Mexique
Distance parcourue : 794 kms
Durée : 173 jours
Date d'entrée : 2013-05-23
Date de sortie : 2013-11-11
Jour 236 - Avenue 602, Mexico
Jeudi 23 mai 2013 - 0 kms - Post n° 236
Barth : Première journée mexicaine, au réveil l'appartement de Guillaume et Erika est vide. Ils son partis travailler après avoir emmené les enfants à l'école et nous n'avons toujours pas eu l'occasion de les voir vraiment… Il y a de quoi s'occuper ce matin, après déballage nos vélos ont subi quelques dommages au cours des différents transits aériens. Rien de fatal, mais quelques pattes à détordre et les dérailleurs à rerègler. Cela nous occupe une bonne partie de la journée, sous les regards curieux des neveux d'Erika qui vivent dans la maison voisine.
A midi, nous faisons un bout de chemin à pied pour aller retirer de l'argent et acheter de quoi manger et boire un verre avec nos hôtes en fin d'après-midi. Mis à part les avions qui survolent le quartier à quelques dizaines de mètres, ma première impression est que cette ville est bien plus calme que je le pensais. Sans doute le fait de débarquer de Dakar ajoute un peu à l'effet, retrouver des trottoirs, une ambiance sonore relativement calme, des églises et des vierges sous néons un peu partout, bref, on a bien changé de monde..!
En fin d'après-midi, Guillaume et sa petite famille sont de retour, nous allons enfin pouvoir faire connaissance. Nos vélos sont prêts à partir, mais la pluie du soir et le fait que nous ne savons pas vraiment où aller ce soir faute d'avoir eu le temps de nous connecter sur internet, autant de raisons qui nous poussent à accepter sans détour leur proposition de rester une nuit de plus ! Nous passons donc une soirée à bavarder, à montrer un checkpoint à Emiliano et Alexandro très curieux de comprendre ce qu'on fabrique avec nos vélos si loin de chez nous… Guillaume est au Mexique depuis plus de dix ans, marié avec Erika qui elle est mexicaine. Prof de techno, dessinateur à ses heures perdues, ancien bijoutier, il prend la vie comme elle vient et c'est un vrai plaisir de discuter avec lui, et d'apprendre les premières ficelles des us et coutumes mexicains. Avant de dormir, j'avance un peu sur le montage du checkpoint car demain soir Anaïs arrive et je vais prendre quelques jours de vacances bien méritées je crois…
Fanch : Guillaume et sa petite famille nous ont laissé ronfler, la maison est vide quand nous émergeons de notre sommeil. L'heure est au dé-cartonnage et au démontage des vélos. Sans surprises, soumis au tact légendaire des bagagistes, nos bécanes ne s'en sont pas sorties indemnes. Roues voilées, dérailleurs sérieusement amochés, sièges endommagés… Nous passons la majeur partie de la journée à tenter d'arranger tout cela mais une révision général va s'imposer avant de quitter Mexico.
Nous prenons malgré tout le temps d'une petite sortie, histoire de s'équiper de quelques Pesos et d'avaler un bout, une petite ballade qui s'avère être notre premier contact avec ce nouvel environnement. Alors, que dire? Et bien, au premiers abords, j'ai le sentiment de rentrer au pays. Les routes sont goudronnées et propres, l'architecture urbaine est aérée, la circulation fluide, excepté les avions qui, au décollage, frôlent de près le quartier en produisant un bruit assourdissant, en apparence le calme semble de mise dans les partages et la vie relativement paisible. Disons que nous sommes de retour en occident et si ce n'est pas exactement le cas, les traces du capitalisme et de la consommation suggèrent avec insistance que nous nous approchons dangereusement des States. De veilles Cadillac sillonnent les avenues, les semi-remorques avec leur nez allongés semble venir tout droit de la route 66, les enseignes de grandes chaînes américaine font leurs apparition, le café se vend en gobelet carton d'un demi litre… Même si je ne m'y attendais pas (à vrais dire, je ne m'attendais à rien) cela ne m'étonne guère, mais sachant que ce que nous découvrons à l'instant n'est qu'un fragment de la capitale, il serait idiot de se forger une opinion quant à l'américanisation du reste du pays.
Et puis, nous mettons pour la première fois les pieds dans un centre commercial. Ce n'était plus arrivé depuis que nous avons quitté l'Espagne. C'est presque un choque pour moi. Sérieusement. Durant ces 6 derniers mois nous faisions nos courses exclusivement sur le marché ou dans de petites boutiques ou les choix étaient largement limités. Il nous fallait alors visiter plusieurs échoppes avant de trouver du beurre, de l'huile d'olive ou une boite de concentré de tomate. Nous n'avions guère d'alternative que d'acheter un article ici, un autre là et parfois même (en brousse), l'eau n'était pas systématiquement accessible. Nous nous sommes habitué à manger peu varié, plus nous descendions vers le Sénégal moins nos papilles gustatives se réjouissaient d'une saveur importée. Hormis les quelques « vache qui rie » que nous mangions accompagné de pains sec et de sable du désert, c'est la plupart du temps de produits et de plats locaux que nous nous nourrissons. Et là… Là il y a tout. Je comprends maintenant le succès des super-méga marché et j'imagine Ô combien fut l'heureuse surprise quand la ménagère des années 50-60 découvrit pour la première fois cette « corne d'abondance ». Mais ce confort (c'est bien de cela qu'il s'agit) a un prix, c'est le monde qui s'en trouve changé, c'est l'humanité tout entière qui trinque pour finalement ne rien produire d'autre que de la merde alimentaire et des gros sous. Je m'emballe un peu… Oups, mais pensons y…
Sur ce, la soirée se prolonge chez Guillaume, Erika sa femme et leurs enfants. On rattrape le coup, car hier l'entrevu fut de courte durée. Guillaume nous parle de ses aventures avant de nous faire rêver en décrivant quelque unes de ses péripéties en terres mexicaines. Le courant passe bien, ce n'était pas prévu mais nous dormirons une deuxième nuit sur le tapis du salon.
Jour 237 - Cuchilla del Tesoro
Vendredi 24 mai 2013 - 15 kms - Post n° 237
Fanch : Debout de bonheur pour finir tout un tas de petites choses pendant que Barth achève le Checkpoint 006. Une matinée s'envole déjà et il est temps pour nous de quitter la maison de Guillaume en direction du centre ville. Le défi du jour c'est d'atteindre le centre historique situé à une petite quinzaine de bornes mais un complexe réseau de rocades nous en sépare. Le GPS est hors service puisque je n'y ai pas encore chargé la carte du Mexique, j'emploie donc l'ancienne méthode qui consiste à prendre un crayon, repérer sur une carte notre itinéraire puis noter soigneusement le noms des rues, des croisements et stations de métro susceptibles de servir de repères. Et forcement deux kilomètres plus loin, pour éviter une route similaire au périphérique parisien (mais sans limitation de vitesse), nous sommes perdus. Je pense avoir très largement surestimé mon sens de l'orientation, étant donnée que nous évoluons actuellement dans l'une des plus grande mégalopole de la planète, sans aucunes connaissances des lieux, avec comme seul allié ce petit postit confectionné avant de prendre la route. Mais on s'en sort (merci Barth pour ton espagnol) en suivant une camionnette qui nous guide patiemment sur la bonne voie.
Nous prenons place dans nos quartiers respectifs. Effectivement, Anaïs arrive dans quelques heures, je préfère donc laisser les amoureux à leur affaires et de cette manière prendre du temps, juste pour moi durant quelques jours. Mais l'heure n'est pas encore venue d'aller gambader l'esprit léger dans les rues de la capitale car pour s'offrir quelques jours de vacance, il faut en premier lieu terminer le montage son du Checkpoint et mettre à jour le site internet en prévision de la prochaine synchronisation. Je retrouve donc mon ami à son hôtel pour achever le boulot. Barth part vers l'aéroport, je reste sagement à les attendre. Un peu plus tard, nous irons certainement boire un verre pour fêter l'arrivée d'Anaïs mais aussi ces vacances tant attendues.
Barth : Après une matinée studieuse dans le petit appartement de Guillaume, le checkpoint est presque terminé, il est temps d'enfourcher nos bécanes pour rejoindre le centre ville où se trouvent l'hôtel où je vais atterrir avec Anaïs et à quelques centaines de mètres, celui que Fanch à réservé en dernière minute le temps de trouver un couchsurfing.
Nos premiers kilomètres sur le continent américain sont rocambolesques. Après avoir tenté d'emprunter une sorte d'autoroute au péril de nos vies, nous prenons le temps de nous faire expliquer l'itinéraire bis par quelques passants. La fatigue des derniers jours et le manque d'habitude font que mon espagnol est un peu engourdi, mais l'accent traînant mexicain est vraiment agréable et je sens que ça va vite revenir. Toujours est-il qu'après deux heures de pédalage nous voici dans le centre historique de Mexico. Nous gagnons chacun notre hôtel pour nous débarrasser de nos vélos, avant d'aller enfin manger une tapas pour nous remettre d’aplomb. Ensuite, nous allons terminer les urgences du boulot, montage du checkpoint et synchronisation du site jusque 18h30. Je fais alors l'aller retour à l'aéroport pour retrouver Anaïs pendant que Fanch nous attend pour boire un verre.
Felix, le chauffeur de la navette me tient une conversation à bâtons rompus que j'ai un peu de mal à suivre. À cause des embouteillages, j'arrive à l'aéroport un peu en retard, mais Anaïs est bien là, ouf ! De retour à l'hôtel nous arrosons avec Fanch les retrouvailles avant d'enfin dormir une bonne nuit !
Jour 238 - Calle Republica de Uruguay
Samedi 25 mai 2013 - 0 kms - Post n° 238
Barth : Ce matin nous avons rendez-vous pour une visioconférence avec l'équipe de Linux Quimper qui est en pleine install-party. Il est dix-huit heures en Bretagne, onze heures ici, et nous ne sommes vraiment pas frais. Quelques soucis de connexions et de bruits ambiants plus tard, la conversation s'engage, animée par Fanch et Lucie. Un petit bilan de Dakar, quelques projections sur le Mexique, et des nouvelles fraîches de notre disque dur que Fanch ( celui de Rennes) bichonne depuis quelques temps ! Finalement nous laissons nos amis se détendre autour d'un apéro et allons nous reposer. Un dernier effort pour synchroniser le site et mettre en ligne le dernier checkpoint et je décroche pour quelques jours de la vie de l'atelier de Geocyclab.
Hasta luego !…
Fanch : J'ai parlé trop vite hier en citant le mot « vacances ». J'avais omis la visio-conférence avec Linux Quimper programmée depuis fort longtemps. Bon, c'est vrai ce n'est pas énorme et même plutôt agréable comme obligation mais cela suffit à gâcher ma grasse matinée. Allez on sort du lit et on se motive Fanch!
Le morale est bon, mais j'avoue avoir du mal à me remettre physiquement de ce dernier mois qui fut assez dense, en y ajoutant la fatigue provoqué par le vol et les effets du décalage horaires, j'ai les yeux rouges de sommeil en permanence. Barth est dans le même état et notre concentration durant la visio-conférence n'est pas vraiment au rendez vous, cela doit d'ailleurs se ressentir à Quimper. Mais ça fait toujours autant plaisir de revoir les potes et leurs bouilles souriantes. Une petite dédicace pour de grands remerciements comme toujours aux linuxiens, particulièrement à Piero et Fanch ainsi qu'à LibLab représenté aujourd'hui par Lucie et le grand Fanch (et oui encore un!). Chaque Fanch se reconnaîtra, j'en suis sûr!
La deuxième partie de journée se passe de commentaires, elle se termine par une grosse bonne sieste, suivi d'une petite bouffe, d'une bière et d'un gros dodo…
Jour 239 - Calle Isabel la Catolica
Dimanche 26 mai 2013 - 0 kms - Post n° 239
Fanch : En route pour une exploration du centre ville de Mexico. Je ne le sais pas encore mais c'est 4 heures de marche qui m'attendent. L'objectif est de… D'avancer tout simplement en essayant de décrypter mon environnement nouveau. Tout d'abord, le centre historique de Mexico (inscrit au patrimoine culturel de l'humanité), à partir duquel la mégalopole s'est développée. D'après ce que j'ai compris, le centre historique existait bien avant l'arrivée des conquistadors, il existait ici une cité aztèque connue sous le nom de Tenochtitlan, détruite en bonne partie par les Espagnols lors de leurs invasions, c'est sur ses décombres que fut érigé la capitale de la Nouvelle-Espagne. D'imposants édifices de pierres volcaniques offrent à ce quartier un air à la fois majestueux et particulièrement sombre, presque grave. Baroque, classique, néo-classique et renaissance, ici les styles se côtoient sans gène et sans pudeur. Mexico a l'allure d'une capitale européenne, enrobé d'ornement et de dorure, fière, les pieds encrés avec insistance dans le sol, indétrônable et orgueilleuse. Et malgré moi, devant cette architecture colossale, je plonge au temps du changement, au temps de la conquête espagnole et de la destruction « par la grâce de dieu ». Étrange sentiment donc, face à cette éloge de l’Europe qui s'imposa jadis au détriment d'une autre civilisation.
Enfin, je ne suis pas au bout de mes réflexions, je quitte le centre historique pour m'engager sur la Paseo De La Réforma, avenue apparemment très prisée par les badauds pour leur promenades dominicales. Cette rue, longue de plusieurs kilomètres, longe par le nord le vieux centre, elle est bordée sur toute sa longueur de dizaines de grattes-ciel battis en l'honneur des plus grandes multinationales, ce sont certainement les plus haut du monde puisque leurs bases reposent à quelques 2000 mètres d'altitude. Adieu l'Europe, bonjour Manhattan. Un autre quartier, une autre ambiance, une architecture monumental témoignant d'une autre folie humaine.
Barth : Pendant ce temps là, à Mexico…
Jour 240 - Calle Isabel la Catolica
Lundi 27 mai 2013 - 0 kms - Post n° 240
Fanch : Aujourd'hui lundi, je retrouve Barth et Anaïs pour avaler un morceaux avant de rejoindre Victor, ami Mexicain venu l'année passée pour quelques mois à Quimper afin d'y perfectionner son français. Nous nous retrouvons sur la Paseo de la Reforma. Barth et Anaïs s'en vont flâner de leurs côtés tandis que je profite de nos retrouvailles avec Victor, de ses conseils et de ses explications à propos de son pays natal. La pluie se mêle de nos affaires, une grosse pluie qui me pousse à saluer mon ami pour joindre la station de métro Insurgente. Alors, le métro mexicain, à l'heure de pointe c'est… Quelque chose à vivre. C'est un peu la partie immergé de l'iceberg, quand à la surface tout parait calme, propre et presque ordonné, à 20 mètre sous le sol ça grouille comme dans un chaudron aux enfers.
Le wagon s'arrête, la porte est à ma hauteur. J'ai juste le temps d'entrevoir quelques visages crispés dont les joues sont collées aux carreaux des battants coulissant. Le psshh hydraulique de l'ouverture automatique des portes retenti. En moins de temps qu'il n'en faut pour le,dire, je suis projeté a l'intérieur du wagon , violemment poussé par une force décoiffant, j'ai dans mon dos, une quinzaine de personne qui ne tiennent vraiment pas a attendre la prochaine rame. Je me retrouve ballotté dans tout les sens, je ne contrôle rien et ne peux résister à ce flux saturé. Quand les portes se ferment, je suis bel et bien coincé, compressé, mes bras sont soudés à ma poitrine, je ne peux plus bouger un centimètre cube de mon pauvre corps. Il est hors de question d'essayer de me gratter l’extrémité du nez à laquelle une goutte de sueur se balance et ne semble pas vouloir tombée. Je parviens finalement à m'en débarrasser en faisant mine de perdre l'équilibre et en me frottant le bout du nez sur la veste de mon voisin.
Quarte station en avale, je tente en vain de m'extirper de la masse, j'aurais dû descendre ici mais c'est juste impossible. J'arrive à faire un pas mais je me trouve déjà à contre courant. Une vague humaine m'englouti et me repousse au point de départ. Ce coup ci, c'est presque en apnée que j'attends le prochain arrêt, je sors, non sans mal, tirant de tout mes force l'une des bretelles de mon sac a dos qui lui, s'est fait prendre par la marré et il faudra que je gueule un gros coup pour réussir enfin à le récupérer. Le plus fou, à en juger par la mine éteinte et inexpressive des autres passagers, c'est que cela ne semble incommoder personne. C'est une expérience à vivre mais pour les agoraphobes, c'est une crise de panique assurée.
Barth : Pendant ce temps là, à Mexico…
Jour 241 - Quartier électronique
Mardi 28 mai 2013 - 0 kms - Post n° 241
Fanch : Objectif du jour, trouver ou fabriquer un amplificateur 15 watts portatif, c'est à dire, indépendant du courant secteur. L'amplificateur nécessite une amplification 12V, il sera alimenté par notre batterie, elle même alimentée par un de nos panneaux solaire (souple). Théoriquement, ça devrait fonctionner.
Première étape, j'ai besoin avant toute chose, de me renseigner sur le web en fouillant sur les sites et forums de bidouillages électroniques, pour savoir quel type de composant acheter et surtout, ou dénicher tout ce matériel? J'avoue avoir quelque appréhensions en m'imaginant traverser la ville entière pour finalement trouver une boutique qui n'a que la moitié des fournitures que je désir (je dis cela en connaissance de cause). Mais, comme la chance est avec moi, je découvre qu'il y a potentiellement ce que je cherche à deux pas de l'auberge.
J'ai préparé mon coup et grâce a Google traduction, je devrais pouvoir demander précisément ce que je cherche en Espagnol s'il vous plaît (je rappel que je ne parle pas cette langue et de peur de passer pour un gringo, j'insiste pour employer l'anglais le moins souvent possible). Enfin bref, je me prépare comme s'il s'agissait d'une expédition périlleuse alors que je ne vais que 500 mètres plus loin.
Quelle n'est pas ma surprise quand je découvre des dizaines et des dizaines de boutiques d'électronique ou de robotique collées les unes aux autres. Le paradis est a deux pas! Je flâne entre les vitrines, ne sais plus ou donner de la tête. Je me revois a Shanghai, quand au bout d'une semaine de recherche je découvrais le quartier de l’électronique avec tout le matériel dont j'avais besoin, juste là, à ma disposition. Je trouve bien sûr l'amplificateur 15 Watts que je vais probablement légèrement bricoler pour l'adapter a notre matériel. Et pour couronner le tout, le prolongement de cette rue est infesté de vendeurs d'instruments de musique… Je m'y promène en louchant sur quelques saxophones avant de rentrer au QG.
De retour a l'auberge, Julian avec qui je partage ma chambre me propose d'aller boire un poulque (prononcez poulqué), une boisson ancestrale à base d'aloévera fermenté. La texture est étrangement gluante mais le goût n'en est pas moins délicat. J'adhère.
Barth : Pendant ce temps là, à Mexico…
Jour 242 - Plaza De La Constitucion
Mercredi 29 mai 2013 - 0 kms - Post n° 242
Fanch : Je ne sais déjà plus si j'ai profité de la matinée pour dormir un peu, ce qui est sûr c'est que j'ai attrapé la crève, rien de méchant bien sûr mais ce n'ai jamais agréable surtout quand cela survient en période de vacance et qu'il s'agit de se reposer. Ah oui, je crois ne pas l'avoir signalé mais nous arrivons au Mexique au début de la période des pluies et tout les soir, aux alentours de 17 heure, des trombes d'eau s'abattent sur la moitié sud du pays. C'est probablement pour cette raison que je ne peux, aujourd'hui, plus respirer par le nez. Il va falloir à présent, être plus vigilant concernant la météo, s'habiller et s'organiser en conséquence.
Après avoir retrouvé mes chers compatriotes, puis Victor pour déguster de fameux « Tortas », je décide de m'en retourner à l'auberge pour une petite sieste presque sans regrets de ne pas accompagner mes amis à la maison de Frida Khalo. C'est triste mais je préfère dormir…
En fin d'après midi je trouve malgré tout un peu d'énergie pour retourner Rue Republica de Uruguay, le spot de l'électronique mexicain afin d'acheter une connectique nécessaire pour adapter l'ampli à notre système d'alimentation 12V. Je fais quelques testes, en théorie cela devrait fonctionner, en pratique, rien ne sort, pas un son. Je commence à m'énerver, ok, je ne suis pas en forme, autant ranger tout cela au fond de ma sacoche avant de faire une vrai connerie. J'arrête là pour aujourd'hui.
Barth : Pendant ce temps là, à Mexico…
Jour 243 - Terminal Sud, Mexico City
Jeudi 30 mai 2013 - 15 kms - Post n° 243
Fanch : Geocyclab prend racine… Après 3 semaines de sédentarisation, à Dakar puis à Mexico, nous allons reprendre la route en formule trio car Anaïs nous fait honneur de sa présence. Mais nous raccrochons pour 2 semaines nos montures que nous confions à l'aimable Victor pour les troquer contre trois tickets de bus. Direction le Sud du pays, Acapulco ou nous ne ferons que transiter (les grosses stations balnéaires, non merci) puis… Et puis… Et puis on verra bien un fois là bas de quel manière nous pourrons nous rendre dans un lieu un peu plus sauvage. Enfin, c'est comme cela que je vois les choses. Nous achèverons certainement ce petit tour dans le Chiapas, entre jungle et montagne, là ou le cyclisme n'a que très peu d'adeptes. C'est un peu la prolongation de nos vacances même si nous envisageons de rebondir, créativement parlant, sur nos découvertes qui seront j'en suis convaincu, plus qu'enrichissantes.
Barth : Fin de la trêve, reconnexion. Aujourd'hui nous quittons Mexico City pour une escapade dans le sud du Mexique durant une dizaine de jours. Nous laissons les vélos et le gros de nos affaires chez Victor, un ami de Fanch qui travaillait comme intervenant en espagnol au lycée Thépot l'an dernier. La maison de ses parents se trouve dans le sud de la ville, non loin du terminal d'autobus que nous devrons rejoindre pour quitter la ville. Une douzaine de kilomètres à vélo sous le cagnard de midi pour retrouver Anaïs qui a fait le trajet en métro, avant que Victor vienne à notre rencontre et nous conduise jusque sa maison. Le temps de refaire nos sacs et de nous faire offrir une gourde en corne de vache et une confiserie au tamarin par Victor qui est vraiment aux petits soins avec nous, et nous le quittons pour nous rendre au terminal sud des autobus.
L'objectif consiste à prendre un bus le plus tard possible pour arriver au petit matin à Acapulco. Départ à une heure du matin ! Il n'y a plus qu'à patienter… En faisant le tour des cafés, mini-restaurants du quartier.
Pour la part, je ne me suis pas vraiment reposé à Mexico ces derniers jours. Après trois semaines passées dans le bruit et la crasse de Dakar, le transit de trente-six heures en avion, la mégapole mexicaine n'est sûrement pas l'endroit le plus approprié pour souffler. Nous avons fait quelques visites avec Anaïs, le musée des Beaux-Arts, la maison de Frida Khalo et diverses promenades dans le centre de la ville… Malgré la taille incommensurable de cette agglomération, la lenteur des mexicains et l'omniprésence de végétation plus ou moins luxuriante la rendent beaucoup plus vivable que je ne m'y attendais. Ce qui m'aura le plus frappé après six mois passés en terre musulmane, c'est de retrouver les cloches des églises, aussi nombreuses que les petites vitrines aux néons fluos qui abritent une statue de la vierge ou d'un saint…
Toujours est-il qu'il est temps de fuir la ville pour récupérer de cette fatigue accumulée depuis plusieurs semaines…
Anaïs : Holà Chicos!
Quatre mois plus tard…
À présent bien remise de mes émotions marocaines, je suis fin prête à me prendre de plein fouet le grand chambardement mexicain. Après une semaine de retrouvailles avec l'un des deux larrons, dont les évènements marquants seront passés sous silence, par manque d'intérêt artistique, je reprend avec plaisir l'exercice quotidien du carnet de bord et l'enthousiasme est au rendez-vous malgré les interventions sarcastiques de Fanch… ( »t'as écrit que ça? »)
Soit, j'ai écrit 4 lignes en 3/4 d'heure, mais il est tard, on est dans une gare routière mexicaine, propice aux perturbations en tout genre, et la reprise de l' écriture est difficile (surtout sur tablette…)
Voilà, après cet argumentaire fort intéressant, je peux commencer à explorer le fin fond de ce qu'il me reste de pensées pour narrer ma version du Mexique. Il est déjà presque demain mais nous avons encore deux heures à attendre avant de pouvoir nous installer, j'espère confortablement, pour 6h de voyage direction Acapulco, avec mes deux companeros qui ont, sans l'ombre d'une larme, abandonné leurs fidèles destriers dans la cour d'un ami pour une quinzaine de jours. Merci Victor d'avoir accepté de jouer au « vélo-sitter » !
Nous voilà donc on the route encore et, pour une expérience du voyage toujours intense et chaque jour renouvelée et comme on est des oufs malades, cette fois, nous serons… À PIEDS!! (Tadaaa…)
J'ai donc grand hâte de monter dans ce bus (hypothétiquement confortable) et de me réveiller demain matin dans une nouvelle ville/nouvelle facette de la vie mexicaine.
J'ai pu goûter Mexico pendant une semaine et malgré un arrière-goût un peu amer de pollution, l'ensemble était plutôt doux, sucré, et bien-sûr étonnant. Une semaine est ridicule pour découvrir l'une des trois plus grandes mégalopoles du monde, mais c'est une mise en bouche prometteuse et un an ne suffirait pas à en faire le tour… même en vélo.
Je sens que la nation de Frida Kahlo et Diego Rivera va me plaire. Exubérante, haute en couleur, bruyante et exaltée, elle a ce je ne sais quoi de folie qui fait que je m'y sens bien. Les gens sont bruyants, mais calmes, exubérants mais pudiques, tous ces paradoxes me laissent l'eau à la bouche. Prendre le métro, comme Fanch l'a brillamment évoqué dans l'un de ses billets, est véritablement une expérience unique. Le flegme mexicain est surréaliste. Vivement la suite donc, mais tout de suite, on monte dans le bus…
Jour 244 - Barra de Coyuca
Vendredi 31 mai 2013 - 0 kms - Post n° 244
Barth : Six heures du matin, il fait encore nuit et nous débarquons encore endormis dans la chaleur moite d'Acapulco… Quelques centaines de mètres à pied pour trouver un café dans la première station-service croisée, le temps d'émerger au rythme des coccinelles venant faire le plein. Ensuite, direction la station de bus pour quitter au plus vite l'infernale station balnéaire qui s'anime, baignée dans un soleil levant qui dégouline d'orange dans la brume matinale. Les buildings plantés à même la plage, défilent à la fenêtre du camion-bus décoré aux couleurs du film « gang de requins » et muni d'une sono avec caisson de basses qui achève de nous réveiller…
Après un aller-retour pour rien dans la ville, nous trouvons enfin le bus qui nous conduit à Pie de la Cuesta, une petite ville au nord d'Acapulco, à l'entrée de la lagune de Coyuca. Le temps d'avaler quelques tacos, bien meilleurs et beaucoup moins chers qu'à Mexico, et nous prenons un dernier véhicule, un petit combi sans portière pour rejoindre Barra de Coyuca, le dernier village à une quinzaine de kilomètres. À gauche, l'océan pacifique que je découvre pour la première fois, et à droite, la lagune de Coyuca, pleine de végétation et d'oiseaux. Le soleil cogne dur et nous ne tardons pas à trouver un abri sous un des nombreux préaux en feuilles de cocotiers où en échange de quelques pesos nous pourrons passer la nuit dans les hamacs qui le meublent.
La suite de la journée alterne entre baignade dans les remous du Pacifique, siestes comateuses dans les hamacs, bières fraîches arrosées de citrons verts, observation du vol des frégates et pélicans… On dirait des vacances !
À la nuit tombante, une femme âgée et un jeune homme débarquent en canot depuis la lagune. La femme est la propriétaire des lieux et elle tient à ce que nous venions dormir dans sa maison, inquiète de nous savoir isolés sur la plage pendant la nuit… Mes rudiments d'espagnol n'auront pas suffit à comprendre les véritables dangers qui nous menacent, mais une explication gestuelle agrémentée d'une machette finira par nous convaincre… Nous traversons donc la lagune dans un petit canot à moteur jusqu'à la demeure de notre hôte, un immense hangar couvrant quelques pièces bétonnées. Une soupe, quelques tequilas, une discussion difficile à cause de la barrière de la langue, et nous voici installés pour la nuit sous le regard des nombreux geckos qui participent à leur manière à la démoustiquification des lieux.
Fanch : Après une nuit de transport en commun nous voici, de très bonheur dans le centre d'Acapulco. Un Saint Tropez à la sauce Mexicaine… C'était prévisible, nous nous y attendions et ne traînons pas à prendre une succession d'autobus en direction de la Barra De Coyuca à une trentaine de bornes plus au nord, un petit coin paisible situé sur une bande sableuse entre lagune et océan déchaîné. Chose notable qui s'avère être une première pour nous trois, nous apercevons le Pacifique.
Je ne m'en rends compte qu'à l'instant mais en quittant l'Afrique, nous avons aussi quitté l'atlantique que nous ne révérons qu'en Bretagne, à la fin de notre périple. Une pointe de nostalgie donc, mais surlignée d'une réel excitation s’empare de mon esprit et ce, à l'idée de découvrir d'autres paysages, une nouvelle flore, une nouvelle faune, une nouvelle culture, moins citadine cette fois. Et oui, c'est seulement en sortant de la capitale que le dépaysement semble agir, il faut croire que le charme de la nature et des petits pueblos a plus d'effets sur moi que celui du bitume urbain. C'est donc un petit paradis qui nous accueil à la Barra De Coyuca. Nous ne sommes pas loin des paysages de cartes postal. Une eau à 25°C, un sable fin et chaud, des hamacs et de nombreux cocotiers nous invitent à prendre congé, à souffler un coup pour de bon.
Nous trouvons ici un havre de paix, dans un petite payotte entre deux eaux. Pélicans, cormorans et frégates nous souhaite la bienvenue. C'est ici que nous aurions aimé dormir mais Ermelinda, la propriétaire du lieu, prétextant que la zone est peu sécurisé la nuit, nous propose une machette dans un premiers temps, puis après réflexion, nous offre le gîte qu'il nous est difficile de refuser. Et hop, elle nous fait monter sur une petite embarcation pour un petit tour sur les eaux calmes de la Lagune jusqu'au village. Une soupe de nouille sino-americaine épicée à la mexicaine et quelques paroles échangées plus tard, il est l'heure pour nous de roupiller… dans un hamac bien évidemment.
Anaïs : Un réveil un peu précipité puisqu'on dort tous les trois du sommeil du juste quand le bus arrive à son terminal… bus confortable, donc.
Le temps d'avaler un café et quelques tacos, à 7h du mat' (pas facile l'immersion totale…) et on se met en route pour trouver le bus qui nous amènera au petit coin de paradis convoité, à 30 bornes au nord d'Acapulco, parce qu'ici, franchement, à part les fans du « hard.rock café » et des soirées casino, personne ne peut être comblé… enfin nous, on ne l'est pas.
Les petits bus d'Acapulco… joie, bonheur, exaltation, ambiance « disco de night » dès 8h du mat' avec de la bonne vieille dance des années 90, du Eminem ou du nana mouskouri locale, selon l'humeur du chauffeur… toujours d'humeur à régler le volume en mode « décapage profond des tympans »
Ah, et bien-sûr, régal pour les yeux… vous pouvez vous retrouver propulsé dans un décor inspiré du dernier Disney, ou dans une ode visuelle à l'amour de leur dieu, bref, surréaliste. Si Acapulco était un parc d'attractions, ses petits bus seraient les montagnes russes.
Après 4 ou 5 voyages féeriques dans ces mignardises à moteur, nous arrivons enfin et prenons place dans les hamacs posés entre la lagune et la plage de sable fin, et mes doigts de pied rapidement suivis par le reste de mon corps, vont saluer l'océan Pacifique pour la première fois.
Jour 245 - Barra de Coyuca
Samedi 1 juin 2013 - 0 kms - Post n° 245
Fanch : Baignade, sieste, baignade, sieste, bouffe, baignade, sieste, baignade, bouffe, baignade, tequila, musique et dodo (sur la plage et sans machette)… Dur dur…
Anaïs : Bon, je repend un peu la journée d'hier parce que taper un carnet de bord sur une tablette accablée par la chaleur, elle aussi, donc, moins performante que d'habitude, (la tablette…) c'est l'enfer.
Pendant que les deux aventuriers dévorent goulûment une soupe de pâtes, je profite de cette pause inopinée pour leur piquer leur ordi. Je tape avec la délectation de la sténo-dactylo accroc qu'on aurait privé de clavier pendant une semaine… Bref…
Le décor est cinématographique, mais d'un certain cinéma, ou de certaines séries télé… genre vacances de l'amour, malgré la déception cuisante de Fanch de ne pas avoir croisé Vanessa Demouy…
Ma première nuit en hamac dans les caraïbes, me disais-je innocemment alors, sera parfaitement inoubliable… Cette nuit ne fût pas ma première nuit en hamac, grâce à la délicate ténacité de la matriarche Ermélinda qui nous embarque dans sa casa parce que « bon, quand même, on sait jamais, la nuit, c'est pas comme le jour, etc, etc… » La doyenne des lieux (et non la douanière comme je l'ai compris au début… ben oui j'ai fait allemand à l'école moi, pas espagnol) nous embarque chez elle, de l'autre coté de la lagune. Nous sommes menés en bateau par Edgar (ben oui, pour traverser la lagune…) et discutons brièvement en un franglespagnol plus qu'approximatif, mais nous comprenons quand même, et quand on se comprend pas, ben on se comprend quand même…
La journée du samedi a été fort bien décrite par Fanch, une description tellement riche et pertinente que je ne saurais oser ajouter quelque chose sous peine de dénaturer l'esprit de ce récit narratif et biographique, qui, à mon sens, restera l'une des plus belles pages de ce carnet…
Barth : Après une nuit plutôt tranquille, le réveil est un peu long. Personne en vue, rien à manger, nous sommes coincés au fond de la lagune en attendant de trouver un bateau pour regagner la plage. Vers 10h, notre hôte se montre enfin et nous prenons congés pour aller déjeuner au village. Une fois requinqués, direction la plage pour une nouvelle journée de farniente. Ce soir c'est décidé, nous resterons dormir sur la plage que ça plaise ou non.
Les baignades dans l'océan sont très sportives, le sac et le ressac puissants de la houle ne permet pas de nager, il faut juste s’accommoder des vagues en prenant garde de ne pas passer de l'autre côté de la barre. Cependant, la température accueillante de l'eau fait oublier la fatigue, et le soleil qui tape fort et qui nous aura laissé à tous les trois quelques douloureux souvenirs.
Il y a un peu plus de monde aujourd'hui, les mexicains en week-end qui viennent se détendre en famille, mais nous sommes toujours les seuls étrangers visiblement.
Au couchant, après être retournés au village pour dîner, la plage se vide tout de même, et nous pouvons prendre place dans les hamacs pour passer la nuit. Un concert d'oiseaux, de batraciens et d'insectes démarre côté lagune tandis que les rouleaux du pacifique battent la cadence côté océan. Nous ne tardons pas à nous endormir jusqu'au passage du véhicule des gardes-côte qui s'arrête juste à notre hauteur en pleine nuit. Préférant rester discret su notre présence, je n'ose pas aller à leur rencontre, mais il semble bien que l’arrêt d'une petite heure juste en bordure du littoral doit correspondre à la ponte d'une tortue de mer, qu'ils sont chargé de protéger. Une autre fois…
Jour 246 - Acapulco
Dimanche 2 juin 2013 - 0 kms - Post n° 246
Anaïs : Ça y est, je l'ai eu ma nuit en hamac, après être allés souper dans le bled pour prendre la température mais aussi un peu, avouons-le, pour éviter de croiser la matriarche Ermelinda qui nous aurait privé une fois de plus de notre nuit en hamac!
bilan: le doux balancement au gré du souffle, léger comme un murmure, est loin d'être désagréable, à moins d'avoir le mal de mer, évidemment. Mais ce n'est pas mon cas! Nous sommes fin prêts aujourd'hui à repartir à Acapulco pour rejoindre notre nouvelle étape. Mais bon sang, que cette ville est fatigante. Heureusement les mini-bus sont là pour égayer tout çà… un peu de Disney ou de Bob l'éponge dans ce monde de brutes, et déjà, tout va mieux…
Nous embarquons enfin dans un autre bus de nuit après cette journée à Acapulco que j'ai déjà oublié…
Barth : Hamac peu confortable finalement, et une fraîcheur humide vers la fin de nuit qui me fait me lever vers 7h30, peu après le soleil. Déjà quelques pêcheurs lancent leurs filets côté lagune, tandis que sur la plage défilent les body-boarders venus profiter de la mollesse des rouleaux matinaux. Une fois tout le monde debout, nous prenons le petit déjeuner au village avant de refaire la route jusqu'à Acapulco pour repartir ensuite vers le sud…
Huit heures de trajet jusque Puerto Escondido, la stratégie sera donc la même, rouler de nuit pour arriver au petit matin. D'autant qu'aujourd'hui nous devons mettre à jour et synchroniser le site, déjà dix jours que nous sommes au Mexique ! Une journée fatigante donc, dans l'enfer urbano-balnéaire d'Acapulco, entre quête de cyber, de bus qui nous déposent systématiquement quelques kilomètres plus loin que notre objectif, de grosse chaleur moite aux effluves de gaz d'échappements… Du bonheur en barre ! Heureusement, le petit restaurant tenu par trois adorables dames dans lequel nous avons trouvé refuge le midi, nous aura permis de souffler un peu et de travailler sereinement sur le site.
Vers 20h après quelques soucis avec des distributeurs d'argent récalcitrants, nous avons enfin nos billets en poche. Départ à 23h pour les petits ports du sud, je l'espère plus reposants…
Fanch : Le réveil est douloureux, le soleil est dur et mon dos me le rappelle. La fainéantise n'a que trop duré, nous reprenons la route en sens inverse, jusqu'à Acapulco ou nous enchaînerons avec un bus en direction de Puerto Escondido. La chaleur, différente de ce que nous avions connu jusqu'à présent est étouffante, écrasante et je sue du matin au soir. Si vous me demandez quelle est ma préférence entre le sauna et le hammam, j'avoue que j'aurais du mal à répondre. Quoi qu'il en soit mieux vaut-il être dans l'eau à patauger comme un imbécile qu'être sous un soleil de plomb à porter un sac lourd et imposant dont les bretelles frottent mes épaules brûlées. C'est bien sûr cette deuxième option que nous avons sélectionné, mais comme je suis un chic type et que je sais bien que le climat breton fait mine grise je ne me plaindrai point.
Si je parle du temps c'est que je ne sais que dire, comme un vieux reflex qui revient au galop. Quand la routine est là on parle de la dernière averse, sinon de la suivante. Le terme routine est bien sûr exagéré mais j'ai l'impression d'avoir perdu un peu de l'émerveillement que je connus plus tôt, en Afrique, que le piment est d'avantage présent dans nos assiettes que dans les relations humaines. Pour l'instant, je mets cela sur le compte de la barrière de la langue qui malgré mes efforts reste une étape importante à franchir. Mais il y a autre chose et qui concerne directement ce carnet de bord. J'écris habituellement le soir avant de dormir et cela me permet de faire le point de la journée passée, de l'apprécier dans son ensemble mais aussi au travers d'un ou plusieurs détails. Et parfois en prenant quelques heures de recule il m'est possible d'apprécier d'avantage les petits événements du quotidien. J'ai l'impression que le fait de noter, d'immortaliser un instant lui donne de l'importance. En somme, ce je que je vis et ce que j'écris sont deux actes indissociable, le premier alimente le second mais le second augmente la valeur du premier. Enfin je crois… Je ne sais pas si vous voyez de quoi je parle. Cela doit ce ressentir dans mes écris. Je trouve de moins en moins souvent la motivation (ou l'inspiration?) pour me mettre a l'oeuvre. Parfois la fatigue est trop présente ou je préfère lire ou bien encore, je reste là, sans rien faire, juste à profiter du moment présent. Je ne sais pas, je réfléchis. Comment continuer à nourrir ce carnet de bord, quotidiennement sans lassitude? Faut-il en réinventer la forme? Affaire à suivre.
Jour 247 - Mazunte
Lundi 3 juin 2013 - 0 kms - Post n° 247
Fanch : Je ne sais pas vraiment où nous sommes. Alors que le bus roule encore, j'entre aperçois les première lueurs inonder la jungle verdoyante. Je lutte pour garder de les yeux ouvert mais rien n'y fait et malgré mes efforts, je replonge dans mon sommeil. Après neuf heures de voyage, j'éprouve vraiment des difficultés à émerger. La chaleur n'y arrange rien, elle est aussi présente que dans la région d'Acapulco, il doit être 8 heure et je suis déjà trempé.
Nous nous mettons d'accord à l'heure du petit déjeuner (escalope milanaise et haricot rouge, du lourd!), la fatigue est encore d'actualité et les deux jours de repos que nous nous sommes accordés n'aurons pas suffis à nous remettre d'aplomb. Cette fatigue qui s'accumule se manifeste aux travers de petites tensions, elle particulièrement évidente ces derniers temps, alors stop, n'insistons pas. Objectif: prolongation d'arrêt de travail.
Nous ne prenons pas le temps de découvrir Puerto Escondido pour emprunter une énième navette jusqu'à San Antonio puis un taxis qui nous mènera Mazunte, une plage relativement isolé des tourbillons urbains et touristiques ou nous rechercherons trois hamacs pour continuer nos flâneries.
Nous y voici. J'ai longtemps fantasmé ce genre de situation. La jungle en arrière plan avec ses cocotiers qui viennent s'échouer sur le sable, des cabanes aux toitures en feuilles de palmiers tressées font office d'hébergements économiques, une eau émeraude, un poile plus fraîche que l'air et dans laquelle on pénètre plus aisément que dans une piscine chauffée. La cerise sur le gâteau, c'est la Pina Colada que l'on déguste pour quelques pesos seulement. On se laisse porter au rythme du sac et du ressac, relativement violent mais grâce auxquels les baignades sont bien plus amusante. Je ne sais pas si cela va durer très longtemps mais je me laisse prendre au jeu des vacances.
Barth : Neuf heures de route pour rejoindre Puerto Escondido où nous prenons juste le temps de petit déjeuner et de traverser le village d'un terminal d'autobus à l'autre avant de rejoindre Mazunte, à une heure et demie plus au sud… Nous apercevons pour la grande joie de Fanch le troisième spot mondial de surf avant de sombrer tous les trois dans un sommeil comateux, inévitable dans la fraîcheur climatisée du bus.
Le ciel est un peu nuageux mais la chaleur lourde de l'air est de plus en plus palpable. Nous débarquons fatigués et hagards dans le hameau de Mazunte, petit entassement de baraques coincé entre la jungle et l'océan au fond d'une charmante baie. Après quelques frayeurs au vue des tarifs d'hébergement dans les premières auberges visitées, nous trouvons finalement notre bonheur dans un restaurant un peu à l'écart qui donne directement sur la plage… Cette fois je sens que je vais pouvoir me reposer de toutes mes forces, sans entrave et sans complexe !
Apéro les pieds dans l'eau, baignade moins sportive une fois la barre passée, et dans une eau encore plus chaude qu'à Coyuca, repas bon marché, toutes les conditions sont réunies pour une bonne sieste !.. Qui durera jusque 21h…
Mazunte est un ancien petit port vivant jadis de la pêche à la tortue, mais maintenant qu'elles sont protégées, la principale activité tourne autour de l'écotourisme. C'est peut-être ici que j'assisterais enfin à la ponte d'une tortue de mer la nuit !..
Anaïs : Aujourd'hui, après avoir passé la nuit dans le bus et une bonne partie de la journée à rejoindre notre nouvelle étape, je ne peux pas me connecter (addict, moi?) mais j'ai une grosse pensée pour mon frère à qui je ne peux pas souhaiter un bon anniversaire… voilà, c'est désormais chose faite, merci Geocyclab! (mais si, il lit ce carnet de bord…)
Nous arrivons enfin à Mazunte et comme il est tard au moment où j'écris tout çà, je ne trouve aucune autre manière de le dire, alors tant pis: Mazunte, c'est vraiment trop mignon… comme un village fait en Légo mais la personne qui aurait empilé les légos aurait un peu forcé pour que certaines pièces s’emboîtent bien. Ce qu'on appelle dans le jargon des architectes le « mais-si-ça-rentre-j'te-dis »…
Des maisons colorées et biscornues donc, entourant des rues biscornues aussi… (si si c'est possible)
On finit, en se forçant un peu, par traîner nos pauvres carcasses écrasées par la chaleur jusqu'à notre petite paillote de rêve, tenue par une famille et une ribambelle de mômes qui font la loi!
Une eau loin d'être calme mais dont on ressort sans avoir à attendre 2 heures que le bout de nos pieds perdent leur teinte bleu-schtroumpf, une sieste qui se prolonge tard, un dîner au calme…
C'est vrai qu'il n'y pas grand chose de plus à raconter… Ça vous parle l'image du mec avec un sombrero qui sirote un pulco dans son hamac en soupirant qu'il fait trop chaud pour travailler? Ce n'est ni un mythe, ni un cliché, c'est la quintessence même du Mexique…
Jour 248 - Mazunte
Mardi 4 juin 2013 - 0 kms - Post n° 248
Barth : Ça y est ! Enfin une bonne nuit de sommeil et un réveil doux avec petit déjeuner sur la plage suivi d'un bain de mer et d'une sieste… En 24h j'ai du récupérer une bonne semaine de fatigue déjà, et la journée s'annonce reposante…
Pas grand chose d'extraordinaire à raconter aujourd'hui, l'atelier Geocyclab est véritablement en pause. Une promenade en vue d'un éventuel haïku nous a conduit jusqu'à la plage voisine où les vagues plus importantes faisaient le bonheur de quelques surfeurs locaux. La vie ici est propice au vidage de tête, plus d'horaire, plus de courses à faire, plus de déplacement à organiser… Juste la mer, le soleil et les cocotiers ! Désolé pour ce creux dans la narration de notre aventure…
Fanch : La paresse me gagne mais cela ne m'empêche pas de penser. Bien au contraire, ne rien faire permet de penser à autre chose que d'habitude. Alors, pas mal de question que nous avions plus ou moins mise de côté reviennent à toute allure.
C'est bien beau de flâner à l'ombre des cocotiers mais la paresse n'est pas gratuite et cela même en cherchant l'hébergement le moins coûteux du coin. Alors même si je nage dans un bonheur presque total, la culpabilité me pousse à faire mentalement les comptes… Et je remarque que nous sommes largement au dessus de notre budget. Aïe. Cela ne va pas aller en s'arrangeant puisque avant d'atteindre l'Asie, les États-Unis et l'Australie (ou la Nouvelles Zélande) nous attendent, deux pays au niveau de vie plus élevé où il va falloir se serrer la ceinture.
Nous en discutons avec Barth et Anaïs… L'auto-production ça a du bon mais c'est pas tout les jours évident. Sans être véritablement dans l'urgence, il nous faut d'ors et déjà trouver de l'argent pour continuer notre périple. Nous évoquons quelque pistes (sans rentrer dans les détails)
- Faire une pause en Australie ou en Nouvelle Zélande (trois mois ?) pour y travailler et ainsi renflouer les caisses.
- Renouveler les demandes de subventions ce qui implique de remettre le nez dans les dossiers.
- Rechercher des résidences de création avec un budget de production (sur notre route si possible).
Si tout est possible, rien est simple et il va falloir d'une façon ou d'une autre prendre le temps de régler ces histoires de tunes. Je dis cela à tout hasard mais si vous avez une ou plusieurs pistes de financements susceptibles d'être compatibles avec notre projet, n'hésitez pas à nous le faire savoir.
Ce soir, une pluie tropical s'abat sur le toit de la case. Il goutte dans mon lit. La pluie est chaude mais elle n'en est pas moins vachement humide et dormir dans ces condition reste tout à fait inconfortable. Je descends de mon perchoir et opte pour la solution hamac sous un porche en dur. Il est minuit, c'est une à présent averse tropicale qui s'abat sur Mazunte, elle emplit le marais de derrière pour le plus grand bonheur de messieurs les carpeaux qui l'expriment sans retenue. Je sors en caleçon, j'essaie de protéger tant bien que mal mon enregistreur des énormes gouttes qui tombent du ciel. Impossible d'enregistrer quoi que ce soit au risque de bousiller mon matériel. En revanche, à la lueur de ma lampe frontale je fais plusieurs petite rencontres. Pas de tortues malheureusement, mais des dizaines d'énormes crapauds et de grenouilles partage leurs terrains de jeu avec une bonne centaine de crabes asymétriques agitant leurs imposantes pinces droite en fonction des mouvements de la lumière.
Anaïs : Il y a le ciel, le soleil, la mer, le soleil, le ciel, le soleil, la mer… (vous le sentez, là, le balancement du hamac?)
Jour 249 - Mazunte
Mercredi 5 juin 2013 - 0 kms - Post n° 249
Fanch : Je suis dans mon lit, protégé de l'invasion des insectes par à une moustiquaire suspendue. Hors, il y a un moustique qui virevolte du mauvais côté de la toile, la pauvre bestiole est prisonnière. On partage donc un espace d'environs 1,5 mètre cube ce qui semble largement suffisant à une cohabitation seine. Mais ce moustique a faim et m'attaque sans relâche. Je ne me laisse pas faire, mais malgré mes efforts, je ne parviens pas à éradiquer mon ennemi. Le sommeil m'ordonne de déclarer forfait et résigné, je décide de me soumettre au désir sanguinaire de mon adversaire. Alors je me pose cette question: Combien de piqûres un unique moustique est il capable d'infliger a une unique victime en 8 heure de temps? Merde…
Barth : Le paradis et l'enfer se côtoient de près… Pour Anaïs en tout cas qui vient de passer une nuit cauchemardesque suite à une insolation+tourista éclair. Le tout sous une pluie diluvienne qui parvenait même à percer la toiture juste au-dessus du lit. Bref, une nuit de folie !
Ce matin, pendant qu'Anaïs se remet de ses émotions, je file avec Fanch pour un aller-retour de deux bonnes heures jusqu'à la banque la plus proche, histoire de pouvoir régler nos dépenses ici… Le trajet se fait en taxi collectif, ouvert au vent, sur la petite route qui serpente à travers la forêt tropicale jusque Pachutla, petite ville pas très touristique mais très animée où nous trouvons notre bonheur en matière de banque.
C'est étrange cette sensation de redevenir un touriste parmi d'autres après une demi-année à avoir tout fait pour être le contraire. Notre itinéraire et les lieux que nous visitons pour le moment y contribuent beaucoup, mais le fait d'avoir mis de côté nos montures joue énormément. Je mesure à présent à quel point nos vélos sont des laisser-passer pour franchir la barrière des circuits touristiques et garantir ainsi des rencontres plus spontanées et plus sincères…
Mais cette pause fait du bien, sur trois années de voyage il faut bien pouvoir prendre ce temps là pour repartir du bon pied. Le fait qu'elle coïncide avec le changement de continent tombe à pic également, je devine que quand nous reprendrons la route à vélos dans quelques semaines, la véritable immersion dans la culture mexicaine pourra alors commencer.
Anaïs : Je dois avouer que raconter cette journée va être compliqué… vraiment compliqué… j'ai passé une nuit compliquée… vraiment compliquée… (non, c'est bon, m'man, t'inquiètes, je suis plus malade!)
Mais j'ai laissé quelques neurones au fond de la cuvette des toilettes, en même temps que tout le reste, mon langage d'aujourd'hui (qui n'a jamais aussi bien traduit ma pensée) se résume à « mmmmh - euurk - arrrgh »
Sur ce : arrrgh à vous!
Jour 250 - San Agustinillo
Jeudi 6 juin 2013 - 0 kms - Post n° 250
Barth : Pas de pluie aujourd'hui, ni cette nuit d'ailleurs, mais une houle énorme qui assure l'ambiance de notre pension. De temps à autres, une vague un peu plus grosse et moins freinée par le ressac, parvient à dépasser la butte de sable qui protège habituellement la terrasse du restaurant et traverse sans prévenir chaises et tables pour le grand bonheur des enfants !
Nous décidons de rester une nuit de plus pour qu'Anaïs ai le temps de se refaire une santé, et parce qu'il est difficile de quitter ce petit coin de paradis… Au vu du drapeau rouge qui flotte au-dessus de la plage, pas question de se baigner pour cette dernière journée à Mazunte, mais le spectacle à suspens de la houle qui se déchaîne suffit à occuper la journée.
Fanch : Le drapeau rouge est hissé. Je crois bien, aussi loin que remontent mes souvenirs, n'avoir jamais eu l'occasion d'admirer de mes propres yeux une nature aussi puissante. Cet océan est aussi Pacifique que je suis violent. Les séries grossissent pour atteindre leur paroxysme avec la marée haute, aux alentours de 14h30. La plage s'inonde régulièrement et le sable cède sa place à un tapis d'écume pétillante. Alors que nous sommes assis sous le toit de feuillage tressé à contempler l'agressivité du pacifique, une vague plus grosse que les autres vient happer quelques tables et chaises de la paillote. L'instant de panique me fais sourire… J'adore ça.
Pour répondre à mes besoin d'adrénaline, je pousse sur la plage d'à côté à une demi heure de marche, car d'ici, on aperçois au loin d'énormes déferlantes. Une fois sur les lieux je reste sans voix devant l'ampleur des « dégâts ». Une houle de 5 à 6 mètres courbent l'horizon avant de se briser avec une extrême violence. L'impacte de la lèvre sur le plan d'eau provoque un claquement sourd, grave qui résonne jusque dans ma cage thoracique. A l'approche du rivage les vagues lèvent d'un coup se cambrent puis se creusent profondément formant une succession de tunnel sombre et éphémère. La plage est désertée, seul le ressac brasse quelques débris provenant des cabanes environnante. Je reste là, figé.
Anaïs : J'ai besoin de reprendre des forces! Une excuse tout à fait plausible et légitime pour rester une nuit de plus dans ce petit coin de paradis qu'on envisage à regret de quitter le lendemain. J'avais pourtant préparé un dialogue intérieur fort argumenté et très bien ficelé pour convaincre les deux autres de rester un peu plus longtemps… disons les vingt prochaines années. Tant pis, une nuit de plus, c'est bien aussi! Le suspens insoutenable qui consiste à attendre le raz-de-marée qui se profile et menace de tout emporter suffit à nous donner l'illusion d'être les acteurs d'un film catastrophe de série Z, dialogues pourris y compris… «- Dios mio, pedro! nous allons tous mourir, es horrible! (voix de crécelle)
- Brenda ,no te preocupes, gracias a mi poder sobrenatural, je vais d'un souffle magique repousser ce raz-de-marée…olé! (voix de fumeur de gitane maïs)»
C'est cool, le farniente !
Jour 251 - Terminal de autobus, Juchitan
Vendredi 7 juin 2013 - 0 kms - Post n° 251
Anaïs : Aujourd'hui, je suis riche! J'ai en effet délesté Fanch de la coquette somme d'un million de dollars, grâce à un pari stupide ayant toujours pour objet le potentiel raz-de-marée. «Ça va venir jusqu'à nous… non, ça va s'arrêter juste avant… je te dis que non… je te dis que si…» Bref, c'est moi qui ai gagné, on a gardé les pieds au sec! Mais comme je suis pas chienne, j'accepte qu'il me paie sa dette sur les 2700 prochaines années.
Nous avons donc quitté notre paillote après un dernier déjeuner face au Pacifique, une tripotée de taxis et un bus plus tard (bien plus tard…), nous arrivons enfin à Juchitan de Zaragoza, ville-étape que j'ai décrété dès le début du périple comme incontournable. Je m'intéresse aux questions traitant du genre, de la féminité, et de la mascarade. Et j'avais entendu parler de cette ville avant de venir, car elle s'est bâtie une réputation particulière en raison d'une spécificité étonnante: elle abrite une population en marge qui a trouvé dans cette petite ville un asile rassurant. Des trans-genres qui ici peuvent assumer librement leur identité sexuelle sous le regard bienveillant des matriarches, qui tiennent les rênes de la cité zapotèque. Un troisième genre qui fait partie intégrante de la société, une ville à la réputation libérale et anti-conformiste, bref, un endroit où les jugements semblent absents, et qui donne envie d'y faire une escale. Première impression: bonne!
Fanch : Nous quittons Mazunte sa plage et ses cocotiers pour partir plus à l'Est en direction de Tehuantepec, ou plus exactement Juchitan. 5 heures de bus nous attendent, 5 heure durant lesquelles je vais pouvoir me mettre à jour dans mes écrits, faire une petite sieste et prendre quelques leçon d'anglais. C'est idiot me direz vous de réviser mes bases anglophones alors que nous sommes en terres hispanophones mais que voulez vous… Disons que j'ai plus de chance de me faire comprendre en anglais qu'en espagnole et quand bien même je peux m'exprimer correctement en français cela ne sert absolument à rien. Enfin…
Derrière la fenêtre les montagnes vertes défilent à vive allure. La végétation se densifie, de plus en plus présente, profonde. Et je replonge quelques semaines en arrière en me remémorant notre évolution mauritanienne, dans un paysage ocre, brun, oranger et or, un paysage passif doté d'une violence singulière. Je me retourne mentalement, jette un oeil vers le passé pour apprécier d'avantage cette nature surabondante. Nous n'en avons pas encore profité mais cela ne devrait tarder puisque qu'après cette étape la haute jungle du Chiapas nous attend.
La ligne du temps se tord et se distord. Je ne m'y accroche plus préférant glisser sur ses courbes irrégulières. Mon seul repère temporel est ce carnet de bord, c'est seulement en l'ouvrant que je prends conscience que nous sommes tel ou tel jours de tel ou tel mois. C'est peut être un effet secondaire des vacances, ou est ce dû à notre changement temporaire de moyen de locomotion? On verra bien si en reprenant notre rythme d'avant, en chevauchant à nouveau nos montures, si les choses se remettront en place d'elles même. Mais au fond, je sais que plus nous nous éloignons de notre point de départ, plus ce voyage malaxe le temps comme une vulgaire boule de pâte à modeler.
Barth : Malgré l'orage qui grondait hier soir, pas de pluie cette nuit… Réveil matinal, dernier petit déjeuner dans les embruns, rangements des affaires, il est temps de reprendre la route. Mais, pas pressés que nous sommes, nous traînons en admirant les vagues presque aussi fortes que la veille et en préparant l'itinéraire, assez pour rester manger avant de finalement partir en début d'après-midi.
Un premier taxi collectif nous conduit à 7 km, à Zipolite, où nous enchaînons avec un second taxi jusque Puerto Angel dans l'espoir d'y trouver un bus… Tout compte fait, il faudra prendre un troisième taxi jusque Pachutla pour arriver juste à temps pour le départ du bus recherché. Et c'est parti pour cinq heures de voyage à travers la montagne et la jungle, sur une minuscule route en lacets. L'océan pacifique n'est pas très loin, apparaissant entre deux virages en contrebas de la route. Salina de la Cruz, Tehuantepec, et enfin Juchitan, notre objectif.
Il est presque vingt-deux heures quand nous quittons la fraîcheur climatisée du bus pour replonger dans la moiteur tropicale de cette ville moyenne. Première urgence, trouver un hôtel pas trop cher, sans aucune indication. Après plusieurs tentatives infructueuses (prix trop élevés ou hôtels complets) nous trouvons une chambre pour trois avec l'aide d'un homme, mexicain d'origine, new-yorkais depuis 27 ans qui nous explique dans un anglais à l'accent américano-mexicain qu'il est ici sans papiers et cherche à rejoindre ses enfants aux États-Unis… Bref, il est temps d'aller avaler quelques tacos avant d'aller dormir, et de découvrir demain cette petite ville à l'allure très hospitalière.
Jour 252 - Juchitan
Samedi 8 juin 2013 - 0 kms - Post n° 252
Barth : Réveil très tardif et pas très frais dans la chaleur brassée par le ventilateur de la chambre. Fanch est parti en quête d'un autre hôtel plus confortable, en vain… Nous reprenons donc une deuxième nuitée ici après avoir avalé quelques tacos aux tripes et un coca en guise de petit déjeuner.
Au menu du jour, ça faisait longtemps, l'ordinateur ne démarre plus… J'ai passé un peu de temps hier soir et ce matin à dérusher les dernières images, et depuis que je l'ai éteint, plus de signe de vie. Après quelques tentatives de démontage et de réanimation sans succès, nous opterons pour le réparateur, mais demain, car aujourd'hui nous avons besoin de nous changer un peu les idées en faisant le tour de la ville.
Fanch est parti de son côté, je file donc avec Anaïs explorer les environs. Nous sommes venus à Juchitan pour deux raisons. Tout d'abord cette ville n'est absolument pas touristique, ce qui fait du bien après la tournée des stations balnéaires de la semaine passée. Ensuite parce que vit à Juchitan une étrange catégorie de la population, ni hommes ni femmes, qui sont appelés les « muxes ». Il s'agit en fait d'hommes, pour la plupart homosexuels, pouvant librement assumer une identité trans-genre en se travestissant, et ce depuis des millénaires. En effet, cette reconnaissance sociale date de la civilisation zapothèque dont est issue la société actuelle de Juchitan. La curiosité et les thèmes de recherche d'Anaïs nous ont donc conduit à séjourner quelques jours ici, sans aucun regret pour le moment, tant nous nous sentons bien accueillis dans cette ville à l'allure surréaliste.
Un peu plus tard dans la soirée, avant d'aller dîner quelques tacos, nous buvons une bière dans un bar avec uniquement des locaux, dont Max et Jimmy, 80 ans passés, qui nous poussent la chansonnette armés de leurs guitares, une caisse de bières aux trois quarts vide à leur côté !
Anaïs : Nous pourrions profiter en toute quiétude de cette charmante ville si ce p… d'ordi de m… voulait bien redémarrer. Ce petit grain de sable suffit à enrayer notre impeccable machination de bonne humeur et d'émerveillement. Personnellement, ça ne m'affecte pas tant que çà, mais bon, par empathie, j'ai mal à mon disque dur …
Tant pis, nous nous éloignons de la machine diabolique susceptible à elle seule de peloter les nerfs et scier l'épicurisme, et allons explorer les alentours.
Le soir, nous prenons le temps de nous plonger au cœur de la cité pour un dernier verre avant un repos bien mérité. Nous ne regrettons pas puisque nous sommes accueillis par Max et Jimmy, deux vieux briscards grattant leurs guitares depuis au moins un demi-siècle et venant s'asseoir à notre table pour nous souhaiter la bienvenue en musique.
Fanch : L'ordinateur et en panne, il ne s'allume pas pour une raison qui nous échappe. C'est donc notre atelier qui est dorénavant hors service et Geocyclab se réveil avec un petit coup de blues. Inutile de rappeler O combien l'informatique est présente dans cette épopée et que ce petit incident risque d'avoir des répercussions non négligeables sur notre moral et peut être même sur notre budget (qui n'est pas en grande forme non plus). C'est d'autant plus rageant puisque nous avions investit une jolie somme dans une machine réputé solide, prévu justement pour ce type d'épreuve et qui, sans prévenir, nous lâche sans scrupules. Bon, rien est perdu, nous tenterons de lui trouver un médecin demain (dimanche) ou Lundi si jamais les informaticiens de Juchitan respectent le congé dominical. Mais le pessimisme de Barth l'emporte sur mes espoirs de le voir à nouveau fonctionner. Dur dur.
La journée entamé, plutôt que de tourner en rond dans la cours du petit hôtel miteux dans lequel nous avons élus domicile, je fais le tour du centre ville. Une fois, deux fois, trois fois. Histoire de m'occuper l'esprit, j'enregistre l'ambiance de la ville mais sans trop y croire. Je m'accorde une pose dans le petit parc du centre à proximité du kiosque ou quarte vieux joue quelques airs mexicains d'un ton plutôt mélancolique, rien de transcendant ce qui n'arrange rien à mon petit coup de mou. Seul les cinq iguanes verts qui évoluent au ralentit dans l'arbre d'en face me remonte le moral. Ils me rappelant que je suis à l'autre bout du monde et que j'ai évidemment de quoi me réjouir. Et oui, c'est idiot mais ces reptiles au flegme incomparable trouvent le moyen de me redonner le sourire.
Ça va mieux. Je commence à relativiser au sujet de l'ordinateur. Même si cela risque d'être une considérable perte de temps et d'argent, nous avions envisagé ce cas de figure et finalement si nous récupérons les données du disque dur, ce n'est qu'un problème matériel et je refuse de me prendre la tête pour cela, pour l'instant en tout cas.
En rentrant de ma ballade, je retrouve Barth et Anaïs qui semblent tout deux avoir accomplis le même chemin que moi puisqu'ils sont plus détendu que toute à l'heure. L'après midi se termine même dans un bistro autour de quelques bières. Instant de grâce, comme pour conclure une journée morose sur une note positive, Max et Jimmy, duo de guitaristes octogenaire, viennent nous souhaiter la bienvenue avec quelques contines locales. C'est tout en douceur, en légèreté qu'ils grattent leurs cordes, les yeux mi-clos, ils chantent de toutes leurs rides et nous offrent là un bien jolis présent.
Jour 253 - Terminal de autobus, Juchitan
Dimanche 9 juin 2013 - 0 kms - Post n° 253
Fanch : Aujourd'hui c'est dimanche, le jour tant attendu par les nombreux fidèles qui sortent vêtus de leur plus beaux apparats vestimentaire pour honorer leurs confessions. Mais ce n'est pas aujourd'hui que nous obtiendrons le diagnostique concernant le mal dont souffre notre ordinateur. Je laisse donc à Barth le soin de s'en occuper demain puisque je pars ce soir pour une petite excursion en solitaire de quelques jours.
Après un mois de recule, je me lance dans une description sommaire de l'ambiance mexicaine prenant ainsi le risque de généraliser puisque je n'ai découvert qu'une part infime de ce qui la caractérise. C'est tout d'abord un changement considérable car n'ayant pas véritablement digérer mon séjour africain je me retrouve confronté à une civilisation dont les coutumes n'ont pas grands points communs avec ce que nous avions récemment découverts de l'autre côté de l'Atlantique. La religions y est certainement pour quelque chose, je note d'ailleurs que le son des cloches me procure presque le sentiment de revenir à la maison.
En apparence le changement de religion influe sur le degré des libertés individuelles, celles ci sont peut être similaires à celles de l'occident, (je rappelle que tout est relatif). Juchitan nous en apporte une preuve tangible puisque nous sommes au coeur d'une société ou depuis plusieurs génération les « muxes » autrement dit, travestis et homosexuels ont hérité d'un statut social privilégié. Effectivement, non content d'être parfaitement intégré, ils portent la culture Zapoteque sur leurs épaules et veillent à ce qu'elle soit transmise en bon et dû forme. D'ailleurs, d'après ce que j'ai compris, l'église catholique de la région se positionne soit de façon indifférente, soit de manière positive, encourageant ainsi la tolérance et l'acceptation de la différence. Belle leçon n'est ce pas, (petit clin d'oeil à l'actualité française). Les tatouages et piercing (pour les homme) ayant complètement disparus en Afrique, reviennent en force. Les habitudes vestimentaires des femmes vont et viennent entre apparats traditionnels pour les plus âgées, jeans et tenues d'été portées près du corps et souvent très colorées pour les plus jeune. On retrouve le même shéma chez les hommes mais tout ce joue au sommet du crâne puisque le couvre chef qui semble varier en fonction de l'âge et de la classe sociale. Au choix, chapeau de cowboy ou casquette portée à la new-yorkaise. Tout ce beau monde évolue dans une atmosphère plutôt sereine et dans un calme plus ou moins effectif. L'Europe (que j'utilise comme repère et non pas comme modèle) se retrouve aussi au travers des rapport humain. Cela se traduit par une tendance à l'égalité des sexes et même si ce n'est pas coutume, les femmes ne sont pas cantonnées à rester au fourneaux écrasées par le poids d'un quelconque livre sacré. Le revers de la médaille c'est que notre rapport aux autres est plus distant, plus froid et moins spontané qu'en terres musulmane, je ne pense pas que cela soit uniquement une affaire de communication. Nous verrons bien quand nous aurons repris nos supers bécanes qui suscitent la curiosité et les rencontres. Affaire à suivre donc.
Ou en étais-je, ah oui… Les oiseaux chantent, les mômes suivent de l'oreille le glacier ambulant annoncé par une petite mélodie facilement identifiable, les jeunes amoureux sans soucis sirotent leurs agua-fresca tandis que les vieux cowboy palabrent entre deux tacos. Mais nombreux sont les pick-up arborant les couleurs de la police ou de l'armée, ils patrouillent en permanence transportant 4,5 ou 6 hommes armés jusqu'aux dents. La présence des forces de l'ordre locales et nationales sont les seuls indices révélant que nous sommes dans un pays réputé dangereux. On imagine bien la guerre menée par le gouvernement aux narcos-trafiquants, sachant que 90% de la drogue consommée aux USA est produite ou transite par le Mexique. Mais bon, une fois de plus, je suis sceptique face à ces parades démonstratives, ou finalement l'individu est surveillé du bout du fusils. Je n'ai pas encore les clés pour mesurer l'amalgame (récurrent) sécurité-flicage qui met en péril les dites libertés individuelles, je suis sceptique à sujet et le resterai éternellement, voilà tout.
Mon bus arrive, je vais vers Sans Cristobal. A moi les montagnes du Chiapas!
Barth : Après un copieux petit déjeuner, une promenade en quête d'un réparateur informatique ouvert le dimanche, un passage par le parc pour y voir les iguanes que Fanch avait repéré la veille, et nous revoici à l'hôtel pour patienter aux heures chaudes en attendant que les boutiques ré-ouvrent…
Finalement, pas moyen de trouver un réparateur informatique le dimanche, on verra ça demain donc… Une promenade le long de la rivière dans des quartiers plus modestes que le centre ville et nous voici déjà à la fin de la journée. Ce soir Fanch nous quitte pour aller explorer le Chiapas seul pendant quelques jours. Nous l'y rejoindrons certainement un peu plus tard, après avoir creusé un peu plus la culture de Juachitan et, « Si Dios quiere » (inch'allah en espagnol..), réparé l'ordinateur…
Anaïs : Il fait chaud… c'est dur de trainer sa carcasse. Nous explorons d'autres parties de la ville, et les habitants de ces quartiers excentrés semblent se demander ce qu'on fait là. Les gamins nous suivent en riant, dès qu'ils repèrent l'appareil photo, ils n'ont qu'une envie, prendre la pose, sans même vouloir regarder ce que ça donne. Des poses formatées, celles qu'ils voient dans les pubs, de joueurs de foot pour les petits garçons, et de bimbos pour les petites filles. Fanch nous lâche en fin de journée pour partir jouer tout seul à l'explorateur, et nous restons le temps de faire réparer l'ordinateur.
Jour 254 - Ocosingo
Lundi 10 juin 2013 - 0 kms - Post n° 254
Anaïs : Toujours Juchitan… c'est vrai que j'ai voulu absolument y passer donc maintenant j'assume mais bon…
Le réparateur est confiant et nous livre un pronostic optimiste mais je sais pas pourquoi, le coup du « oui, repassez demain, ça sera fait! », je le sens moyen, mais alors, très moyen… je dois être trop sceptique, je crois difficilement aux miracles…
Heureusement, l'immense marché artisanal suffit à me combler. Des blouses, des robes brodées à la main aux couleurs éclatantes, des vêtements traditionnels aux motifs éblouissants, je nage dans les étalages, mes pieds ne touchent plus terre, et je me régale devant la richesse de leur culture vestimentaire et des symboles qui y sont associés. Les huipils, blouses brodées particulièrement prisées de Frida Kahlo, m'étourdissent, je voudrais pouvoir tout ramener. En tout cas, je fais le plein d'idées pour des détournements de vêtements traditionnels à mon retour.
