Espagne
Distance parcourue : 745 kms
Durée : 32 jours
Date d'entrée : 2012-11-11
Date de sortie : 2012-12-12
Jour 43 - San Sebastian
Dimanche 11 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 043
Fanchic : La veille, la recherche d'un abris pour dormir nous a amené, fort tard, à gravir le Monte Igueldo qui domine la ville. Trop fatigué hier pour profiter du spectacle je découvre aux aurores la baie de San Sebastian. De notre perchoir je peux reconnaître le Fronton (terrain de jeu basque) ou nous avons voulu squatté. Mais le place était déjà prise par des jeunes qui s'abreuvaient (du thé verveine bien sûr). Bonne soirée d'ailleurs passé avec Nato, qui n'a manqué aucun superlatif pour nous qualifier. Fanch en a rajouté avec une impro de « beat box flûte », les gens applaudissent, Nato me demande de traduire à Fanch que lui et ses copines sont hypnotisés par la musique… Rien que ça! J'avoue il est bon le Fanch!
Il faut redescendre de notre perchoir, mes plaquettes de freins lâchent. Montée d'adrénaline, ça réveil instantanément et complètement, c'est bien mieux qu'une douche et qu'un café. C'est donc frais et dispo que j'arrive à l'auberge. Nous y rencontrons le volubile et malicieux Manolo, espagnol à l'accent italien! Son débit est très impressionnant, il parle vite, beaucoup et sans discontinuer. Ce qui me sauve c'est qu'il radote un peu. La première version est flou. A la seconde les nuances apparaissent. La troisième est limpide. A la quatrième je suis en mesure de terminer l'histoire!
Son parcours mérite d'être conté. Il a beaucoup travaillé en Italie. Il me dit qu'il avait alors beaucoup d'argent qui à peine arrivé repartait dans la consommation matériel. En 2004, alors qu'il se balade en vélo, il se fait cartonner par une voiture. Ça lui coûte deux ans de convalescence. La personne qui a causé l'accident lui paye un appartement dans sa ville natale de La Corogne. Depuis « parce que demain je peux mourir », il voyage à vélo l'été et travaille le strict, mais alors le strict minimum l'hiver. Il a gardé « el nécessario », l'essentiel, dans sa baraque comme sur son vélo. Il n'a ni frigo, ni internet, ni ordinateur ni machines diverses et variées. Mais l'appartement est confortable, il me montre des photos pour appuyer ses dires.Effectivement c'est joli, un vélo suspendu face au lit pour se rappeler qu'il peut partir quand il veut, une machine à laver à main à laquelle il veut adjoindre un pédalier… Du coup, il ne débourse par mois que 25 euros pour son logement (les charges de copropriété), pour la nourriture il s'en remet à la générosité des grandes surfaces… En regardant nos drapeaux breton, il me dit vouloir installer un drapeau de pirate sur son vélo. J'adhère avec enthousiasme, c'est tout à fait son style qui colle parfaitement avec sa devise « liberté, égalité, gratuité » (répétée au moins dix fois dans la soirée!). Ses tirades me font marrer, il me donne des conseils à voix basse pour faucher dans les magasins, pour me conter des anecdotes, toujours avec un grand sourire et une complicité naturelle. Parfois le ton devient grave, comme devant ce reportage télé où la guardia expulse manu militari des personnes de leur logement, il se retourne: « l'Espagne est un pays de cannibale…
Barth : Réveillés sous des trombes d'eau, je trouve refuge avec Anaïs dans le hall d'une école de surf voisine d'un bar, le temps de refaire mes sacoches. Ensuite, malgré les kilomètres qui séparent Anaïs de la Bretagne, elle m'emmène jusque San Sebastian, ce qui m'évite une cinquantaine de kilomètres de montagne sous la pluie et une révision mécanique de mon vélo qui n'a pas très bien encaissé les divers démontages dans le sable et l'eau de mer ces derniers jours… De nombreuses déviations sur la route à cause d'un gigantesque marathon nous font perdre un peu de temps. On finit par se garer dans un parking souterrain dans le centre de San Sebastian, et il faut alors nous dire au-revoir…
Changement de pays, de géographie, séparation… J'ai le coeur gros en ressortant seul à la surface. Je prends le temps de relever mes mails pour apprendre que mes accolytes m'attendent à l'auberge de jeunesse située à l'autre bout de la ville.
Je me trompe de rue pour rejoindre l'auberge ce qui me vaut une ascencion de deux kilomètres en poussant mon vélo pour aboutir sur un hôtel quatre étoiles qui surplombe la ville et la baie… La redescente fut plus rapide, et je finis donc par trouver l'auberge vers 15h sous le regard ébahi de Fanch et Fanchic qui ne pensaient pas me voir de si tôt - Merci Anaïs pour ce coup de baguette magique !
Retrouvailles, douche, lessive, soirée boulot sur l'ordinateur, fatigue…
Fanch : Réveillés sur les hauteurs de San Sebastian, nous descendons rapidement, le ventre vide mais bien décidés à se réserver 3 lits en auberge de jeunesse ou Barth nous rejoindra dans la deuxième moitié de journée. Une douche et un peu de repos s'impose sans oublier la traditionnelle mise a jour du carnet de bord.
A notre grande surprise, Barth arrive plus tôt que nous le pensions. Nous partageons nos mésaventures et discutons de la suite des événements. Pas grand chose de plus pour aujourd'hui excepté la rencontre de Manolo, un petit homme hyperactif d'une cinquantaine d'année qui déblatère un hispano-italien déraisonné. Sa devise: « Liberté, égalité, gratuité ». (Fanchic en parle très bien dans son article du jour)…
Jour 44 - San Sebastian
Lundi 12 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 044
Barth : Après une bonne nuit au sec dans le dortoir, le petit déjeuner se passe en compagnie de Manolo, un espagnol indigné qui vient d'Italie à vélo par le chemin de Saint Jacques. Ce petit homme bavard s'est fait renversé par une voiture il y a quelques années, et vit depuis comme si chaque jour était le dernier. Parmi le flot de paroles qu'il n'arrète pas de débiter, une formule revient souvent : « Liberté, fraternité, gratuité » suivie d'un éclat de rire !
Nous avons décidé de passer une seconde nuit à l'auberge. Je passe la journée à faire du montage vidéo pour rattraper un peu le retard accumulé depuis notre départ il y a plus d'un mois. Vous pouvez retrouver le montage de la fabrication des canstoves que nous avions fait chez Aurore et Julien… Pendant ce temps, Fanch et Fanchic font des courses et révisent un peu les vélos en prévision de la montagne qui nous attend… Le temps file vite devant l'ordi. Installé dans la salle principale de l'auberge j'ai un peu de mal à me concentrer au milieu des discussions incessantes de l'équipe de ménage. Plus tard dans la journée, je vois arriver au compte gouttes d'autres voyageurs, pélerins de St Jacques ou cyclistes tout comme nous. La soirée de boulot se termine après minuit malgré la fatigue.
Fanchic : Manolo me rattrape dès le petit dèj, dur dur. Pour ce qui me connaissent j'ai une mise en route matinale plutôt austère, quasi mutique même. Aujourd'hui, c'est direct le cerveau en ébulition pour déchiffrer la loghorré insatiable de Manolo.
J'arrive à m'éclipser pour faire provision de plaquettes de frein. Je suis assez fier de moi, car en 5 minutes elles sont installées. La suite de mon épopée mécanique sera moins glorieuse… Je passe 3 heures avec Fanch sur le nettoyage des chaînes et le réglage des dérailleurs. C'est fastidieux et notre stratégie n'est pas optimale. On commence par faire le pire puis on galère en tâtonnant pour retrouver le réglage d'origine.
Le soleil se couche, j'ai atteint mon seuil de tolérance mécanique. J'ai qu'une envie, shooté dans cette enfoiré de dérailleur. Mais l'essentiel est là, la mécanique ne fonctionne pas mieux, mais fonctionne encore…
Fanch : Journée travail. A l'ordre du jour :
- Il y a du montage vidéo à rattraper. 5 vidéos exactement dont 2 ont été montées, une bien entamée et 2 restent à travailler.
- Mise en page des 9 derniers articles.
- Réparation des vélos, nettoyage et graissage des chaînes, révision des freins et dérailleurs car demain quelques belles côtes sont en perspective.
- Tris et archivage des enregistrements sonores.
- Mise à jour de notre collection d'objets.
- Atelier d’électronique en vue de notre première installation sonore et lumineuse.
Nous ne manquons pas de travail… c'en est presque vertigineux. Nous commençons sérieusement à reconsidérer notre protocole de production. Il faut que nous prenions d'avantage en compte les contraintes liées au déplacement, à la météo, à l’énergie électrique sans oublier les facteurs temps et fatigue. Il est 1h30 quand nous nous couchons enfin, après une journée presque trop remplie.
Jour 45 - Deba
Mardi 13 novembre 2012 - 50 kms - Post n° 045
Fanchic : Que dire… C'est dur, mais c'est beau. Le corps souffre mais j'apprécie. Super, le masochisme me gagne!!! Le sadisme c'est pour quand ?
Barth : Je n'ai pas bien dormi du tout cette nuit, énervé par les longues heures d'ordinateur de la veille et je me sens presque plus fatigué qu'en me couchant… Pour commencer la reprise du pédalage, un petit col à presque 400 mètres qui me casse au bout de 2kms à peine. Le temps est radieux mais le soleil qui chauffe un peu dans les montées ne suffit pas à éviter le coup de froid dans les descentes. Il va falloir s'y faire, c'est la première fois qu'on fait de la montagne mais sûrement pas la dernière.. Fini le rythme de croisière à 20km/h sur du plat, place aux ascensions à 7 km/h et aux descentes qui frisent les 50 km/h avec les mains crispées sur les freins !
Au bout d'une vingtaine de kilomètres nous arrivons juste à temps à Zarautz pour faire quelques courses. S'ensuit un pique-nique devant la plage avec pour changer en spectacle : des surfeurs.. Je manque de m'endormir sur place mais il faut avancer encore. Le long de la corniche j'ai le temps de réchauffer mes pauvres muscles en admirant le paysage grandiose de la côte nord de l'Espagne. Mais bientôt un nouveau col interminable engloutira mes dernières forces. De nombreuses pauses permettent finalement d'abattre les 30 derniers kilomètres de la journée, dont une où nous nous laissons doubler avec Fanch par un attelage de bœufs tandis que Fanchic nous attend au sommet. Une dernière descente jusque Deba, et nous nous installons pour la nuit dans un terrain de pelote basque couvert. Le vent est glacé et ivre de fatigue je m'écroule au lit à 20h… Dure la reprise !
Fanch : Ce que nous appréhendions arrive enfin. Dès le départ, une colline se dresse devant nos mollets encore froids. Une côte de 8 km nargue notre petite condition physique. Mes membres inférieurs me brûlent, et mon cœur expulse violemment des litres et des litres de sang dans les veines de mes tempes. L'effort est intense pour un novice de mon espèce n'ayant pas assez dormi la nuit précédente. Je regarde Barth, son visage le trahi, ça coince, il n'est pas au plus haut de sa forme… mais cela ne empêchera pas d'atteindre le sommet, non sans satisfaction. D'ici, l’océan nous salue, les montagnes se moquent, et nous admirons cette nature qui vient de nous faire souffrir. Et puis il faut redescendre pour ensuite remonter et ainsi de suite… Les lacets zigzague entre terre et mer, le dépaysement s’accentue et malgré une douleur physique réellement présente, le plaisir est au rendez vous.
Jour 46 - Lekeitio
Mercredi 14 novembre 2012 - 25 kms - Post n° 046
Fanch : Fini de rire, les colines abattent le moral des troupes. Barth semble à bout de force. Nous venons de parcourir les 25 kilomètres nous séparant de Lekeitio avant de tomber sur la jetée du port comme trois mouches affaiblies par je ne sais quelle maladie. Le soleil est au rendez vous, nous reprenons quelques forces avec vue sur mer et montagne dans le dos, mais pourtant, le silence règne ce midi. Barth et Fanchic siestent. C'est à leur réveil, nos posterieurs posés sur une terrasse de bistrot que nous remettons en question l’itinéraire de ces prochains jours. Il est clair que nous n'avancerons plus aujourd'hui et quitte à avaler des bornes autant le faire en meilleure forme. Mais le temps presse car l'hiver approche et nous redoutons qu'il ne nous percute de plein fouet une fois engagés sur de bien plus hauts sommets. Demain nous quitterons donc la côte pour rejoindre Bilbao.
Fanchic : Paysage d'une rare beauté, sous un soleil qui semble enfin nous offrir ses faveurs plus de deux jours de suite. Mais la nuit a été dure, de multiples réveils dû à la proximité de la route. Le mal de tête s'installe, et comme j'ai la flemme de déballer mes sacoches pour prendre des dolipranes, il ne me quittera pas de la journée. A Lekeitio, je suis mort, carbonisé, fourbu. Je n'ai qu'une envie: DORMIR. La beauté du site me sauve d'un sommeil prématuré.
Barth : La nuit ne fut pas aussi reposante qu'attendu… Le froid et le bruit des voitures sur la route toute proche n'ont pas aidé. On reprend la route à 10h, toujours sous le soleil. Arrêt courses au bout de 7km. Ensuite une vingtaine de kilomètres dans la montagne pour s'échouer sur la digue de Lekeitio pour un rapide pique-nique. Épuisé, je m'endort une bonne heure, détendu par un soleil que nous n'avons pas connu depuis le départ… On dirait presque que c'est l'été ! Je me réveille en entendant Fanch et Fanchic discuter avec des promeneurs français. Vu l'heure et l'état de fatigue généralisé, décision est prise d'abandonner la route de l'abbaye de San Juan de Gaztelugatxe pour filer directement vers Bilbao et profiter du beau temps pour traverser ensuite la montagne qui nous sépare de Burgos. Moins pressés nous prenons un café au pub « Le Willows » qui se prolonge en session wifi. Nous logerons ce soir sous le parvis d'une église avec vue sur mer, et plus précisément sur la houle qui vient exploser contre une petite digue arrondie en contrebas. Il fait plus doux qu'hier et un bon plat de saucisses lentilles redonne le moral à toute la troupe. Reste à bien se reposer cette nuit pour les jours de montagne qui nous attendent.
Jour 47 - Route de Bilbao
Jeudi 15 novembre 2012 - 65 kms - Post n° 047
Fanchic : Quand j'annonce le parcours aux espagnols, la réponse spontanée est quasi invariable : « Jooooooooooooder ». Ma traduction personnelle donne un peu près « nom de dieu de bordel de merde! vous êtes tarés?!!!! ». Google traductor ne sera sans doute pas d'accord, mais à observer leur tête je dois avoir raison.
Barth : Enfin une vraie nuit de sommeil ! Je suis debout avant le lever du soleil et je me sens d'attaque pour les 60 kms jusque Bilbao ! Un premier col pour commencer suivi d'une longue descente jusque Gernica où nous prenons un café dans le centre ville avant d’enchaîner un second col pour nous retrouver aux portes de Bilbao sur une route en travaux et très fréquentée. Petite halte pique-nique dans un parc à l'air abandonné, où les aboiements intempestif d'un chien parano nous poussent à reprendre vite la route…
A Bilbao nous fonçons directement sur le musée Guggenheim pour un café en terrasse. Nous tombons alors sur une famille de français qui font un voyage en camping car d'un an avec leur deux enfants. Nous échangeons nos impressions respectives sur le voyage, tout heureux de parler français.
Une fois posés en terrasse, et grâce au réseau wifi qui couvre toute la ville nous contactons quelques couch-surfeurs dans l'espoir de trouver refuge en ville pour une ou deux nuits ! Contact est pris avec Javi qui attend que ses collocataires soient rentrés de la fac pour savoir si ils sont d'accord. La nuit est tombée et les alentours du Guggenheim se remplissent de monde… Réunions de jeunes mamans qui pouponnent, ribambelles d'enfants qui profitent des tobogans quand Fanch n'est pas en train de tester ses micros dessus, toute cette activité ne m'empêche pas de sentir le coup de barre arriver. On part donc faire un tour pour tuer le temps, occasion pour Fanch de tester les micros binoraux accrochés à son casque audio. Nous reconnectons l'ordinateur avec le peu de batterie qu'il nous reste, juste le temps de voir que notre couchsurfing est validé ! Quelques courses et nous voilà rendus chez Javi, Juan et Laura qui écarquillent un peu les yeux en voyant tout notre chargement. La montée des vélos dans l'escalier de l'immeuble jusqu'au petit balcon est épique.
