chaud et humide puisque c'est en ce moment la saison des pluies. Chaud et humide, c'est aussi le climat qu'affectent les moustiques et en général qui dit moustiques en zone tropical dit aussi malaria, dingue et toute une ribambelle de bestioles microscopiques potentiellement dérangeantes que nous ne ne connaissons pas. Il nous faut nous organiser un minimum pour éviter un maximum de problèmes. Je pense que le choc va être aussi d’ordre culturel et j'avoue que celui là, en revanche ne nous fera pas de mal. Enfin bref, je regarde l'Indonesie de loin, à travers le cyber réseau mais malgré tout, ça donne là pêche!
Sinon, nous venons d'arrivé sur les lieux de « The Place for sustainable living » et j'ai le plaisir de vous annoncer que nous sommes acceptés au sein de la communauté jusqu'au jour de notre départ! C'est pas beau ça? Le programme de ces prochains jours risque d'être très chargé. Nous resterons ce soir au Castel pour ne pas nous déconcentrer, nous ne viendrons nous installer dans la caravane rose qui nous est prêtée que demain.
Barth : Je profite de la connexion internet et du calme du Castle pour donner quelques nouvelles via skype à ma famille, avant de faire l'aller-retour avec Fanch à The Place pour prendre les nouvelles. Jonathan nous y accueille de nouveau, plutôt enjoué, et nous explique rapidement les conclusions de la réunion de la veille, comme quoi nous sommes plus que bienvenus. Une petite caravane nous est prêtée, jusqu'au 26 si on le désir et à part de prendre en charge un dîner dans la semaine, nous sommes libres ! Incroyable, après avoir si longtemps guetté, nous voici avec les clés de deux abris plus que confortables…!
De retour au Castle, nous avalons rapidement un morceau avant de plonger dans le boulot, bercés par le son de la machine à laver qui tourne dans l'entrée. Carte de vœux, mails, flyer pour la présentation, écriture, synchronisation du site, il y a de quoi faire mais les choses avancent bien. Nous décidons donc de rester une nuit de plus ici, pour rester un peu concentrés et efficaces. Le passage de Choan, un des co-habitants de la grande maison finit de convaincre avec sa proposition de partager le dîner. Fanch file faire quelques courses tandis que je reste à effacer un maximum de lignes sur la liste des choses à faire fraîchement mise à jour. Vers 19h, Choan est de retour avec quelques patates douces, suivi d'Amanda qui transporte une immense salade garnie et de Howard qui en plus d'une bouteille de vin rouge, complète le tableau avec un peu de poulet aux poireaux… Heureusement que Fanch est en train de cuisiner une fameuse papillote de légumes, sinon on se serait senti gênés je crois ! Le dîner est non seulement délicieux, mais c'est aussi un plaisir de converser avec nos co-hôtes, particulièrement avec Amanda qui a sillonné les USA à vélo pendant deux pour réaliser un documentaire sur les solutions alternatives de modes de vie, comme les éco-villages par exemple. Encore une fois le courant passe très bien et nous sommes généreusement invités à venir nous réfugier ici les jours qui viennent si nous avons besoin de calme… Sounds good !
Jour 475 - Berkeley
Vendredi 17 janvier 2014 - 10 kms - Post n° 477
Barth : Une nouvelle journée studieuse dans le calme du Castle pour se débarrasser au maximum de dernières urgences. Carte de vœux, préparation de la mise à jour du site, mails… Le temps passe vite devant l'ordinateur et nous tardons à décoller. Les dernières lueurs du jour finissent tout de même par nous activer et nous levons le camp pour aller rejoindre notre caravane à The Place. Il n'y a pas grand monde et nous installons notre bazar tant bien que mal dans la petite caravane avant de filer en vélo pour faire quelques provisions pour les jours à venir. Nous suivons les conseils de Jonathan et partons explorer un supermaché réputé pour son choix de légumes « organics » et ses prix pas trop exorbitants. Ici à Oakland, la health food semble de mise depuis un bon bout de temps et l'offre ne manque pas, nous remplissons deux sacoches de victuailles !
De retour à The Place, je prends le temps de finir la synchronisation du site avant de nous faire chauffer une bonne platée de pâtes, car ce soir il n'y a pas de dîner communautaire. Nous croisons seulement Kate, une des habitantes du lieu et au moment d'aller nous coucher nous tombons sur Tyson, le gars qui s'occupe de l'atelier vélo, en compagnie de sa copine biologiste qui étudie les abeilles. Il nous montre son vélo électrique entièrement fait-maison et la discussion s'engage sur différents sujets autour du déplacement à vélo et des conséquences que peut avoir son usage sur l'aménagement d'un territoire. Very interesting, mais il est tard et il fait froid alors nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain. Je m'endors en repensant à l'image irréelle de cette mobylette silencieuse qui a disparu dans la nuit quelques instants plus tôt.
Fanch : La matinée est studieuse, le reste de la journée aussi. Je ne vais pas perdre mon temps à décrire les étapes du travail que nous avons accompli car c'est un peu toujours le même schéma. Toujours est-il que nous déménageons 2 ou 3 rues plus loin, quittant l'extrémité nord Oakland pour joindre le sud de Berkley et la petite caravane qui nous y attend.