Barth : Ça y est, le réparateur informatique est ouvert ! Une toute petite salle au dernier étage d'une des maisons donnant sur la place centrale de Juchitan. Le réparateur d'origine chilienne est très accueillant. Je parviens à lui expliquer tant bien que mal le problème de notre ordinateur et la conversation se poursuit même sur les raisons de notre voyage, dans les grandes lignes. Je repars peu de temps après avec un bon en poche. Verdict demain après-midi…
Ballade, tacos, cervezas dans le bistrot où nous sommes maintenant des habitués, la fin de journée se déroule calmement, dans la lourdeur orageuse de l'air… On ne se sent pas vraiment touriste à Juchitan, même si les regards amusés nous déviseagent régulièrement, aucune forme de buisness ne vient solliciter notre prétendu supérieur pouvoir d'achat comme dans tou endroit touristique. C'est agréable et reposant, alors profitons-en !
Fanch : Sans Cristobal, 6h30. Ça caille, j'enfile mon bonnet et mon blouson, je ne l'aurai pas pris pour rien. Cherchant un lieu peu convoité par les touristes, je ne reste pas et monte dans un autre autobus qui me mènera à Ocosingo, petite ville à proximité des ruine de la cité Maya nommé Toninã. Je ne pense pas trouver l'énergie nécessaire à la visite de ce site aujourd'hui, d'autant que j'aimerais y aller de très bonne heure pour justement éviter un potentiel attroupement de curieux dans mon genre.
Me voici donc à Ocosingo, au coeur du Chiapas, entouré de montagne et cerné par la jungle. Cette régions du Mexique fut aussi l'un des haut lieu de la révolution agraire mexicaine, ou y croise régulièrement des photos et affiches à l'effigie d'un certain Zapata (les Zapatistes ne sont pas les fans de Frank Zappa, détrompez vous). J'imagine que ce passé mouvementé joue sur la réputation du ce peuple dont on dit que le caractère est plutôt trempé si ce n'est pas rebelle.
Ici, pas l'ombre d'un gringo ou de quelque chose qui s'y apparente, je suis le seul blanc-bec dans le coin et ne passe pas inaperçu. Les mômes me montrent du doigt, certains même pleurent en ma présence, je me sens observé d'un oeil d'avantage curieux que méfiant ou méprisant. En règle général je me contente de sourire en réponse à ces regards interrogateurs ce qui bien souvent s'en suit d'un geste amicale de la main. Même si petit à petit les choses s'arrangent vis à vis de communication, j'ai encore du mal à aller vers les gens, je ne parle donc pas énormément ces temps ci. Ceci dit, la transparence de la langue me permet malgré tout de comprendre les grandes lignes de ce que me raconte tel ou tel personne. L'espagnol rentre doucement dans ma petite caboche…
Jour 255 - Tonina
Mardi 11 juin 2013 - 0 kms - Post n° 255
Fanch : Je marche sur un sentier qui s'enfonce avec pudeur dans jungle. Mais déjà, les espèces végétales que je croise m'étonnent par leurs formes, leur nombre, leurs couleurs. À peine ai-je le temps d'ouvrir grand mes oreilles, mes yeux et mes narines que l'étroit chemin débouche sur une clairière. Je me dégage définitivement de la forêts en faisant quelques pas puis découvre, presque avec surprise cette impressionnante ville verticale. L'émotion est réelle, j'éclate de rire devant l'ampleur majestueuse deToninà, vraiment, je ne m'attendais pas à cela. Et puis, c'est parfait puisque, excepté une petite dizaine d'ouvriers oeuvrant à la restauration d'un des versant de l'édifice, je me trouve seul sur le site, c'est une situation idéale pour capter l'énergie du lieu. Je me laisse guider par mon instinct qui me propulse au sommet de l'architecture pyramidale, sur la dernière pierre du Temple Miroir-Fumée. Pause, la grimpette fut sportive. Je reste sur mon perchoir un moment, pensant à cette mystérieuse civilisation qu'en Europe nous ne connaissons que très peu. Je tente d'imaginer là citée animée, grouillante et pleine de couleurs. Mon imagination me porte loin, loin de ce qui fut une réalité mais peu importe. Alors, je pense à Moebius et à Jodorowski puis à ma frangine et à sa collection de VHS des « citées d'or » enfin bref, je pars loin… Mais je suis loin…
Je resterai 4 heures à me promener entre les murs parfois labyrinthiques, profitant de l'absence de gardiens pour franchir quelques rubans rouge afin d'aller voir ce qui ce trame derrière (je rappelle que je ne suis pas pilleur de tombe). Enfin bref, ce n'est pas une citée d'or mais un vrai trésor…
Anaïs : Les matriarches, les reines de la cité, sont belles, leurs visages sont creusés, burinés par le soleil, et chacune d'entre elles a un large sourire qui semble vouloir dire « bonjour toi étrangère, je ne sais pas qui tu es, mais je t'aime déjà! ». Ces femmes dégagent une confiance en elles qui impose le respect et leur façon de dire bonjour à Barth, presque sur un air de défi, quand elles lui disent bonjour, contraste avec les saluts qui me sont adressés, souriants et solaires, cherchant à créer une connexion, à dire « toi aussi tu es une amazone, sois fière, personne d'autre que toi ne décide de ce que tu es… » Oui, oui, je vois tout çà dans leur bonjour!
Je suis vraiment étonnée de l'interaction qui se crée entre ces femmes et moi, juste en les croisant. En l'espace de quelques secondes, elles prennent le temps de plonger leurs pupilles au fond des miennes, et à chaque fois, ça me fait frissonner.
Ici, les femmes ont le pouvoir, et l'atmosphère s'en ressent, il y a dans l'air ce petit quelque chose de différent, mais d'indéfinissable. Pas étonnant que certains hommes cherchent à reproduire leur gestuelle, leur façon de se tenir, de s'habiller, elles dégagent une certaine puissance.
Barth : Un orage et une pluie diluvienne ont rincé l'air cette nuit et la matinée est marquée par une rare et relative fraîcheur. Suite au passage chez le réparateur pour admirer avec un soupçon d'inquiétude le résultat du démontage intégral de notre bécane, il va donc nous falloir rester une nuit de plus pour savoir si la panne est réparable et récupérer l'engin sous sa forme initiale…
Le reste de la journée sera consacré à une vaine chasse aux muxes, dans l'espoir de pouvoir réaliser quelques portraits photos pour le projet d'Anaïs. Sans aucun contact sur place, avec le peu d'espagnol que je baragouine, difficile de rencontrer simplement cette étrange population. Nous en avons aperçu quelques un(e)s tout de même, vêtus d'une longue robe traditionnelle, coiffure et sac à main venant parfaire cette élégance androgyne qui ne choque pas vraiment dans le décor de Juchitan. Il faut dire qu'ici les femmes, et particulièrement les plus âgées, gardiennes des traditions et de l'économie, semblent bâties dans du roc et bien que souriantes, n'en impose pas moins une apparente autorité bien éloignée des stéréotypes féminins en vigueur. Dans cette population haute en couleurs, ou la tradition se mêle au modèle américain, pas grand chose ne peut étonner ou sembler incongru…
Jour 256 - Ocosingo, Terminal de autobus
Mercredi 12 juin 2013 - 0 kms - Post n° 256
Barth : Misant sur le fait que l'ordinateur sera prêt cet après-midi, nous quittons l'hôtel à midi avec l'objectif de quitter la ville ce soir en direction du Chiapas. Une douzaine d'heures de bus au programme, autant les faire de nuit…
Pendant qu'Anaïs fait quelques emplettes de tissus et vêtements traditionnels dans le marché, je garde les sacs dans le parc central en attendant que le réparateur ouvre ses portes. Le verdict tombe peu de temps après, l'ordinateur est toujours les entrailles à l'air, un composant à changer qui doit arriver bientôt, tout devrait être prêt vendredi…
Nous voilà donc coincés pour deux nuits encore au minimum, avec la furieuse envie de changer d'air ! Après quelques recherches sur internet, nous décidons de reprendre un bus jusque Tehuantepec, grande ville voisine et un peu plus proche de l'océan ce qui laisse entrevoir la possibilité d'une baignade potentielle. Après une demie-heure de bus et autant de marche, nous arrivons donc dans le centre de Tehuantepec. La première chose qui me frappe en comparaison avec Juchitan, c'est le bruit qui règne ici. Un magasin sur trois est agrémenté d'une sono orientée vers la rue et diffusant au mieux de la pop mexicaine, au pire de la daube américano-industrielle. Il y a aussi ces nombreuses voitures équipées de hauts-parleurs hurlant une réclame publicitaire sur fond de boum-boum, et pour parfaire le tableau, les moto-taxi, qui semblent faits-maison sur la base d'un moteur de tondeuse à gazon extrêmement bruyant…
Malgré tout ça, l'ambiance est accueillante en ce début de soirée. Les nombreuses fresques et collages sur les murs témoignent de l'activité florissante du street-art ici, et les échoppes où manger quelques tacos en dégustant une « agua de fruta » ne manquent pas non plus. Il est déjà tard, le temps de débusquer l'hôtel le moins cher de la ville et de manger un morceau et c'est déjà l'heure de se coucher.
Fanch : Ocosingo est derrière moi. Je roule en direction de Palanque, une citée peut-être un peu plus importante mais encore une fois, mon objectif n'est pas de visiter la zone urbanisée mais bel et bien de m'en éloigner. Une fois à cette destination, je prendrai un fourgon qui me mènera (si tout,va bien) à El Panchan petit pueblo dans la jungle sur la route du site archéologique qui fait la réputation du coin.
Me voici donc à El Pachan, petit hameau certes touristique mais plutôt tranquille. Plusieurs cabanes sont dispersées dans là forêt et peuplé de néo-hippies en mal d'aventure et de sensations fortes. Pour ma part j'opte pour l'option hamac et déniche un toit de taule, deux poteaux à 10 pesos l'unité, c'est sommaire mais suffisant et économique.
Moi qui suis habituellement d'avantage sensible à la faune qu'à la flore, je suis frappé par la richesse de forme et couleur que la forêt tropicale propose. Des centaines peut être des milliers de végétaux se côtoient avec une grâce sauvage, chacun est à sa place et joue silencieusement son rôle pour former un écosystème complexe. Et rapidement, les rencontres s'enchaîne, un colibri, une grenouille jaune aux yeux écarquillés, un iguane vert et plusieurs lézards, une araignée suffisamment grosse pour couvrir la surface de la paume de ma main. Même si de jour mes entretiens avec ces petites créatures m'enchantent, j'appréhende cette première nuit au coeur d'un monde que je ne connais pas, tout est tellement différent. Au crépuscule, alors que je perds progressivement la vue, mes oreilles prennent le relais, une nappe sonore inonde les environs, quand de jour la vie animale se montre relativement discrète, la nuit, elle se déploie franchement… Je sens de tout mon corps l'activité de mon entourage.
Hier je citais Moebius et Jodorwski, aujourd'hui je replonge de tout mon être dans les descriptions a la fois précises et oniriques de Carlos Castaneda ou de Jan Kounen qui parlait de la jungle comme un lieu de passage vers D'Autres Mondes.
Anaïs : L'ordinateur n'est toujours pas réparé… ce n'est pas une énorme surprise pour moi, mais Barth veut y croire! C'est quand même son outil de travail. Alors quand le réparateur nous dit que c'est pour demain, je commence à croire qu'ici, « c'est pour demain » est une expression pour dire « Aïe aïe aïe, j'espère que vous êtes pas pressés parce que là, c'est pas gagné, m'étonnerais pas que cette histoire dure des mois… »
Mais Barth continue d'entendre « c'est pour demain! » quand on lui dit « c'est pour demain! »
Nous décidons quand même d'aller un peu plus loin pour voir si on y est, et nous prenons un bus pour Téhuantépec. Ca fait du bien de changer d'air. On reviendra aux nouvelles après-demain, et nous verrons si mon scepticisme sera mis à l'épreuve par un réparateur à l'allure débonnaire mais peut-être un génie de l'informatique camouflé sous un un masque de surfeur à la chevelure hyper-laquée…
Jour 257 - Palenque
Jeudi 13 juin 2013 - 0 kms - Post n° 257
Anaïs : Cette petite escale à Téhuantepec est rafraîchissante, littéralement, il fait moins chaud ici qu'à Juchitan, nous flânons donc plus légèrement, mais je commence à avoir hâte de changer de décor et de quitter la ville.
Barth : Tehuantepec est aussi le nom de l'état du Mexique où nous trouvons, ainsi que de l'isthme séparant le Pacifique de l'Atlantique. Nous sommes donc à quelques dizaines de kilomètres de la côte Pacifique et à environ deux cent cinquante kilomètres du golfe du Mexique qui donne sur l'Atlantique… Avant la percée du canal de Panama, un projet équivalent vit le jour sans jamais aboutir sur l'isthme de Tehuantepec.
Mis à part ces considérations géographiques, la ville de Tehuantepec ne présente pas vraiment de particularité. Comme à Juchitan, on s'y sent bien, loin des pôles touristiques, mais une fois fait le tour de la ville, pas grand chose à ajouter… Petite soirée tranquille donc, pizzeria dans une enseigne familiale, et gros dodo au frais dans notre chambre.
Fanch : Malgré quelques difficulté pour m'endormir hier soir, rien à signaler, pas d'attaque d'anaconda ou de triceptiraptor et je me suis avalé cette nuit cul-sec.
J'ai reçus des nouvelles de Barth et Anaïs. L'ordinateur est chez le chirurgien, on ne sait pas pour combien de temps mais le diagnostique est plutôt positif. Il s'agirait d'un choc électrique suite à un saut de tension. Nous avons de bonnes raisons de penser qu'une défaillance du courant secteur du petit hôtel de Juchitan en est la cause puisque la tablette d'Anaïs a elle aussi subit quelques dommages. Enfin, le problème est localisé, il est d'origine matériel et il existe des solutions pour en venir à bout! Bonne nouvelle. J'envoie donc un courriel à Barth contenant les écris des 10 derniers jours (ce qui me cantonne à rester une bonne part de la journée dans un cyber de Palanque), espérant que notre machine réintègre bientôt son rôle et que l'on puisse rapidement nous mettre à jour dans nos publication. J'en profite pour faire quelques recherches techniques, historiques, géographiques ce qui rallonge mon séjour sous le ventilateur du cyber à 5 heure…
De retour à mon hamac à l'heure du goûté dans la jungle d'El Panchan, je me fais embarquer (sans aucune résistance de ma part) par mes voisin pour un latino jam session, dans la forêt, en acoustique. Harmoniquement, ça sonne tout de suite et malgré mes quelques petite difficultés à comprendre le rythme saccadé latin, le feeling est là, cette bande de joyeux lurons joue vraiment bien. On va certainement remettre ça très vite…
La nuit reprend ses droits, des cigales d'un autre genre entonnent leurs stridulations linéaires qui ne cesseront qu'au lever du soleil, tandis qu'un singe hurleur achève ses vocalises. C'est une fois installé dans mon lit (suspendu) que la nature me fait part d'un petit cadeau en envoyant une lucioles aillées dessiner des arabesques éphémères au-dessus de mon hamac…
Jour 258 - El Panchan
Vendredi 14 juin 2013 - 0 kms - Post n° 258
Fanch : Oups, j'ai foiré mon réveil. La navette pars à 9h… Il est 8h50. Ok j'embarque deux bananes, un litre de flotte et je cours rejoindre Maik et Marco, deux allemands avec qui nous avons partagé un repas hier soir. 9H00, pile à l'heure pour sauter tout les trois dans le combi.
Journée tourisme, je dirais même plus, journée cascade et baignade. Misol-Ha ce matin et Aqua Azul cette après midi. Bon, la nature est belle il faut le dire, mais pourquoi l'homme moderne s'empresse-il d'exploiter et par la même, de dénaturer la magnificence d'un lieu? Ok, c'est pour gagner des sous-sous mais ce n'est pas une raison d'agir bêtement, on peut générer de l'argent proprement et intelligemment en respectant un minimum le paysage pour lequel on fait payer l'entrée! Enfin, je ne vais pas m'énerver, je l'ai bien cherché car en enjambant la marche du mini bus, je savais très bien dans quoi je m'engageais. Comme à chaque fois que l'occasion de se rendre sur un site (réputé) incontournable se présente, je me retrouve coincé entre la peur de regretter de ne pas l'avoir vu et la peur d'être confronté à un tourisme de masse face auquel je risque d'être déçu. C'est comme ça, il faut se faire une raison.
Anaïs : De retour à Juchitan, sous un soleil de plomb, qui commence peu à peu à transformer ma croûte d'écrevisse et j'entame ma mue, camaïeu caramel. Barth stresse en attendant que le réparateur ouvre ses portes et que l'heure du verdict tombe… J'essaie de ne pas trop montrer que décidément j'ai un mauvais pressentiment…
Il revient bredouille, mais on lui assure une fois de plus que « c'est pour demain! », je suis soulagée de voir que Barth a enfin compris le sens caché de cette phase et nous décidons de prendre le large! Direction le Chiapas!
Barth : Le temps de petit déjeuner, de faire les sacs et de marcher jusqu'au terminal d'autobus et il est déjà midi. Nous ne mettons pas beaucoup plus de temps à regagner Juchitan, dans une chaleur impressionnante. Rafraîchissements, connexion internet, en attendant que ce soit enfin l'heure d'aller prendre des nouvelles de l'ordinateur et d'en déduire le programme du reste de la journée…
Comme je le redoutais, l'ordinateur n'est toujours pas prêt… « Seguro mañana ! » m'a dit la vendeuse en l'absence du réparateur. Ça fait trop de fois que c'est « sûr demain », tant pis. Anaïs n'a plus qu'une dizaine de jours à passer au Mexique, il est temps d'arrêter de tourner en rond à Juchitan et d'aller prendre un peu l'air du Chiapas. Nous repasserons le prendre en rentrant vers Mexico en fin de semaine prochaine…
Le bus part à 00H15, ce qui laisse le temps de souffler, de surfer sur le web, de papoter, le plus possible dans la fraîcheur des climatiseurs tant la température extérieure est intenable. Cela fait plusieurs jours qu'il n'a pas plu et l'air ne se rafraîchit donc plus la nuit, les couches de chaleur s'empilant les unes sur les autres de jours en jours… Un peu après minuit donc, nous voici installés dans l'autobus qui doit nous déposer à l'aube à San Cristobal de las Casas, ville centrale de l'état du Chiapas, perchée sur une montagne…
Jour 259 - Palenque
Samedi 15 juin 2013 - 0 kms - Post n° 259
Barth : Après une courte nuit de demi-sommeil, ballottés par le continuel chaos des routes mexicaines, nous immergeons en même temps que le soleil dans la petite gare routière de San Cristobal de las Casas. En plus des oreilles bouchées par la rapide montée en altitude, ce qui nous frappe vraiment c'est la fraîcheur de l'air matinal. Pas moyen de rester en t-shirt, les polaires sont de mise ! Nous n'aurons pas le temps de savoir si l'ascension du soleil parvient à réchauffer cette cité montagnarde où les sapins ont remplacé les cocotiers, car nous reprenons tout de suite un autre bus pour rejoindre Ocosingo.
Deux heures d'une route aussi splendide qu'éprouvante en sensations fortes ! Avec un gros manque de sommeil dans les bagages nous trouvons rapidement le petit hôtel recommandé par Fanch pour y poser nos affaires et manger un morceau avant d’enchaîner sur la visite des ruines de de Tonuña. Le site se trouve à une quinzaine de kilomètres dans les hauteurs au-dessus d'Ocosingo. Un taxi collectif nous y conduit rapidement et nous visitons les ruines presque seuls et gratuitement. Le sommet de la pyramide offre un point de vue sur toute la vallée assez impressionnant !
De retour à Ocosingo, nous visitons un peu le marché qui est en train de fermer, avant de regagner l'hôtel, d'avaler un délicieux dîner local et d'enfin nous effondrer pour récupérer le sommeil perdu dans le bus la nuit passée…
Anaïs : Nous arrivons en grelottant dans une ville perchée à 2100m d'altitude, San Cristobal de las casas, quelques heures avant nous étions accablés par la chaleur, Juchitan étant « perchée » pour sa part à … 30m , le changement est brutal! Mais cet air montagnard me ravigote! J'y serais bien restée un peu plus longtemps, juste pour avoir le plaisir, après trois semaines de canicule, d'avoir froid, d'éternuer, d'avoir le nez rouge, d'avoir du coton dans les oreilles et de faire de la buée avec ma bouche, mais nous reprenons tout de suite un nouveau bus. Après les plages idylliques et les petites villes chaleureuses, nous traversons de nouveaux paysages, une nouvelle facette du Mexique se dévoile, et j'ai l'impression d'avoir changé de pays.
Le petit hôtel que nous trouvons à Ocosingo est très mignon, et le jeune qui tient la boutique est adorable et se met en quatre pour nous faire plaisir. C'est donc regonflés d'une nouvelle énergie, grâce au petit-déjeuner pantagruélique que nous nous enfilons, que nous partons explorer les ruines de Tonina, une cité maya moins importante que Palenque, mais qui connut son heure de gloire en mettant à sac cette dernière, à son apogée, y'a un bout de temps, quand j'étais pas née… je peux pas être plus précise (disons vers 700). Et le site encore bien préservé et quasiment désert permet une immersion qui nous laisse croire pour un délicieux instant que nous sommes Indiana Jones et sa gourde de copine. Je dois avoir une soudaine décharge d'adrénaline en me sentant l'âme d'une aventurière et je me mets à escalader la plus haute pyramide, en me rappelant un peu plus à chaque marche qu'en fait, j'ai le vertige… ascension compliquée donc, mais grande satisfaction d'arriver jusqu'en haut, épreuve largement récompensée par le point de vue qui nous attend, même si j'ai laissé mes genoux et mon estomac au pied des marches. Satisfaction qui dure à peine quelques quelques minutes, puis qui retombe comme un soufflé quand je vois le gardien du site venir vers nous en grimpant les marches de cette pyramide quatre à quatre, presque sur un pied, en sifflotant, comme si il était sur une belle route bien plate… m'a énervé, lui! Mais aujourd'hui, j'ai rayé de ma liste de « choses à faire avant de mourir » : - faire un big-up au dieu soleil au sommet d'une pyramide Maya : fait!
Fanch : Migraine, j'accuse une légère déshydratation… Et j'ai laissé le paracétamol à Mexico. Je tente de trouver le sommeil pour que le mal passe de lui même mais en vain. Il faut que j'aille en ville pour me dégoter une pharmacie et le remède magique, j'en profiterait pour acheter deux trois fruits.
Quand le mal de crâne commence à s'estomper, aux alentours de 15h, je ne trouve rien d'autre à faire que de rentrer siester au campement.
Et puis je me retrouve submergé par mes propre pensées. Effectivement, j'ai plein de projets en tête mais d'avantage pour notre retour que pour la suite du voyage, des projets de création qui nécessitent un lieu de travail fixe, du temps, des moyens techniques et financiers. Je les notes au fur et à mesure pour ne pas les oublier mais le problème est qu'ils ne daignent pas sortir de mon esprit, comme une espèce d'obsession. Évidemment, je culpabilise. Il y a tant à faire ici et maintenant, c'est certain. Mais rien ne vient, j'ai à nouveau l'impression de ne pas être acteur de ce voyage mais plus de me laisser faire. Pour me rassurer, je me dis que c'est l'effet vacance et que tout rentrera dans l'ordre quand nous reprendrons la route. Affaire à suivre.
Jour 260 - Palenque
Dimanche 16 juin 2013 - 0 kms - Post n° 260
Fanch : Anaïs et de Barth arrivent aujourd'hui. J'ai promis d'être présent à Palanque pour les accueillir cela leur évitera les habituelles galères du routard qui, en sortant d'un aéroport, d'une gare ou d'une station d'autobus se confronte généralement à une nuée de taximans insistants. Bon, je ne me fait pas de soucis pour cela mais disons que depuis mon arrivé dans le coin, j'ai eu le temps de repérer un peu les lieux et cela leur facilitera la tâche. J'en profite pour arriver un peu plus tôt en ville et pour me connecter, j'ai quelques de petites questions technique à poser à notre cher internet.
Les retrouvailles se font autour d'un poulet roti, en premier lieu à Palanque, puis une fois mes amis installé, autour d'une bière dans la jungle d'El Panchan. Je ne me souvient pas exactement de nos sujet de conversation mais nous avons pas mal causer et j'avoue qu'après quelques jours en solo c'est un plaisir de retrouver mes potes. Plus tard, je m'en vais à la rencontre de mes voisins, cette journée, comme les précédentes d'ailleurs, se terminera en musique…
Barth : Bien dormi mais sûrement pas encore assez. mais il faut se lever tôt pour attraper le bus qui nous conduira à Palenque, où nous avons rendez-vous avec Fanch. Le voyage et interrompu tout d'abord par un contrôle de l'armée, la brigade des stups en quelque sorte, qui nous fait poireauter une bonne demie-heure le temps de lever tous soupçons du sac d'un des voyageurs. Et un peu plus tard une opération de dépannage d'un car de la même compagnie en panne sèche, nous fera encore perdre un peu de temps. Ceci dit, le spectacle de la bande de huit chauffeurs siphonnant les réservoirs des deux bus ne manquait pas de piquant !
Nous finissons tout de même par atteindre Palenque où nous retrouvons Fanch autour d'un poulet rôti. Le ville de Palenque en soit n'a rien de très attrayant, sa principale activité étant le tourisme généré par la présence du site archéologique à quelques kilomètres. Nous ne traînons don pas à gagner le lieu-dit El Panchan, juste à l'entrée du parc naturel qui contient les ruines. Nous y trouvons sans peine une cabane à un bon prix, dans un décor de jungle aménagée plutôt dépaysant après ces longs séjours en ville. Fanch nous présente le groupe de musiciens mexicains avec qui il a sympathisé et nous passons une soirée festive et musicale avec oiseaux, insectes et singes hurleurs en fond sonore…
Anaïs : Forte de mon aventure de la veille et de mon éclatante victoire face au vertige, j'ai hâte de reprendre le bus, prête à en découdre avec la plus haute pyramide de Palenque, autrement plus haute, mais à qui je vais montrer de quel bois je me chauffe…
Fanch est là pour nous accueillir, et nous partageons un poulet dans une minuscule échoppe à l'atmosphère chargé de graisse, où il fait à peu près 50°, et où je n'arrive pas entendre un mot de ce que les autres racontent… bref, c'est bon de se retrouver! On se revoit comme si on ne s'était pas vus depuis des mois! Nous ne tardons pas à quitter la ville pour atteindre la jungle, à coté du site des ruines maya, et nous nous trouvons une petite cabane pendant que Fanch va rejoindre son hamac, et ses nouveaux potes musiciens, qu'on finit par aller saluer et écouter un moment avant de partir explorer un peu la jungle en laissant Fanch jouer avec les autres. Nous pouvons enfiler à nouveau nos costumes d'aventuriers, propices à une situation que je n'avais encore jamais vécu mais que je peux désormais rayer de ma liste de « choses à faire avant de mourir »: le fou rire dans la jungle: fait! J'en ai rayé deux en l'espace de deux jours, ça fait beaucoup d'un coup, c'est quand même une liste qui est censée m'accompagner pour les 110 prochaines années… (oui, les progrès de la médecine sont bluffants)
Panne
- Post n° 261
Notre ordinateur a sans doute voulu prendre le rythme que nous adoptons depuis quelques semaines, à savoir se la couler douce et souffle un bon coup… Une panne (mécanique cette fois) sans doute due à une saute de tension dans un petit hôtel du sud mexicain, a interrompu les publications du carnet de bord depuis déjà quelques jours et sans doute pour une semaine encore…
Nous sommes désolés pour ce contretemps ! Nous avons laissé l'ordinateur en réparation à Juchitan le temps d'aller faire un tour dans le Chiapas. Dès que possible vous retrouverez les jours passés en une seule fois ! Plein de lecture en perspective donc, avant que nous ne reprennions nos vélos pour relancer l'atelier Geocyclab en pause depuis notre changement de continent…
Tout va bien ! Alors à très vite !…
Jour 261 - Ruines de Palenque
Lundi 17 juin 2013 - 0 kms - Post n° 262
Anaïs : Ça y'est, aujourd'hui, toi, plus haute pyramide Maya de Palenque, ne bouge pas (enfin continues à ne pas bouger comme tu le fais depuis plus de 2000 ans), j'arrive!
Nous partons donc de bon matin, et nous rendons sur le site. Evidemment beaucoup plus de touristes qu'à Tonina, donc un parcours plus balisé mais qui reste grandiose. Les grimpettes sur les hauteurs sont devenues une simple formalité (enfin presque…) et l'exploration se poursuit une bonne partie de la journée, en se terminant par une partie des ruines plus sauvages, enfouies dans la jungle et un peu plus délaissées par les touristes. Nous rentrons dans notre cahute épuisés mais contents et profitons d'une soirée musicale à la terrasse de l'une des paillotes, dans la jungle.
Barth : Il est prévu de la pluie pour les jours à venir, c'est aujourd'hui ou jamais pour visiter les ruines sous le soleil. Quelques kilomètres à pied dans le soleil pour rejoindre le site, après avoir payé notre droit d'entrée dans l'enceinte du parc naturel, et nous voilà aux portes de l'ancienne cité Maya. Les ruines sont nombreuses et un peu plus impressionnantes qu'à Toniña, mais les vastes étendues de gazon et les petits chemins en terre battue le long desquels officient marchands de souvenirs en tous genres, cassent un peu l'authenticité des lieux à mon avis. Nous faisons la rencontre d'une polonaise, artiste plasticienne numérique, qui nous accompagne dans la suite de la visite. Sur la fin du parcours, le temple dit « des chauves-souris » me parle un peu plus, envahit par la végétation et bordé d'une petite cascade, mais la faim nous pousse à rentrer rapidement, sans Fanch qui reste faire quelques enregistrements sonores de la jungle…
La fin de journée se passe tranquillement entre deux averses tropicales, à base de repos, d'apéro et de burritos…
Fanch : Et voilà, j'attendais l'arrivée de mes amis pour la visite des ruines de Palanque. On se motive donc pour se lever de bonheur, pour avaler un petit déjeuner avant notre petite randonnée jusqu'au site archéologique. La route tournoie quelques kilomètres dans la jungle jusqu'aux portes de la citée Maya.
Il semble que cette zone soit toujours en cours d'aménagement mais l'entrée débouche sur une clairière au gazon bien entretenu, d'un vert homogène qui permet d'avoir une vue d'ensemble sur plusieurs bâtiments. Cela provient certainement du fait que ce n'est pas mes « premières ruines » mais au premier coup d'oeil, je suis moins impressionné devant cette pluralité architecturale qu'aux pied de l'imposante pyramide mono-block de Tonina. Cependant, Lakam Ha (nom maya de cette cité qui signifie « Grandes eaux ») est bien plus étendu que sa rivale. La zone visible représente 2,5 km² mais les archéologues estiment avoir exploré moins de 10 % de sa superficie totale. Il resterait encore pas loin d'un millier de structures englouties par la forêt. Enfin, quand on y pense… C'est vertigineux.
C'est au sommet d'un des nombreux temples que nous rencontrons Natalia, voyageuse polonaise qui explore elle aussi la région et il se trouve qu'elle aussi est artiste-aventurière. Nous en venons rapidement à parler de nos centres d'intérêts et très vite d'art interactif, de Pure Data et d'Arduino. Il n'y a pas de hasard. Nous continuons à quatre notre exploration jusqu'au temple des chauves-souris où à ma plus grande joie j'aperçois mon premier toucan. Barth et Anais nous abandonnent pour rentrer au camps tandis que nous décidons d'accéder à une zone interdite au public (gardez ça pour vous) et évidemment vide de touristes. Ce qui est bien avec ce genre zones délimitées par de petit panneaux no entrar, c'est que personne n'est censé y pénétrer, ce serait donc dommage de payer un gardien la ou personne ne vient. C'est juste trop bon de franchir un interdit pour se sentir plus libre et finalement, ces « ruines interdites » à demi recouvertes par la nature, auront été pour moi le moment fort de cette visite.
J'abandonne à mon tour Natalia pour exécuter quelques prises de son un peu plus loin encore, un peu plus profond dans la forêt. Je cherche juste le tête à tête avec la nature sans personne d'autres que moi pour l'écouter chanter, elle beaucoup à dire… J'assiste ainsi à un concerto pour singes hurleurs fantastiquement orchestré par les milliers d'insectes et d'oiseaux de cette forêt sonore.
Et le son n'en fini pas puisqu'une fois à El Pachan nous retrouvons Natalia et sa guitare pour une soirée bosse nova. Une belle journée qui se fini tout en douceur.
Jour 262 - Welib Ha
Mardi 18 juin 2013 - 0 kms - Post n° 263
Fanch : À l'heure du petit déjeuner, Barth et Anaïs dorment probablement encore. Je retrouve Natalia que nous avions rencontré la veille et nous décidons d'aller faire une tour à Welib Ha (Ha qui signifie « eau » en Maya). Welib Ha c'est une autre cascade dont on ne parle pas dans les guides touristiques et qui, je m'en rends compte une fois sur place, en vaut largement la peine. Pas de touriste donc, seul un pêcheur se tient debout sur un rocher au milieu de l'eau, les pieds à peine immergés, comme s'il marchait sur l'eau. Une chute d'eau d'une dizaine de mètres percute le bleu du bassin. Le décors est fabuleux pour ne pas dire paradisiaque, c'est parfait pour une petite baignade et malgré la fraîcheur de l'eau, je me laisse guidé par cette envie irrationnelle d'aller piquer une tête. L'eau au reflet bleutés vu de l'extérieur est en faite d'une clarté et d'une pureté étonnante, je nage dans un aquarium avec en guise d'arrière plan une cascade qui jaillit de la forêt (presque) vierge. Quoi de plus?
Sur la route du retour, Natalia descend du combi avant El Pachan, nous nous séparons là car l'heure est venu pour elle de prendre le chemin de l'europe. Nous échangont nos contacts et « bons plans » respectifs avant de nous séparé rapidement, pressé par les horaires des transports en communs. Ce fut une surprenante rencontre.
De retour au campement, je me fait réquisitionner par les zicos pour le classique boeuf du goûter. Je commence à connaître sur le bout des doit leur répertoire et me sens à présent plus à l'aise musicalement mais aussi humainement. Mes amis musiciens ne parle que très peu l'anglais,quant au français… Le dialogue se créer autour de la musique parfois agrémenté de quelques gestes ou expressions du visage exagérés. On peut parfois se permettre de dire « au diable la parole »
Mais ce soir, en compagnie de mes deux amis, c'est à nouveau une longue conversation qui nous tient assis à cette table. On parle de tout et de rien mais surtout de l'évolution de Geocyclab qui à bien changé depuis ses premiers balbutiements il y a environs 3 ans de cela, mais aussi depuis notre départ qui semble déjà appartenir à un passé très très lointain. Petit retour en arrière donc, des images me reviennent en tête, le départ, la route en compagnie de Fanchic, la France pluvieuse, l'Espagne froide, et le Maroc accueillant. Que de rencontres déjà alors que nous ne sommes à peine au tiers de notre aventure… Encore, j'en veux encore. Je ne pense qu'à répartir sur la route, les vacances n'ont que trop duré. Et même si j'appréhende physiquement la reprise (il va nous falloir franchir quelques hauts cols), j'ai tellement hâte de replonger dans le vif du sujet…
Anaïs : Nous continuons d'emprunter les parcours balisés touristiques, Fanch et Barth commencent à culpabiliser de vivre une semaine de voyage dénaturant les valeurs de leur projet, mais bon, si on veut vraiment éviter les endroits touristiques, il faut faire le tour du monde de la Creuse. On passe forcément par des coins qui paraissent clichés tant on les a vu en photo, mais on découvre aussi des petits coins juste à côté qui valent autant le coup. Nous découvrons un site naturel hébergeant une belle cascade, et retrouvons avec plaisir le site de Palenque le soir, avant d'essayer de nous projeter un peu sur les derniers jours qui se profilent pour moi.
Barth : Après une bonne grasse matinée, nous filons à Palenque pour quelques courses et une rapide connexion internet. Fanch est parti de son côté visiter une cascade peu connue, nos optons pour une excursion plus balisée à la cascade de Mizol Ha. Il ne pleut pas vraiment mais le ciel est bien lourd. Le taxi collectif nous dépose sur la route principale, à 1,5 km de la dite cascade… Distance vite couverte à pieds malgré les avertissements du routard au sujet d'éventuelles agressions. Rien à signaler, si ce n'est le racket de 10 pesos par personne pour avoir le droit d'emprunter cette petite route. Il faut ensuite repayer 20 pesos pour accéder au site lui-même, et 10 de plus si nous avions voulu accéder à la grotte derrière la cascade. Le ton est donné, nous sommes objets d'un business touristique comme il en existe tant. Ceci dit, en faisant abstraction des groupes de touristes se photographiant dans des postures aussi figées que conventionnelles, le site est magnifique !
Le temps de refaire la petite marche à pied, d’attraper un taxi collectif, de tenter de retirer de l'argent à Palenque et il est déjà dix-neuf heures, l'heure de rentrer à El Panchan où nous retrouvons Fanch pour une soirée resto-causerie.
Jour 263 - El Panchan
Mercredi 19 juin 2013 - 0 kms - Post n° 264
Barth : Dernier lever dans la jungle pour Anaïs et moi. Nous laissons Fanch qui rentrera à Mexico en passant par Juchitan pour y récupérer notre ordinateur. De notre côté, nous allons faire un tour à Campeche dans le Yucatan avant de revenir sur Mexico ce week-end. On traine un peu à El Panchan et j'en profite pour faire quelques images d'une de ces nombreuses processions de fourmis transportant des fragments de feuilles depuis un arbre jusqu'à la fourmilière…
Une fois à Palenque, je prends le temps d'appeler le réparateur de Juchitan qui d'après ce que j'ai compris aura terminé son office vendredi en vue du passage de Fanch. J’espère que cette fois ce sera la bonne ! Ensuite nous avons juste le temps de nous abriter sous un préau avant qu'un violent orage tropical n'éclate. La foudre tombe tout près et une pluie diluvienne nous empêche de songer à nous abriter mieux pendant une bonne heure… Profitant d'une relative accalmie nous trouvons refuge dans un restaurant à moitié inondé où nous pourrons patienter jusqu'au soir, heure du départ de notre bus. La pluie se calme progressivement, en même temps que la nuit tombe sur Palenque. C'est enfin l'heure. Nous traversons une dernière fois la petite ville jusqu'au terminal de bus et au bout de quelques heures de retard sans doute dues aux orages, nous voilà installés pour une nouvelle traversée nocturne…
Fanch : Barth et Anaïs s'en vont en direction du Yucatan, un dernier moment en amoureux avant leur retour à Mexico city. De mon côté je me suis engagé à récupérer notre ordinateur de bord qui se trouve toujours à Juchitan, à quelque 10 heures de bus de Palanque. Ça sent la fin des vacance. Juste avant de se faire une bise d'au revoir, nous faisons un petit point avec Barth pour organiser la reprise, on se partage le boulot ce qui promet de longues heures au cyber.
Une petite liste (Ça faisait longtemps).
- Trouver à nouveau un hébergement à Mexico (couchsurfing)
- Faire le tri dans nos contacts qui peuvent nous aider au sujet du libre
- Chercher et contacter les Fablab, Hackerspaces et autres lieux de ce genre.
- Contacter notre ami Victor afin de récupérer nos affaires sur lesquelles il veille depuis trop longtemps.
Et tant qu'à faire une liste je complète avec ce que nous devons faire (dans l'idéal) avant de reprendre la route:
- Réparer nos bécanes.
- Faire une grosse mise à jour du carnet de bord.
- Monter les Haikus en retard
- Monter les dernières vidéos tournées à Dakar .
- Remanier notre dossier pour une nouvelle recherche de financement.
- Faire quelques achats pour repartir équipé comme il se doit et affronter convenablement ce qui nous attends.
- Réaliser un portrait sur un des espaces qui concentre ses activités autour du libre
- Tracer l'itinéraire qui nous mènera en Californie (histoire de partir dans le bon sens) et mettre à jour le GPS.
Bon, ça commence mal, pas moyen de se connecter ici (El Panchan). Je reporte donc ma journée internet à demain. Je n'ai pas le coeur à faire autre chose que de la musique. On va dire que ça contre balance le petit coup de pression qui découle de tout le travail qui nous attend et puis je profite de ce dernier temps mort car je sais qu'il n'y en aura pas d'autres avant un bon moment.
Anaïs : Pour profiter jusqu'au bout de mon séjour, Barth et moi décidons de pousser le voyage un peu plus loin, jusqu'à Campeche, dans le Yucatan, tout au sud du Mexique, en laissant Fanch qui finalement préfère rester dans la jungle encore un peu, lui étant moins pressé par le temps. Nous redescendons en ville pour attraper un bus et un orage éclate, nous forçant à nous abriter sous un préau vétuste. J'ai rarement vu un orage aussi violent, la foudre ne doit vraiment pas tomber loin de l'endroit où on se trouve. Ces éléments déchaînés ont quelque chose d'exaltant et libérateur. Mais ici, cela semble être la routine pour les habitants qui regardent les éclairs d'un air paisible, et évacuent l'eau qui inonde les restaurants d'un air blasé. Au restaurant où nous dînons, nous n'avons qu'à lever les pieds de temps en temps, pour que le serveur passe la serpillière, tout en continuant à manger comme si de rien n'était. Mais bon, rien de plus surréaliste que ce qu'il se passe tous les jours au Mexique.
Jour 264 - Palenque
Jeudi 20 juin 2013 - 0 kms - Post n° 265
Anaïs : Nous n'avions pas pris le temps de voir le soleil se lever depuis le début du voyage et nous y assistons pour mon presque dernier jour! Nous voyons la cité s'éclairer progressivement, nous révélant petit à petit son côté carton-pâte de décor de cinéma. C'est très mignon! Cette fois, nous pouvons jouer à être Audrey Hepburn et Humphrey Bogart, c'est youpi! Je profite de mes derniers instants mexicains avant de regagner Mexico pour prendre un avion dans trois petits jours. Mais je vais arrêter d'écrire aujourd'hui, afin de garder toutes mes forces ces trois prochains jours pour pleurer toutes les larmes de mon corps! Un peu plus de deux semaines au Maroc: passées à la vitesse de l'éclair. J'avais donc décidé de venir deux fois plus longtemps cette fois, conclusion: un mois est encore trop court, la prochaine fois, je resterai deux mois!
Je n'ai même pas pris le temps de parler du street-art au Mexique, foisonnant, vivant, exubérant, omniprésent, mais je mettrai des photos sur mon site! Je ne peux pas raconter le Mexique que j'ai vu sur quelques lignes, je prendrai donc le temps à mon retour de faire une édition pour le raconter plus en profondeur. Tenter de le faire ici serait réducteur et frustrant. Je voudrais terminer sur un truc intelligent ou drôle mais ça vient pas, je vais réfléchir à ma prochaine sortie pour mon prochain voyage, en novembre, je rejoindrai les garçons dans un endroit où il me tiendra à cœur de vérifier qu'il y a bien une maison bleue adossée à la colline, il paraît qu'on y vient à pied …
Hasta pronto, semillas virtuales!
Fanch : La voilà cette journée que je n'attendais pas vraiment. Ce n'est pas que je ne veux pas reprendre la route, c'est juste que c'est le commencement du Marathon. Je quitte définitivement la jungle d'El Panchan avec un léger pincement au cœur. Arrivé en ville, je prends directement mon billet de l'unique autobus liant Palanque à Juchitan. Il part à 17h30 pour arriver à 3h00 demain matin. Cette nouvelle ne m'enchante guère car cela signifie que je vais me taper une fin de nuit dans une gare routière, ce qui n'est pas vraiment exotique. Je crois même que je préfère partager ma couche avec les moustiques du Chiapas que de dormir sur un siège en plastique dans le hall résonnent de la station de Juchitan. Mais j'ai pas le choix. J’enchaîne sur l'ordinateur d'un cyber pour commencer à dégrossir la liste dressée hier, c'est pas passionnant, juste nécessaire.
Et puis je monte dans le bus, saluant une dernière fois le Chiapas qui restera pour moi une étape marquante de ce voyage tant la nature y est présente, puissante, resplendissante et surprenante. Je fais aussi mentalement mes adieu aux chamans, aux zapatistes et aux commandant Marcos que je n'aurais pas eu l'opportunité de rencontrer, mais peut être est ce mieux ainsi…
Barth : Six heures du matin, le soleil commence à peine à éclairer l'horizon quand nous débarquons à la gare routière de Campeche. Fini la moiteure tropicale de Palenque, ici le Golfe du Mexique se fait sentir, l'air est plus doux en tout cas à cette heure matinale… Un taxi nous dépose dans le centre historique de la ville anciennement fortifiée. Un café et quelques hot-cakes pour laisser le temps au jour de se lever totalement et nous partons en quête de l’hôtel le moins cher du quartier…
Après un repos nécessaire, nous faisons le tour de la ville. À l'intérieur de l'ancienne enceinte, on se croirait dans un décor de film, toutes les façades fraîchement repeintes dans des tons pastels, les éclairages sur les monuments, la police touristique en bermuda et polo beige armée jusqu'aux dents, bref on mise beaucoup sur le tourisme ici et depuis pas longtemps. Par contre le coup d’œil sur la côte fait un peu peur. Pas l'ombre d'une plage, juste une digue de béton doublée d'une quatre-voies et d'une piste cyclable. Là aussi ça sent le neuf et les investissements rapides. Il faut dire qu'à quelques kilomètres de là se trouvent les installations de forage de la Pemex, la principale compagnie pétrolière du Mexique qui rattrape peut-être un peu son emprunte environnementale de la sorte…
La fin de journée est consacrée à l'organisation du retour sur Mexico le lendemain soir, histoire d'être tranquille le lendemain pour une excursion dans les ruines d'Ezdna. Un aller retour à la gare routière pour acheter nos billets avec le chauffeur de taxi du retour qui nous parle d'un avion moins cher que le bus qui permet de transformer les 18h de route en 2h de vol qui nous fait perdre encore un peu de temps en recherches infructueuses sur le web, avant de dîner et de nous coucher enfin !
Jour 265 - Parc aux iguanes, Juchitan
Vendredi 21 juin 2013 - 0 kms - Post n° 266
Barth : Le bruit du ventilateur et la fatigue accumulée ces derniers jours a eu raison de la faible sonnerie du réveil. Du coup nous sommes en retard, et le temps de faire les sacs, de chercher en vain et le ventre vide l'autobus pour aller au site archéologique d'Ezdna, il est alors vraiment trop tard… Il faut que nous soyons rentrés pour 15h environ, avec une heure de voyage aller et une heure retour, sachant qu'il est déjà midi… On oublie !
Comme relative consolation, je tombe sur un article sur internet qui annonce la découverte d'un site archéologique très important dans la jungle des alentours de Campeche ! Incroyable coïncidence qui vient souligner à quel point cette page de l'histoire reste méconnue…
Le reste de la journée est donc consacré à des promenades dans le centre historique de Campeche, entre écritures de cartes postales et achats de quelques souvenirs pour Anaïs. Une dernière bière pas facile à dénichée dans les environs de la gare routière et nous voici de nouveau installés dans un car pour dix-huit heures de voyage direction Mexico city…
Fanch : 3 heure du matin à la station d'autobus… Je dors. Je dors en attendant 9H, heure à laquelle je me pointe chez le réparateur informatique ou Barth à laissé notre ordinateur. Je le découvre en pièce détaché étaler sur le billard, le chirurgien n'est pas là et son assistante me propose de repasser à 19H. J'obtiens finalement le droit de sortir le patient à 17H. J'ai hâte que cette histoire se termine enfin. L'attente est longue, j'ai deux sacs à me trimbaler et les bretelles d'un des deux viennent de céder. Je suis fatigué mais le moral tiens bon. Je me pose dans un café toute la matinée ainsi qu'une bonne partie de l'après midi jusqu'à l'heure du verdict. J'ai bon espoir de récupérer notre machine en bonne santé mais rien est encore gagné. Inutile de vous dire que le projet dépend en partie de cet ordinateur qui depuis le départ nous à donné pas mal de fil à retordre.
Déception, il ne s'allume pas. Quoi ? « No fonctionar! » Pardonnez moi si Je perd mon sang froid mais je n'ai que ce foutu carnet sur lequel gueuler. De toute façon je ne sais même pas si ces lignes seront publié un jours et si c'est le cas ce sera dans longtemps. Merde, merde, merde et remerde. Barth et Anaïs sont restés une partie de leurs séjour ici pour rien et je viens de me bouffer 10 heures de bus pour récupérer une carcasse qui nous aura fait chier jusqu'au bout… Merde. La seule seule chose qui n'est pas négative dans cette affaire c'est que nos donnée ne sont pas perdues… Pour l'instant je vais me calmer, prendre le bus pour Mexico et on verra après…
Jour 266 - Gare routière San Lázaro
Samedi 22 juin 2013 - 0 kms - Post n° 267
Fanch : J'arrive de bonheur à Mexico et je retrouve quelque unes de mes marques, le métro, la circulation, les orgues de barbarie, les sirènes des bagnoles de flics et enfin, l'auberge de jeunesse ou j'ai résidé une une petite semaine avant notre petite viré dans le sud pays. Il ne fait pas spécialement froid pour un breton mais après trois semaines passée sous des températures tropicales le bonnet est de mise. Les nuages de Mexico pénètrent mon esprit, moralement parlant, ce n'est pas la fête, l'état de notre ordinateur de bord me préoccupe et en arrive à me démoraliser. J'aurai aimé quitter Mexico relativement rapidement mais je sens que nous allons rester bloquer un peu plus de temps que prévu. Le voyage me manque, je veux retrouver mon vélo, l'atelier de Geocyclab. Nous n'avançons guère, pour combien de temps encore?
Bon, la fatigue à tendance à accentuer les émotions… Je vais dormir un peu…
Barth : L'habitude ou la résignation ont fait que le voyage est passé relativement vite. Le froid, le bruit et la pollution nous attendaient lorsque nous mettons pied à terre vers midi à Mexico. Le temps d'avaler une pizza et nous fonçons en métro jusqu'à notre petit hôtel. La chambre premier prix que nous avions réservée n'est pas prête, le patron très sympa et sans doute apitoyé par notre état de fatigue, particulièrement d'Anaïs qui couve une bonne crève suite à une surdose de climatisation, nous offre une chambre plus classe au même prix !
Repos, nouvelles de Fanch qui doit être arrivé sur Mexico aussi, avec notre ordi toujours pas réparé, il pleut des trombes dehors, Anaïs grelotte de fièvre… Fin des vacances un peu triste…
Jour 267 - Rue Isabel La Catolica
Dimanche 23 Juin 2013 - 0 kms - Post n° 268
Barth : Après une bonne nuit ça va un peu mieux ! Nous filons dans le sud de Mexico pour visiter le musée Diego Rivera. On s'attendait à y voir une collection de ses fresques mais il s'agit en fait d'un musée créé par Diego Rivera lui-même et qui abrite une collection impressionnante de sculptures pré-colombiennes ! Le bâtiment en soi, construit en pierres volcaniques sur le modèle d'un temple, est aussi une curiosité qui vaut le coup d’œil !
Après un rapide déjeuner pour reprendre quelques forces, nous regagnons le centre de Mexico pour retrouver Fanch à son hôtel. S'en suit une promenade au marché de l'artisanat et un café avant de rentrer au chaud et au sec en évitant la pluie du soir…
Fanch : J'ai rattrapé une partie du sommeil qu'il me manquait. Je repense à l'ordinateur et commence à relativiser. C'est un fait indépendant de notre volonté, je prends conscience que nous n'y sommes pour rien et cela soulage du poids de la culpabilité… Mais bon, il nous faut trouver une solution la plus rapide et la moins onéreuse possible pour sortir de cette mauvaise passe numérique. En retrouvant Barth et Anaïs cette après midi, forcement, le sujet conversation tourne autour de cette question. Que faut il faire? En acheter un autre? Trouver un bricoleur de confiance en espérant qu'il nous donne un autre diagnostique? Nous avons besoin d'être fixé pour pouvoir appréhender la suite, pour être en mesure de se projeter.
Mais le moral remonte doucement. Car, en fouillant sur le web, je découvre quelque chose que je cherchais depuis longtemps… Depuis 3 ans peut-être? Il s'agit d'un shield solénoïde compatible Arduino. Oui je sais, c'est quoi encore ce truc? Et bien c'est un petit circuit électronique qui se connecte sur Arduino et permet de programmer et d'actionner via un ordinateur 8 petits marteaux électromagnétiques. J'ai tenté plusieurs fois par le passé de réaliser moi même ce circuit mais ces tentatives ce sont soldés la plupart du temps par des échecs, ou demi échecs. Cette petite découverte fait jaillir à la surface de mes pensée plusieurs projets.
Et ce soir, pour me détendre un peu je continue mes recherches sur différents mouvements perpétuels physiquement réalisable ce qui m'amène à (re)découvrir ce qui ce fait aujourd'hui en matière « d'énergie libre ».
Jour 268 - Calle República de Uruguay
Lundi 24 juin 2013 - 0 kms - Post n° 269
Fanch : Je travail ce matin en attendant Barth et Anaïs avec qui nous partagerons notre déjeuner. Je travail sur un des ordinateur de l'auberge espérant ainsi dégrossir au maximum le boulot qui nous attends quand nous aurons à nouveau un ordinateur de bord digne de ce nom.
L'heure du déjeuner rime avec celle des adieux. Anaïs nous quitte aujourd'hui, lâcheuse! Nous la retrouverons bientôt, un peu plus loin sur notre route. Je laisse donc les amoureux profiter de leurs derniers instants ensemble pour aller faire quelques petites courses avant de rentrer à l'auberge pour continuer d'avancer sur le boulot.
Je me découvre alors une capacité à penser sans rien faire d'autres… Je reste ainsi, assis confortablement à regarder le plafond et j'y vois tout plein d'électroniques produisant des sons et rythmiques étranges et variées… Je note tout cela sur mon petit carnet histoire rien ne se perde dans l'espace temps qui, il faut l'admettre, à tendance à altérer la mémoire.
Barth revient de l'aéroport. Nous en profitons pour faire une petite mise au point que l'on peut aussi nommer réunion travail. Les couleurs de Geocyclab sont en berne, mais je suis convaincu que nous allons nous ressaisir.
Et le destin est en notre faveur, alors que nous nous demandons comment trouver un réparateur notre machine, José, le sympathique barman de l'auberge nous présente son ami Gabriel, un ingénieur en électronique qui semble en connaître un rayon sur le matériel informatique et qui accepte de jeter un coup d'œil à notre ordinateur… C'est notre dernière chance, si ça ne fonctionne pas, au moins nous seront fixés.
Barth : Anaïs repart ce soir pour la France… Première chose à régler, récupérer ses affaires chez Victor dans le sud de la ville. Nous y sommes à midi, quelques minutes avant lui, et le temps de refaire les sacs il faut déjà filer car Victor travaille peu de temps après. Nous aurons le temps de lui raconter un peu notre virée dans le sud pendant le trajet de métro tout de même… Ensuite passage à l'auberge de jeunesse de Fanch où je peux laisser mes affaires en vue de la nuit prochaine. Déjeuner, café, en compagnie de Fanch, dernière vérification des bagages d'Anaïs qui fait ses adieux à Fanch et nous partons tous deux pour une dernière bière en terrasse sous un rayon de soleil improbable à cette heure de la journée.
Et c'est déjà l'heure de foncer à l'aéroport, une excursion pleine de changements de métros bondés, de zigzags à pieds pour traverser des autoroutes sur des passerelles, mais finalement nous arrivons à l'heure devant la porte d'embarquement. Le temps de nous dire au-revoir avec comme à chaque fois l'impression que c'est passé beaucoup trop vite, et c'est l'heure du décollage…
Me voilà seul, dans cette ville qui compte autant d'habitants que de citoyens français. Je retraverse en métro les quelques kilomètres qui me séparent de l'auberge où je retrouve Fanch. Nous sortons avaler quelques tacos et de retour au bar de l'auberge, quelques bières agrémentées de tequilas me changent un peu les idées.. En discutant avec le barman de notre panne d'ordinateur, il en vient à nous recommander un de ses amis pour un diagnostic définitif. Le réparateur de Juchitan n'a vraiment pas été convaincant, il nous faut l'avis de quelqu'un de confiance… Une bonne heure plus tard, nous rencontrons donc Gabriel, l'ami de José le barman, et nous lui confions notre ordinateur pour un premier diagnostic. Une bonne chose de faite ! Avant d'aller se coucher nous discutons avec un espagnol, Francisco, qui vient de terminer des études d'art numérique… Décidément, c'est incroyable le nombre d'artistes voyageurs que nous croisons ! En même temps dans une auberge de jeunesse, les chances sont plus grandes..!
Jour 269 - Auberge Amigo
Mardi 25 juin 2013 - 0 kms - Post n° 270
Barth : Lever pas très matinal, matinée studieuse entre comptes, rattrapage d'écriture des derniers jours, recherches d'autres logements, paperasse administrative… Vers 13h30, juste avant d'aller déjeuner, j'ai la confirmation qu'Anaïs est bien arrivée en France, après un vol relativement inconfortable.
Coup de barre après manger, et sieste obligatoire… De toute façon l'attente du verdict au sujet de notre ordinateur m'empêche de me concentrer sur quoi que ce soit d'autre…
Finalement, pas de réponse définitive ce soir. Gabriel a commencé l’oscultation mais il reste encore pas mal de choses à vérifier. Tant mieux, c'est plutôt bon signe, il a l'air de faire les choses dans le détail. Vivement demain !
Fanch : Bon, c'est technique voir abstrait ou carrément chiant pour certaines personnes mais si je vous dis que j'ai passé la journée assis devant internet alors qu'il faisait grand soleil, il faut bien que je me justifie. Donc voici les quelques liens susceptibles d'alimenter, une fois équipés, le travail de Geocyclab.
Pure Data, Audio
- Sequenceur audio par Stephen Lucas
- Beat Mangling par Loomer
- Beat Slicer Machine par BrunoGola
- Beat Slicer Machine Par Tim Vet
- Granular par Ricky Graham
- Granular par Tim Vet
- Granular par Lorenzo Sutton
- Binaural effect par Andrew Madden
Sheild Solénoïde compatible Arduino
- Solénoïde tutoriel Arduino Playground
Jour 270 - Rue Bolívar
Mercredi 26 juin 2013 - 0 kms - Post n° 271
Fanch : Nous sommes dans l'attente du deuxième diagnostique .Donc, oui, nous ne parlons plus de vacance mais de… Chômage technique. La machine est en panne, et c'est triste à dire et j'ai l'impression que notre motivation en est lourdement affectée. Le suspense dure et suit une courbe exponentielle, j'arrive tout juste par moment à mettre cette question de côté.
Nous sortons avec le matos en ce début d'après midi pour faire quelque captation du centre ville de Mexico, mais c'est une mauvaise imitation de Geocyclab qui parcoure les rues comme si nous n'arrivions pas à retrouver l'énergie qui nous anime quand nous sommes sur nos vélos. Je nous trouve mou, voilà tout… Mais je ne pense pas que cela durera trop longtemps…
En attendant les projets se développent sur papiers (à défaut de se développer concrètement) et c'est le seul moyen que j’ai trouvé pour retrouver la motivation qui me fuit depuis quelques jours.
Barth : La fatigue ne part pas et je crois que j'ai pris froid… Décidément la pause forcée de Geocyclab commence a devenir pesante, pour le moral et pour le corps qui rouille sous la pluie de Mexico…
Journée morose donc, dans l'attente de nouvelles de l'ordinateur. Une petite ballade dans le centre après le déjeuner nous fait profiter d'une belle éclaircie, mais la fatigue me ramène bien vite à l'hôtel. Un doliprane, un litre d'eau et dodo… Jusqu'à l'heure du dîner, un hamburger en terrasse dans la rue piétonne à quelques pas de l’hôtel. Vers 23h, Gabriel est de retour avec quelques nouvelles fraîches de notre ordi. Les deux premières pistes ont été écartées, restent deux autres causes possibles de la panne. La première, l'alimentation qui n'est pas compliquée à changer, et la dernière, la carte mère elle-même, ce qui risque d'être nettement plus long. Les explications claires de notre ange gardien nous rassurent en tout cas, notre ordi est entre de bonnes mains et même si le verdict s'avère fatal, au moins nous n'aurons plus de doute ni de regrets à avoir…
Affaire à suivre donc. En attendant, nous avons décidé de rester une semaine ici pour être réactifs sur le dossier de l'ordinateur et pour rapatrier nos vélos qui commencent à rouiller chez Victor ainsi que le reste de nos bagages…
Jour 271 - Calle República de Chile
Jeudi 27 juin 2013 - 0 kms - Post n° 272
Barth : Un bon gros rhume comme je n'en avais pas connu depuis l'Espagne ou le nord du Maroc, le thé à la menthe me manque ici et les boissons fraîches omniprésentes n'ont pas le même effet. Réveil dans le pâté donc et matinée sur internet pour répondre aux nombreux mails d'encouragements que nous avons reçu en retour des nouvelles de la panne. Ça fait vraiment chaud au cœur de voir toutes ces petites attentions !
Le temps de changer de dortoir et de déjeuner et je file dans la rue des joailliers en quête d'un réparateur pour ma bague en argent écrasée dans une porte il y a quelques semaines déjà… C'est Guillaume, chez qui nous avions atterri à Mexico qui m'a donné l'adresse. Dix minutes et trente pesos plus tard, l'affaire est réglée. De retour à l'auberge la fièvre prend le dessus et je vais dormir quelques heures…
Au réveil, le verdict pour l'ordinateur vient de tomber. La carte mère est court-circuitée, la réparation coûterait beaucoup trop cher… Pour un ordinateur sensé être tout terrain, nous sommes tout simplement dégoûtés. Il va donc falloir en acheter un autre. Mais ce sera le programme de demain, car je suis toujours fiévreux et je n'ai que la force d'avaler une tortas avant de filer au lit…
Fanch : Bon, quoi de neuf? Et bien pas grand chose de passionnant, une lessive, un coup de tondeuse… Mouai tout cela n'est pas bien passionnant mais un minimum d'hygiène doit être respecté.
La bonne nouvelle de la journée? Et bien notre ordinateur est définitivement mort, le verdict est tombé en fin d'après midi quand José notre ami barman nous à donné des nouvelles de son pote Gabriel, le chirurgien de l'hardware. Il vient de sacrifier plusieurs heures de sommeil à tester les différentes parties de notre machine pour arriver à la conclusion qu'un court circuit transforme notre carte mère en plaque chauffante et qu'elle n'est plus bonne qu'à réchauffer les tacos… Ce n'est pas évident d'admettre qu'un ordinateur de cette gamme dans lequel nous avons investi une bonne part de notre budget et une bonne dose d'espoir (il était censé faire trois ans) puisse nous abandonner ainsi. Mais cette nouvelle à au moins le mérite de poser les points sur les « i ». Le top départ est donc donné, il nous faut trouver un autre ordinateur.
Nous nous sommes fait une raison, pas de panique donc mais il faut avouer que le temps que nous resterons à attendre le future ordinateur sera autant de jours d'aventure en moins sur le continent américain, de plus, l'auto-production a du bon mais nos ressources financière vont prendre une sérieuse claque… Ainsi va la vie, il n'y a pas de problèmes, que des solution n'est ce pas?
Aller bonne nuit!
Jour 272 - Auberge Amigo
Vendredi 28 juin 2013 - 0 kms - Post n° 273
Fanch : On s'active sur les écrans de l'auberge dans l'espoir de tomber sur la perle rare. En quelques mots, la perle rare c'est un ordinateur solide, assez puissant pour le traitement de la vidéo, pas trop lourd, doté d'un écran anti-reflets, avec un clavier AZERTY et compatible avec le disque dur que Fanch de Linux Quimper nous prépare actuellement. La matinée se ponctue de clics, qui nous amènent à voyager de sites marchands en site marchands, les fenêtres se superposes, les pistes aussi. Les ordinateurs d'entrée de gammes sont rapidement éliminés mais malgré cela, il reste difficile de faire un choix.
Les recherche du web s'étendent au monde réel et cette après midi, nous tentons notre chance en premier lieux du coté de la Plaza de la computation ou ne trouverons rien qui ne corresponde a nos attentes puis dans un énorme centre commercial qui ne nous offrira pas pas de résultats.
Histoire de se détendre et de penser à autre chose, ce soir, on sort. Nous accompagnons Guillermo, un chic type, en voyage depuis plusieurs mois grâce à la recette de ses parties de poker en ligne. On devrait peut-être s’y mettre nous aussi…
Le son envoûtant et la rythmique entraînante de la musique cubaine, pousse les danseuses et danseurs à tricoter de leurs pieds expérimentés une salsa piquante et savoureuse. C'est un régal aussi bien pour les oreille que pour les yeux. Le tout arrosé d'une petite mousse me donne le sourire facile et l'envie de me mettre à danser à mon tour…
Barth : La nuit fut plus ou moins reposante, entre moustiques, fêtards bruyants et mon rhume… Mais au moins la fièvre est tombée ! Au menu du jour, organisation pour l'achat d'un nouvel ordinateur. Ce n'est pas simple car plusieurs contraintes nous posent question :
Tout d'abord le fait que Fanch (celui de Rennes) vient de terminer la préparation de notre nouveau système sur un disque dur qui devra être compatible. Ensuite, au Mexique impossible de trouver un ordinateur muni d'un clavier Azerty. Ce n'est pas un point capital mais tout de même un sacré gain de temps pour la rédaction de textes… Et il y aussi tous les critères de base comme la puissance, la relative solidité, l'écran mat pour un usage en extérieur, une autonomie de batterie suffisante…
La journée est donc consacrée à diverses recherches sur internet pour choisir un modèle d'ordinateur répondant à nos critères. C'est la période de pointe à l'auberge qui affiche complet. La fin de l'année universitaire marque le débarquement d'étudiants des quatre coins du monde. Américains, argentins, espagnols, irlandais, australiens, japonais, chinois, israéliens, quelques français ou belges également, c'est l'occasion de pratiquer l'anglais en plus de l'espagnol, au grès des accents parfois incompréhensibles…
Une bonne ambiance en tout cas à l'auberge, tout le monde engageant spontanément la conversation avec tout le monde ! Juste quelques difficultés à trouver le calme nécessaire pour dormir d'une traite la nuit. Sur les conseil de José le barman, nous sommes sortis ce soir en compagnie de Guillermo, un espagnol qui voyage en jouant au poker en ligne, dans une petite salle étudiante pour assister à un concert de musique cubaine. Bonne ambiance, musique entraînante et danse à tous les étages ! Une chouette immersion dans la vie nocturne des étudiants du centre de México. Mais je ne suis pas encore assez en forme pour pousser jusqu'au bout de la nuit…
Jour 273 - Calle 16 de Septiembre
Samedi 29 juin 2013 - 0 kms - Post n° 274
Barth : Ça y est, c'est de nouveau arrivé, je me sens une fois de plus sédentaire dans une ville qui m'était jusqu'alors inconnue. Mexico que j'imaginais n'avoir qu'à traverser pour plonger dans les profondeurs du terroir mexicain, s'avère être une pause obligatoire, un séjour constitutif de ces trois années de voyage… L'occasion de prendre un peu de recul sur l'immersion du premier mois dans le sud du pays, et sans doute aussi sur Geocyclab. Cette panne d'ordinateur vient en effet briser le rythme intransigeant de la production quotidienne que nous avions depuis le départ…
Pas grand chose à raconter aujourd'hui. Une journée d'attente, à guetter des nouvelles de Fanch (de Rennes) avant de nous lancer dans l'achat du nouvel ordinateur, tout en faisant quelques recherches sur le web…
Le Mexique, après s'être présenté comme une rupture brutale suite à la douce immersion dans la culture musulmane et nomade du nord-ouest africain que nous avions vécu, se laisse peu à peu apprivoiser. La langue tout d'abord, avec laquelle je commence à me sentir moins complexé, plus prompt à engager une conversation, est le premier obstacle en voie de franchissement. Ensuite il y a cette culture si dense, si feuilletée, qu'il faut du temps pour y distinguer l'incroyable diversité des éléments qui la compose. La première couche de ce formidable mille-feuilles est bien sûr constituée des restes des civilisations amérindiennes, allant des ruines de temples devenus sanctuaires touristiques, à la lutte silencieuse de minorités pour la plupart paysannes qui évoluent en marge de la société. À chaque fois que j'aperçois une de ces vieilles indigènes mendiante dans les rues bourgeoises du centre de Mexico, j'ai cette impression qu'elles sont débarquées d'un autre univers, tellement elles ont l'air réelles… Juste à leur côté se trouve un passage vers une autre dimension, plus virtuelle cette fois, et majestueusement incarnée par l'omniprésence visuelle du monde de Walt Disney. Un culte de l'imaginaire, du plus puéril au plus vulgaire qui inonde les rues, les intérieurs, les écrans, au même titre que ces mises en scène religieuses sous verre et néons que l'on aperçoit au coin des rues… Car c'est bien la religion catholique qui constitue le liant de la recette.
Fanch : La sédentarisation s'empare de mes membres et de mon esprit, comme si une liane tout droit sortie de terre grimpait le long de ma colonne vertébrale et ne me laissait pas libre. Elle opprime mes propres mouvements et me rappelle que l'évolution de la société a contraint l'homme à s'immobiliser et que le nomadisme est une dérogation à la règle.
Les habitudes se mettent en place, les repères s'affirment, les rencontres se concrétisent. Nous mangeons au même petit restaurant que j'appelle à présent la cantine sans faire l'effort de pousser un peu plus loin… A la différence de la mobilité, les découvertes se font plus éparses, presque au compte goûte. La routine nous guette, elle n'est jamais loin et pour en échapper il faut lui livrer un combat permanent. J'ai l'impression de stagner, mon regard s'en trouve modifier et ne se tourne plus vers l'extérieur, mais vers l'intérieur. Je remet pas mal de mes attitudes en questions et ce début de ré-sédentarisation accentue le phénomène. Étrange sentiment.
Mais nous sommes à Mexico et lors de notre ballade du jours nous avons l'honneur de croiser une manifestation mondial, la Gay Pride qui semble respecter sa réputation en nous offrant un spectacle haut en couleur.
Jour 274 - Coyoacán
Dimanche 30 juin 2013 - 0 kms - Post n° 275
Fanch : Aujourd'hui dimanche. Nous avons rendez vous au sud de la ville, chez Victor, où nous allons reprendre possession de nos vélos. Nous les retrouvons fatigué, la rouille commence à envahir les parties les plus sensibles et cela cumulé à ce qu'ils ont subi lors du vol Dakar (Bruxelles-Washington) Mexico, il est vraiment temps que nous fassions quelque chose pour eux.
Nous en profitons pour déjeuner avec Victor ainsi qu'une de ses amie dans le quartier de Coyoacán. Nous prenons le temps, car nous avons le temps ce qui en soit est plutôt agréable et relativement rare.