Une fois douchés et nos affaires un peu rangées, nous faisons plus amples connaissances en espagnol et en anglais avec nos hôtes. Javi est originaire de Bilbao et a pas mal voyager, en particulier au Mexique. Il cherche en ce moment du travail… Juan entame une formation d'instituteur et Laura fait des études de médecine. Tous trois sont en collocation depuis la rentrée. Malgré l'énorme fatigue qui nous tient depuis que la nuit est tombée, nous passons une chouette soirée autour d'un plat de pâtes « carbognaisa » (viande hachée, oignons et crème fraiche)
Fanch : Après une nuit calme et reposante au son régulier des lames s'explosant sur la grande digue de Lekeitio, nous repartons l'esprit clair, direction Bilbao. Le temps anormalement doux nous bénis par sa clémence. Tous le monde va mieux et je me rends compte que le sommeil fait parti de ces petites choses essentielles à ne surtout pas négliger. Nos râles se dissipent peu à peu devant les montées qui se succèdent. J'accepte enfin le défi qui m'est lancé à chaque fois que se dessine au loin un nouvel obstacle pentu. De nouvelles sensations m'envahissent, peut-être à mettre sur le compte des endorphines. Ce soir, nous changeons de technique. Ce n'est pas que nous nous lassons des porches et préaux mais nous tentons autre chose comme si nous voulions changer notre parfum de glace favori. C'est sur le site couchsurfing.org que nous trouvons notre bonheur. Javi et ses 2 colocataires nous accueillent à bras ouverts… mais cette journée ponctuée d'exercices physiques a pompée toute mon énergie. Je croule sous le poids de la fatigue et laisse mes compagnons de route répondre au questions de nos hôtes.
Jour 48 - Bilbao
Vendredi 16 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 048
Barth : On se réveille un peu tard dans le petit salon de nos hôtes. Matinée d'organisation, connexion web, micro lessive… Après déjeuner, Fanch et Fanchic partent faire un tour en ville. Je reste à l'appartement pour avancer un peu sur le site et faire quelques mails. Vers 16h, nous partageons un thé avec Juan et Laura qui rentrent du boulot. Javi est sorti et la fin d'après-midi s'écoule dans une ambiance studieuse…
Fanch vient de faire l'aquisition d'une petite tablette numérique qui va lui permettre entre autres choses de rédiger directement ses écrits en version numérique comme je le fait avec mon iPod. Il y a encore pas mal de choses à caler sur le fonctionnement global de notre atelier, avec pour principale priorité de passer le moins de temps possible à gérer les différents contenus que vous pouvez voir sur le site et aussi de rendre ce processus le plus quotidien possible (ce qui m'evitera de longues journée d'ordinateur)
Mais pour le moment, il se passe une chose importante pour Geocyclab : pour la première fois depuis le départ et grâce au système formidable du « couch-surfing » nous sommes en immersion linguistique ! Nous passons la soirée en ville avec Javi, Juan et Laura, pour une tournée des bars en accéléré. Je sens que petit à petit, la compréhension de l'espagnol revient et que je commence à me faire comprendre. Le principal problème étant de ne pas mélanger anglais et espagnol dans une même conversation, ce qui a pour effet de faire planter mon système cérébral… Nous abandonnons Javi dans un bar de Bilbao pour finir la soirée en douceur avec Juan et Laura autour d'un thé.
Fanchic : Pour arriver à Bilbao c'est pas trop compliqué. Tu galère sur 10 km de montée puis tu descends pendant 30 km. Pour trouver un logement pour la nuit c'est tout aussi simple, tu t'inscris sur le site couch surfing à 18H et à 20H un mec te répond qu'il t’accueille. Ils sont trop forts nos hôtes, pas un chouille impressionnés par nos trois vélos qu'il faut monter au 1er étage (ils sont étudiés pour ça je présume car ils passent tous au centimètre près) et nos trois corps qu'il faut caser dans le minuscule salon. En bon touriste que je fais, je me balade dans la ville à pieds, prenant quelques photos sans aucun intérêt et passe trois plombes à retrouver mon chemin…
Fanch : Nous sommes chez Javis, Juan et Laura, dans leur appartement sur les hauteurs de Bilbao. Le programme de la journée s'annonce dense et comme à notre habitude, nous profitons du confort qui nous est offert pour charger les batteries de nos appareils de bord et pour se mettre au boulot. L'ordinateur est un allié précieux, il nous permet de centraliser nos données, de communiquer… mais je pense que nous avons sous estimés le nombre d'heures qui seront consacrées à ce petit écran. On l'utilise à tour de rôle en essayant de ne pas perdre de temps pour que le suivant puisse lui aussi, faire ses devoirs. Les urgences sont bien sûr prioritaires. Mais malgré tout nos efforts d'organisation, l'impression que les journées sont trop courtes ne s'estompe pas. Nous n'arrivons pas à mettre de coté l'atelier pour se payer de vrais pauses, je pense pourtant que nous en avons grand besoin. Je suis quand même sortis cette après-midi avec l'intention de me rendre au « Guggenheim Museum » mais j'ai finalement décidé d'écourter ma petite ballade urbaine pour me mettre au boulot. Et oui, tant que je n'aurais pas achevé ma besogne, je n'aurais pas l'esprit tranquille. Il nous est encore difficile de faire la part des choses, entres la route, le travail et les loisirs. Mais heureusement nos hôtes, soucieux de nous faire découvrir « Bilbao by night » parviennent relativement facilement à nous convaincre d'aller boire un verre dans le vieux centre de la ville. C'est une de nos premières sorties depuis le début du voyage, un petit retour à la sédentarisation.
Jour 49 - Areta
Samedi 17 novembre 2012 - 25 kms - Post n° 049
Fanchic : Sortie de Bilbao, pas jolie jolie, rocade et trafic dense, c'est une enfilade de zone industrielle et commerciale qu'il nous faut traverser pour nous enfoncer ensuite dans le pays Basque. Au détour d'un énième changement de direction, des basque nous invitent (que dis-je, nous ordonnent) de les rejoindre dans une sorte de bar. Ils sont une une vingtaine à festoyer gaiement en attendant LE match Atlhetic de Bilbao / Real de Madrid. On comprend pas grand chose mais en 2 minutes une table est dressée et le repas apporté!!! C'est une immersion complète en Euskaria, la communication est difficile, ils parlent Basque et pas castillan. Mais on s'en fout, on y arrive quand même en mélangeant les langues. J'apprends à dire « bonjour », « au revoir », « comment ça va? », « santé » les bases quoi. Et aussi que je m'appelle Patxi!
Après le festin, l'un d'eux nous accompagne pour nous montrer un endroit où dormir. Ce sera près d'un terrain de pelote (ça commence à faire cliché, n'est ce pas?). Pendant le repas ils nous ont collé des autocollants sur les vélos, l'un demande le retour des prisonniers politiques en Euskadi et l'autre dénonce les licenciements qui frappent l'usine de la ville (nous avions auparavant croisés les mecs qui bloquaient l'usine). Animo!
Barth : Le gros problème qui se pose quand nous dormons chez des gens est le décalage de notre rythme physiologique. Couché vers 2H du matin, je me suis levé du pied gauche et je sens que la journée va être difficile… Nous mettons un peu de temps à lever le camp et à faire nos adieux à Juan et Laura (Javi n'aura pas réussi à emmerger assez tôt). Nous avons passé deux nuits chez nos hôtes, mais au moment de se quitter j'ai l'impression qu'on se connait depuis des semaines. Cette première expérience de couchsurfing m'a totalement convaincu !
Pour sortir de Bilbao nous devons suivre une sorte d'autoroute sur une quinzaine de kilomètres traversant la zone industrielle qui s'étend en aval de la vallée. Ensuite arrivent les premières côtes qui causeront le blocage de mon dérailleur et une grosse baisse de mon moral… Une pause déjeuner s'impose mais je suis trop fatigué pour avaler quoi que ce soit. En discutant avec mes deux compères, je me rend compte que je n'arrive pas vraiment à souffler puisque dès que nous arrêtons de pédaler je me retrouve souvent à travailler sur l'ordinateur pour rattrapper le retard… Physiquement et moralement ça n'est pas durable. Nous poussons ensuite sur une dizaine de kilomètres jusque Areta où nous devons choisir entre un col de première catégorie, un détour de 20 kms environs pour rallier Burgos. Après nous être engagés par erreur sur l'autoroute, nous retournons dans la ville pour trouver un endroit où dormir et quelques indications sur notre trajet. A l'entrée d'un bar restaurant, une poignée de basques d'humeur plutôt joyeuse nous interpellent pour que nous nous arrêtions. Quelques minutes plus tard nous nous retrouvons attablés devant un plat de cassoulet, un gateau à la crème, un verre de vin, un café et un digestif local, le tout dans une ambiance d'arrière salle très chaleureuse. Une trentaine de personnes sont réunies là pour partager un bon repas, discuter des dernières actualités indépendantistes basques, militer pour la sauvegarde de leur emplois dans l'usine voisine et surtout en vue du match de foot qui a lieu le soir même. Mes quelques rudiments d'espagnol ne servent plus à rien, nous sommes au coeur de la culture basque espagnole et aucun de nos hôtes n'est en mesure de tenir une conversation en castillan. Peu importe, la générosité de cet accueil et quelques bribes d'anglais suffisent à nous sentir comme à la maison. Mais la nuit tombe bientôt. Un de nos hôtes nous escorte alors jusqu'à un terrain municipale où nous pourront planter les tentes. Un homme y fait courrir ses chevaux, aidé par ses chiens quand nous arrivons. « Dire qu'il y a des gens qui n'ont pas de toît dans ce pays, et vous vous avez trouvé la solution la plus simple ! » nous dit-il en guise de bienvenue. La simplicité et la gentillesse de ces rencontres de fin de journée apportent une réalité concrète aux similitudes que j'ai toujours entendu dire qu'il existait entre bretons et basques. Pour une fois nous n'aurons pas à faire à manger et nous pouvons nous coucher tôt !
Fanch : Au revoir Bilbao, j’espère avoir le plaisir un jour de me perdre à nouveau dans tes ruelles enluminées, plus sereinement, plus posément… Adios Juan, Laura et Javi, Couchsurfer de luxe, merci pour votre accueil et pour la petite leçon d'espagnole au bistrot, hier soir.
Nous reprenons la route du sud, direction Burgos. D'ici là, nous aurons quelques hauts cols à franchir mais pour l'instant, nous décidons de nous remettre doucement dans le rythme et d'avancer au pas. Il est 16h, déjà et nous sommes… pommés. Enfin pas vraiment, le problème est que notre route est obstruée par un obstacle de taille… Ordina, un col de première catégorie, une cote à 16% sur 14 kilomètres nous barre la route… de l'autre coté c'en est une autre, de seconde classe cette fois, mais qui risque d’être difficile à digérer si nous décidons de nous y frotter.
Nous tournons en rond dans le centre d'Areta espérant trouver une issus de secours. Fanchic va jeter un œil, au cas ou, à la gare qui n'en est pas vraiment une… nous l'attendons à proximité du bistrot du coin, quand le cuisiner, sourcilles baissés et regard insistant nous fait un geste de la main pour que nous rentrions à l’intérieur de son établissement… nous hésitons quelques secondes le temps d'évaluer les « risques » puis rentrons, incrédules mais curieux de découvrir ce qui nous y attends… Et c'est une vingtaine de personnes finissant de festoyer qui nous accueillent, le sourire aux lèvres. Une table est dressée en notre honneur… Du vin, du champagne nous sont proposés, un cassoulet de cotes de porc, boudin et chorizo tombe dans nos assiettes comme une manne tombe de du ciel. Incroyable.
Ici, on s'exprime en Basque, le cuisinier d'ailleurs, parle aussi bien espagnole que moi anglais mais nous arrivons malgré tout à nous faire comprendre. J'ai du mal à saisir la raison pour laquelle nous sommes assis ici, mais de toute façons, c'est exactement ce genre de situation qui fait que le voyage à si bon goût…
Jour 50 - Burgos
Dimanche 18 novembre 2012 - 20 kms - Post n° 050
Fanch : L'hypothèse de l'ascension d'un col n'est pas encore écartée mais nous allons quand même nous renseigner sur les tarifs et horaires de train dans le village voisin. La ligne pour Miranda Del Ebro n'accepte pas les vélos, mais par chance, nous tombons sur le chef de gare le plus attentionné d'Espagne qui en plus de nous offrir le café, va tout tenter pour convaincre le contrôleur de nous accepter à bord d'un de ses wagons. Échec. Alberto, notre chef de gare préféré peine à s'en remettre et se triture les méninges pour nous aider. Nous lui parlons des options qu'il nous restent mais il nous rétorque que l'escalade qui nous attends risque d'être vraiment douloureuse… Il fini par nous en dissuader pour de bon. Après quelques coups de téléphone il nous propose de retourner à Bilbao pour y prendre un bus qui nous mènera vers Burgos toute en sachant que seul 2 vélos sont tolérés dans les soutes. Nous n'avons pas d'autre choix que de jouer le jeux… retour à la case départ, en croisant les doigts pour que nos trois engins soient acceptés par la compagnie de bus. Ce coup ci, ça passe. Nous roulons vers Burgos, les vélos démonté et bien rangé dans leur soute, sous nos pied. Arrivé à destination, nous partons en quête dans lieu sympathique pour y passer la nuit. Il nous faudra tourner en rond une bonne heure avant de trouver la sortie de la ville et toujours pas de petit coin cosy en vu pour ce soir. Nous arrivons dans un village, il est 21h, toujours rien, pas même un arrêt de bus et la température ne fait que descendre (5°C environs) . Pendant que Barth garde un œil sur le matos, nous entrons dans un rade aux fenêtres embuées pour nous renseigner sur quelques éventuels m2 abrités. Et là, Rodrigo nous invite chez lui… sans rien nous demander… il fait un feu dans la cheminée nous montre les chambres et repart à sa partie de belote dans l'unique bar de Villariezo…
Barth : C'est la pluie qui me réveille une bonne heure avant le jour… Il faut tout replier rapidement sans prendre le temps de déjeuner pour aller à la gare voir s'il est possible de prendre un train jusque Miranda. Cette option nous évitera un col de première catégorie… Nous sommes pris en charge par le chef de gare qui nous déconseille fortement de passer par le col. Une première tentative pour embarquer dans le train pour Miranda se solde par un échec. Les vélos ne sont officiellement pas autorisés et le chef de train ne veut pas se mouiller au grand désespoir de notre ange gardien. On passe donc au plan B : retour à Bilbao en train pour y prendre un car qui devrait nous emmener jusqu'à Burgos directement… Après un changement nous voici donc munis de nos tickets pour le car de 16H, en espérant que le chauffeur ne fera pas de difficultés pour charger nos trois vélos, dont deux couchés… Nous avons quatre heures à tuer, le temps de manger un morceau et de recharger l'ordinateur dans un bistrot. Nous croisons par hasard un ami de Javi que nous avions vu au cours de la tournée des bars d'il y a deux jours !
Nous embarquons sans souci vers 16h dans un bus ultra moderne équipé de la wifi, télévision et radio..! Les premiers kilomètres nous font découvrir l'interminable ascension dans les nuages que nous aurions du avaler à vélo. Une fois sur le plateau, le soleil couchant perce les nuages et nous voyons apparaître d'un coup la cathédrale de Burgos à l'horizon. Le temps de décharger, remonter et rerégler les vélos, nous filons alors jusqu'au pied de la cathédrale avant de sortir de la ville pour la nuit. De nombreux passants engagent la conversation et nous avons un peu de mal à quitter les lumières de la ville. Une première tentative nous ramène à notre point de départ car nous avons failli nous embarquer sur l'autoroute ! Nous repartons donc visiter une zone commerciale sans fin à la lampe frontale, en vain… Il nous faudra pousser une dizaine de kilomètres plus loin, le ventre vide et dans une nuit glaciale, jusqu'au village de Vilariezo Après avoir fait le tour des environs dans l'espoir de trouver un porche abrité du vent qui nous éviterait d'avoir à monter nos tentes toujours trempées depuis le matin, Fanch et Fanchic tentent une dernière chance au seul bar du village. Ils en ressortent quelques minutes plus tard accompagnés d'un homme qui nous offre le gîte dans l'ancienne maison de ses parents ! Nous passons donc une soirée au coin du feu après un bon repas arrosé d'une demie bouteille de Rioja, avant de nous coucher dans de vrais lits chacun dans sa chambre ! L'hospitalité espagnole dans toute sa splendeur…
Fanchic : Tous les jours je crois que je l’espère un peu, surtout en fin de journée ou en cas de coup dur. Celui que j'attends c'est « l'homme qui tombe à pic » (ou la femme, si si elles peuvent aider parfois! Je rajoute cette assertion, on pourrait me traiter de machiste…). C'est le Saint-bernard du vélocipède égaré (et qui l'a bien cherché). Aujourd'hui il se matérialise deux fois face à nos petits corps tremblotants. Le premier c'est Alberto, chef de gare, incroyable de prévention. Il aurait détourné un train si il avait pu!
