Sénégal
Distance parcourue : 320 kms
Durée : 34 jours
Date d'entrée : 2013-04-19
Date de sortie : 2013-05-22
Jour 202 - Pont Faidherbe, Saint Louis
Vendredi 19 avril 2013 - 35 kms - Post n° 202
Barth : Un ciel chargé de nuages gris balayé par un vent d'ouest qui rappelle le climat breton plante le décor de notre premier matin sénégalais. Le temps de prendre le petit déjeuner dans le café de la frontière et nous reprenons la route sur un bitume impeccable. Quelques singes traversent la route entre deux villages et déjà c'est la banlieue de St Louis qui commence. Une grande université, des banques, des agences Orange et des publicités Total, ici l'occident est de retour, en force !
L'arrivée dans le centre de St Louis à l'heure de pointe est un peu épique. La ville est répartie en trois zones, le continent, une première île historique et une seconde île abritant le village de pêcheurs dernier rempart avant l'océan. Un seul pont permet de passer d'une ile à l'autre et la circulation n'y est pas vraiment fluide… Nous avons le temps de découvrir les restes d'architecture coloniale et le quadrillage des ruelles à la française qui contraste fortement avec l'anarchie de l'urbanisme de Nouakchott, la dernière ville que nous avions vu. St Louis est une ville paisible, dans la douceur de l'océan, c'est bon de débarquer ici !
Mais nous devons d'abord trouver un logement… Après avoir tenté notre chance à l'auberge de jeunesse complète et un peu trop chère, nous rencontrons Ousmane qui nous conduit chez un ami à lui qui fait chambre d'hôte. Mahrou habite à la pointe sud de l'île des pêcheurs, avec sa femme et ses deux enfants, même si c'est un peu loin du centre, nous serons bien installé ici. Une douche, un bon repas, et nous voilà repartis pour rejoindre Gurvan et Olivier dans le centre afin de déguster la bière tant attendue ! Début de soirée tranquille donc, à siroter une bière en devisant sur les dernières actualités française et sur nos souvenirs de voyage… Mais la fatigue est là, bien présente, retour chez notre hôte pour être en forme le lendemain !
Fanch : Les moustiques nous ont attaqué du fleuve, la nuit n'a pas été extrêmement reposante mais l’excitation de fouler mes premiers kilomètre sur le sol sénégalais me donne l'energie suffisante pour avaler les 35 bornes de goudron nous séparant de Saint-Louis. Le kilomètre 10 nous offre l’occasion d'observer une triplette de singes gambadant joyeusement… Le safari continu. Des cultures proprement clôturées réapparaissent accompagnée de villages et de petites coopératives agricoles dont la plupart semblent êtres financés par Taïwan. En s’approchant de Saint-Louis, les affichent publicitaire abondent et beaucoup d'entre elles affichent le carré orange de la célèbre compagnie de télécommunication française. Les trente premiers kilomètres sont ponctué d'indices qui nous en dévoile déjà beaucoup concernant la tutelle économique de la Chine et de l'occident.
Saint Louis. C'est l'heure de pointe… ou pas. Quoi qu'il en soit, nous sommes pris dans le courant saccadés d'une circulation mal odorante. L’île principale de Saint Louis (le centre) conserve par son architecture l'empreinte d'un passé mouvementé qui fait resurgir une histoire coloniale longue de plus de trois siècles. Le temps à effriter les murs de ce patrimoine (classé Patrimoine Mondial de l'Humanité) mais le souvenir de cet ancien comptoir français marqué par le commerce et la traite négrière semble ancré dans les fondations de la ville.
Nous nous dégotons un logement chez l’habitant sur la Langue de Barbarie, banc de sable protègent l'archipel de Saint Louis des agression de l'océan. C'est un peu excentré mais nous ne resterons probablement que deux nuits avant de rejoindre l'auberge de jeunesse du centre ville. Le temps de nous y installer et nous rejoignons nos amis rencontrés hier à la frontière, Gurvan et Olivier pour un apéro bien mérité! Et oui, je crois qu'une bière bien fraîche nous attend de l'autre coté du pont! Ahah !!!
Jour 203 - Iles de Saint Louis
Samedi 20 avril 2013 - 0 kms - Post n° 203
Fanch : Bon, nous avons plusieurs petites affaires à régler qui nécessitent une connexion internet. Nous partons de ce pas à quelques mètres de notre gîte histoire de dégoter un petit bout de bande passante sur laquelle se s’accrocher. On se casses le nez, pas de connexion, pas d’électricité, ni ici, ni à coté, ni dans le quartier, ni ailleurs dan la ville. C'est apparemment une chose habituelle et nous ne le savons pas encore mais la panne va se prolonger jusqu'au soir. Très bien… Si c'est comme ça, Je laisse Barth et Camille à leurs occupations et m'active sur le champs afin de chercher une solution pour cette histoire de dérailleur.
Je croise en premier lieu un réparateur-bricoleur de vélo et lui expose mon problème. Il m'explique très clairement que je ne trouverai pas mon bonheur à Saint-Louis et que le mieux à faire est de pousser jusqu'à Dakar. Pousser jusqu'à Dakar cela veut dire de parcourir 250 kilomètre sans rapports de vitesse. Il m'oriente tout de même vers un de ses collègue que (je ne le sais pas encore) se fait appeler « l'homme au vélo ». Je pénètre dans son atelier et découvre avec plaisir que l'homme à qui j'ai à faire est un réparateur-poète-sculpteur-allumé! Je n'ai malheureusement pas énormément de temps car je doit rejoindre mes amis à l'auberge de Gurvan et Olivier, mais promis, je reviendrai demain pour continuer notre conversation.
L'après midi se prolonge à la galerie Waaw que nous visitons à l'occasion des portes ouvertes de la résidence ou trois artistes exposent leurs recherches en cours. Je n'ai pas eu de révélation particulière concernant leur travaux mais l'ambiance y était sympathique et plutôt détendue.
J'ai ma flûte traversière à la main car je sais que Gurvan s'est dégoter une gratte et une occasion de ce genre ne se loupe pas! Nous achèverons l'après-midi a coup de funky music, nous reproduisons ce que nous avions fait il y à 5 ou 6 ans dans un trou pommé de Normandie. Le feeling est là, la musique court le long de ma colonne vertébrale… Six mois que je n'avais pas ressentis cette douce sensation !
Barth : Ce matin, objectif internet. Pour cela nous nous rendons à l'auberge des Pélicans en longeant la plage sur quelques kilomètres. Pas de chance, c'est le black-out sur Saint Louis, plus d'électricité depuis une heure et donc plus de wifi… Nous restons tout de même pour écrire un peu et préparer les échanges de photos et vidéos tournées ces derniers jours avec Camille. Finalement, nous retournons chez Mahrou pour déjeuner et Fanch décolle direct pour tenter de trouver un nouveau dérailleur, tandis que Camille se prépare à rejoindre son contact à St Louis pour la suite du séjour. L’électricité revient un moment, le temps de refaire quelques échanges de fichiers en même temps qu'une micro lessive et je fonce ensuite à l'auberge de jeunesse.
Pour rejoindre le centre ville depuis l'hydrobase où nous sommes, le plus simple et le plus économique consiste à embarquer dans une antiquité automobile qui fait la navette entre le pont et le bout de l'île, traversant le marché et le village de pêcheurs, le tout pour la modique somme de 125 CFA (à peine 15 centimes d'euros…) Ensuite, il ne reste qu'à traverser le fleuve à pieds pour rejoindre l'autre île… J'arrive donc à l'auberge de jeunesse dans l'espoir d'y trouver une connexion, mais le black-out est revenu, la poisse… Vers 16h, Fanch arrive suivi de près par Gurvan et Olivier que nous n'aurons pas de peine à embarquer aux portes ouvertes d'une résidence artistique que nous avions prévu de visiter. L'affaire se passe au centre Waaw, où trois artistes présentent leur travaux en cours entre quelques verres de bissap et autres cacahuètes. Sans électricité, les projections vidéos prévues sont reportées sur de petits écrans, mais ça fait tout de même un bien fou de participer à un « évènement culturel contemporain » après quelques mois de vide. La partie se poursuit dans la ruelle juste devant où Fanch et Gurvan improvisent un petit concert guitare-flûte qui ne manque pas d'attirer l'attention d'un chanteur/slameur… Le festival « Jazz à Saint Louis » débute dans moins d'un mois, c'est une sorte d'avant première !
Avant d'aller dîner dans un petit restau repéré par Gurvan et Olivier, je me laisse naïvement embarquer par un marchand de souvenirs jusqu'à sa boutique. L'homme est rusé, mais pas de chance je suis tétu. Après m'avoir fait cadeau de deux colliers, il m'explique que ce serait bien que je fasse un geste pour la circoncision de son fils qui a lieu le lendemain… Je mettrais une heure à lui faire comprendre que si je fais « ce petit geste » à base de billets CFA, les cadeaux qu'il m'a fait n'en seront alors plus… Une joute verbale stimulante et que j'aurais le plaisir de remporter ! Il est donc possible, en prenant son temps de retourner contre eux-mêmes, les jeux d'attrape-touristes des marchands de souvenirs !..
Jour 204 - L'Atlantide, Saint Louis
Dimanche 21 avril 2013 - 0 kms - Post n° 204
Barth : Aujourd'hui on déménage. Le quartier de l'hydrobase, bien que très tranquille et certainement royal quand la météo permet de profiter de la grande plage, se trouve un peu excentré, un peu trop pour toutes les choses que nous voulons faire dans les jours à venir… Je rejoins Fanch qui est déjà parti retrouver son vélo en taxi à l'auberge de jeunesse, après avoir fait nos adieux à Mahou et sa petite famille…
Les coupures de courant semblent se résoudre et nous pouvons enfin nous connecter et donner quelques nouvelles en France. Gurvan et Olivier sont toujours à l'auberge, Camille n'est pas loin, et le couple de cyclistes suédois dont nous avions entendu parler à la frontière vient d'arriver à l'auberge. La journée se passe donc tranquillement, comme un dimanche, entre repos, musique, rencontres…
Je prends tout de même le temps de trier les nombreuses images accumulées depuis Nouakchott, en vue du prochain montage du check-point. Grâce ou à cause de la présence de Camille qui n'est pas la dernière à sortir sa caméra, j'ai environ quatre heures d'images sur Nouakchott et la route de Saint-Louis ! Beaucoup de tri à faire donc pour sélectionner la crème de la crème. Mais comme nous ne restons pas longtemps à Saint-Louis, je reporte ce boulot à notre futur séjour à Dakar pour profiter au maximum des découvertes ici.
Fanch : Barth reste sur l'ordinateur. Je continue ma recherche pour trouver un dérailleur digne de ce nom, vagabonde en compagnie d'Olivier, Gurvan et Camille, guettant à droite, à gauche si je ne peux pas trouver ce que je cherche. Coup de chance (ou pas), c'est un jeune réparateur de vélo qui nous accoste en qualifiant ses compétences technique de dons exceptionnels. Honnêtement, je ne pense pas qu'il soit meilleur qu'un autre mais il à l'air de pouvoir se procurer la pièce nécessaire au bon fonctionnement de ma bécane, de toute façon je n'ai guère d'autre option que d'accepter. Je reviendrai donc demain avec mon vélo (aujourd'hui c'est dimanche) en espérant avoir fait le bon choix.
Il s'en suit une petit visite à l'homme aux vélo, le dénommé F.M. qui nous raconte son histoire et sa passions pour les cycles. En pénétrant dans sa caverne, il nous plonge en nous guidant avec douceur dans son univers mécanique. Le long du mur de gauche de sa minuscule cours intérieure sont empilés sur plusieurs mètres de hauts, des dizaines de carcasse de vieux vélos disposées de façon à ce que les parpaings disparaissent. Les petits composants mécaniques sont eux soigneusement triés, les chaînes rouillées pendent à une cordelette, et tout un tas de truc et de trac (comme il aime le dire) servent de décoration muralle et attendent de trouver un rôle jouer dans une de ses nouvelles sculptures. Son regard fuit le notre, il est timide, réservé mais n'hésite à nous parler du métal avec amour voir avec passion. Je l'observe et l'écoute en souriant.
Jour 205 - Saint Louis
Lundi 22 avril 2013 - 0 kms - Post n° 205
Fanch : Je suis actuellement légèrement crispé, le bras gauche s’agrippant fermement au porte bagage de la mobylette, la main droite posée sur l'épaule de mon chauffeur, je fais semblant d'être détendu pour ne pas paraître ridicule. Nous sommes sur le pont Faidherbe qui nous guidera vers un dérailleur si j'en crois Bobo le réparateur de cycle, qui fonce à toute berzing entre les taxis jaunes, bus, camions et autre véhicule à propulsion animal. Nous pénétrons dans l'antre d'un de ses collège mécano qui sans hésiter une seconde, me vend son propre dérailleurs. Ok, c'est une bonne chose de fait
Je laisse mon destrier à Bobo en le priant d'en prendre soin et m'en vais d'un pas serein faire quelques course en prévision d'une petite performance que nous effectuerons demain si tout va bien.
Je repasse à l'atelier vers 13 heures comme convenu. Le dérailleur est monté et même s'il reste quelques réglages à effectuer, c'est plutôt rassurant. Néanmoins, je retrouve ma bécane avec un rétroviseur en moins, le câble du compteur est sectionné et pour en rajouter une couche, Bobo, le réparateur de cycles trouve l'audace de réclamer un peu plus d'argents pour ces nouvelles réparation… Enfin, je garde mon calme, je préfère mille fois sourire!
La suite des événements se déroule dans l'atelier d'F.M. (l'homme au vélo) pour un portrait audiovisuelle de ce personnage hors du commun. Camille nous accompagne et notre ami se retrouve avec deux bon gros appareils photos et un enregistreur audio sous le nez. Même pas peur, il nous gate avec sa prose, ses mot plein de sens et de passion. Vous devriez le voir apparaître dans notre galerie Objet Libre d'ici peu!
De retour à l'auberge, c'est un blogueur français de passage à Saint Louis avec qui j'engage la conversation. Après de rapide présentation, il nous demande si nous avions auparavant entendu parler des FabLabs! En plein dedans! Forcément, chacun de notre coté, nous avons du mal à nous contenir et les références fusent! Hop hop hop, attends vas pas trop vite… quoi ? Bitcoin (monnaie électronique décentralisé), toc-art (ça c'est son blog qui devrait ravir plus d'un artiste), Google glass (ça… c'est flippant), Imagination for people (une site web que j'avais oublier et pour le coup, c'est rassurant)… Tout cela me permet une petite mise à jour! Et la conversation continue alors que je suis sensé faire du tri dans mes prises de sons de ces 10 derniers jours. Le taf m’appelle et le fait d'avoir accès à l’électricité ici dans cette auberge rallonge considérablement mes soirées.
Barth : Je passe la matinée au cyber pour effectuer la synchronisation du site… La connexion est bonne, l'ambiance dans le cyber n'est pas franchement studieuse, mais je m'en tire sans trop de peine.
Ensuite nous allons rendre visite à l'homme aux vélos, surnommé F.M., qui a son atelier à côté de la maison d'hôte où loge Camille. Après avoir enchaîné ensemble les kilomètres sans vraiment avoir l'occasion de travailler ensemble, nous unissons pour cette occasion les moyens de Geocyclab et de Cyberconte pour réaliser un portrait de cet incroyable personnage. A l'origine, F.M. est mécanicien vélo. Il répare, démonte, récupère tout ce qui ressemble de près ou de loin à une bicyclette. Mais il est surtout un poète, un artiste et un conteur, habité par le vocabulaire métallique qui fait son quotidien. Dans son petit atelier où il collectionne méthodiquement toutes sortes de pièces détachées, apparaissent des créatures fantastiques incarnant les visions de cet inlassable rêveur. Beau parleur malgré une timidité apparente, FM se prête avec plaisir au jeu du portrait vidéo, exprimant avec une émotion débordante sa joie de rencontrer des voyageurs cyclistes comme nous. Il nous dévoile aussi quelques projets qu'il a en tête mais qu'il n'a pas encore le temps et les moyens de réaliser, mais avec cette force de rêve qui l'anime je ne doute pas que tout ceci verra le jour tôt ou tard, jusqu'à lui permettre de réaliser le tour du Sénégal à vélo !