C'est le temps, au sens météorologique du terme qui nous presse puisqu'en cette saison, il faut se méfier des fin d'après midi, le ciel a la désagréable manie de cracher tout ce qu'il peut et rouler une quinzaine de borne sous une pluie tropicale ne me tente guère. Tout ça pour dire qu'on prend notre temps mais pas trop. Nous saluons nos amis et traversons les rues de ma ville sans encombre particulière. C'est en arrivant sur Paseo de la Reforma, échauffé par la dizaine de bornes que nous venons d’avaler à vive allure, que nous rencontrons un drôle de bonhomme, juché sur un deux roue hors du commun (qui il faut l'avouer ressemble étrangement aux nôtres) Un petit homme dont le marcel soigneusement rentré dans son pantalons met en valeur une bedaine de cinquantenaire. Il nous propose une petite pause causette sur la place de l'indépendance. Au vue de son engin que je qualifierai sans hésiter de « délirant » et de ce sourire que l'on ne peut fuir, nous donnons quelques coups de pédale jusqu'au lieu en question. Le petit homme, c'est Ruben, Ruben Castaneda. Nous prenons rapidement conscience qu'il a beaucoup de chose à nous apprendre, à nous faire découvrir. Je pense et j'espère que cette rencontre va relancer un peu notre recherche sur les Objets Libres. J'ai le sentiment que l'homme à qui nous avons affaire nous réserve quelques surprise…
Rendez vous demain à la “Una de la tarde” pour visiter son atelier.
Barth : Un grand ciel bleu dès le réveil, la journée s'annonce chaude. Nous avons rendez-vous avec Victor à midi pour déjeuner avec lui et rapatrier nos vélos et bagages à l'auberge. Cinq minutes après que nous soyons arrivés devant la maison, le voici débarquant au volant de sa petite voiture citadine en tenue complète de kung-fu e accompagnée d'une de ses amies. Sacré personnage décidément que ce Victor ! Après avoir rapidement refait nos sacoches et mis nos vélos au soleil pour qu'ils sèchent un peu, nous partons tous les quatre pour une promenade dans Coyoacan en quête d'un petit resto… Un dimanche midi très agréable donc, dans ce quartier tranquille du sud de Mexico où il fait bon vivre ! De retour chez Victor nous lui disons au-revoir avec l'idée de nous revoir dans la semaine et enfourchons nos vélos pour une quinzaine de kilomètres.
Ça fait si longtemps ! C'est un plaisir de retrouver les sensations du vélo, un dimanche après-midi dans Mexico ! Nous sommes partis trop tard pour rejoindre la randonnée vélo qui se déroule chaque dernier dimanche du mois sur 36 kms autour du centre ville, mais nous doublons un de ses fidèles participants sur la grande avenue de la Reforma, qui aura vite fait de nous rattraper !
Ruben Castañeda, c'est son nom, la cinquantaine bien trempée au volant d'un engin incroyable qu'il a construit de ses mains, nous conduit jusqu'au monument de la révolution où nous faisons plus ample connaissance. De prime abord timide et discret, Ruben arbore surtout un sourire généreux et une simplicité touchante qui nous touche très vite. Mécano dans un garage, clown et danseur à ses heures perdues, sa principale passion tourne autour de la construction de vélos et autres cycles extraordinaires. Celui qu'il utilise ce jour là est à la mi-chemin entre un vélo couché et une Harley-Davidson, saupoudré d'une bonne couche de tuning à la mexicaine à base de tête de mort au yeux clignotants… La classe ! Et il y a même une sono embarquée diffusant du rock psychédélique des années soixante-dix et chose rare, à un volume sonore tout à fait raisonnable ! Il nous montre quelques photos de reproductions de vélocipèdes du 19eme siecle qui on tôt fait de pousser notre curiosité. Rendez-vous est pris le lendemain à 13h, au pied de l'immense drapeau du Zocalo, pour aller visiter son atelier !
Fin de journée repos, tri dans les bagages et écriture à l'auberge, en assistant d'un œil à une étrange réunion de chinois autour d'un prêcheur, chinois également, professant la bonne parole de Jésus made in USA, où il vient de passer un séjour… Il s'en passe des choses dans une auberge de jeunesse !
Jour 275 - Atelier de Las Gruas Locas
Lundi 1 juin 2013 - 0 kms - Post n° 276
Barth : Après une nuit insupportable dans la foule des moustiques, la matinée est un peu brumeuse… Toujours pas de nouvelle au sujet de notre futur ordinateur, il va falloir prendre une décision mais ce serai tellement plus sûr d'avoir l'avis de Fanch avant… Dilemne !
En attendant, il est déjà l'heure de retrouver Ruben au pied du drapeau du Zocalo. Pas beaucoup d'ombre à cette heure zénithale, heureusement Ruben est à l'heure. Et nous voici lancés dans une chevauchée fantastique dans les grandes avenues de México, en slalomant entre piétons, bus et taxis jusqu'à atteindre l'atelier des vélocipèdes, discrètement camouflé derrière l'enseigne du garage des « Gruas Locas » ( les grues folles)…
Une grande cour à moitié couverte et entourée de petits locaux, bureaux, ateliers, entrepôts, c'est le décor dans lequel nous nous immergeons pour quelques heures. Ruben nous présente Victor Manuel Rojas Caballero qui semble être le propriétaire des lieux, et dans la foulée, son fils Victor Manuel Rojas Palma qui parle quelques mots d'anglais, facilitant grandement les échanges qui suivent. En quelques instants, Ruben nous présente une collection de vélocipèdes de tailles différentes, et nous montre les réalisations du moment, un tricycle-carriole qu'il fabrique de toutes pièces. Victor père nous présente une photographie de 1874, où figure son arrière-grand-père parmi les participant d'une des toutes premières randonnées en vélocipèdes à Mexico ! Le ton est donné, ici la passion des cycles est une tradition ancestrale !
En sirotant quelques bières, nous prenons le temps de montrer nos réalisations à nos hôtes, les images parlant mieux que mes rudiments d'espagnol. Victor semble séduit par les haïkus et par le portrait de Fall Meissa au Sénégal. Il tient à nous présenter un sculpteur qui utilise des pièces de mécanique automobile, et également à se prêter au jeu d'un portrait de son atelier. Il va essayer de contacter le propriétaire de l'immense tri-vélocipède qu'il nous a montré en vidéo afin que nous puissions faire quelques images ! Nous convenons de jeudi et vendredi pour réaliser tout ceci… Avant de nous quitter, une petite démonstration des vélocipèdes dans la rue devant l'atelier, au beau milieu de la circulation, achèvera de nous combler. Belle rencontre avec ces trois bricolo-rêveurs, et affaire à suivre donc !
De retour à l'auberge, pas grand chose à signaler, soirée classique à l'auberge, entre écriture, discussions multilingues, tacos et cerveza…
Fanch : Gruas Locas, c'est le nom de l'atelier de Ruben Castaneda, l'homme-clown que nous avons rencontré hier. Après avoir franchit l'imposant portail rouge, nous découvrons ce qui ressemble d'avantage à un garage qu'à un atelier. Une dépanneuse et plusieurs voitures sont entreposées sous un large toi de taules ondulée, elles bloquent l'accès au fond du hangar mais malgré tout, je repère rapidement le vélocipède suspendu à quelques mètres de hauteur.
À peine arrivé, Ruben qui au delà de son look excentrique semble plutôt de nature introvertie, nous présente à Victor Manuel Rojas Caballero son ami et collègue de longue date. Ce dernier nous accueille d'une poignée de main franche et chaleureuse. Pendant que nous échangeant quelques mots en guise de présentation, Ruben disparaît au font du garage, des bruit de métaux s'entrechoquant retentissent de derrière la dépanneuse ce qui nous laisse penser qu'il fouille et trifouille à la cherche d'un trésor ou d'un objet qui n'a pas vu le jour depuis fort longtemps. Il revient avec un grand-bi, il le dépose et repart dans la même direction et à nouveau, nous entendons des « chcling clang bing dong » sonner mais nous ne voyons rien. A la fin de notre discutions avec Victor M.R.C. Ruben nous à préparé et mise en scène 3 grands-bis et un tricycle qui autrefois furent confectionnés ici même. Ruben et Victor en sont fière et ils ont raison. Une séance photo s'improvise, Victor M.R.C. s'en retourne à bureau et Ruben nous propose d'aller acheter une petite bière, nous l'accompagnons donc jusqu'à la boutique d'à coté. Notre ami sort de là avec trois bouteille ce qui pourrait paraître raisonnable si elles n'étaient pas si énormes, 1,20 litre par personne sous soleil de 15h, ça risque d'être… Fatiguant.
De retour à Las Groas Locas, Victor Manuel Rojas Palma que nous avions aperçu avant de faire les courses et qui se trouve être le fils de Victor M.R.C., nous guide vers un des bureaux pour nous montrer cette vidéo tourné il y a une vingtaine d'années de cela (Ruben, c'est le mec qui grimpe sur le sommet de l'engin).
Inutile de préciser que ce tricycle nous intéresse, c'est un peu la cerise sur le gâteau. Je ne sais pas encore comment nous allons nous y pendre mais un portrait de « Las Gruas Locas » s'impose. Certainement pas aujourd'hui car les conditions ne s'y prêtent pas (la bière commence à faire effet) mais nos nouveaux amis, clairement intéressés par notre projets nous proposent de nous revoir Jeudi (pour rendre visite à un de leurs amis sculpteur), puis Vendredi pour se rendre chez l'heureux propriétaire du tricycle géant… Le fait d'être un peu bourré ne m'inquiète pas vraiment, nous aurons l'occasion de nous rattraper. Histoire de finir en beauté, les joyeux lurons me propose de monter sur un de leur grand-bi. Ce n'est peut être pas le moment idéal mais j'accepte la proposition. Mais une fois en assis sur le haut du bicycle, je ne suis vraiment, vraiment pas à l'aise, mort de rire…Je veux juste descendre de là. Je crois qu'il y aura des images, vous jugerez de mon états par vous même…
Jour 276 - Calle de San Pablo
Mardi 2 juillet 2013 - 6 kms - Post n° 277
Fanch : Objectif Caille de San Pablo, la rue de la bicyclette pour une remise en état de nos chers compagnons qui se plaignent de leur sort. Nous n'en sommes pas encore là mais notre sortie de Mexico s'annonce très montagneuse et mieux vaut il s'équiper d'un dérailleur solide. Le miens à largement souffert (le ressort principale est mort) lors du voyage Dakar-Mexico, pour la deuxième fois donc, je vais devoir en changer. C'est aussi l'occasion de racheter quelques patins de freins (il était temps) et le rétroviseur qui manque à ma bécane depuis Saint Louis Sénégal et qui pourtant est plus que nécessaire.
Dans cette rue de San Pablo, des dizaines et des dizaines de boutiques de cycles se côtoient. C'est d'ailleurs de cette façon que sont organisé les commerces de Mexico DF (City). Comme à Paris autrefois, les boutiques et corps de métiers se regroupe par spécification au sein d'un même quartier. À deux pas de l'auberge, on trouve un rue entièrement consacrée à l'électronique, puis une autre est ponctuée de « music stores », un peu plus au nord se trouve l'extravagante rue du mariage ou l'on peut difficilement éviter de croiser quelques limousines aux formes et couleurs aussi surréalistes que ridicule. Mais cette organisation offre à chaque quartier une ambiance unique ce qui donne à nos promenades urbaines une saveur parfois surprenante.
Revenons à là Rue de San Pablo. Nous cherchons tant bien que mal un dérailleur digne de ce nom, un inconnue nous propose son aide et nous parvenons finalement à nos fins. Durant le réglage du vélo de Barth, je prends le temps d'observer et de sentir l'atmosphère du lieu. Il y a ici une beauté étrange. Malgré un chaos apparent, tout semble structuré, organisé, codé, chacun est à sa place et semble vouloir y rester. Ça grouille comme une fourmilière. Les prostituées, postées discrètement entre chaque boutiques font malheureusement parti du décors, leurs présences ne semble étonner, gêner ou perturber personne. Ainsi va la vie dans la Caille de San Pablo.
De retour à l'auberge nous recevons des nouvelles de Fanch et de Piero, notre équipe de maintenance informatique de choc. Nous ne pouvions ni ne voulions pas prendre n'importe quel ordinateur, nous devons respecter quelques critères non négligeables mais les e-mails de nos amis linuxien nous ont rassurés quand aux choix de notre future machine.
La nouvelle nous fait du bien. Ce soir, on recommence a rêver de la suite, on retrouve un petit peu de l'énergie de Geocyclab, les envies et Les projets fleurissent… C'est le printemps.
Barth : Ça y est le contact est établi avec Linux Quimper, avec Piero tout au moins qui va prendre le temps de discuter de notre dilemme avec Fanch (de Rennes) dans la journée. Nous terminons donc ce matin la rédaction d'un mail présentant les différentes options et modèles que nous avons repéré, pour avoir leur avis… Affaire à suivre.
Après un rapide déjeuner à la cantine que nous avons élu depuis plusieurs jours, nous reprenons les vélos en direction de la rue San Pablo où se trouvent de nombreuses boutiques de vélos. Objectif, changer le dérailleur de Fanch qui était en sursis depuis notre arrivée au Sénégal, racheter des patins de frein en vue des montagnes mexicaines des prochains mois, et régler mon dérailleur qui ne s'est pas vraiment remis de son démontage dans l'avion. Nous visons la plus petite boutique pour l'opération, mais nous devons auparavant acheter un nouveau dérailleur dans une autre boutique… Après quelques tentatives, et avec l'aide d'Octavio un ami de notre futur réparateur, nous finissons par trouver notre bonheur ! Une bonne heure plus tard, c'est toujours très long les achats techniques en espagnol, nous revoici chez le réparateur qui en deux temps trois mouvements, change le dérailleur de Fanch, et règle le mien ! Ça c'est fait !
Retour à l'auberge, après un bref détour dans un centro optico pour remettre le verre de mes lunettes de soleil en place. La soirée est rythmée par les derniers préparatifs et questions en vue de l'achat de notre nouvel ordi demain. Nous avons eu une réponse de Fanch, comme il devait nous envoyer le disque dur avec le nouveau système par courrier et que ça coûte aussi cher que d'envoyer un ordinateur, nous allons commander le nouvel ordi en France ( avec le luxe d'un clavier Azerty ) et le faire livrer chez lui ! Et une fois que le nouveau système sera prêt et installé, on réceptionne l'ordi au Mexique ! C'est pourtant simple… Tout ça pour dire qu'on est pas prêt de décoller de Mexico, mais que c'est pas plus mal car les rencontres et les choses à faire se multiplient !..
Jour 277 - Parc Alameda
Mercredi 3 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 278
Barth : Fanch (de Rennes) malgré son boulot, et Piero sont hyper réactifs ! Nous avons toutes les infos pour commander l'ordinateur. C'est donc la chose la plus urgente à faire aujourd'hui ! Mais comme c'est aussi le jour de mon anniversaire, je prends un peu de temps le matin pour lire mon courrier ministériel et communiquer un peu avec la France. A treize heures, la commande est validée !
Nous allons rapidement manger un morceau, et je laisse Fanch partir seul visiter une exposition que j'irais voir plus tard. J'ai très mal dormi cette nuit, la sieste est obligatoire… D'autant plus que ce soir nous sortons, chez une amie d'une amie d'une amie, pour faire connaissance avec quelques recrues du réseau des expats français de Mexico. Nous sommes donc reçus chez Léa, un française qui fait du cinéma entre autres choses, et sa co-locatrice mexicaine costumière, entourée de quelques amis, photographe, étudiante en philo, étudiante en lettres classiques françaises dans une université mexicaine, masseuse musicienne, bref une bonne compagnie!… Soirée festive donc, qui me rappelle un peu les soirées parisiennes en appartement de ma si lointaine vie étudiante, mais l'honneur d'une aubade d'anniversaire chantée en mexicain me fait avaler ma trente-deuxième année sans douleur !
Fanch : L'ordinateur est commandé, le choix n'a pas été simple mais nous nous sommes enfin décidé. Il arrivera chez Fanch notre ami linuxien qui lui fera une petite beauté en lui installant un système tout propre, tout neuf… Puis il nous l'enverra probablement via UPS. Nous répartirons alors à zéro (ou presque) l'essentiel réside dans le fait de reprendre la route.
Après midi libre, Barth dont c’est l'anniversaire n'est pas en grande forme et reste de reposer au Q.G. Alors que je me rend au « Laboratorio Arte Alameda » pour m'immerger dans le monde de Mario De Vega. L 'artiste mexicain présente ici un travail riche en explorant divers supports de manière sensible et cohérente. Je vous laisse le plaisir de découvrir ses œuvres ici. Une exposition d'art contemporain… Ça fait parfois du bien et je ressort de la la tête pleine d'idée.
Ce soir, nous rencontrons Léa, une amie d'amie d'amie qui nous avait proposé (via internet) de passer un bout de la soirée chez elle. Les rencontres ne se s'arrêtent pas là puisqu'elle habite en collocation et que ce soir d'autres invités sont présents. Nous assistons pour la première fois depuis fort longtemps à une soirée, dans un appartement similaire à beaucoup de mes fiestas étudiantes. Tout doucement nous infiltrons un réseau franco-mexicain ce qui je l'espère nous amènera d'une façon ou d'une autre à avancer dans notre projet. En attendant, l'alcool coule à flot mais je sens que ni Barth, ni moi ne pourrons tenir la marée… J'ai perdu le rythme!
Jour 278 - Atelier de Bernardo Gomez
Jeudi 4 juillet 2013 - 6 kms - Post n° 279
Fanch : Nous chevauchons nos montures et partons à la rencontre des bidouilleurs de Las Gruas Locas qui tiennent absolument à nous présenter un ami sculpteur. Nous retrouvons Ruben, Victor père et fils et rencontrons Manuel, l'oncle du fils et le frère de père… Enfin bref, Manuel parle quelque mot de français et un peu anglais, sa mission consiste à briser ne serait ce qu'un tout petit peu la barrière linguistique. Ruben reste ici pour bosser, nous autres, montons dans la Ford de Victor fils. En avant tout sur les rocades de Mexico. Après avoir éclaté un pneu sur la 4 voie, changé la roue en mode « on n'a pas que ça à faire mais sans clés à pipe c'est pas pratique » nous arrivons à bon port…Entier.
Bernardo Gomez nous souhaite la bienvenue dans son atelier qui à l'image de celui des Gruas Local ressemble d'avantage à un garage qu'à autre chose. Il est donc un mécanicien et ne manque pas d'idées pour combler ses heures creuses. Rapidement, le sculpteur nous présente quelques une de ses oeuvre qu'il extrait au compte goût du coffre d'une veille bagnole. Animaux de métal, voiture imaginaire, clochettes à écrou et autres insectes géant inondent le trottoir d'en face pour se glisser sous l'objectif de Barth. J'avoue être d'avantage séduit par le sculpteur que par ses sculpture même si j'en apprécie les qualités techniques. Mais quoi qu'il en soit je suis conquis. Pendant que Victor père et fils font les guignols et se prennent mutuellement en photo, Bernardo, exhibe fièrement une pochette de papier contenant ses diplômes, prix et articles de journaux concernant son travail. Nous avons à faire à un petit homme d'une soixantaine d'années, sérieux et réservé mais qui n'hésite pas à faire de grands gestes exagérés quand il s'agit de se faire comprendre ce qui lui confère une bonhomie réellement agréable. Nous discutons longuement pour ne probablement pas dire grand chose, mais qu'importe, nous faisons de notre mieux pour communiquer et je crois que cela est apprécié.
Durant cet entretiens, je ne peux m'empêcher de repenser et de faire un petit clin d'oeil à F.M. l'homme au vélo de Saint Louis… La voiture nous dépose à Las Gruas Locas, après une petite séance durant laquelle les deux Victor s'essaient (avec succès) au vélo couché, nous n'échappons pas à ce que nous nous étions promis d'éviter. Le ciel est énervé, le vent se lève, L'orage frappe sans retenue et Mexico est plongé sous une pluie froide et torrentielle. Allez… On se mouille!
Barth : Couchés tard, lever cotonneux… Heureusement nous avons jusqu'à 13h30 pour émerger totalement, faire un peu de courrier et autres réseautages numériques, avant d'enfourcher nos vélos en direction de l'atelier des Gruas Locas.
Ruben est en plein boulot en train de souder des poutres métalliques en vue de la fabrication d'une nouvelle grue ! Mais les Victors père et fils sont au rendez-vous, accompagnés de Manuel, le frère de Victor père, qui pourra nous aider un peu pour traduire car il est en train d'apprendre le français et l'anglais… Et nous voilà en route pour la visite de l'atelier de Bernardo, bien calés à cinq dans le vieux carrosse de cette famille de mécanos. L'éclatement d'un des pneus arrière nous fera perdre une dizaine de minutes, le temps d'emprunter une clé à la patrouille de police qui est venue tuer le temps en encadrant l'opération de changement de roue… Et nous arrivons dans un autre garage/atelier, attendu par le propriétaire des lieux qui nous reçoit comme si nous étions une équipe de télévision. Je soupçonne vaguement Victor père de nous avoir légèrement sur-vendus !
Toujours est-il que nous passons là quelques heures à admirer les réalisations de cet artiste mécano, qui quoique très différent, nous rappelle inévitablement notre rencontre avec Fall Meissa à Saint-Louis au Sénégal. La discussion est assez limitée mais nous sommes comblés par la présentation des sculptures réalisées à partir de ferrailles de toutes sortes, la collection de coupures de presse, la démonstration de soudure sur une des œuvres en cours, et cerise sur le gâteau, la présentation d'un système de récupération et de filtrage de l'eau de pluie très astucieux. Une belle rencontre, peut-être un peu trop préparée par nos intermédiaires pour rester totalement spontanée, mais nous ne regrettons pas d'avoir fait ce crochet à l'autre bout de Mexico !
Au moment de repartir en vélo de l'atelier des Gruas Locas, après avoir fait essayer le vélo couché aux deux Victors avec grand succès, un orage éclate soudainement, nous obligeant à nous abriter une bonne demie-heure. Une fois le coup de vent et le déluge un peu calmés, le froid nous résigne à traverser les gouttes encore grosses, uniquement armés de nos t-shirts. Nous arrivons donc trempés et frissonnants à l'auberge où on commence à faire partie du décor ! La soirée ne se termine pas très tard, après toutes ces émotions, il est bon de dormir au sec !
Jour 279 - Las Gruas Locas
Vendredi 5 juillet 2013 - 6 kms - Post n° 280
Barth : Quand il pleut sur Mexico on se croirait presque à Paris… Difficile de se dire que nous sommes au sud du tropique du Cancer quand les températures restent bloquées entre 10 et 15 degrés. La matinée est donc sans animation, je regarde les passants défiler dans la rue Isabela de la Catolica en repensant à une remarque de Guillermo au sujet des tribus urbaines très visibles à Mexico. Effectivement, les identités vestimentaires sont très présentes dans les rues de Mexico. Je serais bien incapable de nommer chaque tendance, chaque look, chaque apparence, mais il est indéniable que ce sont là les marqueurs visibles d'appartenance à des groupes sociaux aussi distincts que variés.
Vers 14h, la pluie cesse enfin. Nous allons déjeuner avec Guillermo à notre cantine habituelle, avant de prendre la route, à pieds cette fois pour ne pas se retrouver coincés sous la pluie du soir en vélos comme la veille, en direction de l'atelier de Las Gruas Locas.
Seul Victor junior est présent à notre arrivée, nous ne comprenons pas tout mais le programme prévu à l'air d'être ajourné… Ruben ne tarde pas à arriver au guidon d'un tricycle porte-charge, et nous partageons ensemble les quelques bières que nous avions apporté. Après nous avoir salué, Ruben me fait comprendre qu'il regrette que Manuel ne soit pas là pour nous permettre de discuter facilement. Il ne parle et ne comprend que l'espagnol, et j'avoue avoir plus de difficultés à le comprendre car il parle un peu vite et dans sa barbe… mais je suis mal placé pour le lui reprocher! J'ai du le prendre comme un défi en tout cas, car deux heures après nous sommes en train de discuter de solutions pour changer le monde, de travail collaboratif, de politique et de religion, et de la vie de ce touchant personnage qu'est Ruben. Père de quatre enfants et grand-père d'une bonne dizaine de petits-enfants, taillé comme une enclume et paré d'un look qui sent bon les années quatre-vingt, il n'en garde pas moins le regard d'un enfant en nous parlant d'une de ses activités favorites : la tournée des marchés aux puces de Mexico où il trouve de nombreuses perles !
Il n'en faut pas plus pour planifier une visite de ces endroits en sa compagnie la semaine suivante ! Le froid et la nuit tombante nous poussent à rentrer rapidement. Dîner, rencontre de François, un français en ballade en stop depuis les USA, ambiance vendredi soir dans l'auberge, mais je suis vraiment fatigué, et abandonne Fanch qui se laisse tenter par un concert en compagnie de José, sa copine et Guillermo…
Fanch : Rendez vous a 17h à l'atelier Las Gruas Locas pour… Pour, euh et bien, ce n'est pas très clair mais je crois que l'on est sensé assister à la fabrication d'une roue de grand bi, on verra bien et je reste ouvert à toute proposition! Je profite de ce début de journée pour effectuer quelques recherches concernant un petit amplificateur nécessaire au bon fonctionnement de mes transducteurs. Pour une fois, je prends le temps de ne pas me précipiter en regardant et notant scrupuleusement les solutions qui s'offrent à moi. La journée s'écoule rapidement et je ne trouve pas vraiment le temps de faire autre chose avant notre rendez vous.
Las Gruas Locas. Nous sommes à l'heure mais pas les autres. Seule Victor fils est présent. Peu après, Ruben arrive mais j'ai le pressentiment qu'il ne se passera rien aujourd'hui. Nous nous asseyons avec Ruben autour d'une bière, la conversation file, je décroche et laisse Barth s'éclater avec l'espagnol… Je suis bien fatigué, mon corps est présent mes mon esprit est ailleurs.
Jour 280 - Rue Regina
Samedi 6 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 281
Fanch : A la différence de la journée d'hier, celle d'aujourd'hui est bien chargé. Nous avons rendez vous avec Miguel et Gerardo, deux étudiants en langue française pour deux petite interviews. La première concerne notre utilisation du vélo et le sujet de la deuxième porte d'avantage sur notre pratique artistique et notre conception de « l'art ». Ce fut un interrogatoire somme toute sympathique qui nous à permis de rencontrer ces deux mec curieux et forts intéressant. Après une petite bière de fin de tournage à notre Q.G.
Nous chopons Guillermo et François avec qui nous partageons notre chambre pour nous rendre dans le quartier de la Roma, au vernissage de l'exposition de Yanina que nous ne connaissons pas encore mais avec qui nous avons échangé quelques messages via internet.
Je m'attendais à vernissage de galerie ou de centre d'art, nous assistons en réalité aux portes ouvertes d'un squat ou plusieurs artistes présentent aujourd'hui leurs travaux. L'espace est composé de différents ateliers et on sens ici une réel énergie créatrice ce qui me donnerai presque l'envie de m'y installer quelque temps et de me nourrir de cette énergie collective. Peu de temps avant la fermeture du lieu au publique, nous rencontrons en coup de vent Yanina et Mateo avec qui le courant passe tout de suite mais il est déjà l'heure de se séparer. Nous tenterons une entrevue plus poussé dans les jours à venir.
Ensuite, nous sommes invité chez Yahir un mexicain que nous avions croisé mercredi soir chez Léa pour une soirée électro. François rentre de son côté, Barth aussi (avec regret) puisque ce n'est toujours pas la grande forme et que l'orage d'avant hier n'as rien arrangé à son états plutôt fragile. Nous continuons donc la soirée avec Guillermo.
Bon, même si notre hôte est incroyablement généreux et sympathique, l'ambiance générale est du genre « hipster » (terme que j'ai découvert très récemment). Cette mode à tendance à m'incommoder fortement jusqu'à faire chuter le peu de cheveux dont je peux encore me vanter. Guillermo est aussi chauve que moi et nous ne tardons pas à quitter ce lieu pour retrouver nos lits respectifs.
Barth : Juste en face de notre hôtel se trouve un immense bâtiment historique en rénovation, entouré de hautes grilles. Chaque jour un homme se pose devant ces grilles, apparemment aveugle, et s’emploie à souffler dans un harmonica durant toute la journée, un écriteau accroché à son cou et expliquant sa requête… Un mendiant parmi des milliers d'autres, dont la torpeur n'est seulement perturbée que par la chute d'une pièce de monnaie dans le gobelet placé devant lui. Ce matin, une trentaine de musiciens arrivent à sa hauteur, s'arrêtent, et entonnent en chœur quelques chants religieux. Une bonne dizaine de minutes s'écoulent ainsi, le joueur d'harmonica se demandant sans doute ce qui lui arrive… Ensuite un des hommes du groupe s'empare d'un mégaphone et se lance dans un monologue vantant les vertus de Jesu Cristo, comme il aurait vendu une lessive miracle ou le dernier balais serpillière automatique. Fin de la réclame, quelques tracts sont distribués aux passant et la petite troupe reprend sa route. Le retrouve sa solitude, le son de l'harmonica reprend sa place dans la rue Isabel de la Catolica, fin de la scène…
Cet après-midi, nous avons rendez-vous avec Miguel et Gerardo, deux mexicain étudiants le français, et qui cherchant un sujet pour réaliser une courte interview (en français), nous ont contacté via Facebook. Miguel nous interroge sur notre rapport au vélo, et Gerardo sur ce que nous pensons de l'art, tout simplement… Gerardo, en plus d'étudier le français, fait un doctorat de chimie pharmaceutique, tout projetant de devenir réalisateur de films !! Nous passons ainsi un bon moment à discuter, deux contacts de plus à Mexico.
En fin de journée nous filons en direction d'un genre de squat artistique où à lieu le vernissage d'une exposition collective à laquelle participe une amie de Léa. Nous ne la connaissons pas et mettrons un peu de temps à la retrouver dans le public, avec l'aide de Guillermo qui nous a accompagné. Une rencontre très rapide car le vernissage ferme ses portes, mais rendez-vous est pris la semaine suivante pour faire plus ample connaissance. La suite du programme est à base de concert et de soirée chez le copain de la co locatrice de Léa, mais je suis naze, j'ai repris froid après notre douche forcée à vélos l'avant veille… Je rentre donc dormir au chaud.
Jour 281 - Rue Regina
Samedi 7 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 282
Barth : Dimanche gris, un peu de boulot et beaucoup de repos, pas grand chose à signaler…
Nous allons entreprendre de remettre à jour un dossier de présentation de Geocyclab prenant en compte les premiers mois de production, et afin de solliciter de nouvelles subventions, de postuler pour des résidences, etc. C'est Anaïs qui va se charger de nous aider dans toutes ces démarches pas toujours évidentes à gérer depuis l'étranger et dans le flux de Geocyclab… Affaire à suivre très bientôt !
Le chantier est vaguement lancé aujourd'hui, mais on est dimanche, alors pas de violence…
Fanch : Dimanche, dimanche, dimanche.
Le jour du repos, mais aussi le jour où je me dois de rattraper mes écrits. Je n'ai donc pas grand chose de passionnant à raconter pour aujourd'hui.
Jour 282 - Plaza de La Constitución
Lundi 8 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 283
Fanch : La matinée se passe de commentaire tant elle fut improductive. Nous avions un rendez vous professionnel avec Anaïs qui ne pût aboutir, ni même vraiment commencer. On parle bien sur de rendez vous virtuel qui s'est transformé en perte de temps car impossible de se connecter correctement à internet. C'est dommage parce que nous devions parler de choses sérieuses à savoir qu'Anaïs à accepté de s'investir (encore) un peu plus en nous aidant dans nos tâches administratives. Et cela devrait vraiment nous soulager car nous éprouvons quelques difficultés à être efficace à ce niveau la.
Le résumé de l'après midi n'est guère plus passionnant étant donné que l'événement le plus important de cette partie de journée fut l'achat d'un boîtier externe pour le disque dur de notre ordinateur défunt et quelques composants électroniques.
Ici, nous ne buvons pas l'eau qui sort du robinet. L'eau en bouteille est généralement vendu sous le nom de deux marques plus ou moins bien camouflés, la première marque propose en autre un yaourt au bifidus actif, l'autre a créé le Père-Noël pour ne citer personne et elles seules, elles ont quasiment le monopole de l'eau potable Mexicaine… À méditer…
Barth : Nous venons de lancer un appel pour trouver un hébergement parallèlement sur Facebook et Coushsurfing, le sort en est jeté ! Si tout va bien on devrait enfin pouvoir quitter l'auberge… Pour fêter ça, après le déjeuner à notre cantine habituelle, direction la rue des boutiques électroniques et informatiques pour trouver un boitier de disque dur externe et quelques composants pour Fanch.
L'affaire est vite réglée et nous revenons juste à l'heure à l'auberge pour un rendez-vous sur skype avec Anaïs. Et là, pas de bol, la connexion est morte dans tout l'hôtel, impossible de discuter, on reporte au lendemain… Fin de journée plutôt festive, toujours en compagnie de Guillermo et de José !..
Jour 283 - Isabel la Católica
Mardi 9 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 284
Barth : Ce coup ci, tout va bien nous avons pu discuter avec Anaïs sur skype, pour faire un point sur son futur rôle de chargée de communication de Geocyclab. En effet, lors de son passage au Mexique nous avons évoqué le fait qu'il nous manque une personne en France pour nous aider à faire différentes démarches de communication et administratives que nous ne pouvons pas gérer simplement dans notre mobilité. Comme Anaïs vient régulièrement nous voir, elle est bien placée pour faire l'intermédiaire avec nos futurs partenaires. Avec son aide, nous allons donc pouvoir, postuler de nouveau pour quelques subventions, anticiper un peu plus les prises de contact dans les régions que nous allons traverser, et particulièrement les associations, fablabs, hacker-spaces, résidences ou écoles artistiques, et également traduire le site en anglais et autres choses essentielles en vue de notre arrivée en pays anglophones… Bref ! Le contrat est signé ! Geocyclab va certainement étendre son efficacité dans les mois à venir, grâce à Anaïs !
Dans l'après-midi, nous faisons un saut à l'atelier des Gruas Locas pour convenir d'un rendez-vous le lendemain avec Ruben pour aller visiter un des plus grands marchés d'objets de récupération et de contrefaçons. De retour à l'auberge, Fanch se plonge dans une séance de bricolage électronique tandis que je m'occupe de répondre aux nombreuses propositions d'hébergement que nous avons reçu sur internet. Rien de sûr pour le moment, mais la réactivité de tous ces gens que nous ne connaissons pas nous impressionne ! Et nous avons également une piste pour pouvoir bosser sur un autre ordinateur en attendant le notre…
S'en suit une soirée tranquille à l'auberge, marquée par le passage impromptu de Ruben, au guidon de sa bicyclette « normale » qui est tout de même affublée de deux hologrammes en 3D format A4 rétro-éclairé par un système de leds… Bref ! Une apparition dans la nuit du centre historique de Mexico, qui vaut bien de partager une bière avant d'aller dormir…
Fanch : Le RDV manqué d'hier fut une bien meilleur réussite. Nous traversons une période de chômage technique un peu difficile à gérer moralement, (même si dans l'ensemble le constat est positif) mais je sens qu'on vient de trouver quelqu'un qui va un peu nous épaulé pour les épreuves administratives et j'ai envie de dire que ce n'est pas du luxe.
Puis je remet le nez dans cette sombre histoire de transducteur audio, je soude des composants, trifouille et me prend la tête entre autre à cause d'un manque évident de lumière (j'imagine au passage que certains clients de l'auberge me pensent cinglé du ciboulot)… Enfin bref, je perds mon sans froid et n'arrive à rien. Je me sens inefficace. Après trois heures concentré sur mes soudures je déclare forfait, je raccroche pour la journée.
La suite est plus heureuse… La guitare de Luis (voyageur, physicien étudiant la mécanique des fluide et musicien originaire du nord du pays) est de sortie. C'est parti pour une soirée folk aux accents mexicains. Nous l'accompagnons grâce à nos instruments de musique respectifs. Le Rock folk, c'est cool, toutes les mélodies tournent autours de 4 accords…
Jour 284 - Centro Cultural Faro Oriente
Mercredi 10 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 285
Fanch : Nous sommes dans le métro en compagnie de Ruben Castaneda, une bonne heure de trajet nous attends avant d'arriver au marché El salado. El salado c'est un monstre de bâches multicolores qui devait probablement être visible depuis la station spatiale Mir du temps ou elle était encore en activité. Sous ce voile de plastique plus ou moins hermétique sont disposé des centaines et des centaines d'étals relativement bien organisé. Certain stands propose une marchandise plutôt homogène, neuve ou de deuxième mains d'autres étalent à même le sol la recette de leurs exploration de poubelle. Basura (poubelle) c'est aussi comme cela que l'on nomme cet événement hebdomadaire.
C'est d'ailleurs cela qui m'interresse et je retrouve là une ambiances similaire à celle du « marché ferraille » d'Agadir (petite pensé pour Hafid) et plus généralement les marchés des pauvre que l'on croisait dans toutes les villes marocaines. Ici c'est le paradis, on trouve de tout, pour tout le monde et pour tout les goût. Tube de identifie à moitié plein, collection de branches de lunettes ou de vérins hydrauliques, bébés iguanes, électronique hors service, marteau-piqueur et cigarettes, tacos et robe de soirée mexicaine made in china… L'ambiance général est plutôt décontractée je dirait même sympathique alors que ce quartier est réputé dangereux… Et hop je passe dans un nuage de marijuana… Ceci explique certainement cela.
Une grosse averse éclate sur El Salado, les moins bien équipés n'ont pas le temps de emballer, la marchandise est gâté mais bon, ça va sécher et dans une poignée de minutes les traces d'humidités auront auront disparus, à l'extérieur en tout cas.
Plutôt que de nous faire tremper, nous préférons trouver refuge tout près d'ici au Centre culturel « FARO de Oriente ». La façade extérieur donne envie d'y pénétrer, ça tombe bien, c'est ouvert.
Plusieurs ateliers fragmentent l'espace bien agencé du hangar. Là c'est la sérigraphie, ici il y a trois presses pour la gravure, à l'étage il y de quoi confectionner des vitraux, maquettes et un espace d'exposition occupe le hangar la dernière mezzanine de l'architecture. C'est en somme une « Maison Pour Tous » à l'image de la ville, énorme et vivant! C'est un lieu comme celui la qu'il faudrait pour LibLab!
Puis, nous découvrons au fond du bâtiment, un modeste local réservé au Computer Clubhouse. Nous rencontrons Alejandro Jiménez Espinosa, un des animateur de ce petit espace ou l'on enseigne à de petits petits hakers l'art du recyclage, bidouillage électronique et sonore tout en les sensibilisant aux notions relatives au partage et au travail collaboratif. Très intéressant tout ça! Dans la foulé, Alejandro nous présente à Zopi qui d'après ce que j'ai compris serait un activiste du deux roue non motorisé et animateur d'une émission radio consacrée à la mobilité urbaine. Enfin Zopi nous parle d'un lieu qui éventuellement pourrait nous intéresser… Il s'agit de la « Casa De Bicitekas » un lieu ou se croisent activistes velocipédistes, artiste, bricoleur, musicien et bien d'autres… Tout cela laisse rêveur et laisse présager une suite riche en rencontres… À faire, à suivre!
Barth : Dix heures du matin pétantes, nous voici devant la grille fermée des Gruas Locas, rejoints une minute plus tard par Ruben qui nous ouvre les portes. Nous déposons nos montures respectives à l'abri et repartons aussitôt en direction du métro. On termine de se réveiller dans le wagon d'un métro, puis un deuxième, puis une sorte de RER qui nous emmène au final à une petite heure du centre, à l'endroit où se tient l'immense marché El Salado tous les mercredi. Quatre heures de promenade avec une pause tacos tout de même, dans des ruelles délimitées par des tas et des tas d'objets récupérés des poubelles de Mexico, triés, nettoyés, et alignés, à perte de vue ! Beaucoup de contrefaçons de chaussures et d'habits de marque également, et tant d'autres choses qui sont plus sûrement passées par la poche d'un pick-pocket que par le circuit des ordures de Mexico… Pas un touriste à l'horizon, Ruben qui nous guide tout en papillonnant comme un enfants au milieu des pièces détachées de véhicules, je ne me sens néanmoins pas assez à l'aise pour sortir facilement l'appareil photo.
Ensuite, Ruben nous avait programmé une petite visite immense centro cultural El Faro de Oriente. Un bâtiment vieux d'une douzaine d'années et qui abrite de nombreuses activités et où nous avons dégoté une sorte d'atelier d'initiation à la création numérique, au hacking, à Arduino, pour des enfants de moins de quinze ans ! On frappe à la porte quitte à déranger un peu et nous sommes accueillis par Alejandro qui nous présente l'endroit et le projet avec une spontanéité incroyable. Ce n'est surement pas la première fois qu'il se prête à cet exercice.
Le Computer Clubhouse est un réseau mondial d'apprentissage informel, fondé par Mitchel Resnick et Natalie Rusk du MIT et financé en grande partie par la société Intel… Malgré cette apparence institutionnelle, nous sommes ici dans un quartier plutôt populaire de Mexico et les enfants ou plus grands qui viennent ici, y trouvent des outils, des connaissances, et des interlocuteurs passionnés pour répondre à leur curiosité. Nous en savons assez pour être sûrs de prendre le temps de repasser bientôt ! Avant de partir, nous rencontrons également Zopi, s’apprêtant à commencer l'enregistrement de quelques musiciens dans le studio tout neuf au fond de l'atelier. Zopi bosse pour une émission de radio « Bicitlanradio » où il es surtout question de bicyclettes ! Ça tombe bien, on fait le tour du monde en vélos.. Échange de cartes de visite, on reste en contact ! Et au passage, on cherche un plan pour se loger pas cher ?.. Oui ? Vraiment ! Il nous suffit de contacter un endroit qui s'appelle « la casa Biciteka », il devraient pouvoir nous arranger le coup… Tout ça se passe très vite, en espagnol, mais je sens qu'une piste alléchante est en train de se profiler. Bicitekas a l'air d'être une organisation qui promeut les usages du vélo, et la « casa » un atelier où se mélangent réparations de vélos et activités artistiques !!!
Nous verrons cela demain, il est temps de rentrer si on ne veut pas encore une fois pédaler sous la pluie du soir… Encore raté !
Un message d'une française, copine d'un mexicain qui connait Bicitekas, nous propose de nous héberger et de nous prêter un ordi sous Linux..!
Le rythme s'accélère ! On décide de passer une nuit encore à l’hôtel pour décoller vendredi donc pour un nouveau QG. Le temps d'aller jeter un œil à la Casa Biciteka demain…
Jour 285 - Calle 16 de Septiembre
Jeudi 11 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 286
Barth : Ce matin nous avons eu des nouvelles du SummerLab qui se tient en ce moment même à Nantes. Nous y avions participé l'an dernier, trois mois avant notre départ de France, et si tout va bien nous pourrons saluer tous les participants de cette année via skype demain matin !
Vers 14h, nous décollons à vélo en direction de la fameuse Casa de Bicitekas dont nous avions entendu parler la veille. Toujours dans le centre historique, à une dizaine de minutes de l'auberge, nous trouvons sans trop de problème la Central del Pueblo, aussi appelé Centro de Artes Libres, une immense maison qui abrite plusieurs ateliers dont celui de Bicitekas.
Le bâtiment datant du milieu du 17ème siècle, est une ancienne école carmélite, un peu à l'abandon… Le lieu est désert quand nous arrivons, seule une femme de ménage est en train de balayer la cour ensoleillée au centre de laquelle trône un magnifique escalier en pierre permettant d'accéder à la terrasse supérieure. Nous patientons un peu en discutant avec des enfants de passage jusqu'à l'arrivée d'Oscar, suivi de près par Ernesto, qui nous ouvrent les portes de la Casa Biciteka en nous présentant un peu les choses. Bicitekas est une organisation qui promeut la pratique du vélo au Mexique, et la casa Biciteka en est l'atelier, ouvert à tous pour bricoler des vélos. En gros, nous sommes les bienvenus, pour loger ici gratuitement et surtout pour réaliser une installation artistique et présenter un peu Geocyclab ! Une opportunité sur mesure qui redonne du sens à notre si longue attente à Mexico !!!
De retour à l'auberge, réunion de crise autour d'un coca et de gâteaux secs pour décider de la suite du programme… Nous quittons donc l'auberge demain pour aller passer quelques jours chez la Française qui nous invite, le temps de relancer le site internet grâce à l'ordinateur qu'elle nous prête, et de préparer un peu notre « résidence » au Centro de Artes Libres. C'est donc notre dernière soirée à l'auberge, mais nous repasserons voir José, Guillermo et tant d'autres avant de quitter Mexico…
Fanch : Encore une chose guère passionnante occupe mon temps du matin. Trier, classer nos objets du jour et reporter leurs identités sur un document web en prévision de l'imminente (j'espère) et grosse mise à jour du site de Geocyclab. En effet, nous avons été contacté par Nathalie qui nous propose un hébergement ainsi qu'un ordinateur sous Ubuntu ce qui va probablement nous permettre de travailler à nouveau. L'ensemble de nos données et de notre système sont installés sur le disque dur de notre ancienne machine. Nous l'avons récupéré et intégré dans un boîtier usb. En le connectant sur un ordinateur qui tourne sous Linux (Ubuntu), nous aurons (normalement) presque l'impression de travailler sur notre système. Avez vous compris? Une version imagée: on transfère l'esprit et la mémoire de notre ordinateur portable dans un autre carcasse.
Cette nouvelle est positive et demain nous aurons un nouveau logis, plus calme (même si l'ambiance est plutôt sympathique ici) et surtout moins cher. Il est intéressant de constater que cette aubaine est dû à l'efficacité du web et en particulier à facebook qui au delà des ses nombreux mauvais points se révèle être un outils de communication bluffant. En y repensant, je pense que plus de la moitié des contacts que nous avons à Mexico sont issus d'une communication facebook…
Puis nous partons découvrir La Casa Bicitekas, le lieu dont nous a parlé Zopi (que nous avons rencontré hier). Nous y parvenons en quelques coups de pédales.
La grande porte de cette ancien couvent donne sur une voûte qui quelques mètres plus loin débouche sur une imposante cours intérieur. Il n'y a pour l'instant personne pour nous accueillir alors nous en profitons pour faire le tour du propriétaire. Un escalier de pierre s'élève du centre de l'espace avant de se diviser en deux branches qui permettent d'accéder aux terrasses de l'étage supérieur. Le périmètre du patio est constitué de plusieurs petits locaux aménagés pour la plupart en ateliers (vidéo, réparation de vélos, sculpture, sérigraphie, menuiserie, bibliothèque…) Nous sommes agréablement surpris par l'architecture de l'espace et par l'ambiance qui s'en dégage. C'est très tentant tout ça!
Oscar, que nous ne connaissons pas encore débarque le sourire aux lèvres. Il est responsable de l'atelier vélo. Nous nous présentons mutuellement puis la conversation s'engage. Nous l'écoutons décrire les activités du lieu et parlons à notre tour de notre projet. Rapidement nous nous sentons à l'aise et pensons qu'il y a ici une belle carte à jouer, statistiquement parlant mais aussi en ce qui concerne notre recherche sur les Objets Libres puisque nous sommes de toute évidence tombé dans un lieu ou le mot travail rime avec celui de collaboration. Nous négocient rapidement et facilement un hébergement en échange d'une présentation de notre périple. Mais c'est aussi l'occasion de faire une installation d'autant qu'Oscar et Ernesto (qui vient de nous rejoindre) semblent tous deux enjoués à l'idée que Geocyclab occupe l'espace durant quelques jours.
Pour le moment rien n'est décidé mais cette perspective de nous remettre à l'oeuvre en attendant la livraisons de notre ordinateur nous enchante réellement. Nous décidons néanmoins d'emménager quelques jours chez Nathalie en espérant se débarrasser du travail qui nous attends concernant la remise en route du site internet mais aussi de monter rapidement un projet d'installation que nous soumettrons a l'équipe de Bicitekas. La motivation est de retour!
Jour 286 - Rancho Electronico
Vendredi 12 juillet 2013 - 8 kms - Post n° 287
Fanch : Levés à 7h30 pour un rendez vous virtuel avec le SummerLab Nantais qui n'a finalement pas eu lieu, c'est un peu décevant. Mais bon, cela nous laisse le temps de faire nos « valise » car nous nous quittons l'auberge qui fut notre Q.G. durant ces 15 derniers jours. Direction le quartier de Portales, la demeure de Nathalie et d'Oscar nous attend. 8 kilomètres et une quarantaine de feux tricolores plus loin, nous voici enfin arrivés. Il est midi.
Nathalie nous accueille comme si nous nous connaissions depuis une éternité. Comme à notre habitude, nous nous présentons mutuellement, la vie, les projets et j'en passe. Elle est française, il faut bien dire que cela facilite le protocole. Enfin bref, toujours est il qu'en attendant l'arrivée d’Oscar son compagnon de vie, Nathalie nous dévoile nos appartements et en guise d’introduction, elle nous met à l'aise avec un jus de mangue maison.
Oscar est maintenant parmi nous, le déjeuner est une occasion d'en apprendre un peu plus sur nos hôtes. Nous mangeons donc en compagnie d'une polyglotte spécialiste du Shiatsu et d'un jongleur activiste pro Zapatiste, doctorant spécialisé dans les mouvements sociaux. Notre conversation fait figure d'introduction à une « collocation » qui promet d'être enrichissante.
Après une petite sieste nous levons le camps pour une petite visite des locaux du hackerspace Rancho electrónico qu’Oscar a l’habitude de fréquenter . Nous arrivons en plein coeur d'une initiation aux logiciels Open Source de modélisation et d'animation 3D, Blender qui commence sérieusement à concurrencer ses homologues propriétaires. La découverte de ce lieu et les brèves rencontres que nous y avons fait laisse présager là aussi de belles découvertes concernant notre recherche sur les Objets Libres. Nous ne nous attardons pas mais nous reviendrons demain.
Le seul point noir de cette journée, c'est cette histoire d'ordinateur qui ne veux pas reconnaître le système installé sur notre disque dur. Il ne fonctionne pas en USB (en disque externe) alors ce soir, Barth s'acharne à démonter la machine que nous prête Oscar. le but de cette manœuvre est d'inter-changer les disques dur et démarrer sur notre système d'exploitation et ainsi se remettre au boulot sur la version virtuelle de notre ordinateur. Cette tâche achevé, un message s'affiche sur l'écran noir: « error system »…
Barth : Levés tôt pour notre rendez-vous Skype avec le summer-lab de Nantes, nous n'avons finalement aucune nouvelle… Ce qui nous laisse tout le temps de faire nos sacs tranquillement pour rejoindre la maison de nos futurs nouveaux hôtes avant midi. Une bonne heure de route tout de même, pour seulement 6 kms parcourus, la faute aux nombreux feux rouges qui nous ralentissent. Il fait beau, presque chaud quand nous arrivons devant la porte de la maison. Comme nous l'avait indiqué Nathalie, les chiens devraient la prévenir de notre arrivée.
Effectivement, au bout de quelques aboiements, la porte s'ouvre et nous faisons connaissance. Nathalie est française, de la Réunion, et vit au Mexique depuis plus de quatre ans avec Oscar qui nous rejoindra un peu plus tard. Musicienne, étudiant le portugais et le shiatsu, le contact passe super bien et en quelques instants on se sent comme à la maison. En attendant qu'Oscar rentre du boulot, je commence à tester le démarrage de notre disque dur sur le notebook prêté par nos hôtes. En vain… Arrivée d'Oscar, essoufflé par la visite touristique à vélo qu'il vient de guider pour un couple d'australien. Ce n'est pas son boulot principal car Oscar est avant tout doctorant en sociologie des mouvements sociaux. Il étudie la mise en réseau de différents groupes de luttes paysannes en Argentine, au Mexique… Très intéressant ! Nous lui parlons de notre passage à Marinaleda, il nous parle de ses amis qui bossent dans un hacker-space pas loin d'ici, et qui pourraient peut-être nous aider un peu pour notre histoire d'ordinateur qui ne démarre pas..!
Après un copieux déjeuner, et une sieste digestive obligatoire, nous prenons tous les quatre la direction du Rancho Electronico, le fameux hacker-space où a lieu ce soir une projection de courts-métrages réalisés avec des logiciels libres. Quelques stations de métro plus tard, nous voilà donc sur place, dans un petit hangar où se termine un atelier consacré à Blender (logiciel de synthèse 3D open-source). Nous faisons connaissance avec James, le responsable du lieu, et d'autres personnes dont un espagnol de Barcelone qui a mis au point une caméra presque entièrement open-source (seul l'objectif n'est pas encore DIY..)
Bref ! Un lieu qui sent bon les rencontres et l'activité système D ! Après avoir assisté à la projection des courts-métrages assez impressionnants techniquement, Oscar expose notre problème à un inconnu, qui en quelques minutes nous fait un diagnostic plus précis au sujet du disque-dur. Il va falloir tenter de monter notre disque dans l'ordi directement, sans passer par le port USB…
Avec dans l'idée de revenir demain pour creuser un peu les rencontres, nous prenons congés et laissant Oscar et Nathalie aller de leur côté à l'anniversaire d'une de leurs amies, nois regagnons leur petite maison pour nous reposer. Un détour par une pizzeria-jazz et un test de montage du disque-dur toujours infructueux, il est temps d'aller ronfler après cette grosse journée…
Jour 287 - Rancho Electronico
Samedi 13 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 288
Barth : Une nuit reposante, suivie d'une matinée tranquille… Oscar est parti au boulot, remplacer une amie pour donner un cours à l'université, Nathalie répète quelques chansons avec une amie sur la terrasse, je cherche des informations sur le problème de notre disque dur. Apparemment c'est une histoire de Grub abîmé, en d'autres mots ça sort de mes compétences, il va falloir repasser au Rancho Electronico.
Oscar est de retour juste à temps pour le début de la finale de foot de la Golden Cup, France-Uruguay, que nous suivrons d'un oeil en dégustant le tajine que Fanch a préparé. Ensuite, pas le temps de faire la sieste, nous décollons directement pour le Rancho Electronico, alors que le ciel commence à lâcher ses premières gouttes… La pluie éclate, suivie de près par l'orage, quand nous nous posons pour assister à une présentation sur les principes de sécurité en vigueur sur internet, en attendant d'attraper un des hackeurs présent ici…
Finalement, James, l'ami d'Oscar qui aurait pu nous aider un coup, n'est pas dispo. Beaucoup de monde est venu assister à l'atelier et comme il est en quelque sorte le responsable des lieux, il se retrouve un peu débordé.. Bref ce n'est pas le moment, et heureusement il aura su nous dire non, sans quoi nous aurions été très gênés… Quelques conseils, un rendez-vous lundi soir pour essayer de régler cette histoire, et nous voilà repartis, dans le froid et la pluie. Oscar retrouve Nathalie et ils repartent directement tandis que nous rentrons pour nous reposer…
Fanch : Réveil en douceur, cela pourrai presque ressembler à une grasse matinée. J'espérais travailler un peu mais le temps d'aller faire le marcher, de cuisiner pour nos hôtes, de manger, de boire le café tout en bavardant et il est déjà l'heure de se rendre à « Rancho Electrónico » comme nous l’avions prévu hier. Nous espérons trouver là bas un peu d'aide concernant notre disque dur qui persiste à nous créer des problèmes. Non seulement celui ci n'est pas reconnu par l'ordinateur d’Oscar (qui tourne sous Ubuntu) mais il ne reconnaît plus le disque d'origine (celui d'Oscar donc). Aie aie… Positivons, pas de panique tout va s'arranger… Un jour… Sûrement.
En arrivant au hackerspace, l'ambiance est studieuse, le vidéo projecteur diffuse sur un mur du hangar les représentations graphiques d'une circulation de données ou d'informations intra-web. C'est beau mais j'avoue ne pas comprendre grand chose, mon espagnol me fait une fois de plus défaut. Nous arrivons donc en pleine conférence sur « la protection des données et des communications personnelles sur le web ». Le sujet est complexe mais certaines solutions existent pour peu que l'on prenne le temps de s'y intéresser. Et apparemment c'est le cas d'une cinquantaine de personnes présentes ce soir .
Après la conférence, chacun semble affairé et tout particulièrement James, qui d'après Oscar pourrai être notre homme. Nous sentons que ce n’est pas le moment de déranger et préférons remettre cette histoire de disque dur à plus tard.
Jour 288 - Calle Presidentes
Dimanche 14 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 289
Fanch : « Un dimanche comme les autres, ordinaire » C'est ce que j'aurai tendance à dire. Nous nous sédentarisons inexorablement et J'avoue commencer à m'inquiéter. Je… Prends sérieusement du bide. Mais bon, jouons sur le fait que nous partirons bientôt et que je retrouverai prochainement mon corps d'athlète, ou pas. Enfin, pour le moment, nous sommes au restaurant avec Victor (comme dimanche dernier) et l'heure est à la dégustation, je me préoccuperai de mon ventre plus tard. Enfin voilà, tout cela pour dire que des habitudes se mettent en place, en soit, celles ci ne sont pas désagréables mais dans un contexte comme celui du voyage, cela ne me convient guère.
A peine sortis de table et pendant que Barth se prend la tête avec cette histoire de disque dur qui ne « boot » pas, je prie pour qu'il trouve une solution tout en coupant les oignons pour le repas de ce soir. Nous le partageons avec Oscar et Nathalie avec qui c'est toujours un régale de discuter.
Demain, nous avons Rendez vous avec James, l'un des responsable de Rancho Electronico et par ailleurs doué d'une connaissance approfondi en matière de Linux. Il est prêt à nous donner un coup de main… On se sent moins seul mais rien n’est encore gagné. Affaire à suivre…
Barth : Ce midi nous avons rendez-vous avec Victor pour déjeuner, prés du métro Portales ou habitent Oscar et Nathalie. Nous nous rendons dans un petit restaurant de spécialités du Yucatan qu'un ami de Victor tient. Les plats sont simples mais délicieux, on reviendra ! Avant de quitter Victor, nous faisons ensemble le tour du marche couvert ou nous débusquons des boites de plastiques pour remplacer celles qui avaient éclate lors de notre voyage en avion. La pharmacie, l’électronique et d'autres bricoles plus fragiles vont pouvoir retrouver une protection !
Retour chez Oscar et Nathalie ou je passe la fin de journée à tenter tout de même de réparer le GRUB de l'ordinateur qu'Oscar nous a prêté, afin de pouvoir le démarrer sur notre disque dur… En vain. En passant du temps sur toutes ces impasses techniques, je comprends peu à peu comment tout cela fonctionne et j'imagine pas mal de choses à changer dans notre future manière de fonctionner. Quand nous aurons le nouvel ordinateur entre les mains, il faudra mettre en place un système de sauvegarde automatique de tout le système sur un disque externe, afin de pouvoir plus simplement travailler en cas de nouvelles panne… Une soirée film à la télé avec nos hôtes me permet d'oublie un peu ces tracas pour aller dormir…
Jour 289 - Calle Isabel la Católica
Lundi 15 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 290
Barth : Lundi, mi-juillet déjà..! Oscar et Nathalie sont levés avant nous et nous les rejoignons pour un copieux petit déjeuner ! Royal même ! Au menu du jour un petit tour dans le centre pour lancer la recherche de matériel en vue de l'installation que nous allons réaliser à la Casa Biciteka. Pour commencer en douceur, nous repassons à l'auberge Amigo pour retrouver Guillermo toujours accroché à ses tournois de poker en ligne. Nous allons donc déjeuner ensemble avant d'entamer notre tournée…
Tout d'abord direction l'atelier des Gruas Locas pour aller saluer Ruben et voir s'il peut nous aider à récupérer un peu de matériel, en particulier des bidons métallique. Il est bien là, en train de se préparer à déplacer le système de grue d'une dépanneuse à une autre… D'emblée il nous fait comprendre qu'il est passé à l'auberge la veille et qu'il ne nous a pas trouvé. Nous l'informons de notre déménagement et il nous fait visiter un ancien local de réunion d'alcooliques anonymes à l'étage de l'atelier, et nous explique que Victor Caballero, le patron et propriétaire des lieux, consent à nous le louer pour 100 pesos par jour ! Cool, encore un point de chute si notre séjour doit se prolonger. Après lui avoir présenté notre projet et convenu d'un rendez-vous jeudi au local de Bicitekas, nous laissons Ruben se plonger dans son défi mécanique.
Sur la route qui nous mène jusqu'à la Casa Biciteka, un gamin d'une quinzaine d'années tout au plus, nous bouscule en vélo et nous attend quelques mètres plus loin. J'ai l'appareil photo à la main et je sens tout de suite que c'est ce qui attire sa curiosité. Quelques insultes en anglais en pointant du doigt l'appareil, tandis que l'autre main semble chercher quelque chose à sa ceinture suffisent à laisser planer un doute quand à ses intentions. Je lui demande en espagnol s'il veut que je le prenne en photo, ce qui semble avoir pour effet de calmer son étrange agressivité, et je m’exécute donc sans trop me faire prier. Nous n'en saurons pas plus sur ce gamin dont les dernières paroles à notre adresse seront : « Cocaïne ?.. Héroïne ? What do you want ?… »
Après quelques kilomètres à pied dans des rues envahies de marchands de tous poils, nous arrivons donc à la Casa Biciteka, où sont en train de travailler Ernesto et Oscar que nous avions rencontré l'autre jour. Même topo, nous leur expliquons notre projet d'installation, faisons un point sur le matériel nécessaire et convenons de venir nous installer ici jeudi. Une date a été trouvée également, le vendredi 26 juillet à 20h, aura donc lieu une présentation de Geocyclab, une projection de nos haïkus et l'ouverture au public de notre installation interactive. Reste à rédiger un petit textes assortis d'images pour assurer la bonne communication de l’événement. Nous ne traînons donc pas trop, repassons à l'auberge Amigo pour saluer José et avaler une bière avant de retourner chez Oscar et Nathalie. Un peu de boulot, un bon dîner à base de tacos végétariens, suivi d'une soirée musicale d'essai de tous les instruments présents dans la petite maison sous forme de Jam Session mexicano-irlando-jazzo-africaine…
Fanch : Après un petit déjeuner remarquablement végétarien, cette journée est consacrée aux « On passe voir »
On passe voir Guillermo pour la traditionnelle “Comida Corrida” de midi (ça sonne mieux que “cantine” mais c’est exactement la même chose), maintenant que nous avons aménagé notre Q.G. au sud de la ville, il nous faut rendre visite à notre ami et comme au « bon vieux temps », se délecter d'une soupe de pâtes et d'une omelette au fromage baignant dans la sauce.
On passe voir notre ami Ruben de Las Gruas locas car il détient sûrement de nombreuses information qui nous serons utile pour trouver le matériel nécessaire à l'installation sonore possiblement prévu à La Casa Bicitekas. Conclusion de la conversation: Il va tenter de nous aider en se renseignant autour de lui et doit normalement nous faire signe jeudi prochain.
La série continue avec le « On passe voir Biciketas » confirmer notre aménagement dans les locaux du collectif ainsi que pour définir la date de la restitution de notre « résidence ». Nous nous installerons jeudi prochain et nous présenterons publiquement notre voyage, nos Haikus et une installation sonore environs dix jours plus tard.
Le dernier « On Passe voir », c'est pour saluer José notre barman mexicain préféré avant de reprendre le métro pour rejoindre nos hôtes qui non contents de nous avoir offert le repas du matin nous préparent celui du soir, tacos de pleurotes au menu.
Après le dîner, nous aurions dû passer voir James, de Rancho Electronico mais la « partie » à été annulée et reportée à demain. Barth ne se démonte pas, il semble vouloir prendre en main nos problèmes de disque dur et insiste pour trouver une solution. J'ai l'impression que cela lui tient à coeur autant que ça lui prends la tête.
Mais quand le mezcal de Oaxaca est servi, mon cher compagnon de route marque une pause et se libère pour trinquer avec nous et comme s’il la boissons avait emportée le pli, Barth nous fait honneur de sa présence toute la fin de soirée. Une soirée mélodique, tout le monde met la main à la pâte… Soirée cumbia!
Jour 290 - Calle Canarias
Mardi 16 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 291
Fanch : Voici 54 jours que nous sommes au Mexique, presque dans l'attente. Je ressens clairement un manque d'action alors même que nous sommes en plein dedans… Nous avons probablement trop de chose à penser, l'organisation n'a jamais été mon fort et dans l'urgence, mon esprit s'embrouille. Il faut penser à la suite du voyage (timing, visas, itinéraire…) gérer cette sale histoire informatique, continuer à mener l'enquête concernant les objets libres, préparer mentalement, logistiquement l'installation sonore à la Casa Bicitekas et se remettre à chercher des tunes.
Cette journée est donc administrative et nos pépins informatiques ne nous facilitent pas la tâche. Il nous faut pas loin d'une demi journée pour envoyer un mail de présentation de notre intervention à La Casa Bicitekas. Une demi journée pour un mail… Cela ressemble à une perte de temps, mais c'est nécessaire. J'enchaîne avec un début de révision de notre dossier présentation. Le projet à effectivement évolué depuis notre départ et un remaniement s'impose.
La suite se déroule à Rancho Electronico en compagnie de Barth, d'Oscar et de James qui fait partit de la famille des Linuxiens expérimentés. Ce dernier se concentre sur notre disque dur mais aussi sur celui d'Oscar qui n'est plus reconnu par son ordinateur depuis que nous l'avons manipulé. Enfin bref, ce n'est pas la fête et même si nous gardons le sourire devant James et Oscar, certainement pour paraître polis, le verdict qui tombe en fin de soirée ne nous enchante guère. Deux partitions de notre disque sont endommagées ce qui veut dire que nous ne pouvons pour le moment pas accéder ni au serveur local de notre site, ni à nos données (un mois et demi de photo, vidéos et sons). La partie n'est pas encore perdu mais le suspense est à son comble. Affaire à suivre.
Barth : La nouvelle du matin est que notre nouvel ordinateur vient d'arriver chez Fanch à Rennes. Encore quelques réglages, un océan à franchir et nous pourrons enfin replonger dans le boulot ! Mais ça nous laisse le temps de tenter la réparation de celui d'Oscar pour gagner un peu de temps. La matinée est consacrée à la rédaction d'un gros mail pour Bicitekas, en utilisant l'ordinateur d'Oscar démarré sur une clé USB. Le travail est freiné par la lenteur du système mais nous en venons à bout finalement.
Affamés, Oscar nous entraîne jusqu'à un petit stand de nourriture près du marché où nous dégustons quelques réconfortantes quesadillas ! J'ai juste le temps de me couper les cheveux, ce qui n'était pas arrivé depuis Iznajar en Espagne, avant que nous repartions tous les trois en direction del Rancho Electronico !
Nous débarquons en pleine réunion d'un des nombreux collectifs qui utilisent les locaux du Rancho. James qui semble être de tous les coups, préside plus ou moins cette réunion et nous fait comprendre que nous devons patienter un peu. Pas de souci…
Vers 22h les hostilités sont lancées. James s'immerge dans le terminal de la machine d'Oscar et une heure plus tard le diagnostic est là, non seulement la partition est abîmée mais en plus il manque deux répertoires indispensables au bon fonctionnement de Linux… Mystère ! Mais il n'en faut pas plus pour éveiller la curiosité de notre sauveur, et la réparation s'engage à grands coups de tutoriels trouvés sur le web… 1h30 du matin, le problème est considéré comme rare et difficilement soluble ! Tant pis, on aura essayé.. Il va falloir réinstaller un système sur l'ordinateur d'Oscar et prendre plus de temps pour récupérer les données sur notre ancien système. Mais pour l'heure, un taxi et au lit !
Jour 291 - Calle Canarias
Mercredi 17 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 292
Barth : Pendant qu'Oscar installe Debian (une autre distribution de Linux) sur son ordinateur, je fais un peu de courrier et une lessive profitant du soleil qui se fait rare ces derniers jours… Après un déjeuner rapide, nous suivons Oscar pour une promenade à pied sous un ciel chargé. Nous allons rejoindre une amie à lui qui tient « Cyclecity », un journal et une web-radio consacrés aux usages du vélo, et qui souhaite nous interviewer. À 500 mètres de notre objectif, le ciel se crève, la foudre tombe et un déluge nous force à trouver un abri pour attendre au sec. Une petit heure s'écoule ainsi avant de retrouver Gabriela et son comparse à une terrasse de café.
Je parviens, avec l'aide d'Oscar pour le manque de vocabulaire, à exposer notre projet et à répondre aux différentes question en espagnol. Le froid et l'humidité nous poussent à regagner rapidement la maison d'Oscar ou nous retrouvons Nathalie qui vient de rentrer du boulot.
La dernière soirée chez nos hôtes se passe dans un restaurant uruguayen autour d'une pizza d'un mètre et de quelques bières. Nous repartons le lendemain pour nous installer à la Casa Biciteka, mais nous reverrons Oscar et Nathalie avant de quitter Mexico ! Inconnus une semaine avant, ils nous ont reçu comme des amis et nous ont fait rencontrer et découvrir tant de choses, impossible de se quitter comme ça, avec plein de choses à faire encore ensemble..! Avant d'aller dormir, je profite de l'ordinateur pour derusher les images du mois passé et libérer ainsi de la place sur nos cartes SD…
Fanch : L'événement du jour se concrétise sous une pluie d'orage. Une grosse pluie, une grosse grosse pluie qui ne cesse pas. Nous sommes sous le auvent d'un salon de thé et attendons le retour d'Oscar parti chercher deux de ses connaissances.
Les questions s'enchaînent et son posées par les deux jeunes journalistes de la radio-journal Bike City. Barth semble être de plus en plus à son aise avec l'espagnol et répond à nos interlocuteur avec une assurance prononcée. Quant à moi, je comprends la plupart des questions, cela me surprends d'ailleurs, mais j'ai parfois l'impression d'avoir perdu la voix, malgré une envie irrésistible de prendre la parole je ne peux malheureusement m'exprimer qu'avec de grands gestes et quelques expressions sommaires. Mais en m'appuyant sur le contexte je peux dorénavant suivre une conversation ce qui ne fut (et ne sera) pas toujours le cas.
Jour 292 - Central Del Pueblo
Jeudi 18 juillet 2013 - 10 kms - Post n° 293
Fanch : C'est parti pour un remballage. J'aligne mes sacoches pour les remplir méthodiquement, un reflex né du voyage que je n'a pas encore perdu depuis que ne nous bougeons plus. Nous quittons l'appartement de Nathalie et d'Oscar à qui nous n'avons pas dit adieu car nous allons nous revoir dans les jours qui viennent. La fait de ne pas partir rend les au revoir plus facile, c'est un peu notre lot de consolation…
En route pour la Central Del Pueblo, ancien couvent situé à proximité du centre historique de Mexico. Quelques appartement partagent l'espace avec plusieurs locaux d'associations culturelles dont l'atelier de Bicitekas. Nous sommes reçu par Oscar et Sergio. Ce dernier, après avoir inspecté nos monture et proposé de nous aider à les remettre à neuf nous fait faire le tour du propriétaire. Nous dormirons ici ce soir ainsi que toute la semaine à venir, sur la mezzanine surplombant de l'atelier de réparation de vélo. L'ambiance est plutôt cosy, Sergio nous laisse un trousseau de clés, ça y est, on peut dire nous sommes chez nous.