Rodrigo est le second. Ils nous sauvent d'une nuit qui nous aurait sans doute transformer en glaçon. Parce que dans le bar ou l'on tente notre dernier atout ils sont beaucoup à se demander ce que l'on fout dans le coin. Mais je crois que dès le début, au regard bienveillant qu'il pose sur nous, j'ai su que ce mec allait nous aider pour de bon. Pendant que ses camarades discutent des solutions qui s'offrent à nous, lui se contente de nous regarder. Et au bout d'un moment il clôt les débats, « allez les gars venez chez moi ». Dès le pas de sa porte franchie, son austérité du départ laisse place à une bonne humeur et une générosité « boulversifiante », et vas-y que je t'allume un feu, te sort une bouteille, te propose tout ce qui existe de nourriture dans la maison. Alors merci à toi et Elvira.
Je crois que je voyage aussi pour ça, pour vivre ces moments ou j'éprouve pleinement les principes de solidarité et de générosité. Ces moments reboostent.
Jour 51 - Avellanosa De Muno
Lundi 19 novembre 2012 - 50 kms - Post n° 051
Barth : Cette bonne nuit au sec nous aura requinqué ! Après avoir rapidement salué nos hôtes, nous reprenons la route vers le sud dans un paysage de collines givrées. Le ciel est pur mais le soleil n'est encore assez haut pour réchauffer l'atmosphère glacée. Ce sont les premiers signes de l'altitude que nous avons atteint grâce à l'autobus de la veille. Une trentaine de kilomètres s'enchaînent ainsi avec une seule pause pour déguster quelques amandes sur une petite plantation que nous croisons…
Depuis très jeune j'ai eu beaucoup d'occasions de pratiquer la marche à pied et après un mois et demi de voyage en vélo je commence à mesurer les différences qui caractérisent ces deux modes de locomotion. Je crois que ce à quoi j'ai le plus de mal à m'habituer, ce sont les variations de vitesse. A pied, que ce soit en côte ou en descente, le paysage défile quasiment toujours à la même allure alors qu'en vélo c'est une toute autre affaire ! Dans les descentes, il n'y a presque pas d'effort à fournir mais le temps passe trop vite pour avoir le temps d'admirer le panorama. Dans les montées au contraire, on a tout le temps de regarder mais souvent c'est le sommet de la côte qui bouche le paysage… La vie est injuste !..
Arrivés à Lerma pour midi nous nous réfugions dans un café pour une session de travail sur internet. Après un rapide pique-nique nous sortons de la ville sur une piste de terre toujours très vallonnée et avalons ainsi une quinzaine de kilomètres dans un paysage sauvage jusqu'à tomber sur une sorte de bergerie abandonnée que nous décidons d'occuper pour la nuit. Il reste encore quelques heures de jour et la température s'est un peu adoucie. Les conditions sont réunies pour un troisième haïku ! S'ensuit une bonne soupe pour se coucher le plus tôt possible en vue des kilomètres du lendemain…
Fanchic : Nous quittons notre logis de rêve aux aurores. J'ai encore le feu de cheminée imprimé sur la rétine, mais alors plus du tout la sensation de chaleur. Ça caille sévère dans la région. Nous sommes quand même à 800 mètres d'altitude.
Le paysage est tout en rondeur aujourd'hui. Nous serpentons entre les collines. Ce que je vois à perte de vue c'est une grande mosaïque de champs, un vitrail naturel. Les teintes, les tonalités de jaunes, de rouges sont accentuées par un soleil radieux. J'accompagne le tout de mélodies de Thierry Robin. Je suis bien…
Fanch : Même si les conditions climatiques sont parfois difficiles, l'Espagne m'offre ce que j'attends du voyage. Durant toute la préparation du projet, j'ai fantasmé de nombreuses situations, paysages et rencontres dont je me régale enfin. Mes cuisses s'adaptent à l'effort, je ne vois plus les kilomètres défiler, j'arrive enfin à saisir ma gourde située sous mon siège, tout en roulant, ce qui n'est donc plus un prétexte pour m’arrêter…
Nous sommes en ce moment sur un plateau culminant à quelques 800-1000 mètres d’altitude, les températures ont encore chuté depuis que nous avons quitté le littorale Basque mais cela ne perturbe pas notre admiration devant les courbes d'une horizon en permanent changement. Nous sommes, à quelques voitures prés, les seuls à emprunter cet itinéraire, au calme, attentifs à ce que racontent les collines. Les vautours dont je ne soupçonnais pas l’existence en ces lieux, planent au dessus de nos têtes, à l'heure d'une pause ou nous grignotons les amandes fraîchement cueillies par nos soins. De temps à autre le goudron se transforme en gravillons pour quelques kilomètres puis reprend sa forme initiale. Le soleil de neuf heure transforme le givre en mer de nuages qui glissent au loin dans la vallée. Il est le bienvenu ce soleil tant attendu.
Quatre murs de pierre, un sol de terre battue et un toit relativement hermétique, notre baraque du soir borde une route oubliée par la plupart des automobilistes depuis la mise en service de l'autoroute. Un coin idéal pour s'endormir…
Jour 52 - Fuentelcesped
Mardi 20 novembre 2012 - 70 kms - Post n° 052
Fanch : Le quotidien se ponctue de rituels s'affinant jour après jour. Le réveil sonne à 7 heure, Barth se lève généralement en premier avant de lancer un « Fanch, c'est l'heure ! ». nous plions nos affaires de couchage avant de lancer le thé et de manger notre bol de céréale sans oublier la clémentine du matin. Puis c'est au tour de Fanchic d’émerger pendant que nous fumons une clope devant les premières lueurs. On s'active pour ranger tout ce qui traîne, faire la vaisselle, s’habiller sportivement, vérifier que rien n'est oublié sur place, fermer puis arnacher nos sacoches. Entre 8h et 8h30, nous voilà tout trois chevauchant nos montures, prêts à prendre la route…
Je sens un que nous sommes en plein virage. Chacun d'entre nous a ses petites habitudes visant à libérer du temps pour que l'on puisse faire autre chose que pédaler, manger et dormir. Mais malgré tout, je me rends compte que le voyage demande beaucoup plus d’énergie que je ne l'imaginais… Et je reste encore insatisfait vis à vis de la production de Geocyclab… Affaire à suivre.
Barth : Pas de gel ce matin mais la nuit était froide tout de même, au point de m'empêcher de dormir les dernières heures. La campagne castillonne sous le soleil levant est un spectacle incroyable. Comme nous roulons plein sud le soleil je m'amuse à regarder sur ma droite mon ombre projetée et étirée sur les champs que nous longeons. J'ai la flemme de m'arrêter pour sortir une caméra, il y aura d'autres occasions… En fin de matinée nous descendons dans une vallée pleine de brume jusqu'à un petit village pour une pause café bienvenue. Une fois réchauffés et l'ordinateur un peu rechargé, nous reprenons la route pour Arando de Rueza où nous pourrons faire des courses et poque-niquer vers 15h après une cinquantaine de kilomètres… Le ciel s'est un peu chargé de nuages et il fait presque doux quand nous arrivons ensuite à Fuentelcesped dans l'espoir d'y trouver un abri pour la nuit et qui sait, peut-être une douche ! Après avoir sonné chez madame le maire, discuté avec un vieux monsieur qui nous parle de la deuxième république sans trop qu'on sache pourquoi, et visité les hauteurs du village, nous décampons bredouilles avant que la nuit ne tombe. Il nous faut atteindre les 70kms au compteur pour trouver un bout de champ pour planter les tentes. Un bon feu et un dîner copieux nous font un peu oublier la fatigue, mais pas pour longtemps…
Jour 53 - Route du lac de Mareduelo
Mercredi 21 novembre 2012 - 50 kms - Post n° 053
Fanch : Nous voilà à un peu plus de 1000 mètres d'altitude et le froid grignote peu à peu notre énergie. J'ai choper une petite crève qui va très certainement me gèner pour les jours à venir.
Il est 18 heure, nous sommes dans un café, attendant patiemment la nuit pour rejoindre discrètement la petite gare routière ou nous projetons de passer la nuit. C'est le moment ou le crépuscule vient frapper la bande de zinc du comptoirs inondant du même coup la salle principal du bar-hotêl-restaurant d'une lumière dorée. A l'entrée, dans une semi obscurité, les LEDs d'une machine à sous scintille pour attirer désespérément les joueurs qui ne se pousse pas au portillon, à croire que ça n'amuse plus personne. Un groupe de quelques marocains, assis autour d'une table, agitent bruyamment les dés dans un gobelet en plastique pour tuer le temps tandis qu'un vieux à moustache, absorbé par le feuilleton de 18H se diverti silencieusement devant l'écran plat situé sur un distributeur de friandise, au fond du bar. La jeune femme du comptoir attends sagement, les main derrière le dos, qu'un client lui commande un verre tout en observant du coin de l’œil, son collègue serveur discutant avec le vendeur de melon venu se réchauffer avec un « café con leche ». Chacun semble à sa place, nous assistons à la routine d'un bistrot de bord d'autoroute, tout simplement.
Notre casa du soir est un local clos. C'est un mixe entre une gare routière et un abris bus avec électricité et eau courante. C'est une aubaine car les 2 nuits précédentes n'ont pas été des plus reposantes et la journée de demain s'annonce sportive car nous devrons franchir le dernier col avant Madrid culminant à quelques 1400 mètres, le tout sur un route non goudronnée.
Plus tard dans la soirée, la Guardia passe et nous demande de quitter les lieux… Je n'y crois pas, je ne veux pas et nous avons vraiment besoin de repos… Fanchic sort ses meilleurs cartes… il emporte la partie et nous pouvons dormir en paix.
Barth : La journée commence par l'ascension d'un petit col qui surplombe un lac presque asséché. Nous quittons la province de Burgos pour celle de Segovia et l'état de la route s'en ressent directement, désormais il faut être à l'affût des nids de poules… Au bout d'une trentaine de kilomètres, le manque de sommeil me coupe les jambes et il faut une pause café et grignote pour me réchauffer et me redonner des forces pour les 15kms suivants. Nous arrivons un peu après midi à Bocaguillas. Sur les derniers kilomètres, nous apercevons le col que nous allons devoir emprunter le lendemain. La chaîne de montagne qui nous sépare de Madrid se noie dans les nuages et seule la petite percée où passe l'autoroute semble offrir un accès vers le sud. Pour être en forme demain il nous faut passer une bonne nuit. Nous avons donc repéré un abri au sec dans la station de bus, avec l'électricité et des sanitaires.. En espérant qu'on ne nous en chasse pas. En attendant que la nuit tombe et que les magasins rouvrent leurs portes, nous filons vers un des seuls cafés de la ville pour une session web, principalement pour anticiper notre possible séjour à Madrid (couchsurfing et contacts avec des Fablabs…). Nous sommes accueillis par une bande de Marocains qui tentent de vendre quelques fruits et tapis devant l'hotel restaurant qui jouxte l'autoroute. Apparemment il a neigé au Maroc il y a une semaine… Je vais sûrement devoir investir dans un duvet plus chaud quand nous serons à Madrid. Une fois la nuit tombée après un splendide couché de soleil sur l'autoroute, nous regagnons notre abri. L'espace est clos ce qui nous protège du froid, mais entièrement vitré ce qui ne nous permet pas de rester discret… Je profite des sanitaires pour prendre une douche froide au lavabo et nous avalons rapidement le dîner. Au moment de se coucher, nous avons un instant de doute avec la visite d'une patrouille de la Guardia Civil que Fanchic réussira à amadouer. Juste après, le débarquement d'un car nous empêche de fermer l’œil tout de suite (nous sommes tout de même dans la station de bus) mais avec les heures qui passent nous devrions pouvoir dormir tranquilles…
Fanchic : Aujourd'hui je retiens les affiches et banderoles que nous croisons constamment dans les villages. Elles demande le maintien des hôpitaux et offices d'urgence médicale en milieu rural. L'Espagne est en pleine période de coupe budgétaire, alors en plus des salaires c'est la santé qui trinque. Je regarde tristement ces banderoles, signe d'un temps ou les marchés ont raison de l'essentiel.
Jour 54 - Col de Somossiera
Jeudi 22 novembre 2012 - 55 kms - Post n° 054
Fanchic : Il y a des jours comme ça, où la galère se dispute à la beauté des lieux, car en ce bas monde tout n'est pas comme dit le poète, « luxe, calme et volupté »…
Depuis le lever du jour nous observons, fébriles et excités, les montagnes qui se dressent devant nous, telles une muraille. Deux heures de vélos pour se retrouver au pieds du col de Somossiera. Et là petit détail qui a son importance, nous ne pouvons passer sur l'autoroute qui semble être le seul trait d'union entre Burgos et Madrid. Alors, il faut choisir. A droite se dessine un petit chemin qui semble suivre l'autoroute. On s'y engage. Au fur et mesure de l'ascension le pourcentage augmente et le chemin se détériore. Nous poussons les vélos jusqu'à 1300 mètres d'altitude pour nous apercevoir que cette piste est la mauvaise, arghhhhhhhhhh!!!! Le point de vue à quand même son avantage. Il nous permet de distinguer une ancienne route qui serpente le long de l'autoroute, mais à sa gauche… Entre le bas de la montagne et cette fameuse route, mystère. Une forêt de pin nous cache un hypothétique chemin. De toute façon on a pas le choix, alors on redescend, passage de l'autre coté de l'autoroute et… cul de sac!!! Je vais explorer un peu plus haut et découvre un chemin qui mène à la fameuse route « yes we can ! ». Bon, reste plus qu'à monter. Je laisse mes deux compères et monte en solitaire jusqu'au col. Ce genre de montée donne l'impression de franchir un cap, la lenteur du déplacement intensifie le plaisir. Ou alors c'est juste que je suis content d'en avoir fini avec la montée… Je redescend en mode petit poucet, laissant des papiers pour Barth et Fanch à chaque intersection. Lorsqu'ils me retrouvent ils m'annoncent qu'il n'en n'ont pas vu un seul. Et ouais ils ont le GPS qui leur a (pour une fois) trouvé le chemin le plus court. Tant pis, le jeu de piste m'a fait plaisir. Chaque personne croisée me refait un parcours, « cool, ce bled dans deux km », personne suivante trois km plus loin à propos du même village « le bled, ben dans deux km »!!!
Ce soir c'est défaite, Fanch est malade, aucun endroit ou se poser. Cette journée, la plus physique depuis le départ, nous a vidée. On abandonne nos habits de routard pour passer une nuit à l'hôtel. On a cette chance, la sécurité financière de payer une nuitée en cas de coup dur.