Avant de rentrer à l'auberge, nous visitons la magnifique maison d'hôte tenue par Marie-Caroline, le temps d'échanger nos images avec Camille. Marie-Caroline est fille d'un français et d'une saint-louisienne, ce qui lié à un goût prononcé pour la conversation donne une présence très agréable. Nous sommes conviés le lendemain midi pour déjeuner !
Jour 206 - Ndar Numérique
Mardi 23 avril 2013 - 0 kms - Post n° 206
Barth : Deuxième épisode de la version augmentée de Geocyclab aujourd'hui. Le projet de Camille étant si semblable au notre, nous cherchons donc sensiblement les mêmes choses et avons donc décidé de multiplier les caméras plutôt que de refaire deux fois les mêmes tournages. Ce matin cependant, nous profitons de sa présence pour réaliser la captation d'une performance à base de bouteilles à la mer… A découvrir bientôt dans « Ex-Situ ». Une épaisse brume de chaleur recouvre le fleuve et les rives de Saint-Louis semblent flotter dans les nuages. Le vol lourd de quelques pélicans contraste avec la chute rapide des sternes qui trahie de quelques éclaboussures la surface immobile de l'eau.
Vers midi, le soleil refait son apparition, et d'un seul coup la ville réapparaît. Nous nous rendons chez Marie-Caroline pour le déjeuner et pour y rencontrer rapidement Richard qui a fait Paris Shanghai à vélo il y a quelques années et Marjorie sa compagne. Tous deux vivent au Sénégal et nous donne de nombreux conseils, contacts et tuyaux avant de disparaître pour rejoindre des amis. Le repas est servi, sur une belle table, arrosé d'une bouteille de vin blanc et clôturé par un dessert et un café. Ça faisait si longtemps que nous n'avions pas fait un repas à la française ! Parmi les convives, Jordan, un jeune français qui travaille depuis deux ans à Saint-Louis comme maçon. Il est enchanté de cette première expérience après sa formation qui lui a permit de travailler sur des chantiers de restauration de magnifiques maisons comme celle de Marie-Caroline.
Le vin et le confort de ce somptueux déjeuner nous ont un peu ramolli. Nous sortons de table vers quinze heures et filons en direction du Bantalabs, un espace de co-working dédié aux arts numériques qui vient d'ouvrir à Saint-Louis. Nous sommes reçu par Joeri un webmaster belge et Isseu une jeune sénégalaise très indépendante qui préfère sa passion aux obligations traditionnelles telles que le mariage. Nous prenons le temps de l'interviewer, seule car Joeri n'a pas pu rester, mais nous le recroiserons sans doute à Dakar. Puis il est temps de rentrer à l'auberge pour dérusher les images du jour et préparer le départ du lendemain. Un dernier dîner au restaurant Teranda N'Dar où nous avions pris un abonnement cette semaine et encore un peu de boulot avant d'aller dormir…
Fanch : La journée s'annonce mouvementée, au programme :
- 9h30. Amener mon vélo chez Bobo le réparateur de vélo.
- 10h30. Performance et tournage sur l'île sud de Saint Louis.
- 12h30. Déjeuner chez Marie-Caroline (une connaissance de Camille) et rencontre de Jordan, Richard et Marjorie.
- 15h30. Récupérer mon vélo et tenir bon face aux tentatives répétées de Bobo pour me soutirer d'avantage d'argent.
- 16h. Visite des locaux de Bantalabs et d'Ndar Numériques, lieu de la culture du Libre de Saint-Louis et interview d'Isseu Counta.dar
- 18h. Faire un envoie d'e-mails pour préparer notre arrivée à Dakar
Je ne vais détailler l'ensemble de ces points pour me pencher sur ce qui concerne l'atelier de Geocyclab.
10h30 donc, Camille, Barth et moi sommes à l’extrémité Sud de L’île de Saint Louis, à l'endroit ou les deux bras du fleuve Sénégal se rejoignent une dernière fois avant de se jeter dans l'atlantique. La marée descend, les courants se forment et se dirigent vers le Sud. La brume ne s'est pas encore levée et masque les pirogues de la rive Ouest, les sternes piquent à la verticale, les pélicans se dandinent comme les signes le font à Galway. C'est d'ici que nous enverrons nos messages. Le geste est aisé mais éphémère, il faut que nous gardions une trace. C'est la captation vidéo qui prendra du temps. Mais après coup et au premiers coup d’œil, les images semblent réussies. Nous verrons pour le montage plus tard. Je n'en dis volontairement pas plus mais peut-être que les indices laissés dans ce texte aiguiseront l'imagination de certains.
Le deuxième point qui nous intéresse, c'est notre visite des locaux partagé entre Ndar Numérique et le Bantalabs de Saint Louis. La visite est rapide car en raison de la récente implantation de c'est deux association à Saint-Louis, les espaces sont encore vides. Cependant, les perspectives d'aménagement de Joeri Poesen qui nous présente le lieu sont alléchante pour un bidouilleur de mon genre. Excepter le fait de développer un espace de travail partagé dédier pour l'instant aux passionnés du numérique, Joeri pense bientôt mettre à jour la première plate-forme de distribution Arduino et Raspberry Pi en Afrique de l'Ouest (De quoi ravir notre ami Zakaria que nous avions rencontré à Casablanca et qui avait de gros problème pour ce fournir ce genre de matériel). Jouri s'en va et c'est Isseu qui prend la relève sous les yeux attentifs des objectifs. Cette jeune développeuse sénégalaise nous parle avec fraîcheur et entrains du rôle, de l'implantation et de l’évolution de la culture du Libre au Sénégal. On en parlera bientôt dans la galerie des « Objets Libres » quand nous aurons trouvé un peu de temps pour s'occuper du montage. Quoi qu'il en soit, ce fut un réel plaisir de d'échanger avec Isseu qui avec son enthousiasme contagieux et de solides arguments, conforte certaines de mes convictions vis à vis de la place du Libre dans une société en pleine mutation numérique.
Jour 207 - Mioum
Mercredi 24 avril 2013 - 25 kms - Post n° 207
Fanch : Nous quittons avec regret Saint Louis, la Venise Noire. Regret qui naît de cette évidente incapacité à réaliser l'ensemble de ce que nous avions projeté lors de notre arrivée en ce lieu magique. Mais la journée d'hier fut productive et c'est avec un moral solide que je m'assois dans le siège de mon engin à propulsion humaine flambant neuf, ou presque (le dérailleur est ok mais Bobo à exploser mon rétroviseur). Barth en revanche semble ne pas avoir particulièrement récupéré, on ne forcera donc pas pour aujourd'hui. Au kilomètre 20 nous bifurquons sur la droite en direction de Potou pour récupérer une piste traversant une zone de nature abondante.
Nous faisons rapidement une pause déjeuner au camping de Zebrabar dont nous avions entendu parlé à plusieurs reprises. Je propose à Barth qu'il aille siester pour reprendre des force, pendant que je bouquine à l'ombre fraîche de quelques palmiers. L'heure tourne mais je préfère ne pas perturber le sommeil de mon ami qui non loin du fleuve, tangue dans un hamac tendu entre deux cocotiers. L'image peut paraître paradisiaque, elle pourrait l'être si nous étions en vacance, mais ce n'est pas le cas et la fatigue s'accumule plus rapidement qu'elle ne disparaît. Parfois le repos est d'or, ne l'oublions pas.
18h00, nous décidons de ne plus rouler aujourd'hui mais les tarifs du camping nous poussent à rejoindre le village voisin pour y dégoter un logement moins onéreux si ce n'est pas gratuit. Nous partons donc à la rencontre du chef du village, entreprise que nous testons pour la première fois. Mais avant cela, il nous faut faire face à un attroupement d'un trentaine, peut être un quarantaine de petits regards curieux. Tout les mômes du village semble s'être donné rendez vous pour nous faire la fête. Je ne peux m’empêcher d'afficher un large sourire même s'il faut user de vigilance vis à vis cette grouillante agitation car beaucoup d'entre eux attendent un moment d'étourderie de notre part pour sauter sur nos monture et se prendre pour des apprentis aventuriers!
Enfin, nous voilà devant la maison du chef du village. Il n'est pas présent mais trois jeunes gens nous prient de patienter un instant en nous soufflant qu'a son retour, au moment des présentations, il nous faudra le regarder droit dans les yeux. Un étrange sentiment se situant entre la sérénité et l'appréhension s'empare de mes pensées comme si le chef village était une personne d'une importance capitale dans ce voyage qu'il va falloir réussir à amadouer pour qu'il nous accepte nous et nos étranges montures. Le voilà qui arrive, j'ai presque le trac, mais en deux minute et sans futilités, l'affaire est réglée. Nous logerons dans une chambre prêt de sa bâtisse.
Nous passerons le début de soirée avec les trois jeunes, assis au pied de l'arbre central de la cour ensablée. Ils se disent bayfalls ce qui voudrait dire (d'après ce que je comprends) qu'il serait en pèlerinage pour diffuser la parole d' Allah. Et pour diffuser, ils diffusent! Habituellement ce discours -qui après 4 mois en terre musulmane, à tendance à m'agacer très rapidement mais ceux ci parlent avec sensibilité et nous les écoutons sans broncher.
Barth : Quitter Saint-Louis n'est pas chose aisée. La douceur de cette cité et les rencontres qui n'arrêtent pas un instant nous retiennent de toutes leurs forces, et mon état de fatigue n'aide pas vraiment. Bon grès, mal grès, nous voilà tout de même repartis, en formation binomique originelle puisque Camille prolonge son séjour à Saint-Louis.
Le vent n'est pas vraiment avec nous sur la petite route qui serpente au milieu des marais jusque'au Zebrabar, un immense camping au milieu du parc naturel, tenu par des suisses, et qu'on nous avait recommandé plusieurs fois. Effectivement l'endroit est paradisiaque et aménagé de façon très pragmatique ! Cependant après avoir cassé la croûte et pour ma part profité d'un des hamacs pour rattraper un peu mon retard de sommeil, le prix à payer pour pouvoir y passer la nuit ne nous aura pas convaincu. Nous filons donc jusqu'au village voisin et demandons à rencontrer le chef pour savoir si nous pouvons passer la nuit au calme quelque part. Une cinquantaine de gamins nous escorte jusqu'à la maison du chef où nous rencontrons Abdou et deux de ses amis dont une fille, de jeunes Bayefall qui vont de village en village pour proclamer la grandeur d'Alleluhia. Nous discutons longuement avec eux en attendant le retour du chef et en buvant quelques cafés touba (une boisson chaude à base de plusieurs plantes et épices qui rappelle vaguement le gout d'un café ricoré). Missionnés par un marabout, ces trois jeunes nous expliquent que leur seul objectif est de purifier leur coeur tout au long de leur vie pour augmenter les chances d'accéder au paradis dans l'au-delà. Les citations de philosophes ou de scientifiques se mêlent à quelques référence chrétiennes, dans un discours plutôt orienté sur l'islam, difficile de bien situer cette spiritualité, mais une chose est sûre, tous trois sont fort sympathiques !
Finalement, le chef nous offre l'hospitalité pour la nuit dans une des chambres qui borde la grande cour de sa maison. Nous voici donc au coeur de la vie rurale sénégalaise, pour une bonne nuit de sommeil à l'abri des moustiques…
Jour 208 - Route de Dakar
Jeudi 25 avril 2013 - 60 kms - Post n° 208
Barth : Nous sommes les derniers à quitter la maison du chef ce matin, pour le départ matinal c'est raté. Nos amis Baye-Fall sont déjà en route, mais malgré la piste ensablée nous les rattrapons vite. La piste que nous suivons traverse le parc de la Langue de Barbarie et est parsemée de nombreux petits villages paysans. À droite on aperçoit de temps à autre le bleu turquoise des eaux de la longue lagune, quelques toucans ou calaos survolent notre convois régulièrement.
Dans une grosse chaleur, nous arrivons à Potou pour midi, le village qui signe la fin de la piste. Le temps que le Tibou'N Tien soit prêt, nous reprenons nos esprits en discutant avec les enfants qui s'attroupent autour de nos vélos. À chaque arrêt dans un village c'est la même cérémonie, un, puis deux, suivis de trois autres, et très vite trente enfants se pressent autour de nous. Les demandes de stylos ou de bonbons existent mais ne sont pas aussi automatiques que je le craignais. Par contre quand il s'agit de faire une pause pour souffler au calme, il faut absolument éviter les villages, l'ambiance est vite survoltée !
Avec le vent dans le dos, nous avalons relativement Rapidement les 35 kms goudronnés jusque Louba, l'endroit où nous retrouvons la route principale de Saint-Louis à Dakar. Retour à la civilisation, d'un coup les messages publicitaires envahissent le regard, nous souhaitant en quatre mètres sur six une bonne route de la part d'Orange, ou de telle ou telle banque… Après une pause rafraîchissante à la station Total, nous poussons quelques dix kilomètres encore pour nous éloigner de la ville et trouver un village plus à notre goût. En Mauritanie, c'était les autorités qui nous hébergeaient, ici ce sont les chefs de villages. Nous trouvons donc refuge dans la cour de la maison de Tiendo Gaye, appelé « le vieux » par les habitants d'ici. Très sympathique et parlant bien français nous nous sentons plus à l'aise que la veille, et les nombreux enfants, de son dernier mariage ou de sa descendance nous amusent bien. Mais la journée était dure, il nous faut nous reposer pour celle de demain…
Fanch : Nous nous enfonçons progressivement en terre sénégalaise. Cette piste sableuse n'est pas évidente à négocier mais elle nous permet d'éviter, pour quelques kilomètres encore la national qui relie Saint-Louis à Dakar. Et nous avons tout à y gagner puisqu'en empreintant cette bande de poussière rougeâtre, déserté par les touristes, nous augmentons nos chances de faire de belles rencontres, sans oublier que la nature s'y déploie avec majesté. Parmi les nombreux oiseaux aux couleurs improbables, l'on observe, une espèce de toucan, ou peut-être est-ce des calaos, qui prouvent une fois de plus que nous avançons bel et bien vers le Sud. Dans cette une végétation de plus en plus riche, quelques silhouettes d'énormes rois baobabs nous honorent de leurs présences.
Les villages sont nombreux dans cette régions qui longe le fleuve et nous y faisons régulièrement de courtes haltes. A chacune d'entre elle, nous récoltons une horde de mômes aussi curieux que souriant. C'est impressionnant, comme si notre visite était prévu, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tout les gamins du patelin nous encerclent en gigotant dans tout les sens, surexcités par la venu des ces deux toubabs et deux leurs vaisseau à roulette. Nous n’échappons que rarement au traditionnel « toubab cadeaux » mais personnellement je commence à m'y faire et tente de détourner la ritournelle en sortant de mes poches un trésor invisible que je distribue par la suite à la petite foule qui se prête bien souvent au jeu. Je reste aussi stupéfait par la jeunesse de la population, depuis Saint Louis jusqu'ici, je constate une population constituée à 80% (peut être?) de moins de 25 ans et j'ai l'impression d'évoluer dans un bigbang démographique (dès que nous aurons accès à internet, j'irais par curiosité jeter un oeil à la courbe de croissance démographique du Sénégal).
Ce soir, nous sommes dans la cours intérieur de la modeste propriété de Tiendo Gaye, le chef du village de Fapal près de Louga et qui dans son extrême bonté nous offre l’hospitalité pour la nuit…
Jour 209 - Mekhe
Vendredi 26 avril 2013 - 70 kms - Post n° 209
Fanch : Et hop, on file tout droit sur « l'autoroute » de Dakar, plus de pistes sableuses, nous enchaînerons probablement nos 180 dernières bornes africaines sur un goudron bien lisse. Et oui, nous ne sommes pas encore arrivés à Dakar que l’Afrique me manque déjà, autrement dit, je prend tellement mon pied ici que j'aurais aimé descendre plus profond en Afrique Noir. Ce sera pour une prochaine fois. Enfin bref…
11 heure, alors que le soleil prend de l'assurance et que nous glissons sur un asphalte tout neuf, j'aperçois à quelques mètres devant moi, mon cher compagnon de route sur le bas coté appareil photo en main. Silence, ça tourne. La scène pourrait être interdite au moins de douze ans tant la nature peut parfois se montrer sans scrupules. Mais au diable les scrupules, nous parlons ici d'amateurs de charognes et ce n'est pas de leur bon vouloir que l'évolution a omit de leur fournir un appareil digestif digne de ce nom. Nous assistons au festin orgiesque de dizaines de vautours incontestablement gourmands réunis autour d'un cadavre d’âne en décomposition. Ils se plument en sifflant pour enfoncer en premiers leurs longs cous dans une chaire putréfiée, le spectacle morbide me fascine jusqu'à ce qu'un berger pour une raison qui m'est inconnu, passe par là dans l'unique but de mettre fin à la grande bouffe. Nous attendons un retour à l'action pour une nouvelle captation mais en vain.