Les livres et magazines de la petite bibliothèque de la mezzanine nous rappellent étrangement que l'univers dans lequel nous sommes tombés jouxte celui du hacker, de l'herboriste, de l’activiste anarchiste. (ex: Nowtopia, how pirates, programmers, out law bicyclistes and vacant lot gardeners are inventing the future today)…
Barth : Nous levons le camp ce midi. La matinée est consacrée au rangement de nos sacoches et à quelques mails dans la petite maison vide de nos nouveaux amis. J'écris un mail à l'équipe de Linux Quimper pour les informer des dernières nouvelles de notre disque dur, histoire de gagner du temps pour la suite… Étrange sensation de claquer derrière nous la porte de cette bulle reposante et ressourçante au cœur de Mexico, malgré la certitude de se revoir très bientôt ! Je ne pensais pas si bien dire, quelques coups de pédales et nous tombons sur Nathalie qui rentre de son cours de Shiatsu. Nous partageons un déjeuner avec elle aux abords du marché en discutant de sa vie à la Réunion, au Mozambique, en France et aujourd'hui à Mexico.. Le nomadisme à une autre échelle ! Avant de refaire les dix kilomètres nous séparant du centre historique…
Une rapide halte à notre ancienne auberge pour leur demander s'il est possible de nous faire livrer l'ordinateur chez eux, « no problem » me répète trois fois le patron, et nous voici arrivés à la Casa Biciteka quelques minutes avant la pluie. Oscar, Cesar et Sergio nous accueillent bien tranquillement, tout en retapant quelques vélos à pignons fixes… Notre nouveau QG est une mezzanine meublée d'un lit, d'un canapé et d'une bibliothèque, suspendue au-dessus de l'atelier de réparation des vélos. Un bloc sanitaire sommaire est caché sous le monumental escalier de la cour et l'installation électrique est construite en système D, mais l'ambiance décalée et accueillante qui règne ici nous promet de chouettes moments. Nous faisons connaissance avec Octavio, le doyen des lieux qui nous est présenté comme artiste, et Camillo, un baba cool bien marrant qui nous donne son numéro de téléphone pour qu'on puisse le prévenir si on se retrouve coincés dehors un soir en rentrant tard…
Prise de repères dans ce nouvel univers, prise de nouvelles au sujet du chantier à venir, du matériel, de la communication, les choses ont l'air lancées. Nous sortons dîner une quesadillla dans la rue en surveillant si Ruben ne passe pas avec son vélo spatial pour nous annoncer qu'il a trouvé les quatre bidons métalliques que nous cherchons… En vain.
Jour 293 - Central Del Pueblo
Vendredi 19 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 294
Barth : Quelques gâteaux secs vite avalés et nous voici sur nos vélos vides, fonçant dans le soleil matinal sur l'avenue déserte réservées aux métro-bus, en direction de l'atelier des Gruas Locas et en quête d'un café… Nous le trouvons à 200 mètres de l'atelier, le temps de bien me réveiller avant de me rebooter en mode « espagnol » pour converser avec ce cher Ruben. Nous le trouvons fidèle au poste, toujours aux prises avec son remplacement de grue sur une camionnette qui lui a visiblement réservé quelques mauvaise surprises de ferraille à remplacer ou ressouder. Mais Ruben est un amoureux du travail bien fait et rien ne pourrait lui faire perdre espoir. Il n'a pas trouvé les bidons, « tambos », que nous cherchons mais nous promet de poursuivre les recherches quand il a le temps. Nous le laissons donc replonger dans le métal et filons en direction de l'auberge Amigo pour y checker nos mails et éventuellement attrapper Guillermo entre deux parties de poker ! Il a trouvé une chambre et est parti le matin même nous dit le réceptionniste, et pour ce qui est des mails, Fanch nous a fait un super résumé de tout ce qui se passe avec notre futur ordi (système de sauvegarde automatique, multipartition, VPN..). Il veut encore prendre le temps de fignoler avec d'autres spécialistes et nous propose un envoi vers le 9 août.. Ça fait tard, mais on a tout les deux envie d'avoir un ordi qui marche pour de bon ! Il y a aussi des nouvelles de Piero qui nous a mis en contact avec Remy, un spécialiste des disques-durs qui prend notre affaire très à cœur, nous posant plein de questions pour récupérer nos données. Incroyables les mecs !!
On prendra le temps de répondre ce soir, pour le moment direction la rue des quincailleries que nous a indiqué Ruben. Nous y trouvons sans peine 40 mètres de câble, des tendeurs et boucles de serrages nécessaires, cette fois il ne nous manque que les bidons pour commencer. Après un déjeuner sur le pouce, nous retournons à Biciteka où nous trouvons Ernesto en train de ranger l'atelier. Nous partageons avec lui une bière artisanale qu'un voisin est venu nous offrir. Chimiste, biologiste, il fait de la bière et en vend dans l'espoir de financer un laboratoire, pour mener des recherche au sujet de l'environnement avec d'autres gens, architectes, sociologues… On en saura pas plus cette fois-ci mais j'espère bien le recroiser !
En fin d'après-midi, nous allons faire un saut au Rancho Electronico, dans l'espoir d'y faire quelques images, de donner quelques nouvelles du disque dur, de croiser Oscar peut-être, d'interviewer James… Rien de tout ça, il n'y a pas grand monde quand nous arrivons en même temps que l'orage. Pour patienter j'écris une réponse à nos anges linuxiens bretons, nous ressortons manger un morceau dans la cantina voisine, et alors qu'une projection de films débute, nous expliquons à James qui vient d'arriver, que nous repasserons une autre fois, de jour et avec moins de choses dans la tête pour faire des images. Retour à Biciteka, soirée parlote dans la mezzanine, deuxième nuit à l'atelier.
Fanch : Et voilà, nous nous réveillons tranquillement dans le petit atelier vélo de La Casa Bicitekas. Compte tenus cette première nuit au calme, notre séjour ici s'annonce plutôt reposant.
Après un café à l'américaine, action! Direction l'atelier de Las Gruas Locas ou nous devrions rencontrer Ruben. Nous lui avions demandé s'il pouvait se renseigner sur un éventuel lieu ou nous pourrions trouver des tambos. Tambo(s), c'est le nom espagnole qui désigne ces énormes bidons en acier servant pour le stockage et le transport d'huile de moteur, de dérivé de pétrole, de liquide en générale. Nous devons en trouver quatre le plus vite possible, ils font partis de notre liste de fourniture pour l'installation qui sera présenté vendredi prochain, dans une semaine donc, il ne faut pas traîner.
Comme prévu, nous croisons Ruben dont les main son encore noir de graisse puisque nous dérangeons notre ami en plein travail. Il nous apprend qu'il n'a pas trouvé ce que nous cherchons, il a bien quelques pistes mais à l'autre bout de la ville et sans moyens de transport motorisé, ramener à la Casa Bicitekas les 4 gros tambos relèverait d'un parcourt du combattant que nous ne sommes pas prêts à arpenter. Nous n'allons pas l'importuner plus longtemps et tenter de trouver une autre solution.
Entre temps, nous recevons un courriel de Linux Kemper (Fanch, Piero et Rémy). Notre problème de disque dur semble ne pas être réglé d'autant que ces prochains jours risquent d'être bien remplis par l'installation sonore.
C'est d'ailleurs à cette tâche que nous nous employons en faisant quelques achats de câbles et quincaillerie destiné à maintenir en tension le ressort et les 4 tambos dans les airs.
L'un des locataire du couvent de la Central Del Pueblo, se présente en décapsulant une bière de sa facture. Il est chimiste, et nous parle de son labo ou il travail avec un architecte, un designer, un ingénieur et je ne sais qui encore. De quoi nous mettre l'eau à la bouche, à cela s'ajoute que la bière que nous dégustons est sans aucun doute la meilleur que nous aurions goûté jusqu'à présent sur le territoire mexicain. Voilà de quoi exciter notre curiosité… Affaire à suivre.
C'est en fin d'après midi que nous décidons de prendre un métro bondé pour rendre visite à Rancho electronico et éventuellement faire un portrait audio visuel du lieu et de quelques uns de ses acteurs. Un coup dans l'eau, tout le monde semble affairé, encore une fois, nous restons quelque temps sur place mais ne voulons pas troubler l'ambiance. Nous quitterons le hakerspace bredouille mais ce n'est que partie remise.
Jour 294 - Calle Allende
Samedi 20 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 295
Fanch : Notre recherche de bidons métallique continue. Nous enquêtons du coté d'une « recycleria » ce qui n’aboutit pas mais nous oriente vers une autre piste, une autre « recycleria » qui ferme dans 10 minute et qui n'ouvrira ses porte que lundi prochain. C'est donc foutu pour les tambos et moi qui voulais me mettre au travail. Le weekend s'annonce calme, nous n'avons guère le choix que d'attendre lundi.
Des bidons, nous en croisons en permanence, à tout les coins de rue. Posés par paire sur un chariot à roulette, ils sont utilisés comme poubelles par les employés municipaux, on en croise aussi sur les trottoirs, sur les stands ambulants et parfois, posé sur un côté de la chaussée ou ils sont destiné à réserver une place de parking. C'est frustrant, voir rageant de constater que c'est quelque chose de courant sans vraiment parvenir à en savoir un peu plus sur leurs provenances.
Enfin bon, après avoir rencontré une partie de l'équipe du musée national d'anthropologie venus faire une micro formation la sécurité à vélo à Bicitekas (je ne comprend pas tout parfois…), l'heure est à l'apéro. Nous sommes à l'auberge Amigo pour concrétiser l'idée d'une petite bière en compagnie de notre ami José. L'apéro tourne en embuscade et 4 heures plus tard c'est dans un état d'euphorie avancé que rentrerons à nos appartements. Sans commentaires…
Barth : Après un passage dans un cyber du centre en fin de matinée, nous poussons la promenade jusqu'à une recyclerie de métaux que nous avait indiqué Ernesto hier, dans l'espoir d'y dégoter les quatre tombos. La boutique est bien là, mais trop petite pour abriter ce genre d'objets encombrants. On nous parle d'un autre endroit plus grand encore mais qui est fermé pour le week-end… On se le garde sous le coude pour lundi au pire.
Retour à Biciteka pour se reposer un peu, écrire beaucoup, et discuter pas mal avec les gens de passage. Tout particulièrement avec un groupe d’anthropologues en « initiation vélo urbain », qui prépare un projet de circuit des musées en vélo. Finalement, pas grand chose de nouveau concernant nos tambos…
On décide d'aller se changer les idées à l'auberge Amigo où en plus d'y retrouver José en bonne forme, on tombe sur un groupe de jeunes ingénieurs français en mission humanitaire et sur Bob, enseignant à la retraite qui explore le monde par addiction depuis toujours, entre deux retours en Californie. Chouette soirée qui repousse notre coucher à tard dans la nuit…
Jour 295 - Calle República de Brasil
Dimanche 21 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 296
Barth : Une matinée bien grasse nous emmène à boire un café vers 13h dans la quiétude dominicale de Mexico. Un petit tour sur internet pour confirmer le rendez-vous du jour avec Oscar et Nathalie, et pour trouver quelques nouvelles du dossier disque-dur… De retour à Biciteka où tout le monde semble dormir, nous patientons jusque seize heures en écrivant, somnolant, jouant de la musique… Dimanche quoi !
Avec une bonne heure de retard et sous une pluie battante, nous voyons arriver Oscar et Nathalie, tout désolés d'avoir loupé le rendez-vous. Nous avions prévu d'aller ensemble voir un combat de Lucha Libre, mais comme ils se sont perdus et que nous n'avons pas eu la présence d'esprit de les rejoindre directement au Coliseo, il est trop tard, ce sera partie remise ! Pour fêter ça nous allons partager une bière avec nos amis dans une cantina bondée en ce début de dimanche soir. Le temps de nous raconter un peu les dernières nouvelles et de planifier de se revoir dans la semaine et il se fait déjà tard. Retour à Biciteka en avalant une tortas, et au lit !
Fanch : Nous venons de battre le record de notre plus grasse matinée depuis le départ! Oui enfin ce n'est pas vraiment glorieux mais après la soirée d'hier… C'était nécessaire.
Écriture pour Barth, en ce qui me concerne je profite de l'acoustique du couvent pour faire quelques gammes. Je me laisse prendre par la musique, je voyage mentalement, comme pour combler un manque…
Nous attendons Oscar et Nathalie pour nous rendre au Coliseo, l'une des salles mexicaine de Lucha Libre. Mais nos amis se font désirer et la séance de catch se transforme en sage petite sortie dans le centre historique de la ville. Je vais m'arranger pour ne pas quitter mexico sans avoir goûter à l'ambiance délirante de la Lucha Libre, ce n'est donc que partie remise.
Jour 296 - Recycleria
Lundi 22 juillet 2013 - 4 kms - Post n° 297
Fanch : Nous n'avons guère le choix, il faut s'habituer au café extrêmement dilué. Ce matin Barth gère l'administratif quand à moi, je vais d'un pas décidé à la recherche de nos 4 tambos.
Lors de notre petite enquête de samedi dernier, un homme nous à parlé d'une recyclerie de l'autre côté de Reforma, à deux kilomètre d'ici (Central del Pueblo). Je ne suis pas convaincu d'y trouver les tambos tant convoité mais il faut tenter le coup.
J'y suis et ne tarde pas à découvrir la possibilité d'acquérir 4 tambos en bon état semble-t-il pour un prix raisonnable, impeccable! Reste à trouver le moyen de les transporter jusqu'au QG. Je fais donc le chemin inverse pour annoncer la nouvelle à Barth avant de faire le tour des résidents et ateliers de la Central del Pueblo pour y dénicher un chariot, un diable ou quelque chose du genre, tout pour ne pas porter les bidons à bout de bras sur les deux kilomètres qui nous séparent de la recycleria. Nous finissons par mettre la main sur un diable, il était juste là sous nos yeux dans l'atelier de Bicitekas.
Barth m'accompagne pour cette deuxième traversée d'un (tout petit) bout de la ville diable, en main. Sur place on nous demande de patienter vingt minutes mexicaines (une petite heure) car les bidons proviennent d'un autre local. Puis les voilà enfin, il sont beaux, rouge et vert et dans un états plus que correcte en revanche, il ne sont pas ouverts et… Il sont souillé par une huile de moteur grasse comme il se doit, ce qui nous laisse entrevoir une belle séance de nettoyage. Bref on verra ça plus tard ce qui compte pour le moment c'est de les rapatrier au QG. Nous en chargeons deux sur le diable et en avant pour un retour qui se passe sans encombre.
À la Central, Sergio et son sourire indetronable nous accueillent. Après une accolade mexicaine en guise de salutation, dans un sursaut d'hésitation il propose d'accrocher le diable sur sa bécane et d'exécuter le dernier aller-retour en bici. « Ok Sergio, si tu le sens comme ça… »
Ça n'a pas l'air de le perturber d'avoir deux gros cylindres métallique à ses trousses, je me demande d'ailleurs, à regarder l'attitude des passant si je ne suis pas le seul à trouver cette manoeuvre aussi amusante que risqué. Enfin bref… 1,2,3,4, le compte est bon, on va pouvoir s'y mettre.
Je passerai le reste de là journée à nettoyer l'extérieur des bidons, le plus crado reste à venir.
Barth : Après un rapide petit déjeuner, je reste à écrire quelques mails pour notre dossier panne informatique pendant que Fanch se rend à la recyclerie de métal qu'on nous avait indiqué samedi, en quête de nos fameux tambos ! Une bonne heure plus tard, le revoilà avec entre les mains la facture signée pour quatre bidons métalliques ! Reste à les ramener ici, sachant que ça se trouve à un quart d'heure de marche… Le temps de dégoter un diable dans el Central del Pueblo (plus exactement de retrouver celui d'Octavio qui traînait au fond de l'atelier de bicitekas après avoir déranger tout le monde…) et nous voilà partis en direction de la recyclerie. Le bâtiment n'est pas si immense comparé au défilé de camions venus négocier leurs dernières trouvailles.
Nous y attendrons une bonne heure que les tambos soient rapatriés depuis leur lieu de provenance, le temps de douter un peu de la suite de la journée tout en contemplant les allers et venus en ce point névralgique de l'économie de la rue. Finalement les voici ! Nos quatre tambos, deux rouges et deux verts à l'extérieur, trois roses gras et un bleu de l'intérieur… Nous en chargeons deux sur le diable avec quelques tendeurs et faisons le chemin du retour. Nous tombons alors sur Sergio qui vient de débarquer et qui propose d'accrocher le diable à l'arrière de son vélo pour le deuxième trajet. On n'imagine pas ce qu'on peut faire avec un diable avant d’avoir assister à quelques démonstrations mexicaines !!
Je file au cyber pour prévenir tout le monde que nous avons trouvé les tambos et que les recherches sont déclarées classées. Au retour de Fanch et Sergio, nous filons tous les trois avaler une comida pleine de tortillas et de frijoles avant de tourner de l'oeil.
L'après-midi est consacrée au nettoyage externe des cuves, ainsi qu'à leur vidage… Il reste toujours un petit fond de quelques litres d'huile rose fluo ou de liquide de refroidissement bleu schtroumph, de quoi remplir deux bidons de 10 litres ! En fin de journée l'équipe des volontaires de Bicitekas arrivent pour accueillir les vélocyclistes de passage venus redresser un guidon ou réviser un pédalier… Une petite bière avec José en fin de journée pour se remettre de toutes ces grasses émotions, et pour nous donner du cœur à l'ouvrage le lendemain car on attaquera alors le nettoyage intérieur !
Jour 297 - Central Del Pueblo
Mardi 23 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 298
Barth : Ça commence à devenir pas simple de raconter en détail tout ce qui se passe sur le chantier… Les journées sont vraiment pleines et les soirées sans énergie pour rédiger.
Aujourd'hui nous sommes retourné faire quelques courses d'outillage qui nous manquait, on a ensuite terminé de vider totalement les tambos avant de les ouvrir comme des boites de conserve à grand coups de ciseau à métal. Et puis il a fallu éponger la pellicule de graisse restante, lessiver de nombreuses fois au savon détergent soit-disant biologique, sécher, essuyer, absorber les dernières traces d'huile. Oscar et Nathalie sont passés nous voir à midi pour nous prêter un mini-PC qui pourrait nous dépanner et pour nous regarder manger en discutant le midi. Nathalie s'en va faire un tour dans le sud du Mexique avec une amie, mais nous serons encore à Mexico à son retour. La fin de journée est marquée par un apéro avec la joyeuse bande de punks cyclistes de la Casa Biciteka, avant de nous écrouler de fatigue…
Fanch : C'est la folie des articles de mode. Les boutiques de camelotes chinoises se comptent par centaine, les sacs à main par milliers. J'ai une sainte horreur de ces objets (même si je conçois qu'ils puissent être très utile à la gente féminine) leur profusion couplé à l'atmosphère rose bonbon (façon Hello Kitty) prédominante me donne presque là nausée. Le Mexique comme le reste du monde ne semble pas résister à la tentation du shopping low-cost… Qu'est ce qu'on fait là… Très bonne question, loin de l'esthétisme kitsch des apparats vestimentaires que les boutiques dégueulent à ne plus pouvoir respirer, nous cherchons un simple objet pratique, une serpillière à franges que nous ne trouverons pas. Le monde est fou.
Oscar et Nathalie passent nous faire un petit coucou, nous en profitons pour déjeuner ensemble dans notre nouvelle comida corrida, la moins cher et donc la plus populaire que nous ayons trouvé jusqu'à présent. Et l'heure arrive de se mettre au travail manuel. Retroussons nos manches, attention attention, travail sale et physique.
Vidange: Environs 15 litres d'huile et 5 litres d'antigel sont extrait de l'ensemble des fûts. Percage des bidons: Ce qui consiste à ouvrir les bidons comme de vulgaires boites de conserves en remplaçant le légendaire ouvre boite par un marteau et un burin. Après en avoir ouvert deux, Sergio et Oscar se charge des deux derniers
Nettoyage de l'intérieur des bidons: Cette tâche n'est pas non plus très funky mais se révèle moins fastidieuse que nous l'avions imaginée… Surtout sans serpillière.
En fin de journée, les tambos sont ouvert et plus ou moins propre… Affaire à suivre.
Jour 298 - Calle República de Uruguay
Mercredi 24 juillet 2013 - 4 kms - Post n° 299
Fanch : C'est Sergio qui nous réveil ce matin, il à l'air plus décidé que jamais à nous aider, tant mieux car nous ne sommes pas en avance. Nous commençons la journée par les traditionnelles petites courses car les étapes de construction de notre sculpture nous en apprennent toujours un peu plus sur le matériel auquel nous n'avions pas pensé précédemment. Mais la présence de Sergio est synonyme de gain de temps et même si ces emplettes prennent toujours plus de temps que prévu notre ami Sergio est fin connaisseur en matière de boutique de bricolage.
Réflexion, action. Barth discute du plan à avec Sergio, je laisse les intellectuels se brûler les méninges, il faut avancer et de nouveau je me retrousse les manches pour coller au travail manuel.
Au menu du jour: Percage des tambos, montage de la quincaillerie, puis teste d'un transducteurs audio sous le regard aussi intrigué qu'amusé des membres de Bicitekas.
Pour finir cette journée quelque peu active, nous posons nos postérieur sur les chaises de plastique blanc d'une église reconvertie en salle de concert et assistons à une représentation de percussions contemporaine. L'ensemble RAGA joue ce soir. RAGA, ça sonne indou et ça me plait mais comme bien souvent avec ce type de performance (représentation ou les musiciens sont d'avantage concentré sur leurs partitions que sur la musique elle même) je reste relativement insensible devant le manque d'investissement émotionnel des interprètes et je me contente de penser cette pratique en tant que performance technique, rien du plus. L'émotion appartient encore au compositeur qui semble-t-il oublia de la retranscrire sur ses partitions.
Barth : Huit heures pétantes, Sergio débarque, chassé du lit où il a passé la nuit. Ce réveil matinal en compagnie d'un acolyte pressé de voir à quoi va ressembler la structure, nous annonce une journée productive !
C'est sans compter sur le temps que prennent les derniers achats techniques. Même à vélo, guidés par Sergio, l'entreprise nous prend toute la matinée. On se rattrape l'après-midi en mesurant, traçant, perçant, limant, câblant nos quatre tambos. L'un d'eux suspendu dans l'atelier en direction du sol, servira de support à un essai des transduceurs qu'Anaïs nous avait apporté le mois dernier. Ce qui attire l’intérêt de nos hôtes, si bien que nous avons quelques difficultés à leur faire comprendre que ce n'est pas sûr que nous ayons le temps de les mettre en oeuvre…
Nous avons fait la rencontre de Lalu, un français vivant au Mexique depuis quelques années et qui nous propose de jouer les interprètes pour la présentation de Geocyclab que nous ferons le lendemain. Livreur à vélo lui aussi, et DJ, compositeur quand il a le temps, notre installation lui parle bien et c'est un plaisir de pouvoir en parler plus en détail, malgré tous mes progrès en espagnol…
Nous sommes mercredi soir, le jour de sortie de la tribu des cyclistes Bicitekas, qui s'approprient hebdomadairement les rues de Mexico comme de nombreux autres groupes. nous n'avons pas le courage d'enfourcher nos montures ce soir mais il faudra bien tôt ou tard que l'on se mêle à cette chevauchée nocturne en troupeau ! Du coup l'atelier s'est rempli de monde, mais nous filons, suivis par Sergio, pour aller assister à une performance de musique contemporaine dans une ancienne église recyclée en centre d'art. Un concert étrange de trois percussionnistes devant des partitions, des choses surprenantes mais je resterais plus marqué par la sensation de vertige en traversant la nef du bâtiment qui penche de quelques degrés depuis un tremblement de terre certainement…
Jour 299 - Central Del Pueblo
Jeudi 25 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 300
Barth : La pièce qui nous manquait hier soir nous passe sous le nez de bon matin alors que nous sirotons un café à la paille en prenant des mesures pour la partie éléctronique de l'installation. L'échelle d'Octavio est de retour, et notre café se termine avec lui, nous conseillant et nous aidant pour entreprendre le montage de la structure. Ce n'est apparement pas la première fois qu'il s'amuse avec des cables et des grandes structures !
Il faut d'abord accrocher un anneau metallique au sommet de quatre des colonnes de la cour, en utilisant une sangle. Nous y suspendons ensuite un tambo, ouverture vers le bas, que nous redressons grace à une autre sangle accrochée plus haut, sur la rambarde du premier étage. Pour finir nous fixons les quatres cables accrochés au fond des tambos, tendus jusqu'au ressort géant que nous avons préalablement surrelevé. Reste à enlever le support du ressort pour que l'ensemble de la structure se mette en tension, et vibre ! Ça a l'air simple dit comme ça, mais ça nous aura pris la journée, pour régler pas mal de questions d'équilibre, et de voisinage…
Un type est passé en fin de journée, demandant à parler aux auteur de l'engin qui trône dans la cour. Je m'y colle, en VO espagnol, et comprends qu'il veut nous faire participer à un festival d'art contemporain alternatif qui a lieu dans une semaine. Cartes de visites, rendez-vous mail, affaire à suivre ! Malgré la fatigue, et grâce à l'arrivée du PC d'Oscar, nous reprennons espoir pour augmenter électroniquement l'installation. Pour ça il faut savoir si l'ordinateur est adapté, et pour le savoir Fanch passe quelques heures au cybe pour installer Puredata et télécharger quelques patchs. Je me repose un peu en l'attendant, l'occasion de rattrapper l'écriture de ce carnet, et finis par m'endormir après avoir eu confirmation que tout fonctionnait pour le mieux jusque là ! Reste à savoir ce que le mélange électronique ferraille va donner…
Fanch : Programme du jour:
- Fixer solidement 4 sangles sur 4 des piliers du couvent le tout à 4 mètres de hauteur en équilibre sur un escabeau posé sur une estrade.
- Suspendre deux tambos au sangles
- Suspendre et tendre le ressort entre les deux tambos
- Teste et premières impressions sur la nature du son de la structure:
Le ressort ne résonne pas comme je l'avais imaginé et les tambos ne jouent pas leurs rôles d'amplificateurs, il y de ce côté une petite déception. En revanche, quand on frappe le ressort les tambos entre en vibration et produise de grosses basse que je trouve intéressant.
- Reste a suspendre les deux autres tambos pour que la structure adopte sa forme finale.
Ça c'est fait. Alors que nous commençons à saturer, alors que je prendrai bien une journée de repos avant l'arrivée du public demain soir, il nous faut faire un choix: Faut il augmenter la sculpture avec de l'électronique? Oscar de Bicitekas nous prête son ordinateur, mais cela implique l'installation de Pure Data, la création d'un patch interactif et l'achat de 80 mètres de câble audio. Nous décidons de tenter le coup je passerai une partie de la soirée dans le cyber du coin pour installer mon logiciel préféré puis continuerai à « patcher » à la Casa Bicitekas. Pas de problème majeurs, bien au contraire, j'ai quasiment achevé la partie informatique de l'installation. Pour le reste on verra ça demain… Il se fait tard et j'ai besoin de penser à autres chose.
Jour 300 - Central Del Pueblo
Vendredi 26 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 301
Fanch : C'est le grand jour, le jour de la restitution de notre résidence à la Casa Bicitekas. Mais avant quelques petites finitions nous attendent :
- Raccrocher le ressort à la structure (que nous avions démonté pour la nuit)
- Fixer les transducteurs audio et les micros piezos
- Trouver, acheter et disposer les 80 mètres de câbles
- Enregistrer un son convenable du ressort et le charger dans le grannuler de Tim Vet qui fait partie du patch pure data de l'installation.
- Attendre un ampli pour tester… Encore attendre
- Tester la réaction des tambos quand ils sont “excités” par les transducteurs audio
- Tester l'interaction entre la captation des vibrations du ressort et le son envoyé au tambos
- Ajuster le tout, doser la sensibilité des capteurs.
- Récupérer l'ordinateur d'Oscar (et de Nathalie) pour la diffusion des Haikus.
- Faire un montage des Haikus à la suite, sans les signatures car il est inutile de préciser toutes les minutes que nous en sommes les hauteurs.
- Installer, régler le vidéo projecteur
- Se faire un brin de toilette…
- Sourire devant les premier arrivants
20h00 Et c'est partit pour une soirée Geocyclab:
Selon moi, l'installation n'est pas assez « sonore » dans cette ambiance saturée mais nous risquons fort d’avoir l’occasion de nous rattraper la semaine prochaine puisque nous venons d'accepter la proposition de participer au festival Foculta. Une rapide présentation de Geocyclab se fait dans la cours du couvent (merci Lalou pour la traduction) avant de diffuser un de nos Checkpoints (commenté en espagnole par Lalou) et d'aller un peu plus en profondeur dans les objectif de Geocyclab. Il s'en suit une série de question auxquelles nous nous faisons un plaisir de répondre. On fini en douceur avec une projection de Haikus, quelques bières et un gros dodo bien mérité!
Barth : C'est le trois-centième jour de Geocyclab aujourd'hui. Nous sommes à Mexico depuis un bon mois déja et malgré notre panne d'ordinateur nous sommes sur le point de terminer une des plus grosses réalisations artistique de Geocyclab. Le soleil tape déjà quand nous emmergeons de notre atelier/terrier pour l'atmosphère solaire de la cour. Octavio nous attrappe et nous offre un café en discutant un peu de la suite du boulot, et en nous faisant apercevoir quelques-unes de ses réalisations !… Nous n'avons pas trop le temps de rêver alors on remet ça au lendemain.
Après avoir rapidement re-accroché le ressort que nous avions démonter la veille pour des raisons de sécurité, nous commençons à prendre les mesures en vue de l'installation électronique. C'est le moment que choisi Ernesto pour débarquer, avec déjà une demie-journée de boulot dans les pattes. Super motivé par la démonstration des transduceurs de l'autre soir, Ernesto entraîne Fanch pour aller acheter une centaine de mètres de câble audio.
Je reste pendant ce temps là à la Central del Pueblo, et m'occupe de préparer les tranduceurs, en les pré-câblant, en dégraissant à bout de bras et perché au sommet d'un escabeau quelques centimètres carrés du fond de chaque tambos, avant d'y coller les quatre transduceurs. Je finis la matinée sur l’escabeau, à câbler tout ce petit monde pendant que Fanch fait les premiers tests depuis l'ordinateur d'Oscar (de bicitekas). Les choses se déroulent plutôt bien si bien qu'en fin d'après-midi les quatre tambos, en plus d'amplifier le son direct du ressort, sont en mesure de diffuser un son en écho au son produit en frappant le ressort. Reste à affiner tout ça, ce que Fanch s’emploie à faire pendant que je prend en main l'ordinateur de l'autre Oscar (Oscar et Nathalie) qui vient d'arriver, afin de préparer la vidéo-projection des haikus.
Au final, peu après 20h, dans une lumière électrique due à l'arrivée d'énormes nuages sur le couchant, la cour se rempli peu à peu de monde, inconnus, déjà vus, connus… Manquent à l'appel l'équipe des Gruas Locas, particulièrement Ruben, que nous n'avons pas eu le temps de relancer, Nathalie qui est partie dans le sud, Guillaume et sa petite famille qui doit être en France à cette heure, Victor, José, Sergio, Oscar, Gabriel… Toutes ces rencontres des dernières semaines. Mais la possibilité de renouveler l'installation dans une semaine se confirme et devrait être l'occasion de rattraper tout ça !
Grâce à l'aide de Lalu armé d'un porte-voix, nous arrivons tant bien que mal à nous présenter, à expliquer notre projet, à commenter la projection d'un checkpoint devant un public attentif et intéressé ! L'ordinateur d'Oscar n'a pas une carte graphique assez costaud pour supporter une diffusion fluide des vidéos, mais tant bien que mal, avec une organisation de dernière minute et l'aide de tout ce monde, la soirée est réussie et se termine par des discussions dans tous les sens, des rencontres, des rendez-vous ! Todo chido !
Jour 301 - Calle República de Brasil
Samedi 27 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 302
Barth : Une bonne grasse mat pour fêter la fin du chantier, suivie d'une journée calme, entre lessive, pseudo-douche, écriture, démontage… Personne n'est venu pour ouvrir officiellement les portes de l'atelier, nous assurons donc plus ou moins le service d'accueil, entre des étudiantes en journalisme qui veulent en savoir plus sur Bicitekas, et quelques vieux du quartier en quête d'un boulon ou d'un coup de pression dans les pneus.
Dès que la lumière directe s'en est totalement allée de la cour intérieure, nous prenons le temps de capter notre installation en photo et vidéo avant de décrocher le ressort… Pour finir la journée, un petit tour à Amigo pour y raconter notre soirée de la veille à José, lui annoncer que de toute façon il y aura une autre version le dimanche suivant, c'est officiel, et profiter un peu de la connexion internet… La fatigue est toujours là et elle nous couche tôt.
Fanch : C'est le calme après la tempête. Nous en profitons pour faire une captation audio vidéo de l'installation qui servira probablement pour un futur montage que nous mettrons à disposition sur la galerie ex-situ. Puis un peu de feignantise agrémenté de quelques notes de musique suffise pour aujourd'hui.
Nous n'avions pas fait de réel fête hier, trop crevés pour célébrer la fin du chantier mais nous sommes décidé à rattraper le coup ce soir. Nous passons donc à l'Hostel Amigo ou comme d'habitude nous retrouvons notre ami José. Mais la fatigue est plus forte que notre motivation, elle auras trop vite raison de nous… Au lit !
Jour 302 - Plaza de las Tres Culturas
Dimanche 28 juillet 2013 - 35 kms - Post n° 303
Fanch : le Cicloton c’est ça. Tout les derniers dimanche du mois, trente kilomètres de voix sont fermés à la circulation. C’est l’occasion pour des milliers de vélos, de skates, de pieds et j’en passe de fouler les sols de la ville, une promenade dominicale un peu particulière sur les avenues habituellement envahies par les gaz d'échappements. L’ambiance y est décontractée, familiale, peut être un peut trop a mon goût mais c’est une opportunité de se dégourdir un peu les jambes que nous avons déjà manquée a plusieurs reprises, cette fois ci on se lâche pour se fondre dans la masse des badauds plus ou moins sportifs du dimanche matin. On y croise Ruben et son vélo délirant. La suite coule de source et nous mangeons ensemble au abords de la place des trois cultures.
La place des trois culture tire son noms des ensembles architecturaux des alentours qui furent édifiés sous trois époque et culture distincte les unes des autres. Mais ce qui fait la (triste) popularité du lieu c’est qu’il est l'équivalent Mexicain de la place Tian’anmen, c’est ici que peu après l’insurrection française de mai 68, plusieurs centaines d'étudiants manifestants furent exécutés par les forces armées du gouvernement mexicain.
Triste renommée pour cette place donc, mais aujourd’hui la manifestation est d’un toute autre genre.
Boum Chic-chic-chic boum chic-chic-chic, un drole de fest noz se deroule sous nos yeux. Ici sont rassemble plusieurs dizaines de danseur indigènes venu des quatre coins du pays pour y célébrer… euh, en fait je ne sais pas exactement quelles sont les raisons de ce rassemblement mais ce qui est sur c’est qu’il fêtent quelque chose. L’odeur de l’encens embaume la place, les coiffes de plumes vont de gauche a droite, de bas en haut. Une tête de jaguar sur le visage, un bec toucan en guise d'apparat, les aztèques sont de retour, je vous le dis… Boum chic chic, ils ne s'arrêtent jamais.
Étrange rencontre entre la tradition et l’architecture monumentale de cette place de béton. je l'interprète comme la métaphore d’un peuple qui tentent coûte que coûte de survivre a la modernité sans jamais réellement y parvenir. Métaphore amère car on se rend rapidement compte de la petitesse de ce groupe dansant pieds nus au cœur de ces immenses bloc gris entourant la cérémonie. Mais il sont là…
Barth : En prenant un peu le temps de bien nous réveiller, vers midi nous sommes sur nos vélos, dans le soleil matinal. Nous ne mettons pas longtemps à trouver notre objectif, rejoindre le Cycloton, la randonnée urbaine mensuelle qui rassemble cyclistes, rolleristes, trottinnettistes… Un parcours d'une trentaine de kilomètres autour du centre ville, sur des aces bloqués à la circulation motorisée, et agrémenter de nombreux stands mécaniques, médicaux, hydratant… En rigolant je dis : « On a plus qu'à trouver Ruben ! » Dans les embouteillages de vélos ce n'est pas gagné, mais c'est certain qu'il est au guidon de son légendaire vélo-harley-sataniste, pas loin d'ici. Nous l'avions rencontré de cette façon il y a déjà un mois.
Après une petite heure de pédalage, ça ne loupe pas, j'entends un rock psychédélique se rapprocher dans mon dos, jusqu'à apercevoir les têtes de morts chromées du guidon de Ruben me doubler sur la gauche. C'est bien lui ! Sourire jusqu'aux oreilles ! Nous terminons la boucle ensemble avant de nous faire entraîner à la place De Los Tres Culturas pour y manger un morceau, et assister à la réunion annuelle d'indiens venu célébrer une cérémonie en dansant au son des tambours. On se croirait presque dans un Fest-Noz, les plumes en plus et les binious en moins.. Euh, il y avait du soleil aussi ! Du coup nous sommes rentré pas trop tard, toujours en compagnie de Ruben qui nous quittera après avoir taillé une bonne bavette en buvant une bière à la Centrale del pueblo. Un gros orage sans trop de pluie et une longue sieste digestive clôturent ce beau dimanche mexicain.
Jour 303 - Central Del Pueblo
Lundi 29 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 304
Barth : Pour moi la journée commence par la rédaction de quelques mails en espagnol et un en français afin de relancer l'affaire de notre disque dur… Lundi, reprise du boulot après ce week-end décompressant, mais on commence la journée par un café en terrasse pour faire le point et lister les choses à faire.
Et ce n'est pas ça qui manque ! Au programme : tenter de trouver une solution pour récupérer les données de notre disque dur, rebosser sur l'installation des tambos pour une nouvelle exposition dimanche, prendre le temps de donner des nouvelles sur le site si possible, démonter et nettoyer entièrement nos montures avec pourquoi pas une pointe de tuning mexicain, planifier géographiquement et temporellement notre avancée jusqu'aux USA et anticiper un peu la paperasse pour passer la frontière… Et une fois retrouvé notre outil informatique, la liste s'allonge d'un coup !
Je fais un grand coup de ménage dans mes sacoches, du tri, de la réorganisation, du désencombrement, et surtout de la projection dans le retour prochain au nomadisme… Un peu plus tard, Sergio arrive, suivi d'Oscar et de Cesar, l'atelier s'anime un peu, doucement, le temps de raconter un peu la soirée de vendredi dernier. Fanch poursuit tant bien que mal ses recherches dans Puredata, pendant que j'écris un peu, bricole un peu mon vélo, vais surveiller la boîte mail régulièrement au cyber d'à côté, l'après-midi passe ainsi…
Fanch : Je profite de l'ordinateur prêté par Oscar de Bicitekas pour bosser de nouveau sur le patch de notre dernière installation. Nous avons l'opportunité d'accrocher à nouveau notre sculpture sonore à l'occasion d'un festival d'art « contemporain » du genre « underground »… L’organisation tout comme la communication semble elle aussi anti-institutionnelle… On va bien voir ce que cela va donner. Toujours est il que nous avons une semaine pour améliorer notre machine à bruit et j'y compte bien.
Je patch donc un générateur harmonique qui « siffle » en fonction des vibrations capté par un micro piezo électrique et achève mon petit programme en fin journée. Il est disponible et si cela vous tente vous pouvez bien sur vous amuser avec. Voici juste quelque petite consignes à suivre si vous ne connaissez pas pure data, n'ayez pas peur c'est pas si compliqué que ça… Et c'est gratuit.
- Télécharger et installer Pure Data extended (PD extended) sur votre ordinateur si vous ne l’avez pas encore fait.
- Décompresser le Zip.
- Double cliquez sur le fichier fraîchement téléchargé à savoir « tambosonic.pd ». Deux fenêtres devraient s'ouvrir, la première indiquant la marche à suivre pour faire joujou, la deuxième, c'est le joujou lui même.
Pour ceux qui ne s'intéressent n'y à l'informatique, ni particulièrement au son, vous verrez et entendrez le résultat (un jour) sur la galerie Ex-Situ, disons que nous ferons le montage quand nous aurons rattrapé tout le boulot en retard.
Jour 304 - Calle 5 de Febrero
Mardi 30 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 305
Fanch : Le temps passe…
Et oui encore… On part aux emplettes pour trouver de la peinture mais aussi du câble supplémentaire pour affiner notre installation. Nous avons à présent quelques points de repères ce qui facilite les choses, tel rue va correspondre à tel ou tel marchandise, et en plus de trouver ce que nous recherchons plus rapidement nous évitons le coin des sacs à main roses bonbon.
Au retour, de passage à notre ancienne auberge pour un petit coucou à Jose, c'est Charlotte et Nofun que nous rencontrons, un couple de dijonais adeptes de (A)Narco-punk qui viennent de débarquer à Mexico city. Et paf je retourne quelque mois en arrière le jour ou nous avions atterris dans ce squat à quelque bornes au sud de la Rochelle. Charlotte est là pour ses étude d'art et Nofun l'accompagne, il resterons 5 mois. Enfin bref, la discutions est sympathique, malgré nos mode de vie différent, nos goûts musicaux aux antipodes (encore que…) le courant passe bien et nous sommes amenés à nous revoir bientôt.
Barth : Après une matinée de mesures, de réflexion, et de listage du matériel manquant afin d’améliorer notre installation pour le festival Focaculta qui fait étape à la Central del Pueblo dimanche prochain, nous partons à pied faire le tour des magasins. Il est déjà tard et nous commençons par une pause déjeuner dans un café du centre. Comme il y a la wifi, nous en profitons pour faire quelques mails, en particulier confirmer notre venue à Oscar qui est d'accord pour nous offrir une douche !
Ensuite, plus le choix, il faut s'y coller, c'est parti pour la tournée des magasins… Tout d'abord, trouver de la peinture noire en bombes, pour repeindre les quatre tambos, l'affaire est réglée dans une boutique de fringues qui vend un peu de matériel pour graffeurs. Ensuite, un petit tour au bout de la rue Uruguay pour y prendre un peu de gaine thermoformable pour gérer les raccords électriques, puis direction la rue de quincailliers pour y reprendre du câble… Un petit tour par le surplus militaire aperçu la semaine dernière pour leur demander en vain s'ils ont des hamacs ultra-légers et nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui.
Un petit saut pour boire une bière à l'auberge Amigo, et prévenir José que nous allns refaire l'installation dimanche. Nous y rencontrons Charlotte et Nofun, deux français qui viennent de débarquer pour un séjour de six mois au Mexique. Charlotte, étudiante aux Beaux-Arts de Dijon, est ici dans le cadre d'un échange international, et avec Nofun son copain, tous les deux punks jusqu'au bout des ongles, nous ne mettons pas longtemps à sympathiser. Mais nous ne traînons pas à rentrer à Biciteka, on se reverra bientôt…
Jour 305 - Calle Canarias
Mercredi 31 juillet 2013 - 0 kms - Post n° 306
Barth : Au réveil, tout en sirotant un café, Octavio vient nous présenter une de ses œuvres, une toile de presque trois mètres par trois mètres qu'il avait laissé dans différents endroits de la ville, accessibles aux colleurs, grapheurs, militants de tous poils, qui n'ont pas manquer de recouvrir cette petite surface dédiée ! Je n'ai pas saisi absolument toutes les données de l'affaire, l'espagnol au réveil ça passe pour des choses quotidiennes, mais pour une explication d'oeuvre c'est un peu direct.
Ensuite, après avoir décroché les quatre tambos toujours accrochés aux piliers de la cour, Fanch se lance dans la peinture noire et je prépare un peu les câbles tout en faisant quelques opérations informatiques grâce à l'ordinateur d'Oscar (biciteka). Puis débarquent Charlotte et Nofun, qui ont trouvé sans mal la Central del Pueblo, suivis par Sergio. Les conditions sont réunies pour une pause déjeuner à cinq dans une autre petite cantine que Sergio connait.
Une fois restaurés, il nous reste à finir la peinture et ranger un peu nos affaires avant de prendre un métro jusque chez Oscar et Nathalie. Nous y passons une soirée tranquille en compagnie de Lucho, un ami argentin d'Oscar qui reprend l'avion le lendemain matin très tôt. Il nous prépare des croquettes d'épinards absolument délicieuses, qui précèdent une tournée de douches plus qu'attendues après cette semaine de bricolage à Biciteka ! Tout est prêt pour une bonne nuit réparatrice…
Fanch : Nofun et Charlotte débarquent à la Central , alors que je suis en plein dedans, je viens à peine de terminer la peinture du deuxième tambos, il me reste à poncer puis à repeindre les deux derniers. On prends malgré tout le temps de discuter à la cantine avec notre ami Sergio qui, le pauvre se retrouve seul avec 4 blanc-becs plutôt du genre bavards.
J'achève ma mission tambos alors qu'il est déjà 18h. Nous rangeons expressément nos affaires pour filer chez notre ami Oscar ou nous séjournerons un peu plus de 24 heures, histoire de prendre une douche (enfin) mais aussi de régler quelques tâches administratives car internet nous fait défaut ici… Autant que la salle de bain. Nous y voilà, le fait d'avoir séjourné ici quelque temps puis de revenir me procure la sensation de rentrer à la maison. C'est donc chez Oscar (et Nathalie qui est en vadrouille) que nous rencontrons Luciano, surnommé Lucio amis argentin de notre hôte. Mais tout le monde semble fatigué, la soirée aurait peut être été plus long si nous n’avions pas été si pressés de retrouver notre douce Morphée respective. Nous n'en saurons pas beaucoup plus sur Lucio, dommage, il rentre demain en argentine, mais qui sait… Le monde est petit paraît il !
Jour 306 - Calle Canarias
Jeudi 1 août 2013 - 0 kms - Post n° 307
Fanch : Écriture, écriture, écriture, écriture. J'ai pris énormément de retard dans la rédaction de mon carnet de bord. Je m'en mords les doigts et passe la journée le cul posé sur un canapé à rédiger des prises de notes périmées depuis plus de dix jours… Passionnant n'est ce pas ?
Barth : J'ai vaguement entendu Lucho attraper son taxi pour l'aéroport vers cinq heures du matin. On dort bien chez Oscar et Nathalie, sur les futons destinés au Shiatsu !
Après un petit déjeuner copieux, Oscar nous abandonne pour aller bosser sur sa thèse à la bibliothèque universitaire. La journée est consacrée à un travail fastidieux de dérushage et de tri d'images sur l'ordinateur d'Oscar (Biciteka) redémarré sur une clé USB Ubuntu. Et ensuite de commencer à éditer le site en ligne puisque je viens d'avoir la confirmation de George que ça ne posera pas de problème par rapport à la synchronisation automatique.. bref ! On profite de l'ordi et d'internet au même endroit, et aussi de quelques nouvelles privées sur Skype.
Un aller-retour le midi au petit resto du Yucatan que nous avait indiqué Victor et un dîner avec Oscar en fin de journée seront les seules pauses…
Une bulle dans le silence de la panne
- Post n° 308
La conjoncture d'un ordinateur prêté, d'une connexion internet et d'un peu de temps, nous permet de briser enfin notre trop long silence pour vous donner un aperçu de ce que vous decouvrirez bientôt sur le site. Voici donc quelques nouvelles très résumées de notre quotidien à Mexico ces dernières semaines.
Après notre virée touristique dans le sud du pays en compagnie d'Anaïs, nous nous sommes donc retrouvés bloqués dans une des plus grandes villes du monde, dans l'attente d'une solution pour notre ordinateur.
En ramenant nos vélos dans le centre ville, nous avons rencontré Ruben, garagiste et vélocycliste peu conventionnel (ci-dessous) qui fut la première rencontre hors circuit touristique, nous ouvrant les portes d'un autre Mexique…
Malgré la barrière de la langue, nous avons vite sympathisé ! Il nous a fait découvrir et rencontrer pas mal de choses, de lieux, de personnes qui nous ont évité de broyer du noir sur notre panne informatique. Entre art, récupération, bricolage, éléctronique, dont les détails sont à découvrir prochainement dans notre carnet de bord que nous continuons de tenir à jour sans pouvoir le publier.
Nous avons aussi passé pas mal de temps au chevet de notre ordinateur mort. D'abord pour diagnostiquer plus sûrement le décès, puis pour tenter en vain de récupérer les données du disque dur. C'est le gros point noir du moment… Difficile de trouver le temps, les moyens et les bonnes personnes pour remettre la main sur toutes ces images de la fin de l'Afrique et du début du Mexique. Et pas question de se précipiter au risque de tout perdre !
Pour le moment, nous continuons de produire images, textes et sons, qui s'accumulent tranquilement sur un autre disque… De longues heures de travail en vue, chido!… Mais avec le plaisir de retrouver des images et des sons oubliés !
La bonne nouvelle, c'est que notre futur nouvel ordi est bientot prêt. En train de se faire bichonner par Fanch et toute l'équipe de Linux Quimper !
Nous avons aussi découvert le hacker space Rancho Electronico (ci-dessus à droite) que nous prendrons le temps d'explorer plus en profondeur un peu plus tard…
Entre temps nous avons fait la rencontre d'Oscar et Nathalie (ci-dessous à droite) qui nous ont hébergé quelques jours avant que nous ne commencions notre résidence à la casa Biciteka, un atelier libre de réparation de vélos où nous logeons gratuitement depuis plus d'une semaine. Ernesto, Sergio, Oscar et Cesar nous y ont accueilli royalement (ci-dessous à gauche)
Pour le moment nous sommes très occupés par la réalisation d'une installation artistique à Casa Biciteka. A base de bidons et de ressort métalliques, il y a de quoi s'occuper ! C'est tout juste si nous avons le temps de boire un verre avec José (ci-dessous à gauche), le barman de l'auberge Amigo où nous avions passé plusieurs semaines à notre retour sur Mexico…!
Si tout va bien nous devrions récupérer le nouvel ordinateur vers le 15 aout, et le temps de rattrapper un peu le boulot en retard, nous pourrons enfin reprendre la route ! Cette panne imprévue nous a finalement permi de creuser un peu plus les différentes couches de Mexico, un mal pour un bien !
Encore toutes nos excuses pour cette coupure si longue, il nous tarde de reprendre la parole sur la toile et de relancer le fonctionnement habituel de l'atelier.
Nous avons pointé du doigt quelques failles dans notre système de diffusion internet dépendant du disque-dur, et de notre manque de prudence face aux réseaux électrico-exotiques. Mais ceci ne nous empêchera pas de publier un petit pamphlet au sujet de feu notre soi-disant ordinateur tout-terrain !
Mais c'est aussi et surtout ça Geocyclab, une expérience, une tentative, un prototype d'atelier de recherches et de création mobile, avec toutes les questions que ça pose !.. Et toutes les solutions qui sont inventées.
Nos vemos pronto !
Geocyclabement vos,
Barth et Fanch
Jour 307 - Calle de Tacuba
Vendredi 2 août 2013 - 0 kms - Post n° 309
Barth : Encore un incroyable petit dej avec Oscar et je retourne direct finir quelques dossiers sur l'ordi, le temps qu'une lessive tourne. Nous faisons vers midi nos adieux à ce cher Oscar qui part le lendemain pour une dizaine de jours dans le Chiapas, à l'occasion de rencontres entre minorités indiennes. Nous allons nous revoir avant notre départ normalement…
Et nous revoilà à Casa Biciteka, avec pour premier objectif de re-suspendre et de re-brancher nos quatre tambos maintenant tout noirs. L'affaire nous prend un couple d'heures, sous un soleil de plomb, et se termine par une pause avec toute la bande habituelle qui habite l'atelier en fin de journée.
Pour finir, la semaine et la journée, nous filons à Amigo pour y retrouver José et sûrement Guillermo qui nous avait fait faux bond la dernière fois. Soirée détente donc !
Fanch : Après une petit remise en forme chez Oscar et Nathalie, nous revoilà à la Casa bicitekas pour mettre en place et finaliser la nouvelle version de notre installation sonore. Tout est plus ou moins prêt, j’insiste sur le plus ou moins. Il reste quand on y pense, beaucoup de petits détails à régler qui en s'accumulant risquent d'occuper une partie considérable de notre emploi du temps. Mais, à deux jours du festival Focaculta, la pression et le stress sont des notions qui ne nous concernent pas… Nous sommes largement dans les temps… Et sachez que je n’ai vraiment pas l’habitude de dire ce genre de chose.
Les bidons sont de nouveau suspendu à leurs colonnes respectives, le système audio est connecté. Il ne nous reste plus qu'à accrocher le ressort, clé de voûte de la structure et de trouver un moyen de capter ses vibrations indépendamment de celles produites par les transducteurs. Un mini tambotito dans lequel nous placerons deux micros piezo électrique viendra certainement trouver sa place sur l'installation. Cette petite boite noir sera reliée au ressort par une fine corde d’acier et suivant le principe des gobelets en plastiques reliés par un fil faisant office de téléphone (filophone devrais je dire), cela devrai donner quelque chose. Mais entre la théorie et la pratique, il y a bien plus d'un pas, je me réserve donc d'avancer que cela va fonctionner. Enfin tout ça pour dire que nous nous sommes remis dans le bain et que nos esprits chauffent.
Et pour faire descendre la température, ce soir, nous retrouvons nos amis punks Nofun et charlotte, mais aussi Guillermo et Jose, notre barman préféré, pour aller boire quelques bières dans un bar Gothique/Métal/Discothèque (pour faire plaisir au deux punk de Dijon). Mais, peu importe la destination, l'important est d'aller prendre du bon temps avec des potes. Autant dire que cela fait longtemps que je n'ai pas ressentir le fait de sortir avec un groupe d'ami, ce n’est pas désagréable du tout!
Jour 308 - Central Del Pueblo
Samedi 3 août 2013 - 0 kms - Post n° 310
Fanch : Le lever ne se fait pas aux aurores mais nous sommes en forme et décidés à terminer l'installation aujourd'hui y compris les essais d'interactivité. Le plus long dans ce montage, c'est toujours de récupérer l'escabeau, indispensable pour cette installation ou la moitié du boulot se passe à 4 mètres au dessus du sol. Enfin bref, notre attente est toujours récompensée et nous pouvons commencer notre labeur.
Nous peinons à fixer le ressort au câble des tambos mais y parvenons, non sans efforts et sans aide. Reste à fabriquer le minitambos-capteur avec une boite de pêches au sirop, un peu de peinture noir, deux micros piezo électrique et du bas de ligne en acier. Je vais rapidement acheter le matériel qui nous manque puis je m'attelle à sa fabrication. Une fois celle-ci connecté à la structure ainsi qu'à Pure Data… Et bien ça ne fonctionne pas du tout comme je l'aurais espéré. Les vibrations du ressort ne daignent pas parvenir jusqu'au capteurs et c'est l'échec, ou plutôt la déception. Il commence à se faire tard et la perspective de finir le travail sous une pluis d'orage me decourage, je préfère remettre ça à demain matin et prendre le temps de pensé au problème ce soir.
La journée s'achève comme elle a commencé, tout en douceur.
Barth : La soirée de la veille s'est terminée bien tard dans un bar de nuit vaguement punk en compagnie de José, Guillermo, Nofun et Charlotte. Du coup ce matin nous émergeons un peu après le zénith… Je fais quelques tri sur l'ordinateur tandis que Fanch part trouver une boite de conserve et du câble métallique fin pour essayer une nouvelle méthode d'accroche du micro piezzo. L'installation de la-dite boite prend une bonne heure avant d'aller déjeuner à notre cantine habituelle. La patronne qui nous a bien enregistré nous salut d'un : « Gracias mi amor » quand nous quittons les lieux.
Ensuite grâce à l'arrivée de Sergio, nous suspendons le ressort et pouvons enfin tester l'installation. Ça ne fonctionne pas bien, la boite de conserve capte des vibrations étrangères ce qui rend l'interactivité un peu trop aléatoire…
Un violent orage éclate alors, suivi d'un déluge d'une heure qui inonde tout le rez de chaussé de l'atelier. Le torrent qui traverse les bicyclettes entreposées ne semble pas affoler Sergio, avec qui nous papotons en attendant une accalmie pour aller manger, bien à l'abri dans la mezzanine providentielle ! Une discussion sur la révolution numérique en Afrique, la révolution industrielle et l'exode rural au Mexique, et bien d'autres choses, qui sera interrompue par l'arrivée de Ruben annonçant la fin de la pluie. Il ne fait que passer pour nous confirmer sa venue le lendemain. Sergio et Ruben enfourchent donc leurs vélos pour regagner leurs maisons et nous sortons avaler quelques quesadillas avant de rentrer au sec pour la nuit.
Jour 309 - Central Del Pueblo
Dimanche 4 août 2013 - 0 kms - Post n° 311
Barth : Comme souvent nous tombons sur Octavio au moment de boire le café en profitant du soleil qui commence à inonder la cour. Il nous montre deux petites statuettes en plâtre qu'il vient de terminer, une commande pour un prix de danse ou de gym dont il fera faire des bronzes plus tard. Et la discussion se poursuit à propos de ces projets ou réalisations passées, si bien que nous sommes invités à venir voir la future fresque de 1km de long qu'il s’apprête à faire avec d'autres peintres… Bref ! Que chido !
Mais pour le moment nous avons d'autres chats à fouetter avec le déplacement du micro à faire sur l'installation avant midi. Heureusement tout se passe bien et nous avons même le temps d'affiner les choses au niveau de la synthèse sonore, pour Fanch d'aller se faire raser la tête, et d'aller attraper une tortas que nous engloutissons en accueillant les premiers invités.
Le gérant du petit cyber où nous allons qui passe enfin vérifier si tout ce que nous lui racontons depuis une semaine est vrai, puis Lula suivi de près par José, lui-même précédé par Sergio qui arrive juste avant Nofun et Charlotte… Et tout plein de gens inconnus venu participer au festival Focaculta. Notre installation fonctionne bien et les vibrations harmoniques du ressort sonnent régulièrement dans les tambos, quand le public n'est pas en train d'assister à une projection de court-métrages, à une improvisation de noise-music, ou un solo de danse contemporaine. Une chouette ambiance un peu refroidie par la pluie qui s'est mise à tomber juste avant la nuit…
Comme la veille, la fin de la pluie est accompagnée de l'arrivée de Ruben, qui découvre avec amusement et toujours la même étincelle dans le regard, la version finale de l'installation. Pulque, cerveza artisanale, un peu de grignote, et la soirée se poursuit en discussions, en autre avec un gars dont le frère artiste est très engagé dans le milieu des cyclistes militants à la Paz où nous passerons sûrement, et se termine par un étrange rituel de musique entre contemporain et tribal autour du ressort suspendu dans la nuit…
Fanch : C'est le jour J. Je n'ai aucune idée du déroulement de la journée mais quoi qu'il en soit, je m'étonne devant la ponctualité de nos compères artistes et des organisateurs de Focaculta. Il est 10 heures passé et le couvent est encore bien calme. Ce n’est pas plus mal, nous achèverons notre travail sans trop de perturbation. Les micros piezo sont finalement fixés directement au ressort, c'est la solution la moins esthétique (quoique relativement discrète) mais la plus sensible que nous ayons retenu. Et cela semble fonctionner. Le temps d'affiner l'interaction puis d'ajusterr les harmoniques diffusé par les tambos et le tour est joué, Il est 13 heures, cela me laisse le temps d'aller me faire raser de près chez le barbier d'à côté, de manger avec Barth pour finalement être sur le qui-vive à l'heure ou les premiers visiteurs arrivent.
La journée se déroule entre live noise, poésie, musique acoustique expérimentale, tacos et poulque… Quant a l’installation, rien a signaler de particulier, la sculpture 2.0 tient le choc, elle répond au stimulations infligée par les visiteurs qui semble bien curieux aujourd’hui. L'après midi s'achève en douceur, au centre de la cours par de boeuf expérimental. Rien de très transcendant mais quelques sourires furent au rendez vous.
Jour 310 - Central Del Pueblo
Lundi 5 août 2013 - 0 kms - Post n° 312
Fanch : Le calme après la tempête, l’histoire se répète. La motivation n'est pas des plus présente. Nous mettrons cela sur le compte de la descente du stress. Disons que nous attendons que le soleil descende de son perchoir et que les blancs de la lumière de midi s'estompent doucement pour capter l'installation sonore. En attendant… On se la coule douce.
Aux alentour de 16 heures, les nuages s'amassent pour enfin tapisser le ciel d'une lumière mate. Le moment est venu de passer à l'action. Silence sa tourne… Mais pas longtemps car rapidement la pluie se mêle de ce qui ne la regarde pas. Bon, on a certainement suffisamment de ruchs pour réaliser un montage correcte. Affaire à suivre mais pour le moment il faut démonter le ressort des tambos, les tambos de leurs colonnes respective, tâche qui ne me plaît que dans la perspective d'en avoir terminé avec tout ces montages/démontages. Charlotte et Nofun sont parmi nous, ils nous donnerons un coup de main non négligeable. Merci les punks!
Le ressort, les tambos décrochés, les câbles roulés soigneusement, nous partons tout les quatre boire un verre de fin de journée avec notre amis José. Notre visite est intéressé puisque nous espérons un coup de main de la part de José pour nous mettre en contact avec son ami Gabriel, le même qui, il y a quelques temps avait diagnostiqué notre ordinateur. Nous avons confiance en lui et allons tenter de réparer notre disque dur, ou du moins en récupérer les données. Enfin, nous ne buvons qu'un bière, la fatigue du W.E. se fait ressentir. Bonne nuit!
Barth : Cette fois-ci Octavio a réussi à nous offrir son café, chaque matin il nous grondait de n'avoir pas oser frapper à sa porte… La matinée se passe sans événement, entre bricolage, écriture, connexion internet, jusqu'au déjeuner dans notre cantine habituelle.
À notre retour, Sergio débarque, suivi de près par Ernesto. Nous causons un moment des dernières nouvelles et également du check-up à venir de nos vélos. Je crois que c'est la première fois que nous avons réellement l'occasion de démonter entièrement nos vélos et d'apprendre leur moindres secrets. Sergio a l'air très motivé et compétent, il était temps après plusieurs mois de voyage…!
Nous prenons ensuite le temps de faire quelques images de l’installation, profitant de quelques nuages qui atténuent la violence de la lumière solaire, et avant de le démonter avec l'aide de Nofun et Charlotte qui viennent d'arriver. Nous les suivons ensuite jusqu'à l’hôtel Amigo avec l'idée d'y croiser Gabriel l'ami de José qui pourrait nous aider sur notre histoire de disque dur après nous avoir fait le diagnostic de notre ordinateur il y a un mois. Mais ce n'est pas le moment, José vient de se casser une dent sur une tortas récalcitrante et il doit voir un dentiste dans la soirée… Nous prenons tout de même rendez-vous pour mercredi avant de rentrer nous coucher.
Jour 311 - Central Del Pueblo
Mardi 6 août 2013 - 0 kms - Post n° 313
Barth : Réveillés par une bande de gamins qui jouent au foot sous nos fenêtres, nous sommes sur pied de bon matin. Le café enchaîne sur la fin du démontage des tambos, derniers câbles à détacher, transduceurs à démonter… Une fois la place nette, les quatre tambos empilés sur le meuble à coté de la porte, le champ est libre pour l'atelier vélo !
Une journée entière pour seulement laver et partiellement démonter nos montures sous l’œil attentif de Sergio. Il faut tout brosser, savonner, rincer, détremper, gratter, et comme c'est la première fois que nous faisons une telle révision, la crasse s'est accumulée en fines couches cuites au soleil de l'Afrique. Mais petit à petit, se découvre le métal brillant et la peinture noire, des vis et des écrous oubliés du monde, et la suite des opérations se dessine. A la fin de la journée cadres, roues, chaines, portes-bagages, gardes-boue, sièges sont entreposés dans l'atelier dans l'attente de l'inspection du lendemain.
Puis direction l'hostal Amigo pour voir s'il y a du nouveau concernant les dents de José et son ami Gabriel, et également pour fêter l'anniversaire de Charlotte. Résultat, José a toujours mal aux dents, Gabriel devrait être dispo demain, un mail de Fanch au sujet de notre futur ordinateur me donne matière à cogiter et on s'est encore couché bien tard, bien trop tard…
Fanch : L'histoire de notre installation se termine définitivement ce matin lorsque nous décollons des bidons les 4 transducteurs et que nous démontons les dernières quincailleries. Faites place aux supers bécanes!
Le temps d'une grosse révisions des vélos est arrivé. Quand je parle de révision cela inclut un shampoing à l'eau savonneuse, un démontage complet du vélos mais aussi des roues, un nettoyage et graissage des moyeux et de la chaîne, changement des patins, des câbles et des fourreaux de freins et des vitesse, une réparation de mon porte bagage qui tient par miracle depuis l'épisode de Dakla au Maroc et encore bien d'autres petites choses auxquelles je ne pense pas encore. À savoir que le shampoing du vélo et le dégraissage de la (longue) chaîne nous occupe la quasi totalité de la journée. Pour le reste, on verra demain, après demain et après après demain mais l'idée de partir d'ici avec un vélo et un ordinateur tout deux dans un état de fonctionnement irréprochable me fait frémir de hâte.
Ce soir, c'est l'anniversaire de Charlotte. Nous avons rendez vous il y a une heure pour le lui souhaiter, autant dire que nous sommes à labour! On file!
Jour 312 - Central Del Pueblo
Mercredi 7 août 2013 - 0 kms - Post n° 314
Fanch : On attaque les choses sérieuses avec le démontage des moyeux. C'est bien une premières pour nous deux et honnêtement, j'avoue que si personne ne m'en avait parlé avant je n'y aurais pas pensé tout seul. Nous nous faisons guidé par Sergio. Encore une fois, malgré un espagnol qui se grave un peu plus chaque jour dans ma petite caboche, la barrière de la langue n'arrange rien quand Sergio me demande de pousser et que je tire… Disons que c'est plus long que je ne l'aurais imaginé. Mais notre instructeur est patient, vraiment patient et mes « conneries » semble le faire rire plus qu'autre chose.
Lors de la pause goûter, assis confortablement dans le canapé de la mezzanine de Bicitekas, je m'effondre. Je n’ouvre les yeux que bien plus tard, j'ai raté le crépuscule et le départ des membres de l'atelier. Il semble que finalement, j'ai pas mal d'heure de sommeil à rattraper. C'est à peu près tout pour aujourd'hui, j'espère que les choses s'accélèreront par la suite car à ce rythme la, nous sommes encore à Mexico city pour un mois!
Barth : J'arrive tant bien que mal à me lever pas trop tard et profite du calme relatif de la matinée, en faisant abstraction de la horde de gamins qui hurlent dehors, pour rédiger un mail à Fanch pour répondre à toutes ses questions techniques concernant notre ordi. Si tout va bien il pourrait l'expédier vendredi !
Ensuite nous allons directement déjeuner une fois Fanch debout, et je passe un peu de temps sur internet avant de suivre un cours d'entretien des roulements à bille de nos roues. Apparement c'est confirmé, on va vraiment démonter, nettoyer, vérifier, regraisser ou désoxyder tout ce qui peut l'être sur nos vélos ! Et comme dit Sergio, on sera tranquilles pour 10 000 bornes de plus…
La pluie et la fatigue raccourcissent encore un peu cette journée commencée tard… Une bonne nuit couchés tôt et on devrait arriver à clôturer les vélos demain soir !.. Restera le disque-dur et pas mal de boulot avec l'arrivée de l'ordi prochainement…
Jour 313 - Central Del Pueblo
Jeudi 8 août 2013 - 0 kms - Post n° 315
Barth : Une journée pleine de boulons, de vis et de roulements à billes qu'il faut démonter, dégraisser, vérifier. Les roues sont presque prêtes, roulements bien regraissés, reste juste à inverser les jantes pour répartir l'usure et revoir l'équilibrage. On a décidé d'en profiter aussi pour mettre un peu de couleurs sur nos carrosseries noires. en tout cas c'est la première fois que je démonte absolument totalement ce vélo et c'est avec émotion que je découvre la finesse des roulements qui ont déjà encaissé quelques milliers de kilomètres sous le soleil. Sergio dévoile toute sa science en cyclo-mécanique, il n'en est pas à son premier démontage et a eu l'occasion de travailler sur des vélos de hautes technologie, autrement dit il en connait un rayon ! Et c'est vraiment un plaisir de travailler dans un tel endroit, avec un tel professeur, malgré les problèmes de vocabulaire technique en espagnol..
Ce soir mon vélo est un tas de pièces détachées presque toutes lavées. Encore au moins deux bonnes journées à passer dessus pour finir tous les réglages et customisations, et surtout pour avoir enfin la sensation de connaître la machine sur laquelle je passe mes journées habituellement.. Nous avons un rendez-vous demain soir avec Gabriel pour faire une première analyse du disque dur. La journée va être bien remplie je sens !
Fanch : On enchaîne sur le démontage en s’aventurant encore un peu plus loin jusqu'à démonter les roulement à billes. Je m'étonne devant la complexité d'un vélo, je découvre ici des pièces dont je ne soupçonnais pas l'existence. Mais d'un autre côté je suis aussi surpris devant l'accessibilité de cette mécanique qui finalement peut être réparé et modifié avec un minimum d'outils, un peu de patience et un peu de bon sens (pour visser, tournez le tournevis dans le sens inverse du aiguille d'une montre et pas l'inverse). Je comprend maintenant pourquoi les activistes vélocistes sont si proche des hackers… Ces deux domaines se croisent quand il s'agit de réparer, de modifier et d'améliorer quelque chose. Nous sommes en plein dans le Do It Your Self.
On apprends, c'est long, ça peut être chiant mais imaginer rouler sur une bécane presque neuve, préparée par mes soins me donne la motivation nécessaire pour dégraisser, une à une les pièces de mon vélo. Encore une journée ou je ne m'étale pas, j'ai pourtant pas mal de chose en tête. Nous en discutons avec Barth, c'est d'ailleurs ce que nous faisons la majorité de nos soirées depuis que nous sommes à la Central. Peut être que le voyage « géographique » à nouveau relancé me donnera l'inspiration pour rédiger chaque soir les lignes de ce carnet de bord…
Jour 314 - El Laboratoire del Arte Alameda
Vendredi 9 août 2013 - 0 kms - Post n° 316
Fanch : Barth est la Central et va très certainement, un moment ou un autre faire un petit relevé de mail pour savoir ou en sont nos histoires informatiques. Et moi, je tente de suivre Sergio, en vélo, en contre sens d'une avenue embouteillée. Sensations garanties. Direction, la rue San Pablo ou du matériel nous attend, nous aurons ainsi la possibilité de prolonger le bichonnage de nos bécanes. Elles seront bientôt remise à neuf et peut être même que nos trouverons un peu de temps pour les personnaliser. En fait, tout va dépendre de l’ordinateur et du disque dur.
Bref, nous sommes sur l’avenue Isabel la Católica, toujours en contre sens, la panique disparaît et je commence à trouver cela grisant.
Je retrouve Barth en fin d'après-midi, j'ai juste le temps de préparer le stand peinture pour demain et de passer un première couche sur le cadre du vélo avant que la lumière ne se dissipe.
Ce soir Gabriel nous donne RDV chez José. Cette aventure concernant le disque dur continue mais nous franchissons là une nouvelle étape. Alors que nous savons maintenant que Fanch de linux Quimper nous fera parvenir un ordinateur flambant neuf dès Lundi, nous avons aussi l’opportunité de créer un pont-numérique entre notre assistance informatique en France et notre disque dur connecté à un ordinateur ici, à Mexico city. Encore un fois, rien est gagné mais le jeu en vaut là chandelle. Gabriel semble plutôt efficace et il parvient rapidement à mettre en place le dispositif informatique. Mais Jose nous arrache les yeux de l'écran, « il faut y aller, ma copine nous attends au musée ». Bon ben heu… Ok, nous n'avons guère le choix, mais comme dirait Gabriel, l'ordinateur (et donc le disque dur) est connecté au réseaux via lequel on peut y accéder de n'importe où à n'importe quel moment, c'est ce qui fallait mettre en place ce soir. « Ok Jose, on vous suit mais pas longtemps ».