Et voilà, c'est pas grand mais c'est plutôt bien foutu une caravane. Le temps de s'organiser, d'optimiser l'espace qui nous est alloué, nous allons acheter quelques victuailles au Berkley Bowl, un supermarché dont tout le monde nous fait l'éloge depuis que nous sommes de ce côté de la baie. Il sont fous ces américains mais j'avoue que celui là (le supermarket) est plutôt bien fourni en fruits et légumes… Intéressant mais ça reste tout de même un super marché, je ne vais donc pas en faire l’analogie n'y même m'étendre d'avantage sur ce sujet.
Aujourd'hui, enfin ce soir, c'est le début du weekend et en l'absence d'événement, il n'y a pas spécialement d'activité à « The Place ». Nous dînons tranquillement tout en apprivoisant les lieux et Ginger, le chien mascotte qui tend à se méfier des étrangers… Il y a encore du boulot à ce niveau là… Mais notre situation actuelle s'annonce plus que confortable tant au niveaux du quotidien qu'au niveaux de travail puisque nous sommes au centre d'un bonne exemple d'objet libre.
Jour 476 - Atelier burning man, South Berkeley
Samedi 18 janvier 2014 - 10 kms - Post n° 478
Fanch : Journée studieuse, une autre! Que dire… Pendant que mon équiper s'attaque aux finitions du flyer annonçant une présentation du projet à « The Place for Sustainable Living », je m'occupe de la paperasse, à savoir, je replonge un peu mon nez dans les assurances. Cela va bientôt faire un mois que nous ne sommes plus couverts, les risques sont minimes ici, en matière de maladie tropicale en tout cas… Disons que c'est aussi une manière d'appréhender la suite du périple qui risque d'être la plus délicate en matière de santé, faut pas se leurrer. Mise à part ça et une recherche désespérée du numéro de téléphone du bureau de réservation de Singapour Airlines à San Francisco, je ne sais plus exactement ce que j'ai fait d'autre aujourd'hui. Ah si, je crois bien que je me suis collé à un bon derushage audio, ce qui n'avait pas été le cas depuis Los Angeles. J'ai d’ailleurs eu un petit pincement au cœur en réécoutant un enregistrement capté dans la maison du professeur Howard le jour ou il posa sur un tourne disque voilé, son album fétiche de Keith Jarret. Ambiance studieuse donc, studieuse mais efficace.
Après l'effort le réconfort paraît-il! C'est ce que vient confirmer Jonathan en nous invitant chez lui pour une petite soirée. Nous acceptons sans savoir vraiment de quoi il s'agit et tout en ayant conscience de cette petite entorse à notre régime « boulot ».Mais l'envie de voir et de rencontrer un peu plus les coutumes locales est plus forte que celle de rester devant un écran donc…
J'avais en tête un petit apéro entre potes, assis à même le sol sur la moquette moelleuse d'un studio de 40 mètres carré. Nous avions même hésité avec Barth en achetant cette bouteille de rouge (juste histoire de ne pas arriver les mains vides) en se disant que c'est peut être une soirée sans alcool…Allez savoir pourquoi. Nous arrivons à l'adresse indiquée, au Sud de Berkeley. Inintéressant, c'est un hangar. Ah, il faut le code? Heu… Oups, on ne nous l'a pas indiqué… Heureusement que ce mec qui arrive en même temps semble savoir ce qui se passe de l'autre coté de la porte. Donc le code est #666, une fois validé, une voie de synthèse nous répond d'un ton monocorde: « Welcome to the party ». Ok, ça commence bien!
Quelle n'est pas notre surprise lorsque nous franchissons la porte et découvrons la réalité. Ce hangar ou habite John est en réalité l'une des succursale de Burning Man, le célèbre festival dont beaucoup d'entre vous ont déjà entendu parler. Si si, vous savez, le festival qui se déroule en plein milieu du désert du Colorado. Non ça ne vous dit rien? Alors regardez dans par ici!
Burning Man, nous l'avions tout deux fantasmé bien avant notre départ, il devait d'ailleurs être une de nos étapes mais le retard que nous avons pris à Mexico à posé les limites de la théorie, la réalité ne nous a pas donné le choix. Je prends cette découverte comme un bon signe. Comme quoi, nous sommes en retard, le projet n'est pas celui que nous avions en tête avant notre départ, mais mine de rien, nous finissons toujours par trouver ce que nous ne cherchons. Le plus frustrant dans cette histoire c'est que le matos est dans la caravane rose et que nous n'auront probablement pas le temps d'y revenir (ici, au hangar) en plein jour. Nous ne pourrons avoir d'autres traces de cette soirée que via ces quelques lignes. Dommage. Un entrepôt immense certes, mais aussi un atelier-musée érigé en l'honneur de Burning Man. Les sculptures monumentales pour la plupart entreposées en pièces détachées, se succèdent et imposent le respect en posant une ambiance surréaliste, à mi chemin entre l'univers de Jules Verne, celui d'E.T. et la galerie des dinosaures géants un muséum d'histoire naturels.
On sent aussi que Burning Man et ce malgré sa réputation underground (de plus en plus critiquée aujourd'hui par les puristes… C'était mieux avant paraît-il) brasse énormément d'argent, disons que ce n'est pas le même budget que Geocyclab. Mais qu'importe, primo, c'est beau, c'est grand… Ça a de la gueule quoi!