Barth : La nuit s'est passée au calme et pendant que nous nous préparons, le soleil se lève sur un paysage gelé. Le ciel est lavé et déjà quelques vautours planent au dessus de la ville. Fanch est malade, un gros rhume, le franchissement du col s'annoncent donc physique…
Nous empruntons un chemin de terre qui longe l'autoroute jusqu'au pied de la montagne. C'est le plus direct mais nous n'arrêtons pas de descendre et monter dans les cailloux si bien qu'au bout de 15kms il nous faut faire une pause café pour reprendre des forces. Nous décidons de répartir les provisions pour que chacun puisse monter le col à son rythme, sans attraper froid en attendant les autres… Nous poursuivons donc sur le chemin de terre qui se transforme petit à petit en sentier de haute montagne. Après avoir poussé les vélos sur un bon kilomètres, nous allons jeter un oeil plus en avant pour nous retrouver en pleine montagne bien au-dessus de l'autoroute. De là nous pouvons voir l'ancienne route dont on nous avait parlé, de l'autre côté de la vallée ! Nous écourtons donc notre ballade en montagne pour faire demi-tour. La route n'est pas visible sur la première centaine de mètres, envahie par la végétation et entrecoupée de quelques torrents, mais nous arrivons finalement sur notre objectif : une vieille route abandonnée mais goudronnée ! Fanchic part devant, nous nous retrouverons de l'autre côté de la vallée à Buitrago de Lozoya où nous pensons passer la nuit. Je reste avec Fanch le temps de manger un peu avant d'attaquer l'ascension. Le soleil tape toujours autant mais un vent froid de face nous empêche de vraiment nous réchauffer. La montée du col est pénible du fait que nous avons dépensé beaucoup d'énergie lors de l'escapade en montagne du matin, mais nous arrivons finalement au sommet où un café nous réconforte ! Nous discutons avec Luis qui nous dit qu'il a vu Fanchic une demie-heure avant. Le soleil commence à baisser, il ne faut donc pas traîner. Grâce au GPS nous trouvons l'itinéraire le plus court pour rallier notre point de RDV, toujours en suivant l'ancienne route totalement déserte qui longe plus ou moins la 4 voies…
Avec 50 kms au compteur, nous retrouvons Fanchic à Buitrago qui nous attend depuis une heure en cherchant des contacts couchsurfing sur l'ordinateur. Après avoir tenter différentes pistes d'hébergement pour la nuit sans succès, l'état de fatigue de Fanch devient préoccupant avec le froid qui accompagne la nuit tombante. Nous nous réfugions dans un bistrot pour un brief d'urgence et finissons par opter, une fois n'est pas coutume, pour une nuit à l'hôtel le moins cher de la ville.
Le Madrid-Paris sera donc notre refuge pour la nuit. Une bonne douche chaude et un rapide repas et Fanch s'endort aussi sec. Pour ma part, je prends le temps de trier des photos sur l'ordinateur en jetant un oeil distrait sur le match de foot que Fanchic regarde à côté de moi. Grosse journée !!
Fanch : Une journée intense… ce fut pour l'instant l'étape la plus difficile à gérer physiquement comme si je n'avais plus de piles. Je suis vraiment, vraiment fatigué. J'ai la flemme d'écrire et pourtant…
Jour 55 - Bustarviejo
Vendredi 23 novembre 2012 - 35 kms - Post n° 055
Barth : Aujourd'hui c'est grasse matinée, dodo jusque 9h !! Petit dej et boulot sur l'ordi avant de quitter l'hotel à midi. On prend ensuite le temps de manger un sandwiche avant de reprendre la route direction Madrid. Nous sommes toujours en pleine montagne et les kilomètres défilent lentement… Lors d'une première pause, un cycliste très enthousiaste à la vue de nos drapeaux bretons nous conseille une route plus sûre entre deux « Joder » et autres « Puta madre » d'exclamation quand il apprend que nous faisons le tour du monde !
Et c'est reparti pour l'ascension. Mes jambes commencent à coincer au fur et à mesure que la température descend avec la fin de journée. Nous arrivons finalement à Bustarviejo, à plus de 1200 mètres d'altitude… Et il se trouve que c'est là qu'habite Luis que nous avons rencontré la veille au col de Somosierra. Nous avons son numéro de téléphone et après quelques essais nous finirons par le contacter. C'est Fanchic qui gère l'affaire en mode « J'irais dormir chez vous ». Rendez-vous est pris une heure plus tard dans un café où nous pouvons nous réchauffer un peu.
Comme prévu Luis nous retrouve accompagné de sa compagne Sarah dans le bistrot et après des retrouvailles chaleureuses il nous conduit dans sa petite maison où nous préparons à manger tout en discutant en espagnol et anglais. Luis est pompier et a un peu voyagé dans quelques coins du globe. En plus d'être vraiment adorable, il prend vraiment le temps de discuter avec nous en rigolant tout le temps ! Sarah nous rejoint pour le dîner avec du pain et des madeleines sous le bras ! Et pour clôturer le tout, Luis nous avoue sa dépendance au chocolat en nous présentant sa réserve personnelle pour mon plus grand bonheur ! Malgré la fatigue qui s'abat une fois le ventre plein, nous accompagnons nos hôtes à un concert organisé par une association de la ville. Une guitariste chanteuse et un batteur font chauffer la salle sur des airs latinos bien enjoués mais la fatigue et la raison finissent par reprendre le dessus… C'est un peu dur de ne pas pouvoir profiter plus d'une rencontre aussi formidable, mais il nous reste 70 kms à faire demain pour rejoindre Madrid, nous allons donc nous coucher, laissant Luis et Sarah profiter pleinement de la fête. En retraversant la ville vers minuit dans le froid, je ne peux m'empêcher de me dire que nous aurions put être là, sous un porche, à lutter contre le froid pour trouver le sommeil… Merci mille fois pour votre hospitalité Luis et Sarah !
Fanchic : Je pensais naïvement que le plus dur était passé, que nenni!!! La journée est placée sous le signe de la grimpette. Nous passons de vallée en vallée, avec à chaque fois l'espoir de voir enfin la route descendre vers Madrid. A 17h nous sommes encore à 1200 mètres d'altitude. Pas de logement même précaire à l'horizon, on tente le coup avec Luis rencontré la veille. Je parlais de l'homme qui tombe à pic, aujourd'hui on l'a carrément débusqué. « Allo, salut Luis. Il fait froid, on sait pas ou dormir… On peut venir chez toi? ». Je suis pas très fan de ce genre de méthode, trop direct pour moi. Pour autant je ne regrette pas un seul instant de l'avoir fait. La rencontre est géniale, Luis et Sarah se marre tout le temps. Je crois qu'on prend tous plaisir à se parler. Nous poussons le vice jusqu'à expliquer en « espanglais » des expressions de nos pays, comme « le fils du cordonnier est le plus mal chaussé », pas simple… Plus c'est ardu plus Luis se marre, c'est exactement le prof d'espagnol qu'il nous faudrait (loin de celle qui par le passé m’appelait « el bicho »).
Dans la soirée je me dis qu'il était improbable, 4 heures plus tôt, de se retrouver devant un concert de musique brésilienne, dans le village ou nous imaginions passé une nuit glaciale. Magie de la rencontre et de l'improvisation, j'en veux encore!
Fanch : Il m'aura fallu 12 heures au lit pour me remettre de la journée précedente, une bonne douche chaude hier soir et j'avoue même avoir profiter de la baignoire pour méditer ce matin. L'étape d'aujourd'hui commence donc en douceur, nous ne fuyons pas face aux avantages du petit hotel dans lequel nous avons établi notre campement. Ma crève s'installe traquillement, je ne pète pas la forme et fais mine d'être emballé par ce que nous prépare la montagne, mais en verité je serais bien resté au chaud 24 heures suplémentaires. Enfin bref.
C'est très simple, nous sommes à environs 1000 mètre d'altitude et nous rejoignons Madrid qui se trouve 400 mètres plus bas, logiquement c'est de la descente… c'est en tout cas ce que nous pensons. Les dix premiers kilomètres sont à notre avantage et nous perdons de l'altitude. Mais les 25 suivant nous montre la dur réalité de la montagne en vélo et nous poussent à 1200 mètre au dessus du niveau de la mer, à Bustarbiejo. Il fait froid et ce coup ci, c'est Barth qui rame, d'autant plus que nous ne savons pas vraiment ou dormir ce soir. J'appréhende une nuit dehors à cette altitude et avec des températures négatives car je ne veux pas me choper une pneumonie.
Mais, hier après midi, perchés sur le col de Somossiera (que je garderai en mémoire), nous avons croisé Luis avec qui nous avons échangés quelques mots. Il habite par ici et nous a proposé un hébergement si jamais nous y passions. Nous avons donc son numéro et c'est Fanchic qui l’appelle d'une cabine… pas de réponse… le moral chute. On discute des possibilités qu'il nous reste toute en épluchant une clémentine… On retente désespérément de le joindre… Il décroche et nous invite chez lui pour la nuit. Ouf…
Il nous met a l'aise très rapidement parlant de temps à autre un anglais approximatif pour que je puisse suivre la conversation. Sarah, son amie nous rejoint un peu plus tard, à l'heure du dîner. Blagues, rires et sourires sont au rendez vous, on parle de tout et de rien et l'ensemble des personnes présentes autour de cette table semble heureux d’être là, tout simplement. La soirée enchaîne avec un concert de musique brésilienne dans une petite salle associative du village. Un percussionniste et une chanteuse de talent nous ont offert un peu de soleil dans la nuit, un peu de chaleur pour nous aider à lutter contre le froid.
Jour 56 - Madrid
Samedi 24 novembre 2012 - 70 kms - Post n° 056
Barth : Tout le village est plongé dans une brume épaisse quand nous nous levons, peu de temps avant Luis. Dès le matin, sa bonne humeur et son incroyable enthousiasme nous font regretter de ne pas pouvoir prolonger plus le petit déjeuner. Les discussions reprennent tandis que nous rangeons nos affaires. C'est vraiment un immense plaisir de discuter avec Luis, il prend le temps de s'expliquer, de chercher à comprendre, toujours en rigolant, si bien qu'on en vient à aborder des sujets de conversations très pointus ! Mais nous devons reprendre la route…
Le temps de quelques photos souvenirs, d'échanger nos adresses et pour Luis d'essayer un de nos vélos couchés et nous faisons nos adieux à nos deux anges gardiens puisque Sarah s'est levée juste à temps pour nous saluer. Merci les amis pour cet accueil aussi chaleureux qu'inopiné !
Et c'est parti pour une vingtaine de kilomètres de montagne dans la brume jusque Soto del Real ! Plus de descentes que de montées contrairement à ce qui nous avait été annoncé, nous arrivons donc presque frais et dispos sur la place centrale de la ville, envahie ce samedi par de nombreux groupes de cyclistes qui rigolent bien en voyant nos montures surchargées. Petit café, confirmation de notre couchsurfing du soir à Madrid et nous reprenons la route… Ou plutôt l'autoroute pour vélos ! De Soto del Real, une piste cyclable longe la quatre voies et nous nous retrouvons à pédaler au milieu de centaines d'espagnols en solitaire ou peloton… Malgré quelques côtes, nous filons à vive allure et arrivons vite dans la banlieue de Madrid. Nous sommes descendu de 600m environ et les températures sont beaucoup plus douces sous le soleil ! S'en suit une traversée de la capitale pour rejoindre l'appartement de Gaëlle qui habite au sud de Madrid. La ville est presque déserte en ce milieu d'après-midi et seuls les feux et les 70kms que nous avons dans les pattes nous fatiguent un peu…
Gaëlle est camerounaise et espagnole et parle français ! Elle aura un petit moment de doute en découvrant tout notre bazar, mais nous commençons à avoir l'habitude, et les vélos trouverons une place bien imbriqués les uns dans les autres dans une des petites chambres de son appartement. Débarque alors Flemming, un autre couchsurfeur Danois qui vit actuellement à Barcelone, venu visiter Madrid pour quelques jours.
Nous mettons les pieds sous la table pour un fantastique dîner à base de salade de mangue, de lasagnes et de gâteaux pour le dessert ! Et la soirée se poursuit tard avec une conversation nourrie sur des sujets aussi variés qu'intéressant, pour le plus grand plaisir de notre hôte qui n'a pas souvent l'occasion de parler français.
Fanch : C'est a coup d’accolades fraternelles que nous quittons Sarah et Luis dans le brouillard matinal. Rencontre heureuse, séparation douloureuse.
Madrid est enfin à notre porté, nous y dormirons ce soir. Pédalant à vive allure, je prends doucement conscience de ce que nous avons accomplis pour l'instant, des kilomètres parcourus. Et j'en suis satisfait même si je sais pertinemment que notre aventure ne fait que commencer.
Trois mausolées de verre, béton et acier, érigés à la gloire d'un capitalisme aujourd'hui suffoquant, percent l'horizon, les buildings de Madrid nord nous indiquent la route suivre. Ils sont plantés au milieu d'un échangeur, entre deux rocades, ombrageant les terrains vagues, bidonvilles et baraques de fortunes situés à proximité. Le contraste est saisissant… c'est en suivant les indication du GPS que nous traversons une banlieue grise avant d'arriver au centre ville, cela nous permettra d'avoir un point de vue peut-être un plus global et tempéré sur l'ambiance général de l’agglomération.
Contactée via le site de couchsurfing.org, c'est Gaelle qui nous accueil chez elle, dans le quartier chinois de la ville espagnole. Flemming, un danois de passage par Madrid profite lui aussi de la générosité de notre hôte.
Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas, idem pour les rencontres et c'est toujours un plaisir de côtoyer et de découvrir de nouvelles personnalités.
Fanchic : La descente tant attendue. Elle arrive enfin, matinée de brouillard. Les sensations sont proche du jeu vidéo dans les lacets nous menant à Soto de Real. Une visibilité réduite à 20 mètres, de longues courbes silencieuses. Je retrouve presque des sensations de plongée, la vitesse en plus.
Soto de Real se transforme l'espace d'un samedi en une convention de cyclistes, ils grouillent dans les rues sur la place. Autant dire que nous devenons vite une attraction au milieu du peloton, encouragement, cris d'exclamation. Il n'en faut pas moins pour me griser.. Je suis en plein tour d'Espagne! Je colle au peloton en profitant de l'aspiration. La scène est parfois comique. Ils sont 20 devant, leur vélo de course rutilant et moi derrière qui tente de les suivre sur mon vélo crasseux, une canne a pêche en guise de porte drapeau. Il se retourne parfois sourire aux lèvres se demandant sans doute quand je vais lâcher prise. Comme je suis un peu « kéké », je m’accroche inondé de sueur. Je pousse même la comédie jusqu'à les doubler dans un effort intense. Je m'arrête deux kilomètres plus loin à la limite de l'asphixie, vidé fourbu, cassé…
L'arrivée à Madrid se fait dans un calme relatif. Peu de voitures, de longues avenues nous offrent leurs perspectives de feu rouges.
L'arrivée chez notre hôte, hum, comment dire… Lorsqu'elle voit les vélos devant sa porte, je devine dans son regard un mélange de panique et d'énervement, dans un mode « mais comment font-il du couch surfing avec des engins pareils! Et je fais comment pour les caser! ». Je suis pas super à l'aise me demandant si j'ai été suffisamment clair dans mon annonce. Le malaise se dissipe rapidement, la générosité et la curiosité de Gaëlle sont sans borne. Je pense que deux heures après on se sent chez nous. Les livres accumulés sur les étagères ont le don de m'apaiser, je me sens chez moi.
Jour 57 - Madrid
Dimanche 25 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 057
Fanch : Mon rhume se stabilise, j'ai bien dormis… Une grasse-matinée bien méritée et un copieux petit déjeuner nous ont remis d'aplombs pour une visite du centre et des principaux édifices de la capital. Nous nous sommes permis de prendre le temps de visiter Madrid avec Gaëlle (guide 3 étoiles), de faire les touristes, de ne pas trop penser au boulot, de marquer une pause de 24 heures…
Barth : Enfin une vraie grasse matinée ! Levés vers 11 heures et après un royal petit déjeuner, nous profitons un peu d'internet avant de sortir prendre l'air de Madrid. Nous pouvons rester quelques jours chez Gaëlle pour travailler, nous reposer et organiser la suite du voyage, alors ce dimanche, c'est congé !
Nous passons l'après-midi à visiter le centre de Madrid, guidés par Gaëlle. De retour à l'appartement, la soirée se déroule presque comme la veille, avec un bon dîner agrémenté de conversations sur l'état du monde, la place de la femme, la bretagne et tant d'autres choses…
Fanchic : Stop, une visite touristique, c'est bien la première! Déambulation bavarde dans les jardins madrilènes, le temps file au rythme de nos visites d'une place, d'un palais, d'une église. Il est bon parfois d'être touriste, surtout lorsque madame la guide délivre milles précisions historiques ou personnelles sur les sites rencontrées.