La bas au musée « El Laboratoire del Arte Alameda » il y a un groupe d'une dizaine de personnes vêtu de combinaison blanche du genre anti-amiante qui joue de la musique atmosphérique-noise avec de drôles d'interfaces organico-electronique-informatique… Mmmm, intéressant… Mais malheureusement nous n'en apprendrons pas plus, la soirée est terminée et nous n'avons toujours pas mangé (il est bientôt minuit quand même). Deux tacos plus tard, il est vraiment temps de rentrer, nous souhaitons une bonne nuit à nos compagnons et vamos a la casa…
Barth : Le chantier vélo va prendre plus de temps que prévu. J'ai décidé de repeindre tout le cadre et donc d'en profiter pour poncer les traces de rouilles qui sont apparues. La matinée est donc consacrée à la suite du démontage et au début du ponçage de toutes les pièces de métal. Fanch est parti avec Sergio pour acheter de la peinture, une nouvelle chaîne et quelques gaines de câbles. Je n'attend pas leur retour pour filer me connecter afin de confirmer le rendez-vous de ce soir avec Gabriel pour notre disque dur et pour prévenir notre staff informatique en France de l'imminence d'un début de solution ! Il y a aussi un mail de Fanch qui nous confirme que l'ordi est prêt à être expédié, lundi si tout va bien. On dirait que les choses commencent à se débloquer…
La fin de la journée se passe à l'atelier, à poncer, lustrer, dégripper, tout en réfléchissant aux détails de nouvelle robe du vélo. Vers 21h nous nous rendons à l'hôtel Amigo pour y voir Gabriel. Une fois arrivés nous découvrons un message de Gabriel nous donnant rendez-vous chez José. Le temps de répondre, de finir la bière que nous avions commandé et voilà Gabriel qui débarque en voiture pour nous emmener chez José ! Classe ! Ce que nous ne savions pas, c'est que José est un peu pressé car il a rendez-vous avec sa copine qui bosse dans un musée ou a lieu une performance ce soir… Mais Gabriel, loué sois-tu, a tout prévu. En cinq minutes il monte notre disque dur dans son ordinateur portable qu'il démarre ensuite sur un second disque interne, passe un peu plus de temps à pirater la connexion wifi des voisins (10 min), branche un troisième disque dur de trois Tera Octets sur l'ordinateur et lance une application. Puis, dans un anglais approximatif il m'explique en deux minutes que l'ordinateur est accessible depuis n'importe où dans le monde pour que nos amis de Quimper y fassent ce qu'ils veulent et que le dispositif peut rester ainsi plusieurs jours..! Je n'en reviens pas ! C'est pragmatique, efficace et simple. Juste le temps de noter sur une serviette en papier les codes d'accès que je vais devoir envoyer à Fanch, Remy et Piero en France, et nous décollons à toute allure en direction du musée.
La performance était originale. Une équipe de cosmonautes qui font du noise dans une ancienne église avec des vidéo-projections gigantesques, j'avais pas prévu de voir ça ce soir..! Je pensais vraiment que j'allais passer la soirée devant un ordi à envoyer par mail le résultat de lignes de commandes… Ceci dit, la fatigue est là, le temps de partager quelques tacos et nous filons au lit.
Jour 315 - Central Del Pueblo
Samedi 10 août 2013 - 0 kms - Post n° 317
Barth : Les journées se suivent et se ressemblent beaucoup. Pointilleux comme je suis, et commençant à y prendre pas mal de plaisir, je m'arrange pour faire durer le chantier du vélo, en prenant le temps de considérer chaque pièce… Et il faut dire aussi que les séances de bricolages sont interrompues par les visites nombreuses, les affaires informatiques à régler sur internet, les achats de matériel qui prennent toujours un temps fou, etc.
Aujourd'hui, j'envois un mail à notre assistance linuxienne pour leur expliquer l'accès à notre disque dur en espérant que ça ne leur prenne pas trop de temps. Pendant ce temps là Fanch écrit à Fanch pour lui expliquer la marche à suivre pour l'envoi UPS. Un peu plus tard, Augustin, responsable de l'asso Bicitekas dont dépend l'atelier où nous logeons, est passé pour acheter une de nos caméras GoPro. Nous l'avions rencontré lors de la présentation publique d'il y a deux semaines et c'est un plaisir de savoir que notre caméra va servir à filmer les activités de l'asso ! Une bonne chose de faite. Une visite rapide de Nathalie accompagnée de deux amis, et que nous n'avions pas revu depuis son retour du Chiapas, quelques courses, et la journée est déjà passée…
Un peu de bricolage, de planification, de croquis et de schémas, et dodo…
Fanch : Un petit coup par ci, un autre par là…
Le plus dur dans peinture c'est que plus 90% est réservé au séchage. Je suis en pleine action et hop à peine commencé que c'est terminé, alors il me faut attendre et je tourne en rond. C'est ça le séchage et pour un « presque hyperactif » en mon genre ce n’est pas forcement évident de patienter pour appliquer la couche suivante. Mais avec quelques efforts je parviens trouver de quoi m’occuper en partie grâce au cyber d’à coté d'où j’essaie de dégrossir les histoires d’envoi de coli.
Jour 316 - Central Del Pueblo
Dimanche 11 août 2013 - 0 kms - Post n° 318
Fanch : J'arrache délicatement le sotch de l'acier du vélo pour découvrir avec surprise un nouveau design digne d'un engin de compétition, peut être un peu trop à mon goût mais qu'importe, je suis satisfait.
Que dire de cette,journée sinon qu'elle eu l'odeur de solvants. Cependant je réalise que le lieu où nous vivons et travaillons en moment se révèle plus qu'une simple aubaine. Et oui, ici nous limites nos dépenses, pas de loyer où de nuits à payer, c'est un lieu de passage ou nous avons l'occasion de croiser une belle poignée locaux plus sympa les uns que les autres et pour couronner le tout, nous avons un atelier à disposition ainsi que des conseils de pro du vélo ! Elle est pas belle la vie? Enfin, je me dis aussi que le départ ne vas pas être évident et qu'il va nous falloir dire « Adios » à quelques amis. Nous n'en sommes pas encore là mais j'y pense voilà tout.
En parlant d'ami, Guillermo nous rend visite ce soir histoire de se donner quelques nouvelles (une semaine sans se voir, attention!) et d'aller boire un bière dans un bistrot reagge au centre ville. Nous rentrons tout les trois à la casa ou nous discuterons jusqu'à… Tard dans la nuit de sciences et de société. La conversation est bien sur passionnante, elle aurait pu ne pas avoir de fin, mais demain s'annonce comme une grosse journée… Alors au lit!
Barth : Je continue à poncer, la récupération de données sur notre disque est lancée, la Central del Pueblo est très calme sans les enfants de l'atelier théâtre qui l'animent toute la semaine…
Un dimanche tranquille qui se termine en compagnie de Guillermo qu'on n'avait pas vu depuis longtemps depuis qu'il à trouver une collocation dans le sud de la ville. Nous allons boire une bière dans un énorme bar reggae du centre pour nous changer un peu les idées et tenter de mettre de côté nos obsessions mécaniques actuelles.
Jour 317 - Central Del Pueblo
Lundi 12 août 2013 - 0 kms - Post n° 319
Barth : Un petit dej au soleil en terrasse avec Guillermo qui est resté dormir la veille et nous filons acheter des bombes de peintures dans une boutique de graffeurs que nous avait indiqué Oscar vendredi.
Tout en guettant régulièrement les nouvelles du disque dur et de l'ordinateur sur internet, je prépare enfin la pose de la première couche de peinture. Fanch lui, a déjà commencer à remonter son cadre repeint aux couleurs d'un frelon..! A force d'attendre d'avoir un peu de place après le départ de toute l'équipe habituelle de Biciteka, il fait déjà nuit quand je vide la première bombe de sous-couche sur les pièces poncées et dégraissées. Ça va vite, le temps pris à installer un râtelier de séchage facilement manipulable facilite beaucoup les allers et venus entre chaque pièce… Ce sera tout pour aujourd'hui.
Fanch : Après un petit déjeuner avec Guillermo qui s'est finalement décidé à dormir à la Central Del Pueblo nous filons acheter quelques bombes de peinture pour la bécane de Barth ainsi qu'une bombe de vernis pour les finissions de mon cadre.
Je vernis donc, puis assemble, graisse, huile. Il me reste encore un peu de boulot mais j'espère que le vélo roulera demain soir.
Le temps passe vite, vraiment trop vite.
Jour 318 - Central Del Pueblo
Mardi 13 août 2013 - 0 kms - Post n° 320
Fanch : Petit à petit mon vélo reprend sa forme initial, avec quelques rayures en plus. Étapes après étapes Sergio me guide pour qu'enfin je puisse rouler avec une bécane presque parfaite. Sergio, c'est un peu mon mentor, je pense en tout,cas qu'il se considère de cette manière, mais c'est un fait qu'il m'est agréable et facile à accepter. Ce mec est involontairement drôle, calme, d'une extrême patience et souriant.
Naturellement, une étrange communication se tisse entre nous, les expressions du visage, gestes et onomatopées restent notre principale grammaire, c'est primaire mais ça fonctionne. Je tiens d'ailleurs à ajouter que malgré l'absence d'effort dont je fais preuve pour apprendre l'espagnol (aucunes bases, pas de bouquins, pas de méthodes d'apprentissage), je me surprend à comprendre certaine conversations, je me sens de moins en moins largué. Et cette meilleur compréhension, je la doit majoritairement au temps passé avec Sergio. Alors… Merci Sergio, pour les « cours » d'espagnol, pour les expressions mexicaines qu'il est toujours bon de ressortir en société, mais aussi pour tes mains de mécaniciens professionnel qui ont faites de nos engins de vrais bolides sans compter que j'en apprends tout les jour un peu plus sur mon vélo grâce à toi… Enfin bref, c'est bien chouette tout ça!
Barth : La journée commence par la pose d'une première couleur, une sous-couche verte citron avant d'y coller quelques pochoirs et de couvrir de noir. Ensuite il faut alors trouver des étiquettes autocollantes pour faire ces pochoirs, vite fait grâce au informations d'Octavio que nous croisons matin et soir régulièrement. Ce serait bien qu'on trouve le temps de passer voir la fresque d'un kilomètre qu'il est en train de réaliser…
Les nouvelles arrivent toutes en même temps sur internet. Notre nouvel ordiantzur vient de partir, on devrait l'avoir avec nous vendredi à Mexico ! Et la recupération de données est terminée sur notre disque-dur, il faut qu'on passe chez José quand il sera dispo pour aller vérifier ! Gros déblocage !!!
Une fin de journée mi-studieuse, mi-festive, entre découpage d’étiquettes pour les pochoirs de mon vélo, et apéro avec Nofun, Charlotte, Sergio, Manuel et Juan-Carlos, suivie d'un début de nuit consacré à la pose des pochoirs et de scotchs sur tout le cadre du vélo… Je ne serais pas prêt demain soir pour la randonnée vélo de Bicitekas, mais j'ai quand même hâte de voir le résultat..!
Jour 319 - Central Del Pueblo
Mercredi 14 août 2013 - 40 kms - Post n° 321
Barth : Pas beaucoup de sommeil au compteur mais l'envie d'en venir à bout ! Je commence par terminer les quelques scotchs sur les pièces du vélo, et je m'apprête à me lancer dans la peinture noire quand Lalu débarque. Fanch est parti accompagner Sergio qui donne un cours de mécanique cycliste pas loin, je prends donc le temps d'accueillir Lalu, remettant à plus tard la peinture.
Finalement, avec l'arrivée de Sergio, Fanch et Ernesto, je trouve l'espace et le temps pour enduire toutes mes pièces métalliques scotchées de deux couches de peinture noire matte. Puis direction chez Lallys pour ne pas tomber dans les pommes ! Sopa, arroz con huevo, et carne au choix, c'est la même formule tous les jours, mais c'est efficace ! Un saut au cyber pour y voir la réponse de José qui nous attend chez lui pour aller jeter un coup d’œil au disque dur… Pas sûr qu'on ai le temps aujourd'hui.
Je m'accorde ensuite une pseudo sieste digestive, histoire de laisser le temps à la peinture de bien sécher, et de rattraper l’écriture de mon carnet de bord… En fin d'aprem, l'arrivée de Nofun me secoue un peu et je me lance dans le grand déballage des scotchs et pochoirs avec l'espoir que ça aie bien marché. Je termine seul cette longue opération, Fanch étant parti essayer son vélo fraîchement réglé à l'occasion de la rando nocturne de Bicitekas. Pour moi ce sera la semaine prochaine, je suis trop à la bourre et je vais en profiter pour me coucher tôt…
Fanch : Je vois le bout du tunnel, Sergio bichone mon dérailleur sous l'oeil attentif de Lalou, notre traducteur officiel qui a la bonne habitude de traîner ses guêtres dans les parage. On réduit là chaîne, puis ajoutons quelques maillons pour l’alonger, on règle les vitesses et enfin c'est l'heure des premiers testes. Tout roule, dans toutes sens du terme! J'ai l'impression d'avoir une toute nouvelle bécane, peut être même d'avantage agréable à conduire que lors des tout premiers kilomètres. Tout cela reste bien sur à tester en condition réel, avec le chargement et dans les montagnes qui nous séparent de notre prochaine destination à savoir, les États Unis.
Mais pour l'instant, alors que Barth se repose après sa longue nuit d'hier, nous partons avec Sergio pour la rodada de bicitekas histoire de fêter le vélo tout neuf! Une rodada, c'est un petit tour de vélo, en groupe dans les rue de Mexico, il semble coutume que cela ce fasse de nuit. Alors que nous avançons vers le point de RDV et que je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre (J'imagine un rendez vous entre une quinzaine de potes), petit à petit des dizaines de vélos en tout genre nous rejoignent, plus nous nous reprochons du lieu dont il est question, plus nous sommes nombreux, comme si nous rencontrions nos alliers sur le chemin de la bataille.
Place de l'indépendance, un rond point sur l'avenue Reforma, j'aperçois au loin les lumières clignotantes rouge et blanche d'une bonne centaine de vélos, peut être plus. L'heure du départ approche, Sergio me présente aux organisateurs qu'il semble bien connaître puisqu'ils font aussi parti de Bicitekas. Ils prennent la parole pour annoncer le plan de bataille tout en rappelant les quelques règles élémentaires pour ne pas se faire tuer. Les oreilles sont attentive, les miennes aussi (pourquoi pas?) et ça ne manque pas… Merde, ils m'appellent à la tribune, j'ai sûrement raté un épisode puisque je monte les marches (quelque peu gêné) du monument de cette énorme giratoire sous les applaudissement du groupe. Ah ok, ça c'est un coup de Sergio que je vois surir en coin là bas, un peu plus loin. Bon, il semble à present que je sois repéré (mon vélo aussi), je me prépare mentalement à répondre à une jolie flopée de questions, en espagnol, seguro!
Enfin nous partons. Le rythme est soutenu sans être trop rapide. Je roule au coté de vélos de course, BMX, vélos de ville, de montagne, de shopers, de vélos pliable,de pignons fixes… Des ados, des vieux, et des entre deux âges se serrent les coudes. Oyo! ça geule dans tout les sens pour annoncer un nid de poule, une bagnole, un virage un peu sec et tout ce qui peut sembler dangereux. Je me laisse entraîné par l'euphorie du groupe avant que Sergio ne m'y arrache. On fait un détour, à fond sur une piste cyclable traversant un parc je ne sais ou. Plus vite, oui! Sergio insiste pour voir mon vélo glisser sur le bitume et attends mes commentaires et mes impression. Je suis plus que satisfait… Lui aussi! On rejoint finalement la rodada, le rythme est plus posé, tranquille, c'est à présent comme une fiesta mobile les bières passent de mains en mains, les joins aussi… Il sont fou c'est rodadeurs…
Jour 320 - Central Del Pueblo
Jeudi 15 août 2013 - 0 kms - Post n° 322
Fanch : Je me lève tard de mes émotions d'hier soir et après le traditionnel café americano dégueulasse dont je commence à saturer, j'attaque quelques ajustements de la bécane. En une heure c'est réglé… C'est jour de fête à là Central, le groupe d'enfant qui depuis deux semaines me réveille en jouant au foot dans la cour du couvent avant les ateliers de théâtre ou de travaux manuel font leur représentation. Et évidemment, en tant que voisins, nous sommes conviés au show… “Oui bon, ok Barth, t'as du boulot, je nous représente si tu veux”. Je me retrouve donc devant une pièce de théâtre de bambin, le terme spectacle serait mieux adapté, enfin quoi qu'il en soit je suis assis au milieu de parents venu admirer les exploits de leur progéniture. Souvenir, souvenir il faut des souvenirs et sur les 13 personnes assis dans la petite salle 10 d'entre elles regardent le spectacle au travers d'un écran dont 9 sur leurs téléphone portable, wahoo, ça fait plein de petites lumières dans le noir! Si je tombe sur une de ces vidéos sur youtube je l'intègre dans un article de ce journal, promis! 14h les parents enchaînent avec un buffet, conviés une deuxième fois nous ne pouvons refuser l'offre. Au final, c'est un peu comme ces discours qui s'éternisent lors des vernissages, c'est souvent très chiant mais tout le monde reste parce qu'après il y a les petit fours et du kir royal. Les hots-dogs (prononcez rot-dog) remplacent les amuses gueules, le pshit orange succède au champagne.
Enfin bref, fini là plaisanterie, il faut passer chez Jose vérifier que toute nos données sont bien sauvegardés sur le disque de Gabriel.
D'un coup tout est compliqué, on entre dans la station de métro Aliende du mauvais coté, le métro est en panne, alors on décide de marcher sous la pluie jusqu'à la station Revolution, à partir de laquelle nous devons appeler Jose pour qu'il vienne à notre rencontre. Mais évidemment il ne réponds pas, nous réussissons finalement à le joindre mais il arrivera avec plus d’une heure de retard. Concernant les données pas de soucis particulier, Barth s'est collé à l'écran et d'après lui, tout est là, l'affaire n'est pas bouclée mais nos données sont sauvées et accessibles. Il reste maintenant pour notre équipe de choc (je ne pourrait cesser de les remercier au passage et particulièrement Rémy ce coup ci) à reformater notre ancien disque dur pour y injecter à nouveau l'ensemble de son contenu d’origine.
La vérification effectué nous filons chez Nofun et Charlotte qui nous attendent depuis deux heure déjà pour une pendaison de crémaillère en bonne et du forme. Tous les quatre dans une mini chambre penchés sur les toit de Mexico, nous levons enfin nos verres. Le marathon n'est pas vraiment abouti puisque qu'en rentrant à la Central nous avons l'agréable surprise de nous retrouver impuissant face à l'énorme poutre dont le rôle est d'empêcher la faune nocturne de pénétrer dans le couvent… Bon, au bout d'une bonne demi heure et de plusieurs tentatives nous trouvons finalement la bonne solution pour cambrioler tranquillement notre Q.G.
Barth : Après un petit coup de ponçage sur la peinture de la veille, suivi d'un dépoussiérage minutieux, je termine une lessive lancée en parallèle et me lance dans la première couche de vernis. C'est déjà la fin de matinée, l'heure de la représentation de théâtre des enfants qui venaient animer nos matinées depuis deux semaines. Je laisse le soin à Fanch de m'y représenter, mais profiterais tous de même de l'en-cas préparé par toutes les mamans et qui nous épargne une sortie jusqu'au restaurant.
Un petit tour sur le web pour confirmer le rendez-vous avec José ce soir, et déjà la Casa Biciteka s'anime. Lalu, Sergio, Ernesto et Oscar déboulent de concert et j'aurais un peu de peine à trouver une brèche pour passer une deuxième couche de vernis…
Quand il pleut sur Mexico, c'est à dire tous les soirs en cette saison, les lignes de métro qui ne sont pas totalement souterraines tombent en panne. Heureusement nous pouvons aller à pied jusque chez José, avec qui nous partageons une bière rapidement pendant que j’ausculte la sauvegarde du disque dur. A priori, tout à l'air Ok, c'est du travail de professionnel, réalisé depuis la France uniquement au moyen de logiciels libres ! Bravo et merci encore Remy ! Je prends le temps d'envoyer un petit mail en France pour donner le feu vert de la fin des opérations, et nous prenons congé de notre ami avec dans l'idée de se revoir dimanche… Ensuite, moment attendu depuis quelques jours maintenant, nous filons chez Nofun et Charlotte pour aller prendre une douche ! Et aussi pour passer une bonne soirée à raconter nos dernières aventures numériques et découvrir les premières impressions de Charlotte sur l'école d'art Esmeralda. Une chouette soirée dans leur petite piaule sur les toîts, mais qui se termine encore bien tard, avec la malchance de trouver la porte de la Central del Pueblo bloquée par une poutre que nous mettons une petite demie-heure à forcer avant de pouvoir enfin nous coucher… Propres !
Jour 321 - Calle Isabel la Católica
Vendredi 16 août 2013 - 0 kms - Post n° 323
Barth : Une petite couche de vernis pour commencer la journée, avec un coup de papier de verre avant, le chantier continue… Fanch est parti à l'hostal Amigo pour réceptionner notre ordinateur, car c'est le grand jour !
Vers 13h je vais me connecter rapidement pour prendre des nouvelles, rien à signaler pour le moment… Je me retrouve ensuite embarqué par Sergio, Oscar et Ernesto chez Yollys pour déjeuner. Ambiance assurée avec ces trois lascars ! Par contre pour tenir le timing de la journée ce n'est pas l'idéal… De retour à l'atelier, je passe une deuxième couche de vernis et je retourne prendre la température de la réception de l'ordi. Toujours rien… Mais il est déjà 16h passées, pas la peine que je bouge à cette heure. Je me lance dans l'inversion de mes deux pneus, arrière et avant, sous le bon œil de Sergio, jusqu'au retour de Fanch, bredouille, qui me montre un mail automatique d'UPS signalant un problème de coordonnées téléphoniques… C'est pas pour ce soir donc. On ne peut pas lutter contre un système pareil. Mais on sait quand même qu'il est pas loin, dans un dépot à Mexico, ce qui n'est pas moins frustrant… Dîner rapide, dernier check sur internet, et je prends le temps de bricoler mon rétroviseur pour me changer les idées avant de dormir… Vivement demain !
Fanch : Debout, l'ordinateur arrive. Il doit normalement être livré à l'auberge Amigo, je file donc sans rien avaler au préalable pendant que Barth vernit avec le plus grand soin son cadre de vélo. L'un de nous doit être présent pour réception du paquet et comme nous avons le jours de livraisons mais pas, l'heure… Et bien bien je vais attendre sept heures pour finalement recevoir ce message sur la boîte mail de Geocyclab :
“N° tél non val. dédouanement de l'envoi impossible.transmis à douane dès confirm. des droits/taxes et dispos d'importa.”
Merde, c'est quoi encore truc! Ça sens les complications… Je m'énerve, cette histoire ne se terminera donc jamais! Je me casse pour rejoindre Barth, pensif et songeur… Ça devient fatiguant et ça ne fait que repousser le moment que j'appréhende et que je nomme « la mise à jour ».
Jour 322 - Central Del Pueblo
Samedi 17 août 2013 - 0 kms - Post n° 324
Fanch : UPS a peut être reporté sa livraison aujourd'hui sait-on jamais? Je file donc, sans grandes convictions vers l'auberge Amigo pour y jeter un oeil. Rien, il fallait s'en douter, je m'en doutais alors cela n'entame pas (trop) mon moral. J'enchaîne pour une virée vers San Pablo pour y acheter une paire de câbles de freins pour Barth puis revient à la Central.
Ce précédent paragraphe résume parfaitement ma journée. Barth bosse sur sa bécane pendant que moi je sieste.
La soirée en revanche est plus animé. Après avoir longuement hésité, j'abandonne Barth qui semble avoir besoin de sommeille pour suivre Sergio. Au programme (je ne le sais pas encore) une conférence organisée par un collectif végétarien “anti-experemitentations scientifique sur les animaux” dans un temple hindou, suivit d'un repas à base de steak de soja. Changement radical, après le ohmmmmmm qui résonne dans le temple de Krishna, la suite se déroulera dans un café-concert, sûrement une ancienne taqueria ou la scène remplace la cuisine. Ce soir, on joue du Punk Hardcore. Ayant largement et rapidement digéré mon repas végétarien, mon estomac a en revanche du mal à suivre le son endiablé des punks énervés. Quoique, le batteur catcheur de la fin, a un impressionnant coup de baguette qui ne peut laisser personne indifférent, enfin si peut être mais rien que pour celui là, ça valait le coup de venir…
Barth : Je consacre la journée au remontage de mon vélo, seul le matin pour les choses simples et avec Sergio plus tard pour le plus gratiné. Il faut vraiment que j'en vois le bout de ce chantier, j'ai hâte de pédaler avec !
Je laisse la lourde tache à Fanch de tenter en vain d'entrer en communication avec UPS pour des nouvelles de notre ordinateur tant attendu… Finalement au bout de la journée, il reste encore les freins et les vitesses à régler, ce sera pour lundi.
Fatigué, je décide de rester pour me coucher tôt, laissant Fanch se faire entraîner par Sergio, Ernesto vers une fiesta Indhi pour manger végétarien et je ne sais plus quoi d'autre..! Soirée calme donc, juste interrompue par le passage de naufragés d'une rando vélo urbaine, à la recherche d'un mécano, d'un peu de lumière et de quelques outils pour retaper le dérailleur d'une accidentée.. La routine quoi ! Bon, je suis pas sûr d'avoir tout compris non plus !..
Jour 323 - Monumento de la revolucion
Dimanche 18 août 2013 - 0 kms - Post n° 325
Barth : Fanch n'est pas rentré cette nuit, voilà ce qu'il en coûte d'aller faire la fête avec des cyclo-punks mexicains. je profite du soleil et du calme du dimanche matin pour continuer le bricolage du vélo, et peaufiner un peu les opérations de la veille. Même si ça traîne un peu, je suis vraiment content de prendre le temps de m'approprier un peu plus ce destrier mécanique qui me suit au quotidien depuis un an. Et la compagnie de Sergio, aussi passionné que patient, contribue beaucoup à ce plaisir.
En fin de matinée, revoilà Fanch, pas super frais, qui me laisse pour aller faire une sieste… Je passe un petit moment dans l'atelier de notre voisin Octavio venu me demander un avis esthétique sur sa dernière réalisation. Beaucoup de peintures, des séries plus précisément, qui jouent avec la nature des supports et matériaux récupérés pour en détourner le sens, et toujours le plaisir d'écouter Octavio parler de son travail !
Je réveil Fanch pour aller déjeuner, puis nous allons faire un tour au cyber pour prendre des nouvelles des différents dossiers. La récupération des données est terminée, nous allons pouvoir passer chez José ce soir pour reprendre notre disque ! Et l'ordinateur semble avoir été remis en livraison, pour demain toujours à l'hôtel Amigo… A voir ! Je m'autorise moi aussi une petite sieste dominicale avant de filer chez José pour une soirée Nitendo avec sa copine Lola et un ami coréen. Le disque dur ne monte pas sous l'ordinateur de Gabriel, mais c'est peut-être une histoire de système incompatible… C'est sur cet espoir que je m'endors en tout cas, peut-être que demain soir tout sera enfin prêt !
Fanch : C'est ce soir que nous devons récupérer chez Jose notre disque dur dorénavant reformaté. Je ne sais pas exactement combien de personne auront été impliquées dans cette histoire de disque dur mais je dirait pas loin d'une dizaines alors je profite de ce dimanche pour les remerciers.
Merci Rémy pour ton incroyable réactivité et pour tes compétences… Un pro comme on dit… Merci Piero pour ton talent de médiateur et pour tes post-posting Merci Fanch (Linux Quimper) qui tout en suivant les péripétie du disque dur tu nous préparait une machine aux petits oignons. Merci Oscar et Nathalie pour le PC qui nous à permis de remarquer que le disque dur était endommagé. Merci Gabriel d'avoir mis à notre disposition un ordinateur avec le bon système, ainsi que ton disque de 3 tera octets (ça ne ce croise pas tout les jours) pendant plusieurs jours Merci Jose d'avoir hébergé le dispositif « physique » de récupération de donnée connecté en wifi sur là box du voisin. Et merci Barth d'avoir suivi cette affaire de près, de plus près encore.
Bon là, je m'enflamme, le disque dur ne monte pas en version externe. Mais je ne perd pas espoir et puis de toute façon, on attends toujours l'ordinateur.
Jour 324 - Central Del Pueblo
Lundi 19 août 2013 - 0 kms - Post n° 326
Fanch : Le scénario de ce lundi ressemble à quelques détails près au déroulement du dernier vendredi. Je vais à l'auberge Amigo où l'ordinateur est censé être livré par UPS (statut UPS du jour: Livraison dans les temps, avant la fin de journée du 19-08_2013). Il est dix heure et forcément, je décide d'attendre le facteur… il susceptible de passer d'un moment ou d'un autre, je m’en voudrait de le louper. J’en profite pour approfondir un peu la question des subventions en me plongeant dans quelques dossiers.
Il est maintenant 19H et je commence à perdre patience… Pas de colis pour aujourd'hui, je rentre bredouille espérant que la pêche de demain sera meilleur.
Barth : Même scénario que vendredi dernier, Fanch file à Amigo pour attendre l'ordi et je reste à l'atelier pour finir mon vélo.
Je fais tout ce que je peut faire seul jusque 14h, avec l'arrivée de Sergio qui devrait m'aider à refaire freins et vitesses d'une manière plus efficace que ma méthode empirique. Un client arrive, Sergio se retrouve à bricoler un vélo, je file me connecter pour prendre des nouvelles et vais manger un morceau.
De retour à l'atelier il est déjà tard. L'ordinateur n'a pas l'air de vouloir arriver aujourd'hui, mais Fanch persévère et en profite pour bosser sur les dossiers de subventions. C'est l'heure des visites à l'atelier, Nofun et Charlotte, Andres qui vient de débarquer en vélo de Tijuana… Mais j'arrive à attraper Sergio et nous réglons ensemble les freins et les vitesses de mon vélo jusqu'à la tombée de la nuit. Je n'aurais plus que les finissions à faire seul !
Le retour de Fanch signe la fin de la journée, calme…
Jour 325 - Central Del Pueblo
Mardi 20 août 2013 - 0 kms - Post n° 327
Barth : Encore une matinée bricolage en solo pendant que Fanch retourne à l'hostal Amigo. Je m'occupe en premier lieu du porte-bagages, l'occasion d'améliorer un peu le système d'accrochage. Il semble que notre tranquillité soit remise en question, deux américaines de Los Angeles viennent de débarquer et Andres va aussi passer la nuit ici… Fanch décide de laisser son passeport à l'auberge et revient pour déjeuner, toujours sans ordi. Le bug d'UPS commence à être pesant, mais apparemment il n'y a pas grand chose à faire…
La pluie vient confirmer la venue d'une après-midi bricolage, à deux, ça faisait longtemps, et j’enchaîne tard le soir pour repenser totalement mon système d'appuie-tête et de rétroviseur, avant de trouver un petit coin sur le parquet de la mezzannine entre les ronflements étranges d'Andres et une montagne de bagages… Ambiance auberge de jeunesse !
Fanch : Satut UPS du jour : retenu en entrepôt. Le colis ne sera donc pas livré aujourd'hui. Je contacte Anne claire, ma frangine et en profite pour lui demander d'appeler UPS France pour plus de renseignement.
Bon apparemment ça arrive souvent que les colis restent bloqués à l'entrepôt, ce n'est que le 5ème jour de retard, ne stressons pas pour cela…
Pour oublier un peu cette histoire de livraison, je rejoint Barth à la Central pour bosser sur mon porte bagage qui ne s'est pas remit des ses émotion du Maroc. En deux temps trois mouvement il est réparé. Nous n'avons pas trouvé de poste à souder l'aluminium mais un artisan du quartier a intégré une épaisse tige d'acier à l'intérieur du tube rompu. Ça fera parfaitement l'affaire.
Je m'attaque au feu arrière justement fixé sur le porte bagage et réussi rapidement (à ma grande surprise à le transformer en feu stop. Quand j'actionne le frein arrière, il s'allume. Pour faire fonctionner ce petit gadget (j’aime bien les petits gadget), il m'a fallu détourner un tout petit peu le boîtier, y percer un trou pour faire passer deux câble directement connectés à la batterie de la lampe. Si les autres extrémités du câble se touchent, le courant circule et la lampes allume. Il me reste à trouver comment créer un contact quand j'actionne le frein… C'est fait, à l'aide d'un petit ressort et d'une gaine caoutchouc ajouté au système de frein arrière le prototype fonctionne… Impec, c'est encore plus simple que je ne pensais.
Ce soir nous sommes 5 à dormir sur la petite mezzanine de bicytekas,
Deux américaines sont passage dans les partage et Andres, un jeune natif de Tihuana vient de se taper pas loin de deux milles kilomètres pour venir jusqu'ici… En vélo bien sur. À l'heure ou j'écrit, Tout le monde dort excepté Barth qui finalise sa bécane. Quand à notre ami de Tihuana, il est somnemdule et s'assoie toute les cinq minute pour marmonner des parole qui ne doivent certainement rien dire, même en espagnol… Ça promet.
Jour 326 - Tepito
Mercredi 21 août 2013 - 50 kms - Post n° 328
Fanch : Pas de nouvelle de l’ordinateur et une belle chute en allant a la rodada de Bicitekas ce soir… La vie est belle…
Barth : Aujourd'hui on inverse les rôles, je finis juste de bricoler un peu quelques finitions le matin, avant de passer l'après-midi à Amigo. Toujours pas d'ordinateur… J'en profite pour passer un peu de temps sur internet.
En fin d'après-midi je m'en retourne donc à l'atelier, bredouille, et j'ai juste le temps de recoller mes chaussures et ma housse de siège avant la sortie du soir. Car nous sommes mercredi, et contrairement à la semaine passée, mon vélo est en état de marche, nous allons faire la randonnée vélo de Bicitekas !
Une petite centaine de cyclistes attendent patiemment le départ sur un des luxueux rond-points de l'avenue Reforma, les Champs Elysées mexicains. Au signal, le peloton s'ébranle et nous filons à une allure légère dans la nuit urbaine. L'avancée est rythmée par les cris signalant des nids de poules sur le parcours, des arrêts à chaque chute ou crevaison, et les haltes aux feux rouges. L'union fait la force, c'est le principe de ce genre d’événement qui se tient régulièrement dans la ville. Le groupe serré de vélos de tous poils prend plus ou moins l'espace de deux ou trois poids-lourds, ce qui nous permet d'être visibles sur les gros axes. Au final, quarante kilomètre de pédalage nocturne tout en papotant, une soirée sympathique, et sans pluie ! Et retour au chaud à l'atelier pour découvrir deux autres californiens qui dormiront en bas… Et Sergio qui a tout donné dans la rando, décide de rester pour la nuit également, plus on est de fous !…
Jour 327 - Eje 1 Norte
Jeudi 22 août 2013 - 0 kms - Post n° 329
Barth : Aujourd'hui, pas d'attente à Amigo, et toujours pas d'ordi…
La problématique de mon appuie-tête s'avère plus sensible que prévue, j'y passe donc un peu de temps. L'atelier est très animé, Sergio, Oscar, Ernesto et Cesar sont là, avec quelques amis ou clients dont Nofun venu faire réviser le vélo tout neuf de Charlotte. Bref, une joyeuse ambiance de bricolage, seulement entrecoupée par quelques aller et venus au cyber pour jeter un œil aux mises à jour d'UPS.
En fin de journée, Guillermo débarque pour nous entraîner dans une soirée de couchsurfers. J'ai besoin de calme, et décide de rester tranquille à l'atelier, laissant Fanch me représenter ce soir. Quelques tacos, quelques finitions dans le bricolage, et je finis la soirée en écrivant et en discutant tant bien que mal avec les quatre californiens qui viennent de rentrer. Si l'ordinateur n'est toujours pas la demain, nous allons devoir prendre les choses plus au sérieux et secouer d'une façon ou d'une autre l’équipe de bras cassés d'UPS…
Fanch : Nous attendons toujours l'ordinateur.
Guillermo nous fait une visite surprise pour nous proposer une petite viré dans un bistrot où à lieu un rassemblement de couchsurfer. J'accepte laissant Barth à la Central. Je ne sais pas pourquoi j'ai répondu positivement à l'invitation car je ne suis pas un grand adepte de ce genre de rencontre organisée, peut être est ce la compagnie de Guillermo, toujours aussi agréable qui me pousse à me joindre au groupe de couchsurfeur.
Bref, je retiendrai de cette soirée Mohammed et Zakaria, deux marocain originaires de Tiznit qui me parlent de Kouing amane et de kig ha farz dans un bistrot branché quelque part à Mexico.
Je rentre tôt, personne ne dort dans le petit hôtel de Central. Nous sommes 6 à présent à loger ici mais tout est néanmoins bien calme et je ne tarde pas à sombrer dans les limbes du sommeil.
Jour 328 - Central Del Pueblo
Vendredi 23 août 2013 - 0 kms - Post n° 330
Fanch : Pas d'ordinateur. Une semaine de retard de livraison alors que le colis est arrivé à Mexico en trois jour… Un comble. Je fignole mon vélo, monte le porte bagages plus brillant que neuf, le feu arrière maintenant scintille moindre coup de freins. Suite à ma chute de mercredi soir, il faut aussi détordre le guidon, régler les freins ainsi que le dérailleur avant, bref, tout un programme qui m'occupe une bonne partie de la journée.
La nuit tombe sur Mexico. Nous roulons groupés (une petite dizaine) en direction du monument de la révolution ou la municipalité à posé une imposante scène pour 3 soirée de musique destiné au citadins en manque de culture. Ce n'est là qu'une étape (qui ne s'avère pas évidente puisque nous sommes amenés à pénétrer dans une foule relativement dense avec nos vélos) et nous ne traînons pas à nous échapper en direction de la rodada des Viciosos, un autre groupe d'activistes-cyclistes proche de Bicitekas.
Sur la route, Chihuahua (le surnom d’un de nos compagnons) déraille, un problème commun mais qui me met dans l'embaras, je m'explique. Trois personnes dont Barth me précèdent et sont à l'arrêt, trois autres me devancent et n'ont pas eût vent du petit incident. Je décide de les rejoindre pour les en avertir. Mais après avoir tourner à gauche et une centaine de mètres plus loin, je ne vois personne. Je fais une pause d'une minute avant de faire demi tour pour rejoindre Barth, Chihuahua et sa copine. Mais là, personne. J'attends, encore un peu, je tente le tout pour le tout en faisant le tour quartier mais toujours personne en vue. Sans adresse, un peu pommé je décide de rentrer à la Centrale. La rodada des Viciosos n'aura pas été une réussite mais curieusement, ça ne me dérange pas tant que ça et les quelques bornes parcourues de nuits et en solitaire ont palier à mon manque d'adrénaline.
Seul hic dans cette histoire, je n'ai pas les clés de la porte… Et nous attendons toujours notre ordinateur…
Barth : Pour l'ordinateur, statu quo… On a contacté Lalou pour voir s'il peut nous aider à mettre la pression à UPS au téléphone. Du coup, c'est officiellement mon dernier jour de bricolage sur le vélo. Reste à confectionner un coussin pour l'appuie-tête ainsi qu'à fixer le drapeau, ce sont vraiment des finitions mais ça m'occupe toute la journée ou presque.
Deux autres Californiens, dont je n'arrive pas du tout à retenir les noms, sont arrivés. Normalement ils repartent tous samedi… En attendant grosse ambiance !
En fin de journée Sergio nous entraîne à un concert pop place du Monumento de la Revolucion, en vélo bien sûr car nous allons enchaîner sur la rodada du vendredi soir, de Los Viciosos…! Sauf qu'entre le concert et le lieu de rendez-vous de la rodada, la chaîne du vélo d'un des amis de Sergio saute, et le groupe est coupé en deux. Fanch se retrouve au milieu et seul… Nous le retrouverons finalement à Casa Biciteka, seul lieu de rendez-vous sûr. La soirée est donc écourtée mais ce n'est pas plus mal, on a bien profité du plaisir de plus en plus grisant du pédalage nocturne qui dans le quartier hyper chic de Reforma me rappelle mon premier visionnage du film Akira ! Les vélos rutilants filent silencieusement entre les voitures, metrobus, bus, tram, piétons et tant d'autres choses incongrues, avec la sensation d'être sur un tapis volant au fond d'un immense canyon de grattes-ciels…
Jour 329 - El Chopo
Samedi 24 août 2013 - 6 kms - Post n° 331
Barth : La journée commence étrangement, la Centrale del Pueblo est envahie par une équipe de tournage d'une série TV qui ne fait pas les choses à moitié ! Au moment ou le soleil est en train de plonger dans le patio, deux hommes qont en train de le refermer au moyen d'une immense bâche. Vision aussi surprenante qu'impressionnante au réveil !
Fanch est parti faire un tour sur un marché punk en compagnie des californiens. Je reste pour me reposer, écrire, trier et ranger un peu mes affaires… Sergio et Cesar sont là et Fanch ne tarde pas à rentrer non plus. L'installation du tournage qui aura lieu cette nuit est de plus en plus impressionnant. En fin d'après-midi, Lalou débarque, répondant à notre appel à l'aide pour aller tirer les oreilles d'UPS. Toujours pas d'ordi aujourd'hui, nous irons avec lui nous renseigner chez UPS lundi.
Sergio nous abandonne pour un concert et nous filons chez Lalou, passer la soirée en attendant quatre heures du matin, heure du rendez-vous pour une rodada cycliste nocturne qui suit le parcours fermé du marathon qui se tient demain. Une petite heure de demi sommeil et nous nous élançons dans la nuit, jusqu'au palais des Beaux-Arts, lieu du départ.
Lalou nous a raconté que l'an passé ils étaient une dizaine pour ce rendez-vous, cette année nous sommes plusieurs centaines à attendre dans une ambiance clignotante le signal du départ..! Cesar nous a rejoint mais nous n'avons aucune nouvelle de Sergio.. Soudain c'est parti, à toute allure le peloton s'élance silencieusement dans la nuit et très vite notre petit groupe s'éparpille. Je ferais donc les quarante kilomètres seul, en une heure vingt environ, avant de retrouver les autres dans la foule de l'arrivée, alors que l'aurore se profile au-dessus des immeubles. Nous ne sommes pas loin de Coyoacan, il est un peu moins de 7h, nous sommes dans les temps pour aller boire un café en terrasse comme prévu la veille… C'était sans compter sur la fatigue généralisée et la demie-seconde d’inattention de Maria qui lui fait coincer sa roue avant dans une grille d'égout anti-cycliste, et embrasser le sol avec une fougue un peu excessive… Plus de peur que de mal heureusement, mais une belle coupure sur l'arrête de la mâchoire, qui nécessitera quelques points de suture… Changement de programme donc, chacun rentre chez soi après avoir partagé un café devant un Oxxo. Les façades s'illuminent, Mexico redémarre, et dans le point de fuite des avenues, les montagnes semblent flotter dans la lointaine et brume industrielle, comme une piqûre de rappel pour nous appeler à reprendre la route un jour…
Fanch : Évitons de parler de la livraison du colis, les agences UPS ne sont pas ouverte aujourd'hui.
Certains parlent de filme d'horreur, d'autres de série télévisée où encore de publicité, les uns prétendent que cela va durer toute la nuit, les autres parlent d'une semaine… De tournage. L'espace plutôt paisible de la Central est investi par une équipe de tournage et les sons de leurs leurs talkie-walkies résonnent entre les murs du couvent. Petit à petit le matériel arrive et se met en place. Une gigantesque bâche noir recouvre la cour, la nuit tombe à 10 heures ce matin. Étrange, moi qui eu la sensation d'entrer dans un décor de cinéma en pénétrant pour la première fois ici, me voilà à traverser un plateaux de tournage pour aller me laver les dents.
Ceci dit, même si je suis curieux de voir ce qui ce passe ici, je ne m'empêche pas d'aller faire un tour à Chopo, le marché punk-métal à tendance hipy-skateborder à une demi heure de marche. J'étais censé accompagner nos colocataires de Los Angeles mais devant leur organisation chaotique (après deux heure et demi d'attente) je préfère abandonner et m'y rendre seul. Chopo est à Mexico ce que Camden Town est à Londres. J'imagine qu'un esprit adepte de l'esthétique vestimentaire gothique y trouvera son compte. Chopo c’est beaucoup beaucoup de stands de t-shirts aux effigies des groupes de métal les plus connu, des casquettes, des échoppes de vêtement ou le cuire et le noir dominent, des chaussures, des piercing. Outre le fait de communiquer au sujet du prochain concert punk ou de la nouvelle boutique de tatouage, les distributeurs de flyers sont aussi dealers et proposent aux passants un éventail de drogues plus ou moins douce. Impressionnant manège que je compare allègrement à l'entrée d'un gros festival… Mais sans le festival à proprement dit.
C'est un marché qui pour moi ressemble aux autres. On y vent de la camelote pour un client qui tend à se démarquer de la masse des consommateurs, mais qui se retrouve piégé, certainement victime lui aussi des codes vestimentaires imposée par le milieu culturel dans lequel il evolut, il dans un mode de consommation finalement identique à ce que l’on peut trouver partout ailleurs. Malgré deux petite scène ou le son des guitares filtré par une distorsion analogique gronde, la seule chose qui change ici c'est la marchandise.
De retour â la Central, tout le monde est là et Lalou notre interprète préféré ne tarde pas lui non plus à faire son apparition. Il nous propose de participer au « Marathon Crash Race », ce qui sonne dans mon esprit comme une rodada mais apparemment quelques petit détails changent. À l'occasion de marathon international de Mexico qui aura lieu demain, 42 kilomètres de ville sont bloqués à la circulation, c'est bien sur ce qui défini le parcourt. Le rendez vous est à 4 heure au moment ou le circuit est fermé aus autos et avant que les coureurs n'investissnet les lieux. C'est une occasion unique de rouler de nuit sur des avenues vides en plein coeur de Mexico… Existant non?
Je vous en dirais un peu plus demain, pour le moment nous enfourchons nos vélos respectifs, quittons le lieu du tournage et filons chez Lalou ou nous nous reposerons un peu avant le réveil qui s'annonce,très très matinal.
Jour 330 - Central Del Pueblo
Dimanche 25 août 2013 - 42 kms - Post n° 332
Fanch : Couchés à deux heure levés à trois pour une viré folle au cœur de Mexico. On l'a dit hier soir, on le fait ce matin, les yeux encore collés par le sommeil… On y va concentrés.
4 heure, nous sommes tout les 5 (Cesar de Bicitekas, Lalou et Maria sa copine, Barth et moi) sur le lieu du rendez vous, devant le palais des Beaux Arts. C'est d'ici que des centaines de marathoniens prendrons le départs dans 4 heurs. C'est aussi ici que tout commence pour le Marathon Crash Race, ou environs 300 âmes ont tout comme nous fait l'effort de sortir du lit pour le simple plaisir de rouler à toute berzingue sur une piste longue de 42 kilomètres et fermé à la circulation.
Après une bonne demi heure d'attente, le top départ est donné et tout le monde s'élance à vive allure. Le troupeaux que nous sommes ne tarde pas à s'efilocher, en effet, certain sont là pour le sport, d'autres pour une simple ballade, quand à moi je suis la pour l'adrenaline, je ne me pose pas de questions, porté par le flot, je fonce. Ça va vite, très vite. Je ne sais pas si je vais tenir le coup mais petit à petit mon corps accepte ce que je lui demmande. En l'absence de circulation ma seule hantise se trouve être les « oios » ces nids de poules parfois profond qui de nuit ne font généralement pas de cadeaux. J'ai de la chance aujourd'hui, ce n'est pas le cas de la chica qui me précède et qui vient tout juste de faire une envolé extraordinaire après avoir rencontré un de ces foutus trous. Je m'arrête et la vois qui se relève rapidement, quoiqu'un peu sonnée tout de même… mais plus de peur que de mal.
1h 20 environs pour 42 kilomètres, j'imagine que c'est notre record. Le meilleur d'entre nous à boucler la boucle en une heure et huit minutes quand au plus rapide des coureur de marathon, il devrait parcourir le circuit en 2h00 et une vingtaine de minutes…
Le concentration se relâche, sur la route du petit déjeuner, la roue de Maria se bloque entre les barreaux d'une grille d'égouts et la voilà elle aussi victime des dangers du velocycliste urbain. Encore une fois, rien de méchant mais nous ferons tout de même une étape ambulance avant d'engloutir un chocolat chaud (c’est con mais c’est bon) et pour finir la « course » dans nos sacs de couchage respectifs. Je me réveillerai un peu avant Barth, aux alentours de 16 heures avec l'impression d'une grosse gueule de bois…
Barth : En arrivant à Casa Biciteka, sur le coup de 8h30, nous tombons sur Camillo et le gérant du cyber, seuls rescapés du tournage fiesta de la veille. Les derniers camions de matériel viennent de repartir, la Central del Pueblo a repris sa figure d'origine, le jour est bien levé dans le calme du dimanche matin. Nous croisons Sergio qui a finalement dormi ici pour attendre notre retour, une histoire de clé en rapport avec le départ ce jour des derniers californiens présents… Mais plus la force de lutter, il faut qu'on dorme.
Une grosse fatigue, amplifiée par un coup de chaud, de froid et une déshydratation, je reste au lit toute la journée, interrompu par le passage de quelques bicitekos.
Le soir, comme une petite tradition du dimanche, nous avons la visite de Guillermo. Courte et calme soirée de discussion avec notre ami, avant de sombrer dans une vraie nuit de sommeil…
Jour 331 - Eje Central Lázaro Cárdenas
Lundi 26 août 2013 - 10 kms - Post n° 333
Barth : Toujours pas la grosse forme de mon côté. Le soleil ne parvient pas à percer la couche de nuages qui surplombe Mexico, il fait frais, et l'attente de l'ordi commence à devenir véritablement pesante.
Vers midi Fanch arrive enfin à contacter Lalou pour aller voir une agence UPS. Le résultat est un peu inquiétant, pas de trace de notre paquet dans le système informatique, soit il est bloqué en douane, soit il est en train de repartir en France… Ce n'est pas gagné, et je commence de plus en plus à croire que nous n'aurons pas beaucoup le temps de voir le Mexique après cette halte interminable. Mais c'est ainsi, on aurait pu faire de meilleurs choix en expédiant le paquet dans un relais UPS par exemple, mais il n'y a pas à dire, c'est vraiment la poisse !
La journée se termine dans une ambiance un peu morose, après avoir envoyé un mail à Fanch (de Rennes) pour voir s'il peut faire une réclamation de son côté. Sergio va peut-être pouvoir nous prêter un ordinateur, au moins pour mettre un peu à jour le site, et pour continuer d'avancer sur les dossiers de subvention… A suivre.
Fanch : Je me lève tard, Barth n'est pas en forme, sa fatigue accuse le Marathon Crash Race et c'est donc une journée de repos qu'il s'auto-préconise. Ma seule idée du réveil est de contacter Lalou. Nous avions convenu hier de nous retrouver pour une réclamation chez UPS et son aisance en espagnol risque de nous être fort utile. J'ai quelques difficultés à le joindre mais j'y parviens finalement et nous nous donnons rendez vous à 15 heures devant le palais des Beaux Arts.
16 heures, après avoir été reçu par un chargé clientèle qui a inscrit sur un bout de papier un numéro de téléphone nous parvenons enfin à en savoir un peu plus. Enfin, non… Le colis numéro 1ZB0333T0491774045 n'est pas localisé par les agences de Mexico, pire encore, elles n'ont aucunes traces du paquet en question.
Quoi il est perdu? Et paf, mon moral en prends une claque et l'histoire se prolonge, inlassablement. La seule issu paraît-il serait que l'expéditeur fasse une réclamation, ce qui implique que nous sommes encore forcés de déranger Fanch de Linux Quimper au sujet cette histoire qui je l'espère ne va pas se gangrener d'avantage.
Jusqu'à présent nous avions transformé notre attente en énergie positive mais j'avoue que je commence à me lasser de ce petit jeu…
Jour 332 - Calle Donceles
Mardi 27 août 2013 - 0 kms - Post n° 334
Fanch : Demain c'est la rodada de Bicitekas, déjà… Pas de nouvelles de l'ordinateur et impossible d'en savoir plus, le suspens est réel. Je commence vraiment à m'inquiéter.
Barth : Ça commence vraiment à faire long cette histoire d'ordinateur, toujours pas vraiment de nouvelles mais nous avons fait passer l'info en France pour que les réclamations viennent de là-bas… Pas grand chose à faire, et pas envie de faire grand chose, heureusement il y a toujours un peu de bricolage à faire pour se changer les idées.
Sergio débarque en début d'après-midi avec son ordinateur portable. Il ne s'en sert plus depuis quelques temps et attend juste d'être sûr d'avoir bien tout sauvegardé pour nous autoriser à installer ubuntu dessus… Je prends le temps de le démarrer sur une clef USB ubuntu, juste pour voir si notre disque de sauvegarde monte sous Ubuntu, en vain, même erreur que sous Fedora. D'un coup l'illumination, pourquoi n'a t'on pas acheté un disque dur supplémentaire, neuf, sûr et compatible, pour y stocker notre sauvegarde ?.. Je m'en occupe dès demain, au moins on pourra libérer le matériel de Gabriel qui attend toujours chez José…
Une petite visite de Nofun, Charlotte et Juan Carlos vient annoncer la fin de la journée, précédent une arrivée massive de bicitekos qui envahissent notre espace de vie. Ces derniers jours, l'activité est plus intense à Casa Biciteka et avec nos soucis d'ordi et la fatigue liée à la barrière de la langue, ce n'est pas toujours évident de s'adapter. Mais la gentillesse et la bonne humeur générale de nos hôtes fait qu'on ne peut tout de même pas se plaindre !
Jour 333 - Calle República del Salvador
Mercredi 28 août 2013 - 0 kms - Post n° 335
Barth : Une journée étrange de faux-espoirs autour de l'ordinateur, dont le détail est expliqué dans ces mails écrits à notre staff informatique français :
Le mercredi 28 août 2013, Projet Geocyclab a écrit :
Bonjour à tous,
Voici un récapitulatif des dernières avancées concernant notre panne informatique. Après une semaine de vaine attente avec un manque réel de moyens de communication, nous passons à l'offensive.
Au sujet de notre ordinateur qui semblait avoir disparu dans la matrice d'UPS, nous avons obtenu un signe de vie ce matin en passant à l'hôtel Amigo, lieu de réception du colis.
Ils ont reçu un appel d'UPS hier les informant que notre paquet se trouverait aux douanes à l'aéroport de Mexico… Fanch (Dodeur) y va cet après-midi avec Lalou, notre ami francomexicain qui assure pour ce genre d'affaire. Je vous refais un mail dans la soirée pour vous dire si cette affaire est enfin classée ! On y croit !!
Fanch (Cariou), la réclamation chez UPS depuis la France ne paraît plus forcément nécessaire… Ne te prends surtout pas la tête !
Concernant l'affaire de la sauvegarde de nos données, l'espoir d'avoir rapidement en main notre ordi nous a un peu endormi. Mais cela nous a laissé le temps de réaliser qu'il n'était sans doute pas hyper judicieux de tenter de récupérer des données sur un disque dur ayant possiblement subi des dommages électroniques et dans un boitier externe qui n'est pas forcément compatible avec ses 750 Go… J'ai retenté hier de le monter en USB sous Ubuntu grâce à un ordi qui m'est passé sous la main, en vain…
Nous avons donc pris l'initiative ce matin d'acheter un disque USB de 1 To pour faire une copie de la sauvegarde depuis Bodega, le disque de 3 To. Si possible, je peux m'occuper de cette opération, en suivant un tutoriel ou en utilisant une application dédiée. Il faut juste que nous prenions rendez-vous avec José (chez qui se trouve Bodega) pour savoir quand nous pourrions passer chez lui.
Par contre, s'il est nécessaire que le disque soit monté dans l'ordinateur lui-même, il me parait préférable d'attendre de voir si nous récupérons notre ordinateur rapidement, ce qui pourrait grandement simplifier les choses !!
On vous donne des nouvelles dans la soirée (nuit européenne), en ésperant qu'elles annoncent la fin de nos incessantes sollicitations !
Merci toujours, et encore !
…
Les nouvelles du soir comme promis…
L'ordinateur est bien à la douane, pas de contact direct avec cette dernière pour le moment mais UPS semble se désengager complètement de l'histoire !
Peut-être qu'une réclamation sera bienvenue à un moment donné, mais il n'y a pas d'urgence Fanch, on peut peut-être la faire de notre côté.
Pour le moment nous allons chercher un moyen d'infiltrer la forteresse des douanes méxicaines pour leur expliquer que ce n'est pas un colis commercial. Mais pour l'heure nous sommes perplexes… Et la voie classique administrative semble très gourmande en temps.
Demain matin, visite prévue à l'aéroport, toujours en compagnie de Lalou, pour aller voir si l'interface réelle des douanes nous permet de nous expliquer… Nous vous tenons au courant des avancées.
Pour le disque dur, l'affaire reste d'actualité, si au moins on arrivait à avancer sur ce dossier..!
Vivement la fin…
Barth et Fanch
GEOCYCLAB
Guillermo nous fait une visite bienvenue le soir, le temps d'aller manger quelques tacos et de papoter quelques heures histoire de se changer les idées…
Fanch : Retour à la rue Salvador pour acheter un disque dur qui servira à copier nos données et qui retournera en France prochainement dans le but d'avoir une sauvegarde complète en sécurité là bas. C'est le même quartier, alors nous passons à l'auberge Amigo pour savoir s'il y a du neuf venant d'UPS. À ma grande surprise, la réceptionniste sort de sous le comptoir un bout de papier sur lequel est inscrit un numéro de téléphone, le numéro de suivi du coli ainsi que « ADUANA ». Oui, il est à la douane, ça fait froid dans le dos mais au moins, il n'est pas perdu.
J'appelle Lalou dans la foulée, nous nous donnons rendez vous à 14 heures à la Central.
Ok, c'est partit, on passe un coup de fil au call-centre d'UPS. Notre enquête avance mais à contre courant. D'après ce que je comprends de ce que traduit Lalou, l'ordinateur, est passé pour un objet commercial, l'adresse du destinataire est celle de l'auberge Amigo et cela n'arrange rien puisque la douane pense que nous sommes, Barthelemy Peron et François Dodeur, les co-gérant de l'auberge. Pour sortir l'ordinateur de cette mauvaise passe deux options s'offre à nous: La première ne nous enchante guère, il faudrai envoyer le colis en France et se le faire renvoyer à une autre adresse à Mexico, et tout ceci à nos frais bien sur. La deuxième solution serai contacter un agent douanier pour qu’il s’occupe des démarche pour libérer le paquet… Nous optons pour la deuxième solution mais,après plusieurs coup de fil, le verdict tombe, nous apprenons que rien de cela n'est possible. La douane ne traite ce genre d'affaire qu'avec des entreprises et qui plus est avec des marchandises en grande quantité… C'est une nouvelle impasse qui se dévoile, une de plus. La coupe se remplie dangereusement. Affaire à suivre.
Jour 334 - Colonia Roma
Jeudi 29 août 2013 - 8 kms - Post n° 336
Fanch : Nous sommes dans une agence officiel UPS, la charmante réceptionniste ne peut évidemment pas nous aider directement et nous passe le téléphone avec au bout du fil le standard téléphonique d'UPS, le même qu'hier… Mais Lalou, après trois quart d'heure de négociation parvient finalement à convaincre son interlocuteur mi-robot mi-humain (auparavant, les autres ne semblaient pas avoir été programmé pour ce genre de cas) qui finalement contacte le service UPS de l'aéroport ou serai retenu notre colis. La situation serait elle en passe de se débloquer? On dirait bien oui… Nous n'avons plus qu'à attendre un coup de fil ou un mail de la part de l'agent douanier qui gère ce genre de problème.
Une heure plus tard, voila le coup de fil attendu: « qu’est ce qu'il y a dans le colis? » Ben voyons, on va dire que cette question était pour la forme… « je vous rappelle plus tard » dit elle avec un ton décontracté. Ok, on attend, le suspens croît jusqu'en fin de journée puis à nouveau le téléphone sonne « je vous envoi un mail avec un document à imprimer, à signer, et à me retourner »
Sans plus attendre, direction le cyber pour exécuter la demande… Voilà c'est fait mais la nuit tombe déjà, il n'y a plus rien à faire aujourd'hui, vivement demain pour en savoir d'avantage.
Barth : Toujours un peu patraque depuis le week-end passé, je laisse Fanch rejoindre Lalou en vélo vers 10 h avec dans l'idée d'aller voir du côté de l'aéroport si notre ordinateur s'y trouve. Je passe la journée à l'atelier, avec Sergio et Ernesto, à bricoler et ranger encore pour tuer le temps entre deux allers-retour au cyber pour guetter les nouvelles de Fanch ou de Fanch ( depuis le temps que je me retenais de la faire celle là !.. )
Un mail de Piero plein de bons conseils et d'encouragements chaleureux me remonte un peu le moral, apparemment la récupération des données est simple à refaire avec le disque qu'on a acheté hier !
Vers 18h une dernière connexion me fait enfin retrouver le sourire, Fanch et Lalou ont l'air d'avoir remué ciel et terre, le colis semble presque à portée de main ! Mais ne vendons pas la peau de l'UPS (se prononce « oups » en espagnol..) avant de l'avoir tuer. Ce sont les dernières nouvelles et je finis par appeler Lalu avec le portable de Sergio pour connaitre la suite du programme. Car ce soir nous sommes jeudi, semaine B, c'est soirée douche chez Nofun et Charlotte !
Fanch et Lalu, accompagnés par Maria, sont déjà sur place à vélo, Sergio a décidé de se joindre à nous, en vélo aussi, quant à moi j'opte pour le métro en voyant la pluie qui se prépare… Finalement tout le monde arrive à bon port dans le mini studio pour un apéro suivi d'un buffet de tacos au chorizo vert ( peur de rien les punks !), et bien sûr d'une formidable douche chaude !!!
Jour 335 - Colonia Roma
Vendredi 30 août 2013 - 23 kms - Post n° 337
Barth : Si nous avons un mail des douanes ce matin, il y a un espoir de retrouver notre ordinateur ce soir, dans le cas contraire il faudra attendre lundi… Fanch se précipite donc au cyber dès le réveil pour lever ce doute quand à la suite du programme. Il repassera deux heures plus tard avec une bonne et une mauvaise nouvelle, avant de repartir chez Lalou. La bonne c'est qu'il y a un mail de la douane, la mauvaise c'est qu'ils nous réclament 200€ non négociables…
Je reste encore une fois à Casa Biciteka et me lance dans une lessive et la révision mécanique du trépied photo qui crisse un peu depuis le Sahara, entre deux allers et venus au cyber. A ma deuxième connexion, j'ai enfin un signe de vie de José qui nous propose de passer le soir même chez lui ! Chido ! Je me lance donc dans le formatage du disque acheté il y a deux jours en démarrant le vieil ordinateur de Sergio sous une clé USB Ubuntu, histoire de gagner du temps le soir…
Le retour de Fanch, bredouille car Lalou est un peu malade et la banque était fermée, est suivi de près par l'arrivée de Guillermo qui nous accompagne chez José. Le temps de papoter un peu et d'avaler quelques tacos et nous voilà chez José et Lola. Après de cordiales retrouvailles, je m'isole dans un coin de la pièce pour mener à bien ma mission de récupération de données.
Première constatation, Bodega, le disque de 3To duquel je comptais copier les récupérations de données, n'est pas là… Un coup de fil à Gabriel nous confirme qu'il est avec lui et qu'il le posera chez José demain, ouf ! Ceci dit, c'est un peu la déconfiture, le sort s'acharne vraiment contre nous. Je ne m'avoue pas vaincu pour autant et décide de récupérer quelques données tout de même, principalement les photos pour pouvoir commencer à trier ce week-end avec l'ordi de Sergio, depuis le disque qui ne fonctionne pas en USB mais que je peut monter directement dans l'ordinateur de Gabriel ! Une heure de copie, des choses à faire ce week-end, et le sentiment d'avoir avancé un tout petit peu ne suffiront pas à me redonner l'énergie de rejoindre la fiesta de cyclistes où nous attendent Sergio et Ernesto… Tout juste à supporter l'ambiance surround d'une pulqueria bondée où nous vidons un mètre de bière avec José, Lola et Guillermo, avant d'aller dormir…
Fanch : Nous recevons aux alentour de 13h un message de notre douanière UPS. 3700 Pesos, c'est le montant à sortir du porte feuille de Geocyclab (qui le pauvre n'est pourtant pas très épais) et à déposer sur le compte de la douane pour pouvoir recommencer à travailler… Et quand on paye 180 euros pour se faire livrer un colis en 3 jour et qu'il faut dégainer 200 euros supplémentaires pour réceptionner l'envoi 15 jours plus tard… Ça fait mal.
Pour couronner le tout, le temps de contacter Lalou, d'aller chez lui (en faisant d'innombrables détour qui m'auront valut une bonne quinzaine de bornes sur les avenues de Mexico) d'analyser ensemble le mail de la douane, de tenter de comprendre l'origine de la somme qui nous est demandé… Pour couronner le tout, à l'heure ou nous nous apprêtons à payer notre « dû » les banques Banamex viennent de fermer leurs portes et ne les ouvrirons que lundi prochain… Je vous jure, j’en ai marre…
Et ce n'est pas fini… Nous sommes chez Jose et Lola en compagnie de Guillermo pour une visite de courtoisie mais aussi aussi dans l'objectif de transférer nos données du disque dur de Gabriel vers le celui que nous avons acheté mercredi (je commence à me perdre dans ces histoires de disques dur, je pense que Barth en parlera mieux que moi). Pour le moment tout va bien, nous saluons nos hôtes, Barth branche l'ordinateur y connecte notre disque dur, mais s'aperçoit que celui de Gabriel n'est plus là, Jose ne semble pas au courant. Conclusion: parfois, rien est simple, il y vraiment des jours ou j'ai l'impression que les coup de pédales de Geocyclab se font uniquement dans la semoule.
Jour 336 - Central Del Pueblo
Samedi 31 août 2013 - 0 kms - Post n° 338
Fanch : « Con cuidado » c'est une expression que l'on entend dans toutes les bouches quand il est temps de se séparer, de se dire « à bientôt ». Con cuidado cela veut dire gentiment, soigneusement mais aussi et surtout « avec prudence » ou « faites attention ». Malgré les apparences on sent bien que les gens d'ici ont une certaine conscience de la réalité du District Fédéral et de sa sécurité toute relative. Nous sommes tout de même dans la ville réputée comme la plus dangereuse du globe. Même si nous n'avons pas encore fais de mauvaises rencontres et malgré une police omniprésente censé apaiser les esprits les plus craintifs, la population local et l'atmosphère générale de la ville une fois le soleil couchée nous rappel régulièrement que nous ne sommes pas en totale sécurité. Il est bon de rajouter que la police et les militaires sont à dix milles kilomètres de rassurer la population… bien au contraire.
Le centre ville historique (la zone touristique) a été « nettoyée » dans tout les sens du terme il y a de cela quelques mois. Le problème d'insécurité, loin d'être réglé n'a été que reporté, déplacé quelques rues plus loin, la ou le béton remplace la pierre de taille, la où la taule remplace le verre et l'acier.
La Central del Pueblo, notre casa est justement située dans un de ces quartier: Tepito.
La police ne s'est pas encore implantée à Tepito, c’est apparemment le coin plus dangereux du centre paraît il. Le trafic de drogue et d'armes y sont appartement choses courantes, le marcher noir semble être le secteur économique rentable du quartier. 21h passé, les adeptes du solvants se dévoilent, ils se réunissent en petit groupe, ils squattent les recoins épargnés par les pluies de fin de journée. Les rues sont mal éclairée voir complètement noir, sales, autant dire qu'elles sont peu aguichante et que l'activité touristique y est absente , les déchets se décomposent sur le trottoir ou dans les flaques de la chaussée dénoncée, les rats voguent de bouche d'égout en tas d'ordure.
Mais… Mais il y a un mais et je vous le raconte demain.
Barth : Après une semi grasse matinée en profitant du relatif calme du samedi matin, je trompe ma frustration en triant les données récupérées la veille au moyen du vieil ordi de Sergio. J'avais fait ça l'autre jour chez Oscar et Nathalie et je sais combien c'est lent et fastidieux, mais c'est du temps gagné pour la suite quand on pourra bosser avec notre ordi !
Quelques mails pour donner des nouvelles de notre situation à notre staff breton, un peu d'écriture jusqu'au retour des guerriers, Ernesto et Sergio qui rentrent d'une nuit de fête, et sont suivis par un étrange et relativement lointain orage qui fait vibrer les murs en continu… Une sorte de tremblement de terre céleste !
Je décide d’enchaîner sur une soirée ordinateur, en mesurant à quel point j'ai hâte de me replonger dans les images, les montages, les archivages… Tout en sachant très bien que j'en aurais vite marre ensuite ! La visite de Nofun et Charlotte retarde un peu le programme, mais ils finissent par embarquer Fanch pour un concert, me laissant seul avec un ordinateur.
Jour 337 - Marché de Tepito
Dimanche 1 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 339
Barth : Ce qui devait arriver est arrivé, je suis resté travailler jusque tard dans la nuit, au point de croiser Fanch sur le retour ! Mais sans doute le fait d'avoir replonger dans les images, les tris et archivages m'aura t'il fait du bien car je me lève bien reposé, et pas trop tard… Le temps que Sergio débarque et achève de réveiller Fanch, je fignole un peu le boulot entamer la veille. Il s'agit de repenser le système d'archivage en vue de simplifier les sauvegardes à venir, et pour ces choses là, la nuit porte conseil !
Ensuite, un petit tour au cyber qui ouvre bien tard aujourd'hui. Pas beaucoup de nouvelles et une connexion qui marche mal, retour à l'atelier pour une sieste au calme en attendant le retour de Fanch et Sergio partis faire un tour au marché de Tepito juste à côté…
Un peu avant la tombée de la nuit, nous trouvons le courage d'enfourcher nos bécanes pour filer jusque chez Lalou qui nous attend pour une soirée tranquille en vue de la reprise du dossier ordinateur le lendemain. Burgers, film, papote, un bon dimanche soir en appartement comme on en avait pas fait depuis longtemps !
Fanch : Où en étais-je? Ah oui, Tepito, le quartier chaud.
Alors malgré sont aspect qui semble effrayer si ce n'est répugner une bonne partie de la population locale, malgré ses crimes et ses crapules, Tepito est un quartier où peut être plus qu'ailleurs (dans le centro historico), la vie a élu domicile. Il faut dire qu'à deux pas de la Central c'est l'un des plus grand marché de la capitale qui déballe tout les jour. Des kilomètres carrés de bâches plastiques se déploient et nous laisse imaginer le gigantesque patchwork qui se déploie et envahie les rues et ruelles du quartier. En dessous se cache des centaines d'échoppes informelles ou plusieurs milliers de consommateurs de camelotes chinoises viennent y faire leurs emplettes.
Et même si tout n'est pas en vitrine, on trouve ici de tout, du slip kangourou vert fluo aux flingues semi automatique en passant par les écrans téléviseurs ultra plat et la cocaïne venu du sud.
J'accompagne Sergio pour ses courses du dimanche, l'ambiance y est tranquille, familiale, populaire et rien ne laisse songer en cette après midi ensoleillé qu'une fois la rue vidé de son activité diurne, elle retombera sous le contrôle des cartels.
Et oui, vous l’avez compris, la vie de ce quartier suit les geocycles de la terre, le jour et la nuit sont deux masques qui recouvrent à tour de rôle la surface de Tepito, un des plus vieux quartier de la ville. Nous sommes en plein coeur de Mexico, à deux pas de la place Garibaldi, internationalement réputée pour ses rassemblements quotidiens de centaines de mariachis, à 5 minutes du Zocalo, la grande place de la capitale. Après plusieurs semaines à loger dans les parages, j'ai l'impression d'être du coin, dans la rue on nous salue, la femme de l'épicerie d'en face se montre de plus en plus aimable, le monsieur au tacos semble être à chaque fois plus satisfait de nous voir revenir, les mômes me demandent pourquoi aujourd'hui je ne suis pas avec mon « bici », le coiffeur transexuel d'à côté insiste pour me couper la barbe…
Petit à petit l'oiseau fait son nid et même si je n'irais pas parcourir les rue de ce quartier à poil avec un sombrero et des liasses de billets de 500 pesos dans les mains à 3 heures du matin, je me sens de plus en plus à l'aise en ces lieux.