Enfin, c'est une fiesta privée, ok, mais une fiesta soirée privé avec… 200 personnes peut être? C'est la fête quoi, sound système et compagnie, j'hallucine et ne suis pas seul. N'y étant pas vraiment préparé, nous ne feront pas de vieux os mais nous aurons passé une bonne et surprenante soirée.
Barth : Nous nous réveillons et petit déjeunons dans un camp désert baigné par le soleil du matin. C'est un gros week-end et The Place tourne au ralenti ces jours-ci. Parfait pour une journée studieuse entre lecture des réponses à notre carte de vœux et montage des derniers haïkus. Un mail en particulier fait écho à notre conversation de la veille avec Tyson au sujet des modifications territoriales qu’entraînerait un usage massif du vélo, il s'agit de Joeri, du fablab de Saint-Louis au Sénégal qui nous fait part de leur projet d'aménager un lieu pour accueillir des voyageurs à vélo tels que nous ! Le genre de rebondissement qui donne de la perspective à notre aventure, malgré le sentiment d'avoir un peu la tête dans le guidon en ce moment.
La journée s'écoule donc ainsi, studieuse, et seulement entrecoupée de quelques pauses repas ou par le passage de quelques membres du collectif. Nous croisons ainsi Jonathan qui me confirme la date pour notre présentation publique ce qui me permet de finaliser le flyer réalisé à cet effet et qui nous invite à passer le soir même chez lui où il organise une party. Après une journée de travail c'est une bonne idée de changer d'air, nous filons donc à pied jusqu'à l'adresse indiquée. En fait de logement nous nous retrouvons dans un immense loft et la « party » s'avère être gigantesque, avec au moins 200 personnes rassemblées ! Nous sommes tombés sur une des tribus qui organise et anime le festival Burning Man et l'espace est un immense atelier de création de sculptures et de machines gigantesques. Nous tombons sur quelques français, Ludovic qui est sculpteur et vient de débarquer ici pour y rester et Yves, originaire de Belle-Île, qui vit ici depuis quatre ans.. Étrange soirée, rencontres incongrues, mais nous sommes dans le cœur de la vie sociale de Oakland et Berkeley, du moins dans une de ses communautés les plus connues, so, very interesting ! Mais tout de même, malgré une ambiance et un décor qui sent bon la créativité et l'alternatif, les sommes d'argent colossales qui sont investies ici donnent encore une fois le sentiment d'être dans une autre réalité. C'est peut-être ça la Californie au fond…
Jour 477 - San Francisco, 4th Street
Dimanche 19 janvier 2014 - 30 kms - Post n° 479
Barth : Aujourd'hui nous avons rendez-vous avec Lucie, une copine de Fac que je n'ai pas vu depuis 10 ans peut-être. Nous sommes dimanche, il fait vraiment beau, l'humeur est à la promenade… Après une petite panique en constatant que le ferry que nous voulions attraper ne circule pas en janvier, nous arrivons finalement sans trop de retard à San Francisco via le BART, le train rapide qui circule dans toute la baie.
Retrouvailles, petit restaurant japonais pour changer, bavardage, café, et il est déjà temps de faire la route du retour avant la nuit. Sur le retour nous allégeons un contennaire dans la rue de quelques cartons en vue de l'emballage de nos vélos pour l'avion, puis nous regagnons The Place, juste à la fin de la réunion publique sur la permaculture qui s'y tenait cet après-midi. Finalisation et mise en ligne des haïkus, dîner, et il faut se coucher tôt, demain, malgré le Martin Luther King day férié normalement, notre journée s'annonce chargée !
Fanch : Nous sommes donc du côté d'Oakland aux portes de Berkeley et l'objectif du jour est de joindre San Francisco pour un déjeuner en compagnie de Lucie, une amie de Barth venue s'installée dans la baie (du côté de la Silicone Valley) pour son post-doctorat. Ça paraît simple de passer de l'autre côté mais à notre grande surprise le chauffeur ferry prend ses congés le week end, tant mieux pour lui (il a raison mais nous aurions apprécié qu'il le signale sur son site web) tant pis pour nous, reste plus qu'à trouver une autre solution. Nous prendrons donc le BART (Bay Area Rapid Transit), un métro qui nous propulse en quelques minute sur l'autre rive. Il est intéressant ce métro, il n'est pas identique aux autres, bas de plafond mais beaucoup plus large que d'habitude, avec une moquette bien entretenue… Bon, la moquette n'est qu'un détail mais l'avantage est que les vélos y sont autorisé, une bonne chose.
Donc, je ne regarde pas ma montre (je n'en ai pas) mais j'imagine que l'on doit avoir une bonne heure de retard. Peu importe, Lucie arrive et nous invite au resto… Sympa Lucie! Des retrouvailles pour Barth, une rencontre pour moi, nous passons tout les trois un long moment à discuter des coutumes d'ici et d'ailleurs, puisque Lucie a elle aussi visité au moins quatre coins du globe. Une petite bouffe, puis un café et déjà nous nous séparons pour rejoindre nos appartements respectifs.