La route continue donc, c'est une routine qui ne lasse pas. Les bornes sont accompagnée pas les sourire et les rires wolof, par les bouilles hallucinées des mômes et par les « toubab cadeaux ». Nous sommes de nouveau invité à dormir dans la cours d'un chef de village. Une routine singulière… Exceptionnelle!
Barth : Enfin une bonne nuit de sommeil ! Nous faisons nos adieux à Tiendo Gaye et filons sur le goudron tout lisse de la route de Dakar. Les baobabs sont de plus en plus nombreux, tout comme les chèvres qui risquent leur peau en traversant la route au nez des camions. Ici, la vie et la mort se côtoient de près, chaque kilomètre est marqué par le cadavre d'une vache ou d'un âne, sac d'os enrobé de cuir craquelant. Le cadavre un peu plus frais d'un ânon est le prétexte d'une réunion de vautours qui nous inspire un nouveau haïku. À côté de ça, le nombre incroyable d'enfants et les femmes toujours sublimement toilettées et habillées même pour les travaux des champs, incarnent la vitalité de ce pays. Il faut dire qu'après 3500 kms de désert dans la culture touareg, où les femmes sont soit invisibles, soit cachées, le contraste est de taille ! Sans rapport direct, nous avons même vu des cochons à l'entrée d'un des villages…
Après une bonne trentaine de bornes, nous faisons halte pour nous restaurer un peu… Seulement nous sommes vendredi, et comme à chaque fois on se fait avoir, toutes les boutiques sont fermées. Mais bon, il y a toujours moyen de dénicher un bout de pain et un café touba ! La pause se prolonge un peu le temps que le soleil baisse, entourés de quelques enfants. Encore une fois, au moment de partir, il faut faire preuve de patience et de pédagogie pour faire comprendre que nous ne sommes pas des distributeurs automatiques…
Les kilomètres continuent de s’enchaîner au milieu des baobabs avec une pause tous les dix kilomètres, à chaque village en fait. Toujours, les « Toubab » fusent, souvent suivis d'un « Nagadef » plus engageant, et une fois les présentations faites la discussion s'engage sur les raisons de notre voyage particulièrement avec les ados qui parlent le mieux français… Avec soixante-dix kilomètres dans les pattes, il est tant de trouver refuge pour la nuit. La formule est la même que les jours précédents et nous voilà confortablement installés à la belle étoile dans la cours de Cheikh. À 35 ans, ce père de trois bambins et commerçant de céréales est le responsable d'un petit village installé au pied d'un immense baobab. Nous avons le plaisir de nous doucher avant d'avaler un rapide dîner et de filer au lit sous la pleine lune…
Jour 210 - Station essence, Tivaouane
Samedi 27 avril 2013 - 75 kms - Post n° 210
Barth : Pour la première fois depuis bien longtemps, nous nous réveillons humides. Pas la rosée mais plutôt une sorte de brouillard tropical qui a arrosé toutes nos affaires. Le soleil et le vent matinaux ont vite fait de tout sécher et nous pouvons repartir. Il fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que nous nous éloignons de l'océan. En arrivant à Thiès vers midi, impossible de poursuivre, il nous faut trouver un abri à l'ombre. Un restaurant avec wifi fera l'affaire pour reprendre des forces, se rafraîchir et poster in-extremis les haikus des derniers jours publiés. Thiès est une ville moyenne, très commerçante en apparence, mais malgré le trafic intense, ce qui me frappe en premier lieu c'est la taille et le nombre de arbres qui bordent les avenues. Pour peu on se croirait au jardin des plantes à Paris, avec la crasse et les moteurs en plus… Et ici les aigles remplacent les pigeons, de grand aigles royaux ou milans qui planent à quelques mètres à peine des passants.
Vers 16 heures, la température permet de reprendre la route. Déjà le paysage change, de plus en plus industriel, et la circulation qui se fait sur trois voies commence à être oppressante. Le pneu d'un minibus chargé d'une vingtaine de personnes plus les deux portiers accrochés aux portes arrières, éclate en pleine montée, heureusement sans accident. Toutes les protections des marabouts accrochées ou peintes sur les véhicules ne suffisent pas toujours à assurer un voyage sans problème.. Peut-être même que cette tradition donne des ailes aux chauffeurs les plus casses-cou et augmente ainsi le risque d'accident. Mais nos vélos son toujours respectés ici, écraser un toubab doit coûter cher !
Juste avant la nuit, nous arrivons à Diamniadio, une petite ville pleine d'usines. Pas question de trouver le chef du village, nous ne sommes plus en brousse… Après avoir tenté notre chance à la gendarmerie où deux agents se renvois les responsabilités, nous sommes dirigés vers l'hôtel de ville où nous pouvons passer la nuit dans un des bureaux ! Après un bon poulet frites bien relevé, il est temps de dormir enfin. Avec la chaleur, l’appétit est un peu perturbé et il n'est pas toujours facile de manger autant que l'on devrait au risque de gros coups de fatigue, mais les plats pimentés qui se font de plus en plus courants, devraient régler ce souci !
Fanch : Je me laisse de plus en plus absorber par le voyage. J'en oublie parfois que je suis justement en train de voyager… Comment dire cela autrement? Peut-être que je m'habitue à voir ce décors en permanent changement, peut être que je m'habitue à ne plus avoir d'habitude. En y réfléchissant un peu, je m'aperçois comme il serait aisé de se perdre dans ce mode de vie, si seulement nous n'avions pas Geocyclab. Paradoxalement, Le « travail » comme j'aime le nommer ainsi me permet de profiter de chacun des instants qui composent cette vie nomade. Je ne me rend compte qu'à présent que cette rigueur que nous nous sommes imposés dès le départ et qui fut dans un premier temps difficile gérer nous maintient la tête hors de l'errance qui nous guette à chaque instant et dans laquelle il serait très simple de se perdre.
Je reviens donc sur une veille frustration que j'ai largement alimenté durant nos premières centaines de kilomètres et qui aujourd'hui tend à disparaître. Frustration qui découlait d'une impression de ne pas profiter continuellement de l'instant présent, de passer plus de temps sur les machines qu'à communiquer avec l'humain et la nature, l'impression de m'imposer un fardeau alors que nous pourrions tout simplement boire du pulco dans un hamac en répétant à longueur de journée « il fait trop chaud pour travailler, il fait trop chaud pour travailler » Enfin, je ne doute plus de ce que nous sommes en train de faire, je refuse d'avoir des scrupules, que ce soient parce que nous passons 3 jours devant l'écran de l'ordinateur au lieu de parcourir la ville ou bien l'inverse, prendre du bon temps alors que nous avons 3 montages vidéo à réaliser et 30 mails à écrire.
Et pour conclure ce deux cent dixième petit billet, faire du vélo pour faire du vélo, je laisse ce délire au sportifs.
Jour 211 - Salon de thé, HLM Case
Dimanche 28 avril 2013 - 40 kms - Post n° 211
Fanch : Il ne nous reste que 35 kilomètres avant le point final de notre itinéraire africain, 35 bornes durant lesquelles mes pensée s'active. Même si nous avons prévu un séjour de trois semaine dans la capital sénégalaise, je ne peux ignorer que nous venons de faire nos adieu à l'Afrique rurale pour pénétrer presque radicalement, dans l’Afrique urbaine. La satisfaction d'en être arrivé là est réel mais à cette sensation s'ajoute un petit goût de trop peu quand à notre « exploration » de l'Afrique Subsaharienne. Et oui, forcément, il reste tant à parcourir de ce continent, adieu villages de brousse et piste de sable mais rassurez vous car je ne peux pas croire que je ne repasserai pas par ici! Enfin bref, finissons en avec ces pensés nostalgiques qui perturbent ma concentration, ce n'est vraiment pas le moment.
Une entrée en ville… en vélo couché. Bon, finalement, c'est un peu toujours la même chose. Il faut forcément être attentif à ne pas se faire shooter, bien garder son sang froid tout en aillant un œil sur le GPS pour aller droit au but. C'est simple, mais il est déconseillé, voir impossible de focaliser son regard sur autre que chose que la route. Par chance nous rencontrons le jeune qui ce rend Seydou Diagne qui lui aussi se rend dans le centre de Dakar en vélo et qui nous propose de le suivre sur la futur autoroute à péage dont les finitions sont en cours. La route fraîchement goudronné surplombe la ville de quelques mètres qui nous suffisent pour prendre conscience de l'étendu de Dakar. Et puis nous arrivons finalement au point de rencontre.
23h45, je suis à l'aéroport de Dakar, les chauffeurs de taxis nous sautent à la gorge et surenchérissent d'argument bidons pour justifier leurs tarif bidons. J’essaie de ne pas perdre de temps pour pour guider Mr et Mme Dodeur hors de porter de ces véritables rapiats. Je trouve un taxis honnête, les porte se ferment, on s'isole de l’extérieur, ouf! Je peux enfin saluer mes parents qui arrivent tout juste de France pour nous rendre une petite visite de 10 jours, ça fait fortement plaisir !
On s'installent tranquillement dans un appartement prêté pour l'occasion et à ce moment là, en ouvrant une de leurs valises, mes parents s'aperçoivent qu'elle à été pillée. Les voleurs ont laissé le fromage, c'est déjà pas mal mais se sont emparés de la tablette tactile dont je commence à avoir sérieusement besoin (j'ai vendu l'autre à Nouakchott qui ne correspondait pas à mes attentes). C'est fou de se dire qu'en presque sept mois sur ce « même trajet », rien ne nous à été volé. Il est déjà tard et nous sommes tous fatigué, on reparlera de cette affaire demain.
Barth : Beaucoup de moustiques dans l'hôtel de ville, et quelques anciens avec qui faire causette au moment de décoller. Et c'est reparti, pour les trente-cinq derniers kilomètres sur le continent africain, et avant la reprise au Mexique dans un mois… Nous sommes en zone urbaine tout le long, l'océan apparaît enfin sur la gauche !
Après une pause hamburger pimenté dans une station service, Seydou, un jeune à vélo, nous emboîte le pas et nous fait passer par l'autoroute pas encore ouverte sur une dizaine de kilomètres. Arrivée royale sur Dakar donc, sur une piste cyclable de trente mètres de large au goudron tout neuf ! La future autoroute domine un peu les constructions et nous surplombons de nombreux terrains de foot en terre battue, très fréquentés par les enfants le dimanche. Finalement, nous arrivons dans le quartier Cambéréne où nous allons loger dans l'appartement prêter par des amis des parents de Fanch qui arrivent ce soir vers minuit. Du coup, en attendant repos, boulot ! Nous établissons notre camp dans une boutique « la brioche dorée » qui en plus d'offrir une connexion wifi présente un large choix de glaces maison. Mis à part le son insupportable de la TV, c'est le bureau idéal pour travailler et synchroniser le site !
Au fur et à mesure que les heures passent, le salon de thé se transforme en bar de nuit, grosse musique pop et tenue de soirée exigée ! De plus en plus de monde et de moins en moins de débit sur internet, la synchronisation est partie remise. Je continue tout de même à travailler un peu, pendant que Fanch attrape un taxi pour réceptionner ses parents à l'aéroport. Vers une heure du matin, nous voici donc enfin dans l'appartement avec les parents de Fanch aussi fatigués que nous par le long voyage en avion. La mauvaise nouvelle, c'est que la nouvelle tablette que Fanch avait commandé a disparu du sac de sa maman… La bonne, les voleurs n'ont pas touché au fromage ! Mais il est temps de dormir, on discutera demain…
Jour 212 - Case-Ba, Dakar
Lundi 29 avril 2013 - 0 kms - Post n° 212
Barth : Nuit un peu courte mais néanmoins réparatrice. Je suis le dernier debout vers 9h et rejoins Fanch, ses parents, et la soeur d'Abdou, le propriétaire, qui a passé la nuit ici pour guider un peu les locataires. Après un rapide petit déjeuner, je file au cyber pour finaliser la synchro du site. La connexion de la Brioche dorée ne fait vraiment pas l'affaire…
Pour les plus avertis, la synchronisation du site consiste à :
- S'assurer que les futurs articles sont complets et bien mis en page sur notre serveur local
- Uploader toutes les nouvelles images sur le serveur en ligne, et éventuellement les vidéos sur la plateforme Viméo (c'est souvent l'étape la plus longue)
- Ensuite une petite manipulation permet de comparer la base de donnée du site local avec celle du site en ligne afin de récupérer les nouveaux commentaires (seules données modifiées directement en ligne par d'autres personnes que nous)
- Pour finir, il n'y a plus qu'à écraser la nouvelle base de donnée sur le serveur en ligne et vérifier que tout soit bien en ordre.
Avec une bonne connexion, sans vidéo à charger, l'opération peut prendre un quart d'heure. Avec une connexion légère… Une demie journée..! Cette fois je m'en sors en une grosse heure avec un haiku mis en ligne, honnête !
Retour à l'appart où un Thiebou Dien m'attend, avec un morceau de conté et de roquefort en dessert ! Puis, après-midi sieste, lessive, planning… Le programme s'annonce chargé à Dakar entre différents rendez-vous avec des associations locales pour présenter notre projet et réaliser une installation, le montage des nombreuses images accumulées depuis Nouakchott, la réalisation d'un nouveau check-point, l'organisation de notre traversée de l'océan… Il s'agit de ne rien oublier !
Fanch : le jour ce lève sur Dakar, dans une brume sonore qui elle ne se lèvera jamais. Le petit déjeuner avalé, j'accompagne mes parents au marché du quartier pour une insertion directe dans la vie et les coutumes locales. Les voilà dépaysés comme il se doit ce qu'entre nous je comprends tout à fait étant donné cette multitude de stimulis sensoriels d'une subtilité toute relative. Les odeur de poissons séchés semblent les incommoder légèrement, héhé. Je m'amuse en les observant évoluer dans le dédale d’étals puis aprécis grandement écouter leurs premières impressions, comme si à travers leurs regards je prenais d'avantage conscience du monde dans lequel j’évolue aujourd'hui. Je me rends compte à quel point les kilomètres avalés si lentement nous ont préparé, Barth et moi, à appréhender un univers dans lequel nos repères sont sans cesse chamboulés. Il est judicieux de noter que le Dakar que nous découvrons en ce moment semble être le paroxysme de la cité africaine telle que nous la connaissions auparavant, un extrême, avec des enchantements et des désagréments prononcés.
Je parle du lieu ou nous sommes comme si nous étions dans le centre, ce n'est ici qu'une petite parcelle de l'imposante banlieue de Dakar mais les mouvements et l'ambiance qu'on y trouve jour et nuit sont certainement les présages d'une capitale animée.
Pour la première fois depuis fort longtemps, mais seulement après avoir fait la liste, avec Barth, de ce qui nous attends ici, je m'autorise une petite sieste. Dehors l'agitation est à son comble et le brouhaha persistant guide mon sommeil au cœur d'étranges contrées.
Jour 213 - Institut Français, Dakar
Mardi 30 avril 2013 - 0 kms - Post n° 213
Fanch : Je pars en ballade avec mes parents laissant une fois de plus Barth se débattre avec les heures de rush vidéo qu'il va falloir monter en prévision d'un prochain gros Checkpoint. J'ai quelques scrupules à l'abandonner, d'un coté j'aimerais profiter au maximum de ces petits moments familiaux et de l'autre je ne sais comment m'y prendre pour l'aider de façon efficace.
Enfin, nous partons en taxi jusqu'au centre ville de la capitale sénégalaise. J'abandonne papa et maman à leurs sorts avant de les retrouver une heure plus tard à l'Institut Français, c'est le temps qu'il me faut pour trouver l'agence d'une compagnie aérienne et y négocier une ristourne pour notre vol transatlantique. Et oui, l'option bateau-stop semble, si vous me permettez le jeu de mot… Tombée à l'eau! Nous avons trop traîné, la saison des traversées touche à sa fin et nous craignons de perdre une énergie considérable à chercher une embarcation pour le Mexique. Cette déception s'efface avec à la projection de Geocyclab sur un autre continent. Quoi qu'il en soit, le réceptionniste avec qui je cause ne ce soucie guère de tout cela et m'annonce comme je m'y attendais qu'il faut lui remettre un dossier de demande de partenariat qu'il enverra au siège de la société à Lisbonne. Dès lors, peut-être bien que notre demande sera examinée. Mon interlocuteur termine sa phrase par un Inch'Allah bien marqué ce qui réduit mes espoirs à néant. Oui enfin, c'est que nous aimerions partir dans une vingtaine de jours… Un coup dans l'eau.