Jour 338 - Colonia Roma
Lundi 2 septembre 2013 - 8 kms - Post n° 340
Fanch : Après avoir passés la soirée, puis la nuit chez Lalou, je laisse Barth à ses affaires et passe à la banque pour y faire un dépôt d'argent. Cette démarche qui consiste à déposer un papier ainsi qu'une sommes d'argent sur un compte de la douane mexicaine n'est en soit pas très compliquée mais Lalou m'accompagne… Sait-on jamais. Tout ce déroule sans accrocs, une bonne chose de faite. La suites se déroule au cyber, signature et scanner, l'affaire s'est réglé a coup de billets ce qui ne m'enchante guère mais nous devrions réceptionner notre ordinateur demain… Cette histoire s'achève enfin.
Pour fêter ça, on s'offre un petit déjeuner à la française, enfin presque. Baguette rustique et beurre salé (vous n'imaginez pas comme c'est bon), jambon Serrano, fromage, oeufs aux plat et purée d'avocat aux oignons rissolés… Disons que ça requinque!
Barth : Les moustiques ont un peu perturbé le sommeil mais nous finissons par émerger. Le temps d'avaler un café et de prendre une douche et Fanch et Lalou filent à la banque pour effectuer le paiement des frais de douane. Je reste à l'appart pour organiser un peu la suite par mail, contacter José pour passer chez lui lancer la copie de nos données ainsi qu'Oscar et Nathalie en vue de notre séjour prochain chez eux. Je suis interrompu par une coupure d'électricité…
Fanch et Lalou sont de retour avec quelques victuailles pour déjeuner et la bonne nouvelle du paiement effectué. Fanch nous prépare un brunch à l'européenne, la panne de courant est réparée, il s'agissait juste d'un agent qui est venu couper le compteur pour une sombre histoire d'impayé des locataires précédents.
En milieu d'aprem je laisse Lalou et Fanch rentrer à la Central del Pueblo et je file chez José qui a une heure de battement entre deux cours. Le temps de brancher ordi et disques durs, de lancer la copie, de boire un verre et de papoter, et nous ressortons. Je ne traîne pas, le vent s'est levé, le ciel est noir, ça sent l'orage !
Quelques gouttes esquivées de justesse et je retrouve tout le monde à Casa Biciteka. Sergio, Lalou, Maria et Fanch sont chauds pour aller manger loin en vélo, je me contenterais de quelques tacos et d'un détour au cyber qui m'épargnent une pluie en vélo. Fanch revient bien vite en compagnie de Sergio, avec qui nous buvons un thé en lui montrant quelques photos de l'Europe et de l'Afrique sur son vieil ordinateur. Étrange sensation que de replonger quelques mois en arrière, et de mesurer à quel point la route nous manque…
Jour 339 - Calle República de Brasil
Mardi 3 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 341
Barth : Trois mois quasiment jour pour jour après notre panne, nous avons enfin reçu aujourd'hui notre nouvel ordinateur !!! Il aura fallu de la patience, de l'argent, la collaboration de nombreux acteurs en tous points du globe, et quelques angoisses pour revenir à une situation presque normale. Presque, car le doute plane encore sur la récupération de nos données, et surtout car à présent il va falloir turbiner pour rattraper le retard !
Vers midi, j'abandonne donc le tri de photos que j'avais entrepris de faire laborieusement depuis l'ordinateur de Sergio, pour découvrir avec Fanch qui vient de revenir de l'hostal Amigo, le contenu de notre paquet tant attendu. L'ordinateur correspond bien à l'idée que je m'en faisais. Il nous faut un peu de temps pour nous rappeler que Fanch avait dissimulé les mots de passe administrateur sous la batterie, afin de pouvoir commencer la prise en main.
Mais pour l'heure, l'urgence consiste à passer chez José pour récupérer notre disque dur et pouvoir commencer le tri et la vérification des données. Je sors donc pour téléphoner à notre ami, qui après m'avoir rassurer sur le fait que la copie à l'air de s'être bien passée, m'explique qu'il ne faut pas que je vienne chez lui maintenant car des manifestations ont lieu sur la place du Monumento de la Revolucion et les forces de polices présentes ne garantissent pas un déroulement pacifique de l’événement… Je prends donc mon mal en patience en préparant au maximum la suite des événements. Un petit tour au cyber pour annoncer la bonne nouvelle à nos amis de Linux Quimper et pour confirmer notre venue à Oscar et Nathalie pour le lendemain soir, et c'est déjà la fin d'après-midi…
Deuxième coup de fil a José, la voie est libre ! J'enfourche mon vélo et file à toute allure jusque chez notre ami, y débranche l'ordinateur de Gabriel après m'être assuré que toutes les données ont bien été copiées, j'avale une bière tout de même et prends le temps de papoter un peu avant de retourner dard-dard à la casa Biciteka. Lalou et maria viennent d'arriver, démoralisés par une coupure de courant dans leur appart liée à des embrouilles de colocation. Je commence à lancer les premières copies de récupération sur l'ordinateur, tout en partageant un apéro avec nos amis. Le jour où tout s'arrange pour nous, et beaucoup grâce à Lalou, on se sent un peu idiots de ne pas pouvoir rendre la pareille dans cette histoire de conflit locatif…
Nous sortons avaler quelques tacos ensemble, avant de nous séparer, et pour ma part, de passer ma première nuit de travail devant un écran, à vérifier toutes les données, et configurer l'ordinateur…
Fanch : 9h, je file à l'auberge Amigo. La livraison de l'ordinateur doit être effectuée aujourd'hui, le suspens est à son comble. 10h, pas de nouvelles, 11h, toujours rien… 11h53, la réceptionniste de l'auberge vient à moi le sourire au lèvres: « il y a quelqu'un qui demande à te voir ! »
Il est là, enfin. C'est l'événement de la journée et cela veut dire qu’enfin nous allons pouvoir reprendre nos activités et par la suite sillonner les routes du monde!
De son côté Barth a récupéré chez Jose l'ensemble des donnée de notre ancien disque dur. Tout est là en même temps, un disque qui fonctionne avec de la matière pour bosser et un ordinateur qui fonctionne… Nous ne sommes pas loin du miracle, je vous l'assure.
Je m'emballe un peu (ça fait du bien) car avant toute chose, il va falloir se mettre à jour. Au programme donc :
- Recopier les donner du disque externe vers le disque dur interne de l'ordinateur.
- Deruchage audio, photo et vidéo
- Rangement, tri, classement.
- Mise à jour du carnet de bord (pas moins d’une centaine d’articles).
- Réalisation de dossiers de subvention. (ce dernier épisode nous à coûté très cher)
- Montages vidéos de ce que nous avons réalisé et découvert à Dakar.
- Tournage du check point 007.
- Montage du check point 007.
- Départ.
Nous estimons cette période de boulot à une quinzaine de jours. Quinze jour qui risquent bien d'êtres intense et j'avoue que j'appréhende quelques peu ces heures devant l'écran mais la perspective de la reprise ce fait ressentir et nous jour là, nous repartirons de zéro!
Pour finir cette article, je voudrai remercier encore une fois (je me répète, je sais, mais c’est la moindre des chose) toute les personnes qui furent impliquées dans ces histoires informatiques. Je vais essayer de n'oublier personne, si c'est le cas je vous demande alors de m'excuser, c'est que la liste est longue.
Alors, un immense merci à :
- Gabriel qui a diagnostiqué notre ancien ordinateur durant trois nuits puis qui nous a prêté un ordinateur sous Linux et un disque de 3 teras octet pour une période de 15 jours
- Jose, notre barman préféré, mouillé dans cette l'histoire depuis son commencement et qui aura hébergé chez lui et connecté au web le matériel de récupération de données pendant ces deux semaines.
- Oscar et Nathalie, pour l'hébergement bien sur, mais aussi pour avoir essayé de faire avancer les choses plus rapidement en nous prêtant votre ordinateur.
- James de rancho-electronico d'avoir essayer de résoudre notre problème de disque dur.
- Piero de Linux Kemper qui comme à son habitude depuis la France s'est placé en médiateur idéal, il a organiser et suivi de près les opérations. Merci aussi pour ton soutient moral qui plus d'une fois nous à (re)donné espoir.
- Un spécial grand merci à Fanch de Linux Kemper pour avoir récupéré notre nouvel ordinateur, pour y avoir installé un Ubuntu stable et sur mesure, pour avoir participé au trafique de disque dur et enfin, pour nous avoir expédier l'ordinateur.
- Un autre grand merci à Rémy qui depuis son smartphone et en vacance a très efficacement résolu nos histoires de disque dur endommagé… La grande classe, Rémy.
- Anne claire (la frangine) pour les coups de fils au standard UPS France.
- Yann Yvon (le Papa) pour les virements.
- Un grand merci aussi à Lalou qui à consacré une semaine de son temps pour résoudre ce problème de douane avec un professionnalisme et une diplomatie irréprochable et sans qui nous n'aurions peut être jamais reçu notre colis.
Enfin voilà… Merci à tous pour votre patience, Geocyclab repart dans quelques jour… Affaire à suivre donc!
Jour 340 - Métro Portales
Mercredi 4 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 342
Fanch : Après avoir fait un bon coup de rangement à la Casa Bicitekas, laissant mon ami converser avec l'ordinateur, je me dirige en direction du quartier technologique. Objectif… une housse néoprène pour notre toute neuve machine. Mais ce n'est pas tout, je profite de cet aller-retour pour faire quelques petits achats de matos électronique. Et oui, nous n'aurons pas toujours la chance de se trouver à proximité de ce genre de lieu et je préféré sauter sur cette occasion pour refaire le plein de matériel. Un tout petit panneau solaire, quelques interrupteurs, un mètre de gaine terme-retractible, un porte pile AAA… je ne sais pas exactement quand, mais j'en aurai très certainement besoin pour la suite du voyage (j'espère). Enfin… L’activité de la plaza de la compu (c'est ainsi que l'on surnomme cet espace ici), rend ma progression éprouvante et les emplettes traînent. C'est une véritable fourmilière tant au nivaux de l'agencement labyrinthique des petites échoppes qu'au niveau de ce flux continue de consommateurs qui parcourent les allées de ce marché couvert sans relâche, du matin au soir, agoraphobes garde à vous…
Bon, c'est une bonne chose de faite. Je ne tarde pas à rejoindre Barth à la Central car la suite du programme se déroulera chez nos chers amis de Portales, Nathalie et Oscar et nous sommes attendus en fin de journée. La suite du programme? Et bien c'est limpide comme de l'eau de source… on a du pain sur la planche et pour tout vous dire, je risque d’être un peu moins bavards ces prochains jours.
Effectivement, je me laisse prendre au jeu. Il est 4 heures du matin, je n'ai pas achevé la mise à jour du carnet de bord et prends en ce moment précis la mesure de ce qui nous attend. Je vais malgré tout et d'un pas engourdi, plonger dans les limbes du sommeil. Barth ce couchera une heure après moi… affaire à suivre.
Barth : Vers dix heures du matin, je suis réveillé par des visiteurs en train de prendre des photos de l'intérieur de l'atelier depuis la fenêtre ouverte… Étrange réveil. Les copies lancées la veille n'ont pas toutes abouti, j'ai mal calculé mon coup au niveau de la place disponible entre les quatres disques avec lesquels je jongle. Je relance donc la fin de l'opération, avant d'aller rapidement déjeuner chez Yolis.
Le boulot m'occupe durant l'après-midi tandis que l'atelier se remplit peu à peu. Parmi les visiteurs, Jorge, un suisse qui débarque avec son vélo de grand voyageur depuis l'amérique centrale. Lui aussi fait le tour du monde, mais en cinq ans dont deux pour travailler ! D'un coup, je nous sens très sédentaires en comparaison de cet acolyte qui débarque couvert de poussière et tané par le soleil. Nos teints de citadins fatigués contrastent fortement…
Le temps de discuter un peu, d'organiser la passation de la clé de l'atelier avec Jorge qui va rester deux nuits ici, et de faire le trajet en métro (très ralenti par la pluie) et nous arrivons enfin chez Oscar et Nathalie ! Les retrouvailles autour d'un diner enchainent sur une seconde nuit de travail, entre préparation des contenus à intégrer dans le site et prise en main du serveur local.
Jour 341 - Calle Canarias
Jeudi 5 septembre 2012 - 0 kms - Post n° 343
Barth : Une nouvelle fois commence une période de boulot durant laquelle il va être difficile de raconter des choses passionnantes, et encore plus de passer davantage de temps devant un écran dans l'hypothèse qu'il se passe quelque chose d'incroyable.
Aujourd'hui, mis à part un petit tour à midi pour avaler une tortas et faire quelques courses, ce fut boulot, boulot, boulot… Et communications avec la France également, il y avait longtemps qu'on avait pas eu un ordi et une connexion wifi en même temps..! Heureusement, nos amis travaillent tout autant que nous. Oscar est en train de terminer la rédaction de sa thèse, et Nathalie est bien prise entre la Fac et le Shiatsu depuis la rentrée. Nous sommes donc dans le même état au moment de partager le dîner !
Fanch : Pas grand chose à dire pour aujourd'hui. Le travail prend le dessus, tout le reste passe au second plan même mon appétit. Je prend simplement le temps de faire un break quand nos amis Oscar et Nathalie rentrent de l'université pour leur préparer quelque chose à manger. Puis je replonge dans ce carnet de bord pour reporter toutes les informations relatives aux objets du jours. Coordonnées GPS, lieu, date, contexte… je crois que c'est ça le plus chiant à faire… Ctrl-c Ctrl-v Ctrl-c Ctrl-v Ctrl-c Ctrl-v… Ça n'en fini pas et je commence à piquer du nez sur l'ordinateur. 4 heure, bonne nuit.
Jour 342 - Calle Presidentes
Vendredi 6 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 344
Fanch : Couchés tard levés tard mais pas trop. Notre travail suit son cours. J’essaie tant bien que mal de rester concentré mais la journée est ponctuée de rencontres et de bavardages. Je prends quelques nouvelles via Skype de ma famille que je surprend en plein apéro puis dans la foulé, nous improvisons une petite réunion avec Anais. L'heure est grave ou plutôt autrement dit la conversation est sérieuse. Il nous faut absolument trouver des financements pour pouvoir continuer ce voyage. C'est le sujet principale de l'entrevue, Anais quant à elle, va nous donner un coup de main précieux et se positionne en tant qu'interlocutrice de Geocyclab en France ce qui devrait nous faciliter les tâches administrative. Nous décidons d'ailleurs de remettre cela vendredi prochain, histoire de faire le point sur les différentes étapes effectuées au cours de la semaine.
J'aperçois rapidement Oscar, Nathalie ainsi que Damien et Marie Laure deux de leurs amis (que nous serons bientôt amené à revoir) avant de sauter dans le métro direction la Casa Bicitekas ou nous passerons la fin de semaine.
Ce soir nous sommes tout les deux un peu claqués par les dernières 48 heure qui furent pour le moins intenses mais cela ne nous empêche pas de recevoir Guillermo à la Central et de discuter jusqu'à très tard dans la nuit. Ce sera probablement la dernière soirée que nous partageons avec lui, il part bientôt de son côté pour continuer son aventure. Bon, de tout façon à l'heure ou j'écris ces ligne, trop fatigué pour rentrer, il roupille tranquillement à côté de nous, nous petit déjeuners ensemble demain. Mais c'est curieux, depuis notre départ, je crois bien que c'est la première fois que nous sommes amenés à faire nos adieux à un ami qui s'en va…
Barth : Encore une bonne matinée de boulot, qui se termine par une réunion skype avec Anaïs afin de préciser un peu les choses au sujet des dossiers de demandes de subventions que nous allons bientôt faire. Avec un ordinateur c'est sûr qu'on sera plus efficace que les dernières semaines, mais la liste de travail est vraiment imposante !
Oscar et Nathalie font des allers-retours entre l'université et la maison, jusqu'en fin d'après-midi où des amis de Nathalie débarquant de Bolivie arrivent, posent leurs affaires et redécollent aussi sec en direction de Merida. Nathalie se joint à eux pour le week-end, et Fanch profite du taxi pour se rapprocher un peu de la Central où nous allons retourner passer le week-end.
Pour ma part, je viens de lancer un gros téléchargement et suis obligé d'attendre que la récupération du site en local s'achève avant de décoller. Je reste donc une petite heure encore, à regarder d'un œil le téléchargement et de l'autre le match de foot qu'Oscar suit pour entamer son week-end studieux en solitaire. Je finis par pouvoir prendre congé, et me traîne courageusement sous la pluie froide du soir jusqu'au métro bondé et ralenti par les précipitations qui me conduit jusqu'au centre. Je retrouve Fanch et Guillermo à la Central del Pueblo, pour une des dernières soirées en compagnie de notre ami, à évoquer entre autre nos retrouvailles en Asie dans un an..!
Jour 343 - Central Del Pueblo
Samedi 7 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 345
Barth : Les discussions se sont terminées tard, Guillermo est donc resté dormir et nous partageons ensemble un petit déjeuner complet dans une comida corrida que nous n'avions jusqu'alors pas remarqué juste en face de la Central.
Fanch file ensuite chez Lalu pour bosser sur internet avec l'ordinateur de Sergio, et je m'installe à Casa Biciteka pour continuer le tri des images en vue de la sauvegarde que nous allns enviyé en France avec notre ancien ordi avant de reprendre la route un jour… Cesar est là, en train de bricoler sur son vélo, je suis agréablement interrompu par Ernesto qui passe souffler un coup entre deux courses en vélo. Il y avait longtemps qu'on ne s'était pas vu !
Je ne sais plus comment la conversation a démarré, mais il en est venu à me parler de la tradition Huichol dont lui et sa famille sont héritiers. De ce que j'en ai compris et après de rapides recherches sur le web, les Huicholes sont un des peuples pré-colombiennes du centre ouest du Mexique, particulièrement connu pour son adoration du cactus Peyotl. Cette plante hallucinnogène permettant de communiquer avec les dieux pousse sur des terres sacrées aujourd'hui menacées par des industriels miniers, et Ernesto semble très impliqué dans cette affaire… Agréable et instructive pause !
Je n'ai pas vraiment le temps de me remettre au boulot avant que Sergio ne débarque à son tour, suivi de Fanch et Lalou qui passent me proposer de les suivre chez une amie de Maria pour un apéro. Je ne me sens pas d'humeure très sociale, la tête bien trop pleine de questions techniques et d'opérations sur le feu… Pour le moment, je préfère rester concentré et mettre un bon coup de collier sur le boulot. Et étant donné que nous n'avons qu'un ordinateur vraiment opérant (Et c'est déjà énorme quand on y pense !!!) il va falloir qu'on prenne l'habitude de se relayer entre pause et boulot. Je reste donc pour une soirée boulot qui se termine tard comme toujours…
Les huicholes ont développé une forme picturale haute en couleur et en détails dont voici quelques visuels issus du web :
Fanch : Barth reste bosser à la Casa Bicitekas, tandi que je me rends chez Lalou pour faire de même car j'ai besoin d'une connexion pour achever la mise à jour de mon carnet de bord. Bon, tout ne se passe pas comme je l'aurais souhaité, tout d'abord je met un moment à me mettre au boulot et quand enfin je suis devant l'écran, près à enchaîner, voilà qu'internet me fait des misères. Je ne me démonte pas mais j'avance peu. C'est un coup dans l'eau. J'ai besoin de faire un break, ce soir je sort, demain c'est dimanche… Alors je me rattraperai lundi.
Jour 344 - Central Del Pueblo
Dimanche 8 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 346
Fanch : Je ne rentre que ce matin à la Central, l'apéro d'hier soir s'est éternisé et nous avons tous dormis dans l’appartement de Roxana, ce qui il faut l'avouer m'a bien arrangé puisque rentrer seul à trois heure du matin ne m'enchantait guère surtout avec cette foutu poutre, qui chaque nuit, bloque la porte d'entrée de la Central del Pueblo. Enfin bref, je n'ai pas fais trop d’excès hier soir, j'accuse seulement un petit manque de sommeil que je rattraperai ce soir… quand je débarque à la Casa Bicitekas, Barth est déjà au commande de l'ordinateur, alors sans trop tarder, de mon coté je me met à écrire sur ma tablette pour tenter d'avancer le boulot.
Enfin, la visite surprise de Nofun et de Charlotte impose une pause qui ne fait pas de mal. Nous papotons une petite heure avant de replonger dans le travail. Un dimanche comme les autres. Je finirai bien cette article par « boulot, boulot, boulot », mais Barth va écrire la même chose, je m'abstiendrai donc de provoquer une répétition inutile. Hasta mañana amigos!
Barth : Les choses avancent bien, la carte graphique de l'ordinateur me parait beaucoup plus puissante que celle du précédent, ce qui me fait gagner un temps énorme pour le tri des images et vidéos. L'occasion de prendre en main de nouveaux logiciels et de mettre en place une méthode de tri par mots-clés qui commence à faire cruellement défaut. Cela va nous permettre de visualiser et explorer par thèmes ou sélections les milliers d'images déjà accumulées.
Je sais bien que cette quête du protocole de travail le plus parfait possible est sans fin, mais outre le plaisir de reprendre enfin les rennes de notre atelier, la panne que nous avons subi nous oblige à repenser un peu l'archivage. Et puis c'est toujours la même logique, pour ne pas se retrouver au retour avec trois années de rushs à trier, plus on en fait au fur et à mesure, plus ce sera simple…
Mis à part le retour de Fanch et la visite dominicale de Nofun et Charlotte, tous les trois en mode lendemain de soirée, pas grand chose à signaler à la Central del Pueblo… Boulot, boulot, boulot…
Jour 345 - Calle Calzada de Tlalpan
Lundi 9 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 347
Barth : La pluie est le thème du jour, toujours avec le boulot bien sûr ! En début d'après-midi l'atelier n'est pas officiellement ouvert mais les clients s’agglutinent… Parmi eux, Bryan, un américain qui voyage à vélo qui vient de traverser la ville pour faire réparer son vélo qui en a bien besoin ! Mais un coup de fil à Ernesto nous fait comprendre que personne ne viendra aujourd'hui, tant pis…
Nous allons déjeuner avec Bryan, et Guillermo qui vient d'arriver pour nous faire ses adieux, en évitant soigneusement de tomber dans l'étang qui a remplacé la rue suite au déluge des heures précédentes… Une fois le ventre plein, c'est donc l'heure des adieux à Guillermo qui va réceptionner sa sœur à l'aéroport le soir même avant de filer avec elle pour quelques semaines de vacances dans le sud, sous les cocotiers… Nous nous reverrons amigo ! Sous d'autres cocotiers dans un an, ou après notre retour en Europe…
L'après-midi se termine dans l'attente que la pluie se calme, en compagnie de Chihuahua, un des compères de la banda, à qui nous montrons quelques uns de nos haikus et checkpoint. C'est pratique pour ça aussi un ordinateur ! A la nuit tombante nous regagnons le havre de paix chez Oscar et Nathalie pour une énième soirée de travail.
Fanch : Comme pour se dire un dernier au revoir, nous déjeunons avec Guillermo. Et puis, même si l'on traîne un peu à causer sur la mezzanine de la Casa Bicitekas, les adieux arrivent rapidement et c'est avec réel un pincement au cœur que je raccompagne notre ami jusqu'à la porte de la Central. Un dernière embrassade et Guillermo se retourne, nos chemins se séparent ici. Alors… Alors peut être bien qu'ils se recroiserons, en Asie? je l'espère sincèrement. Merci Guillermo pour ta sympathiques et enrichissante compagnie… Adios!
Et maintenant? Bon on est bien là mais en ce qui me concerne, le boulot n'avance guère. C'est l'heure de filer à Portales chez nos amis Nathalie et Oscar, car ici, je n'est pas de quoi bosser sérieusement et il faut bien avouer que les allés-venus à l'atelier de Bicitekas ont tendance à me distraire jusqu'à en perdre toute motivation! On bouge!
La suite est prévisible, nous mangeons avec nos hôtes avant d'enchaîner sur nos obligations jusqu'à tard dans la nuit.
Jour 346 - Calle Víctor Hugo
Mardi 10 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 348
Fanch : Que dire, le travail suit son cours. La matinée est réservée à la classification des objets du jour. Plus d'une centaine de petits objets à trier, classifier et numéroter avant de reporter leurs caractéristiques (nature, coordonnées GPS, lieu, date, contexte…) sur le site internet. Un travail laborieux et répétitif qui demande du temps et une attention constante car il est aisé de se mélanger les pinceaux. Je ne n'en sort pas mal, c'est d'ailleurs une affaire classé mais ma concentration me fait défaut (j'ai toujours été comme cela) et j'ai trop souvent tendance à me disperser. Je dois avoir, à un moment ou à un autre l'occasion de me défouler, ou au moins de prendre l'air au risque de péter littéralement un plomb.
En fin d'après midi, je saute donc dans le métro de la ligne bleu, direction la Casa Bicitekas, je dormirai là bas ce soir, et prendrai le ticket retour de très bonne heure demain matin pour rejoindre Barth et les écrans numériques… Au passage, j'admire Barth pour sa capacité à bosser non stop durant une semaine voir une quinzaine de jour. Personnellement, je n'en suis pas capable… Mais bon, je m' y recolle demain promis…
Barth : Pendant que Fanch dispose et numérote la centaine d'objets du jour accumulés depuis la panne, je prépare une station de prise de vue pour les photographier ensuite un par un. L'opération me prend beaucoup moins de temps que le traitement sous Gimp de chaque fichier précédent son importation dans le site. Mais finalement, en milieu de journée, tout est prêt à être intégré dans le site !
Après une petite séance de travail avec Anaïs qui a déjà bien dégrossi les recherches de subventions en France et de contacts sur la route, je m’attelle donc à la première synchronisation du site. Je suis d'un œil soulagé la progression efficace de toutes ces affaires, en mesurant à quel point cela nous aide, et ce n'est qu'un début !
Quelques petits obstacles insignifiant me donnent un peu de fil à retordre, l'occasion comme à chaque fois de comprendre un peu mieux les outils utilisés (phpmyadmin en l’occurrence), mais je parviens à récupérer toute la base de données avec les informations que Fanch avait intégré ces derniers jours. Il ne me reste donc plus qu'à intégrer toutes les photos, les vignettes des objets et mes textes dans la centaine d'articles en retard que nous allons un jour mettre en ligne. Youpi ! ça me rappelle un peu mes débuts en temps que web designer, à faire des copier-coller des jours durant… Mais ce soir, je souffle un peu en regardant un film avec nos amis, avant de re-bosser un peu quand même…
Jour 347 - Central Del Pueblo
Mercredi 11 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 349
Barth : C'est parti pour la grande intégration ! Si je me débrouille bien je pourrais avoir fini ce soir… Mais c'est sans compter sur quelques communications skype, un déjeuner partagé avec Nathalie, un café sur la terrasse de la maison pour profiter d'une exceptionnelle éclaircie dans la grisaille des derniers jours et un dîner de pachas dans une sorte de fastfood à sushis qui ne m'épargnent pas une nouvelle longue soirée de boulot…
Mais je m'endors satisfait du travail accompli. Il ne manque que les textes d'Anaïs, quelques photos de la casa Biciteka que j'irais faire demain après-midi, et nous pourrons enfin relancer la machine des publications du carnet de bord et revenir dans le temps réel du voyage… Bientôt !
Fanch : Il pleut, il mouille vraiment, peut être même plus qu'en Bretagne… Et me revoilà à parler de la pluie et du beau temps… Merde.
Mais, avouons que ce n'est pas tous le jour que nous sommes victimes des restes de deux tempêtes tropicale. Ce sont bel et bien les résidus de « Fernand » et de « Ivo », deux cyclones qui s'abattent en ce moment même de part et d'autres du Mexique. C'est la saison oui, mais apparemment et en parlant d'ouragans, 2013 serai un grand cru.
Bon, Mexico est certes sous la flotte, mais sur la côte pacifique ainsi que sur celle des caraïbes, on parle de catastrophes naturelles de grandes ampleurs et les quelques images que j'aperçois sur le web confirment et attestent de l'ampleur des dégâts (glissements de terrains, pluies potentielles, crues,etc…).
Alors, tout cela pour dire que nous travaillons mais avec la chance d'avoir le pieds sec! Je m'imagine en vélo sous les pluies diluviennes qui balayent les trois quarts du pays et conclut que si nous sommes encore ici ce n'est peut être pas pure hasard, allez savoir. D'autant plus que deux autres cyclones approchent dangereusement, deux autres fortes personnalités, Ingrid et Manuel devrai venir chatouiller les côtes du pays et ainsi faire voler les sombreros. À voir mais cela n'augure guère de bons présages…
Jour 348 - Métro Portales
Jeudi 12 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 350
Fanch : L'ordinateur étant disponible aujourd'hui, je m'attaque au derushage des pistes audio qui stagnent depuis trop longtemps et qui surtout s'accumulent sur mes différentes cartes SD. Trier, trier et encore trier. Mais le plaisir de redécouvrir les fragments sonores captés lors de ces 3 derniers mois est réel.
Pendant ce temps là, Barth s'attache à saluer nos amis vélo-cyclistes-activistes à la Central. Une fois mon labeur achevé, je ne tarderai pas à les rejoindre, ce sera aussi l'occasion de récupérer quelques affaires là bas… Je n'ai pas grand chose à dire de plus pour aujourd'hui, si ce n'est que ça fait toujours plaisir de revoir nos amis Sergio et Ernesto de la Casa Bicitekas…
Barth : Je prends un peu de temps pour finir de régler quelques détails avant de passer le relais à Fanch qui va enfin pouvoir dérusher ses enregistrements sonores. un peu après midi, je file donc jusqu'à la Central del Pueblo pour y faire quelques images, en particulier de nos vélos, et revoir un peu la banda de bicitekos histoire de m'aérer la tête ! Cela fait un bon bout de temps que je n'ai pas sorti l'appareil photo. la longue période passée à Biciteka, pas loin du quartier de tepito où mon appareil pourrait se vendre un bon prix, ne m'a pas beaucoup inspiré, et je crois que le sédentarisme n'arrange pas les choses non plus… Toujours est-il que c'est une chose de plus que j'ai hâte de retrouver, une fois le retard comblé, ce plaisir de découvrir de nouvelles choses au bout de l'objectif et de se faire surprendre par un haïku en embuscade..!
La fin de journée, entre fatigue et boulot, se passe de commentaires…
Jour 349 - Marché Portales
Vendredi 13 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 351
Barth : On avance c'est sûr ! Les photos de la veille sont intégrées avant midi et je laisse une nouvelle fois l'ordi à Fanch pour qu'il sélectionne les sons des haïkus que nous allons publier. C'est l'heure à laquelle Lalou débarque pour se faire débloquer la nuque par Nathalie grâce aux bienfaits du shiatsu. Le pauvre arrive trempé, car aujourd'hui on se croirait en Bretagne un mois de novembre, mais les bons soins de Nathalie auront tôt fait de le détendre un peu.
Nathalie file directement à l'université, tandis que nous sortons avec Lalou pour déjeuner au marché couvert de Portales. Maria nous y rejoin, et comme le temps ne veut toujours pas s'améliorer nous rentrons vite nous réfugier chez Oscar et Nathalie autour d'un thé fumant. L'après-midi passe ainsi, à papoter en regardant Fanch bosser… Vers 18H, Anne-Laure et Damien, les amis de Nathalie avec qui elle était allé dans le Yucatan le week-end passé, sont de retour ! Suivis de près par nos hôtes qui commencent à jouer les aubergistes.. Mais ils ont l'habitude de ce genre de camping et la maison est astucieusement équipée pour, nous arriverons donc à nous serrer un peu sans problème.
Nous déclinons la proposition d'aller assister à un combat de lucha libre, pour pouvoir continuer d'avancer et en ce qui me concerne écrire un peu. Nous n'avons rien manqué, à la veille de la fête nationale, la salle était pleine et les dernières places hors de prix ! Mais une autre lucha se prépare, beaucoup moins libre celle là, autour de l'évacuation de la place du Zocalo occupée par des professeurs d'école en colère depuis des semaines. Les festivités qui auront lieu ce week-end semble permettre tous les coups venant des autorités, et nous guettons les nouvelles sur internet…
Avant de dormir, Nathalie me propose une micro-scéance de shiatsu pour soulager ma nuque bloquée par les trop longues heures d'ordinateur. Je n'ai pas la force de décliner l'offre et me laisse labourer muscles et tendons durs comme pierre, pour un premier dégrossissage… Affaire à suivre j'espère !
Fanch : Lalou passe par Portales. Voici deux semaines que ses vertèbres le font souffrir et comme Nathalie maîtrise l'art du shiatsu, nous avons organisé une petite rencontre. La séance de massage terminée, Nathalie s'en retourne à l'université nous laissant tout les trois dans la petite maison. Nous décidons d'aller manger un bout au marché du quartier en compagnie de Maria (la compagne de Lalou, je précise car j'imagine que ce n'est pas forcement évident à suivre). Enfin voilà, quand nous sommes avec ces deux là, les discutions n'en finissent pas, ce qui en soit est très agréable mais nous avons encore pas mal de pain sur la planche. De retour à la maison, la conversation s'enchaîne autour d'une infusion miel-citron gingembre (la grippe plane au dessus de Mexico en ce moment) puis dans nous accueillons Damien (île Maurice) et Marie Laure (de la Réunion), amis de d'Oscar et Nathalie. Ouf! Ça fait beaucoup de monde tout ça! Pas facile de se mettre au travail…
Dans 48h c'est la fête anniversaire du bicentenaire de l'indépendance du Mexique. Les festivités se préparent sous une pluie grise mais surtout dans une atmosphère de guerre civile. En effet, je n'en ai pas parlé auparavant mais depuis le 18 Août, le majestueux Zocalo (la deuxième plus grande place du globe après la place rouge de Moscou parait-il) est occuper par les maestros. Les professeurs manifestent ici leur mécontentement au sujet d'une nouvelle réforme qui vise à mettre en place un nouveau système d'évaluation de leur compétences et qui, selon leurs dires, entrainerait des licenciments massifs et arbitraires. Ce sont des milliers d'enseignants venus des quatre coins du pays qui campent et manifeste pacifiquement depuis plus d'un mois sur la grande place de Mexico. Jusqu'ici tout va bien, Jusqu'ici tout va bien.
Mais bien sûr il y a un « mais ». Tout les 15 septembre, date anniversaire de l'indépendance, la tradition veux que le peuple de Mexico se rassemble sur le Zocalo pour écouter le traditionnel « Viva Mexico » lancé par le président en activité du haut de son balcon. Et pour accueillir tout ce monde et bien il faut nettoyer la place des « parasites insatisfaits » de leurs sort. La suite des événements est donc limpide, l'assaut des forces de l'ordre est lancé. Excepté le message que vient de m'envoyer Lalou, je n'ai pas d'autres informations à ce sujet.
« Ils ont bougé casi tout le monde du zocalo aujourd'hui. Et on a vu des 10aines de convois de keufs en rentrant, partout. Il y a des milliers de keufs dans tout le centre de la ville. Ils flippent. Ça va être le dawa ce W.E. »
Je pense qu'il y auras des retombée médiatique demain. Enfin, voilà, tout cela pour dire que l'ambiance ici n'est au plus calme…
Jour 350 - Calle Canarias
Samedi 14 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 352
Fanch : Les enseignants militants se sont fait dégagés hier en fin d'après midi, à coup de canons à eau et de grenades lacrymogènes. Je regarde les premières images de l'intervention des forces spéciales anti-émeutes avec indignation. Du sang, et de la pluie, insuffisante pour éteindre les flammes qui brûlent les dernières cabanes du Zocalo, avec en arrière plan les décorations scintillantes apposées sur les bâtiments administratifs entourant la grande place pour célébrer le bicentenaire de l'indépendance. Que dire? Rien, ça me désole, une seul chose est sûr… On boycott et nous n'irons pas grossir les rangs des patriotes demain.
Enfin, j’essaie tant bien que mal de me remettre au boulot en espérant avoir rayé quelques points de notre longue liste avant la fin de journée. J'espère simplement avancer car demain, nous avons planifiée une pause en s'offrant une bonne bouffe avec Lalou, Maria et leur amie Roxana. Affaire à suivre.
Barth : Oscar, Nathalie, Anne-Laure et Damien se sont levé tôt pour une excursion à Teotihuacan, les pyramides que nous finirons bien par trouver le temps de visiter ! Mais pour l'heure, il faut continuer à mettre le paquet… Après un petit déjeuner royal précédent le départ de nos amis, avec s'il vous plait croissants et pains au chocolat à la française, c'est donc reparti pour une journée de boulot.
Malgré la fatigue et l'envie de reprendre la route, la période de boulot actuelle ne me pèse pas tant que ça. Au contraire, j'ai même l'impression que cette longue pause sans informatique m'aura permis de prendre encore plus de recul sur cet outil et la façon dont je l'utilise professionnellement depuis des années ou aujourd'hui dans le contexte de Geocyclab. Le bilan est très positif, en un an et malgré toutes les contraintes liées à l'itinérance, j'utilise Ubuntu et les nombreuses applications installées avec la même aisance que sur mon ancien macintosh. Mis à part quelques fonctions très avancées en matière de postproduction video et de retouches d'images, je me retrouve avec un outil tout aussi performant que toutes les solutions payantes déja testées !
Ce soir, Nathalie et Marie-Laure sont sorties chez un ami commun, et la soirée se passe entre hommes devant la boxe à la télévision. Comme au foot l'autre jour, le Mexique se fait écraser par les USA au grand désespoir d'Oscar..! Mais tout ceci ne m'empêche pas de travailler un peu, ou tout au moins de surveiller l'ordinateur bosser.
Jour 351 - Avenue Reforma
Dimanche 15 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 353
Barth : Nos amis sont partis tôt ce matin pour passer le week-end dans la famille d'Oscar à Puebla. La fête nationale est en effet l'occasion de réunions de familiales festives et gastronomiques, que malgré l'invitation d'Oscar nous ne découvrirons pas cette fois-ci. Je garde la pression côté boulot jusqu'à ce que nous ayons remis en ligne le site internet, et étant donnée la météo déprimante des derniers jours, je n'ai pas beaucoup de regrets à passer le week-end devant l'ordi.
Une conversation skype avec Piero de Linux Quimper, pour lui donner des nouvelles un peu précises de notre sortie de panne et enfin le remercier en direct, et c'est presque déjà l'heure de rejoindre Lalou, Maria et Roxanna pour un resto de secours suite à un barbecue annulé.
Nous mettons un peu de temps à trouver une table, la plupart des enseignes sont en train de fermer en vue des hostilités festives du soir, et la promenade que nous faisons dans le quartier de Reforma est étrange… Les avenues sont vides, uniquement occupées par des brigades de policiers anti-émeutes. L'avant-veille, la place du Zocalo occupée par des maîtres d'écoles en grève a été vidée manu-militari avec un grand nombre d'arrestations à la clé. Le ton de la fête nationale est donc donné… Un peu plus loin nous croisons une immense manifestation qui explique la présence des forces de polices, mais toujours pas la moindre trace d'une fête. Tout se passe au Zocalo semble t'il… Quoiqu'il en soit, nous arrosons tranquillement cette date spéciale, autour de lasagnes et d'une bouteille de vin rouge dans un petit restaurant coincé au pieds des tours de Reforma.
Le ventre plein, j'abandonne le reste de l'équipe et m'en retourne chez Oscar et Nathalie pour travailler au calme et me reposer au son des pétards qui commémorent l'indépendance du Mexique.
Fanch : Joyeuse fête de l'indépendance! Enfin nous ne célébrons rien aujourd'hui, je n'ai aucune envie d'arborer les couleur du Mexique. Plus qu'une coutume, cette fête n'est qu'une campagne politique mal camouflée et au vu des derniers événements, je n'a aucune envie d'y participer. De tout façon c'est boulot jusqu'à 16 heure.
Puis nous retrouvons nos amis Maria, Roxana et Lalou. C'est sur la route du dîner (ah oui, nous avons pris la fâcheuse habitude Mexicaine de manger à n'importe quel moment de la journée), non loin de la majestueuse avenue Reforma que nous croisons des centaines de policiers aux armures de Robocop postés sur un carrefour de la grande rue pour protéger (vous avez le droit de rire) les bons citoyens venus festoyer en ce jour si particulier. Je crois bien n'avoir jamais vu autant d'hommes en armes de ma vie, à chaque croisement de rue, c'est des dizaines d'hommes qui nous dévisagent de la tête aux pieds. Il y a de l'ambiance dans le coin, c'est sur, ça donne envie de danser la salsa… Enfin bref, pardonnez mon cynisme mais dans ce genre de situation, j'éprouve quelques difficulté à faire abstraction de mon environnement direct.
Après avoir marchés, marchés et encore marchés (sous la grisaille mais pas sous la flotte), après s'être cassés le nez à la porte de trois restaurants, nous trouvons enfin de quoi se remplir la panse avec au menu, lasagnes (j'en rêve depuis le Sahara) accompagné d'une bouteille de vino tinto du Chili que ne se défend pas trop mal.
La panse pleine, Barth rentre pour continuer à avancer le boulot. Et moi, en ma qualité de parfait lâcheur, je suis le mouvement pour finalement me retrouver sur le toit de l'immeuble de Roxana, à l'écart de la foule pour contempler les feux d'artifices vert blanc et rouge sous une flotte d'orage… Youpi, c'est la fête…
Jour 352 - Calle Donceles
Lundi 16 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 354
Fanch : Les rues du district fédéral de Mexico sont éteinte, tout comme hier. Aujourd'hui, en ce jour férié ceux qui ne sont pas dans leurs famille en province sont au centre historique pour continuer la fiesta. En ce qui nous concerne, boycott ou pas nous continuons à rattraper notre retard dans le seul objectif de reprendre la route le plus rapidement possible. Le marathon continue donc avec pour ma part du mailing, de l'écriture, un texte par ici, un autre par là… Ça avance doucement.
Barth : On est lundi mais c'est comme un dimanche. dehors plus un bruit, juste la pluie froide des derniers jours qui continue de tomber inlassablement. En sortant faire des courses je remarque des oiseaux morts sur les trottoirs, sans doute victimes des pétarades de la veille. Drôle d'ambiance…
Ces derniers temps, la météo et l'immobilisme ne m'inspirent pas énormément pour produire les images qui illustrent habituellement nos articles… J'ai donc décider de publie une série de photos faites au sujet de nos vélos repeints, une ou deux par jour pour faire durer le plaisir ! Il est temps qu'on aille voir du pays quand même !!
Je passe la journée seul, Fanch étant resté dans le centre ville, et dans le calme qui suit la fiesta le boulot avance bien, je vois presque le bout de la mise à jour du site. Demain, la reprise des publications sera enclenchée, et quand cet article sera publié dans dix jours cela signera le retour à la normale d'un article quotidien ! Jour qui coïncide avec l'anniversaire d'un an de notre périple et théoriquement avec notre départ de Mexico… Enfin !
Jour 353 - Arena México
Mardi 17 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 355
Barth : La relance des publications sur le site a suscité plein de commentaires et de mails de nos lecteurs, ce qui redonne le moral et du courage pour la suite ! Et l'urgent dans les choses à faire consiste à mettre à jour notre dossier de présentation en y intégrant les productions de cette première année. Avec le traduction en anglais du site qu'Anaïs est en train de terminer, ce sont les deux choses qui nous manquent pour à la fois relancer les demandes de subventions et de bourses et également préparer notre séjour aux USA.
Je dégrossi donc un peu cette affaire jusqu'en fin d'après-midi, où le retour d'Oscar de l'université annonce la pause. Nous filons dans le centre avec lui pour rejoindre Damien et Marie-Laure et aller tous ensemble assister à quelques combats de lucha libre ! Enfin !
Ce n'était pas gagné d'avance entre les trombes d'eau du soir et les soucis d'orientation de nos amis, mais finalement nous arrivons à l'arène dans les temps, rejoins par Nathalie sur le fil. Et c'est parti pour deux heures de spectacle, entre comédie et performances sportives. L'arène est immense et aux trois quarts vide, l'ambiance n'est donc pas survoltée et quelques courants d'air gâchent un peu le confort mais c'est suffisant pour se faire une idée de ce que représente cette tradition dans la société Mexicaine. Une chouette soirée qui se termine autour d'une soupe et de tacos avant de rentrer au chaud et au sec pour la nuit…
Fanch : Histoire de faire un petit bilan de la semaine passé concernant les recherches de subventions, nous nous offrons une petite réunion de travail via Skype en compagnie d'Anais. Et oui, j'ai déjà dû en parler mais Anaïs nous donne un sérieux coup de main qui, en ce temps de crise, s'avère être une aide considérable. Les résultats de la semaine sont positifs, de notre côté on avance bien dans les dossiers et de son côté Anaïs a contacté plusieurs Fablab et hackerspace aux USA et s'attaque à la traduction anglaise du site web de Geocyclab afin d'élargir notre visibilité médiatique. Encore une fois, merci Anaïs. Il est 15h, il ne nous reste que deux heures de boulot durant lesquelles je vais examiner quelques appels à projets avant que nous ne rejoignons, en compagnie d'Oscar, Damien, Marie Laure et Nathalie pour un match de lucha libre! Enfin!
Alors, le catch mexicain… Ça donne quoi. Et bien, c'est un peu comme à la télé mais en vrai. C'est du show, de la comédie et des cascades. J'avoue être resté un peu sur ma faim car avec une salle au trois quart vide, l'ambiance presque froide n'était pas au rendez vous. D'autre part, même si je savais vaguement à quoi m'attendre, je ne suis malheureusement pas de ceux qui jubilent devant une comédie de ce genre … Je le savais, je le savais! Je me suis dis que peut être qu'en vrai je serai pris pas l'euphorie de moment… Et bien non, pas vraiment. Ceci dit, ce sport colporte sur ses épaules une véritable histoire certainement passionnante à étudier et que tout mexicain qui se respecte pourra vous raconter. C'est comment dire… C'est à la fois ringard et noble et malgré mon manque de réceptivité, je pense comprendre les raisons qui font de cette discipline l'un des symboles de la culture populaire mexicaine depuis plusieurs dizaines d'années.
Jour 354 - Colonia Portales
Mercredi 18 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 356
Fanch : Une journée de plus à rester enfermés. Barth bosse sur le dossier de Geocyclab 2.0, il utilise l'ordinateur en permanence… Non je ne lui en veux pas, il pourrait jouer à World of Warcraft mais non, il travail. Et moi? Et bien moi je m'occupe comme je peux, entre écrits du carnet de bord, envoie de mails, recherche de renseignement concernant les subvention… Et puis, ayant retenu la leçon donnée par le service d'immigration américain à l'aéroport de Bruxelles et pour que cela ne se reproduise pas, je planche ce soir sur notre passage aux États-Unis. Quels sont les documents nécessaires pour traverser, par voie terrestre, un poste frontière sans avoir à camper une semaine devant le mur de barbelés en attendant une validation de notre statut? Enfin voilà, le départ approchant, ce sont des questions d'actualité. Et d'après ce que je viens de lire sur le site de l'ambassade des States, nous ne devrions pas avoir de soucis majeurs, nous sommes en règle!
Barth : C'est donc la mise en page de notre nouveau dossier de présentation qui occupe la journée. Boulot, boulot pour changer..
Le retour du soleil ce matin permet tout de même d'envisager une sortie pour déjeuner, pour une salade de crevettes au marché couvert de Portales. Est-ce la fatigue due aux longues heures passées devant l'écran, ou un effet secondaire de notre sédentarité prolongée, toujours est-il que j'ai un instant l'impression d'être en train d'avaler un sandwich aux halles de Quimper comme à l'époque où nous préparions notre aventure…
Anaïs nous tient au courant quotidiennement de ses avancées au sujet des subventions et des prises de contacts aux USA. C'est un soulagement et une source de motivation incroyables que de voir les choses avancer sans s'en occuper ou presque ! Pendant que me concentre sur l’édition du site, l'archivage des données ou les montages vidéos, Fanch et Anaïs abattent du boulot, que je peux suivre d'un œil au travers des documents partagés qui se mettent à jour au fil des heures ! Geocyclab est en train de changer de forme, à l'aube de sa deuxième année d'existence…
Jour 355 - Calle Canarias
Jeudi 19 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 357
Barth : Je commence la journée un peu tard, par un peu d'écriture de mon carnet, tout en essayant de profiter du soleil qui est moins timide le matin. Quand Fanch a terminé de travailler avec l'ordi, je m'y recolle donc, toujours sur le futur dossier de présentation.
La journée passe ainsi, vite comme toujours, jusqu'au retour de nos hôtes et la traditionnelle pause dîner qui accompagne leur retour. Oscar m'explique un peu les origines de sa vocation de militant autrefois activiste engagé, et aujourd'hui universitaire. Cela remonte à son père qu'il n'a pas connu et dont le principal héritage fut une collection de livres rouges auxquels Oscar est très attaché. La discussion se poursuit sur les différences qui séparent le militantisme communiste de la génération précédente à celui plus protéiforme et mondialisé qui s'exprime actuellement au travers de mouvements tel que le zapatisme… Passionnant, mais le boulot m'appelle autant que le sommeil rat trappe Oscar.
Fanch : Je me lève tôt aujourd'hui, étant donner que Barth roupille encore, c'est l'occasion de mettre à bosser sur l'ordinateur.
Avec le travail, la routine s'installe. On se lève pour petit déjeuner avec nos hôte avant qu'ils ne partent pour l'université. Et déjà les voilà qui rentre d'une journée de boulot aux environs de 21 heure. le temps passe, vite. Bientôt un ans!!! J'espère secrètement que nous fêterons notre première année d'échappé tout en étant sur la route! A ver (à voir), je ne me fait pas d'illusions au sujet d'un départ prématuré… Mais positivons, passer du temps devant l'ordinateur, c'est une autre manière d'avancer, même si nous ne profitons pas du paysage et du beau temps (il pleut) plus vite ce sera fait, plus vite nous partirons…
Jour 356 - Eje 7 Sur
Vendredi 20 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 358
Fanch : Bonjour. Je sature de l'écriture. Bonne nuit.
Barth : La matinée est un peu bousculée par le passage de Damien et Marie-laure qui étaient dans le centre depuis quelques jours pour une ambitieuse histoire de tatouage sur le dos de Damien. Ils repartent tous les deux le soir même pour la France en avion, et le chantier de bouclage de bagages anime une bonne partie de la journée.
Pas simple de travailler efficacement donc. Les nouvelles de France continuent de tomber dans la boîte mail de Geocyclab, entre petits mots d'encouragements et inquiétudes au sujet des ouragans qui balayent le Mexique depuis quelques jours en faisant pas mal de dégâts. Vu de loin on imagine toujours le pire, mais le Mexique est immense, et à Mexico nous n'avons le droit qu'à de la pluie et un peu de vent…
Anaïs a rendez-vous lundi avec une personne chargée d'une des subventions que nous allons solliciter. Il est donc plus que temps de boucler le dossier. je m'y emploie donc une bonne partie de la nuit, après une sortie pour dîner de délicieuse quesadillas frites dans une échoppe familiale très réputée si l'on en croit le nombre de fidèle qui attendent de pouvoir prendre place à la grande table dressée au milieu de la rue sous une bâche tendue. Effectivement ça en vaut le détour !
Jour 357 - Métro Portales
Samedi 21 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 359
Barth : J'émmerge un peu tard au milieu d'un grand ménage dans la maison de nos amis. Il fait beau, nous sommes samedi matin, c'est le moment idéal pour lessiver un coup la baraque ! Une fois avalé un café, je tente de me joindre à la frénésie ménagère, mais il semble que j'ai un train de retard, tout est presque terminé…
Je me replonge donc dans le dossier pour boucler une première version encore un peu brouillon, mais qui devrait permettre à Anaïs d'exposer notre projet plus en détail lundi. L'envois du dossier par mail signe la fin de la journée, et de la semaine de boulot. Ce soir on prend l'air, rendez-vous à casa Biciteka pour une soirée festive avec notre banda, Nofun, Charlotte, Lalou, Maria, et une poignée d'amis d'amis.
Une pluie d'orage à l'heure du départ retarde quelque peu notre décollage, mais nous finissons par débarquer à la Central del Pueblo qui a encore une fois changé de visage en vue d'un nouveau tournage de série TV. Entassés à une quinzaine sur la petite mezzanine, l'ambiance est joyeuse et ça fait du bien de décrocher un peu !
Fanch : Je cherche via internet les plates-formes médiatique susceptible d'augmenter la visibilité de Geocyclab et du même coup sa crédibilités auprès de partenaires financiers et autres même si pour le moment, ce sont les tunes qui manquent, pas les partenaires. Pendant que Barth avance sur le dossier, je pars donc pour une excursion dans les méandres du web. Je profite du canapé et de notre situation confortable (Barth bosse sur notre ordinateur, je bosse sur celui de Nathalie) pour revoir et nettoyer le document partagé en ligne (avec Anais) concernant nos recherches pécuniaires puis j’écris un petit mail à ARTE créative pour leur signaler notre présence. Il est 17h et voilà. C'est à peu prêt tout mais c'est déjà pas mal. De son coté Barth termine une première version du dossier qu'il transmettra dans la foulé à notre interlocutrice en France et avec lequel Anaïs ira à son premier rendez-vous en tant que représentante de Geocyclab. Affaire à suivre.
La suite n'est pas non plus des plus passionnante à raconter, mais pour nous cela s'annonce comme une distraction mérité. Nous prenons le métro pour rejoindre la Casa Bicitekas où nous retrouverons Nofun et Charlotte, Sergio et Ernesto, puis Lalou, Maria, Roxana et d'autres… Enfin, c'est une soirée détente entre amis ce qui n'était pas arrivé depuis que nous avions récupéré un ordinateur… Et demain, c'est repos… Toute la journée.
Jour 358 - Calle Regina
Dimanche 22 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 360
Fanch : Ya llegaron sus ricos y deliciosos tamales oaxaqueños. Acérquese y pida sus ricos tamales oaxaqueños. Hay tamales oaxaqueños, tamales calientitos. Pida sus ricos tamales oaxaqueños.
Sont arrivés les riches et délicieux tamales oaxaqueños. Approchez vous et demandez votre bon tamales oaxaqueños. Il y a des tamales oaxaqueños, tamales tout chaud. Demandez votre bon tamales oaxaqueños.
J'ai toujours eu cette question en tête. Encore aujourd'hui je tente d'imaginer la voix (il s'agit bien de cela) de la SNCF en train d'enregistrer un à un les noms des 3 000 villes françaises possédant une gare ferroviaire. C'est simple, consultez cette liste et amusez vous à réciter chaque nom de ville trois fois (avec trois intonations différentes dans la mesure du possible), le tout avec un chronomètre (faites moi savoir combien de temps cela vous à pris car ça m'intrigue) et vous aurez peut être l'occasion de concurrencer Simone Hérault et son unique performance.
Enfin, je m’égare. Mais les quatre phrases du début de cette article méritent un peu d'attentions. C'est un enregistrement qui tourne en boucle depuis 17 ans sur les stands ambulants de vendeurs de tamales. Il est absolument impossible d'échapper à ce refrain que vous entendrez sûrement un jour ou l'autre…
Barth : Un dimanche à la Central del Pueblo. Une journée à rien faire, juste écrire un peu, me reposer, sortir manger une bonne pizza, dépanner tant bien que mal une cycliste en galère qui ne sait pas que le dimanche on ne travaille pas à Biciteka, bref, une journée farniente !
Jour 359 - Central Del Pueblo
Lundi 23 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 361
Barth : Réveil surréaliste à Biciteka, le tournage de la série TV est en train de s'enclencher. Nous sommes dans un centre de rétention, habités par de faux gardiens et de faux prisonniers, et toute une armée de techniciens de l'autre côté des caméras. Pas facile d'aller se débarbouiller discrètement entre deux prises ! Le spectacle nous absorbe quelques temps, tout en bossant un peu sur l'ordinateur.
De retour chez Oscar et Nathalie, je me plonge dans l'intégration de la version anglaise du site qu'Anaïs vient de nous envoyer, et enchaîne sur les finitions du dossier. Le rendez-vous qu'Anaïs devait avoir pour la subvention Declic Jeune a été annulé, mais il est trop tard en France, nous en saurons plus demain…
Fanch : Aujourd'hui, c'est tournage. La Central del Pueblo est investi jusque dans ses moindre recoins par une équipe de production audiovisuelle épargnant tout de même le local de la Casa Bicitekas. Mais mon sommeil est perturbé pas les « Actionnne » de réalisateur. Le décor est planté, nous somme dans un centre pénitencier, entourés de quelques armoires mexicains tatouées du sommet du crâne jusqu'aux pieds. Je resterai un peu plus tard, à observer tout se monde s'activer, une grosse organisation qui me dépasse un peu.
On a du mal à décoller de la Central et ce n'est qu'en début d'après midi que nous sortiront du plateaux pour rejoindre Portales. Et il faut se remettre au boulot. Barth tape (pas fort, pas de soucis) sur l'ordinateur… De mon coté, un peu comme d'habitude, j’essaie de trouver de quoi m'occuper à condition que cela nous fasse avancer. Et ce n'est pas forcement évident d'être efficace sur une tablette tactile, on reste encore limité quand il s'agit d'y aller à fond et malgré une ergonomie plutôt bien pensée, une tablette ou autre machine tactile de ce genre ne remplacera jamais un ordinateur… Je vous le dis!
Jour 360 - Calle Canarias
Mardi 24 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 362
Fanch : Rien à signaler de très original pour aujourd'hui. Le travail suis son cours, ça avance, lentement mais sûrement… Enfin à l'heure ou Nathalie et Oscar reviennent de l’université, nous nous accordons une pause. Ce soir, c'est au son Goran Bregovitch que nous avalons nos hots-dogs végétarien avant une petite initiation au incontournables et très populaires dominos. Je n'y avais jamais joué, j'y prends rapidement goût et avoue que cette petite distraction ne fait pas de mal.
Bon, il y a des jours comme ça ou rien ne vient, ou aucun événement de la journée ne ressort suffisamment pour mériter d'être cité et on fini par parler de dominos. La routine quoi! Mais bon, ça ne vas pas durer…
Barth : La traduction du site me pose quelques problèmes techniques, j'écris donc un mail à George avant de finir histoire de ne pas passer une semaine à trouver seul une solution.
Pendant que Fanch poursuit ses recherches de plateformes internet pour médiatiser Geocyclab, j'appelle Anais pour lui souhaiter un bon anniversaire, et en savoir un peu plus sur le lapin de la veille. Ce rendez-vous raté me laisse un peu de temps pour fignoler encore le dossier, mais point trop car il y a encore beaucoup à faire derrière. J'y consacre donc ma soirée, avec tout de même une pause hot-dogs et dominos avec nos amis !
Jour 361 - Colonia San Raphael
Mercredi 25 septembre 2013 - 15 kms - Post n° 363
Barth : George a été incroyablement réactif, et grâce à ses conseils et son aide je peux poursuivre le boulot sur la traduction du site. En soit l'intégration du texte en anglais n'a pas pris beaucoup de temps, beaucoup moins que celui passé par Anaïs à le faire, mais c'est au niveau de la synchronisation entre les deux langues qu'il y a quelques problèmes techniques. Mais bon, après tout, on est dans la remise à plat de tous les problèmes en ce moment, alors bon… Et cela fera gagner du temps pour les prochaines versions, surement bientôt en espagnol grâce à Cindy.
Ce soir, après avoir préparé un superbe dîner, Fanch décide de rejoindre la rodada de Bicitekas qui fête ce soir ses quinze ans ! Vélo sous la pluie et fête jusqu'au bout de la nuit, je ne me sens ni d'humeur, ni en état et reste donc au chaud. Une soirée studieuse et tranquille avec Oscar et Nathalie qui viennent de rentrer, seulement perturbée par la chute sur Nathalie d'une grosse plaque de plâtre de leur plafond, complètement détrempée par les pluies diluviennes des dernières semaines.
Fanch : Toujours le même programme. La journée s'effiloche au rythme des cliques de souris et des ctrl+c ctrl+v. A quand l'aventure? J'éprouve un réel besoin de me défouler…
Pour répondre à ce besoin urgent d'action, je passe à bicitekas pour récupérer ma bécane qui y sommeil depuis un bon moment, j'y rencontre Sergio, Ernesto, Cesar, Maria et Lalou. Après une courte discussion sur la mezzanine de l'atelier nous partons tous les 6 pour la rodada de Bicitekas qui ce soir est un peu particulière. Et oui, 15 ans déjà que Bicitekas existe, alors bonne anniversaire à l'association!
La promenade est régulièrement perturbée par de courtes mais grosses averses, nous ne ferons pas énormément de bornes ce soir, suffisamment tout de même pour me dégourdir un peu les pattes avant de se poser sous un immense et magnifique kiosque à la colonia San Raphaël. Malgré les intempéries intempestives, beaucoup, beaucoup de monde est venu ici pour partager une part de gâteau en l'honneur de Bicitakas. Le discours impose le silence, je ne comprend pas la moitié mais la centaine de cyclistes activistes est attentifs, les mots prononcés par cette femmes suscitent l’émotion. Place à la fiesta! Pas pour moi, je profite du départ de Maria et Lalou pour prendre la direction de la Central del Pueblo ou je dormirai ce soir, en fait, il n'est pas si tard (minuit) mais j'avoue être claqué, so, go back home…
Jour 362 - Calle Eugenia
Jeudi 26 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 364
Fanch : Ce jeudi s’annonce comme la journée d’hier. Au programme du jour, conjugaison, grammaire et fautes d’orthographe. Mais les choses avancent, toujours. Il faut parfois savoir tourner son regard en arrière et apprécier le travail dorénavant accompli, personnellement c’est, en autre, ce qui me donne le courage de continuer dans ces taches rédactionnelles (bien trop souvent administratives) qui généralement ne me conviennent guère. Et puis, je ne me sens pas seul, Barth est là, et même s’il n’est pas vraiment communiquant en ce moment, il avance aussi de son coté… Et c’est plutôt stimulant. Géographiquement parlant, c’est sûr, on est assez statique. Dans notre entourage, la phrase qui revient régulièrement est: “Vous êtes encore là, vous aviez dis il y a une quinzaine de jours que vous partiriez dans 15 jours”. Et oui, nous sommes encore dans les parages, et si nous avions dis une telle chose c’est que nous pensions vraiment quitter Mexico rapidement mais il s'avère que nous avions plus de chose à faire que nous ne l,avions imaginé avant de faire nos adieux. C’est comme ça et pas autrement, ce que nous sommes en train de réaliser aujourd’hui ne sera pas à reproduire tout de suite.
Enfin, je cause, je cause mais nous sommes invites chez nos punks préférés pour partager un agréable moment qui s’annonce comme une occasion de décompresser. Comme a chaque fois que nous avons rendez vous avec eux, nous sommes en retard, pardonnez moi si je fais court mais à l’heure qu’il est, ils nous attendent probablement. Alors, on file!
Barth : Après une matinée de boulot à fignoler le nouveau dossier de présentation et remettre les doigts dans l'outil de traduction de notre site, j'accompagne Nathalie qui file à l'université, pour manger un morceau avant que Fanch ne rentre.
Les nouvelles du jour sont l'implication de Jean-Baptiste, le frère de Fanch dans l'élaboration d'une carte interactive de notre itinéraire sous Open Street Map, l'équivalent de Google Map en Open Source. Cela faisait longtemps qu'on voulait basculer de l'un à l'autre mais le projet est trop gourmand en temps pour des novices comme nous. Il y a aussi un mail d'Anne-Noëlle, trésorière de LibLab qui nous relance sur de vieux comptes entre Liblab et Geocyclab, tant qu'on y est !!
La journée est donc bien remplie et passe vite comme toutes les autres. D'autant que ce soir nous sommes conviés chez Nofun et Charlotte pour une soirée détente qui va me faire le plus grand bien !
Jour 363 - Calle Canarias
Vendredi 27 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 365
Barth : Avec le décalage de rythme du au boulot sur ordinateur de ces dernières semaines, la soirée d'hier s'est en fait terminée par un lever de soleil sur le toit de l'immeuble où vivent Nofun et Charlotte. Un début de journée tout en douceur donc, suivi d'une promenade d'une demie-heure jusque chez Oscar et Nathalie dans le petit matin de Mexico. J'enrage seulement de ne pas avoir pris mon appareil photo…
Après une bonne sieste, la journée enchaine sur les différents dossiers sur le feu, et pour la première fois depuis si longtemps, pas une goutte de pluie aujourd'hui ! Ce qui se traduit par une douceur de l'air en soirée qui nous rappel d'un coup que nous sommes bien sous les tropiques.
Fanch : J’ai parfois l’impression de devoir “meubler” pour ne pas laisser la page du jour vierge. Et oui, notre quotidien de ces derniers jours n’est pas des plus riche en rebondissement. Je pourrai éventuellement répertorier le nombre de verres d’eau engloutis ou le nombre de clopes que je fume mais cela ne nous avancera pas à grand chose. Une chose est sur, même si parfois la chose me demande un effort considérable, je me suis promis, nous nous sommes promis d'écrire tous les jour. Dans deux jours nous fêterons le trois cent cinquante-cinquième article, pas un jour n’a été omis et je ne regrette rien, bien au contraire, j’en suis satisfait. Aujourd’hui, je me sens capable de continuer ainsi jusqu’au bout. Après plusieurs tentatives de ce genre lors de mes précédents voyages ce défi d'écriture n’avait pas été relevé et au bout de quelques semaines toute motivation avait disparut.
Il m’arrive parfois de replonger au hasard dans notre carnet de bord, juste pour prendre conscience du temps qui passe, juste pour être pris d’un agréable sentiment de mélancolie. Mais aussi pour redécouvrir des visages, des paysages, un fragment de voyage que le temps a lentement effacée. Puis, je prends le mesure de ce que nous réalisons, les souvenirs remontent, je revis les moments pénibles d’une autres manière, la plupart du temps avec émotion. Je regarde en arrière, ce passé est beau.
C’est donc avec plaisir que j'écris ce journal, même si je ne m’en rend pas forcement compte sur le moment, je ne regrette rien de ce temps dépensé car je sais pertinemment qu’un jours, ces mots seront ma mémoire et ce carnet de bord le plus précieux des souvenirs.
Jour 364 - Calle Canarias
Samedi 28 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 366
Fanch : La sédentarisation est une lutte permanente. La phase que nous traversons actuellement est peut être (selon moi) la plus difficile depuis le départ. Je ne parle pas ici d’atroces souffrances, de tristesses, de malheur ou d’autres termes de ce champs lexical. Non, je parle d’endurance psychologique. Comment conserver sur une si longue période notre motivation initiale, celle qui nous pousse vers l’avant? Avec quoi alimenter notre mental pour qu’il produise l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de Geocyclab (et il en faut). J’ai parfois un bras qui tombe, pouf, heureusement que je ne suis pas manchot car le deuxième est là pour relever le premier… Et quand bien même les deux se casseraient la gueule simultanément, Je sais que Barth sera là pour m’aider, il est cool Barth, c’est rassurant.
Non, nous ne sommes pas au fond du trou mais parfois, il fait sombre comme dans un tunnel et il reste un peu de chemin à parcourir avant que la lumière du jour ne nous éblouisse. C’est précisément dans cette lumière que je me projette, que j’imagine, et c’est justement sa lointaine chaleur qui me permet d’avancer…
Barth : Le dossier est enfin terminé, relu, corrigé, prêt à être imprimé en vu du rendez-vous de lundi. Un petit point avec Anaïs et on peut dire que c'est une bonne chose de faite ! Si vous voulez jeter un œil, voici un lien pour le télécharger : dossier
La traduction est bien avancée également, c'est un peu fastidieux tant que les problèmes techniques ne sont pas résolus, mais il importe de pouvoir présenter notre site en anglais aux nombreux contacts que nous sommes en train de prendre en Californie.
De cette fin de journée, je me souviens de délicieuses crevettes flambées à la vodka préparées par Nathalie, du début d'un film à la télé, avant de sombrer dans un sommeil profond.
Jour 365 - Torre Latino America
Dimanche 29 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 367
Barth : Mon coup de barre d'hier soir était en fait un rhume, qui tombe à point pour me forcer à souffler un coup. Je passe donc la journée à dormir, me reposer et me soigner…
Fanch : Nous avions évoqué la possibilité de prendre l’air ensemble mais Barth semble avoir la ferme intention de boucler le dossier ce soir. C’est largement compréhensible, d’une part, cela fait un moment qu’il s’acharne dessus et qu’il est grand temps de passer à autre chose, d’autre part parce qu’Anais doit, si tout se passe bien le déposer (le dossier) demain sur le bureau du coordinateur régionale de l’Agence Française du Programme Européen Jeunesse en Action car la date limite du dépôt des candidatures… C’est demain. Donc, pas de sortie pour Barth.
J’arrive a la Torre Latino America quelques minutes avant que le soleil ne disparaisse derrière l'immense barrière de roche encerclant la mégalopole. C’est une envie de curieux qui me pousse dans cet ascenseur qui me mènera rapidement au quarante-cinquième étage du gratte ciel, le but étant bien sûr de contempler l'immensité de Mexico, d’observer la ville s’allumer et de compter les lampadaires.
Sur la terrasse du building, point de vertige, je perçois une nappe sonore linéaire et homogène, un bruit gris, je profite aussi de la brise fraîche propre a ce lieu (fraîche mais certainement pas propre, oups). C'est seulement après un long temps d’observation qui inévitablement m’a poussée à la réflexion que je réalise ou je suis, et vers ou je vais.
Je suis perché sur cette tour à contempler la beauté de la folie humaine, mais pas seulement. Je suis face a l’horizon que je n’ai plus vu aussi distinctement depuis plus de 3 mois, peut-être 4, et vers laquelle nous prendrons bientôt « le large ». Mes pensées s'embrouillent, peu a peu elles se métamorphosent en émotions accompagnées de sensations physique qui se manifestent dans le bas du ventre. Vous voyez de quoi je parle? C’est fort. J’ai d’un coup l’impression d’un réel nouveau départ, une envie irrésistible de reprendre le chemin de l’inconnu. Pour en rajouter une couche, nous en sommes à notre trois-cent soixante-cinquième de périple La fin d’un cycle se termine, le début d’un autre se prépare et je ne pensais pas être affecté a ce point par cette date symbolique.
Jour 366 - Calle Presidentes
Lundi 30 septembre 2013 - 0 kms - Post n° 368
Fanch : Et voila, nous y sommes. Le 30 septembre 2013, un an déjà et pourtant…
Et pourtant il s’en est passée des jours, des bornes, des événements, des rencontres, des sourires, des surprises, des découvertes, des heures devant les écrans, des réalisations, des idée, des piques-niques, des coups de mou, et des joies profondes…
Un an et les premiers manques s’expriment, affectif certes, culinaire aussi mais ça, je m’y attendais et y était relativement préparé. Ce qui me surprends c’est que le vent Breton me manque, ce vent des premiers jours d’automne ni chaud, ni froid, ce vent que tout le monde s’accorde à pester. La brume aussi, celle qui dépose de fines gouttelettes sur nos vêtement mais qui ne mouille jamais vraiment. Ils y en a beaucoup d’autres des manques mais il ne me viennent pas a l’esprit quand je le leur demande, disons plutôt qu’ils apparaissent sous une forme insaisissable.
La routine ne me fait pas défaut, bien au contraire, mais certain rituels de mon « quotidien d’avant » se font ressentir par leurs absences. Finalement, enfin je ne sais pas vraiment, mais il est probable que ces « manques » participent au bonheur de celui qui voyage, et ce, essentiellement parce qu’il est destiné à les retrouver lors de son retour.
Je fini cet article un peu court mais un peu spécial (en ce qui me concerne en tout cas) en vous remerciant pour vos soutiens, pour vos petits messages qui ont le pouvoir fantastique d'asseoir et de renforcer notre désir d’aller plus loin, toujours un peu plus loin. Et surtout, pardonnez nous de ne pas y répondre systématiquement, cela ne veut dire en aucun cas qu’il ne nous ont pas touchés.