Rien à ajouter concernant cette journée « pause » excepté que souvent les rencontres de ce genre nous en apprennent toujours un peu plus sur la culture du coin. Et forcement, ces découvertes provoquent des discutions avec Barth et nous mènent à échanger nos points de vue sur les stigmates visibles de l'univers du virtuel sur toute une culture. Nous connaissons vraisemblablement tous Google, Twitter et Facebook, mais la plupart du temps au travers d'un petit écran. Ici, ça sent la Silicone Valley à plein nez, on est dedans, San Francisco, Berkley, Oakland, « the Bay Area » vous souhaite la bienvenue dans le futur… Manque plus que les skateboards antigravitationnels.
Jour 478 - Marin Headland
Lundi 20 janvier 2014 - 20 kms - Post n° 480
Fanch : Ici c'est un jour férié, the Martin Luther King Day. C'est aussi le jour qu'à choisit la cantine numérique de Quimper, Silicone kerné pour organiser une petite rencontre virtuelle avec Geocyclab mais ce n'est pas tout, James à lui aussi prévu un meeting autour de notre projet, chez lui, de l'autre côté de la baie, tout près du camping dans lequel nous avions établis notre quartier général début Janvier.
Il nous faut donc se lever de bonheur, joindre en vélo le métro qui nous déposera à S.F. puis longer la ville jusqu'au Golden Gate bridge, le traverser et enfin, parcourir les derniers kilomètres qui nous séparent de la demeure de James d'ou nous nous connecterons… Avant dix heure. Bingo, ce n'était pas gagné d'avance mais nous sommes à l'heure pour le RDV avec Quimper.
Bonjour,
Et nous voilà projetés dans l'espace et le temps. Derrière l'écran, un belle échantillons d'amis se sont rassemblés pour une discutions sympathique. Vraiment, la technologie c'est parfois pas mal! Merci à tout me monde d'être venus nous voir, ce fût un plaisirs de vous retrouver!
Le temps de souffler un coup, de discuter avec notre hôte en mangeant une cuisse de poulet et les invités de James arrivent petit à petit. Nous ne sommes plus devant un ordinateur mais autour d'une table dressée pour déguster les petits plats concocté par le ranger. Ça sent bon!!! Cette présentation est informelle, mais les conversations tourne autours de notre périple et l'attention des amis et collègues de James au sujet de Geocyclab est elle aussi au rendez vous.
Enfin, que ce soit en direct de Quimper ou ici même, avec des potes ou avec des inconnus, c'est toujours bon de se confronter à de nouveaux points de vu. Il est pour nous de bon ton, d'écouter les remarques, d'en prendre note tout en sachant que tout cela nous aide énormément à faire mûrir Geocyclab.
James nous ramènera à Oakland et c'est devant « The Place for Sustainble Living » que nous ferons nos adieux. Sacré James, il fût notre voisin durant nos deux premières semaines autour de la baie. Un voisin attentionné, rêveur et définitivement heureux de pouvoir nous donner un petit coup de main quand nous en avions besoin. Merci James, bon courage pour l'apprentissage du français mais tu sembles tellement déterminé à apprendre cette langue que tu sera fin près à venir nous voir dès notre retour en France!
Barth : Il ne fait pas si chaud dans notre caravane, le sommeil fut un peu léger… Nous sommes les premiers levés à The Place et même le soleil n'a pas encore montré le bout de son nez. Après un rapide petit dejeuner et un chargement modéré de nos vélos (juste de quoi passer la nuit au campground), nous échangeons quelques mots avec Nick, un des résidents juste avant de filer dans le froid matinal en direction de la station de BART (Bay Area Rapid Transit) pour y prendre le train qui nous fera traverser la baie jusque San Francisco. Fanch arrive à rentrer son vélo dans un des wagons, mais je reste coincé sur le quai, faute de place dans les suivants.. On se retrouve à la station d'arrivée sans aucun problème, tous les deux en compagnie d'autres cyclistes, nombreux en ce jour férié ensoleillé d'hiver.
Un ascenseur nous dépose sur Market Street et c'est parti pour le marathon. Une petite dizaine de kilomètres jusqu'au Golden Gate Bridge, la traversée du pont, puis la petite route du tunnel qui nous fait déboucher sur le Marin State Park à l'entrée duquel se trouve la maison de notre ami James. Nous somme à temps au rendez-vous avec la cantine numérique de Quimper sur skype. A peine le temps de saluer notre hôte et nous voilà déjà absorbé par la connexion trans-WestCoast qui nous offre le plaisir de saluer tous les amis réunis pour cette occasion à Quimper. L'entretien est très informel et décontracté, ça fait du bien de revoir les copains, et James aura réussi à saluer Anaïs de loin aussi.
Ensuite place à la Party ! James semble s'être mis en tête d'organiser une sorte de Thanksgiving… Il a dressé une table avec toutes les boissons possibles à disposition et sa petite cuisine est emplie de pièces de viandes à rôtir, de légumes à faire sauter, de tous les signes indiquant qu'un festin va se tenir là. Après un rapide grignotage, les amis de James commencent à arriver. Quelques collègues, un groupe d'étudiants en stage dans le State Park pour y recenser les populations d'oiseaux, au total une petite trentaine de personnes avec qui nous discutons de manière informelle en tentant de venir à bout des quantités gargantuesque de nourriture qui s'étalent sur les tables. Pas de présentation, ni de speech officiel, et c'est bien mieux comme ça… C'est sans doute la dernière fois que nous passons un peu de temps avec james, et ce Thanksgiving improvisé fut un très agréable moment de détente et de rencontre. Merci James pour cette wonderfull réunion !