Le centre de Dakar comme l'annonçait ses banlieues animées est une fourmilière grouillante ou trop de stimulis chatouillent mes capteurs sensoriels pour que je puisse appréhender correctement mon environnement. Comme si je traversais les rues saturées dans un état de conscience altérée, mes sens sont à l'affût mais mon champ de vision se focalise sur ce qui vient vers moi et ce qui s'éloigne de moi. Impossible de prendre du recul. J'ai l'impression que mon esprit se focalise sur les mouvements de proximité afin d'éviter de ne pas se faire engloutir par une la marée urbaine (je pense ne pas exagérer en employant ce terme).
À notre retour à Cambérène, notre QG, je n'ai pas de souvenirs précis du paysage urbain, de l'architecture ou de l'agencement des rues et autres axes de circulations. Dakar est une ville de mouvement, un flux continu qui même en ralentissant quelque peu entre 2 et 4 heures du matin, ne s'arrête jamais.
Barth : Fanch et ses parents sont partis dans le centre pour prendre des renseignements, trouver une nouvelle tablette pour Fanch, et tenter de négocier nos billets d'avion pour le Mexique dans une agence. Je reste à l'appartement pour commencer le montage des vidéos. une première étape un peu fastidieuse où il s'agit de trier, d'organiser les différents plans, de synchroniser le son avec les images, tout ce qu'il faut pour pouvoir ensuite « monter » à proprement parler, trouver une narration et un rythme…
Journée studieuse donc. Dans la soirée, nous décidons de commander les billets d'avions sur internet sans attendre pour ne pas laisser passer les tarifs les plus intéressants. C'est un peu la panique car nos comptes bancaires ne sont pas assez provisionnés, mais finalement grâce au dépannage de mon père, la commande est validée. Nous décollerons donc de Dakar le 21 mai pour arriver à Mexico le lendemain après une escale à Bruxelles et une autre à Washington ! La logique des tarifications aériennes me laisse perplexe… Reste à s'assurer que nos vélos pourront bien être embarqués, sans supplément ! Dans la foulée nous avons aussi commandé un disque dur à l'adresse de Fanch (celui de Rennes qui avait sauvé notre ordi à Iznajar), afin qu'il puisse nous ré-installer un système sain, équivalent au notre. Deux bonnes choses de faites donc, à rayer de la longue liste de pense-bête.
Jour 214 - Chez Momo, Dakar
Mercredi 1 mai 2013 - 0 kms - Post n° 214
Barth : Pas grand chose de passionnant à raconter aujourd'hui, une journée de montage vidéo entrecoupée de quelques aller-retours au cyber pour envoyer des mails…
Le quartier où nous sommes n'est absolument pas touristique. Autant dire qu'en quelques jours à peine, nous sommes connus comme les loups blancs ! A chaque sortie au cyber, ou pour des courses, des « François » ou « Barthélemy » arrivent à nos oreilles, parfois depuis le trottoir d'en face ! Difficile de faire 20 mètres sans engager une discussion, serrer quelques mains…
Ce qui saute au yeux ici, après plusieurs mois passés au Maroc et en Mauritanie, c'est la présence affichée des femmes. Habillées de tenues aux couleurs vives, traditionnelles ou modernes, toujours soigneusement coiffées, elles affichent une présence visuelle par leur fierté et sonore par leur incapacité à parler sans hurler qui les rendent difficilement contournables. les hommes aussi sont fiers et et affichent une assurance dans leurs démarches ou dans leurs tenues. On reconnait facilement les amateurs de lutte sénégalaise, souvent bien bâtis et qui se déplacent d'un pas à la fois lourd et dansant. Toute cette chorégraphie incessante est assez fascinante à observer, les enjeux de pouvoir entre sexes ou entre milieu sociaux semblent beaucoup s'exprimer par le jeu des apparences qui frise souvent la comédie burlesque. La beauté et la séduction est l'arme des femmes, l'argent et la frime celle des hommes, et l'équilibre est ainsi maintenu.
Fanch : Nous autres occidentaux avons l'habitude d'entendre l'histoire du mec qui porte plainte contre son voisin dont le coq s'use les cordes vocales, chaque matin, à l'heure ou les doux rayons du soleil viennent enluminer son plumage de frimeur. Cette histoire qui auparavant me faisait déjà bien rire (bien qu'elle soit réellement triste) se révèle mille fois plus absurde après avoir goûter au saveurs du bruit africain.
Le silence et le bruit sont des notions toutes relatives, j'en prend d'avantage conscience ici. J'ai l'impression qu'en Afrique quelqu'un de silencieux est soit mort soit en train prier.
Je parlais hier d'un flux de mouvement circulant continuellement, aujourd'hui je rajoute que ce mouvement est plus que jamais accompagné d'une symphonie urbaine éclatante de décibels.
Tout les volumes sont poussés à leurs maximums, celui du poste radio et des télévisions en particulier, il faut parler fort, rire fort, gueuler plus fort que celui qui te gueule dessus. En bagnole, si le fusible du klaxonne est hors d'usage, mieux vaut-il s'abstenir de prendre la route. Les veilles mécaniques s'emballent et sonnent, ronflent, grincent, claquent toujours plus fort. Au son de la rue se superpose régulièrement la voix des Muezzins qui avec leurs complaintes appellent au recueillement et à l'introspection, entreprise qui malgré la remarquable fidélité du peuple ne parvient pas à amener le calme. Parfois la musique prend part au paysage sonore, elle accompagne généralement les rites marketing qui sillonnent la ville avec leurs caravanes mobiles. C'est une véritable guerre de son, une surenchère permanente… Et pour toujours.
Jour 215 - Kër Thiossane, Dakar
Jeudi 2 mai 2013 - 0 kms - Post n° 215
Fanch : Nous avons RDV à Kër Thiossane, résidence artistique et lieu de création collaborative Dakarois, pour organiser la future petite présentation de Geocyclab. Je m'y rends seul, mes parents sont partis en ballade et Barth est resté bosser sur les différents montages vidéos.
L'accueil y est chaleureux, très rapidement je rencontre Marion, principale responsable du lieu qui entre deux explications des actions de Kër Thiossane m'invite à faire le tour du propriétaire.
En deux mot, Kër Thiossane est un espace de création collaboratif, de réflexion et d'échange autour des questions du partage des connaissances, du savoir et de tout ce qui touche l'art et la Culture du libre. Je vous invite bien sur et comme d'habitude à visiter leur site internet pour en savoir plus.
Puis j'ai le privilège de participer à une petite réunion à laquelle plusieurs acteurs du lieu sont présents. Chacun se présente à tour de rôle en précisant ses spécialités techniques ou professionnelles. C'est eux précisément que nous sommes venus rencontrer ! Formateur-sculpteur-recycleur, forgeron, menuisier métallique, informaticien, acteur culturel de la région, spécialiste en systèmes autonomes embarqués, électricien, ils ont tous en commun une envie de croiser leurs compétences au service de l'évolution des technologies et des initiatives libres en Afrique. Ils sont nombreux aujourd'hui, J’espère les revoir samedi et que l'on aura l'occasion de se revoir pour en savoir un peu plus sur ce qui les ont poussé dans cette direction.
On aura l'occasion de parler de Kër Thiossane plus tard, je vous laisse, j'ai à préparer la ratatouille Berbère!
Barth : Journée montage toujours… Avec une pause le midi pour aller déjeuner avec Fanch chez Momo, un petit restaurateur super sympa qui nous apprend qu'il est artiste peintre à ses heures perdues ! Un double talent, car on se régale chez lui ! Les parents de Fanch sont partis en excursions au lac rose, guidés par Aziz, un des agents de sécurité de notre « brioche dorée » avec qui nous avons bien sympathisé. L'après-midi, je reste concentré sur les vidéos pendant que Fanch part rencontrer l'équipe de Kër Thiossane, une association chez qui nous allons présenter Geocyclab samedi prochain.
En fin de journée, nous avons rendez-vous avec Fanch (celui de Rennes), notre sauveur d'ordinateur qui doit prendre le contrôle de notre machine afin de sauvegarder tous les réglages en vue d'une remise à zéro du système. Je m'y colle, laissant Fanch profiter de la présence de ses parents. Comme les fois précédentes, toit fonctionne bien, en prenant le temps qu'il faut ! Merci encore Fanch pour ta disponibilité et ton efficacité ! Les données seront chez toi dès que les parents de Fanch seront rentrés et tu vas bientôt recevoir un disque dur tout neuf pour nous installer le système de nos rêves… C'est promis, en rentrant on te paie une bière, et une grande !!!
Jour 216 - Île de Gorée
Vendredi 3 mai 2013 - 0 kms - Post n° 216
Barth : Journée repos aujourd'hui, avec au menu une petite excursion sur l'île de Gorée, à 15 min en bateau en face du port de Dakar. Ce bout de caillou volcanique était le premier port construit avant même la ville de Dakar, et est devenu tristement célèbre pour avoir été un des postes du commerce triangulaire de traite des nègres. En débarquant sur l'île, on fait un petit saut dans le temps, un peu comme à Saint-Louis où les vestiges d'architecture coloniale rendent palpables l'histoire de ce pays par ailleurs souvent noyé dans la modernité. De grands bâtiments aux arches romanes, peints de couleurs vives. De vieux arbres, baobabs et autres, qui ont sans doute connu cette sombre époque de l'esclavage…
Mais le saut dans le temps est vite rattrapé par la réalité contemporaine. Partout, les marchands de souvenirs ont envahis la place. Sans être vraiment agressifs, leur nombre et la répétition lassante de leurs accostage rendent le séjour sur l'île un peu pénible. J'en aurai vexé plus d'un en refusant de les suivre jusqu'à leur boutique pour « voir ce qu'ils font », en tentant de leur faire comprendre que je préfère rester dehors à regarder ce qui se passe là. Mis à part cette petite ombre au tableau, ce fut une bonne journée, en plein air et sur un site naturel tout de même impressionnant. La présence de milans, de pélicans nous aura permis de faire un peu abstraction. Sur le bateau du retour, une classe entière de gamins dakarois me prend pour un photomaton en me demandant de les prendre en photo un par un. Je ne me fais pas prier ceci dit, pour une fois qu'on me réclame une chose que j'ai souvent du mal à oser demander !
Fanch : Journée off pour Geocyclab. Nous avons programmé une petite excursion sur l'île de Gorée, haut lieu historique et qui plus est… Touristique. Ce petit bout de roche volcanique, à un quart d'heure de bateau de Dakar doit sa réputation au rôle qu'il a jadis joué dans le commerce triangulaire et notamment celui concernant la déportation d'esclaves en direction des Amériques. Triste passé dont aujourd'hui l'architecture classée au patrimoine de l'UNESCO, témoigne encore. Nous visitons d'ailleurs la « maison des esclaves » une bâtisse qui abrite un modeste musée retraçant l'histoire de la traite négrière et qui fut autrefois un lieu transitoire pour plusieurs milliers de déportés.
Le reste de la commune de Gorée baigne dans une nature plutôt radieuse et il pourrait être agréable de s'y balader si seulement la machine touristique ne l'avait pas colonisé à son tour. En effet, il est impossible d'éviter les « artisans », guides, restaurateurs, vendeurs de colliers de coquillages, de masques et de statuettes. Je sais très bien qu'ils bossent, mais c'est sans arrêt qu'il viennent, dans un premier temps te chanter des louanges à coup de flatterie pour que tu craques pour un bracelet vert jaune rouge, quand ça ne prend pas, ils passent la seconde vitesse et argumentent pour jouer avec ton sentiment de culpabilité. Et généralement si tu as l'audace de refuser, ils te dévisagent, dégoûtés, avant de partir la tête basse en traînant des pieds. Une fois, deux fois, dix fois même ça va, mais à la trentième ou quarantième fois, je fatigue et commence à devenir agressif. Merde, je suis en train de devenir con, arggn non ! Il est tant de quitter rapidement cette île et tout le monde semble d'accord.
C'est regrettable mais je fini par penser que le jeu n'en valait pas la chandelle que ce site chargé d'histoire forte n'est rien de plus qu'un marché de pacotille qui parasite toute réflexion ou recueillement qui pourtant devrait être de circonstance.
On avais besoin de ce vider la tête, c'est foiré… La mienne est prête à exploser.
Jour 217 - Kër Thiossane, Dakar
Samedi 4 mai 2013 - 15 kms - Post n° 217
Fanch : Direction Kër Thiossane pour y présenter, nos vélos, nos aventures et surtout, les raisons qui nous ont poussé à prendre le chemin du Libre.
En arrivant sur le lieu, Cyberconte est là (ça faisait longtemps) et discute avec Marion, principale actrice de Kër Thiossane, elles nous accueillent toutes deux avec un large sourire de bienvenue. Le temps de discuter un peu, de s'installer et on ouvre le bal avec une vidéo-projection d'un de nos Checkpoints, histoire de plonger le public timide dans l'univers de Geocyclab. C'est chose faite, nous continuons avec la présentation de nos différents axes de recherche.
La mayonnaise prend, la discussion aussi et nous écoutons une bonne heure les points de vue de nos interlocuteurs au sujet des pratiques du système D et du Do It Yourself (terme mis à la mode par les bidouilleurs du vingt et unième siècle) et sur le lien qui, particulièrement en Afrique, relie ces deux approches de la débrouille. Le débat est disparate mais je décèle facilement un engouement collectif à l'égard de ces philosophies, ce qui m'enchante il faut bien l'avouer… C'est que nous sommes face à un public de connaisseurs, conquis d'avance puisqu'il a répondu présent à l'appel de Kër Thiossane avec qui Geocyclab joue sur le même terrain.
Peu importe, nous rencontrons ici une poignée d'individus qui ne se contentent pas de réfléchir mais agissent pour un monde de partage. C'est beau ! Oui, certainement! Mais l'affaire n'est pas classée car il semble y avoir beaucoup de boulot pour éveiller les consciences de la population africaine dont le principal souhait pour le moment se résume à augmenter son pouvoir d'achat. Kër Thiossane a planté une graine dans son jardin qui est en train de germer. Mais la pousse est encore fragile et il va falloir du temps pour que les branches l'Open-baobab génère suffisamment d'ombre pour que tout le monde s'y précipite afin de rechercher le « bien-être ensemble ».
L'espoir fait vivre, en tout cas, il fait avancer… Et ça ce voit !
La suite au prochain épisode…
Barth : Les montages avancent bien, j'ai pu travailler un peu ce matin. Le tri des images du prochain chek-point est à peu près terminé, nous allons pouvoir faire le tournage prochainement. Après un sandwiche/wifi à la brioche dorée en guise de déjeuner, il est temps de nous rendre à Kër Thiossane pour présenter Geocyclab. Nous y allons à vélo, sans sacoche, afin de satisfaire la curiosité de notre public passionné !