Gaëlle côtoie de par ses études un monde (social) auquel le commun des mortels n'a pas accès. Je parle de ces gens qui prennent leur café au « Ritz »! Bienvenue dans la cercle de la haute bourgeoisie madrilène. Ces gens cultivent un entre soi complet. Le rang importe plus que tout. Marx parlait de conscience de classe, eux l'ont et ritualisent toutes leurs rencontres et alliances pour éviter le mélange. L'opus dei cadre et délimite cette « nouvelle » aristocratie. Quand Gaêlle parle de ses camarades de classe, de leur réflexion, de leur attitudes je ne peux m'empêcher de penser qu'un certains nombre de baffes se perdent! Pour exemple, les jeunes filles savent parfaitement que leurs études supérieures ne seront qu'un faire valoir social, un moyen d'en imposer dans les dîners. Le but n'est pas de s'en servir, seulement de pouvoir le glisser dans la conversation. Ce qu'il faut atteindre c'est le mariage avec l'homme de son rang. Celui justement, que l'on rencontre au Ritz… Ensuite la vie c'est mère au foyer et parade dans les réceptions, vision d'un autre siècle… Et réflexion malheureusement encore moderne, « mais les pauvres ma chèèèèère, ils le sont parce qu'il ne travaillent pas assez ». Des baffes je vous dis!!!
Jour 58 - Madrid
Lundi 26 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 058
Barth : Journée boulot pour mettre à jour le site internet et finir le montage de la vidéo que nous avions tourné chez Ping à Nantes il y a un mois. Pendant ce temps Fanch et Fanchic vont faire quelques courses dans Madrid et le soir nous nous retrouvons avec Gaëlle pour un bon dîner (pour changer), suivi d'un film en français « Les amants du Flore »… Je me rends compte que ça fait bientôt deux mois que je n'ai pas regardé de film, sensation de redécouverte assez grisante !
Fanchic : Journée « farniente », un peu, visite, un peu, boulot, très peu, enfin pour moi qui globalement en glande le moins… mais discussions surtout dans notre éphémère cocon qu'est l'appartement de Gaêlle. Son, déjà, parcours de globe trotteuse (au gré des postes de ses parents), sont riches de réflexions et questionnement sur l'état du monde, les différences de culture. Du coup nous reprenons un rythme que nous ne connaissions plus, couché à trois heure pour un lever à 11H, de vrais feignasses!
Fanch : Midi, compte rendu et planification des jours et semaines à venir. La machine est en marche mais tousse encore un peu. La dernière semaine fut positive en ce qui concerne notre avancée territoire espagnole mais l'atelier mobile ne tourne pas encore comme nous l'aurions espérés, alors que ce ne sont pas les idées qui manques. Nous en venons une fois de plus à remettre en question notre rythme, notre organisation. Nous énumérons nos gênes puis les solutions susceptibles de débloquer les rouages de Geocyclab. A mon plus grand regret, nous décidons de parcourir les 600 kilomètres qui nous séparent de Grenade en autobus. L’Espagne commence à ronger notre budget, nous ne sommes pas particulièrement coordonnés avec notre planning et le froid gèle le résidu d’énergie rescapé d'une journée de vélo. Cette « tricherie » apparaît clairement comme la meilleure alternative qui s'offre à nous.
Jour 59 - Madrid
Mardi 27 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 059
Fanchic : Instant de grâce dans le métro madrilène, l'attente est anonyme et silencieuse. Sur le quai d'en face un homme s'assoit. Lui aussi s'emmerde alors il sort sa guitare, gratte doucement les cordes. Les regards convergent, curieux. Sa voix pleine de tristesse se gonfle, grave de flamenco. Le temps s'arrête, personne ne dit mot, on écoute, ensemble. Le bruit de la rame esquisse ses premiers accords métalliques. L'homme s'arrête, lève la tête. Il cueille de son regard fatigué l'ovation des spectateurs émus. L'arrivée des wagons referme le rideau, c'est fini, on repart.
Voilà, c'était juste beau, ce temps volé au quotidien morose…
Barth : On se lève tous un peu tard étant donné l'heure à laquelle nous avons fini de discuter la veille ! Sauf Gaëlle qui est repartie travailler dès 8h30. C'est le tour de Fanch de travailler sur l'ordi alors j'en profite poir faire un peu de courrier, et pour partir à la recherche d'un sac de couchage chaud en compagnie de Fanchic. Il fait froid aujourd'hui, et c'est presqu'un plaisir de se réfugier dans la chaleur odorante du métro… Je finirais par trouver mon bonheur après avoir arpenter une bonne partie de la ville, et que Fanchic soit parti de son côté pour voir un ami à lui. De retour à l'appart vers 20h je me retrouve les pieds sous la table devant un dîner préparé par Fanch ! Ensuite, il faut préparer nos affaires ce soir pour décoller à 7h demain…
Fanch : Étant seul en ces lieux, je profite de cette après midi grise et du calme de l'appartement de Gaëlle pour me perdre dans les méandres de l'informatique avec une session pure data/arduino en prévision d'une possible installation. Après un petit temps d'adaptation et une petite mise à jour cérébral, je reprends doucement mes marques. J'avais presque oublié l’excitation que peut provoquer la bidouille électro/numérique quand tout veut bien fonctionner. il ne restera plus que quelques ajustements à faire en fonction des lieux ou nous déciderons de passer à l'action. Demain, nous quitterons Madrid. Je retiendrai une fois encore la disponibilité et la gentillesse de notre hôte, de Gaëlle la Studieuse… Encore merci pour tout!
Jour 60 - Atarfe
Mercredi 28 novembre 2012 - 25 kms - Post n° 060
Barth : Après une très courte nuit et un réveil un peu forcé, nous nous retrouvons comme prévu à glisser dans les avenues de Madrid dans la fraicheur du matin. C'est l'aube, les lumières de la capitale espagnole sont encore allumées alors que l'horizon commence à se teinter de rose. C'est étrange de se retrouver sur nos montures après cette pause de trois jours !
Une heure plus tard nous nous rendormons dans le bus jusqu'au premier arrêt petit déjeuner vers 10h30. Il fait très beau mais tout le temps que nous roulons, le thermomètre du bus indique des températures qui nous donnent raison d'avoir choisi de faire cette avancée motorisée ! Les oliveraies s'étendent à perte de vue, d'abord sur un plateau et soudain la sierra Nevada à l'horizon dévoile ses premiers reliefs. En arrivant à Grenade le spectacle est impressionnant ! Nous avons fuit le froid en accélérant vers le sud mais c'est là que nous verrons notre première neige, étincellante sur les sommets qui surplombent la ville.
Il est presque 14h, nous devons vite sortir de la ville pour pouvoir camper. La visite de Grenade est partie remise et nous filons plein ouest pour rejoindre des amis de Fanchic le lendemain soir sans doute. Au bout de 25kms nous trouvons un petit bois un peu humide, jouxtant une rivière, qui fera l'affaire pour la nuit. Fanchic ne demande pas son reste et se couche tout de suite et je reste avec Fanch à boire une petite soupe au coin du feu. L'étape de demain devrait être dure, nous sommes au lit à 20h.
Fanch : Il est beaucoup trop tôt, 6 heure 10 exactement quand je m'extrais du lit. J'émerge difficilement, mais en découvrant les mines de Barth et de Fanchic… heu, c'est juste rassurant de voir que je ne suis pas le seul dans cet état.
C'est sur la route de Granada que je réalise à quel point l'après midi de travail et de recherche que je me suis offerte hier a relancée ma motivation. Mon cerveau est parcouru en long et en large de décharges de quelques nano-ampères, les idées fusent, le désir de créer s'intensifie, c'est un sentiment que je connais bien et que j'affectionne particulièrement.
Grenade, nous voilà… mais nous ne restons pas. Nous espérons rejoindre Iznajar d'ici demain, ou je l’espère nous pourrons mettre en œuvre notre première installation. Nous roulons vers l'ouest, dans notre dos une barrière de monts enneigés nous donne raison d'avoir osée prendre le bus. Je ne m'y attendais pas, le thermomètre de la gare routière affiche 5 degrés alors que le soleil est encore au zénith. Le ton est donné et on peut dire que l’Espagne nous montre avec sincérité ce qu'elle est vraiment. Mais heureusement, la neige c'est froid, mais c'est beau…
Fanchic : Nous nous éclipsons avant le jour. Gaëlle dort encore. Nous ne la réveillons pas comme elle nous l'avait demandée. Pas d'au revoir, mais les souvenirs d'une très belle rencontre resterons.
Je n'ai pas de remord à prendre ce bus, même si… Même si certains paysages entraperçus du haut de notre bus me fait dire que la balade y aurait été agréable. Arrivée en Andalousie, les cimes eneigées de la Sierra Nevada domine, majestueuse, la ville de Grenade.
Les trois heures de vélos me terrasse, la nuit fut courte et l'autobus pas spécialement reposant. J'enchaine montage de tente, installation dans mon duvet et dodo, sans passer par la case repas…
Jour 61 - A coté d'Iznajar
Jeudi 29 novembre 2012 - 80 kms - Post n° 061
Fanch : 2000 kilomètres au compteur. Nous progressons lentement mais sûrement, chaque tour de roue a son importance même si certains paraissent plus difficiles que d'autres. On avance. La montagne ne nous lâche pas et je repense au au pistes landaise sur lesquelles nous glissions sans même nous en rendre compte. Dans l'effort mon regard se perd dans les oliviers et mon esprit dans ses pensés. Les paysages disparaissent et seul le goudrons attire mon attention jusqu'au moment ou, les couleurs des collines, d'un coup réanimé par le soleil de 16h me ramènent à la réalité. Et là, Iznajar se dévoile au loin, la citée andalouse surplombe majestueusement le lac du même nom. Le spectacle est à couper le souffle même si mes yeux sont lamentablement plombés par la fatigue de ces dernières 80 bornes de montagne.
Quelques minutes plus tard, Barth explose littéralement sont dérailleur. Mais encore une fois, la chance nous sourit car la séquence se déroule à une petite centaine de mètres de notre point d'arrivée, un bistrot de bord de route derrière lequel se trouve un magasin de cycles… Au bistrot-satation service-épicerie, Barth et moi rencontrons Armelle, Greg et Cloé chez qui nous logerons pour les jours à venir. Ce sont des retrouvailles pour Fanchic car c'est ici qu'il a consacré un ans et demi au jeunes de l'association Ribinad.
Barth : Je ne regrette pas l'achat de mon nouveau duvet ! j'ai dormi sans interruption malgré le froid. La pleine lune se couche juste avant le lever du soleil et déjà les oiseaux chantent. La fraicheur humide du petit matin laisse vite place au soleil andalou, mais nous roulons face au vent qui est presque froid dans les descentes. Les kilomètres défilent toujours au beau milieu des oliviers, avec de part et d'autre de la route des montagnes qui nous obligent à suivre la vallée. Une petite pause café dans un bar où le patron est originaire d'Avignon et nous atteignons Loja à midi pour le déjeuner. Nous attendons que le pain cuise en sirôtant un coca. Ici nous avons du mal à tenir une conversation tant l'accent andalou s'avère incompréhensible… Les « s » n'existent pas et le débit de paroles prend le dessus sur l'articulation…
Après un pique-nique champêtre au bord d'un ruisseau où Fanchic manque quelques truites, nous renfourchons nos vélos. Nous sommes en terrain connu pour Fanchic, lorsqu'il travaillait ici les années précédentes, il a eu le temps de repérer tous les bon plans pour pêcher discrètement… Mais nous n'avons pas le temps de flaner, après avoir suivi la vallée toute la matinée, nous attaquons maintenant la montagne, avec des montées de 10kms ! Les pauses son rapides, il ne faut pas refroidir ! Je n'ai plus la force de sortir l'appareil photo au moment où nous découvrons Inznajar, notre objectif du jour, village perché sur une falaise qui surplombe un immense lac. À vol d'oiseau, nous sommes à une poignée de kilomètres, mais il nous faut contourner une vallée sur une bonne vingtaine de kilomètres de déscentes et de montées avant de pouvoir souffler vraiment. Une dernière pause à une station essence où nous rencontrons Armelle qui est venue au devant de nous, et c'est la dernière descente jusque Iznajar ! 80kms au compteur !
A 500 mètres du bar où nous devons retrouver Greg, Chloé et Armelle, les anciens collègues de Fanchic qui nous hébergeront, j'entends un bruit atroce provenant de ma roue arrière et je sens mon pédalier qui se bloque. Je viens d'achever mon dérailleur que je n'ai pas pris le temps de régler depuis Bilbao et qui je ne sais comment s'est retrouvé pris dans les rayons de ma roue… Je n'en crois pas mes yeux, il est complètement tordu et retourné ! Heureusement que cela nous arrive ici et pas en pleine montagne… Par miracle, il y a un magasin de vélos juste à côté de notre point de rendez-vous. J'y abandonne donc ma monture et prends le temps de souffler au chaud avec nos hôtes pour un apéro bienfaiteur !
Nous faisons ensuite les derniers 15kms de montée en voiture pour rejoindre la maison où nous allons passer les prochains jours. La soirée se prolonge un peu tard, autour d'un plat de pâtes ressourçant…
Fanchic : J'ai beaucoup de plaisir à approcher d'Iznajar. Les montagnes, les villes, deviennent peu à peu familière. A Loja, je retrouve un ruisseau à truite jadis pêché avec succès. Certain de ma victoire imminente, j'annonce la pêche de notre repas du soir. Effectivement, les truites sont là mais comment dire le lien ne s'établit pas. Elle me font la gueule, je suis parti trop longtemps, toute les mêmes!!! Mon ego encore endolori par leur manque de reconnaissance, je repars, vexé.
Première vue sur le lac d'Iznajar après une montée sans fin. Le soleil décline déjà, mais il brille encore sur la ville. Ca me fait quand même quelque chose de me retrouver ici…
Jour 62 - Iznajar
Vendredi 30 novembre 2012 - 0 kms - Post n° 062
Fanchic : Journée de farniente puis soirée Tapas, bar. C'est bon d'être ici, de revoir les amis. A tel point que je vais mettre deux jours à me remettre de la soirée… Ce qui justifie une pause d'écriture d'autant! A lundi…
Barth : Réveil en douceur après une bonne nuit dans un vrai lit ! Le temps d'emmerger et je redescend à Iznajar avec Fanchic et Greg pour confirmer la commande d'un nouveau dérailleur chez le garagiste et faire le plein de courses pour les jours à venir. Un rapide passage au bureau de l'association Mirinad où travaillent Chloë et Armelle me fera rencontrer Priscillia qui connait des cyclistes globetrotteurs rentrant tout juste d'un tour du monde selon le même itinéraire que nous. De retour à la maison, l'après-midi se passe au coin du feu entre lecture, écriture et internet. Chloë et Armelle sont au travail et Greg repart avec Fanch et Fanchic pour le début de soirée pendant que je reste faire une sieste.
Vers 20h, Fanchic revient me chercher en voiture pour une tournée des bars d'Iznajar qui se poursuivra jusqu'au petit matin. Série de tapas, parties de billards avec toute la bande des accompagnateurs de Ribinad… C'est amusant de passer une soirée au fin fond de l'Andalousie avec autant de Français, pour la plupart originaires du finistère ! En effet, Ribinad est une structure basée à Telgruc en Bretagne et qui gère deux lieux d'accueils en Andalousie pour des jeunes en difficulté qui viennent y vivre des séjours de rupture. Chaque jeune est suivi personnellement par un accompagnateur, ce qui explique le nombre de Français qui vivent à Iznajar.
Fanch : Journée boulot. Finalisation de installation. J'ai achevé un peu avant 18h ma troisième journée Pure Data. Je me dégage un peu de temps supplémentaire pour essayer de décortiquer les concepts de variable et de fonction étroitement liés a la programmation Arduino, concepts que je n'ai malheureusement pas encore totalement apprivoisés et qui me permettrons de coder la petite carte pour la mise en œuvre systèmes interactifs embarqués.
Hier nous fêtions raisonnablement nos 2000 bornes. Aujourd'hui ce sont nos deux mois de route que nous célébrons à coups de vin rouge et tapas (les premiers que nous avons l'honneur de déguster). Si j'ai bien compris, ici, manger ce mérite. Il faut boire un verre si l'on veut savourer la fine bouchée mais quand les besoins du ventre sont prioritaires à ceux du gosier cela peut s’avérer problématique. Barth et moi négocions afin de remplir nos panses sans trop nous enivrer car le sport des ces dernières semaines a considérablement diminué nos prédispositions à l’alcoolisme. Fanchic ne semble par avoir la même sensibilité et les présages d'une fiesta se confirment, je pressens que nous ne sommes pas couchés…
Jour 63 - Cortijo el Lanchar
Samedi 01 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 063
Fanch : La nuit précédente fut intense. Je me réveil tard mais en pleine forme. La journée sera marquée par la victoire de Barcelone sur Bilbao et par une excursion prise de son nocturne dans le bas village d'Iznajar.