Nous n'allons pas au campground comme prévu, James tient absolument à nous ramener en voiture à Oakland. Une fois les vélos entreposés dans son break, nous traversons by night San Francisco d'abord, puis le grand pont qui traverse la baie d'ouest en est pour finalement arriver à bon port. Au-revoir James, et see you in France après notre retour, à l'occasion de ton voyage en Ecosse !
Jour 479 - The place for sustainable living
Mardi 21 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 481
Barth : Le café matinal est agrémenté de la visite de Jonathan qui après nous avoir un peu débriefé à propos de l'incroyable soirée de samedi, nous propose son aide pour nous emmener à l’aéroport dimanche matin ! Cool ! une chose en moins à penser !
Nous avons décidé de passer les prochain jours à The Place, à la fois pour réaliser un maximum d'images et d'interview qui formeront un nouvel objet libre, et pour avancer sur les différents points les plus urgents de Geocyclab en ce moment. Nous commençons donc avec Nick qui est un des résidents, et qui nous parle entre autre de son projet actuel de Rocket Stove, une chaudière à combustion intégrale qu'il est en train de mettre au point. Nick est un peu l'ingénieur de la bande, à l'origine de pas mal de projets très pragmatiques qui rende ce lieu habitable et de plus en plus confortable.
Après un rapide déjeuner, nous faisons le portrait de Tyson et de son vélo du futur, le Vessel Bike. Et nous avons en prime le plaisir de pouvoir essayer le bolide dans la rue, ce qui constitue un pas décisif vers l'envie obsessionnelle d'en posséder un. En rentrant en France, ça fait partie des choses que je garderais en tête, et Fanch aussi je crois ! La fin d'après-midi est déjà là, Fanch file faire quelques courses tandis que je profite des derniers rayons de soleil pour faire des images du lieu, en particulier de Marinette et Shannon, occupantes du grand bus, qui sont affairées en cuisine. Et la soirée enchaîne, studieuse, consacrée pour ma part au prémontage du futur Checkpoint dans le froid de la caravane…
Fanch : Nous revoilà in « The Place », les prochains jours risques d'être comblés par la réalisation d'un portrait du lieu. Mais nous sommes sur plusieurs fronts à la fois, la préparation de l'Indonésie nous pousse à nous projeter en avant et il est parfois difficile de rester concentré sur le réel, sur le moment présent. À cela s'ajoute le tournage du checkpoint qui va falloir réaliser avant de tourner la page des Amériques. Un checkpoint un peu particulier qui s'annonce délicat à mettre en place, encore une fois nous avons beaucoup à dire mais ne savons pas encore par quel bout commencer. Nous y pensons donc sérieusement et tout cela ne nous aide guère à rester dans le présent. Mais heureusement, le fait de séjourner ici simplifie considérablement les choses puisque que nous côtoyons 24h sur 24 notre sujet, des relations se tissent entre Geocyclab et les membres du collectifs ce qui est un point essentiel pour délier les langues de nos interlocuteurs. Sans oublier que pour nous aussi, un petit temps d'adaptation est nécessaire, ne serait ce que pour enregistrer les prénoms et pour comprendre le fonctionnement des lieux.
Jour 480 - The place for sustainable living
Mercredi 22 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 482
Fanch : « The Place for Sustainable Living » se dévoile un peu plus. Hier, nous avions tiré le portrait de Tyson et de ses extraordinaire vélos électrique, aujourd'hui, nous rencontrons Nick, ingénieur en énergie renouvelable mettant sa connaissance au service de ce lieu et par extension, de toute une communauté d'utilisateurs potentiels. Il nous parle de son Rocket Stove, réduction de fumées, stockage de la chaleur, combustion quasi totale de la matière… Je n'ais pas encore tout décrypté, mais ça semble très intéressant! Oh que oui!
La deuxième partie de journée est consacré au tournage du Checkpoint 008, tournage qui s'avère être un échec mais nous mène à prendre du recule sur notre situation actuelle. Il s'en suivra une longue discussion sur le passé, le présent mais surtout sur l'avenir de Geocyclab. Un checkpoint, c'est pour vous de belles images, un montage souvent fait dans la précipitation mais qui tient vraiment la route (merci Barth) et un résumé des derniers mois de notre aventure, mais c'est aussi pour nous un moment fort puisqu'il nous permet d'analyser le fonctionnement de l'atelier, de comprendre ses failles et sa force… Un checkpoint en sommes. Il est claire que ce que nous appelons maintenant la crise de Mexico nous a mise dans de beaux draps (pour rester poli), nous n'en sommes pas encore sortie et des décisions sont à prendre concernant la suite du voyage. Notre retard a compromis l'itinéraire A. Et oui, ces six mois de décalage font que nous allons nous taper une saison des pluies en Indonésie, puis une deuxième en Asie du Sud Est pour enchaîner avec un hiver en Mongolie autant dire, un hiver sibérien… Non non, ça ne sent pas bon tout ça. Nous parlons donc d'une pause, d'une vrai pause pas uniquement géographique. D'une part pour se recaler avec les saisons, d'autre part pour souffler un bon coups, pour finir tout ce qu'il reste à finir (les montages s'accumulent, entre autre), peut être aussi pour proposer d'autres règles du jeu et pour se refaire financièrement parlant, tout cela bien sûr dans l'optique de repartir gonflé à bloque.