Sept kilomètres à vélo à travers Dakar, c'est une sacrée aventure ! Le GPS n'aura pas suffit, et grâce à l'aide d'un motard qui tenait autant à nous escorter qu'à nous embarquer dans une randonnée moto, nous arrivons pile à l'heure à Ker Thiossane. Marion est là, en train de prendre le café avec Camille qui vient d'arriver à Dakar deux jours avant. Le lieu est vraiment chouette ! Une grande maison, avec une cour décorée de mosaïques et de fresques. Le rez-de-chaussée est consacré aux activités de l'association tandis que l'étage abrite Marion, son mari François et leurs deux enfants. Le temps de nous remettre de nos émotions, de faire un peu connaissance et d'attendre le public et nous voilà en scène. Il y avait longtemps que nous ne nous étions pas prêtés au jeu de la présentation de Geocyclab via vidéo-projecteur. Mais cette fois nous avons des choses à montrer. Un check-point, quelques haïkus, et un tour de la galerie des objets libres nous évitent de longs discours et très vite la conversation démarre avec les quelques personnes présentes. La question du système D et de l'économie locale semble importante au Sénégal, particulièrement à Dakar où une classe aisée émergente s'engouffre aveuglément dans le cycle infernal de la sur-consommation…
Le soleil est déjà bien bas, pas question de refaire la route de nuit, nous ne tardons donc pas trop. Mais nous sommes bienvenues à Kër Thiossane pour travailler, rencontrer du monde, faire un portrait de ce lieu que je n'ai fait que survoler pour le moment, et certainement pour réaliser une installation la semaine prochaine. Merci beaucoup pour votre accueil chaleureux Marion et François ! Le retour en vélo est encore plus sportif dans une circulation plus dense qu'à l'aller. Mais le mode de conduite sénégalais commence à me faire moins peur, et nous collons aux basques d'un cycliste sportif qui nous ouvre la voie à grande vitesse…
Jour 218 - Case-Ba, Dakar
Dimanche 5 mai 2013 - 0 kms - Post n° 218
Barth : Après une matinée de boulot, nous filons avec Fanch à l'aéroport pour nous renseigner sur les contraintes d'embarquement de nos vélos. Apparemment pas de problème mais le type de l'embarquement nous tout de même conseillé de passer à l'agence en ville pour signaler la présence de nos vélos et tenter de négocier une ristourne sur le supplément. Affaire à suivre donc…
Ensuite, direction la maison où loge Camille, un bon plan refilé par Richard à Saint-Louis et sur lequel nous comptons pour la suite du séjour, quand les parents de Fanch seront partis… L'occasion aussi de redonner à Camille les rushs vidéos tournés ensemble les semaines passées car son disque dur n'a pas survécu à une double chute. Le quartier est très calme, la maison immense, et la cour ombragée par un immense manguier. Camille est bien là, richard et Marjorie également ! Nous buvons un thé armés de nos ordinateurs le temps d'échanger fichiers et contacts. Richard connait pas mal de monde au Mexique ! A priori, nous devrions pouvoir loger ici sans trop de problème, à confirmer par téléphone mardi prochain.
De retour à Cambérène, soirée studieuse, pour changer…
Fanch : On cause Open source ce soir.
La présence de mes parents est bien évidemment l'occasion de discuter de ce que nous sommes en train de réaliser mais aussi de la façon dont nous retranscrivons nos péripéties, nos émotions et nos recherches sur la culture du libre.
En considérant leurs remarques sur ce dernier sujet je remarque que beaucoup de notions relatives au libre restent encore confuses, obscures et la manière dont j'en parle paraît encore trop hermétique. J'ai envie de dire que c'est normal, que tout va bien se passer et qu'il ne faut pas s'inquiéter si tout n'est pas translucide au premier coup d'oeil. Moi non plus je ne comprends pas tout de ce mouvement relativement nouveau dont les bases se cristallisent mais dont les aspects peuvent prendre une multitude de formes.
Alors, c'est quoi le Libre et l'Open Source et Pure Data? Wouah les questions! Comment résumer… (Pure Data c'est un logiciel de création sonore, entre autre dont je ne parlerai pas aujourd'hui risque de passer une nuit blanche…)
Alors, le Libre c'est la traduction choisie par la communauté francophone du mot Open (ouvert en anglais), pour vulgariser, c'est un état d'esprit fondé sur le partage et l'entraide. C'est pas nouveau comme concept, tout le monde (enfin j’espère) a déjà entendu parler de solidarité, et bien le Libre c'est un peu la même chose. Mais depuis l'arrivée des nouvelles technologies et surtout du web, on a vu apparaître une adaptation de la solidarité spécifique aux mondes numériques, du logiciel et de l'internet. Alors le terme « Libre » en ce sens englobe la solidarité que l'on connait depuis des lustres (même s'il n'est plus aussi pratiqué qu'avant l'ère de l'individu) couplé à cette sorte de copie numérique de l'entraide que l'on nomme bien souvent open source.
Exemple:
Solidarité
Je veux construire un cabanon dans mon jardin et mon voisin aussi. Je suis maçon et lui couvreur. Au lieu de tout faire chacun de notre côté, de faire des conneries et de perdre une énergie considérable, on décide de faire les choses à deux, c'est plus simple. En le regardant faire j'apprends même à poser les ardoises correctement, du coup on gagne pas mal de temps et ça passe plus vite quand on peut discuter avec quelqu'un.
Transposition dans le monde virtuel:
Mon voisin (qui pour le coup peut vivre à l'autre bout du monde) a conçu un logiciel de comptabilité. Etant justement comptable, je découvre qu'il y manque une fonctionnalité importante pour mener à bien mon travail. Les sources du logiciel étant ouvertes (open source) je peux suggérer à mon voisin de l'autre bout du monde ou à un autre voisin programmeur de modifier le logiciel pour y ajouter l'option manquante. Et ainsi de suite…
Troisième exemple, à mis chemin entre la solidarité et sa transposition virtuelle… Le covoiturage. J'ai une super caisse toute neuve avec 5 places dedans. Je roule 80 bornes par jour pour aller au boulot. C'est cool, je suis content je peux travailler mais je dépense un quart de mon salaire en gazole… Sur un mois, c'est une semaine de taf en moins, merde ! Mon voisin m'a causé d'un site de covoiturage, je suis allé voir et aprés m'être inscrit, et j'y ai rencontré deux mec qui faisait exactement les même trajets quotidiens. Du coup maintenant on divise les frais en trois et c'est comme si je ne travaillais plus qu'un jour par mois pour payer mon gazole, sans parler du côté écolo…
C'est du partage et du bon sens, voilà tout.
Jour 219 - Case-Ba, Dakar
Lundi 6 mai 2013 - 0 kms - Post n° 219
Fanch : Deux-cent dix-neuvième jour déjà et c'est le soir que je m'aperçois à quel point les journées filent à toute allure. Quand je me brosse les dents et que je me vois refaire le même geste qu'au matin en ayant l'impression qu'une seule heure s'est écoulée depuis mon réveil. Les journées sont trop courtes, quand nous ne sommes pas chez nous, autrement dit, en l'absence de repères, tout action demande d'avantage de temps et du même coup consomme plus d'énergie. Il faut savoir accepter qu'il n'est que trop rarement possible d'exécuter l'intégralité du programme que nous nous étions fixés.
Aujourd'hui, c'est tournage. Il nous faut dégoter un lieu calme, abrité du vent et relativement isolé du passage pour tourner notre cinquième checkpoint dans les meilleurs conditions. Nous pensons rapidement à Kër Thiossane qui d'après ce que nous y avons vu correspond tout à fait à nos attentes. Une heure pour s'y rendre, une heure pour tourner le checkpoint, une heure pour papoter et discuter de la suite des évènements avec Marion et une heure pour rentrer, la nuit tombe et c'est déjà l'heure de dîner…
Une fois le ventre plein, c'est l'heure d'écrire, de rédiger le carnet de bord, un autre texte par ici, un autre par là. Barth de son côté ne compte plus les heures passées devant l'écran, il y a du montage en pagaille ces temps ci. La semaine prochaine, je suis sensé prendre le relais car une installations sonore se profile dans les locaux de Kër Thiossane.
Barth : Les montages sont bientôt finis, mais il reste encore le checkpoint à tourner cet après-midi. Je profite du début de journée pour finaliser au maximum les dernières vidéos d'objets libres avant de filer avec Fanch à Kër Thiossane où nous serons au calme pour tourner le check-point 005 à propos de la Mauritanie.
Le tournage se passe plutôt bien sur le toit de la maison abrité du vent par une palissade, même si on avait un peu perdu l'habitude de l'exercice depuis le temps. Cette visite à Kër Thiossane est aussi l'occasion de planifier un peu avec Marion la réalisation d'une installation Arduino la semaine prochaine… L'idée serait de transformer cette réalisation en atelier ouvert à tous, histoire de favoriser les échanges. Un tour à la grande décharge de Dakar est également prévu pour récupérer de quoi bricoler. Les choses s'annoncent bien !!
Mais en attendant, j'ai un nouveau check-point à monter ! Youpi, au boulot ! Ça faisait longtemps..
Jour 220 - Case Ba, Dakar
Mardi 7 mai 2013 - 0 kms - Post n° 220
Barth : Bon ! Le montage des derniers portraits Libres et de notre lâché de bouteilles à Saint-Louis, c'est fait ! Je vais pouvoir me plonger dans le check-point 005, qui reste toujours l'exercice le plus stimulant en la matière… Seulement, aujourd'hui il faut à nouveau synchroniser le site, et peut-être en profiter pour commencer à mettre en ligne les autres vidéos.
Après une nuit studieuse au début, et perturbée par les moustiques sur la fin, je me suis levé tard… Je prends un peu le temps de souffler le matin avant d'aller déguster l'excellent mafé chez Momo avec Fanch et ses parents. Ensuite direction le cyber donc, pour mettre à jour les prochaines publications. L'upload de vidéos n'est pas assez rapide, je ferais ça depuis notre futur nouveau logement, après le retour des parents de Fanch qui décollent vendredi matin…
Il recommence à faire chaud aujourd'hui, et la fatigue me gagne… Je vais essayer de bien me reposer cette nuit pour que la journée de montage de demain soit la dernière de la série, afin de reprendre une vie normale et je l'espère, raconter des choses plus passionnantes dans ce carnet de bord…
Fanch : Mis à part ma première baignade du voyage la journée fut plutôt studieuse. Entre la rédaction de mails et celle des textes qui accompagneront les vidéos sur lesquelles Barth s'acharne depuis plus d'une semaine, je pense ne pas me tromper en affirmant que je n'ai jamais autant écri de ma vie (ça ne change en rien à mes petits problèmes orthographiques mais j'ai décidé de mettre ce complexe de côté). J'ai aussi pris le temps de mettre à jour mon agenda car notre programme de Dakar s'avère riche et varié et ma petite caboche commence à avoir du mal à suivre. Conférences sur le Libre, installation sonore à Kër Thiossane, déménagement (on change de quartier après le départ de mes parents), organisation du vol pour Mexico, rencontre avec Jokkolabs, atelier Open Hardware à l'institut Français… Ça bouge à Dakar, et après le désert numérique du Sahara… Ça va un peu vite et de nouveau il faut choper le rythme. Mais c'est positif et le courant dans lequel nous nageons prouve que nous sommes au bon moment au bon endroit. Vraiment, il y a de quoi s'occuper, cette ville mériterai amplement que l'on s'y attarde 3 années, pas moins!
Jour 221 - Île aux serpents
Mercredi 8 mai 2013 - 0 kms - Post n° 221
Fanch : Dernière ballade en compagnie de mes parents et du fantastique Aziz le vigile que nous avions rencontré le jour notre arrivé à Dakar. J'ai d'ailleurs omis de parler de cet homme fort sympathique avec qui j'ai tout de suite accroché et qui m'a rapidement fait comprendre que nous pouvions compter sur lui. Alors, jeudi dernier, ayant la tête dans le boulot, je lui ai confié mes parents en toute sérénité, leur ballade en trio fut une parfaite réussite et nous avons donc décidé de remettre cela aujourd'hui. Et nous voilà tout les quatre, embarqué sur une pirogues en direction de l'île aux serpents, caillou basaltique situé à trois kilomètres des côtes africaines. Ah! Enfin un lieu au calme ou seul quelques résidus sonores de la citée portés le vent résonnent jusqu'ici. Après Gorée, une petite Île déserte sans touristes et donc sans vendeurs de pacotille… Le calme à l'état pure qui, à un quart d'heure de Dakar et de son nuage d'activité, nous offre le sentiment d'être privilégiés. Ce que nous sommes, c'est certain… J'apprécie tellement ce moment que je vais tenter d'y revenir en compagnie de mon pote Barth en fin de semaine prochaine, avec pour objectif de nous payer 2 jours de vacances.
Au retour, nous grimpons sur l'une des deux collines qui dominent la capitale (surnommé les « Mamelles ») histoire de voir à quoi ressemble Dakar vu de l'extérieur. Le point de vue est imprenable, je visualise mieux la cartographie de la régions et ce panorama m'offre de nouveaux indices pour une meilleure orientation. Puis c'est le retour au QG, mais parents on RDV avec des amis, de mon côté je rejoins Barth dont les cernes s'accentuent jour a près jour pour me remettre au boulot… J'ai une bonne centaine d'objets à classer puis à numéroter, les objets (du jour) qui repartirons avec Monsieur et Madame Dodeur vendredi, en Bretagne, pour finir chez Cindy, ou ils y seront conservés en attendant notre retour.
Barth : Pas de courant au réveil ce matin… Pour une journée boulot ça s'annonce tendu. Fanch et ses parents partent en excursion sur l'île aux serpents, tandis que je me rend à la Brioche dorée où le groupe électrogène tourne à fond pour maintenir au frais les bacs de glaces. J'installe donc mon bureau dans la salle climatisée, bruyante et passante du salon de thé où nous avions trouvé refuge le premier jour. À midi, l’électricité n'est toujours pas revenue. Je fais l'aller-retour chez Momo pour avaler un thiebou dien et retourne résigné dans l'ambiance glaciale de mon bureau de secours…
Heureusement que le marchand de café touba est là pour me maintenir éveillé ! Je parviens grâce à lui à avancer un peu dans le montage. Vers 17 heures, je décide de retourner à l'appart en vue du retour des Dodeur. Je pourrais bosser encore deux heures sur la batterie de l'ordi…
Finalement, vers 18h30, le retour des aventuriers est accompagné de celui de l'électricité ! Enfin ! Je continue de bosser en écoutant d'une oreille le récit de la journée à l'île aux serpents, on y retournera sûrement avec Fanch avant notre départ de Dakar. Ce soir, ses parents sont invités à dîner chez des amis, ce sera pizza à la Brioche dorée pour Fanch et moi. Nous papotons un bon moment avec un des collègues d'Aziz, gardien aussi, qui nous parle de sa vie passée de Baye Fall. Rare sont ceux qui quittent ce mouvement un peu sectaire, et s'il a su garder le meilleur de cette expérience de vie communautaire en marge de la société, notre ami n'en demeure pas moins distant aujourd'hui… Pas le temps de poursuivre la conversation cette fois ci, il y a encore du boulot ce soir si je veux être tranquille demain. Retour à l'appart donc où je me replonge dans le montage tandis que Fanch s'affaire à l'emballage des objets du jour que ses parents ramèneront en France après-demain. Il ne tardent pas à rentrer d'ailleurs, accompagnés d'Elimane le fils de leurs amis qui est réalisateur pour la télévision Africable. Rencontre rapide mais sympathique, à suivre la semaine prochaine certainement, quand nous serons dans le feu de l'action à Kër Thiossane !
Jour 222 - Sacré Coeur III
Jeudi 9 mai 2013 - 0 kms - Post n° 222
Barth : Les parents de Fanch décollent demain aux aurores, nous déménageons donc aujourd'hui à la maison des volontaires que Richard nous avait indiqué. La matinée est donc consacrée au rangement et au tri de nos affaires, en prévision de notre prochain trajet aérien c'est l'occasion de se débarrasser de quelques encombrants. Un coup de ménage dans l'appartement d'Abdou, et c'est déjà l'heure d'aller déjeuner une dernière fois chez Momo, avant de changer de quartier.
Cambérène est un quartier un peu excentré, notre nouvelle résidence se trouve à Sacré Coeur 3, beaucoup plus central et proche de Kër Thiossane où nous allons passer pas mal de temps la semaine prochaine. Vers 16h, nous attelons nos montures et je fais mes adieux à monsieur et madame Dodeur, en m'excusant d'avoir été aussi accaparé par mes montages vidéo.
Le trajet jusqu'à la maison des volontaires se passe bien malgré la chaleur. Ce n'est pas l'heure de pointe et nous arrivons à nous faufiler entre les taxis… Arrivés à Sacré Coeur 3, le changement est de taille, nous sommes dans un des quartiers riches de Dakar et ça se sent, surtout après 10 jours passés dans le quartier populaire de Cambérène. Moins de bruit, de grandes maisons, certaines gardées par des agents de sécurité, nous serons à l'abri ici ! Le temps de prendre possession de notre chambre et Fanch s'en retourne passer la soirée avec ses parents avant de les accompagner à l'aéroport le lendemain.
J'installe donc mes affaires, je lance le chargement de quelques vidéos sur le web et tombe sur Vincent, un ancien volontaire fraîchement débarqué de France pour se marier le lendemain avec une sénégalaise. Le programme de la soirée s'annonce donc festif car Vincent arrose l'évènement à l'auberge en recevant quelques amis et proches. Soirée entre toubabs donc, durant laquelle la perspective de bosser un peu s'amenuise peu à peu.. Je rencontre Lucas qui bosse en coopération à la chambre de commerce de Kaolac. Son boulot consiste à encadrer de nombreuses initiatives locales, souvent issues de systèmes D afin de les rendre viables économiquement. À l'entendre, le boulot ne manque pas tant les sénégalais sont inventifs et entreprenants !