Enfin bref… Merci d'être venu, merci d'être si souvent présents.
Barth : Après une bonne grasse matinée, je me sens un peu plus frais que la veille. Aujourd'hui cela fait jour pour jour un an que nous avons quitté Quimper. Les messages pleuvent sur la boite mail et sur facebook, ça fait chaud au cœur de voir qu'on pense encore à nous après un si long silence, et tous ces soutiens donnent du courage pour terminer au plus vite le boulot et remonter sur les vélos !
Quelques mails, la suite de la traduction, la fabrication d'un bout à bout de nos haikus en vue d'une diffusion dans un festival en France, la fin de journée passe vite et je ne force pas ce soir, encore pas mal de fatigue à récupérer.
Jour 367 - Calle Belgica
Mardi 1 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 369
Barth : Cela fait quelques jours qu'il ne pleut plus. Le soleil a pris le relais et l'air de Mexico se réchauffe de jour en jour, avec les bonnes et les mauvaises conséquences. Je laisse Fanch avancer un peu sur l'ordinateur et pars me promener dans les environs, appareil photo à la main, pour le plaisir, et pour mettre fin à la longue série d'images de nos vélos qui illustre le carnet de bord depuis quelques jours.
Il ne reste que quelques détails à régler, quelques mails à écrire pour que je me sente totalement dispo pour les montages vidéos qui m'attendent. En particulier ceux qui datent de Dakar ! J'y consacre donc la fin de journée, avant une pause dîner au resto chinois en compagnie d'Oscar et Nathalie.
Fanch : Ça avance, un deuxième dossier est partit en fin d'après midi accompagné de quelques mails envoyés à divers organismes et institutions. L’événement du jour, c'est que nous avons réserve deux place pour assister au live d'Amon Tobin, musicien électronique qui présente son dernier show, ISAM, ici même, à Mexico. Il était passé à Rennes il y a un peu plus d'un ans, mais je travaillais ce soir là. Jamais je ne me suis dis que l'occasion se représenterai au cours de notre voyage. Disons qu'on se paye le concert pour notre anniversaire, ou comme récompense après de longues heures passées devant l'ordinateur ça promet d’être… Spectaculaire.
Enfin, demain, c'est le jour de la synchronisation du site, j'ai pris pas mal de retard dans la rédaction de mes articles, je vous laisse donc car j'ai du pain sur la planche!
Jour 368 - Palacio Bella Artes
Mercredi 2 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 370
Fanch : Je cherche un forme originale pour débuter cet article et ainsi éviter d'écrire “Ce début de journée est consacrée au travail”, mais je ne vois pas, vraiment pas. Passons directement à la suite si vous le voulez bien.
18 heure. Nathalie nous a dégoté des billets d'entrée au Palacio de Bellas Artes pour voir, attention… El Ballet Folklorico de Mexico! J’ai accepté l’invitation, peut être d’avantage pour découvrir l’architecture du lieu que pour la chorégraphie en elle même. Barth ne se sent pas en super forme et préfère rester au chaud pour écrire quelques mails et ainsi rattraper le courrier en retard. Enfin, je pars avec deux heure d’avance dans l'idée de passer un petit bonjour a la Casa Bicitekas et en profiter pour récupérer quelques affaires. Je saute donc dans le métro de Portales que j’ai apprivoisé depuis le temps. Mais aujourd’hui, il ne s'arrête pas à la station Allende, ni à la suivant, ni même à celle d'après. La cause? Des manifestations ont lieu dans le centre ville et pour éviter une invasion les autorités ont pris la décision de bloquer l'accès à l’hyper-centre aussi bien à la “surface” que par voix souterraine. Je me retrouve donc à marcher sur quatre bon kilomètre jusqu'à la Central. C’est en faisant un petit détour que je me retrouve sur le “lit” de la manifestation. Les maestros en colère ont étés rejoins par les étudiants, et à ceux ci s’ajoutent les manifestants venu protester contre la privatisation de l'énergie (pétrole et électricité). Ça en fait du monde en colère… Mais en face, les forces de ordres sont plus nombreuse que jamais et c'est à se demander s’il n’y a pas plus de robocops que de marcheurs. Comme pour le jour de la fête de l'indépendance mais puissance deux. Il y a des barrages dans tout les sens, les flics se comptent par milliers, trois hélicoptères tourbillonnent au dessus des protestataires, j’ai même aperçu mon premier drone version gyrophare voler au dessus de ma tête… Enfin bref, l’ambiance est pour le moment tendu mais relativement calme, j'apprendrai un peu plus tard que cela aura dégénéré, affrontements, blessées, un quarantaine d’arrestations…
Enfin, après moult barrages, je parviens finalement a la Central del Pueblo, accueillis par quelques taulards et geôliers fictifs, je me casse le nez, Sergio vient de partir et je n’ai pas les clefs du local de Bicitekas. Bon, j’ai une bonne heure et demi pour me balader…
La suite est un peu plus gai, je retrouve Nathalie accompagnée d’une de ses amies pour assister a la soirée de gala… Gala, le mot est sans doute un peu fort, mais l'accoutrement de mes voisins donne le ton, le costard est de rigueur…
Le Palais des Beaux Arts, premier opéra de Mexico, majestueux de l'extérieur, ne l’est pas moins de l'intérieure. Coupole art nouveau, murs et plafonds art déco. Il en impose, tellement qu’il s’enfonce progressivement dans le sol, chaque jours un peu plus (bon, je ne l’ai pas deviné tout seul, merci wikipedia) . Et le ballet, et bien, les deux heures se sont écoulées plus rapidement que je ne l’aurai pensé, je l’ai vécu comme une bonne grosse douche de folklore mexicain. Au dîner, danses aux milles couleurs du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest, chants révolutionnaires et claquettes endiablées, entraînées par les accords majeurs jouées par les mariachis proprement endimanchés. J’avoue m'être pris au jeu même si finalement j’eu d’avantage l’impression d’assister a une comédie musical (dont je ne suis généralement pas un grand adepte) qu’a un ballet à proprement dit.
Mais bon, je prends cela comme une bonne expérience…
Barth : Je ne tiens toujours pas la grande forme et rattrape tant bien que mal mon manque de sommeil ces derniers jours. Le reste de la journée est consacré à l'écriture de nombreux mails, des finitions sur le site, faire les comptes… Bref, plein de choses passionnantes que j'ai besoin de classer pour passer à la suite, aux vidéos !
En fin de journée Fanch rejoint Nathalie et une amie à elle pour un spectacle de danses folkloriques mexicaines. C'est pas que ça me plaise pas, mais je ne me sens pas le courage et reste donc au chaud en compagnie d'Oscar, à papoter en regardant d'un œil un match de foot et en partageant un dîner frugal. La discussion nous entraîne sur Cuba, où nous aurions du passer selon notre premier itinéraire. Il faudra qu'on y retourne si j'en crois la video que m'a montré notre ami !
Jour 369 - Calle Canarias
Jeudi 3 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 371
Barth : Ça faisait un bout de temps que je n'avais pas vu Oscar et Nathalie au petit dej, je commence à retrouver un rythme d'être social, c'est bon signe. Pour fêter ça, pan-cakes !!! (Bon, je pense que si je ne m'étais pas levé ils en auraient quand même fait…)
Un peu de boulot, une sieste parce que j'ai décidé d'arrêter de forcer, et c'est déjà presque la fin de l'après-midi. Avant d'aller manger, nous avons le plaisir de causer un coup avec Fanchic, en direct de Quimper où il commence tout juste un boulot de quelques mois. Ça fait plaisir d'avoir des nouvelles en live depuis tout ce temps ! On a encore le temps de s'organiser mais l'idée que nos routes se recroisent avant notre retour est vite venue sur le tapis !
Un aller-retour au marché et une pause déjeuner où nous prenons un peu le temps de discuter des dernières avancées de Geocyclab et des problèmes de finances à anticiper, et nous enchaînons sur une conversation skype avec Guillermo ! Lui est dans le Yucatan, toujours en train de gagner un peu d'argent avec le Poker en ligne, mais cette fois au bord de la mer des Caraïbes. On ne se reverra donc pas au Mexique, mais l'Asie tient toujours…
Fanch : Nous continuons sur notre lancée. Je me colle aujourd’hui dans les comptes, tache aussi incommodante que nécessaire. J’en profite pour régler quelques affaires administratives personnelles.
Nous décidons en début d'après midi d’aller faire un tour du coté du marché de Portales, histoire d’acheter quelques légumes pour remplir le frigo mais aussi parce qu’il commence “à faire faim”. Nous profitons de cette pause pour causer un peu de l’avenir du projet. Cela peut vous paraître étrange, mes ces derniers temps, depuis que le “travail a reprit”, nous n’avons pas grande conversation avec Barth, chacun sait ce qu’il doit faire, chacun fait ce qu’il doit faire, nous ne nous accordons pas trop de temps pour cela. Mais aujourd'hui, non car personnellement j’ai besoin de parler, au moins pour d’avoir une idée de ce que pense mon compagnon de route de ce que le futur nous réserve. J’ai été victime d’une petite baisse de morale hier soir, beaucoup d’interrogations se bousculaient dans ma caboche mais l’optimisme légendaire de Bartholoméo à largement arrangé tout ça.
Je retrouve alors suffisamment de motivation pour me mettre au boulot et ce malgré quelques interruptions Skype, mais ça fait toujours autant plaisir de revoir la bouille de Fanchic!
Jour 370 - Métro Portales
Vendredi 4 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 372
Fanch : Le cadre déformé, à coup de masse, les pneus crevés, les roues volontairement voilées, un vélo blanchi destiné à être enchaîné quelque part dans la ville pour devenir morceau de ferraille urbain. Les cyclistes savent et maintenant, nous aussi . Ces Ghosts Bikes rendent un hommage silencieux à celles et ceux qui ont perdu la vie alors qu’ils étaient sur leurs deux roues.
Le “vélo fantôme” Ce projet commémoratif est d'après ce que j’ai compris, né en 2003, dans la ville de Saint Louis, Missouri, lorsqu’un type nommée Patrick Van Der Tuin, qui après avoir assisté à une collision entre une voiture et un cycliste, a placé un vélo blanc sur le lieu de l’accident. Sur le cadre du vélo, se balançait une pancarte sur laquelle était inscrit « frappé ici ». Se rendant compte par la suite que les automobilistes, en apercevant l'étrange mémorial, avaient tendance à ralentir, il décida de placer 15 autres « fantômes » dans les rues de Saint Louis, c’est de là que le mouvement Ghost Bike aurait vu le jour. Depuis l'idée a parcouru du chemin et la pratique s’est étendue aux grandes villes des 5 continents.
Sergio et Cesar sont à la Central. Il s'apprêtent à rejoindre Ernesto pour déposer le vélo blanc sur une des avenues de Mexico, je ne sais où exactement. Il y a quelques jours de cela, la famille a déposé à la Central le bici de la victime en demandant aux membre de la Casa Bicitekas de bien vouloir appliquer la “tradition”. La bécane est littéralement défoncée, je pensais en premier lieu que la déformation du carde était dû au choc entre la voiture et la cycliste mais pas du tout. Le pauvre Sergio m’explique tant bien que mal que le vélo était en bonne état, qu’il y avait pas mal de chose à récupérer mais il s’est appliquer à tout défoncer, tout déformer, à tout exploser. « Et oui » me dit il, « si on pose dans la rue un vélo en bonne état , blanc ou pas blanc, il ne fera pas long feu et quelqu’un finira par se servir. Ça me fait mal de faire cela mais que veux tu, c’est la moindre des chose que de rendre cet hommage à quelqu’un des notres »
Barth : Après un début de journée relativement studieux, nous décollons en direction de la Central del Pueblo pour passer dire bonjour et prendre un peu l'air. C'est le dernier jour du tournage, la central est toujours déguisée en centre de détention, et l'atelier de Bictekas semble faire de la résistance dans ce décor loufoque. Sergio, Ernesto et Cesar sont là, les retrouvailles sont chaleureuses. Sergio est en train de repeindre intégralement en blanc le vélo accidenté de Jennifer, victime récente d'une collision avec une voiture. Son vélo sera accroché le lendemain à l'endroit du drame, en mémoire de la victime et pour sensibiliser les automobilistes sur la sécurité des cyclistes. Il s'agit d'un mouvement international nommé ghostbikes, et initié en 2003 dans le Missouri.
Puis, après un passage obligatoire chez notre dealer de tacos, nous filons chez Lalou pour un apéro plutôt mouvementé. En effet, les amis français qu'il voulait nous présenter ne sont pas encore arrivés, et à leur place débarque une petite banda de cyclistes qui a visiblement déjà commencé la fiesta avant l'heure ! Bref, un peu de détente tout de même..
Jour 371 - Central Del Pueblo
Samedi 5 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 373
Barth : Comme tous les samedis, c'est le jour du grand ménage en profitant du soleil matinal. Je passe ensuite un peu de temps à fouiller dans Open Street Map, histoire d'y voir plus clair en vue de la discussion prochaine avec JB le frère de Fanch. D'énormes possibilité avec cet outil en plein développement, et l'idée de faire une carte interactive pour présenter nos contenus est peut être en train de prendre réellement forme..!
Ce soir, après un copieux dîner avec Oscar et Nathalie, nous nous rendons à Rancho Electronico, le hacker-space que nous avions rencontré au tout début de nos déboires informatiques, pour une soirée festive au profit d'une des membres de l'association qui a besoin d'aide pour payer une opération suite à un accident de voiture. Musique cumbia, pulque et mezcal, les ingrédients sont réunis pour une joyeuse soirée malgré les tristes circonstances, et c'est l'occasion de recroiser rapidement James et quelques autres têtes connues du hacker-space…
Fanch : Couché très tard hier, je me lève donc tard mais ne tarde pas à ouvrir l’ordinateur… Pour m’y coller. Objectif du jour, repérer les instituts ou alliances françaises de Californie, l'idée principale est d’obtenir des renseignement afin de constituer un carnet d’adresse nous permettant de “faire des projets” avec des organisations ou associations culturelles. Il est intéressant de constater que cette démarche est rendu possible grâce à l’investissement d’Anaïs qui va pouvoir entretenir et continuer à chercher des contacts quand nous aurons repris la route. Anaïs est là, Linux Kemper aussi mais d’autre personnes arrivent et se proposent pour nous aider. Ainsi avec l’assistance de Cindy, le site internet va certainement avoir sa version espagnole, JB, mon frangin est en train de faire des recherches pour intégrer une carte interactive OSM (Open Street Map est une bonne alternative Open Source aux cartes propriétaires) ce qui permettra une navigation d’avantage instinctive, plus ludique et donc plus agréable.
Petit à petit, Geocyclab s'entoure d’une véritable équipe qui devrait nous permettre, à plusieurs niveaux de délester un peu nos sacoches de ces d’affaires qui, en mode nomade nous impose pas mal de stress et dont nous sommes heureux de nous délester.
Jour 372 - Paseo de la Reforma
Dimanche 6 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 374
Fanch : L'évènement marquant du jour se trouve être, évidemment, le show d'Amon Tobin. Je l’ai manqué de peu, il y a un peu plus d’un ans alors qu’il présentait à Rennes son ambitieux spectacle ISAM issu d’une collaboration avec l’artiste Tessa Farmer.
Alors, pourquoi suis autant satisfait?
Premièrement parce qu’Amon Tobin est selon moi l’un des génie de le musique électronique de notre temps. Sa pratique évolutive se situe aujourd’hui entre recherches acoustiques, bruitisme de synthèse, Drum’n’Basse, breakcore et l’on devine encore la petite touche jazzy qu’il affecte tant. Son “beat” est une sculpture sur lequel “l'écouteur” devient malgré lui danseur.
Deuxièmement parce que sa collaboration avec Tessa Farmer a donné naissance à un spectacle audiovisuel de qualité ou la notion de synesthésie prend forme physiquement (à mon plus grand bonheur). Via une technique particulière de vidéo projection, le vidéo mapping, qui en deux mots consiste à projeter des images animées sur un volume (et non plus sur une surface) la scénographie est virtualisé. D’accord mais le “voyage” en vaut largement la peine. En quelques minutes, je rentre dans le son, dans la lumière, perds pied, la frontière qui separt le réel du virtuel se floute, celle entre le son de l’image aussi. Plus qu’un spectacle “son et lumière” terme qui a tendance a vieillir bien vite, ISAM est une réel expérience physique.
Je ne m’attarde pas (j’aimerai bien pourtant) mais je vous conseil vivement d’aller jeter un coup d’œil par là, au moins par curiosité.
Barth : Dimanche repos, un soupçon de boulot et rendez-vous chez Lalu le soir pour aller ensemble au concert d'Amon Tobin que nous avons décidé de nous offrir pour arroser nos un an et la quasi-fin de cette période étrange.
Les orages qui font leur tournée du soir sur Mexico semblent bien vouloir épargner la scène en plein air où nous nous trouvons et le spectacle commence après une longue attente à la mexicaine. De grosses basses solidifient l'air en guise d'introduction et le rideau se lève sur un écran constitué de cubes sur lesquels est projeté un mapping vidéo plutôt chiadé. Et c'est parti pour un voyage dans le son et l'image de presque deux heures, un peu dur physiquement mais le spectacle était tout de même bluffant !
Jour 373 - Calle Presidentes
Lundi 7 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 375
Barth : Le week-end n'aura pas été productif, il est temps de s'y remettre pour la dernière ligne droite avant le départ. Je commence par faire une synthèse des éléments à transmettre à JB pour notre carte interactive. Une fois confié l'affaire entre ses mains je pourrais m'immerger avec délice dans le montage vidéo, pour un marathon de quelques jours certainement.
Fanch : Après cette fin de semaine détente la reprise du boulot n’est pas des plus évidentes. Mais il le faut! Du coup, je ne sais que dire, je viens de finir un mail, en anglais s’il vous plaît qui sera bientôt dans la boite du makerspace Buildshop afin d’organiser notre arrivée à Los Angels… L.A. Nous espérons intervenir auprès des membres de cette atelier collaboratif sous une forme encore indéfinie, workshop, conférence, installation, les trois? Le temps que le message arrive à destination et nous en saurons un peu plus. L’autre étape consiste à contacter les institutions et alliances françaises de Californie (et d’ailleurs) pour tenter de se faire « embaucher » ou du moins, pour profiter de leur carnet d’adresse histoire de multiplier les rencontres culturelles. Nous lançons nos filets à la mer, on va bien voir ce que nous remonterons à bord de Geocyclab.
Puis j’enchaîne en créant un document, répertoire de nos envies et idées de création, d'atelier et tout ce qui peut rentrer dans le contexte artistique du projet… Je commence mais je ne fini pas, happé par les forums pure data et Arduino que je redécouvre et qui partage de plus en plus d’informations, de plus en plus de fichiers. J'hallucine, il est déjà 3 heures…
Jour 374 - Calle Canarias
Mardi 8 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 376
Fanch : Vous êtes arrivé à 8 heure 33, avec trois minutes de retard mais personne ne s’en est rendu compte, vous non plus d'ailleurs. Vos collègues vous saluent poliment vous faites de même avant de vous mettre à vos taches quotidienne. 10 heure, c’est la pause clope, vous papotez 5 minutes avec le seul collègue fumeur de l’entreprise et c’est repartit, vivement midi et demi, l’heure du sandwich et du café-clope au bistrot du coin. 14 heure, le boulot reprend, le bosse vous surprends scruter cette horloge qui doit certainement déconner, elle tourne au ralentit, le patron toussote, vous sortez de vos rêveries et vous replonger dans vos affaires… Finalement les 18 heures résonnent, signalant la fin de la besogne. Il pleut et comme tout les jours vous êtes venus a pieds et repartez dans l’ambiance étouffante d’un transport en commun bondé. Quand enfin vous arrivez chez vous, c’est l’heure de faire a manger, de manger et puis… Et puis?
Je sais pas, là ça vient pas… J’ai pas spécialement envie de vous raconter ma journée…
Barth : Depuis hier soir je vis d'étranges retrouvailles avec nos rencontres africaines de Dakar. Je viens de finir d'éplucher les différents portraits vidéos de Marion, François, Camille, Angie ou encore du trio de WOS, Claire, Julie et Paul. En plus de la subite prise de conscience du temps écoulé depuis, je découvre des détails, des choses trop vite dites au cours des interviews et qui avec le recul actuel trouvent un nouveau sens.
Je replonge donc sur la route de l'Afrique et entre les murs de Kër Thiossane, avec autant de plaisir que d'envie de tourner cette page pour enfin découvrir la suite de notre aventure… Mais il me tarde de pouvoir enfin vous présenter toutes ces personnes, je retourne donc au montage !
Jour 375 - Calle Presidentes
Mercredi 9 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 377
Barth : Je suis assez surpris par la rapidité avec laquelle les montages avancent. Je me rends compte à quel point je me suis bien approprié l'outil Kdenlive en un an mais également que mon regard de monteur a gagné en précision et en efficacité. Bref, après ce long chômage technique ça fait du bien de sentir que malgré tout le métier rentre !
Fanch décolle vers la Central del Pueblo pour aller bricoler un peu d'électronique et il est remplacé par Diego, un ami d'Oscar et Nathalie, clown itinérant qui arrive du pays basque pour une tournée au Mexique avant de rejoindre son pays natal l'Argentine pour l'été austral, et avant de retourner en Espagne pour l'été boréal… Pas beaucoup plus grand que la malle à roulettes contenant tout son matériel de spectacle qu'il trimbale avec lui, une tête rasée de prêt et coiffée d'une houppette rescapée au sommet du front, encore une chouette rencontre !
Sur les indications de Nathalie, je file faire un tour au marché couvert de Portales et y trouve sans trop de problème la fille qui vend miel, thym et gingembre sur un étal à même le sol dans un coin de parking. J'ai quelques scrupules à déranger le sommeil du nourrisson qui bulle dans ses bras, mais j'ai trop besoin de ces ingrédients pour en finir avec ma toux. Ainsi équipé, la fin de journée est consacrée à la suite du montage…
Fanch : Je me lève tôt, Barth dort encore et dans cet état il ne peux pas protester, je m’accapare donc l’ordinateur. Au programme, une matinée très excitante, la synchronisation du site s’annonce pour les heures à venir, je me dois donc de faire ma part de la mise à jour du carnet de bord. Cette tache est entrecoupée de pause “uplaoding” histoire de mettre en ligne nos vidéos sur le blog d'Arte-créative et d'étendre ainsi le champs diffusion de Geocyclab. Je profite de la bonne connexion de Portales pour charger la quasi totalité des haïkus. La mise en page attendra un peu, le but pour l’instant étant d’avoir les vidéos accessibles sur ce blog et de n’avoir plus qu’à éditer les articles au fur et a mesure. Je vous donnerai le lien quand Geocyclab aura une galerie digne de ce nom sur Arte Creative.
Direction, la Central Del Pueblo, du rangement m’attends la bas. Je revois Sergio et Cesar, à leurs poste comme d’habitude.
Une fois la nuit tombée, je m’adonne à une “pré organisation mentale” qui va durer un bon moment et durant laquelle je ne peux rien faire excepter penser au départ.
Jour 376 - Central Del Pueblo
Jeudi 10 octobre 2012 - 0 kms - Post n° 378
Fanch : Je profite d'être seul à la Casa Biciteka pour sortir ma flûte avec qui je n’ai pas conversé depuis fort longtemps. Cela s’impose comme une nécessité, comme un besoin. Quand je joue seul, au bout d’un certain temps (une demi-heure environ), une alchimie électrochimique libère je ne sais quel substance qui inonde alors mon cerveau, puis une porte s’ouvre qui me permet de m'échapper ailleurs, dans un univers proche de celui des rêves. C’est un monde ou les pensées du quotidien sont bel est bien présentes mais leur organisation est tel qu’elles en perdent leur valeurs réelles. Elles s’agencent selon un ordre dicté par le subconscient ce qui a tendance à plaire à mon conscient (qui est le premier spectateur de ce phénomène). Des concepts insaisissables naissent, la majorité du temps je les laisses filer mais il m’arrive parfois de m’en amuser, de jouer avec, mais très vite, avant de les décortiquer complètement, je leur rends leur liberté. Les notions d’espace et de temps disparaissent rapidement et finalement, ce qui m’importe n’est pas de faire de la belle musique, c’est de chercher et de trouver les notes qui me permettrons de prolonger le “trip”.
Enfin bref pendant que Barth bosse sur le passé en montant les dernières vidéos africaines, j'entame le futur avec quelques bidouillages électroniques que nous déposerons sur la route des States…
Barth : Il faut déjà refaire la mise à jour du site. Fanch avait fait sa partie la veille avant de filer, il ne me reste donc qu'à finaliser et à intégrer quelques nouveaux articles dans la rubrique « acteurs ». Interrompu par quelques discussions avec Diego qui est en train de préparer sa malle en vue de son départ le lendemain pour une tournée dans le nord du pays, j'y passe un peu plus de temps que prévu. L'accent argentin de Diego m'amuse beaucoup et je m'étonne d'arriver à le comprendre aussi bien. Sans doute le fait de passer la moitié de l'année en Espagne qui atténue un peu l'effet, mais tout de même cette façon de de prononcer les « ll » et « y » en « ch », il fallait l'inventer !
Après un rapide dîner en compagnie d'Oscar et Nathalie fatigués par leur semaine de boulot, et Diego étant sorti dîner avec d'autres amis, je retrouve le niveau de concentration adéquat pour une nouvelle immersion en compagnie de nos anciennes rencontres africaines, jusque tard comme toujours…
Jour 377 - Central Del Pueblo
Vendredi 11 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 379
Barth : Diego est parti aux aurores sans que je l'entende, Nathalie et Oscar un peu plus tard mais sans plus d'effet sur mon sommeil. Je me réveille donc seul dans la petite maison et après avoir pris le temps de régler quelques urgences dépendantes d'une connexion internet, comme répondre au frère de Fanch au sujet des dernières avancées sur la future carte interactive, je me prépare à rejoindre Fanch dans le centre.
Retour à la Casa Biciteka donc, avec toujours autant l'impression de passer dans un univers parallèle, dans cette petite bulle de quiétude qu'est la Central del Pueblo au cœur du quartier chaud de Tepito. Fanch est bien là, en compagnie de Sergio qui participera en spectateur à notre discussion au sujet des dernières avancées. Ce visionnage improvisé des montages en cours nous mène jusqu'à l'heure du dîner, tacos assurément !
Fanch : Je fignole mes bidouillages d’hier, un peu de soudure par ici, un peu de colle par là, il ne reste plus qu’a étanchehifier un peu le tout et ça devrait tenir un bon moment. Je vous en dit un peu plus? Ce sont des dispositifs sonores automnes en énergie et embarqués (transportables) que, tel de vrais petits poucets, nous déposerons sur notre route. Geocyclab s’est donné comme mission de troubler le silences des déserts… On va faire les choses au mieux.
A bricoler de cette manière, je me suis bien étalé sur la mezzanine, j’ai sortis les petits boites des grandes boites, il y a des câbles partout, c’est le… Bordel. Je passe donc un peu de temps à réunir toute mes affaires et à faire un petit tri puis à les ranger dans les petites boite qui irons dans les grandes boites et enfin dans mes sacoches. Demain, promis, je fais de même avec mon sac de linge…
Jour 378 - Central Del Pueblo
Samedi 12 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 380
Fanch : Barth est à la Central depuis hier. De son cote, les montages des 3 vidéos destinées à alimenter notre rubrique des Objets Libres, ont bien avancées. En fin de matinée, un visionnage suivit d’une une petite réunion s’improvise sur la mezzanine de la Casa Bicitekas. C’est occasion de faire un point sur ce qu’il reste à accomplir mais également de parler sérieusement du départ et de l'itinéraire.
Il va falloir faire des choix, malheureusement nous ne pourrons pas parcourir la totalité de la distance qui nous sépare de la frontière américaine (3000km env) en vélo. En effet, nous avons rendez vous à Los Angeles d’ici un mois. C’est con mais c’est comme ça, de toute façon, il faut d’une manière ou d’une autre que l’on rattrape notre retard. Alors, la balance porte vers la Baja Californie, la pointe Nord Ouest du Mexique, le prolongement de la Californie. Nous sortirons donc de Mexico en bus avec les vélos dans les soutes pour rejoindre Mazatlan d’où nous prendrons un ferry qui nous déposera à La Paz (La Paz de Baja california, pas celle de Bolivie!). Pour la première fois depuis que nous sommes ici, nous évoquons une date pour partir et un peu plus tard, Sergio nous proposera d'organiser une petite fiesta d’adieu samedi prochain. Enfin, c'est bon de pouvoir enfin se projeter sur la route…
Je finirai cette journée chez Roxana en compagnie de Lalou et Maria pour une petite soirée calme qui se prolongera par une séance cinéma devant laquelle je m’endormirai.
Barth : J'ai continué d'avancer sur le boulot tard hier soir et il n'y a pas à dire, on dort moins bien dans un atelier de vélos que sur des tatamis de shiatsu… C'est qu'on devinent exigeant avec la sédentarisation ! Mais plus pour longtemps.. Je me lève donc tard aujourd'hui. Fanch est parti faire des courses pour ses travaux électroniques et je sirote un café au soleil avant de me faire inviter chez Octavio pour… Manger un morceau, boire une bière artisanal de la dernière cuvée, discuter et écouter la longue discussion entre Octavio et Sergio qui vient de débarquer, au sujet d'un événement à la Central pour la fête des morts qui arrive bientôt. Il est question de mapping vidéo, d'apparition de la Llorona en hologramme au milieu de concerts live… Mais nous serons sur la route…
L'après-midi s'écoule ainsi, dans la temporalité purement mexicaine de l'atelier d'Octavio, avec le sentiment d'être spectateur d'un film qui serait projeté en réel. Une bonne pause au milieu du montage, mais les remarques et idées dont nous avons discuté la veille avec Fanch reprennent vite le dessus de mes pensées et me rappellent vers l'ordinateur pour encore quelques heures de boulot.
Jour 379 - Central Del Pueblo
Dimanche 13 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 381
Barth : Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de voir Mexico sous un soleil radieux et avec assez d'air pour ne pas trop sentir la pollution. C'était le cas aujourd'hui et l'impression est assez surréaliste, particulièrement au couchant quand les chaines de montagnes qui encerclent le District Fédéral diffractent les derniers rayons sur le sommet des édifices…
Mis à part ce décor inhabituel, ce fut une journée courte et calme, en compagnie de Sergio venu rattraper le retard dans ses commandes de révisions de vélos suite à une flemme aiguë de ces derniers jours. Ce fut l'occasion de parler un peu du départ, du parcours et du planning jusqu'aux USA, et de planifier avec la complicité de notre ami une soirée d'adieux pour réunir tous nos amis mexicains avant de reprendre la route dans une semaine.
La date est donc posée, le compte à rebours est lancé, la liste des dernières choses à faire est dressée et en ce qui me concerne les plus urgentes nécessitent une connexion internet. Je m'en retourne donc à Portales pour une soirée studieuse, laissant Fanch qui veut finir son bricolage électronique…
Fanch : Ayant dormis chez Roxana, le petit déjeuner se déroule en compagnie de Lalou et de Maria. Nos sujets de conversation sont centrés autour du voyage. Lalou a déjà fait un tour du monde, Roxana envisage sérieusement de partir en voyage en Europe l'année prochainement, quant à Maria, elle n'a rien programmé mais je crois que le fait de partir à l'autre bout du globe ne la dérange point. On en vient à se dire que nous aimerions nous retrouver en septembre/octobre 2016 quelque part au Népal… A voir mais tout le monde semble emballé par cette idée… Moi le premier…
Je passe l'après midi à la central pour discuter avec Barth de la liste des choses à terminer avant de décoller vers de nouveaux horizons. Roxana est aussi dans les parages car son vélo actuellement entre les main de Sergio qui pour le réparer dans les temps, a acceptée de sacrifié son jour de repos. Enfin voila, un dimanche calme.
Finalement, Barth retourne s'isoler à Portales pour pouvoir se concentrer, quant à moi, je préfère rester dormir à la Central car demain j’ai pas mal de petites courses a faire au centre ville.
Jour 380 - Calle Balderas
Lundi 14 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 382
Fanch : C’est con a dire, mais trouver des cartes postales dans cette foire de Mexico City n’a rien d'évident et je ne parle pas des difficultés rencontrées pour mettre la main sur une cartographie détaillée de la Basse Californie. Mais bon, c’est une bonne chose de faite. Je continue ma promenade dans le quartier de l'électronique et parvient non sans mal à mettre la main sur deux DELs ultra violette qui servirons a faire quelques testes.
Je termine cette promenade rincé. L’organisation des commerces regroupés par quartiers a du bon mais quand il s’agit de trouver de petites choses ou objets n’appartenant pas à la même catégorie, les courses se transforment rapidement en véritable marathon.
Je m'applique cette après-midi à fabriquer deux petites pinces pour la paire de petits micros binauraux que je n’ai pour l’instant que très peu sortis de leur sacoche. Nous aurons bientôt l’occasion de les tester leur puisque qu'ils seront utilisés en mode micro-cravate lors de nos futures entrevues filmées. Encore un bonne chose de faite, reste a voir ce que ça donne en pratique.
Barth : Lundi, dernière semaine de boulot avant la reprise, autant commencer à fond ! Boulot donc, avec la finition de trois portraits libres qui datent de Dakar, et un peu de temps passé pour répondre aux interrogations de JB sur le dossier carte OSM. Les choses avancent bien mais il reste beaucoup à faire…
Je réalise à quel point, en faisant abstraction du temps d'attente de notre ordinateur qui a précédé, ce mois de bilan financier, informatique et logistique était important. Après un an de terrain, la formule Geocyclab avait besoin d'une mise à jour, et de voir les capacités de notre atelier actuellement en comparaison à nos premiers jours de voyage me donne le moral ! Je suis vraiment impatient de reprendre la route, mais assez patient pour aller jusqu'au bout des objectifs pour partir l'esprit léger… Sur ce, au boulot !
Jour 381 - Calle Regina
Mardi 15 octobre 2013 - 8 kms - Post n° 383
Barth : Une fois debout, contrairement aux nombreux jours qui ont précédé, je ne m'attelle pas à l'ordi mais file directement en direction de la Central del Pueblo pour y tourner quelques images. Fanch est bien là, en compagnie d'Ernesto et Augustin qui viennent de répondre à une interview pour un documentaire. Cela tombe bien car nous avons prévu de faire exactement la même chose aujourd'hui !
Mais avant ça, nous allons tous ensemble et en vélo jusque un petit restaurant où nous retrouvons Cesar, Sergio et d'autres pour une réunion informelle de préparation de la fête des morts qui aura lieu à la Central. Une fois le ventre plein, Lalu nous rejoint par hasard, et malgré ses soucis de recherche d'appartement, accepte de nous donner un peu de temps pour un portrait vidéo. Retour à Casa Biciteka donc où nous enchaînons les portraits, Lalu en premier, puis Sergio, Ernesto et Cesar. Nous avons décidé de réaliser un portrait croisé en guise « d'objet libre », de toutes les personnes qui nous ont aidé dans notre panne sur Mexico. Un peu en dernière minute, mais mieux vaut tard que jamais… Mais ça commence à sentir les aux-revoir…
Nous traînons un peu à l'atelier pour un apéro rapide, avant de rentrer à Portales chez Oscar et Nathalie pour une soirée dérushage et montage…
Fanch : La journée commence doucement, je check, raye quelques lignes et complète la liste des choses à régler et profite du calme de la central pour faire quelques gammes avant que Barth n’arrive. Nous sommes conviés à une réunion de Bicitekas ce midi, qui sera l’occasion de déjeuner avec nos amis cycliste activiste. C’est un peu le réconfort avant l’effort puis que cette après midi sera consacrée à tirer le portrait des principaux acteurs de la Casa Bicitekas.
Nous quittons donc la réunion pour se rendre a la Central Del Pueblo à l’heure ou la cours est encore inondée de lumière et préparons le matériel avant que les autres ne reviennent. C’est d’abord au tour de Lalou de passer à la casserole, puis Sergio et Neto seront à leur tour interrogés et enfin le jeune Cesar clôturera cette séance de tournage.
On sent tous que le départ approche, devant la camera, c’est un peu l’heure des aveux, un instant émouvant.
Jour 382 - Calle Canarias
Mercredi 16 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 384
Fanch : Je me lève de bonheur pour derusher les pistes audio de nos entretiens d’hier ainsi que les fragment sonores qui s’accumulent dans mon enregistreur depuis un moment. Ça prend un peu de temps comme toujours si on ne fait pas le tri régulièrement.
Cette première tache accomplie, c’est l’heure de notre communication skype avec Anais histoire de faire un petit point hebdomadaire de ce qui a été réalisé ces derniers temps et de ce qu’il reste encore à faire. Le bilan est positif disons qu’on ne recule pas.
Puis tout s'enchaîne, c’est l’heure de manger mais le frigo est vide, je pars donc avec Oscar pour une virée folle au marcher de Portales. Nous préparons le déjeuner (à 16h00) alors que Barth bosse inlassablement sur un les montages vidéos, il fait une pose pour que nous mangions ensemble. Au menu tacos de pleurotes au piment relleno. Je craque et m’accorde une petite sieste de 20 minutes mais finalement je loupe mon coup et me réveillerai 2 heures et demi plus tard.
Oscar qui durant mon sommeil avait quitter les lieux, revient d’un aller-retour à l'aéroport en compagnie de Kim, une amie Suisse de sa frangine qui se prépare a travailler une année au Guatemala en tant qu’accompagnatrice de défenseurs des Droits Humains. Ok, bonjour… ah vous partez déjà… Bon si c’est comme ça, je me remet a faire la popote avant que Nathalie ne rentre. Enfin bref, tout ça pour dire que le quotidien me rattrape et me dépasse parfois, j’ai plein de boulot et je ne trouve pas le temps pour m’y mettre (la sieste y est sûrement pour quelque chose). Mais quand Oscar et Kim reviennent, tout le monde semble ravi de prendre le temps de discuter, moi y compris!
Au bout du compte, il est 2h49 et je suis enfin lancé mais ne vais pas traîner… j’avoue commencer à fatiguer et demain le journée promet d’être chargée… Bonne nuit!
Barth : Une bonne grasse matinée pour rattraper un minimum de sommeil, et c'est reparti pour le boulot. Il me reste encore un montage d'Afrique à faire pour pouvoir sauvegarder tout sur le disque externe que nous allons renvoyer en France avec l'ancien ordinateur. Et je dois aussi rapidement avancer sur le pré-montage des images du prochain CheckPoint que nous pourrons normalement tourner demain… Et si tout va bien, projeter en avant première samedi prochain à l'occasion de notre soirée de d'adieux.
pas grand chose d'autre à signaler aujourd'hui, si ce n'est l'arrivée d'une amie de la sœur d'Oscar qui arrive de Suisse pour une mission militante au Guatemala. Kim, c'est son nom, est repartie directement en ville dîner avec des amis, nous en saurons donc plus demain..
Jour 383 - Avenida Juarez
Jeudi 17 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 385
Barth : Une nouvelle journée de boulot animée par un chantier de plomberie. Un ami d'Oscar est venu régler le problème des coupures d'eau récurentes, et au bout d'une journée de bricolage intensif, le problème n'est toujours pas réglé..
Tout ceci ne m'aura pas empêché d'avancer dans le boulot et bien que le tournage du check-point soit repoussé au lendemain, ça commence vraiment à sentir la fin ! Un petit coup de main à Oscar afin de stabiliser la situation hydraulique de la maison pour la nuit et éviter une inondation surprise, et c'est déjà l'heure du dîner. Et ce soir, c'est raclette ! Un modeste présent pour remercier nos hôtes que nous allons bientôt quitter… Le ventre plein, je rassemble mes dernières forces pour finir quelques étapes de travail avant de m’endormir dans l'atmosphère fromagère de l'appartement…
Fanch : Debout, c’est l’heure des courses… Quoi,encore les courses! Et bien oui, nous nous sommes engagés, à préparer une raclette pour remercier nos hôtes de leur exceptionnelle hospitalité. Une raclette et bien oui, à Mexico aussi c’est possible, mais ici elle se mérite. Et je me lève donc relativement tôt pour rejoindre Nathalie dans le centre ou nous trouverons le fameux fromage. Le temps de grignoter un bout et la journée est déjà bien entamée. J’aimerai seulement être plus efficace qu’hier…
Je parviens finalement à me mettre au boulot. Au programme, écritures des textes pour Ex Situt et pour les Objets Libres. Et déjà, il fait nuit, c’est l’heure de cuire les patates!
Mais bon, je n’avais certes pas placé la barre haute mais ma mission de l'après-midi est accomplie. Je regrette seulement de n’avoir pas eu le temps de faire la mise a jour du carnet de bord avant de savourer le menu gourmet l'estomac mais aussi la tête vide. Tête plein ou pas, je regarde fondre lentement le fromage et savoure pleinement ma chance de manger une raclette a Mexico… Nous reprenons le travail a minuit, il est 2h16 quand je ferme l’ordinateur… Demain, encore un grosse journée de prévu…
Jour 384 - Calle Bélgica
Vendredi 18 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 386
Fanch : Debout, c’est l’heure des courses… Quoi, encore les courses! Et bien oui, nous nous sommes engagés, à préparer une raclette pour remercier nos hôtes de l’exceptionnelle hospitalité qu'ils nous ont offert ces derniers temps, deux mois presque que nous habitons chez eux, c'est la moindre des choses.
Une raclette et bien oui, ça peut paraître étrange mais à Mexico aussi c’est possible. Mais ici, elle se mérite un peu plus qu'en France car dans un premier temps il faut aller la chercher quelque part dans un marché du centre ville et dans un second temps, il faut accepter de payer le prix fort sachant que la douane mexicaine applique une taxe de 110% ce genre de produit. Ça reste exceptionnel, on est d'accord… Je me lève donc relativement tôt pour rejoindre Nathalie dans le centre historique ou nous trouverons le fameux fromage. Le temps de grignoter un bout et la journée est déjà bien entamée. J’aimerai seulement être plus efficace qu’hier…
Je parviens finalement à me mettre au boulot. Au programme, écritures des textes pour Ex-Situ et pour les la galerie des Objets Libres. Et rapidement, il fait nuit ce qui annonce l’heure de cuire les patates!
Je n’avais certes pas placé la barre haute mais ma mission écriture de l'après-midi est accomplie. Je regrette seulement de n’avoir pas eu le temps de faire la mise a jour du carnet de bord avant de savourer le menu gourmet la tête vide. Tête plein ou pas, je regarde fondre lentement le fromage et savoure pleinement ma chance de manger une raclette a Mexico, c'est atypique et tellement bon…
Nous reprenons le travail à minuit, la motivation n'est pas à son comble mais il faut avancer car demain une grosse journée nous est réservée. Il est 2h16, Barth est encore en train de bosser quand je ferme l’ordinateur…
Barth : Rien ne va plus aujourd'hui… La raclette de la veille fut l'écart de trop que je ne pouvais me permettre dans mon état de fatigue avancé. Gros coup de barre donc, physique tout d'abord, et moral car le dilemme qui me fait face me désespère un peu. J'ai vraiment hâte d'en avoir fini avec ces phase de mise à jour du boulot, mais mon corps me réclame une pause. je sais que je dois l'écouter, mais je sais aussi que je pourrais véritablement me reposer une fois la tête vide, et loin de la mégalopole mexicaine. Quoiqu'il en soit, je n'ai plus le choix, je dois souffler…
La journée s'écoule donc dans une ambiance de repos. Je trouverais juste le courage de synchroniser une nouvelle fois notre site internet pour assurer la continuation des publications, après que Fanch se soit éclipsé pour aller prendre des nouvelles de l'organisation de la soirée de samedi à Casa Biciteka. Le tournage du portrait d'Oscar et Nathalie ainsi que du futur Checkpoint sont donc reportés, et notre départ de Mexico également de quelques jours… Marre…
Finalement le soir j'ai l'impression de me sentir un peu mieux et décide donc d'accompagner Oscar, Nathalie et Kim qui passe sa dernière soirée à Mexico, pour un petit resto asiatique qui me redonne un peu le moral. Mais ce n'était peut-être pas si raisonnable car je me couche tard encore une fois.
Jour 385 - Calle Presidentes
Samedi 19 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 387
Barth : Ce n'est toujours pas la grande forme au réveil… Fanch est de retour en vue de faire au moins un des deux tournages prévus, mais mon corps n'a toujours pas l'air d'accord pour se remettre au boulot, et j'ai vraiment décider de ne pas forcer. Une séance de shiatsu vient donner raison à cette décision en me débranchant complètement pour trois heures de sommeil vraiment réparateur… Je n'avais aucune idée de ce qu'était le Shiatsu avant de rencontrer Oscar et Nathalie, et je dois avouer que je suis impressionné par les effets de cette thérapie. Il faut du temps pour apprendre cette pratique, et je me suis mis dans un coin de la tête de prendre ce temps là un jour.. Sans doute après notre retour…
A mon réveil, la journée est déjà bien entamée. Les orages grondent dans le ciel lourd de Mexico et la pluie ne tarde pas à refroidir l'atmosphère. Mais après avoir avaler un repas frugal, je me sens mieux tout de même, et nous décidons de tourner le portrait d'oscar et Nathalie, en intérieur, en lumière artificielle. Tout se passe bien, et la discussion aurait pu durer toute la soirée, mais il est l'heure d'aller à la Central pour organiser un peu les choses. Fanch part en éclaireur, et nous le rejoignons un peu plus tard accompagnés de Marie, une amie de Nathalie. Il pleut des cordes et il fait sombre quand nous débarquons enfin à Casa Biciteka. Sergio, Manuel, Cesar sont là, avec Fanch bien sûr, le barbecue est prêt à être démarré, on peut commencer !
Au fil des heures nos amis arrivent les uns après les autres.. Lalu, Maria, Roxanna accompagnée de sa sœur, Victor et sa copine, Nofun et Charlotte, José et Lola et une autre amie, et pour mon immense surprise, Cécile, Jean-Baptiste et leur petit Victor, des amis de France que je n'avais pas vu depuis de nombreuses années et qui viennent d’arriver à Mexico pour trois semaines de vacances ! Contactés en dernière minute via Facebook qui m'avait averti de leur présence ici, je ne m'attendais vraiment pas à les voir débarquer. Et les amis chez qui ils logent en ce moment habitent à Portales, à quelques centaines de mètres à peine de la maison d'Oscar et Nathalie ! Je me répète, mais vraiment le monde est petit… C'est donc une chouette soirée, rassemblant des gens d'origines et milieu sociaux très variés avec comme liens principaux la francophonie et le vélo urbain à Mexico. Je regrette juste que nous n'ayons pas réussi à prévenir Ruben à temps, et quelques autres rencontres manquaient à l'appel, mais c'était tout de même incroyable d'arriver à réunir autant de monde qui ne se serait sans doute jamais vu autrement.
Fanch : De bonne heure, En route direction Portales.
J’espère sincèrement que Barth à pris le temps de se reposer. En arrivant, je le découvre se réveillant à peine et ça n'a pas l'air d'aller mieux qu'hier… Mais bon les levés de mon compagnon sont parfois trompeur et son état s’améliorera certainement au cours de la journée sans compté que Nathalie lui offrira une belle séance de shiatsu suivit d'une petite sieste supplémentaire… Il est déjà tard et concernant le boulot, ça n'a pas trop avancé. Je suis revenu spécialement pour enregistrer notre entretien avec Oscar et Nathalie, finalement nous nous y mettons, silence, ça tourne.
L'entrevue terminée, je n'attend pas Nathalie, Oscar et Barth qui me rejoindrons un peu plus tard (quand ils seront prêts), je fonce rejoindre Sergio et Cesar à la Central pour préparer le barbecue. Le jour J approchant (et même si la date n'est pas encore fixée) ce soir c'est notre fiesta de (presque) départ! Il est temps pour nous de rassembler nos rencontres mexicaines pour un au revoir collectif. Je suis ravis de revoir, Victor, Jose et les autres que nous n'avions pas côtoyé depuis un moment, mais étrangement, je n'arrive pas à me dire que c'est une soirée d'adieu. Je ne ressent pas l'émotion à laquelle je m'était pourtant préparée. En y réfléchissant d'avantage, je n'ai semble-t-il pas l'impression de me préparer à un nouveau départ. Peut être que c'est mieux ainsi non? Nous sommes encore là, et je crois bien que personne ici ne pense que nous partirons un jour…
Jour 386 - Calle Nicaragua
Dimanche 20 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 388
Fanch : Un dimanche tranquille. Sergio, Cesar et Roxana sont à la central. Nous discutons quelque peu laissant à Barth le temps d'émerger en douceur. Et oui, faute de temps, nous l'avions repoussé à plusieurs reprise mais il faut bien s'y coller un moment donné. Nous tournons le checkpoint 007 dans l'enceinte de l'ancien couvent bénédictin. 5 mois plus tard, il est difficile de se replonger dans cette tache relativement délicate et de résumer en une petite vingtaine de minutes l'ensemble de nos aventures mexicaine. Mais finalement, moi qui appréhendais de multiples prises à n'en plus finir, en une petite demi heure de tournage, l'affaire est dans le sac… Et hop, nous enchaînons sur le derushage et tout devrait être prêt pour le plus gros du boulot à savoir monter l'ensemble des images. Mais c'est une bonne chose de faite, un dimanche tranquille certes mais nous avançons malgré tout.
Barth : Je fus raisonnable la veille et me réveil relativement frais à une heure plutôt acceptable. Une fois un café avalé, César beaucoup moins réveillé que moi et je l'entraîne dans un rapide coup de ménage de l'atelier avant de le laisser ronfler. Sergio débarque ensuite, discussion, le temps file, mais pas question de laisser la nuit tomber sans avoir tourné le checkpoint !
Le tournage se passe plus rapidement et plus efficacement que je ne l'avais craint, et malgré notre fatigue certainement visible la satisfaction d'avoir enfin fini ce gros morceau est bien là ! Avant de prendre congé de nos amis et d'aller manger une bonne pizza dans le centre pour fêter ça (le passage à vide de mon estomac semblant terminé..), Octavio nous offre à chacun un exemplaire d'une série de collages qu'il a réalisé sur la base d'anciennes actions de compagnies pétrolières retrouvées dans sa famille. Nous lui expliquons que nous allons certainement nous revoir une dernière fois avant notre départ, et combien nous sommes touchés par son attention ! Retour à Portales où Oscar et Nathalie sont déjà couchés, quelques nouvelles sur le web et au lit…
Jour 387 - Calle Republica del Brasil
Lundi 21 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 389
Barth : La liste des choses à faire reste longue, il ne va pas falloir chomer…
Finir le montage de l'installation à Dakar Monter le Checkpoint Monter la captation de l'installation à Mexico Expédier l'ancien ordinateur en France …
Après un petit entretien avec Anais au sujet de la réunion de rentrée de Liblab qui a eu lieu hier, c'est donc la reprise du boulot. La journée passe ainsi, beaucoup trop vite comme souvent, et pour le dîner nous retrouvons Oscar et Nathalie directement au resto de suchis, car le lundi c'est deux pour le prix d'un ! Une pause rapide avant une soirée toujours aussi studieuse…
Fanch : La routine est là, oui oui, c'est vraiment ce que je me dis ce matin en empruntant la ligne bleu du métro direction Portales. Merde, c'est bon, je connais toutes les stations qui séparent la casa de nos amis du centre historique… Si ce n'ai pas un signe de sédentarisation je ne sais pas ce que cela signifie. Métro, boulot… Car je m'apprête à passer une bonne partie de la journée à rédiger quelque mail et à tenter d'obtenir des renseignements en tout genres dans le but de planifier un minimum la suite du périple (vol USA - New Zeland, envoi de coli d'ici vers la France…). Rien de très passionnant pour aujourd'hui et demain s'annonce comme une journée plus ou moins similaire à celle là… Pour l'instant je fonce au lit, demain est un autre jour.
Jour 388 - Calle Canarias
Mardi 22 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 390
Fanch : Journée ordinateur. Encore? Quoi encore, oui, nous avons quelques petites bricoles à terminer, enfin de mon coté la liste a bien rétrécie, les urgences ont été plus ou moins réglées mais il reste encore pas mal de choses à faire pendant que Barth monte le dernier checkpoint. à commencer par continuer de mettre en ligne nos haikus sur la plateforme web d’Arte Créative, pas loin d’une cinquantaine au final, puis une petite mise en page s’impose, rien de bien prétentieux car ce site ne le permet pas, néanmoins un minimum s’impose. Et bien, tout cela va m’occuper la quasi totalité de la journée. Ce n’est pas extrêmement passionnant, je ne sais même pas si cela est nécessaire même on tente le coup, c’est une vitrine intéressante pour Geocyclab, et comme on le dit bien souvent, peut-être pour se rassurer, qui tente rien n’a rien.
J’ai bien bossé aujourd’hui, je suis resté concentré sur une longue période mais là, j’avoue que je sature. J’ai besoin de faire quelque chose de manuel, de prendre l’air, ou de trouver une activité qui m'ôte tout pensées du crâne… La cuisine, c’est pas très funky mais éplucher les carottes ça marche plutôt bien, c’est moins cher qu’un saut à l’élastique et ça sert a quelque chose…
Cependant la charge de travail qui s'allège doucement me laisse opportunité, juste après le repas et avant de dormir, de me dégoter un peu de temps pour flâner, ne rien faire excepter rêver un peu à la suite du voyage, au futurs projets… et vraiment, ça fait un bien fou.
Barth : Il pleut aujourd'hui. Le soleil n'a pas réussi a percer la couche des nuages, et avec la musique irlandaise que Fanch écoute en travaillant, on se croirait vraiment en Bretagne…
Quoiqu'il en soit il faut bosser. Je termine le montage de notre installation à Dakar, clôturant ainsi les publications datant de l'Afrique dont je m'empresse de planifier la publication. Le soir nous devions aller dîner avec José, mais la météo exécrable et l'envie d'avancer au maximum le boulot nous font reporter ce rendez-vous à un autre jour.
Jour 389 - Calle Canarias
Mercredi 23 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 391
Barth : Il fait froid à Mexico. Un froid qui fait ressortir les chaussettes en laine et les bonnets et qui donne à l'air un parfum de neige, et réveille des souvenirs d'hivers passés…
Avant qu'il ne décolle dans le centre ville, nous prenons le temps avec Fanch de poser précisément un planning de notre départ de Mexico. Nous prendrons donc un bus mardi soir qui nous déposera à Mazatlan le lendemain matin, pour enchaîner avec le ferry jusqu'à La Paz d'où nous reprendrons enfin le pédalage le jeudi ! Ça fait du bien de pouvoir enfin se projeter concrètement sur nos montures dans de nouveaux paysages, mais le compte à rebours est aussi enclenché, je replonge donc dans le montage du checkpoint…
Soirée devant l'ordinateur donc, à peine perturbée par le passage de Diego (le copain d'Oscar, clown argentin vivant dans le pays basque…) qui vient passer la nuit ici…
Fanch : Barth est toujours sur le banc de montage… De mon coté, je consacre ma matinée à la rédaction d’un courrier destiné aux membres du C.A. de LibLab, une réunion de rentrée fut organisée à Quimper et au vu du compte rendu, il y a pas mal de chose à dire. Je le laisse à disposition de Barth qui le complétera plus tard.
Je fouine ensuite sur le net pour trouver quelques informations qui nous seront utiles afin d’envoyer en France, de manière sûr et pas cher notre défunt ordinateur (pour faire fonctionner la garantie, sait on jamais). Nos aventures avec UPS nous auront appris qu’il faut se méfier de ce genre de service, le prix d’ailleurs ne fait que nous refroidir…
Enfin, la suite est un peu plus stimulante, puisque j’ouvre la carte du Mexique pour y tracer notre futur trajet, nous n’aurons malheureusement pas énormément de temps pour rouler (l’arrivée d’Anaïs coïncide avec notre fin d’autorisation de séjour au Mexique), autant se faire plaisir en choisissant une portion de route sympathique. On fini par poser une date qui normalement, je dis bien, normalement annoncera notre fin de séjour dans cette ville ou nous avons dorénavant quelques marques. Départ prévu mardi soir prochain, un bateau nous attendra mercredi soir, aux portes du golf de Californie et nous serons sur nos bécanes jeudi dès la première heure… Geocyclab va reprendre son rythme normal! Enfin…
Jour 390 - Calle Presidentes
Jeudi 24 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 392
Fanch : La journée commence bien puisque Roxana nous apprends que depuis son travail elle peut envoyer gratuitement notre ordinateur en France, ca c’est une bonne chose.
Je pars à la recherche d’un régulateur de tension, dans cette pagaille qu’est la plaza de la computation. Ce lieu est un vrai labyrinthe, ou le business et de magouille en tout genre côtoient les gadgets high-tech. Il est certainement possible de faire de bonnes affaires mais je pense pouvoir affirmer que 90% de la marchandise provient d’Asie pour ne pas dire de chine et finira d'ici peu à la poubelle. Ce n’est pourtant pas et ou la première fois que j’y met les pieds mais Je ne sais pas pourquoi aujourd'hui plus que d'habitude, les rabatteurs ne cesse de m'alpaguer. Au début, je souris, « No gracias, no gracias… » mais au bout d'un certain temps, je perds patiente et mon amabilité se transforme en nervosité, mais je reste poli, « NO GRA-CI-AS ». Enfin bref, c'est fatiguant tout ça, mais nous voilà équipés contre les variations de tensions, je pense et j’espère que notre ordinateur nous en remerciera. Affaire à suivre…
Barth : Après avoir salué Diego qui s'envole pour d'autres aventures, je poursuis mon immersion dans notre checkpoint. J'ai un peu de mal à me concentrer avec cette histoire de reservation pour le ferry qui nous emmènera en Baja California la semaine prochaine, mais malgré tout les choses avancent bien, lentement mais sûrement…
Oscar est de retour en fin d'après-midi avec une bonne nouvelle, il vient de trouver un boulot ! Assistant d'un gars qui gère plusieurs projets sociaux de ce que j'en ai compris… Soulagement pour notre ami en tout cas !
En attendant d'aller fêter ça avec Nathalie autour d'une quesadillas frite, Oscar tente d'appeler l'agence des ferries pour avoir des renseignements, en vain… Et pas possible de payer en ligne avec la carte de Fanch. Bref on verra demain, pour le moment je dois boucler le montage ce soir car demain c'est sortie culturelle !
Jour 391 - Teotihuacan
Vendredi 25 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 393
Barth : Je n'ai pas beaucoup dormi mais le checkpoint est bien dégrossi. Le réveil me tire du sommeil juste à temps pour plonger dans le métro et rejoindre Fanch, Nofun et Charlotte à Indios Verdes dans le nord de la ville. Je suis le dernier au rendez-vous, et après avoir attrapé quatre cafés à emporter, nous trouvons sans peine le bus qui nous emmène à Theotihuacan.
La route monte, nous laissant peu à peu découvrir Mexico d'en haut, dans le soleil matinal. Après une heure de route, nous voici donc sur le site, sur les coups de dix heures.. Pas encore trop de monde, et un soleil qui tape déjà fort quand nous découvrons le panorama de cette ancienne mégapole pré-colombienne. Il n'y a pas à dire, c'est immense, et vraiment impressionnant ! Nous gardons l’ascension de la grande pyramide du soleil pour l'heure du zenith et profitons du bon air et du soleil en visitant le reste du site.
La grande pyramide nous réservait deux surprises, un paysage incroyable à 360 degrés et la rencontre imprévue de Cécile, Jean-Baptiste et Victor (mes amis de France revu lors de notre soirée d'adieu de samedi dernier..) qui ont choisi le même jour que nous pour cette incontournable visite. La faim et le boulot à finir nous rappellent finalement en ville, où après un petit resto et un comptage de coups de soleil avec Nofun et Charlotte, nous regagnons le havre de Portalès, rincés mais détendus par cette journée au grand air. Ce soir je laisse Fanch travailler le son sur le checkpoint et je ne suis pas long à trouver le sommeil…
Fanch : Mon réveil sonne à 7:15, j'ai l'impression de partir en promenade scolaire. Je rejoins Nofun et Charlotte puis Barth, trois quart d'heure plus tard, à la station Indio Verdes d'où nous prenons un bus pour Teotihuacan. Teotihuacan, c'est la sortie que nous voulions nous faire depuis notre arrivée ici, à Mexico, un peu plus de 5 mois plus tard, nous y voici enfin.
La ville est connue principalement pour ses deux immenses pyramides mais regorge encore de nombreux mystères. Elle fut probablement construite 200 avant notre ère mais des doutes planent encore quant à l'origine des bâtisseurs de cette citée majestueuse dont seul 10% de l'architecture reste visible (sur un total de 82,66 km²). Parmi les candidats possibles, les fondateur de Teotihuacan auraient été Nahuas, Otomi ou Totonaques mais on parle aussi de ville multiethnique, pour l’instant, personne ne sait vraiment mais ce qui est sûr, c'est que durant son apogée, Teotihuacan fut l'une des plus grande citée du globe, comptant plus de 200 000 habitant !!! Voila un minuscule résumé de ce que j'ai compris anthropologiquement parlant, si vous voulez en savoir un peu plus, demandez à Wikipedia ou à un pote bibliothécaire.
Nous voici donc aux mystérieuses citées d'or, c'est unanimement l'impression que nous avons en découvrant la perspective du site. Nous y sommes de bonne heure, il y à déjà quelques touristes mais l'espace rend la cohabitation largement supportable. Enfin quoiqu'il en soit, cette visite touristique est la bienvenue, excepté le fait de s'échapper quelques heures de la ville et de son atmosphère saturée en CO2 ou de je ne sait quelles autres particules nocives et nauséabondes, le fait d'être là est tout simplement extraordinaire. La grandeur du site, son histoire, l'énergie qu'il s'en dégage, tout cela est fantastique et moi qui suit d'habitude plutôt du genre retissant envers ces zones à forte influence touristique, je ne peux qu'être émerveillé. Sans compter que nous avons pris tout notre temps pour flâner aux sommets des pyramides, allongés là, tout les quatre, profitant à la fois d'un soleil généreux et d'une brise fraîche et revigorante.
Au retour, vers 17 heure, nous prenons le temps de dîner-déjeuner du côté de chez nos deux punks. De retour à Portales, je n'ai vraiment, vraiment pas envie de me mettre au boulot mais, n'ayant pas vraiment le choix, j'ouvre le fichier « checkpoint 007 » pour y coller quelques bandes son récoltées lors de ces 5 derniers mois. Je me coucherai avec le regret de ne pas avoir eu l'idée d'emporter un tube de crème solaire à Teotihuacan ainsi qu’avec une bonne migraine…
Jour 392 - Calle Republica Urugay
Samedi 26 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 394
Fanch : Après un copieux petit déjeuné en compagnie de nos hôtes, je termine rapidement ce que j'ai entamé hier en enregistrant Nathalie. Puis une mise à jour du carnet de bord s'impose avec toute les petites manipulations ce que cela comporte. Ce travail achevé, nous filons Barth et moi dans un petit bistrot du centre ville ou Roxana (qui fête aujourd'hui ses 30 ans) nous attend en compagnie des quelques uns de ses amis. Pas d'alcool pour moi ce soir, j'ai toujours mal au crane mais nous profitons du bistrot-resto pour manger un morceau avant de filer à la Casa Bicitekas pour y préparer le coli contenant entre autre notre ancien ordinateur, colis que je donnerai demain à Roxana et qui se chargera de l'envoyer.
Nous croisons sans trop de surprise, Sergio qui apparemment cherche un plan pour faire la fête, nous sommes samedi soir tout de même. Barth décide de rentrer à Portales pour finir le checkpoint… « Du coup, si tu veux Sergio, on peut aller faire un saut chez Roxana si tu veux ? »
Barth : Ambiance détente et grasse matinée pour toute la maisonnée aujourd'hui. Mais après un copieux petit déjeuner qui se poursuit sur une discussion au sujet des mythologies qui touchent à Theotihuacan, il est temps de reprendre le boulot. Mise à jour du site, derushage des images de la veille, finition du checkpoint et du montage des tambos, il y a de quoi s'occuper jusque dimanche soir je pense…!
Mais l'après-midi passe bien vite, le temps que Fanch termine son boulot sur le checkpoint. Il est déjà l'heure de faire route vers le centre pour arroser dans une cantina les trente ans de Roxanna avec Lalu, Maria et une poignée d'autres amis. On ne s'éternise pour pouvoir passer à la Central del Pueblo pour y préparer le paquet avec l'ancien ordinateur que nous allons renvoyer en France. Roxanna nous a proposer de gérer l'affaire à son boulot, un grand hotel qui a l'habitude de négocier avec les sociétés de livraisons internationales et ça ne nous coûtera pas un peso !! Gracias Roxanna ! Nous tombons sur Sergio, qui entre autres récits de ses dernières aventures nocturnes en vélo, nous fait part du bonheur partagé (et réciproque !) qu'ils ont tous ressenti durant notre présence, d'une façon qui me touche au coeur… Sacré Cheko ! On se revoit lundi et mardi pour quelques bons moments encore, avec pour une fois la tête libre de tout boulot en ce qui me concerne… Mais pour ça je dois y aller et rentrer à Portales boucler les derniers montages..
Jour 393 - Metro Portales
Dimanche 27 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 395
Barth : Le soleil est de retour sur Portalès, c'est le jour des lessives dans tout le quartier.. J'en profite pour glisser quelques affaires dans celle de Nathalie et Oscar en vue de notre départ prochain. Le checkpoint est en cours de chargement sur le site, il me reste à préparer la synchronisation et boucler le montage de l'installation des tambos pour être enfin tranquille au niveau des urgences..
La journée passe vite, comme toujours devant l'ordinateur.. Et mis à part une pause devant un spectacle de mariachis à la télévision en grignotant un frugal dîner, je n'aurais pas beaucoup décollé le nez de l'écran. Mais la perspective de se retrouver bientôt sur la route dans de nouveaux paysages, me donne du courage pour cette dernière ligne droite ! Et dans le même temps, je sens poindre une petite effluve de nostalgie en réalisant que je vais passer une dernière nuit chez nos amis, (oserais-je dire nos colocataires) avant de nous dire au revoir pour de bon mardi. Vraiment ça sent le départ !!
Fanch : Bon, la bonne nouvelle, c’est que je ne sens plus ce mal de tête qui me suivait depuis plus de 48 heures. C’est une bonne nouvelle, je vous l’assure. A part ça, c’est dimanche, et le dimanche en règle général je ne bosse pas énormément. Un peu de flûte si, un peu. Je livre le colis à Roxana qui est en mesure de l'expédier gratuitement depuis son travail. Je profite d’être chez elle pour que l’on regarde ensemble les différentes compagnies de transports collectifs exécutants le trajet Mexico Mazatlan et se renseigner sur les tarifs. Je fini ce dimanche tranquille en rédigeant quelques notes que j’enverrai plus tard à Barth qui pourra ainsi faire une syncronisation du site internet. Rien de plus à raconter pour aujourd’hui, je me prépare mentalement au départ et c’est déjà pas mal…
Jour 394 - Calle República de Argentina
Lundi 28 octobre 2013 - 0 kms - Post n° 396
Fanch : Je me réveil au centre ville et me prépare pour un ultime aller-retour à Portales, l'objectif de ma mission est de rassembler puis de rapatrier mes affaires à la Casa Bicitakas. J'en profite au passage pour régler cette histoire de réservation de bus en ligne car avec deux bécanes comme les nôtres ce genre de disposition n'a rien de superflue.
Depuis son lieu de travail et après avoir téléphoné à la compagnie concerné pour obtenir quelques informations concernant le transport de vélo, c'est finalement Roxana qui nous sauve la mise en réservant les billets… Merci Roxana, ce petit pépin de payement « online » m'aurait presque rendu nerveux. Enfin bref, c'est une bonne chose de faite, je fonce en ville, passe à la laverie, avant d'aller régler, toujours via internet un petit peu administratif personnel qui en ce moment remonte à la surface. Sachant que nous n'aurons pas ou peu d'accès au web durant les prochains jours, autant s'occuper de ces désagrément tout de suite.
Et enfin, je souffle un bon coup à la central… Sheko alias Sergio (ou l'inverse, je ne sais jamais) est à son poste avec Cesar, Barth ne va pas tarder. Puis c'est Juan Carlos qui pointe le bout de son nez, Roxana, Nofun et Charlotte accompagnés d'une amie voyageuse, et enfin, Lalou et Maria. C'est l'heure des adieux, ce coup ci ce n'est pas une blague, nous partons demain.
Ce n'est pas évident, vous l'aurez deviné, de dire au revoir, adieux à ces amis que nous avons fréquenté depuis près de 4 mois. Nous buvons ensemble une gorgé de bière symbolique sur la petite mezzanine de Bicitakas. Puis c'est avec avec émotion que j'embrasse mes amis un par un, en tentant de leur faire comprendre par une accolade chaleureuse et sincère, l'importance de chacune de ces rencontres, pour moi et pour Geocyclab.
Barth : Oscar et Nathalie se sont levés et sont partis très tôt ce matin. Il me reste quelques urgences à gérer sur internet avant de quitter définitivement Portalès. La matinée passe ainsi, entre mails, mise en ligne du montage des tambos que j'ai terminé la veille, publication du CheckPoint 007… Jusqu'au retour de Fanch qui vient récupérer ses dernières affaires, et finaliser avec la précieuse aide de Roxanna qui est au travail, la réservation de nos billets de bus du lendemain. Nous avons du même coup la confirmation que le paquet avec notre ancien ordinateur est bien parti pour la France. Vraiment tu assures Roxanna !
Au moment de quitter la maison, on se rend compte qu'un son s'est décalé sur le montage des tambos, et la chose est bien trop agaçante pour que je ne tente pas de la réparer. Je reste donc deux heures de plus, jusqu'à la nuit tombante, parvient à régler le bug, à refaire l'export, mais le chargement sur Viméo ne veut pas passer… Tant pis, je vais essayer de ne pas y penser…
Je plie donc bagages, claque une dernière fois la porte de la petite maison de Portales avec un léger pincement au coeur, et je prends la route du nord… Oui, je viens de réaliser que le quartier de Portales est le point de départ d'un long trajet vers le nord, jusque San Francisco. La première étape incontournable est bien sûr la casa Biciteka, où nous avons rendez-vous avec tous nos amis de Mexico pour une dernière soirée. Malgré la fatigue de ce lundi soir c'est un plaisir de revoir une dernière fois toutes ces têtes qui ont fait notre quotidien des derniers mois, et au moment des adieux l'émotion est au rendez-vous. Seuls regrets de ne pas avoir réussi à recroiser José et de ne pas pouvoir rester quelques jours de plus pour aider Lalu et Maria en plein déménagement d'urgence. Mais notre voyage nous appelle, et nous ne l'avons que trop fait attendre…
Jour 395 - Central del Norte
Mardi 29 octobre 2013 - 10 kms - Post n° 397
Barth : Une fois debout, le programme de la matinée est tout tracé d'avance : faire un dernier coup de tri dans les affaires et boucler les sacs le plus tôt possible pour profiter de nos dernières heures à Mexico. Sergio ne tarde pas à débarquer, suivi de près par Lalu qui cherche désespérément de l'argent pour payer son déménagement et un endroit pour caser son chien pendant une semaine. Un peu avant quatorze heures, nous sommes fin prêts pour l'arrivée d'Oscar et Nathalie accompagnés de Diego avec qui nous partons déjeuner. Finalement Sergio se joint à nous pour un repas bien diététique au centre Krishna que nous n'avions pas vraiment repéré auparavant..! Le ventre plein, il est temps de faire nos aux-revoir à Oscar et Nathalie, encore une fois avec beaucoup d'émotion et la promesse de se revoir un jour ici ou ailleurs… Merci encore à vous deux pour votre incroyable hospitalité, et tout ce que nous avons partagé ensemble !