Barth : Le petit déjeuner enchaîne sur une séance d'écriture de mails sur la terrasse ensoleillée. C'est un rituel partagé par presque tous les habitants de The place, de venir ronronner un peu dans la chaleur après la nuit glaciale. Nous recroisons Jonathan qui nous confirme un peu le programme. Ce soir nous sommes en charge du dîner communautaire et demain nous faisons notre présentation à 19h comme prévu… Je prend le temps d'une bonne douche ce matin, en ayant pris soin de demander à un des résidents d'envoyer un SMS à tous les autres pour prévenir que le chauffe eau chauffe pour moi. Tout fonctionne comme ça ici et ça a l'air plutôt efficace !
Tyson est revenu avec son autre vélo électrique, un tandem tricycle couché de quatre ou cinq mètres de long, motorisé et sonorisé, qui nous en bouche un coin ! D'un seul coup nos deux vieilles montures paraissent sorties d'une autre époque, d'un autre siècle même… The Place est calme cet après-midi et nous enchaînons avec le tournage du nouveau Checkpoint qui ne convient pas du tout ni l'un ni l'autre… Il est bientôt l'heure de dîner, et donc de finir de préparer le repas avant que tout le monde arrive. C'est simple, du riz et une sorte de grosse ratatouille, pas beaucoup de marge avec les habitudes alimentaires de certains membres (sans viande, sans gluten, sans lait), alors on fait efficace ! Le dîner est l'occasion d'une discussion au sujet de l'éducation Libre, c'est à dire le fait d'organiser des cours et des formations sur différents sujets. Nous suivons plus ou moins ce qui se raconte, mais pas assez pour vraiment participer, il nous faut encore un peu de temps pour nous sentir vraiment à l'aise en anglais. Et surtout nous avons tout deux en tête le checkpoint raté de tout à l'heure, et l'envie d'en reparler. La soirée sera donc consacrée à une sorte d'analyse de Geocyclab, à la fois sur ce qui s'est joué ces derniers mois depuis notre crise mexicaine, et au sujet de ce qui nous attend en Asie. Il ne faut pas nous voiler la face, Geocyclab a traversé une crise importante et nous devons en tirer certaines conséquences avant de pouvoir retrouver un rythme de « croisière ». Le nouveau checkpoint est donc re-écrit ce soir, plus subtil mais plus sincère que le premier jet de cet après-midi, reste à trouver le temps d'un second tournage…
Jour 481 - The place for sustainable living
Jeudi 23 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 483
Barth : Un peu de vent ce matin, c'est assez exceptionnel pour être noté. La matinée n'est pas très efficace, nous attendons que les occasions se présentent pour faire de nouveaux portraits, mais ce n'est pas le moment apparemment. Mais il y a de quoi s'occuper entre les mails, les recherches d'informations sur Bali où nous serons dans quelques jours, et un tas d'autres petites choses à penser. Finalement vers midi, Jonathan se plie à l'exercice de l'interview, avec un malin plaisir ! Et nous enchaînons avec Jeff. Cool ! Deux de plus, mais il nous manque quelques figures féminines tout de même… Emily a l'air d'accord, mais c'est le moment que choisi Ulysse, le suisse que nous avions rencontré sur le ferry en arrivant à Oakland, pour arriver. Il ne peut pas être là ce soir pour notre présentation et tenait absolument à nous offrir un T-Shirt à chacun, en souvenir de notre rencontre ! Nous en apprenons un peu plus sur ce rayonnant bonhomme qui semble nous porter en très haute considération. Il nous parle d'un cours de cinéma qu'il vient de donner sur le campus à propos de Resnais, et de son amusement à observer ses si jeunes étudiants du haut de ses soixante-dix ans. Vraiment nous manquons de temps pour honorer une telle attention mais nous resterons en contact cher Ulysse !
C'est déjà la fin d'après-midi. es événements sont prévus ici dans les jours à venir et The Place semble se réveiller d'un coup, envahie par une foule de gens qui vont et viennent en apportant des choses incroyables comme une cuisine mobile ou le dernier modèle de four solaire en vogue. Et ce soir c'est notre présentation qui est au programme alors il faut commencer à préparer un peu les lieux. La grande salle commune est métamorphosée en salle de conférence, le vidéo-projecteur projette bien et les hauts-parleurs sont à la hauteur, classe ! Les gens arrivent donc, pas très nombreux mais très intéressés et nous arrivons tant bien que mal à expliquer et raconter notre aventure en anglais et en vidéos, et à poursuivre les conversations ensuite. La fatigue m’attrape au sortir de tous ces événements et je laisse le soin à Fanch de me représenter en compagnie de Jeff et Emily qui filent voir un concert…
Fanch : Deux nouveaux portraits sont dans les cartons, Johnatan et Jeff ont acceptés de se prêter au jeu. En revanche et malheureusement les femmes de la communauté pourtant active et bien présente font les timide, nous verrons demain si au moins l'une d'entre elle acceptera de répondre à nos questions… On y crois.