La soirée se termine un peu tard malgré la fatigue qui me gagne, je dormirai une autre fois..
Fanch : L'heure est au déménagement ce qui implique un ménage de printemps dans le logement de Camberen mais aussi un petit de tri des affaires que je n'utiliserais plus durant la suite du voyage et qui retournerons en France dans la valise de mes parents. Ménage donc, puis déménagement, puis aménagement à 7 kms de là dans le quartier Sacrée Cœur III et enfin, retour à la case Camberen pour une dernière soirée en famille. Dernière soirée qui ne dure pas puisque le réveil de demain est programmé à 4h30, heure à laquelle j'accompagnerai mes parents à l'aéroport. Le programme de demain ne s'annonce pas moins mouvementé mais d'avantage extraordinaire. Allez, je ne tarde pas, la nuit va être courte et j'ai plein de petit truc à régler… Bonne nuit à tous!
Jour 223 - Mbebess, décharge de Dakar
Vendredi 10 mai 2013 - 0 kms - Post n° 223
Fanch : Dur… 4h30, je sors du lit et c'est le palais encore engourdit que j'engloutis le reste de salade de fruit mangue/banane que j'avais préparé la veille sans en apprécier sa juste saveur. Petite nuit donc, qui se termine le postérieur sur une banquette de taxi roulant en direction de l'aéroport. C'est l'heure des aux revoir dans l'univers presque stérile de l'aérogare dakarois ou l’acoustique vaporeuse du hall d'embarquement ne fait qu'accentuer cette sensation de sommeil. Enfin bref, c'est lé cœur serré que j'embrasse une dernière fois Monsieur et Madame Dodeur. Papa, Maman, merci d'être venu… Vous avez assuré!
Bon, j'ai un trou dans mon planning, j'en profite pour errer, enregistreur en main dans notre nouveau quartier avant de rejoindre Barth à l'auberge. C'est l'aube, Dakar émerge en douceur de son demi sommeil. Tout les piafs du coins semblent avoir passé la nuit dans l'arbre d'à côté et chantent à tue tête, derrière, les vieux psalmodient à l'unisson les textes sacrés encourageant le soleil levant. Je bois un café touba (café et poivre de guinée) assis sur un banc discutant avec deux inconnu. Il est 6h30 à Dakar, contrairement à ma salade de fruit, je savoure pleinement cet instant.
4 Heures plus tard, Je suis dans une de ces carcasses roulantes un car rapide qui se dirige vers Mbebess en compagnie de Daouda, employé de Ker Thiossane. Mbebess, c'est l'unique décharge de Dakar et de sa banlieue je n'arrive pas vraiment à imaginer ce qui m'attends. Le trajet en soi, malgré sa durée (2 heure) n'a rien de monotone, je découvre Dakar sous un autre angle. Dans la banlieue de la banlieue, la vie ne s'estompe pas, elle semble interminable, infinie.
Enfin nous voici arrivés. Mbebess. Nous empreintons une large allée de terre qui nous mène au cœur de la décharge. Petit à petit je m'étonne devant l'ampleur et l'étendu du lieu. Les talus qui bordent le chemin se couvrent de plus en plus de déchets, jusqu'au moment ou la terre disparaît laissant place à un revêtement croustillant, à chaque pas, verre, métal et plastique craque sous nos semelle. Ponctuellement et de chaque coté du passage, quelques cabanes de taules et de bâches apparaissent. L'odeur irritante de combustion de caoutchouc agresse mes yeux, je m'enroule méticuleusement la tête dans mon turban pour limiter le contacte avec la fumée noir. Dans ce brouillard acide apparaît un bosquet sans vie qui se coiffe d'un feuillage de plastique noir, j'ignore si c'est volontaire ou non, mais le résultat résume à merveille l'atmosphère du lieu… Vision apocalyptique de l'humanité dépassé par sa production de déchets.
Nous sommes maintenant sur le point dominant de ce terre poubelle qui s'étend sur plusieurs hectares. Les camions poubelles vont et viennent exécutant de la sorte un balais sans fin qui dure depuis 60 ans. Leurs destinations finales est le cœur de Mbebess, le carrefours centrale, une vaste place ou une centaine d'hommes de femmes et d'enfant évoluent les pieds dans la merde. Et les camions poubelle n'arrêtent pas leurs manœuvres, quand enfin ils pénètrent sur le champs de bataille et qu'ils déversent leurs marchandise nauséabonde, alors, plusieurs dizaines de personnes accourent pour tenter de dégoter en premier la bonne affaire qui tombe presque du ciel… À tel point que certains sont parfois submergés par les ordures. Ah oui, on est pas à l'île de Gorée, loin du quartier des ambassades ou de la corniche bordé de grands hôtel et de palmiers… C'est sur.
On pourrait penser que Mbebess est le dernier maillon de la chaîne production-consommation… Poubelle, mais derrière ce triste spectacle c'est un monde organisé, un business et une association parfaitement structurée. Tout est récupéré, absolument tout, des familles vivent ici et la décharge est leurs gagne pain. La bouffe pour les bêtes quand elle n'est plus consommable pour l'humain, tel type de plastique va à droite, l'autre à gauche, les boîtes métalliques ici, la taule là bas, les bouteilles en verre sont stockées ici en attendant d'être rachetées par un industriel, l'électronique (c'est ce qui m'intéresse) est mis de côté un peu plus loin et est destiné à répartir de cette morgue d'ici peu, il sera vendu au kilo.
J'éprouve quelques difficultés à me forger un avis au sujet de Mbebess. Le recyclage certes est une bonne chose et je prône pour plusieurs raisons ce type de pratique, mais reste désemparé face aux conditions extrêmes dans lesquelles d'autres vivent et travaillent. A méditer.
Barth : Fanch m'attend sur la terrasse de l'auberge à mon réveil.. Vu mon état de fatigue et les nombreuses choses que je n'ai pas pu faire la veille, je décide de le laisser aller seul à la grande décharge de Dakar pour récupérer du matériel en vue du petit workshop à Ker Thiossane la semaine prochaine. Le site se trouve à une heure et demie de route, je n'ai pas le courage de passer la journée là-bas, et je tiens vraiment à boucler enfin le montage du checkpoint qui n'a que trop duré.
Je reste donc à l'auberge toute la journée, à travailler. Une pause déjeuner en compagnie de Camille, de Lucas et de son pote Axel venu le voir , et c'est reparti. En fin d'après-midi, Fanch arrive au moment ou je lance le calcul final du checkpoint ! Mais pas le temps de souffler, il faut enchaîner, ce soir nous allons assister à une projection de cinéma en plein air organisée par l'association Cinéma Numérique Ambulant. L'évènement se passe dans une petite ruelle à deux pas du port de pêche. L'écran est tendu en travers de la rue, des chaises en plastique sont disposés là et déjà une ribambelle de gamins trépigne d'impatience sur la natte posée au pied de l'ecran. Petit problème, à 20 mètre derrière a lieu la cérémonie d'un baptême… Ce qui veut dire une équipe de griots chargée de faire danser la famille à grand coup de percussions ! Qu'importe, il suffit de monter le son..!
Quelques Buster Keaton pour chauffer l'ambiance et au bout d'une longue attente, la projection du film « Suivre la marée » de Thomas S. Marier démarre enfin, sur fond de percussions endiablées. Il s'agit d'un documentaire sur le quotidien des pêcheurs sénégalais, tourné à bord d'une pirogue pendant une semaine en mer. Le film est formidable, la bande son avait l'air bien aussi mais mes oreilles commencent à siffler après quelques heures d'exposition à un tel vacarme. Les pêcheurs sont présents autour de Thomas le réalisateur, ce qui donne lieu à une petite conférence/débat sur toutes les questions liées à la pêche… Un chouette moment donc mais décidément trop insupportable acoustiquement parlant, ma tête va exploser, il est temps de rentrer au calme et de manger en regardant le checkpoint fraîchement calculé… Et hop, au lit !
Jour 224 - Sacré Coeur III, Dakar
Samedi 11 mai 2013 - 0 kms - Post n° 224
Barth : Le checkpoint charge toujours au réveil, mais ça ne m'empêche pas de préparer sa publication ainsi que celle de toutes les dernières vidéos. Du coup, on a raté l'heure de fermeture de l'agence aérienne où nous devions passer pour signaler le chargement de nos vélos… Le temps d'avaler un déjeuner et nous gagnons l'institut français pour assister à un atelier open-hardware organisé pa Jokolabs. Presque personne à l'heure annoncée, on commence à s'y faire, par contre la surprise de Fanch apprenant qu'il est programmé à l'animation d'un atelier Arduino, ça c'était déjà moins prévisible.. Petit à petit les gens arrivent, Camille prépare la présentation de Cyberconte qui n'aura finalement jamais lieu, une Rep-Rap tourne et je discute avec les membres de Jokolabs et autres bidouilleurs de passage. Parmi eux, Julie, Paul et Claire qui viennent de débarquer de France pour réaliser un projet d'étals mobiles et modulables qui permettront à des femmes sénégalaise d'exercer une activité indépendante dans la rue (vente, artisanat, cuisine…) Un jus d'orange au prix de trois repas, le tournage de quelques images, l'après-midi passe assez vite.
De retour à l'auberge, je me plonge une dernière fois dans l'ordinateur pour synchroniser le site afin d'y publier le checkpoint ! Enfin ! Je vais pouvoir souffler ! Ce soir nous allons à la soirée de clôture du festival « Interférences » avec au menu différentes installations, performances et autres concerts.. Ensuite, s'il nous reste des forces, les lieux où faire la fête ne manqueront pas car ce soir à Dakar on célèbre l'anniversaire de la mort de Bob Marley… Affaire à suivre !
Fanch : Samedi 11… je l'attendais celui là et pour cause, il y a une après midi Open Hardware (traduisez: matériel libre) organisée par Jokkolabs à l'Institut Français. C'est l'occasion pour nous de faire joujou avec quelques machines, de nombreuses découvertes et rencontres se profilent, plein de bonnes raisons pour avoir hâte de nous y rendre.
En arrivant, je me présente au premier mec qui me répond amicalement que je suis attendu pour animer l'atelier arduino… hein quoi? Euh, j'ai loupé une étape je crois… L'organisation à l'Africaine est parfois déroutante. Quoi qu'il en soit et malgré un manque de confiance certain vis à vis de mes capacités de codeur, je prend mon courage à deux mains pour m'asseoir auprès d'Alain, électronicien togolais qui m'attend depuis un moment déjà. Bon, c'est parti. L'avantage avec le matériel Open Hardware c'est qu'il est véritablement bien documenté. Je m'appuis donc les ressources francophones disponibles sur le web pour improviser un plan d'action. Après quelques explications, je propose à Alain l'exercice basique qui consiste à faire clignoter une led, puis on parvient facilement à la faire « respirer ». On enchaîne avec le contrôle d'un servo moteur via un potentiomètre, l'exercice lui aussi est un succès… Ouf, je sauve ma crédibilité… Sur place, je rencontre Paul, un jeune curieux et bidouilleur d'une petite vingtaine d'année et qui vient nous filer un bon coup de main. Il est ici pour travailler sur le projet Libre Ambulantage à Dakar de Claire Dehove et Julie Boillot-Savarin (Julie que j'ai auparavant rencontrée lors d'une expo marseillaise et que je retrouve là!). Presque dans la foulée, j'aperçois un visage familier mais ayant la tête coincé entre deux lignes de code, je n'y prête pas vraiment attention, ce n'est qu'après que je réalise que c'était Armelle Dakouo en compagnie de qui, il y à fort longtemps je dû passer quelques soirée quimperoise. Ahah, le monde se rétréci…
La journée se conclu à la soirée de clôture d' Interferance, festival dont nous n'avions pas profité auparavant pour divers raison. Pour cette dernière, on se bouge d'autant plus qu'une phase de boulot touche à sa fin et qu'avant d'en entamer une autre, une petite sortie nous ferai le plus grand bien. L'espace est remarquablement agencés, tout n'est pas à mon goût mais j'apprécie néanmoins cette soirée et ce malgré une ambiance à la parisienne, fréquenté majoritairement par des blanc bec branchées et des sénégalais qui tentent de leurs ressembler. Enfin Bref, on ne reste pas car nous voudrions goûter à autre chose… Le 11 mai, c'est l'anniversaire de la mort de Bob Marley et au Sénegale, forcement… Ça ce fête. Nous continuons notre soirée dans un centre culturel de je sais plus trop quelle université de quel quartier (4 bières seulement et je perds la mémoire) pour assister à un sound-système rendant hommage à Bob. L'ambiance est tout de suite plus contractée…
Jour 225 - Sacré Coeur III, Dakar
Dimanche 12 mai 2013 - 0 kms - Post n° 225
Fanch : Le jour se lève… pas moi.
Cette journée était programmée sur mon agenda… comme un journée repos, vide, sans rien. Je fais toujours de mon mieux pour respecter mes engagements. Si j'écris trop, je ne les respecterais pas et de toute façon…
Barth : La soirée fut festive ! Couchés vers trois heures du mat après avoir épuisé nos dernières forces dans un sound system reggae en hommage à ce cher Bob, le réveil n'est donc pas très frais… Pour la première fois depuis bien longtemps je ne fais rien aujourd'hui. Il y a une collection de BD à la maison des volontaires qui aura rempli ma journée entre deux siestes. Que c'est bon de ne rien faire !
Un petit évènement tout de même, le magnifique bélier blanc de Madi, le gardien des lieux, est mort ce matin, sans doute empoisonné d'avoir bu de la teinture… Il y a donc un nouveau bélier, tout aussi blanc qui n'arrête pas de bêler pour signifier son immense joie d'être la nouvelle mascotte !
Jour 226 - Kër Thiossane
Lundi 13 mai 2013 - 0 kms - Post n° 226
Barth : Re-déménagement aujourd'hui ! Direction Ker Thiossane pour la fin du séjour, afin d'être présents sur place pour réaliser l'installation que Fanch prévoit de faire. Je le laisse filer de bonne heure pour l'ouverture de l'atelier en prenant le temps de discuter avec Lucas et Axel qui sont aussi sur le départ.
Vers 14h, je débarque donc à Ker Thiossane accompagné de Camille qui vient tenter de récupérer les données de son disque dur avec l'aide des experts qui passent ici. Fanch est déjà bien lancé dans son atelier, et la petite cour de Ker Thiossane est remplie de monde. Claire, Julie et Paul viennent d'arriver aussi, ils décident de s'installer ici aussi le lendemain. Il y a aussi une équipe de tournage venue rendre compte des activités subventionnées par l'Unesco ici. Bref, un tableau varié qui annonce une semaine studieuse et haute en couleurs !
Je parviens à bosser un peu, quelques courriers en retard, relance de contacts que nous pourrions rencontrer avant de quitter Dakar, préparation d'une nouvelle série de cartes de visites qui nous manquent beaucoup depuis que nous sommes à Dakar…
Fanch : Après avoir déménager nos affaires (encore!) dans les locaux de Ker Thiossane, j'entame un atelier de 4 jours autour de Pure Data et d'Arduino. L'objectif étant de créer un instrument de musique expérimentale piloté via une tablette tactile ou un téléphone portable mais aussi de partager mes quelques connaissances en la matière avec bidouilleur et curieux locaux. La forme n'est pas encore définit même si j'ai quelques idées en tête. Ces 4 jours risque d'être mouvementé et je me contenterai d'écrire ici le programme de la journée en décrivant rapidement chaque étapes. Cela risque donc d'être un peu technique pour ceux qui ne s'intéressent pas à l'informatique, alors veuillez me pardonner de ne m'étaler que sur d'autre sujets. Aller, Go!
Atelier Ker Thiossane, jour 1
Lister le matériel disponible. Il s'agit d’étaler sur une table tout le matériel dont je dispose pour avoir un aperçu d'ensemble sur les possibilités logistiques qui s'offrent à nous.
Installer le logiciel Arduino sur l'ordinateur de Ker Thiossane
Télécharger et installer le logiciel Arduino sous linux peut parfois s'avérer délicat (pour moi), mais pas de problèmes à déclarer aujourd'hui.
Télécharger et installer Pure Data sur l'ordinateur de Ker Thiossane. Pas de problème majeur à signaler.