De retour à l'atelier, une courte sieste s'organise spontanément, mais il est déjà l'heure de décoller, avant que la pluie ne vienne tout compliquer. Un dernier tour dans la Centrale pour saluer Octavio, Camillo et tout le petit monde et nous voilà dans les rues de Mexico, sur nos montures chargées comme au bon vieux temps et escortés par Sergio et Cesar qui nous font gagner un temps précieux pour rejoindre la central de bus del norte. Tout se passe comme sur des roulettes, nous sommes à l'heure pour embarquer, pas de supplément à payer pour les vélos, et le temps de faire nos derniers adieux aux deux compères de Biciteka qui cachent tant bien que mal leur tristesse… Promis Sergio, si un jour je suis riche, j'inviterais tout le monde en France pour una pura fiesta !
Ensuite, c'est la nuit, la pluie et les lueurs de la ville à travers le pare-brise de notre car, et le sommeil qui sans parvenir à véritablement s'installer, se fait de plus en plus pressant…
Fanch : Nous nous levons tôt pour faire un petit coup de ménage sur la mezzanine, rassembler, trier et empaqueter nos affaires. Je crois que c'est bon, il est bientôt 14 heure et nous sommes tout deux près au départ. Mais avant toute chose, nous avons rendez vous avec Oscar, Nathalie et Diego, leur amis argentino-basque pour un dernier déjeuner en leur compagnie. C'est bon et appréciable de prendre le temps de bavarder devant une comida corida végétarienne pour le plus grand plaisir d'Oscar et des autres aussi, enfin bref, les adieux arrivent, étape importante que je ne sais jamais trop comment gérer émotionnellement. Je pense que je m'en sort bien mais ces deux là vont nous manquer énormément, c'est certain. Merci Oscar, merci Nathalie pour votre accueil que nous n'oublierons jamais, pour votre simplicité, votre générosité et votre gentillesse. Nous ne nous connaissions pas auparavant et vous nous avez accueillis ces deux derniers mois (au moins) comme si nous étions amis depuis toujours… Merci.
Le temps de récupérer de nos émotions et d'harnacher notre paquetage sur nos bécanes et il est temps de prendre la route en direction de la station d'autobus, le point de recommencent. Je regarde derrière moi pour être sûr de ne rien avoir oublié et j'en profite pour saluer la mezzanine qui paraît dorénavant vide sans nos sacoches. Et c'est parti pour un ultime rodada à Mexico, accompagnées par nos deux guides préférés, Sergio et notre jeune ami Cesar… Et j'ai déjà la tête plein de nostalgie.
La Central del Norte a tout d'un aéroport, c'est juste une immense station d'autobus. Arrivés au scanner, la cérémonie des adieux se répète. Au revoir Cesar, adios pinche Sergio, c'est promis, nous nous reverrons un jour carnalitos, ici ou là bas, je tiendrai ma parole et toute les personnes qui liront le jour 395 de notre carnet de bord en seront les témoins! Adios pinches weys, nos vemos en un rato…
Ma légère appréhension concernant le chargement de nos vélos dans la soute du bus se dissipe rapidement, tout se passe bien et nous voilà, enfin, en route vers de nouvelles surprises… Mon cœur est à présent partagé entre la tristesse de quitter celle ville de fou et l’excitation de découvrir ce que le lever du soleil nous réserve. Ce soir, je m'endormirai songeur…
Jour 396 - Embarcadère de Mazatlan
Mercredi 30 octobre 2013 - 15 kms - Post n° 398
Fanch : J'entre ouvre les yeux alors que notre bus se rapproche de Mazatlan. J'aperçois alors, dans un demi sommeil et dans une légère brume une nature luxuriante, avec sur notre droite et en arrière plan, une chaîne de montagne qui s'efface progressivement au lointain. Puis, malgré une lutte acharnée contre le sommeil, je me rendort et ne me réveillerai qu'une fois arrivés à Mazatlan.
Nous ne tardons pas à chevaucher nos montures. Pour joindre l'embarcadère, il faut longer la côté, il est à peine dix heure et je sue déjà. Avec la mer et la chaleur, je retrouve avec bonheur frégates et pélicans mais aussi l'envie d'écrire. Le voyage recommence enfin avec son lot de rencontres fortuites, de surprises et d'improvisations.
Le temps de boire un verre dans le centre historique, d'échanger quelques mots avec serveurs et clients curieux d'écouter ce qu'ont à dire ces deux fous de français et il est l'heure d'embarquer. Tout se passe bien, rien à signaler de ce côté là. Petit détail qui fait sourire, après les bus de la RATP à Casablanca, le bateau sur lequel nous nous apprêtons à traverser le Golf de Californie était il y a certainement fort longtemps immatriculé à Marseille, les prises sont équipés en 220V ce qui par ici (110V) est plutôt exceptionnel, mais au vu de leurs états, nous éviterons d'y connecter quoi que ce soit.
Enfin, le ferry quitte le port, et c'est Juan-Carlos et Macros (père de 14 niños, fait suffisamment rare pour le souligner) qui rapidement engagent la conversation en nous offrant une bière chacun, puis une deuxième, puis une troisième… Puis c'est au tour d'Arturo et de Luis de s'interroger sur nos motivations… Et hop une quatrième cervesa, après celle ci, j'arrête. Entre le ferry qui tangue allègrement et l'alcool qui me monte au cerveau, je commence à perdre l'équilibre, il est grand temps d'aller manger un bout, d’écrire un peu et de tenter de trouver le sommeil.
Barth : Dans la moiteur tropicale du petit matin, un premier arrêt de notre bus pour une désinfection anti-dengue nous sort du demi-sommeil dans lequel nous avons passé la nuit. Encore quelques heures de route jusque Mazatlan, mais le paysage est déjà bien dépaysant comparé à celui de Mexico. Une fois débarqués à Mazatlan, nous sommes très vite rassurés de voir que nos vélos ont toujours autant d'effet pour rencontrer des gens et engager des discussions ! La chaleur est étouffante, et il n'est que 9h00 du matin… Nous filons directement vers le port pour y réserver nos billets et y prendre le petit déjeuner.
Le personnel de l'agence des ferries est déguisé en mode Halloween, et il semble que le système informatique se soit lui aussi déguisé, .. plus en mode cro-magnon.. Du coup, l’achat des billets qui aurait du nous prendre tout au plus une demie-heure, dure au moins trois heures avec un aller-retour hors du port pour aller retirer de l'argent. cro-magnon ne connait pas la carte de paiement. Bref, au final nous avons nos billets, l'embarquement se fait vers 14 heures, il nous reste donc une heure et demie pour aller boire un verre dans le centre historique de Mazatlan, plutôt charmant avec son architecture coloniale tropicale. Là encore la curiosité des serveurs et autres passants ne nous épargne pas quelques sympathiques discussions, mais il est temps de rejoindre le ferry.
Et c'est parti ! Nous ne quittons pas le Mexique mais la traversée d'une quinzaine d'heures qui commence me donne l'impression de changer de continent.. Nous avons changé de fuseau horaire et le coucher de soleil arrive très tôt, nous laissant apercevoir l'ombre de la pointe sud de la Basse-Californie à l'horizon, notre objectif pour demain matin. Notre embarquement à vélo aura suscité la curiosité de pas mal de passagers avec nous sympathisons rapidement autour de quelques bières. Parmi eux, Juan-Carlos, avocat et pompier passionné de moto, Marcos qui se rend à La Paz pour une réunion familiale à l'occasion de la fête des morts de ce week-end, Arturo et Luis qui viennent de Chihuahua et qui vont faire une étude pour un chantier. Bref, des rencontres bien chouettes qui font passer la soirée bien vite. Et après avoir admiré le ciel étoilé dans la douceur de l'air nocturne nous allons tenter de dormir un peu dans la salle commune réfrigérée par la climatisation…
Jour 397 - Musée de la baleine, La Paz
Jeudi 31 octobre 2013 - 30 kms - Post n° 399
Barth : Dès que j'aperçois les premières lueurs du jour à travers le hublot, je me précipite dehors dans l'espoir de découvrir le banc de dauphins que Marcos nous avait annoncé la veille, mais les dauphins, c'est comme la météo, ce n'est pas une science exacte, ce ne sera pas pour cette fois.. Cependant le paysage vaut le coup d’œil tout de même ! Notre bateau longe la côte de Basse-Californie qui parait déserte. Des petites montagnes retiennent les gros nuages d'une dépression passée qui dans le soleil levant forment un décor impressionnant…
Le débarquement au port de La Paz prend un peu de temps entre la recherche de la sortie au milieu de la valse des poids-lourds et un contrôle des douanes qui nous laisse perplexes, et finalement nous entamons vers 11 heures nos premiers kilomètres de voyage à vélo sur le sol mexicain. Une grosse quinzaine pour rejoindre la ville de La Paz, mais sous un soleil de plomb qui nous vaudra nos premiers coups de soleil après notre « hiver » citadin. Le paysage est particulier, entre la mangrove, les champs de cactus, les petites plages et peu à peu les installations touristiques et industrielles qui annoncent notre arrivée en ville. Fatigue, faim, chaleur, la pause est obligatoire à l'ombre d'une loncheria ou nous dégustons une bonne assiette de poisson, avant de prendre le temps de terminer l'écritures de quelques cartes postales pour nos rencontres en Europe et en Afrique. Reste à trouver la poste et faire quelques courses avant de sortir le plus loin possible de la ville pour trouver un coin tranquille pour la nuit…
La poste est ouverte, et vide, l'envoi des cartes se fait donc très rapidement.. Mais en sortant de l'office nous sommes abordé par Frank qui nous fait comprendre en quelques minutes que nous ne ferons pas plus de kilomètres aujourd'hui. Lui, sa femme Suzana et Elti un autre ami, sont membres du collectif BCSicletos qui est l'équivalent de Bicitekas à La Paz ! Plus fort encore, nous avions rencontré le frère d'Elti lors de la présentation de Geocyclab à la casa Biciteka début août ! Décidément, le réseau des cyclistes mexicains est très bien organisé et avec un peu de providence les rencontres semblent incontournables !
Nous restons donc à La Paz, pour passer la nuit chez Frank et Suzana et aider toute la petite banda à installer une exposition mettant en scène une bicyclette blanche en hommage aux cyclistes accidentés cette année et à l'occasion de la noche de los muertos qui commence le lendemain. Malgrè la fatigue, nous passons une chouette soirée pleine de rencontres, avant d'avaler un rapide dîner, de prendre une douche salvatrice et de nous effondrer de sommeil…
Fanch : Il est 6 heures, je me réveille en grelottant de tout mon corps et sors de cette salle sur-climatisée pour me rendre sur le pont. Le soleil se lève dans le sillage de notre embarcation qui n'a pas changé de cap depuis hier,soir. Terre en vu! La Baja California se dévoile sauvage, montagneuse et en observant ses collines jaunâtre mourir dans l'océan je ne peux que me rappeler certain paysage du Conemara, avec 20 degrés en plus. Le spectacle est intense, mais je manque de sommeil et opte pour une fin de nuit sur un des bancs de plastique usés par les embruns. Barth me sort de mes rêves une heure plus tard pour boire un café tout en admirant ce que la nature est en train de nous offrir.
Après avoir dis au revoir à Juan-Cargos, Macros, Arthuro et à Luis, nous débarquons sur le continent pour rouler nos premiers mètres sur la péninsule de la Basse California mais sommes rapidement déconcertés par un contrôle douanier. Rien à signaler certes mais ce genre d'entrevues ne m'a jamais fait sourire. Allez hop c'est bon, on dégage d'ici…
Je suis tout d'abord surpris par la distance qui nous sépare de La Paz, ville ou nous pensions débarquer, il se trouve qu'elle se situe à 17 kilomètres plus loin. Le soleil cogne déjà fort quand nous attaquons notre première montée depuis… Depuis le Maroc! Mais le panoramique est exceptionnel, nous pédalons entre les cactus (2,3,4 mètres de haut, peut être plus) sur un de ces flanc de colline qui plonge dans les eaux turquoises. C'est beau! Mais c'est chaud! Enfin, on ne se plaindra pas et la chaleur est une des contraintes du voyage à vélo que nous avons auparavant expérimenté.
La Paz, aux alentours de 11h. Geocyclab a reprit du service. Pommés, nous ne savons pas vraiment ou aller ni par quoi commencer. C'est pourtant simple, manger, passer à la poste puis faire quelques courses alimentaire. Manger, c'est facile et bon marché (3 euros pour un copieux filet de poisson) mais il faut aussi finir d'écrire les cartes postales puis trouver la poste. Ok, ça c'est fait. Il ne reste plus que les courses mais, en sortant de la poste, nous rencontrons Franck, Suzana et Elti, activistes vélocyclistes de La Paz, trois amis de vous savez qui? De l'équipe de la Casa Bicitekas. Étonnant? Non, pas vraiment, plus maintenant en tout cas. Quoi qu'il en soit, nous sommes invités à dormir chez Franck et Suzana. Mais avant toute chose, direction la place du théâtre ou l'on se prépare activement à fêter le jour des morts (on ne dit pas Halloween ici)… Nous sommes donc tout deux embauché pour aider le collectif à mettre en place une micro scénographie dont l'élément principal se trouve être un vélo blanc, j'ai déjà vu ça quelque part. Et voilà, nous ne sommes ici que depuis quelques heure et déjà, nous rencontrons la banda des cyclistes urbain apparemment aussi motivée que nos amis de Mexico…
La soirée se termine doucement, autour de hot-dogs mexicanos (ça change un peu des tacos) en compagnie de nos futurs hôte… Une journée bien remplie…
Jour 398 - Place du théâtre de la Paz
Vendredi 1 novembre 2013 - 15 kms - Post n° 400
Fanch : Après un rapide petit déjeuner, Suzana nous propose un saut à la playa Balandra, la plus belle plage du monde selon Franck, on va donc pouvoir vérifier ses dires. Nous empruntons la même route qu'hier mais en voiture ce coup-ci et avec Suzana pour guide, les chose se passent différemment. Elle nous explique comment ceci fonctionne, qu'est ce que cela, pourquoi c'est comme ça ici et là bas autrement. Native de La Paz, elle nous offre une vision différente ainsi que quelques indices pour que notre regard ne se perde pas uniquement dans les étendus de cactus. La Baja California est un état Mexicain colonisé par quelques américains plus ou moins fortuné. On y retrouve l'ambiance des station balnéaire du Maroc peuplé d'européens en manque de chaleur et d'exotisme mais qui trop souvent se refusent à s'intégrer. Les « gringos » s'offrent de majestueuses villas secondaires le long de La côte (tout en privatisant les accès aux plages), alors que la majorité d'entre eux n'en profitent que quelques mois par ans… Les mexicains de La Paz vivent quand à eux plus en retrait, dans une ville de poussière ou les égouts débordent. Je caricature un peu mais c'est l'idée, pas trop de mélanges s'il vous plaît… Mais Suzana est aussi scientifique spécialisée dans les écosystèmes aquatiques tropicaux, elle en connait donc un rayon sur la flore et la faune du littorales du Golf de Californie et c'est avec plaisir et curiosité que nous l'écoutons parler de son environnement.
11 heure, les températures continuent de grimper, nous ne sommes pas loin des 30 degrés. La plage est immense et il nous faut grimper au sommet d'un dôme de roche pour pouvoir admirer son étendu et les dégradés subtiles de bleu et de vert que nous offre cette nature étonnante. D'un côté, la montagne verticale et aride piquée de majestueux cactus, de l'autre une baie aux allure de paradis. Franck n'avait donc pas tort, c'est semble-t-il la plus belle plage du monde… On ne se prive pas pour faire trempette, en plus d'être limpide, l'eau est pour moi à température idéale.
De retour chez nos amis, nous nous accordons une pause travail, avec en ce qui me concerne, une commande de matériel électronique qui sera livrée à « The Build Shop », un makerspace de Los Angeles ou nous sommes attendu pour une petite présentation mais pour une installations (si tout se déroule bien). Je galère, mais la commande est partie. Et il est l'heure de d'enfourcher nos vélo pour rejoindre Franck et Suzana sur la place du théâtre de La Paz pour le festival du jour des morts.
Même si les chrysanthèmes sont aussi de rigueur par ici, avec cette fête des morts nous sommes bien loin de la triste et bien souvent grise tradition de la Toussaint. Ici, c'est la fiesta. Une quinzaine de chapiteaux de 9 mètres carré sont alignés sur la place, ils abritent autant de scénographie destinées à rendre hommage à un ou plusieurs défunts. Le plus curieux, c'est que c'est en réalité un concours, et celui qui aura dresser le plus bel hôtel, gagnera 10 000 pesos. On retrouve dans chaque carré les mêmes symboles, objets et couleurs. Miroirs, croix de sel, aliments faisant figure d'offrandes, cadre à l'effigie du défunt ainsi que quelques objets lui appartenant, chrysanthèmes, crâne en sucre ou en papier mâché, encens, bougies… tout se joue sur leurs agencements. BCScicletos, le collectif de nos amis y participe, les jurys viennent de passer, les résultats tomberont demain… On verra bien.
À cela s'ajoute la compétition de Caterina (représentation populaire de la mort) et une trentaine de concurrentes se dandinent avec classe sur la place réservée au festivités. Sur l'imposante scène se succèdent musiciens et danseur et danseuses traditionnels. L'ambiance est familial certainement un peu trop pour moi, mais j'accuse d'avantage notre fatigue qui semble avoir raison de notre excitation, nous n'arrivons malheureusement pas à prendre part à la fête, 3 heures après notre arrivée, nous décidons de rentrer pour programmer la suite du voyage.
Barth : Une bonne nuit de sommeil était nécessaire après 48 heures de transport. Une micro-lessive, quelques nouvelles sur internet, dont la découvertes des dernières investigations d'Anaïs qui nous rassurent beaucoup sur la suite du programme en Californie, et nous voilà prêts pour une excursion à la plage de Balandra que Frank nous avait vendu comme étant la plus belle du monde la veille. Frank étant au boulot (médecin à l'hôpital) c'est Suzana qui nous y emmène, pour son plus grand plaisir. Plus de route que de plage au final mais le paysage en valait la peine, plus que la baignade faute de profondeur ! Et c'est l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la thèse de biologie que Suzana est en train de terminer…
De retour en ville, Suzana nous abandonne pour aller terminer l'installation de la bicyclette blanche avec les autres, tandis que nous prenons le temps de planifier un peu plus la suite de notre itinéraire en fonction des informations de nos nouveaux amis et de ce que nous trouvons sur le web. Les options sont nombreuses, entre bus et vélo, il va falloir trouver le bon équilibre pour profiter au maximum de notre dernière semaine au Mexique… Mais il est déjà l'heure d'aller faire un tour en ville pour admirer les différentes expositions mortuaires traditionnelles ou expérimentales qui ne sont qu'une partie de la fête des morts qui commence donc ce soir. L'ambiance est un peu à la kermesse sur la place du teatro de la ciudad, le stand de BCSicletos semble rencontré un relatif succès mais il faut attendre demain pour connaître le nom du vainqueur, car il s'agit d'un concours !
Pas question de faire la fête ce soir, nous n'avons toujours pas décidé notre programme du lendemain, il est temps de rentrer et de se pencher un peu plus dessus…
Jour 399 - Station de bus, La Paz
Samedi 2 novembre 2013 - 10 kms - Post n° 401
Barth : Le choix est fait, nous prendrons un bus ce soir pour rejoindre Santa Rosalia et de là-bas partir pour une bonne semaine de vélo sans pause dans le désert. C'est le plan, mais nous ne sommes jamais à l'abri de rencontres impromptues comme celles que nous avons fait ici !
Pour partir l'esprit libre et ne pas dépendre d'internet, nous passons donc l'après-midi à mettre à jour le carnet de bord et les derniers haïkus chez Frank et Suzana.
Frank est au boulot, Suzana nous quitte dans l'après-midi après avoir parachevé son maquillage de Caterina (un masque de tête de mort) pour rejoindre la rodada qui commence à 18 heures. Comme le chargement des dernières vidéos prend un peu de temps, Fanch me devance en ville pour aller acheter les billets de bus et nous nous retrouvons un peu avant 20h sur la place du teatro de la ciudad pour saluer tous nos nouveaux amis. Les résultats du concours d'expositions n'est pas encore tombé quand nous prenons congé de la banda, accompagnés de Frank qui nous guide jusqu'à la gare routière. Salut l'ami et merci pour tout ! Nous nous reverrons un jour de manière moins précipitée..! Et nous voilà repartis, toujours plus au nord..
Fanch : Ayant bien entendu les conseils de Franck, nous décidons de prendre le bus ce soir pour Santa Rosalia, un pueblito situé à quelques 550 kilomètres au nord de La Paz. 8 heures de trajets nous attendent que nous ferons de nuit pour arriver à destination demain matin aux aurores. Cela nous laisse un peu de temps pour affiner notre plan. De Santa Rosalia, nous devrions emprunter la route du désert du Vizcaíno en vélo ce coup ci, et cela devrait nous mener jusqu'à Guerrero Negro en 4 petits jours. C'est le plan, mais nous verrons bien de quoi l'avenir sera fait. Nous profitons aussi de l'accès au web pour mettre à jour le carnet de bord, monter les deux derniers haïkus puis synchroniser le site afin d'être tranquille pour les dix prochains jours.
Tout cela nous occupe une bonne partie de la journée, et pendant que Barth finalise la mise en ligne des haïkus, je m'occupe d'acheter les billets de bus puis retourne à la place du théâtre ou se déroule actuellement le deuxième round du festival du jour des morts. Quelques dizaines de minutes plus tard, Barth me rejoint mais rapidement, il est temps pour nous de partir et par la même de dire au revoir à Franck, Suzana, à Elti et à son frère. Un grand merci pour l'accueil de BCScycletos, décidément, les activistes vélocyclistes (comme j'aime à les surnommer) sont bien tous les mêmes… Mais je suis content de partir, l'aventure et l'inconnu m’appelle, la galère, l'exercice et les bivouacs me manques… Affaire à suivre donc!
Jour 400 - Sortie de Santa Rosalia
Dimanche 3 novembre 2013 - 65 kms - Post n° 402
Fanch : Excepté le contrôle des stups, qui nous ont demandé d'ouvrir l'ensembles à 4 heure ce matin, le trajet en bus s'est plutôt bien déroulé. Santal Rosalia, 7 heures, à peine sortis du bus, alors que nous amarrions nos montures respectives, trois cyclistes espagnols s'arrêtent à notre auteur. Trois potes qui descendent de l'Alaska vers l'argentine en vélo… Un autre beau voyage! Le temps d'échanger quelques tuyaux et les voilà repartis, aussi vite qu'ils sont arrivés et dans l'autre sens évidemment. J'ai quand même pris le temps de noter l'adresse de leur blog, je n'a encore rien vu mais je transmet le lien : Un viaje dos palentinos tres americas
Santal Rosalia est un village curieux sorti tout droit d'un western. Il fut autrefois le port ou débarquèrent de nombreux français venus jusqu'ici pour tenter de dégoter le bon filon. Nous sommes bien loin des citées d'or et pourtant, la ville fut construite pour accueillir les chercheurs de pépites. Aujourd'hui, j'imagine que l'uranium a plus de valeur que l'or, ou peut être que les sols on été dévalisés, quoi qu'il en soit, à part l'architecture d'époque et quelques monument rappelant cette épisode, Santa Rosalia semble être un village des plus paisible. Pas de baston à la sortie du saloon, l'accueil se fait avec le sourire, nous y mangeons un copieux petit déjeuner, avant de faire quelques courses pour la route.
Nous partons alors que le soleil a déjà bien entamé sa course quotidienne. Et rapidement, notre chemin s'éloigne de la côte pour s'enfoncer dans les montagne. Et paf! La reprise est difficile, nous voilà projeté à environs 550 en moins d'une vingtaine de bornes. Nous avions cru comprendre que la route était ponctuée de petits villages avec le possibilité de se ravitailler mais il n'en est point. On manque d'eau rapidement, la chaleur est intense, ça grimpe et pour corser un peu le tout, un vent sec se lève et il est en notre défaveur. Dur dur, physiquement en tout cas, mais comme pour nous encourager, le décors de notre calvaire est somptueux. Virage après virage, nous découvrons le désert de Vizcaino, les pentes arides du volcan des trois vierges et à mon plus grand bonheur, des cactus par milliers, majestueux et imposants. Un nouvelle flore se dévoile, la faune est plus timide mais tout de même bien présente, à commencer pas ces dizaines de vautour noir à tête rouge qui planent au dessus de tête.
Nous trouvons finalement de quoi nous ravitailler, et cela annonce la fin de l'étape. Nous finissons cette rude et intense journée avec un bivouac dans un décor de carte postale. La nuit tombe rapidement, le ciel sans lune se couvre d'un nuage d'étoile, l'eau chauffe sur le feu… Ce soir c'est nouille chinoises…
Barth : Une fouille intégrale de notre bus par les douanes vers trois heures du matin a définitivement ruiné mon sommeil déja précaire dans les soubresauts de la route. C'est donc la tête dans le c… que nous procédons au remontage de nos vélos dans l'aube qui illumine déjà Santa Rosalia. Trois cyclistes espagnols partis d'Alaska en direction de l'Argentine viennent interrompre cette cérémonie, l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce qui nous attend, à savoir une grosse grimpette.. Gloups, on avait opté pour le désert en se disant que ce serait plat et donc adapté à notre reprise du pédalage après six mois de sédentarisation, c'est raté !
Mais tout d'abord, trouver un magasin pour faire des provisions d'eau et de nourriture, et avaler un petit déjeuner. La ville est toute petite, l'affaire est vite réglée… Je n'ai pas l'inspiration pour les tacos de tête de vache et me rabat sur une tortas jambon fromage beaucoup plus adéquat… Et c'est parti !
Après avoir longé la côte sur quelques kilomètres, la dite grimpette est au rendez-vous, suivie d'une autre, et plus d'une dernière ! Youpi.. Nous nous rendons vite compte que la carte que nous avons acheté est plus une vue d'artiste que le travail d'un géographe, et comme nous n'avions pas pris beaucoup d'eau en prévision de la grimpette, il nous faudra pousser jusque 50 km au compteur pour trouver un magasin. Le paysage est grandiose, presque lunaire aux abords de l'impressionnant « volcan des trois vierges » et la végétation est essentiellement constituée d'une grande variété de cactus. Mais hélas, la fatigue prend un peu trop le dessus… Il est clair que notre condition physique s'approche de celle que nous avions il y a un an en quittant Quimper, mais le moral et la connaissance de nos bécanes font qu'au final les choses se passent pas trop mal..
Le soleil se couche très tôt, vers 18h30. Nous trouvons juste à temps un chemin qui s'enfonce à travers les cactus et qui nous mène à une place un peu moins pierreuse pour passer la nuit. Montage des tentes, petit feu pour faire chauffer quelques nouilles chinoises, ça faisait longtemps mais les réflexes sont toujours là ! Pas vraiment l'énergie de profiter d'avantage de cette première soirée au grand air, et de l'incroyable ciel étoilé qui nous sert de plafond, la fatigue est là, rien ne sert de lutter.
Jour 401 - Transpeninsular Highway 1
Lundi 4 novembre 2013 - 40 kms - Post n° 403
Barth : Il n'y a pas a dire, une nuit de douze heures dans le désert ça fait vite oublier quatre mois passé dans le mégapole mexicaine ! Ce matin on prend le temps de petit-déjeuner tranquillement en tentant de rattraper le bronzage marcel qui commence à reprendre forme, et finalement vers 10 heures, c'est reparti. Une légère grimpette pas vraiment méchante pour commencer, au sommet de laquelle nous rencontrons un couple d'australiens en tandem (totallytandem.com) qui nous vante les mérites de San Ignacio, la prochaine ville que nous ne devrions pas tarder à rejoindre… Mais c'est sans compter sur ce foutu vent de Nord ouest qui ne nous permet pas de dépasser les 10 km/h sur plat…
San Ignacio est une ancienne mission construite dans une véritable oasis au milieu du désert. Les palmier et les dattes y sont légion et le centre du bourg est un petit coin de paradis une fois traversé les nombreux hôtels et campings à l'entrée. Nous prenons place pour manger un morceau dans une petite echoppe près de la place centrale et finissons par papoter avec la tenancière pendant une bonne heure avant de trouver le courage de quitter les lieux. Quelques courses, la quête désepérée d'une bouteille d'alcool pour notre réchaud qui nous fait rencontrer pas mal de monde et finalement nous reprennons la route vers le désert. La bonne nouvelle c'est que la route va bientôt être plate, la mauvaise est qu'on nous a confirmé que le vent de plus en plus fort est de saison, ce qui veurt dire qu'on a pas fini de rouler à 10 km/h… S'il n'y avait que ça ! Il y a aussi le bruit incessant dans les oreilles qui fatigue le moral et empêche de sentir venir le danger de derrière (ça surprend toujours de se faire doubler par un bolide lancé à 130 km/h quand on ne peut pas l'entendre venir..) et aussi, ce satané vent compromet sérieusement notre production audiovisuelle, en particulier des Haïkus qu'il me tarde de reprendre… Mais comme dirait Fanch : « Faut faire avec… »
Vers 17 heures nous trouvons un endroit sans trop de caillou pour passer la nuit un peu à l'écart de la route. Je suis saoulé par ce vent qui ne semble pas du tout faiblir avec le soleil couchant, mais trouverais un peu d'énergie pour une petite expérience sonore dans le désert dont je laisse à Fanch le plaisir d'en dévoiler quelques bribes dans ce carnet (ou pas..) A 19 heures il fait nuit. Un feu, quelques nouilles chinoises et la fameuse tisane que Sergio nous avait offert à Mexico et il est temps d'aller se coucher pour tenter un réveil avant le lever du soleil…
Fanch : Au matin, la chaleur est timide mais néanmoins présente, les couleurs du ciel et la terre, les courbes de l'horizon, tout les éléments s'agence et forme un tout qui me procure une joie profonde. Un petit déjeuner sobre, mais cette simplicité dans un cadre comme celui ci se métamorphose en lux et nous prenons le temps de le savourer. Puis nous reprenons notre chemin.
Le vent d'hier s'est renforcé, il souffle en provenance du nord ouest et nous fait donc face. La progression est lente et notre effort multiplié. Le bon côté des choses c'est qu'il rafraîchit l'atmosphère et rend les températures supportables. Au bout d'une petite dizaines de kilomètres (trois quart d'heure de pédalage), nous croisons un couple de cyclistes chevauchant un tandem d'un genre particulier, un siège devant, un selle derrière. Nous prenons 10 minutes pour faire une trop rapide connaissance, tout ce que je peux dire, c'est qu'ils viennent d’Australie et leur défi consiste, au départ de Vancouver, à joindre Santiago du Chili. Voici le lien vers le blog de totallytandem Bon vent (dans le dos) les kangourous et bonne chance à vous amigos, la route est encore longue et pleine de surprises!
Nous voici maintenant à San Ignacio, ancienne mission jésuite aux allures d'Oasis. En fait, c'est une Oasis. On y trouve les fameux palmiers dattiers, une fraîcheur incontestable, son plan d'eau et ses cormoran… L'occasion pour nous de faire une pause, de se remplir la pense et de se ravitailler essentiellement en eau. La population locale est franchement sympathique et c'est avec grand plaisir que nous consacrons quelques minutes au dialogue et ce même si nous ne devrions pas traîner. Un petit tour à l'église jésuite du XVIII ème siècle histoire de faire un peu de tourisme et nous revoilà sur l'asphalte du désert. Nous roulons à peine dix bornes, trouvons sans trop de difficulté quelques cactus relativement éloignés de la route entre lesquels planter notre camp, il est déjà 17 heures et le soleil ne vas pas tarder à disparaître derrière l'horizon et nous offre un spectacle identique aux autres jours, fantastique.
Jour 402 - Alberto Alvarado
Mardi 5 novembre 2013 - 60 kms - Post n° 404
Fanch : le réveil matinale, 6h00, le ciel est couvert d'une fine pellicule de coton qui empêche le soleil d'inonder de chaleur la terre sableuse du désert. Il fait frais. Mais alors que nous ne nous y attendions pas, le vent est tombé, pas un souffle, rien c'était presque inespéré. Un petit déjeuner expresse, quelques images vidéo d'une série de micros installations et nous partons de bonne heure sur la transpéninsule. Au loin, les volcans s'élèvent fièrement, verticaux, ils sont d'autant plus majestueux qu'ils ne sont pas enchaînés, se dressant ponctuellement au milieu de la plaine comme de gigantesques pyramides comiques posés au milieu des cactus qui, quant à eux investissent le moindre mètre carré de sable et font de cette étendu une forêt d'épine. C'est beau.
C'est beau, et grisant. Nous nous suivons de près mais dans le silence. Tantôt pour admirer notre environnement défiler, tantôt pour penser, tout simplement penser. Rouler c'est du temps pour penser. C'est un peu comme ce moment, juste avant de dormir, l'unique instant de la journée qui n'est pas consacré à quelque chose, l'unique instant où il est vraiment possible de libérer son esprit. Et là, je me gave.
Le vent se lève doucement mais la matinée est cependant productive et à midi nous avons déjà parcouru une bonne quarantaine de bornes. Notre objectif est atteint, au soir, nous avons parcouru d'avantage de distance que nous ne l'avions espéré la veille. J'accuse cependant une bonne fatigue qui nous pousse à ne pas trop forcer mais je considère ces 60 kilomètres avec un vent de face relativement fort en deuxième partie de journée comme une bonne performance physique. Il est 16 heure, nous plantons les tentes avant que la nuit ne tombe, toujours entre les cactus mais ce coup ci, quelques sacs plastique gâche fâcheusement le décor. Malgré tout, les gerbilles sont au rendez vous ce soir et s'aventure à petits bonds jusque dans la lueur du feu. Ce soir, on discute budget, cette question relativement récurrente n'a visiblement pas encore de réponse, il va falloir rapidement trouver une solution pour remplir les caisses de Geocyclab.
Barth : Lever réussi juste avant les premières lueurs du jour, mais un plafond de nuages gâche un peu le spectacle. Quoiqu'il en soit, pas de vent pour le moment, on en profite donc pour prendre la route la plus vite possible. Au bout d'une quinzaine de kilomètres, arrêt dans un petit restaurant au milieu de nul part pour faire le plein d'eau et d'énergie. Ambiance Bagdad Café avec beaucoup plus de plantes vertes et un chat assez comique. Et c'est parti…
Il fait presque froid les premières heures de route mais le soleil finit par avoir raison des nuages. La route est enfin plate et rectiligne quand nous faisons une première pause dans une boutique où nous obtenons de plus amples informations su les futurs points de ravitaillement en discutant avec quelques ouvriers du chantiers de re-goudronnage que nous venons de traverser. Tout de suite après nous croisons un cycliste mexicain, écrivain si nous avons bien compris, qui descend toute la Basse-Californie depuis Tijuana jusqu'à Los Cabos. L'échange est rapide mais en quelques mots nous sentons que nous sommes dans la même démarche. Espérons que nous aurons de ses nouvelles plus tard sur internet pour en savoir un peu plus ! Mais le vent se lève, il ne faut pas traîner, d'autant que la circulation des poids lourds se fait de plus en plus dense. Un deux aura d'ailleurs estimé que nos vies valaient moins qu'un coup de frein en forçant le passage au risque de nous balayer.. Heureusement juste une grosse frayeur.
Il est temps de faire une pause avec 55 kms au compteur et une bonne dalle. Ça tombe bien on arrive dans une petite ville, San Carlos de Vizcaino. Pas vraiment une ville en fait, plutôt une immense station service où nous trouvons refuge pour un déjeuner au frais.
Il est déjà 15h, plus que deux heures de soleil. Quelques kilomètres pour sortir de la zone urbaine et trouver un emplacement adéquat dans le désert qui semble ici servir de décharge. Nouveau tournage au soleil couchant comme la veille et dîner rapide au coin du feu en observant le manège des gerbilles ou gerboises qui tournent autour de nous, et en discutant des finances de Geocyclab avec l'espoir fou de tomber sur un généreux millionnaire dans l'eldorado Californien très bientôt… Voilà de quoi inspirer de beaux rêves pour cette nuit !
Jour 403 - Lagunero
Mercredi 6 novembre 2013 - 75 kms - Post n° 405
Barth : Cette fois le lever de soleil est au rendez-vous et le démontage de notre camp est précédé d'un mini tournage. Le vent n'est pas encore levé, il ne faut en profiter pour avaler un maximum de kilomètres ! Toujours autant de camions, peut-être même plus qu'hier… Je repense avec un peu de nostalgie à notre traversée du désert africain, qui me parait plus grandiose vu d'ici. Il y a bien sûr le soleil, le sable, les vaches et chiens morts sur le bas côté, mais trop de trafic et d'aménagements artificiels pour se sentir vraiment dans le désert. C'est ainsi, et la perspective de devoir bientôt sortir du pays ne permet pas non plus une véritable immersion dans ce paysage.
Les kilomètres défilent bien, le vent a légèrement tourné nord-est et nous aide un peu à maintenir une vitesse de croisière de 20 km/h. Quelques pauses dans les rares petites boutiques que nous croisons, le temps de boire un refresco bienfaiteur et vers midi nous nous trouvons à hauteur de Benito Juarez, dernier point de ravitaillement avant Guerrero Negro, avec 50 kms au compteur. Nous avons deux options, soit faire les cinq kilomètres de la route au village pour y acheter de quoi manger pour passer la nuit un peu plus loin, soit boucler les 25 kms restant jusqu'à Guerrero Negro avec l'espoir d'y trouver un hébergement via les contacts de nos amis de La Paz. C'est la deuxième option qui est choisie, quitte à forcer un peu sur nos organismes, et un peu avant quatorze heures, nous voilà arrivé à l'objectif de notre virée d'où nous prendrons un bus pour rejoindre Tijuana avant de sortir du pays en vélo tout de même.
Pour l'heure, il fait grand faim ! Histoire de varier un peu nous échouons dans un petit resto qui n'a de chinois que lea décoration et la marque des produits congelés qui y sont servis, mais ce sera largement suffisant pour reprendre nos esprits avant de nous installer dans une sorte de cafétéria pour une session internet. Pas de nouvelles, pas de contacts, pas de Couchsurfeurs ou de Warmshower.. Nous sommes juste à côté de la station des bus et décidons rapidement de partir le soir même pour Tijuana où nous devrions pouvoir nous loger plus facilement. Les choses se précipitent donc un peu, entre lassitude de ce pays où nous avons passé tant de temps et l'envie de passer à autre chose. Nous ne verrons pas beaucoup plus de choses à Guerrero Negro mais de toute façon ce n'est pas la saison du passage des baleines, alors on reviendra !
Fanch : Nous avons tout intérêt à nous bouger de bonne heure si nous voulons avancer un peu, d'abord par ce que le soleil se couche à 17 heure mais aussi en raison de ce vent qui augmente progressivement tout au long de la journée. 6 heures donc, Alors que le soleil nous offre ses premiers rayons et le thé chauffe déjà sur les braises, nous ne tardons pas à plier bagage. La route qui nous attends est une longue ligne droite de 75 bornes, une diagonale parfaite suivant l'axe Sud-Est Nord-Ouest fortement exposée aux vents contraires. Pour ceux qui ne connaissent pas ce genre de condition en vélo, c'est un peu comme de nager dans une rivière à contre courant et je ne parle pas des frayeurs provoquées par les 36 tonnes quand ils passent à vive allure, à moins d'un mètre de nos bécane. Bref, je me suis préparé psychologiquement à morfler mais la chance semble de notre côté et sans nous pousser vraiment le vent ne nous fait pas trop défaut.
Le paysage va en s’appauvrissant, il s'horizontalise considérablement, le bonheur des mollets succèdent à celui des yeux. La végétation elle aussi décroît, les cactus disparaissent pour laisser place au buissons épineux sans grands intérêts pour le regard. Le décor se fige alors que nous avançons convenablement. Il est midi, la barre des 50 kilomètre vient tout juste d'être franchit, nous n'y songions pas auparavant mais décidons de joindre Guerrero Négro pour avant que les coups de 14 heure ne sonnent.
Guerrero Négro est village qui vit de la récolte du sel et du tourisme principalement durant la « période des baleine » qui débute en février et de ce fait en cette saison, le village est relativement inanimé et rien ici ne nous retient. Ne trouvant pas de quoi loger gratuitement nous décidons de prendre le bus pour Tijuana. Un dernier bus avant longtemps je l'espère.
Notre navette est 22 heure 50, en attendant, nous profitons d'une cyber-cafétéria pour préparer notre arrivé à la ville frontalière et utilisons notre petit réseau de contacts mexicain pour trouver de quoi se loger à Tijuana. Une petite mise à jour du carnet de bord est aussi effectué et quelques mail envoyés. On s'occupe tout en avançant le boulot.
Cela devient une habitude, un peu avant minuit, le bus est arrêté et les soutes vidées de leur bagages. Les militaires en tenues camouflage du désert, fusils semi-automatiques en bandoulière fouillent une à une valises et cartons… Plus nous approchons de la frontière, plus les contrôles se renforce, rien d’étonnant, nous sommes apparemment sur une route de narco-trafiquants.
Jour 404 - Square d'Otay, Tijuana
Jeudi 7 novembre 2013 - 40 kms - Post n° 406
Fanch : Ce voyage est incroyable. Après une nuit de bus épuisante et au matin, un manque de sommeil évident, mon dérailleur me fait encore des misère dès les premiers kilomètres sur le sol de Tijuana. Alors que nous sommes à 6, 7 bornes du centre ville, je perds une pièce sur la route, rien de méchant mais suis dans l'incapacité de pédaler. Nous n'avons pas vraiment de plan pour dormir, pommés et fatigué on pourrai qualifier notre arrivé à la ville frontalière de fiasco.
Le tout est de trouver une connexion internet pour vérifier si notre pêche au contacts d'hier a été fructueuse. Dans cette zone commerciale, nous avons le choix entre Starbuks et Macdo, un besoin urgent de caféine nous pousse vers le premier. Une fois les appareils connectés au cyber-réseau, nous découvrons un message de Robi et parvenons à le contacter… C'est à partir d'ici que les chose vont s'arranger.
Robi, c'est un pote de Franck qui, il y a quelque jour, nous a hébergé à la Paz mais aussi et évidemment, d'Ernesto et d'Augustin de Bicitekas… On reste dans le réseau des cyclistes activistes.
Il arrive un heure plus tard au volant d'une imposante machine, du genre pickup monté sur d'énormes suspensions (chose plutôt courante par ici) . Et que dire… Rapidement, nous embarquons nos montures à bord du monstre mécanique et, nous n'avons plus qu'à nous laisser guider. Première étape, nous faisons rapidement le tour du centre, écoutant attentivement les commentaires de notre « sauveur ». Deuxième étape, on passe rapidement chez son pote Daniel, le maestro du bicy qui en quelques minutes remet en état mon dérailleur, gratuitement s'il vous plaît! Merci Daniel! Troisième étape, toujours à bord du monstre, Robi nous emmène au restaurant de sa pote Gabi qui nous offre nos menu en échange de quelques pauses photos auprès de nos bécanes. Quatrième étape, nous poussons un peu plus loin, jusqu'à la limite nord de Tijuana d'ou nous avons une vue imprenable sur le mur qui sépare le Mexique des États-Unis, un mur qui se prolonge sur plusieurs milliers de kilomètres.
Ce mur de fer me rappelle celui de Melilla, séparant cette ville espagnole du continent africain mais il me replonge plus loin dans vieux souvenirs, quand plus jeune, je fut marqué en découvrant les ruines du mur séparant l'Allemagne de l'Est de l'Allemagne de l'Ouest. Étrange, je n'y avait plus songé depuis très longtemps mais à cet instant précis, des images, voir des sensations me reviennent brutalement. Comme si ce jour c'était déroulé hier alors que je n'avais pas 8 ans. Tout d'abord, plusieurs dizaines de croix blanches sont fixé à la palissade. Sur chacune d'entre elles, on peu lire le nom de celui qui au péril de sa vie, tenta de franchir la limite. L'image est forte, poignante. Nous faisons halte un peu plus loin, sortons du pick-up quelques instants comme si nous avions besoin de nous recueillir. Cette frontière est particulière et dégage quelque chose que je ne peux qualifier. Comme pour immortaliser ce premier contacte avec la muraille, nous décidons de tenter un haïku, silence ou pas, ça tourne.
Ou en étais-je, ha oui, cinquième étape, on file prendre un douche chez notre nouvel ami et en profitons pour faire la connaissance de Kelvin, son oncle, un personnage atypique qui nous met rapidement à l'aise en nous offrant deux chelitas (servecas d'un litre), il semble ravi de discuter avec deux étranger, ça tombe plutôt bien, nous aussi!. Sixième étape, nous filons chez Julio, un ami artiste-photographe de Robi qui nous hébergera ce soir. Septième étape, un peu d'écriture et une sieste d'une bonne heure.
Et ce n'est pas fini, nous arrivons le jour de la rodada, qui s'avère être une occasion en or pour découvrir autrement Tijuana. C'est donc la huitième étape. Nous sommes apparemment les invités d'honneur! Tout commence au parc public avec une courte présentation de Geocyclab, une cinquantaine de cyclistes nous encercle et une centaine d'oreilles nous écoute attentivement. Si j'ai bien compris, l'itinéraire choisi par Robi est tracé pour nous faire découvrir le meilleur de Tijuana by night, l'avenue révolution, le quartier rouge (entendez quartier rose), nous faisons une halte sur le Garibaldi de Tijuana ou les mariachis entonnent la cantonade. C'est d'ailleurs à ce moment que nous nous faisons alpaguer par une équipe de télévision (national il me semble), je laisse Barth prendre la parole, il recevra un baiser de la charment présentatrice en échange de ces quelques paroles. Enfin bref, nous sommes accueillis comme des princes, à peine 12 heure après notre arrivée et je porte déjà Tijuana dans mon cœur… Et je crois bien que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Affaire à suivre.
Barth : Encore une nuit éprouvante en bus entre une nouvelle fouille intégrale vers une heure du matin et un froid de canard sans doute lié à l'altitude. Mais c'est la dernière fois avant un bon bout de temps normalement, nous allons maintenant reprendre le rythme de croisière du pédalage. Mais pour l'heure, Tijuana nous voilà !
Une fois les vélos remontés, nous entreprenons de regagner le centre ville avec pour objectif un café, un petit dej et une connexion internet pour savoir où nous allons passer la nuit. Au bout de cinq kilomètres, le dérailleur de Fanch se brise en pleine montée, sans doute suite aux manœuvres maladroites des douaniers nocturnes. Nous sommes bloqués, heureusement à deux pas d'un Starbuck Café où nous reprenons nos esprits et bien vite de l'espoir en découvrant les derniers messages de Robie, un ami de Franck qui a l'air de vouloir nous prendre en charge. Une fois notre situation exposée sa réponse est on ne peut plus simple : « Ne bougez pas, j’arrive en pick-up dans une heure. » Ouf !!!
Une heure plus tard nous faisons donc la rencontre de Robie, cycliste militant et journaliste, qui nous fait peu à peu comprendre que le programme de notre journée est déjà bouclé. On commence par une petite visite à l'atelier de son ami Daniel, le meilleur mecano vélo de Tijuana qui règle le problème de dérailleur en quelques tours de clé à molette. Puis direction le petit restaurant de Daniela, une autre amie de Robie qui nous offre un délicieux hamburger ne plus d'un accueil chaleureux ! Décidément la sulfureuse Tijuana cache bien son jeu… Robie nous emmène ensuite, toujours à bord de son pick-up, sur les hauteurs de la ville d'où nous découvrons la surréaliste frontière qui protège les maîtres du monde de l'invasion des populations latines venues du sud du continent. D'un côté la ville de Tijuana, accrochée sur les flancs de montagnes plus ou moins verdoyantes, de l'autre une étendue désertique survolée par des hélicoptères, et entre les deux un mur qui prend naissance dans l'océan qu'on aperçoit à l'horizon pour rejoindre l'autre bout du continent à quelques milliers de kilomètres à l'est. Nous aurons l'occasion d'y revenir…
Une douche et une bière partagée avec l'oncle de Rubie dans la maison familiale où il vit et nous rencontrons ensuite Julio, couch-surfeur, cycliste et photographe qui nous hébergera cette nuit. Enfin un moment de répit pour se détendre et se reposer un peu avant la suite du programme, à savoir une rodada à vélo en début de soirée…
Vers 19h30 nous retrouvons donc Robie et une cinquantaine de cyclistes au point de départ de la rodada où nous sommes officiellement présentés. Une vingtaine de kilomètres entre le quartier d'Otay et le centre de Tijuana avec un passage obligatoire par la rue des prostituées qui n'a pas grand chose à envier à la rue St Denis de Paris, et où nous sommes salués par quelques aubades musicales, interviewés à chaud par une chaîne de télévision nationale, etc..! La rodada prend peu à peu la forme d'une sorte de visite organisée en notre honneur par des gens que nous ne connaissions pas du tout quelques heures avant, j'en suis tout ému. Robie autant que Julio nous explique combien cette image stéréotypée de Tijuana en tant que capitale du crime, des narcos et de la prostitution n'est plus représentative de la réalité. Depuis quelques années, la vie culturelle et associative s'est énormément développée et ils tiennent à nous le faire savoir. Ça tombe bien, c'est une des raisons de notre voyage, de regarder les choses autrement qu'au travers des fantasmes télévisuels qu'on nous sert au fin fond de la France ou d'ailleurs. Nous allons dons passer le maximum de temps ici mais pour le moment il faut vraiment qu'on récupère un peu de la fatigue des derniers jours. Demain le programme s'annonce chargé !
Jour 405 - Restaurant Ceasar
Vendredi 8 novembre 2013 - 30 kms - Post n° 407
Barth : Neuf heures du matin, le soleil tape déjà sur Tijuana quand nous sortons à vélo de chez Julio pour aller déguster quelques burritos en guise de petit déjeuner. Julio nous a préparé une visite culturelle de la ville qui commence par un arrêt au tout récent Ceart, un centre culturel dédié aux arts plastiques, et aux arts de la scène où il a l'habitude de travailler. Un café en compagnie de la directrice du centre, une exposition d'art urbain, et pour finir l'exposition collective de photographies sur le thème de la nuit tijuanaise à laquelle il a participé. Au moment de repartir nous rencontrons Arturo Fuentes, un photographe dont nous allons voir l'exposition un peu plus tard dans le centre de la ville ainsi qu'un vieux professeur de sociologie vivant à Los Angeles qui nous invite à passer le voir quand nous serons là-bas. Difficile de passer de l'espagnol à l'anglais mais nous arrivons tout de même à nous comprendre sur l'essentiel.
Ensuite, direction l'alliance française avec dans l'idée d'y trouver quelques renseignements sur les formalités du passage de la frontière. Ce n'est pas la bonne heure, le service de communication est absent, nous repartons avec un numéro de téléphone… Quelques kilomètres de plus dans la pollution de la mégapole tijuanaise et nous voilà dans le centre, Pasaje Rodriguez, pour y découvrir l'exposition d'Arturo Fuentes, « Panoramicas de la Vida » à la galerie « Las hijas del cuarto obscuro ». Là encore nous sommes reçus comme des princes par les deux galeristes amies de Julio, et la série de photos panoramiques réalisées avec un vieil appareil du début du siècle est une pure merveille ! Puis nous nous rendons au fameux restaurant Caesar's, rare lieu historique de la jeune ville de Tijuana où fut inventée la célèbre salade Caesar. Le propriétaire des lieux est un ami de Julio et après une visite des lieux et quelques photos derrière le comptoir, nous nous régalons à l'oeil dans un décor luxueux qui nous fait un peu oublier l'espace et le temps de notre voyage…!
Que de rencontres en une journée, et particulièrement celle de Julio avec qui les discussions se font de plus en plus passionnées, allant même jusqu'à parler de projets d'expositions et de festivals auxquels nous pourrions participer à distance ou après notre retour en France. Le courant passe vraiment bien avec notre nouvel ami qui partage notre vision du monde, de l'art, de l'homme et nous ne voyons pas le temps passer en cette fin d'après-midi… La nuit est tombée et une fraîcheur humide avec quand nous sortons enfin du restaurant. Une dizaine de kilomètres en pente raide pour regagner sa maison, rien de tel pour digérer et faire abstraction du coup de barre qui nous tombe dessus.
Robie, Jorge, et deux autres amis eux nous attendent devant chez Julio pour nous conduire à notre nouveau domicile, un appartement vide que nous prête Jimmy, un autre ami de Robie pour les deux ou trois nuits que nous allons encore passer ici. Nous quittons donc Julio pour un changement total d'ambiance avec cette sacré bande de fêtards qui n'ont visiblement pas attendu la nuit pour commencer la fiesta ! Une douche (froide), quelques tentatives de discussions toujours interrompues par une blague de l'un ou l'autre des lascars et nous repartons directement pour une soirée d'anniversaire dans une pizzeria du quartier où nous retrouvons quelques têtes croisés lors de la rodada de la veille. Ambiance sympathique que ma fatigue proche de l'épuisement m'empêche d'apprécier totalement, jusqu'au retour à l'appartement où je m'effondre de sommeil sans demander mon reste…
Fanch : Il y a un peu plus de deux mois, Julio Blanco ne se déplaçait qu'en voiture, je n'a pas encore compris l'origine de son déclic, mais aujourd'hui il ne se déplace plus qu'en vélo. Hier soir, nous nous sommes souhaités bonne nuit alors qu'il était dans sa tenu de cycliste, ce matin il nous salue dans le même accoutrement, le casque sur la tête s'il vous plait. Mais ce déguisement lycra est compréhensible puisque notre ami nous a programmé une petit visite culturel de Tijuana, le tout en bicy, ceci explique donc cela.
Tout commence à deux pas de chez lui avec un petit déjeuner local, sur le plateaux d'Otay, extrémité nord de la ville jouxtant avec le fameux mur qui domine Tijuana. Rassasiés, nous pédalons jusqu'au centre d'art contemporain situé 200 mètres plus bas et quelques kilomètres plus loin. Julio nous présente à la directrice, une bonne amie semble-t-il, puis nous fait visiter les différents espaces et expositions du centre. Les rencontres se suivent, notre ami nous présente à la scène artistique locale qui au premier coup d’œil semble vraiment dynamique.
Après une courte visite à l'alliance française ou nous n'avons rien trouvé de passionnant, nous voici dans le centre de la ville, sur l'avenue Révolution, plus précisément au « Passaje Rodriguez » dans la petite galerie qui expose en ce moment le travail d'Arturo Fuentes, un photographe du Mexico. L'occasion de bavarder avec Rosa et Teresa les deux sympathiques galeristes de « Las Hijas del Cuarto Obscura », elles aussi de très bonnes amies de Julio. Le temps nous manque malheureusement mais la discutions nous mène à envisager, un jour, une collaboration avec Julio et la galerie de passage de Rodriguez.
Le clou du spectacle, que Julio avec préparé avec soin, c'est ce repas partagé dans la grande salle du réputé restaurant Ceasar. Vous connaissez surement ou avez déjà entendu parler de la salade Ceasar… Et bien, c'est précisément ici qu'elle fut inventée. Après les arts plastiquse, voici un extrait de la culture culinaire qui fait la fierté des Tijuaneros. Bon, la salade Ceasar, c'est pour moi une bonne recette de vinaigrette et quelques feuilles de laitue, rien de plus, mais rien que pour le fun, le cadre et l'accueil du maître d'hôtel et de son équipe, le jeu en vaut largement la chandelle. D'autant plus que nous ressortons d'un des meilleurs restaurant de Tijuana, la panse plein et les poches aussi, c'est la maison qui régale! Classe…
Nous sommes totalement pris en charge et, fait exceptionnel, nous n'avons rien à penser concernant l'organisation de la journée. Le pickup et l'équipe de Robi, nous attendent chez Julio, objectif déménagement. En deux temps trois mouvements, nos affaires sont chargées dans le monstre à 4 roues puis déchargées dans nos nouveaux appartements. Nous voici donc dans la maison de Jimmy, une suite inhabitée dans laquelle nous logerons les deux ou trois prochaines nuits. Merci pour l'organisation les mecs, c'est tout simplement fantastique!
Le temps d'une douche, et nous voila en route pour fêter l'anniversaire d'une des membre de la bande des activistes vélocyclistes d'Otay, l'ambiance est festive mais la fatigue de ces deux derniers jour s'est accumulée, le manque de sommeil de mon compagnons lui fait des misères… Quelques Tecate light et une Bohemia plus tard et une voiture nous dépose sur le pas de notre porte… Que demander de plus ?
Jour 406 - Avenida Licenciado Jose
Samedi 9 novembre 2013 - 0 kms - Post n° 408
Fanch : La fatigue de la veille me pousse à prolonger ma nuit jusqu’en fin de matinée. Unanimement, nous déclarons silencieusement cette journée off. Enfin presque, le passage de frontière étant programmé pour lundi, il nous faut se préparer administrativement. Enfin, pour la dernière fois, je pars à la pêche aux info concernant les formalités à valider histoire d'anticiper et pour ne pas rester bloqué de ce côté du mur, ce n'est pas que je veuille quitter le Mexique, bien au contraire mais il faut partir un jour. Ça va passer Inch'allah (Oups, faut pas la dire ça trop fort)… Enfin, le temps est aussi consacré à l'écriture, la recherche d'un hébergement à San Diego et à l'envoi de quelques mails… Demain sera normalement une journée plus active… A suivre
Barth : Après les deux journées précédentes qui m'ont paru durer une semaine tant nous avons fait et vu de choses différentes, cette première journée à ne dépendre de personne est vraiment bienvenue. Au programme, repos, lessive, connexion internet pour anticiper un peu notre passage aux USA et les hébergements qui vont avec…
Notre passage à Tijuana prend la forme d'un bouquet final après ces longs mois d'immersion dans la culture mexicaine. D'après Julio, Tijuana qui compte environ trois millions d'âmes est la deuxième ville la plus cosmopolite du monde, la New-York du vingt-et-unième siècle en quelque sorte. Le peu que nous en avons vu donne vraiment envie d'y revenir plus longtemps, avec du temps pour réaliser des projets artistiques. C'est une réelle surprise de découvrir cette facette bien méconnue d'une ville fondée il y a à peine deux siècles et qui a du mal à se dépêtrer de son image sulfureuse, sans doute à raison…
Mais il nous reste encore une journée avant de franchir la grande barrière qui nous sépare de l'autre monde. Sans doute encore pas mal de surprises au rendez-vous en compagnie de Julio demain…!
Jour 407 - Extrême nord ouest mexicain
Dimanche 10 novembre 2013 - 50 kms - Post n° 409
Barth : Les cloches de l'église toute proche me tirent du lit de bonne heure ce qui me laisse un peu de temps pour finir de préparer la synchronisation du site pendant que Fanch fignole ses ronflements matinaux. Un café, quelques gâteaux en guise de petit déjeuner et nous décollons sur nos montures pour retrouver Julio à une poignée de kilomètres de là en vue de notre escapade dominicale. Nous arrivons au même moment que lui au point de rendez-vous, à dix heures pétantes alors que le soleil est déjà haut dans le ciel. Son amie Maribel nous escorte en voiture et ce n'est pas du luxe car pour rejoindre la plage de Tijuana nous empruntons une quatre-voies qui longe la frontière jusqu'à l'océan.
Deux bonnes grimpettes sous le cagnard et dans les gaz d'échappement, une vingtaine de kilomètres au compteur, ça se mérite la plage de Tijuana ! Nous arrivons en nage à notre objectif sur le coup de onze heures. C'est le point où le mur frontière qui sépare les USA du reste de l'Amérique plonge dans l'océan. Il va sans dire que si cette frontière visible semble disparaître sous la houle du Pacifique, la surveillance des fonds-marins est assurée jour et nuit par des sous-marins et nageurs marines, d'après ce que nous raconte Julio. Mais ce qui nous intéresse spécialement aujourd'hui c'est l’événement qui se tient dans l'ancien Parque de la Amnistad, autrefois zone neutre entre les deux pays où les familles séparées pouvaient se rencontrer, et aujourd'hui séparé en deux par le mur. Daniel Whitman, un activiste américain y organise régulièrement des sortes de happening, aujourd'hui une séance de yoga avec des participants de part et d'autres de la ligne. Et nous assistons également à une partie de jardinage, là encore coupée en deux par la vulgaire muraille d'acier… Un beau pied de nez à cette mascarade géopolitique qu'est la sur-protection des pays du nord, ici comme en Europe où la méditerranée fait office de mur de manière tout aussi meurtrière…
Tout ceci ne nous empêche pas pour autant de passer un agréable après-midi entre soleil, air marin, tacos de crevettes, et café en terrasse à deviser sur l'avenir du monde avec Julio et Maribel. Nous faisons par hasard la rencontre de Frank, un français vivant à San Diego qui nous propose de passer la nuit chez lui quand nous aurons passer la frontière le lendemain ! Il y a des fois comme ça où on a même pas besoin de tendre le pouce pour être pris en charge, la magie du voyage ! Une fois le soleil disparu derrière l'horizon, nous reprenons le chemin de la ville et après avoir partagé un dernier tacos avec Julio, nous lui disons donc au-revoir avec la promesse de se revoir tôt au tard. puis direction notre appartement pour une bonne douche froide avant de trouver refuge dans un immense restaurant chinois qui à défaut de proposer une nourriture raffinée, a l'avantage de disposer d'une connexion wifi afin d'y terminer la synchronisation du site et relancer un peu nos contacts de l'autre côté de la frontière. Nous passerons demain matin, si tout va bien. Dernière nuit mexicaine, après cent soixante-douze jours passer dans cet immense pays…
Fanch : Nous retrouvons Julio et son amie Maribel, Julio l'artiste au maillot jaune que nous accompagnons dans une course folle d'une bonne vingtaine de bornes jusqu'à l'extrémité Nord Ouest de Tijuana, autant dire du Mexique, à l'endroit exacte ou la muraille plonge dans l'océan Pacifique. Aussi affligeante et absurde soit elle (quoique tout le monde ne semble pas de mon avis), cette frontière, on ne peut plus physique, est à mon sens fascinante. Un mur contre l'invasion de l'Eldorado.
Nous sommes à quelques mètres de la plage de Tijuana, un lieu ou l'on vient se promener en famille, ou les mômes aiment à imaginer les plus beaux châteaux de sable et ou les amoureux viennent admirer l'horizon. Rien de très original, excepté ce mur de 5 mètre de haut qui vient finir sa course au milieu de l'immense étendu de sable et qui ne semble déranger personne. Il paraît simple de le contourner mais apparemment et d'après les noms inscrits sur quelques uns des large barreaux du mur, beaucoup y ont laissé leur peau…
Mais cette frontière génère un certain nombre d'actions dont je ne soupçonnait pas l'existence auparavant. Daniel Whiteman, un ami de Julio, en est certainement l'initiateur. Leader d'un petit groupe de militants, il organise aujourd'hui un cours de yoga d'un genre particulier puisque qu'il est ouvert et destiné aux personnes des deux « côtés ». Outre le professeur, 4 personne sont allongées à l'extrême sud de la Californie américaine, 3 autres à l'extrême nord de la Baja California et chacune d'entre elles écoutent et se laissent bercer par les paroles monocordes du maître yogi. L'étonnante action poétique, à la limite de la performance peut prendre d'autres formes, jardin collectif, cours de salsa, battle de musique… J'essaierai prochainement d'en savoir un peu plus sur ce phénomène et sur Daniel Whiteman car je n'arrive malheureusement pas à saisir l'ensemble de ce que nous explique Julio. Tout ce que je sais d'autre, c'est que nous sommes à l'unique point de la séparation ou peuvent se rencontrer, parler et se toucher du bout des doigts deux personnes séparée par la ce rideau de fer.
Après avoir discuté jusqu'au couché de soleil, nous rebroussons chemin et il nous faut dire au revoir à nos amis. Comme à chaque rencontre, nos routes se séparent. Merci Julio, merci pour tout, tu auras marqué notre court mais intense séjour à Tijuana. Mucho gusto y hasta pronto… Seguro regressamos!
Jour 408 - Frontière
Lundi 11 novembre 2013 - 35 kms - Post n° 410
Fanch : Robie arrive au volant de son pickup, nos affaires sont prêtes, il n'y a plus qu'à les charger à l'arrière du véhicule. Direction, la casa familiale pour un dernier desayuno mexicain, en famille s'il vous plaît. Oeufs, fromage, tortillas, frijoles (haricots rouge), tout est là pour que nous ne regrettions rien. L'accueille des parents de Robie est à l'image de celui des Tijuaneros, simple, chaleureux et généreux.
Prochaine étape, la frontière et c'est Robie qui nous y conduit. Nous harnachons rapidement nos montures puis saluons notre ami. Une dernière fois Robie et sincèrement, au vue de ta générosité sans limite, des surprises que tout nous a réservé et de ta disponibilité, c'est du fond du cœur que nous te remercions.
Nous voici dans la file d'attente celle qui, si tout se passe bien, nous mènera de l'autre côté. J'avoue ne pas trop m'inquiéter, mais avec la légendaire paranoïa de l'immigration américaine, je préfère ne pas déclarer la partie gagnée.
Et c'est déjà avec une certaine nostalgie que j'entame mentalement mes adieux. Ah Mexico… Que dire? Il s'en est passé des choses avec toi, du temps d'abord, presque six mois passés en ta compagnie, des rencontres ensuite, profondes et sincères, des surprises, bonnes et parfois mauvaises, beaucoup de découvertes, des paysages inoubliables, vert, gris, jaune, bleu, quelques déceptions mais d'avantage de sourires. Je n'ai aucunement l'intention de résumer notre épisode mexicain, mais je voudrai juste, encore un fois remercier les personnes qui nous ont aidés à résoudre nos problèmes informatiques, ou plutôt, qui ont réussi à transformer cette petite galère en épisode de vie, vrai et intense. Nous laissons donc une bande de pote dernière nous que j'espère vraiment avoir la joie de revoir un jour… On se retrouvera amigos, on se retrouvera… D'ici là, porte toi bien Mexico, fait attention à toi et, sans déconner, fait pas le con. Ton peuple t'aime, il croit en toi mais il a aussi besoin de toi, ne le déçoit pas et veille sur lui…
La nostalgie s'efface au moment de passer au checkpoint. Tout se passe relativement bien, l'agent d'immigration a d'avantage tendance à se foutre de ma gueule qu'à me poser les questions auxquelles je m'attendais. Il feuillette rapidement mon passeport avant de me laisser passer. En revanche pour Barth, ça ne se passe pas si bien, rien de méchant mais il doit faire demi tour pour se faire tamponner son passeport et payer une taxe d'entré. Pourquoi lui et pas moi? Cela restera un mystère, j'espère juste que je suis en règle (sans faire de zèle, j'ai vérifié auprès d'un agent, apparemment oui) et que je pourrais sortir du pays sans subir d’interrogatoire particulier…
Bon, autre chose, il va falloir switcher de langue et je vous avoue que l'affaire n'ai pas gagné… Après six mois d'espagnole… Parler anglais… Enfin bref, durant les quelques premiers jours je risque bien de parler un anglais plus qu'approximatif, un petit retour sur les bancs d'école (en classe de sixième) ne serait pas superflus.
Ici on ne dit pas mètres, on dit miles, le diamètre des pizza se compte en « Inch », les personne que j'accoste poliment pour chercher notre chemin hésitent à me répondre, on ne dit pas shela, on dit beer, bref, il va falloir s'y faire. Welcom to California, les aventures de Geocyclab continue aux United States of America!
Nous arrivons chez Franck, franco-américano-autrichien, qui vit depuis 15 ans en Californie et que nous avons rencontré hier sur la plage de Tijuana. Il s'est fait happé par la vie d'ici suite à ses dernières années d'étude et bosse depuis en tant que free-lance dans l'audio-visuel pour des boites du genre Playstation… Accompagné de son amie et après s'être remis à neuf, nous partons pour un restaurant grill du genre « restaurant branché des 15's ». La déco n'a appartient pas bougé depuis cette époque, le jukebox est toujours là et le principe de fonctionnement de la maison est resté le même. On te donne un bout de bidoche fraîche, un barbecue est à ta disposition et tu te démerde toi même… Apparemment ça marche et j'avoue avoir passé un agréable moment gustatif. Merci Franck!
Barth : C'est le grand jour… Une fois les affaires et les sacs bouclés sur nos vélos, nous patientons un peu le temps que Robie arrive pour que nous lui laissions les clés de l'appartement et bien sûr pour lui dire au-revoir comme il se doit ! Notre ami débarque avec un léger retard et nous propose sans détour de passer chez lui pour un dernier petit déjeuner mexicain. Nous n'avons pas vraiment de raison de refuser et chargeons donc tout notre barda dans le pick-up pour gagner du temps.
Quelques instants plus tard nous voici attablés en compagnie des parents de Robie, de sa sœur et de son beau-frère, pour un copieux petit déjeuner. Robie nous offre des gilets fluos, des tiges flexibles, des bracelets aux couleurs de son association Otay en Bici… Nous papotons un peu avec ses parents, mais l'heure file et il est temps de prendre la route de la frontière… Robie nous dépose à quelques dizaines de mètres de la file d'attente. Le temps de recharger nos vélos et nous faisons nos adieux à cet incroyable hôte, qui nous a assuré un séjour à la fois tranquille et intense durant notre trop court passage à Tijuana. Merci encore amigo ! On se revoit un jour c'est certain.
L'attente ne dure pas trop, les services de douanes sont plutôt extrêmement bien organisés aux USA. En revanche un paradoxe administratif se produit qui nous fait perdre un peu de temps. Fanch est passé en premier et se retrouve sans autre formalité de l'autre côté de la barrière. Pour ma part, je gagne un tour gratuit par la case départ, avec le droit de me délester de quelques dollars pour obtenir un tampon supplémentaire… Oui, parce que lors de notre escale aérienne à Washington nous sommes rentrés sur le territoire américain le 22 mai précisément. La durée de notre séjour autorisée étant limitée à 90 jours il était donc normal de renouveler notre autorisation. Mais je voudrais que quelqu'un m'explique comment en faisant strictement le même voyage, nous avons le droit à deux réponses différentes Fanch et moi ??? Je hais l'administration, et ce genre d'expérience ne m'inspire que dégoût et rage… Dans notre cas rien de grave, mais qu'en est il de toutes ces personnes aux situations bien plus précaires…
Quoiqu'il en soit nous sommes donc aux States, et le décor change radicalement. Le goudron est de velours, ça sent la junk-food dans l'air et les 25 kms qui nous séparent de San Diego traversent une immense zone commerciale qui parait infinie… Nous arrivons dans le centre sur le coup de 17h30, le soleil est en train de disparaitre derrière les buildings de verre et d'acier, la fatigue, le froid et ce saut culturel m'ont aspiré mes dernières forces… Nous trouvons refuge dans un restaurant pour grignoter un bout, et prendre des nouvelles de Franck pour le rejoindre chez lui.
Après quelques kilomètres dans la nuit pour rejoindre les hauteurs de la ville nous sommes accueillis comme des amis par Franck et sa compagne. Le temps de boire une bière et de prendre une douche chaude (ça faisait tellement longtemps) et nous sommes entraînés par nos hôtes dans un petit restaurant au style 50's, dans lequel nous nous régalons d'une bonne pièce de viande à faire griller soi-même sur le barbecue central. Nous avons changé de monde et la discussion avec Franck qui se poursuit tard chez lui nous donne quelques clés de lecture sur ce qui se passe en Californie, en comparaison avec la réalité mexicaine qu'il connait bien aussi. San Diego est une ville sortie du désert il y a un peu plus d'un siècle et où les dollars pleuvent depuis un bon moment, et malgré le confort de vie qu'on peut y trouver, Franck nous fait part de sa nostalgie pour le vieux continent, la France et l'Autriche particulièrement…