Nous n'avons guère le temps de traîner, une présentation de Geocyclab et de ses objectifs s'annonce dans les locaux de « The Place ». Rien ne sert de stresser, l'objectif principal est d'arriver à se concentrer. Dans l'ensemble, tout se passe bien, notre complexe linguistique commence à disparaître et malgré la présence dans la salle d'une polyglotte la quasi totalité de la conférence se déroule en anglais et je n'en suis pas peu fière. C'est aussi l'occasion de nous présenter à l'équipe de « The Place » qui ne comprenait pas forcement nos objectifs de voyage. Nos idées un peu folles (pour certains) semblent avoir raisonné dans plusieurs esprits ce soir, les retours sont positifs et plutôt encourageant. Ça tombe plutôt bien car du courage, il nous en faut en ce moment.
Enfin bref, Jeff et Emilie, qui habite la caravane d'à côté nous ont proposé une petite sortie pour nous détendre un peu. Barth ne s'engage pas et moi j'hésite car la perspective d'une soirée relax est alléchante… Allez, je me reposerai quand je serai mort, ou peut être même durant les 28 heures d'avion qui nous attendent ce dimanche… Et je ne regrette absolument pas mon choix! Le show est à la hauteur de mes exigences musicales, peut être même bien au delà! Ambiance New Orleans groovy teinté d'une touche de soul, la planche à laver est de sortie, attention, ça envoie du lourd! Merci aux California Honey Drop pour ce live extraordinaire!
Ça commence à vraiment me plaire Oakland… Pourquoi doit on encore déménager quand ça commence à vraiment me plaire?
Jour 482 - The place for sustainable living
Vendredi 24 janvier 2014 - 5 kms - Post n° 484
Fanch : Bon, c'est maintenant qu'il faut donner le coup de fouet. La liste des tâches est encore longue hors le temps qui nous sépare de l'envole diminue à vue d'oeil. Oups… Le tournage du checkpoint est laborieux et monopolise une bonne part de la journée. Celui ci nous auras décidément donné du fil à retordre mais après 4 prises d'environs une demi heure chacune, c'est bon, il est dans la boîte. De mon côté, je télécharge la carte Open Street Map de l'Asie du sud est pour la chargée dans le GPS, une petite chose toute bête mais qui pourrait bien nous être d'une grande utilité… Et ça, j'étais sur le point de l'oublier. Enfin, la synchronisation du site est aussi au programme, ce que veut dire… Mise à jour du carnet de bord bien sûr, avec tout ce que cela comporte! On va louper la conférence sur les Eco-village de ce soir, dommage… Et une autre petite chose qui me dérange, nous n'avons toujours pas notre portrait de femme eco-hacker… Affaire à suivre.
Barth : Après le vent d'hier, ce sont les nuages qui sont là au lever. Décidément les choses bougent en ce moment ici, à l'image de The Place, encore plus animée qu'hier. Après un aller-retour pour faire quelques courses de victuailles pour nos dernières heures américaines, nous nous faisons entraîner quelques instants sur le toit de l'atelier, où Jonathan me confie son projet de redistribution par wifi de l'excellente connexion qu'il a chez lui, vers The place et différents autres lieux à quelques centaines de mètres. Les idées et les projets ne manquent pas, et les moyens et solutions pour les mettre en oeuvre non plus ! Je commence à me sentir vraiment frustré de partir si tôt.
On ne se déconcentre pas, pendant que le déjeuner cuit il faut entamer la synchronisation du site, avant d'attaquer le tournage du Checkpoint. Sur le toit tant qu'à faire ! Mais on doit s'y reprendre à plusieurs fois, n'arrivant pas à rester concentrés avec tout ce qui se passe sous nos pieds. C'est finalement dans la boîte, juste avant le coucher du soleil et l'arrivée de nombreux visiteurs venus assister au talk sur les Eco-villages qui se tient ici ce soir. Nous suivons la réunion d'une oreille et d'un œil tout en continuant d'avancer dans le boulot et en prenant tout de même le temps de saluer nos amis du Castle, notre première résidence à Oakland.
Plus qu'une journée demain pour faire les bagages et profiter une dernière fois de tous nos hôtes. Le temps se compresse, l'espace va se dilater bientôt, nous allons encore changer de monde !