Barth : Le soleil est déjà descendant quand la maisonnée se réveille… A une heure pareille je ne suis pas sûr qu'on puisse encore parler de grasse matinée, toujours est-il que la journée passe sans prévenir, à se reposer au coin du feu.
Fanch,Fanchic et Greg descendent en ville en fin d'après-midi. Promenade sonore pour le premier et match de foot au bistrot pour les deux autres. Je reste au chaud pour trier les dernières photos et regarder quelques plans vidéos tournés l'après-midi autour de la maison.
Le décallage provoqué par cette nuit quasiment blanche me grise un peu. C'est bon de passer une journée sans horaires, sans guetter la nuit qui tombe, sans devoir chercher un abri, sans lutter contre le froid… Une journée totalement off, de décrochage, avant d'enchainer la semaine bien remplie en rendez-vous, bricolages, visites, travail, qui nous attend !
Jour 64 - Cortijo el Lanchar
Dimanche 02 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 064
Barth : On se sent vraiment bien dans la grande maison de Chloé, Armelle et Greg, comme chez soi ! En me levant ce matin, je prends un petit café en ranimant le feu dans la cheminée et je vais ensuite prendre un bain de soleil sur la terrasse avec Fanch et Greg. L'hiver Andalou n'existe que la nuit si je comprends bien, le ciel bleu et la chaleur douce du soleil matinal me donnent l'impression d'être en plein été en Bretagne !
Après une scéance tondeuse pour Fanch que j'immortalise d'une série de photos, il est déjà l'heure de dejeuner. Je vais ensuite explorer les alentours de la maison avec Fanch en vue de réaliser une installation dans les jours prochains… Nous visitons ainsi un ruisseau et la piscine sans trouver ce que nous cherchons.
Je passe ensuite quelques temps à aider Greg dans sa migration windows vers linux. je n'ai jamais vu quelqu'un se convertir aussi rapidement ! Ce n'est pourtant pas la première fois que j'ai l'occasion d'expliquer ce qu'est Linux, dans la cadre ou non de Geocyclab… Merci Greg ! tu donnes du sens à notre quête du Libre !
La journée se termine tranquillement au coin du feu avec un bon dîner sans Chloé qui est partie travailler pour toute la semaine nous laissant sa partie de la maison.
Fanch : Je cherche, fouille sur le web avec une connexion qui laisse à désirer. Mon cortex cérébral me démange, je n'accepterai pas d'aller me coucher sans avoir résolu mon défi du jour. J'ai précédemment évoqué le sujet d'Arduino et j'ai décidé d'explorer un peu plus en profondeur le potentiel de ce petit circuit électronique. L'idée est de supprimer l'ordinateur de mes installation pour en simplifier la mise en œuvre et pour être d'avantage mobile et réactif devant un contexte ou une situation exploitable. Arduino comporte plusieurs entrées, il est possible d'y connecter une multitude de capteurs (pression atmosphérique, vibrations, lumière…) et plusieurs sorties actionneurs (moteurs, lumières, buzzers…). Le circuit comporte une puce programmable qui va exécuter des instructions. Il est alors possible de faire, par exemple, tourner un moteur plus ou moins vite en fonction de la luminosité ambiante, de la température ou encore du taux de CO2 présent dans l'air, tout dépend du capteur.
C'est donc gagné, j'ai enfin fait mon (vrais) premier programme qui me permet de contrôler l'intensité lumineuse de plusieurs leds en fonction de paramètres captés dans le monde réel. Objectif atteint, j'ai obtenu le droit d'aller me coucher.
Jour 65 - Marinaleda
Lundi 03 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 065
Barth : C'est lundi ! Retour au boulot ! Aujourd'hui Greg nous conduit à Marinaleda, village autonome de 2000 habitants environ, situé à une grosse heure de route de la maison. Vers 11h nous arrivons donc dans le seul café ouvert de l'endroit, pour une première prise de température. Les clients sont rares à cette heure, nous partons visiter un peu la ville. En remontant la rue principale jusqu'à la mairie, de nombreuses fresques illustrant l'utopie de Marinaleda ornent les murs. A la mairie nous demandons s'il serait possible de faire une petite interview de quelqu'un pour en savoir plus sur cette ville au destin si étrange… On nous fait sagement patienter pour voir ça directement avec le maire. Quelques instants plus tard nous lui serrons la main en toute simplicité, Greg lui explique notre requête et rendez-vous est pris après manger pour un entretien.
Nous retournons manger au bistrot qui s'est un peu rempli depuis le matin. Les locaux sont au comptoir et nous voyons arriver deux hommes qui réalisent un documentaire sur Marinaleda en tant qu'indépendants. Et quelques instant plus tard un photographe de Madrid qui travaille sur Marinaleda depuis juillet dernier ! Apparemment ce village unique au monde a l'habitude de recevoir toutes sortes de curieux, plus ou moins professionnels dont nous faisons partie. Il faut dire que nous avions tous trois entendu parler de cet endroit dans l'emission « Là-bas si j'y suis » de Daniel Mermet sur France Inter…
Il est déjà 15h, l'heure de notre rendez-vous avec le maire… Nous ne le reverrons pas, mais nous rabattons sur une des personnes qui assure l'accueil à la mairie. Tous le personnel de la mairie, y compris le maire qui est avant tout instituteur, travaillent à côté et assurent ce service municipal gratuitement. Nous comprenons donc bien le manque de disponibilité de monsieur le maire… Le soleil commence à baisser, il est temps de rentrer, et de passer une soirée au coin du feu à dérusher toutes ces images et sons de la journée.
Fanchic : Je me réveille de deux jours d'apathie, pour partir avec Greg à Marinaleda. Une ville unique en Espagne et peut-être dans le monde, une ville d'irréductibles rêveurs, ET qui fonctionne depuis près de 35 ans, à l'intérieur de notre système capitaliste. Tout un programme n'est ce pas?
Ce pueblo, j'en avais déjà entendu parler quand j'habitais ici. Mais étonnament ma première « rencontre » avec Marinaleda eu lieu lors d'une remontée en France avec un jeune de l'asso. A peine passé les Pyrénnées, j'allume le poste sur France Inter. Le jeune un peu réticent (j'euphémise) tente de résister à ma charge culturelle. Coup de bol, l'émission « Là bas si j'y suis » porte sur Marinaleda, bled situé à 50 km d'où nous étions partis. Fourbe comme je suis, j'use éhontément de l'argument pour éveiller la curiosité de l'ado et surtout me réserver une heure de conduite peinard… Impeccable, durant une heure nous écoutons l'émission quasi mutique. L'expérence décrite est tellement radicale qu'elle provoque ensuite le débat, bien plus enrichissant à mon sens que plusieurs heures d'éducation civique. Alors Marinaleda c'était pour moi un jeune qui découvre un peu stupéfait une manière de vivre ensemble différente, à mille lieu de l'univers dans lequel il baigne. C'est déjà pas mal…
Comme l'expérience m'intérresse, vous l'aurez compris! Je veux décrire un peu plus pécisément le fonctionnement du village. Pour cela je me réfère à quelques informations glanées lors de la journée et à l'émission citée plus haut.
Pour comprendre ce village un petit détour par le passé s'impose. En 1975 Franco meurt. La transition démocratique s'opère en quelques années. En 1979, dans le village de Marinaleda, environ 2000 habitants, les premières élections libres porte au conseil une équipe de syndicaliste. Il faut savoir que le village n'est pas peuplé de Hippy (il ne s'agit pas d'une expérience communautaire ou baba cool tendance fromage de chèvre et tissage de bonnet péruvien), mais de travailleurs agricoles. Pour eux la nécessité créé l'utopie et donc la lutte. Car dans le village la gestion des terres par l'unique propriétaire est calamiteuse (à cette époque en Espagne, et ça n'a guère changé, 98% des terres appartenaient à 2% de la population). Alors les personnes en âge de travailler émigraient pour le boulot. Leur revendication au départ elle est là, pouvoir travailler et vivre sur leur terre natale. Vous remarquerez la violence et le caractère irrationnel de la demande!
Il n'entrevoit qu'une solution, récupérer les terres et la gérer eux mêmes. Logique implacable et volonté stupéfiante pour des villageois qui lutteront pendant 15 ans pour exproprier Monsieur le Duc. Imaginez, 15 ans, c'est long lorsque le pouvoir tente de contrecarrer un expérience qui fait peur (du genre l'empire rouge contre attaque!!!), emprisonnement des leaders, menace sur les villageois, désinformations etc… Ce qui les amènent à chasser la guardia civil du village.
Pourtant ils y arrivent. Sans doute les autorités se sont dit qu'il vallait mieux lâcher, qu'au moins on n'entendrait plus parler d'eux et qu'ils finiraient bien par se casser la gueule les bouseux.
Ben au contraire « les bouseux » ils avancent et toujours de manière étonnante. Une fois les terres expropriées ils votent leur collectivisation. Elles sont bien de la commune et non des individus. Ils diversifient la culture et montent une usine de transformation des produits agricoles. Les produits sont vendus sur le marché classique et non sur des marchés de niche ou la charité est le moteur de la vente. Économiquement le modéle est viable, même sur le marché ultra concurrentiel de l'agroalimentaire. Parralèlement ils avancent dans le domaine sociale. Et oui, les bénéfices n'attérissent pas dans les poches des actionnaires ou des dirigeants, parce que les dirigeants c'est eux! Et détail qui a son importance, ils ont votés le salaire unique et égal quelque soit le poste occupé (49 euros par jour pour 6H30 de travail, bien au delà du smic espagnol)! Alors de l'argent il y en a (et pas dans les poches du patronat). Ils développent les infrastructures sociales, sportives (très beau stade « Ernesto Che Guevara »!). Ils investissent dans la construction des maisons, louées à 15 euros par mois. Pour exemple la crèche est à 2 euros par semaine. Politiquement ils créent de nombreuses assemblées qui sont autant de contres pouvoirs, par exemple l'assemblée des sans voix… Chaque décision, chaque investissement est votée en assemblée. Ils en réunissent entre 80 et 90 par an. Les élus ne percoivent aucunes indemnités pour leur mandat. Mandat qui peut être mis en jeu à chaque assemblée. Ah si petit clin d'oeil au contribuable ronchon et sceptique devant cet étalage d'investissement public, Marinaleda se paye le luxe de connaitre le taux d'imposition local le moins élevé d'Espagne…
Alors à tout les résignés qui expliquent à longueur de temps que rien n'est possible, que le marché, que la dette et que gnagnagna et gnagnagna… Ben si, ils y a d'autres solutions à inventer. Alors bien sûr il faut y mettre des bémols. Ca marche à Marinaleda parce que c'est petit et que la démocratie directe n'existe que dans ce cadre. Il faut aussi un investissement citoyen incroyable et un souci de la collectivité permanent. Ce qui nous ferait pas de mal à mon sens… Et puis il faut se résoudre à gagner le même salaire que son voisin, pas évident…
Et la crise la dedans, Marinaleda aussi est touchée. Parce que tout le monde ne travaille pas dans les champs et dans l'usine, que donc les ouvriers de la construction sont au chômage. Ils ont donc choisient de répartir le travail au maximum. Le taux de chômage à Marinaleda est de 10%, beaucoup me direz vous. Oui mais bien en dessous des 40% de chomage qui touche l'Andalousie. Dans ce contexte cette ville méconnue en Espagne commence à interroger. J'imagine que la scène insolite que nous vivons dans le bar/salle de réunion du village en est une preuve. A l'heure du repas, deux personnes rentrent dans la grande pièce. Deux journalistes qui réalisent un reportage depuis un an sur le pueblo. Diz minutes plus tard un photographe arrive. Il poursuit le même objectif. Dans le bar (à la gestion tournante entre les villageois) nous sommes peut-être douze, dont 7 venus pour parler du lieu…
Une dernière chose, à par les fresques peintent sur des murs, ce village est atrocement banal. Les maisons, les commerces, les habitants rien ne diffère d'un autre village andalou. Rien d'exotiquement révolutionnaire, nous sommes loin des clichés communautaires. Pour ceux qui veulent en savoir plus, en plus de l'émission de Daniel Mermet, un film existe que je ne connais pas mais dont les références sont disponibles sur le site de l'émission « là bas si j'y suis ».
Fanch : C'est d'apparence un village andalous comme un autre avec une école, une mairie, deux trois bistrots, un centre culturel relativement disproportionné par rapport au nombre d'habitant, mais sans plus. Les ombres des orangers ornant les trottoirs de l'avenue principal se projettent sur les façades blanche des masures alignées. Mais très vite, quelques détails révèlent la véritable identité des lieux. A commencer par La nomination des rues, allées et avenues qui dénotent de ce que l'on a l'habitude de lire ici, en Espagne. Avenue Liberté, Rue Ernesto Che Guevara… Puis, sur le portique du café devant lequel Greg éteint le moteur de sa veille AX est inscrit en majuscules de fer forgé: -MARINALEDA-UNA UTOPIA HACIA PAZ-OTRO MUNDO ES POSIBLE- Marinaleda, une utopie vers la paix, un autre monde est possible. Message apposé ici par le tenancier, non pas par pure excentricité mais parce que c'est la devise de la petite commune de Marinaleda. Plus loin, des fresques (outils de lutte qui rappellent étrangement celle que l'on trouve à Derry) de qualité pictural diverses ont été déposé sur un mur laissé à la porté du passant pour qu'il puisse y décharger, y partager -librement, semble-t-il- ses opinions. Une utopie vers la paix… et ça fait quasiment quarante ans que ça dur. Quarante années que d’étranges règles contraire à la déontologie du dogme capitaliste, sont appliquées pour le bien et le confort de tous. Le taux de chômage avoisine les 10% contre une moyenne de 40% dans le reste du pays, les salaires et loyers sont uniques et personne ici n'a l'air de s'en plaindre. Les habitants de Marinaleda ont élu leur maire en 1979 dans l'espoir d’établir, non pas une démocratie politique mais une démocratie économique et social qui semble-t-il, a porter ses fruits(qui à 18 ans,était le plus jeune élu d’Espagne). Une enclave autonome, unique au monde selon les dires d'un documentariste rencontré sur les lieux. Ce fut d’ailleurs l'un des sujet de là bas si j'y suis proposé par Daniel Mermet que je vous conseil d'écouter (ici) et qui vous en dira bien plus sur l'histoire passionnante et les principales caractéristiques de fonctionnement de Marinaleda. l'utopie est décris par les dictionnaires comme un idéal social ou politique qui ne tient pas compte de la réalité ou jugé irréalisable… Marinaleda aurais elle aussi changé le sens du mot utopie…?
Jour 66 - Iznajar
Mardi 04 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 066
Barth : J'ai du prendre un petit coup de froid hier, je me sens un peu mou au réveil… De plus le ciel bleu des derniers jours a laissé place à une purée de pois qui bouche tout l'horizon. Je reste donc au chaud le matin pour mettre à jour notre site internet - malgré la capricieuse connexion dont nous bénéficions et le délais de sécurité de 10 jours, on a réussi à raté une publication ce matin ce qui a le don de m'agacer ! Bref, il y a du boulot !
Quand Fanchic et Fanch reviennent d'un tour à Iznajar, il est l'heure de déjeuner. Fanchic prépare le repas pendant que Fanch emballe nos 65 objets du jour en vue d'un prochain rapatriement en France. Et nous prenons le café avec Greg pour commencer à préparer l'emmission radio que nous devons enregistrer le soir même.