Tester la carte Arduino avec le logiciel Arduino. Le matériel Arduino doit être reconnu par le logiciel Arduino pour pouvoir envoyer et recevoir des données et de cette manière générer des interaction entre le monde numérique et le monde physique. Nous rencontrons là quelques difficultés concernant la reconnaissance du port série de la carte. En nous rencardant sur les forum, ça semble être un problèmes courant, je ne comprends pas ce qu'il se passe mais au final, ça fonctionne.
Tester Pduino. Pduino est un patch (petit programme) Pure Data qui va justement ériger une passerelle de communication entre Pure Data et Le matériel Arduino. Tout ce passe comme prévu, à mon grand étonnement.
Tester les vibreurs de téléphones. Il s'agit ici d'extraire les vibreurs des 20 téléphones portable récupérés à la décharge Mbebess et de vérifier s'il sony encore en état de fonctionnement. Quelques essais ont été effectué.
Tester OSCtouch. OSCtouch est une application qui permet de communiquer avec Pure Data (dans mon cas) à partir d'un téléphone ou d'une tablette Android, d'un Ipod, Iphone… Via le WIFI et Le protocole OSC (Open Sound Control). Cette action nécessite un mise en réseaux des machines, chose que je ne maîtrise pas, surtout avec linux, mais l'action est plus simple qu'il n'y paraît et je peux rapidement contrôler Pure Data.
Jour 227 - Kër Thiossane
Mardi 14 mai 2013 - 0 kms - Post n° 227
Fanch : Atelier Ker Thiossane, Jour 2
Nettoyer et adapter le patch Pure Data. Le rôle de ce patch consiste à récupérer les informations émise par la tablette tactile pour les envoyer vers Arduino. Nous sommes maintenant en mesure de faire tourner un ou plusieurs moteur plus ou moins vite à partir de la tablette tactile. Et ça fonctionne nickel.
Trouver du cable, beaucoup de cable. Fournit par Ker Thiossane, impec.
Comment générer son avec un vibreur. Testes effectués avec plusieurs matériaux et instruments. Les harmoniques que génère le vibreur sur la peau d'une percu sont intéressantes. Étant donné la place ces instruments dans la culture et la traditions sénégalaise, choisir de les détourner peut aisément avoir du sens. L'idée est rapidement validée, on opte donc pour 12 percussions et 12 vibreurs. On avance bien.
BONUS. Je connecte via OSC ma tablette au synthétiseur Pure Data que j'ai patché à Nouakchott, pour faire joujou (notamment avec l'accéléromètre).
Connections de deux arduino à Pure Data. L'objectif de cette action est multiplier par deux le nombre de sorties. Un Arduino, comporte 13 sorties dont 6 permettent de moduler la tension, c'est à dire que ces dernières permettent de contrôler l'intensité de vibration des vibreurs de téléphones.
Bonne journée.
Barth : Bon, ce matin je me débarrasse de quelques corvées. Passer à l'agence Brussels Airlines, à la poste, à la banque, envoyer des mails administratifs, et commander un tampon encreur qui remplacera nos cartes de visites ! À midi, tout ça est fait ! Ouf.. Je vais pouvoir passer à autre chose, capter des images de l'installation que Fanch prépare, essayer d'interviewer quelques personnes ici… Et puis prendre le temps de donner des nouvelles en France.
L'ambiance à Kër Thiossane est assez familiale. Nous ne voyons pas beaucoup Marion qui croule sous le boulot en ce moment, mais François son mari, est aux petits soins avec nous. Kër Thiossane est sa maison d'enfance, et après avoir passé trente ans à travailler en France, on sent que ses racines sont là et qu'il est heureux de les retrouver avec sa petite famille. Il s'est aménagé un petit studio où il répète avec son groupe de musique pour le plus grand plaisir de Fanch, mais malheureusement, le décès d'un de ses proches amis dans le quartier, a un peu refroidi l’humeur festive des derniers jours. Il y a aussi Herman qui bosse ici, un dynamique et sympathique développeur informatique en charge de tout ce qui touche au multimédia. Angie est stagiaire en tant que chargée de communication tout en suivant en parallèle des études de photographie. Et pour finir, Daouda, l'intendant, qui trouve une solution à tous les problème à un moindre coup avec un flegme incroyable.
Une sacrée équipe donc, dans des locaux très agréables également, toutes les conditions sont réunies pour créer, produire, inventer sans contrainte. L'incroyable trio de WOS, Claire, Julie et Paul, avec qui nous partageons l'espace de travail et de vie, contribue beaucoup à l'ambiance des lieux !
Jour 228 - Kër Thiossane
Mercredi 15 mai 2013 - 0 kms - Post n° 228
Barth : Après une faute d'orthographe hier (geocyclap au lieu de geocyclab..), je réceptionne ce matin notre tampon « Geocyclab » qui va nous permettre de donner nos coordonnées à toutes nos rencontres sans limite aucune !
En raison du décès qui endeuille le quartier depuis hier, Fanch vient d'apprendre qu'il fera son installation demain et non pas vendredi, dans le local d'une association de cours de percussions d'un centre culturel. Il part donc visiter les lieux pour savoir à quoi s'attendre.
Pendant ce temps, à Kër Thiossane débarque Patrick, que nous avions contacté par mail à notre arrivée à Dakar. Gabonais d'origine, il a rejoint Dakar le bac en poche en 2005 sans but plus précis que d'élargir l'éventail des formations possibles. Après un BTS d'électronicien, il s'embarque dans des études de génie informatique qui le conduisent de fil en aiguilles à découvrir le monde du Libre et de la création. Loin du Gabon où d'après lui c'est tout juste si les gens savent ce qu'est internet et un ordinateur, il fait aujourd'hui partie de Dakarlug, une communauté d'utilisateurs de Linux (à l'image de nos chers amis de Linux Quimper), s'intéresse beaucoup aux activités de Joeri au Bentalabs de Saint-Louis, et bosse comme développeur freelance dans une agence de Dakar. Une belle rencontre et un nouveau contact dans le réseau de l'informatique Libre africain !
Pour finir la journée, je passe un peu de temps à dérusher les dernières images tournées, en vue de notre dernier checkpoint africain et pour faire un portrait de Kër Thiossane. Les choses s'enchaînent donc, sans beaucoup de pause, mais je commence vraiment à me sentir investi par mon rôle de vidéaste au sein de Geocyclab…
Fanch : Atelier Ker Thiossan, Jour 3.
Terminer la soudure des vibreurs. 18 vibreurs sont soudés, en réalité nous n'en avons besoin que de 12, mais je préfère être prévoyant.
BONUS 2
Question: Comment utiliser ce procédé sonore (vibreur + objet résonnant) de façon autonome et portative pour effectuer des micros installations partout ou vous le désirez. Réponse: Vous le verrez plus tard.
Trouver les 12 percussions.
Trouver un lieu de restitution. Ces deux problèmes sont réglé d'une pierre deux coups, nous nous installerons à l'espace culturel Blaise Sengor, dans un local ou sont stockées plusieurs percussions. Le local est petit et vraiment encombré, question scenographie ça va être compliqué de réaliser quelque chose de prope mais au moins, c'est du « in stitut ».
Spagetti bolognaise.
Jour 229 - Espace Blaise Sengor
Jeudi 16 mai 2013 - 0 kms - Post n° 229
Fanch : Jour 4 de l'atelier, restitution.
Rendez vous à l'espace Blaise Sengor à 10 heures. Hadim, le responsable des cours de percussions est à l'heure.
Installations du dispositif
Cabler sur mesure des 12 vibreurs et les connecter à Arduino. Créer un réseau local (échec), connecter les appareil au réseau WIFI déjà existant, testes, ok.
12H Tournage de l'installation avec Barth et Camille. C'est galère, peu de lumière et l'environnement est bruyant.
14H ouverture au public. Public timide mais conquis.
16H, remballage expresse.
Apéro mérité. Je suis un peu le seul boire un coup mais peu importe…
Barth : Fanch décolle tôt ce matin pour rejoindre le centre culturel Blaise Senghor afin d'y préparer l'installation. Je prends le temps d'envoyer quelques mails afin de prévenir nos contacts locaux que l'installation a lieu l'après-midi même et je le rejoins accompagné de Camille.
Le centre culturel est immense mais le local où Fanch est en train de bricoler est minuscule. Une quinzaine de djembés sont disposés dans la pièce, reliés au contrôleur Arduino par un entrelacs de fils électriques. Chaque peau de djembé est subtilement percutée par un vibreur de téléphone portable, le tout contrôlé directement par Fanch par le biais d'une tablette tactile. Tout a l'air de fonctionner. Nous prenons le temps de faire une captation vidéo en règle avant l'ouverture au public, puis je file avec Camille en quête de sandwiches dans le quartier, ce qui nous prendra une bonne heure… Pas beaucoup de visiteurs en dehors de toute l'équipe de Kër Thiossane et comme nous devons rendre les djembés pour 16h30, l'après-midi se termine très vite…
De retour à Kër Thiossane, Fanch décompresse un peu, je prend le temps de bosser sur le site internet d'un copain ( que j'aurais du finir avant notre départ de France !..), puis nous passons la soirée à nous pencher sur la problématique de l'équipe de WOS, consistant à trouver une solution pour faire de l'ombre sans prendre le vent sur les étals mobiles qu'ils sont en train de réaliser. Fanch me montre aussi les dernières évolutions de son synthétiseur PureData, à présent contrôlable à distance avec sa tablette. Quand nous aurons reçu les transduceurs audio qui nous permettrons de diffuser du son n'importe et n'importe quand, l'atelier mobile de Geocyclab va se faire entendre !!!
Jour 230 - Kër Thiossane
Vendredi 17 mai 2013 - 0 kms - Post n° 230
Barth : J'ai du mal à réaliser que nous sommes si près du départ vers le Mexique. Un mélange de hâte devant toutes les découvertes à venir, de regret de n'avoir pas le temps de pousser plus loin notre aventure africaine, et de trac à propos de la grande et fatigante traversée qui nous attend. Après cinq mois passés sur le sol africain, je m'y sens attaché et je m'étonne de cette sensation que j'ai d'être à nouveau en train de quitter quelque chose, une culture en l’occurrence, et la francophonie que nous ne reverrons pas de sitôt…
Toujours est il que pour le moment il reste du temps pour profiter du Sénégal, faire encore des images sur Kër Thiossane, et organiser le départ. Beaucoup de passage aujourd'hui, le réalisateur de l'Unesco part ce soir pour les états-unis et il tourne donc les dernières interviews en urgence. Nous allons faire de même demain plus au calme, en réalisant le portrait des principaux personnages qui animent la vie de Kër Thiossane…
Fanch : Bon, je pensais me reposer mais ces 4 derniers jours, j'ai pris trop de retard dans les tâches qu'habituellement j'effectue quotidiennement. Carnet de bord à rédiger, relevés GPS, dérushage audio, mise à jour du document de maintenance de l'ordinateur que l'on partage avec nos amis Linuxien Fanch et Piero (qui assurent grave au passage), j'écrire quelques mails, on commence aussi à sérieusement penser à notre hébergement à Mexico… C'est beaucoup de petites choses qui prennent du temps et qui demandent de la concentration, le repos, c'est pour dimanche. Ceci étant dit, les conditions dans lesquelles nous travaillons depuis le début de la semaine sont confortable et l'ambiance général de Ker Thiossane, à la fois dynamique et studieuse se révèle être véritablement stimulante. À cela s'ajoute que ce lieu est un RDV pour pas mal d'artistes de musiciens et d'acteur du libres… J'y ai d'ailleurs croisé Guillemette, encore une connaissance que je revois par hasard, à 5000 bornes de chez moi… C'est fou.
Enfin, je sens aussi que Geocyclab se porte de mieux en mieux, que les étapes s'organisent plus sereinement, que les frustration disparaissent, que les recherches suivent leurs chemin. Dakar est pour nous le point final de l'Afrique mais ce que nous y avons trouvé, couplé à La perspective de la découverte d'un nouveau continent motive considérablement les troupes…
Jour 231 - Kër Thiossane
Samedi 18 mai 2013 - 0 kms - Post n° 231
Fanch : Bon, j'ai écris tout un paragraphe pour aujourd'hui que je ne retrouve pas. Je garde mon calme mais au fond de moi… Ça m'énerve! Comme si je n'avais que cela à faire d’écrire deux fois la même chose. Après avoir perdu le son de l'interview de François, je pomme aussi le texte que je devais coller ici! Argnn…
J'y racontais entre autre que je m'étais encore plonger dans Pure Data, pour quelques essais de patchs audio et interactifs et pour documenter celui qui fut utilisé lors de l'atelier de Kër Thiossane. Il sera publier quelque part sur ce site… Quand il sera fin prêt vous pourrez bien sûr l'utiliser, le détourner, le transformer pour le repartager, ou pas. Quoiqu'il en soit il sera disponible.
Et puis nous avions réservés l'après midi au interviews des principale membre de la maison Kër Thiossane. Les uns après les autres, ils passent à la casserole et toujours avec le sourire s'il vous plait. Vous pourrez en juger prochainement dans la galerie des Objets Libres. Désolé mais je n'ai pas le courage d'écrire d'avantage ce soir, c'est comme ça, j'aimerai promettre que mes étourderies cesseront prochainement mais ça fait plus de 28 ans que ça dure… Je perds espoir.
Barth : La journée commence par l'interview d'Angie, dans le feu de l'action de son ordinateur. On enchaîne ensuite sur Marion qui est un peu plus disponible aujourd'hui après la semaine de boulot. Après déjeuner, c'est au tour de Fançois de passer à la casserole, deux fois de suite car le dérushage audio ne se passe pas comme prévu… Il nous parle un peu plus précisément de cette maison dans laquelle il a grandi et où les changements de la modernité s’accommodent de la tradition et de l'histoire du lieu…
Il faut aussi commencer à organiser notre arrivée à Mexico. L'avion est censé atterrir vers 21h30 et comme nos vélos seront démontés, il nous faut soit trouver un logement dans les environs proches pour ne pas traverser la ville de nuit à vélo, soit trouver un moyen de transport capable d'embarquer tout notre matériel jusque chez un couch-surfeur. L'appel à bon plan posté la veille sur Facebook a été formidablement relayé et nous avons quelques pistes déjà ! À confirmer avant le départ si possible…
Ce soir c'est restaurant, avec le trio de Wos et Angie. Direction une enseigne cap-verdienne où nous attendons une bonne heure de nous faire servir quelques brochettes et frites au son endiablé des dernières bouses en matière de clips TV. Mais bon, un peu de viande dans le ventre apaise, on va pouvoir aller se coucher sereinement…
Jour 232 - Ngore
Dimanche 19 mai 2013 - 0 kms - Post n° 232
Barth : Journée détente. Après avoir fait nos adieux à Marion qui décolle le soir même pour une semaine à Berlin, nous embarquons à six dans un taxi pour l'embarcadère de N'gor. Le trio de WOS, Angie qui nous guide dans cette escapade sur l'île de Ngor, Fanch et moi-même… Une fois affublés de vieux gilets de sauvetage, nous montons à bord de la pirogue qui nous conduit à quelques centaines de mètres en face, sur l'île. Nous allons directement poser nos affaires dans la maison d'un ami d'Angie, et pendant que tout le monde file à la plage, je reste au calme avec Fanch pour tourner notre dernier checkpoint africain.
Le reste de la journée se déroule entre trempette dans une eau pas si chaude que ça, déjeuner, sieste, promenade photographique… Un vrai dimanche dans une station balnéaire en somme ! De retour sur le continent avec une des dernières pirogues, à la nuit tombante, nous prenons le temps de boire une bière avant de rentrer à Kër Thiossane. L'occasion de discuter un peu plus posément de nos projets respectifs et d'évoquer quelques idées pour la suite, particulièrement avec Claire qui n'est pas tombée de la dernière pluie en matière de projets artistiques. Cette cohabitation avec le « Libre ambulantage à Dakar » est enrichissante pour notre aventure et nous permet de prendre un peu de recul à quelques jours du changement de chapitre…
Fanch : Le jour J est arrivée, détente au menu et pour tout le monde s'il vous plaît! Plage, baignade, bonne bouffe, soleil, sieste et replage sur l'île de Ngore. On fait une toute petite entorse à notre régime de feignant en tournant le 6ème Checkpoint, au calme, sur une terrasse à deux pas de la côte. Pour le coup, nous sommes tellement détendu que notre concentration s'en trouve perturbée. Geocyclab est au côté de WOS, agence des hypothèses (qui travaillent sur le projet Libre Ambulantage à Dakar). Et c'est avec plaisirs que nous profitons ensemble du temps qui passe en regardant les ombres des cocotiers se déplacer sur le sable.