Jour 483 - Noise Bridge, San Francisco
Samedi 25 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 485
Barth : C'est notre dernière journée complète en Californie, et en occident avant un bon bout de temps..! Nous avions prévu d'en profiter mais il reste trop de choses à faire pour être vraiment zens. Les assurances ont été renouvelées, le site est synchronisé pour une dizaine de jours, le Checkpoint est dans la boîte… Reste à faire les bagages en commençant par le plus compliqué d'entre eux, le vélo. Je laisse un peu d'avance à Fanch et prend le temps de communiquer un peu avec la France avant le grand saut. Finalement on prendra le temps de manger aussi, après avoir plus ou moins suivi la visite publique de The Place animée par Nick. Contrairement à notre dernier vol, on décide de garder les roues montées et d'emballer les différentes parties sensibles avec du papier bulle, on verra bien demain ce qui nous arrivera…
En fin d'après-midi, mon vélo est enfin emballé, et nous pouvons décoller pour le centre de San Francisco en compagnie de Jeff. Objectif, retrouver Emily et une amie à elle pour aller visiter NoiseBridge, le fameux hacker-space de San Francisco. Le lieu se trouve sur un étage d'un immeuble sur Mission Street, dans un quartier encore assez populaire et artistique. Nous y sommes reçu par Monad qui nous présente rapidement le fonctionnement et les différentes possibilités de l'endroit. Cours gratuits, accès aux ateliers, ici tout est vraiment libre et le décor de l'atelier donne envie d'y passer plus de temps.. Une autre fois. Nous prenons le temps de manger un morceau avec Jeff et Emily avant de rentrer à The Place pour y finir nos bagages. Il n'est pas tôt quand nous sommes enfin prêts pour quelques heures d'un sommeil dur à trouver. Notre séjour à Oakland est passé à une vitesse phénoménale et j'ai beaucoup de mal à réaliser que dans quelques heures nous serons de l'autre côté du Pacifique, dans une autre culture et sous un autre climat…
Fanch : Le départ est pour demain, le démontage des vélo fait figure d'introduction à la cérémonie des adieux, démontage évidemment puis empaquetage. Embarquer à bord d'un avion avec des vélos de ce genre, c'est toujours un peu stressant, on ne sait jamais vraiment combien nous allons devoir payer en supplément, ni dans quel état nous retrouverons nos monture une fois à notre destination finale. C'est franchement chiant mais ça fait aussi partit du jeu. Ceci dit, mon vélo est près à s'envoler avant les 12 coups de midi, Barth de son côté ne s'y collera qu'en début d'après midi, un temps durant lequel je profiterai du piano de « The place for sustainable Living », dont la pédale de sustain est bloquée en position activée, un comble?
Quand Barth achève enfin l'emballage de son destrier, nous partons pour San Francisco, une visite improvisée des locaux de Noise Bridge s'impose comme l'étape clôturant notre escapade américaine. Nous y rencontrons Monad, un membre du Hakerspace qui nous recevra avec la disponibilité d'un passionné. En bref, Noise Bridge c'est un Hakerspace très populaire dans la région, peut être l'un des premiers de cette importance (ça reste à confirmer). L'ambiance y est plutôt calme en cette fin de journée mais de nombreux indices témoignent d'une activités plutôt dense et dynamique. Nous avions à plusieurs reprise tenté de les contacter mais nos mails sont probablement tombés leur boîte courrier indésirable, on va dire ça comme ça. Mais nous voici finalement dans leurs locaux, merci à Jeff et à Emily de nous y avoir guidé! La visite en photo!
Jour 484 - Aéroport San Francisco
Dimanche 26 janvier 2014 - 0 kms - Post n° 486
Fanch : Nous y voilà, enfin. Après cette courte nuit, l'heure de plier bagage a sonné. Jonathan nous rejoind de bon matin et après que Barth ai copié les ruchs des différente interviews réalisée la semaine passée semaine sur le disque dur de « The Place », nous chargeons vélos et sacoches dans le fourgon de notre ami, c'est partit en direction de l'aéroport bien sûr. La route nous donne l'opportunités de saluer un dernière fois San Francisco Downtown, ses impressionnants grattes ciels et la baie qui l'entoure. Une émotion bien connut vient me pincer le cœur, comme à chaque fois que je quitte un lieu dans lequel des souvenirs resterons. Allons bon, ce n'est aucunement le moment d'être sentimental car avant de quitter définitivement S.F. il faut d'abord embarquer et cette étape imminente et détestable retient toute notre attention.
Une accolade fraternel avec Jonathan officialise un peu plus notre départ. Un, deux, trois, nous passons les portes de l'aéroport que nous ne refranchirons pas. On passe à la phase enregistrement des bagages, vélos compris, ce qui finalement nous coûte plus cher que prévu. J'enrage. Les protocoles qui suivent (scanner corporel, fouilles) ne font qu'entretenir ce sentiment de mépris envers les politiques aéroportuaire, aseptisée et impersonnelles. Quand enfin nous embarquons, je commence à me détendre. Le Boeing 747 quitte le sol, une page se tourne, elle ne dévoilera son verso que dans une trentaine d'heure, au moment ou nous sortirons de ce qui s'apparente pour Geocyclab comme véritable trou spacio-temporel.
Barth : Dur de se lever après une si courte nuit. Nous avons le temps de finir les derniers réglages avant l'arrivée de Jonathan. Nous n'aurons pas eu l'occasion de recroiser tout le monde pour faire nos adieux, un petit mot joint aux quelques affaires que nous abandonnons ici fera office d'au-revoir. Et j'ai juste le temps de copier nos images de The Place sur un de leur disque dur comme promis avant de décoller. Nous traversons donc une dernière fois, le pont d'Oakland, puis DownTown San Francisco sous un soleil matinal éblouissant, et nous arrivons bien à l'heure à l'aéroport. Good bye Jonathan, et merci encore pour tout, ce fut rapide mais assez intense pour nous donner vraiment envie de revenir un jour par ici, avec du temps pour réaliser des projets !
L'enregistrement des bagages ne se passe pas trop mal si l'on fait exception du surcoût pour embarquer nos vélos, et des dollars supplémentaires que nous devons dépenser pour les emballer un peu mieux… C'est la dernière fois normalement ! Quelques instants plus tard notre avion décolle finalement, en direction de Séoul pour notre première escale. See you California, see you winter, see you dollars..!