« Aqui Estoy » est une émission que Greg a créé alors qu'il était encore accompagnateur pour Ribinad. Elle est diffusée chaque semaine sur la radio locale d'Iznajar, gérée par Rodrigue. À 16h30 nous retrouvons dans un café Armelle, Chloé et Aude, la jeune en séjour à Ribinad qu'elle accompagne, pour mettre en commun nos préparatifs. Il s'agit de simuler une interview spontanée en espagnol, alors que nous parlons tous français ! Les petites notes s'accumulent, l'ordre des interventions et des morceaux de musiques est calé, nous sommes prêt à enregistrer. Direction le studio où nous arrivons en une seule prise à remplir l'heure d'antenne qui nous est impartie. L'occasion de présenter Geocyclab à l'audimat d'Iznajar et aux internautes qui pourront télécharger l'emmission sur le site de Radio Iznajar : Aquí estoy Nº 37 (05-12-2012)
De retour à la maison, diner rapide sans Fanchic qui lutte contre une sinusite depuis le matin et a préféré se coucher directement. Je dégrossi un peu le montage des images de Marinaleda en attendant de passer à table. Et pour finir la journée, un grog et au lit ! Alors que dehors le vent s'est mis à souffler comme nous ne l'avions pas entendu depuis que nous sommes arrivés ! Dommage, c'est l'ingrédient qui nous manquait pour faire l'installation artistique que nous avions prévu… Trop tard, nous sommes trop fatigués ce soir…
Fanch : La journée d'aujourd'hui fut marqué par un passage par le petit studio de la radio d'Isnajar afin de subir un petit interrogatoire au sujet de Geocyclab, préparé avec soin par quelques accompagnateurs de Ribinad ( Chloé,Armelle et Greg) nos hôtes en l’occurrence et Aude une jeune actuellement en séjour de rupture à l'association. Ambiance décontractée même si, en ce qui me concerne, les quelques phrases espagnoles que j’eus a cité m'ont demandées une bonne dose de concentration. Pas de prise de tête, j'ai fait ce que j'ai pu, je serais certes, ridicule mais j'assume et je m'en fous.
Fanchic : Me vl'à attaqué par une saloperie de virus. Une sinusite en profite pour me transformer en collecteur de morve, délicieux… KO technique, je me résoud, l'âme en peine, à lâcher la plume. A la place, je léverai la tronconneuse. Comprend qui peut…
Jour 67 - Iznajar
Mercredi 05 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 067
Barth : Nous avons prévu de reprendre la route samedi matin. Il nous reste donc trois jours pour finir les montages en cours, faire une bonne lessive, re-fabriquer un réchaud, checker les vélos, remettre à jour le site et bien sûr profiter un peu de nos hôtes ! Aujourd'hui j'ai préparé une séquence vidéo de l'interview que nous avons fait à Marinaleda pour que Greg puisse la traduire. Je pourrais ensuite sous-titrer cette partie dans le montage.
En fin d'après-midi, nous descendons à Iznajar avec Fanch et Fanchic, pour récupérer mon vélo avec un dérailleur tout neuf ! Je me rends compte un peu tard que la roue arrière est légèrement voilée, je serais bon pour un peu de bricolage avant le départ !
Nous rejoignons ensuite Mathilde, Melina et Soufiane, trois accompagnateurs de Ribinad, pour un diner convivial ! Soufiane qui est d'origine marocaine nous donne quelques conseils pour la traversée de ce nouveau pays que nous attaquerons lundi prochain Inch Hallah !
Fanch : Fanchic armé d'une tronçonneuse coupe du bois quelque part derrière la maison de nos hôtes. Barth attend que Greg traduise l'interview de Marinaleda pour se mettre derrière son banc de montage vidéo. En ce qui me concerne, je passe du temps devant l'écran d'ordinateur pour faire un peu de programmation arduino. Ça avance, j'ai atteins quelques un de mes objectifs, me voilà ravis. Je me prépare à être réactif en essayant de configurer une boite à outils numérique polyvalente. L’apprentissage de la programmation se mêle au voyage… Ce soir nous sommes invités chez Mathilde, une amie de Fanchic. Nous rencontrons par la même occasion Melina et Sofian avec qui nous passerons une bonne partie de la soirée à discuter du Maroc tant attendu.
Jour 68 - Cortijo El Lanchar
Jeudi 06 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 068
Fanch : J'ai fais, sans m'en rendre compte, une grosse, très grosse connerie. Hier soir en rentrant de notre petite soirée, je me suis remis au boulot (toujours sur Arduino). Et là, à la suite d'une fausse manip, j'ai semble-il, gravement détraqué le système d'exploitation de l'ordinateur, évidemment, en essayant de réparer mon erreur, j'ai agavé le problème. Ma plus grosse connerie informatique… D'un coup plus rien, des messages d'erreurs s'affichent en blanc sur écran noir, je flippe et tourne en rond une bonne partie de la matinée. Le montage de Marinaleda est devenu impossible, l’accès au serveur local de notre site aussi, pour l'instant, nos données sont coincées à l’intérieur de la boite informatique et j'ai peur qu'on ne puisse plus les récupérer. Je culpabilise, forcément… En panique, je contacte Piero du collectif Linux Quimper qui répond rapidement à mon appel à l'aide. L'heure est grave, il me confirme l'ampleur des dégâts. Le système est bien endommagé. Et c'est parti pour 7 heures de lignes de code, la boule au ventre. Finalement, nos données sont sauvées mais le système est bel et bien endommagé et il va falloir patienter jusqu'à samedi, la prochaine Install Partie de Linux Quimper (les experts vont se réunir pour étudier notre cas) pour espérer résoudre la totalité du pépin. Nous devions partir samedi matin pour traverser le petit bout de méditerranée nous séparant de l’Afrique. Cette affaire va nous retarder et une re-plannification s'improvise en fin de soiré. Nous quitterons Iznajar lundi matin pour monter à bord du bateaux mardi soir. Je souhaite vivement et sincèrement remercier Piero et ses acolytes LinuxMasters pour leurs disponibilités ainsi que pour leur réactivité. Ce méandre de ce malencontreux épisode témoigne une fois de plus de la générosité des acteurs du « Libre ».
Fanchic : Journée funeste. L'ordinateur est hors service. Je me réveille, la seule vision des têtes décomposées de Fanch et Barth me laisse imaginer une sinistre nouvelle. L'ordinateur dans Geocyclab est un élément incontournable. Pour la tenue du site, la création artistique.
Comme je suis un peu extérieur aux projets « objets libres » et création, je peux me permettre de parler du caractère extrèmement ambitieux du projet. Pour cela je vais énumérer les contraintes de la partie vélo et celles que se sont fixées Fanch et Barth.
- Rouler 50 km par jour. Certains diront c'est peu. Mais d'une, c'est pas du vélo pépère. Il faut trainer 50 kilos de matériel. Et de deux, il faut manger, faire des courses, s'arrêter parfois dans un bar pour réchauffer nos corps frigorifiés. Tout cela prend du temps et ne nous permet quasiment jamais de se poser avant 16H.
- Trouver un lieu ou dormir. C'est pas forcément évident qand on ne va pas à l'hôtel. La recherche demande du temps, de l'organisation, beaucoup de discussions.
- Rédiger et mettre en page le carnet de bord. Trier les photos.
- C'est l'hiver… On serait partis un peu plus tôt… Mais c'est maintenant que l'on roule. Les organismes sont éprouvés. Les nuits parfois difficiles. Et surtout les jours sont courts.
- Trouver un objet du jour, l'intégrer sur le site.
- Répondre aux mails, rester en contact avec des proches.
- Réaliser des Haikus. C'est des prises de sons, plusieurs plans et un montage.
- Faire de la création, des « installations sonores ». La chose est pour l'instant passée à la trappe à la plus grande frustration de Barth et Fanch. Et pourtant, au départ le terrain technique était vierge, les outils pour le faire sont en train de voir le jour, car tout n'est que bidouille, expérimentations (l'ordinateur justement en a fait les frais).
- Réaliser des portraits des personnes ou des lieu rencontrés. Je le découvre mais c'est beaucoup de travail. C'est pas seulement une prise de son et d'image.
- Faire évoluer le site internet en permanence et donc trouver des connexions internets fréquemments. Au départ c'était même créer le site internet et le rendre fonctionnel pour le voyage.
- Rechercher des systèmes D, prendre le temps de discuter avec leurs « inventeurs », réaliser des plans.
- Découvrir les Fab Lab. Pour l'instant nous jouons de malchances et les villes dans lesquelles nous passons en sont dépourvues (pour exemple, il n'y en à pas à Madrid, mais 3 à Barcelone!) ou certaines contraintes nous empêchent d'y rester…
- Et puis ce qui n'est pas une contrainte, bien au contraire, mais qui prend du temps, discuter avec toutes les personnes qui viennent nous voir à chacune de nos pauses.
Au quotidien, les trois premiers points énoncés nous prennent pour l'instant 80% du temps, je vous laisse imaginer le challenge pour la réalisation de tout les autres…
Barth : Jeudi noir pour Geocyclab… La joie de Fanch hier soir lorsqu'il était enfin parvenu a installer les librairies Arduino qui nous serviront à faire différentes installations, s'est transformée ce matin en panique. L'ordinateur ne fonctionne quasiment plus, ses fonctions vitales sont atteintes (wifi, montage de disque, son…), je fais donc une croix sur la journée de montage que je prévoyais…
Nous lançons quelques bouteilles à la mer dans l'espoir d'un sauvetage - heureusement qu'il nous reste la tablette et l'iPod pour communiquer sur le web - et vers midi, Piero de Linux Quimper vole à notre secours !!! C'est lui qui avait réussi à débloquer notre wifi au tout début du voyage, merci Piero !
S'en suit une longue après-midi de tchat entre Fanch et Piero, et lignes de commandes après lignes de commandes, le diagnostic s'affine. Le système est bien abimé, il faut sauvegarder toutes les données sur notre disque externe…
Tout en gardant un oeil à cet étrange dépannage à distance, je profite de l'occasion pour faire un peu de courrier personnel et administratif, et pour ajouter à l'ambiance de folie de cette journée je m'écrase quelques doigts sous trois buches que j'amenais pour le feu de cheminée… Il y a des jours comme ça… Rien de grave mais ça fait trés mal sur le coup !
En fin de journée, petite réunion de crise pour reporter notre départ. Piero nous propose d'intervenir à distance sur l'ordi samedi, à l'occasion de l'install-party qu'organise Linux Quimper à Concarneau. Comme souvent, nous devons choisir entre prendre le temps de régler nos outils et nous dépêcher d'avancer… Décision est prise de reporter notre départ au lundi pour repartir avec un ordi en état de marche.
Jour 69 - Iznajar
Vendredi 07 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 069
Barth : Peut-être est-ce un peu par compassion pour notre ordinateur, en tout cas c'est officiel, j'ai la crève ! Depuis le début de semaine qu'elle me guette, il fallait bien que ça sorte. Je passe donc une journée au chaud à dormir et à réfléchir…
Un petit regain d'énergie en fin de journée me permettra de faire quelques mises à jour sur le site depuis ma mini-tablette pour que les publications continuent, et de mettre en ligne notre premier objet libre, avant de passer une bonne fin de soirée avec Greg et Armelle qui viennent de rentrer.
Au plus profond du brouillard dans lequel j'errais une grande partie de la journée, j'ai eu pour la première fois depuis le départ, l'impression de relire un peu le trajet parcouru à la mesure de ce qu'il nous reste à accomplir. Je me rends compte que nous sommes toujours en train de partir. Aux portes de l'Afrique, nous passons une semaine avec des français, dont une bonne part de bretons et profitons du confort d'une maison. Il va sans doute falloir remettre l'ordinateur à zéro, l'outil de travail central de notre atelier. Deux mois après le départ, j'ai toujours le sentiment d'être en rodage, en prise d'élan pour me lancer vraiment dans l'aventure. J'ai déjà séjourné trois ou quatre fois en Espagne, pas bien longtemps à chaque fois, mais assez pour ne plus avoir la totale sensation de découvrir. Et nous sommes toujours en Europe, les repères climatiques, économiques, culturels, ou sociaux sont sensiblement les mêmes… Je crois que même au Maroc, où j'ai fait deux voyages de trois semaines à dix ans d'écart, je me sentirais encore en terrain pas complètement inconnu…
C'est le temps et l'espace que je me donne pour finir de « partir » et entrer enfin pleinement dans le voyage et l'aventure Geocyclab. Trois ou quatre mois sur trois ans, ça me parait équilibré. Bien sûr, il y aura d'autres caps, comme la traversée des océans, le passage dans l'hémisphére sud, les chiffres ronds de kilomètres accumulés, mais je demande parfois si au retour il y aura aussi cette piste d'aterrissage de quelques mois… Mais nous n'en sommes pas là. Pour le moment, il nous faut prendre encore un peu le temps d'affiner nos protocoles, nos outils et les principes de notre nouveau mode de vie pour que l'atelier nomade tourne sans trop de heurts sur le reste du globe !
Fanch : Plutôt que de tourner en rond en attendant demain (le jour du dépannage informatique à distance), j'irais bien me balader… ah, non, il pleut… Aller! Je pars avec Fanchic au village pour nettoyer, régler et graisser les articulations de mon pauvre vélo qui n'a pas roulé depuis une semaine déjà… et qui ne demande que ça.
Jour 70 - Cortijo El Lanchar
Samedi 08 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 070
Barth : Difficile d'être très matinal après une nuit enrhumée. Heureusement les rayons du soleil sont accueillants et j'arrive à en profiter un peu le matin malgré les attaques de mouches et les aboiements incessants du roquet des voisins attaché à un arbre à quelques mètres de la maison…
Mais il faut agir vite ensuite ! Nous avons rendez-vous avec l'équipe de Linux Quimper à 14h pour le dépannage de notre ordi à distance. Fanch s'est occupé de préparer la clé USB bootable qui va nous permettre de connecter l'ordinateur au web avec un système plus lent mais fonctionnel.
Peu avant 14h, les choses se concrétisent. Fanchic est parti voir des amis pour la soirée, Greg et Armelle observe notre manège d'un air perplexe… Les fenêtres de tchat et de Terminal se multiplient sur l'ecran de l'ordinateur relié par un cable à la box de nos hôtes, elle-même connectée à la toile par l'opération d'un satellite et sans doute du saint esprit. Piero est en place à l'Install Party qui se tient à Concarneau et Fanch (encore un !) nous assiste depuis Rennes. Le plan d'attaque est rédigé, les instructions tombent, nous ne sommes pas trop de deux pour tenir la conversation à la fois avec nos dépanneurs et avec l'ordinateur en lignes de commandes… Jusqu'au moment où vers 16h30, euréka ! Le tunnel SSH est creusé entre les trois ordis et Fanch (Linux Quimper) tape les premières commandes directement sur notre écran sous notre regard émerveillé !
A partir de là nous devenons spectateurs… Les retours de commandes s'accumulent sur l'ecran, on sent que les choses avancent, bloquent, changent de cap… Les étapes se succèdent ainsi jusque 20h, heure du redémarrage de l'ordinateur ! Ça va beaucoup mieux ! Il reste encore quelques réglages à faire à la main, en particulier pour que les prochaines et éventuelles interventions de notre équipe d'intervention soient plus aisées. Nous pouvons alors décrocher et dîner avec Greg, Armelle et Chloé qui vient de rentrer du boulot. Grosse journée, un peu physique en ce qui me concerne mais avec l'impression d'avoir eu à faire à nos anges gardiens informatiques ! L'ordi fonctionne comme avant, l'aventure peut reprendre ! Encore merci et bravo à toute l'équipe de Linux Quimper !
Fanch : Les linuxiens ont pris le contrôle de notre ordinateur… Piero et JB sont à Concarneau, Fanch (encore un!) est à Rennes, et nous, toujours en Andalousie. Un étrange triangle parcouru d'octets voit le jour sous nos yeux de novices. Le terminal (c'est une console de commande-un écran noir et blanc pour faire tout un tas de trucs) est sous la tutelle de Fanch qui à présent dirige les opérations. Un enchaînement complexe de lettres, espaces, slash, tirets, et de ponctuations mystérieuses défile sous mon regard et forme une langue que je peine encore à déchiffrer. Au delà de l'aspect technique de la chose, il y a une équipe de personnes compétentes, disposées à démêler ce sac de nœud. Je ne peux pas serrer de mains mais je sais que derrière notre écran, il y a du monde qui s'active vivement. D'autant plus que Piero , Fanch et JB font preuve d'une patience d'enfer car nous ne pouvons communiquer que via une petite tablette tactile ce qui n'arrange rien (pas facile d'être réactif et de taper rapidement sur ces machins). La tension est encore vive et on touche du bois en espérant un Happy End… Entre temps, je reçois un mail de LibLab. Ça bouge à Quimper, je sens d'ici l'odeur des neurones qui chauffent et renifle que d'autres beaux projets sont en train de naître… tout cela me redonne la pèche que j'avais un peu perdu ces derniers jours.