Un petit tour de l'île, puis deux, c'est minuscule mais séduisant et ce malgré la popularité du lieu. Touristes et locaux mélangent mais chacun vaque à ses affaires ce qui nous permet d'ailleurs de voler quelques images et un peu de son, de quoi sortir des eaux un nouveau Haiku.
Jour 233 - Liberté II, Dakar
Lundi 20 mai 2013 - 0 kms - Post n° 233
Fanch : Ça sent la fin… Le bout d'un voyage, le commencement d'un autre. Mais l'heure est au préparatifs, à commencer par le démontage du vélo au son des rires de Claire et de Julie (pour qui le fait d'êtres studieuses n'empêche pas la déconnade). Le démontage, ouais, c'est vite dit mais ça prend du temps et j'avoue ne pas savoir exactement comment m'y prendre. Je fonce, clés allènes en main mais après mûre réflexion et considérant que je me suis un peu enflammé j'en remonte un bout… Il faut dire que le règlement de la compagnie aérienne reste flou concernant le transport des vélos en soute et il est difficile de savoir à l'avance si la présente configuration du vélo sera ou non acceptée… C'est chiant, presque stressant mais on est obligé de se plier au exigence du fret aérien.
L'exercice est entrecoupé de pauses musique, seul ou avec d'autres musiciens (avec le groupe de François, avec un bassiste jazzy et enfin, avec Barth qui ce soir nous fait l'honneur de sortir sa guimbarde) et comme à chaque fois, je prend un réel plaisir à partager quelques notes. Jouer, c'est sortir de l'espace temps, c'est un voyage que personnellement je considère aussi spirituel que nécessaire. Étant donné notre mode de déplacement, la flûte traversière s'est imposée comme une alternative presque parfaite au saxophone, moins encombrante, les bases de jeu restent sensiblement similaires. J'espère secrètement croiser une saxo sur notre route, néanmoins je ressens de plus en plus de plaisir à souffler « à l'horizontale » et jour après jour je découvre l'énorme potentiel expressif de cet instrument magique.
C'est donc en musique que nous passons notre dernière soirée à Ker Thiossane. Camille est là, Claire, Julie, Paul, Angela aussi. Cette semaine passé ensemble a tisser entre nous quelque chose dont je n'ai pas encore saisi la nature mais ce qui est sûr c'est que d'une façon ou d'une autre il y aura une suite, on se retrouvera ici ou ailleurs. Aller merde, j'arrête, on ne part que demain.
Barth : Le départ est pour demain, il y a beaucoup de choses à faire aujourd'hui. Le démontage des vélos prend une bonne partie de la journée, entre lessive et tri des affaires. Je trouve aussi le temps de monter le haïku tourné la veille, et de relancer quelques contacts à Mexico en vue de notre arrivée.
En fin d'après-midi, nous interviewons le trio de WOS pour l'intégrer à la présentation de Kër Thiossane, et dans la foulée nous tirons le portrait de Camille avant d'inverser les rôles. Il était temps, après six mois de croisements et de retrouvailles, de capter une trace un peu formelle du Cyberconte.
Ce soir, François nous a dégoté des thons frais qu'Angie prépare en friture. Un délicieux dîner pour ce dernier soir sur le sol africain, qui se termine en musique… Julie nous a préparé une petite pochette surprise avec entre autres, un flacon de son huile essentielle de menthe poivrée, de fantastiques post-its translucides et une brosse à dent africaine chacun ! Ça sent le départ, notre sédentarisation passagère à Dakar fut pleine de rencontres fortes, d'amitiés simples et spontanées auxquelles il nous faut déjà dire au-revoir…
Jour 234 - Aéroport Dakar Yoff
Mardi 21 mai 2013 - 0 kms - Post n° 234
Barth : Premier objectif de la journée, trouver des cartons pour emballer nos vélos. Daouda nous conduit dans un marché proche où il négocie sans peine quelques cartons pour nous… Il fait très chaud aujourd'hui, une chaleur qui donne envie de faire la sieste à l'ombre. Mais ce n'est pas vraiment le moment…
Entre paquets cadeaux et emballages d'oeuvre d'art, l'opération de protection de nos vélos se déroule sans encombre. Il reste un peu de temps pour finir les bagages et déjeuner avec tout le monde. Vers 14h, nous apprenons que la camionnette du gars qui devait nous emmener à l'aéroport est en panne. L'enregistrement des bagages commence à 15h et avec nos vélos, on nous a conseillé d'y aller tôt… Pas de panique ! Après réflexion, François décide d'aller demander au préfet, le voisin d'en face, s'il peut nous prêter son pick-up. Je le suis donc pour aller rendre visite à notre potentiel sauveur. Un petit moment de doute quand notre préfet nous invite à nous asseoir, mais finalement la discussion est brêve et nous avons à notre disposition un pick-up avec chauffeur pour foncer à l'aéroport.
Après cette longue matinée d'attente, les adieux sont un peu expéditifs. Herman, Daouda, Angie, François, encore merci pour votre accueil et votre gentillesse. Nous reviendrons à Kër Thiossane un jour pour une résidence artistique ou simplement pour le plaisir de vous revoir tous ! Paul, Claire et Julie, profitez bien de votre séjour dakarois et que le Libre ambulantage se déroule comme il a commencé, dans l'énergie bouillonnante de votre trio de choc ! Et enfin, Camille, nos routes se séparent cette fois ci pour de bon, tu resteras notre rencontre récurrente du continent africain. Que la suite de ta route soit toujours aussi riche de rencontres et de découvertes qui nourrissent le Cyberconte !
Le Pick-Up fonce sur la quatre-voie avec une musique traditionnelle sénégalaise dans l'autoradio… J'ai le coeur serré de voir défiler pour la dernière fois le paysage de béton de la capitale sénégalaise, de faire une dernière fois l'expérience de la gentillesse et de la simplicité que nous avons croisé tout au long de notre route… Je voudrais pouvoir dire au-revoir à toutes ces rencontres, furtives et régulières, au vendeurs de cafés touba, aux taxi-mans délurés, aux marchandes de beignets, à toutes ces personnes qui nous ont fait nous sentir chez nous sur ce continent… Mais déjà c'est l'aéroport, porte ouverte sur un monde parallèle que nous avons quitté il y a déjà huit mois.
L'enregistrement des bagages se fait rapidement, pas trop de monde à cette heure. Il nous faudra nous alléger de 300 euros supplémentaires pour le transport de nos vélos tout de même, la demande de sponsoring n'a rien donné. En attendant l'embarquement qui a lieu vers 20h, j'avance un peu sur le montage du checkpoint… Après avoir craqué nos derniers CFAs dans quelques gourmandises duty free, nous voilà dans l'avion, direction Bruxelles pour notre premier transit de six heures. Sur l'écran vidéo présentant la position de l'avion sur fond de carte satellite, je vois défiler Nouakchott, Guelmim, Rabat… Étrange sensation de rembobiner les huit derniers mois en seulement quelques heures…
Fanch : L'heure du départ à sonné. Les sacoches sont prêtes, les vélos démontés et proprement encartonnés, ils attendent le fourgon censé nous mener à l'aéroport Dakarois. Or, pas de camionnette, pas de chauffeur non plus… Elle serait en panne. Peu importe, comme ici tout est possible, une solution s'improvise et le pickup du préfet nous attends devant le portail de Ker Thiossane. Incroyable. C'est le temps des adieux… Il sont plus dur que d'habitude, accolades et embrassades se succèdent. Cyberconte, WOS Agence des hypothèse et l'équipe de Ker Thiossane, ils sont tous là, sur le pas de la porte et j'ai le cœur gros de les voir disparaître…
Le marathon commence ici, à l’aéroport Dakar Yoff. Le programme des heures à venir est méticuleusement établit. Départ de Dakar à 21h, 6H à Bruxelles, décollage de Washington à 17H30 pour Mexico City. C'est fantastique… Oui, enfin non, c'est surtout très flippant de devoirs faire ce détour pour joindre le Mexique, de se voir remonter en quelques heures ce que nous avons traversé en plus de 200 jours, de fréquenter l'univers aseptisé et hyper surveillé des aéroports après avoir foulé les sols poussiéreux africains. Le changement de décors est radicale, la téléportation évidente.
Nous quittons l'Afrique avec un gout de trop peu en bouche, particulièrement en ce qui concerne l'Afrique Sub-saharienne que nous n'avons que trop peu exploré et qui s'est néanmoins montrée généreuse avec nous. Le continent africain est en pleine croissance économique, en pleine mutation numérique, l'éducation des jeunes et l'accès à la culture semble un lot de questions de plus en plus présent au sein des conscience. L'Europe régresse et s'essouffle, l'Afrique grandit, je vous le donne en mille, bientôt l'immigration s'inversera. Et qui sait, à force de voir l'occident ramer dans un courant qu'aujourd'hui elle ne méprise plus, peut être prendrais-je part à cette migration, juste pour observer de plus près le monde bouger.
Je pose un petit bémol néanmoins au sujet l'enseignement coranique qui selon moi, bride et radicalise les pensées. Je rappelle que bien souvent le texte sacré est appris par cœur au détriment d'une étude ou d'une analyse critique et cela s'apparente d'avantage à un bourrage de crâne ou une propagande religieuse qu'à une réflexion théologique ou de nature spirituelle. Et avec un peu de recule, je me permet de dire que ça ne colle pas. Non! La confrontation des écris saint et de la société du vingt et unième siècle génère énormément de contradictions qui frisent parfois le ridicule, celles ci n'étant la plupart du temps pas assumées, elles sont cachées et on peut facilement parler de bigoteries islamiques.
Mais tout ceci n'est rien en comparaison avec l'ouverture du peuple sénégalais. La teranga, la terre d'accueille n'est pas un mythe. Mille merci à vous, sénégalaise, sénégalais pour votre simplicité, pour votre curiosité. Levez vous, soyez fier d'être un peuple grandissant, gardez votre culture comme un trésor, gueulez haut et fort qui vous êtes et ne vous laissez pas marcher sur les pied. Qui suis je pour vous donner ces conseils… Certainement rien de plus qu'un homme qui vous admire.
Jour 235 - Aéroport de Bruxelles
Mercredi 22 mai 2013 - 0 kms - Post n° 235
Fanch : Bruxelles, il est 5 heure, peut être 6 heure, ou 4, je ne sais plus. Comme à chaque fois que l'on voyage de nuit, les neurones qui manquent de repos ont quelques difficultés à s'entre connecter, à cela s'ajoute le décalage horaire et même s'il n'est pas énorme, il suffit largement à déformer le temps et je n'arrive pas à suivre. Enfin, en ce début de transit, le manque de sommeil est évident et nos facultés intellectuelles sont réduites à leur fonctionnement minimum.
Nous ne tardons pas à apprendre que la suite des évènements va se compliquer sérieusement. En effet, le service d'immigration américain, déjà sur ses gardes à Bruxelles nous refuse le droit de transiter sur son territoire. La raison? Nous n'avons pas de billets de retour. Merde, on reste deux heures à Washington avant de répartir vers Mexico, ça devrait suffire non? Et bien pas question, il nous faut un retour vers l'Europe pour prétendre accéder à notre destination final. Merde, merde et remerde, c'est quoi cette histoire, on ne sort même pas de l'aéroport! Les dés sont jetés, il n'y a rien à faire mise à part se concentrer pour que toutes les énergies du monde converge sur le gars du service d'immigration à qui nous avons à faire pour qu'il trouve une solution… Et rapidement. Il s'agite, passe plusieurs coups de fil à ses supérieurs et finit par négocier directement avec le bureau de l'immigration de Washington pour qu'il accepte de nous laisser passer. À cette heure, mes espoirs sont réduis en miettes, je pense déjà à contacter un ami de Bruxelles pour trouver de quoi nous héberger dans la capitale Belge. C'est vraiment trop con… On a fait 5000 bornes pour se retrouver coincer ici, c'est pas con, c'est déprimant…
Ha, je crois que j'ai eu tort de douter. Peut avant la fermeture des portes, voilà que notre homme nous annonce la bonne nouvelle. L'immigration de Washington vient d'accepter notre transit sur son sol! Il ne nous reste plus qu'à speeder pour remplir sur le web, le formulaire ESTA, un questionnaire absurde qui validera notre passeport au yeux de Big Brother. Nous passons la porte du vol UA 1566 Y in extremis… Ouf
Le reste du voyages se prolonge tout en somnolence, sans problème majeurs alors que nous nous attendions à quelques compilations supplémentaires lors de notre escale à Washington. Pas de complications mais un retard non négligeable de 2 heures ce qui entraînera petit moment de panique à Mexico quelques heures plus tard.
Et oui, Mexico, nous voilà. Enfin, nous voilà sans un pesos en poche, sans téléphone à une heure de matin, décomposés par la fatigue après 36 heure de transit et de gros doutes concernant notre hébergement. Pour en rajouter une couche, nous avons deux vélos démontés et trop de bagages à porter à bout de bras, à bout de souffle. Nous dégotons un taxis prépayé qui nous mène tant bien que mal chez Guillaume, ami d'ami qui a accepter de nous héberger pour notre première nuit Mexicaine. Et forcement, nous le réveillons alors qu'il se lève à 5 heure. Mais une fois installés sur le tapis du salon, notre gène succombe au soulagement d'en avoir fini avec ce parcourt du combattant. Nous y sommes enfin.
Barth : J'ai fini par m'endormir… Mais le réveil, deux heures plus tard n'est pas très agréable. Un bon torticolis et les sinus desséchés par la climatisation de la cabine, c'est ainsi que commence la journée. L'aube illumine discrètement l'aile de notre avion, mais déjà c'est la descente, et une fois traversée la couche nuageuse, j'aperçois rapidement la campagne belge, si verte par rapport aux paysages africains. Quelques minutes plus tard, nous voilà installés dans l'aéroport, les yeux piquants du manque de sommeil, avalant amèrement un café au prix de quatre repas sénégalais… Six heures d'attente, le temps d'écrire le carnet de bord des derniers jours, d'avancer un peu sir le montage, et surtout d'observer avec un certain étonnement le défilé des voyageurs de tous horizons qui ont comme point commun d'avoir les moyens de pouvoir être présents ici. Nous en faisons partie bien sûr, mais notre quotidien des derniers mois était si loin de cette réalité que je ne sais plus trop à quel monde j'appartiens… Les deux sans doute…
Vers 10h, alors que je lutte contre le sommeil, on décide d'aller jeter un oeil à l'embarquement au cas où… Riche idée ! Apparemment nous ne pouvons pas embarquer pour Washington car nous n'avons pas de billet retour, et nous n'avons pas payé le formulaire « ESTA »… Bien, le service de sécurité belge est un peu désemparé devant nos projets de voyage à vélo, mais finalement, après deux bonnes heures d'angoisses, l'affaire semble être remontée jusqu'au oreilles du service immigration de Washington, et nous sommes autorisés à embarquer. Juste le temps de payer le fameux formulaire en dernière minute, et nous voilà assis dans le deuxième avion de notre longue traversée. Le vol dure longtemps, mais l'état comateux dans lequel je me trouve rend le temps compressible. Arrivés à Washington, il faut passer de nombreux contrôles, sans problème cette fois ci, récupérer nos bagages pour les redonner quelques mètres plus loin (l'occasion de voir que l'emballage de nos vélos à déjà été mis à rude épreuve…) et c'est déjà l'heure d'embarquer. Juste le temps de relever nos mails pour nous assurer de notre rendez-vous avec Guillaume, le frère de l'ami d'un ami qui peut nous héberger pas loin de l'aéroport pour notre atterrissage, et nous revoici assis dans un nouvel avion…
Le décollage est retardé d'une bonne heure pour des raisons de trafic sans doute, mais on est plus à ça près !.. Presque minuit quand nous touchons le sol mexicain après avoir aperçu l'étendue lumineuse de la plus grande ville du monde. Nous n'avons toujours pas pu prévenir Guillaume de notre retard… Formalités douanières, récupération des bagages, commande d'un taxi, transport laborieux des bagages jusqu'au taxi, emprunt de quelques pièces de monnaie au chauffeur pour téléphoner à nos hôtes endormis afin d'avoir l'adresse exacte, et enfin, vers une heure du matin nous débarquons chez Guillaume ! Après 36 heures de transit nous pouvons enfin nous allonger et dormir en attendant le lendemain pour réaliser que nous avons changé de continent…