Les heures défilent et l'écran de l'ordinateur reste toujours en activité. Derrière ça bosse dur, ici… on attend. La connexion de qualités médiocre rend cet exercice fastidieux mais aux alentour de 19H, nous devinont vaguement une petite lueur avant d’apercevoir enfin (vers 21h) le bout du tunnel… 22H, c'est bon, tout est rentré dans l'ordre. Ouf. L'équipe de Linux Quimper sort victorieux de cette bataille. Le système est sauvé, les données aussi, il faut croire que tout est rentré dans l'ordre. Merci mille fois à vous Piero, Fanch et JB de nous avoir enlevé cette (grosse) épine du pied et encore bravo!!!
Il reste encore notre ami Barth à réparer (grosse crêve) et nous serons à nouveau d'attaque…
Fanchic : Journée petite maison dans la prairie… Je fais du bois! Puis « voyage » avec Mathilde sur l'autre pôle de l'association pour retrouver d'autres amis.
Jour 71 - Guevas De San Marco
Dimanche 09 décembre 2012 - 0 kms - Post n° 071
Barth : C'est le dernier dimanche que nous passons en Europe. Fanchic est toujours avec ses amis et Fanch est parti tôt ce matin avec Chloé pour se balader. Pour ma part, j'ai besoin de sommeil et décide de rester au calme. Après une bonne grasse matinée, je m'installe sur la terrasse de la maison avec l'ordinateur pour travailler un petit peu et skyper… Ce bain de soleil me fait du bien mais je suis encore bien malade.
En fin de journée, nous nous retrouvons tous autour d'un boeuf bourguignon pour fêter notre dernière soirée ! On se couche un peu tard, le temps de faire les affaires et pour ma part de synchroniser en dernière minute notre site pour partir l'esprit tranquille…
Fanch : J'abandonne Barth qui dort encore pour accompagner Chloé à Cuevas de San Marco. Après la journée d'hier, j'ai besoin de décompresser. Laissant Chloé s’occuper de son jeune et fougueux cheval, j'entreprends une ballade dans les rues du village. Les habitants timides en ce milieu de matinée sortent peu à peu pour animer la place principale. J'assiste discrètement au réveil de Guevas de San Marco. Et les vieux observent l'étranger, le regard curieux, pour ne pas dire méfiant. Ne sachant pas vraiment de quelle façon réagir, je souris en lançant des « Hola » amicaux à tire la rigaud. En règle général, leur traits se détendent rapidement j'ai parfois même une réponse de leur part. J’essaie donc de me perdre un peu dans le village sans autres objectifs que de me connecter à la réalité du lieu. Je prends un café au comptoir, regarde du coin de l’œil une rediffusion du match de foot de la veille alors que je n'en ai absolument rien à foutre, c'est juste une manière pour me mettre dans le bain, pour ressentir autrement l'atmosphère embué d'un bistrot ou se mêlent les odeurs amers du café et des haleines alcoolisé du dimanche matin.
Cloé me rejoint vers 13h, nous mangeons trois tapas avant d'aller marcher sous les pins, au pied d'une parois rocheuse s'élevant au dessus du village.
Il fait noir à présent. Des plic touc ploc plouch tic envahissent l'espace acoustique de la silencieuse et profonde caverne. Seule les aboiements lointains des chiens andalous viennent parasiter le calme de la grotte. Je tente d'enregistrer le son des gouttes d'eau claquant sur leurs plaques de calcaire respective. Petite déception à la réécoute ce soir mais j'aurais vécu un bon moment dans cette Guebas (Grotte) de San Marcos.
Jour 72 - Antequera
Lundi 10 décembre 2012 - 40 kms - Post n° 072
Fanch : La reprise du voyage est synonyme d'adieux. Ils seront expéditifs mais sincères et c'est très bien comme ça. Un grand merci à nos hôtes pour leur hospitalité, pour les bonnes bouffes, pour les promenades, pour les explications, traductions etc… Merci à vous.
On attaque dur ce matin, Une belle côte de 15 kms me ramène à la réalité. Mais cela ne m’empêche pas d'être ravis de retrouver mon véhicule à propulsion humaine. Cette foutue crève ne laisse pas Barth en paix, mais il tient le rythme le gars! Et pour une journée de reprise, on s'en sort plutôt bien. Programme de la soiré: Bain de soleil couchant suivit d'un bivouac au milieux des oliviers sur une glaise rouge et visqueuse. Au menu: La classique mais non moins appréciée soupe de légume-nouilles chinoises. Heure du couché: 19h, extinction des feux à 20h30. Les bonnes vieilles habitudes reprennent.
Barth : Debouts à 7h30 ! Il ne faut rien oublier et ne pas louper la voiture de Greg qui descend à Iznajar pour 8h30… Après avoir dit au-revoir à Chloé qui a eu le courage de se lever malgré son jour de congé, nous remplissons à ras bord la voiture de Greg et rejoignons donc le bureau de Ribinad où nous attendent nos vélos. Nous patientons un peu en attendant que les portes s'ouvrent et retrouvons Armelle et quelques accompagnateurs que nous avons croisé dans la semaine… Je n'aurais pas dévoilé ma roue, juste re-réglé un peu le frein pour ne pas que ça touche, et c'est parti !
On commence par une très longue montée que j'aurais du mal à encaisser avec mes bronches encrassées et la pause de dix jours que nous venons de faire. Le temps est parfait pour rouler, pas de vent et un soleil un peu voilé, si bien que je retrouve assez vite le plaisir de pédaler au milieu des oliviers… Toujours !
Au bout d'une vingtaines de kilomètres, nous atteignons Villanueva de Algaidas pour une pause déjeuner attendue. Nous prenons le temps de boire un café avant de refaire une quinzaine de kilomètres… Nous sommes sur une sorte de plateau entre les montagnes, enfin un peu de plat !
Pour le bivouac de ce soir, nous avons le choix entre des oliviers ou des oliviers… Chacun le sien, on se croirait dans un camping ! Posés vers 16h, nous profitons un peu de la douceur des derniers rayons de soleil avant de dîner et de nous coucher tôt…
Fanchic : Je fais sobre mais sincère, grand grand merci à vous tous amis andalous et … On se retrouve en Guyane!!!
Jour 73 - Col du Torcal
Mardi 11 décembre 2012 - 45 kms - Post n° 073
Barth : Il a gelé cette nuit et le lever de soleil dans les oliviers fumants est tout simplement magnifique ! Nous mettons un peu de temps à nous arracher de la terre glaise collante de notre bivouac. Nous avons des semelles de plusieurs kilos à chaque pied, composées d'un mélange de glaise et de feuilles d'oliviers.
Une dizaine de kilomètres nous séparent d'Antequera, où nous ferons halte pour expédier les deux premiers mois d'objets du jour en France avant de passer la frontière marocaine. Quelques courses, un café rapide, je manque de peu de m'acheter une paire de Kroc's pour remplacer mes sandales en cuir qui ont rendu l'âme, et nous voilà repartis. Nous devons franchir le col d'El Torcal, dix kilomètres de montée en zigzag sous un soleil qui commence à cogner un peu ! C'est dur et je finirais les derniers kilomètres en poussant mon vélo vu qu'en pédalant j'atteins la vitesse de 5km/h en faisant des pauses tous les 500 mètres. En marchant, j'avance à 4,5km/h mais sans m'arrêter… Le choix est vite fait !
On fini par atteindre le sommet pour un pique-nique et un séchage des tentes efficace. Le paysage est grandiose, la brume de chaleur qui estompe les successions de montagnes nous empêche d'apercevoir la mer qui est pourtant toute proche, à une quarantaine de kilomètres…
La descente de six kilomètres jusque Villanueva de la conception est un pur régal ! Sensation de glisse dans un magnifique paysage, juste un peu court par rapport au temps que nous avons mis pour grimper…
Nous nous arrêtons dans un café pour une pause internet et arroser l'ascension du matin. Encore une petite quarantaine de kilomètres avant d'atteindre Malaga, si nous voulons attraper le bateau de 13h sans trop de panique, il va falloir avancer encore un peu malgré le soleil qui commence à tomber. Nous roulons donc 15kms sur une petite route sinueuse qui surplombe une vallée incroyablement encaissée et verdoyante jusqu'à ce que la nuit nous force à nous arrêter sur une plate-forme qui semble être là pour nous. Plantage de tentes, repas rapide et nous nous couchons pour cette dernière nuit espagnole avant de traverser la Mediterranée demain.
Fanch : Malgré la fatigue, le sommeil n'a pas été facile à trouver hier soir. J'avais en tête toutes sortes d'idées allant du détournement de lampes de poches au design de mobilier d'une maison fantasmée. La maison, c'est pour plus tard… les lampes, pour bientôt je l’espère. Mais ce soir je tenterai d'orienter mes pensées vers quelque chose de peut-être d'un peu plus urgent, du genre : comment se confectionner des chaufferettes de poche sans avoir à utiliser de micro onde ou alors, une combinaison qui rafraîchit le corps quand le rythme cardiaque s'accélère (autant dire, en monté) et qui le réchauffe au repos, en descente… ce serait sûrement d'avantage de circonstance… Je ne le ferai pas mais ceci étant dis, l'idée est lancée, avis au amateurs.
Ce matin, réveil froid et glaiseux. Nous faisons route vers Malaga. La montagne nous gâte, elle se dévoile de plus en plus radieuse mais ne nous épargne pas.
Fanchic : L'ascension du Torcal sous un soleil radieux, c'est beau mais c'est long… Le panorama retrouve une vertigineuse beauté. Quelques montagne à peine nous sépare de la méditerranée, que l'on devine plus qu'on ne la voit. L'Andalousie nous offre une vue plongeante sur ses vallées, vertes c'est pas souvent. La descente dans une vallée oubliée comble mes regards panoramiques.
Jour 74 - Route de Malaga
Mercredi 12 décembre 2012 - 40 kms - Post n° 074
Fanch : Adios Espana. Tu nous en auras fait bavé avec ton climat, ton relief. Tu me dis dans le creux de l'oreille que ce n'est rien à coté de ce qui nous attends juste là, de l'autre coté de ce que nous surnommons « la Grande Bleu ». Maintenant je te regarde depuis le pont de notre embarcation, tu t'éloignes peu à peu pour disparaître avec grâce dans une demi-brume. Alors, je te dis merci de t'être donnée à nous ces quelques semaines et d'avoir accepté de rentrer dans notre jeu. Merci aussi pour toutes ces rencontres fortuites, pour tes paysages surprenants, pour la douceur de tes oranges. Avec toi, c'est là d'où je viens qui s'efface à l'horizon, la Bretagne, ma famille, mes amis, ma culture, mes racines. Mon cœur travail (au sens propre comme au sens figuré) mais il grandit,il s'assouplit et mes pensées s'étirent de là bas jusqu'ici.
L'horizon est une ligne parfaitement rectiligne, devant, derrière, à gauche, à droite. Elle scinde le paysage en deux surfaces égales, deux monde de nature et de densité différente. Associés, le ciel et la mer ont le pouvoir d’hypnotiser le rêveur, je m'adonne à ce plaisir sans broncher, laissant mes yeux se perdre dans la lumière.
L'espace d'un moment, sur cette mer lisse et noir, je suis l'explorateur qui ne découvre rien et qui sombre avec une allégresse silencieuse au plus profond de ses pensées. Des lumières au loin. Elles approchent, nous laissant deviner les contours d'un nouveau voyage. Ce sont celles de Melilla, petite enclave espagnole, résidu d'un colonialisme déchu. Noël approchant,la ville suspend fièrement son identité chrétienne qui contraste avec la prière vaporeuse de l'imam projetée du haut d'un minaret situé de « l'autre coté ». Nous ne sommes pas encore sur le sol Marocain mais nous en sentons l'odeur.
Fanchic : Je pourrais presque m'imaginer sur un poste avancée d'une armée en campagne. « Que je serais un stratège que c'est ici que m'installerai! » Pour le coup je ne suis pas Jules César, juste un mec qui apprécie la position sur laquelle il petit-dèj. La rivière en contrebas enlace la falaise sur laquelle nous avons dormis. Forte heureusement je n'ai pas ponctué ma nuit d'une crise de somnambulisme dont je suis coutumier.
Les derniers kilomètres avant Malaga sont aussi jolis qu’escarpés. Le rythme est soutenu, bateau oblige. Celui que nous attendions déjà depuis quelques semaines nous attend sagement. J'ai un peu de mal à me figurer la fin de notre périple européen. Le Maroc souvent admiré et fantasmé depuis les falaises de Tarifa est à porté d'embarcadère.
Arrivée sur les côtes, seul quelques lumières dessinent des villes éparpillés (je suis loin d'imaginer le foisonnement). Nous rencontrons direct un français, François c'est pas une blague. Il revient d'un voyage en tricycle dans l'est marocain. Il a visiblement apprécié le voyage et nous délivre de petits tuyaux. Il nous dit que la difficulté réside surtout dans le fait de dormir en tente, tellement les propositions d'hébergement sont nombreux. Petite histoire sur François, il s'est mis au vélo couché lors d'un voyage en Amérique du sud sur la route empruntée par le Che. Il met une telle conviction dans le bref récit de voyage qu'il me donne pas mal d'idées, à suivre…
Un verre au bar, avant de trouver une plage excentrée. La nuit est douce, seul quelques tirs viennent troubler notre quiétude. Nous apprendrons le lendemain que les falaises qui nous surplombe sont un champs de tir de l'armée (il y avait bien quelques panneaux mais nous avions compris qu'il faisait parfois des feux d'artifices), et que des éboulements de roches sont fréquents…
Barth : Record battu ce matin ! Levés un peu avant sept heures nous sommes prêts à décoller une heure plus tard, avant même de voir le soleil. Et coup de chance, il n'a pas fait froid cette nuit et les tentes sont presque sêches ! Seul petit point noir, je tiens une migraine qui m'empêche de sauter de joie à l'idée de tracer les trente petits kilomètres qui nous séparent de Malaga…
A part deux ou trois grimpettes un peu sportives, nous descendons vers la mer en suivant cette vallée encaissée de la veille et arrivons dans le port de Malaga pour 11h. Ça nous laisse le temps de boire un café, d'avaler un cachet pour mon mal de crâne et de faire sêcher les tentes.
Vers midi l'embarquement à lieu. Malgré sa taille imposante, le Juan J. Sister transporte surtout des camions de marchandises et nous sommes tout au plus une quarantaine de passagers sur le pont. Un peu après 13h, le coup de corne de brume du bateau annonce le départ et nous découvrons la côte aux alentours de Malaga qui s'éloigne lentement sous un beau soleil. Adios España ! Au-revoir l'Europe ! Je sens d'un seul coup comme un immense soulagement, peut-être l'espoir de laisser une bonne fois pour toute l'hiver derrière nous?..
Après un casse-croûte, nous installons les chaises longues face au soleil pour une sieste digestive, ce qui nous fait rencontrer une dame de Melilla, notre destination, qui nous donne quelques indications sur notre arrivée… Le ciel s'est couvert et l'air frais du large nous pousse à nous abriter dans le pont couvert, amenagé comme un avion avec des rangées de sièges individuels servant de couchettes à tout le monde. Nous allons essayer de nous réveiller avant la nuit pour apercevoir les dauphins qui devraient rejoindre le bateau aux abords de la côte marocaine…
Quelques heures plus tard, nous changeons de squatte pour le restaurant où les prises de courant sont plus nombreuses. Quitte à patienter, autant en profiter pour recharger tous nos appareils ! Je pars avec Fanch faire une excursion haïku sur le bateau, nous nous faisons un peu remarquer ! Aprés un splendide coucher de soleil sans dauphins, c'est la nuit noire. Nous mangeons un morceau en regardant les lumières de Melilla qui se rapprochent à l'horizon. Nous nous sommes débarassé de nos derniers euros et il nous manque 20 centimes pour pouvoir acheter une bouteille d'eau… Aarrggl !… Plus qu'une petite heure à attendre pour étancher notre soif.
Ça y est nous foulons le sol africain ! Bon, pas vraiment encore puisque Melilla est une enclave espagnole, mais le nombre de marocains et d'algériens qui transitent ici nous font sentir que nous avons changé de monde. En sortant de l'ascenceur qui nous ramène au rez de chaussée de la station portuaire, nous rencontrons François (décidément…), un français d'une cinquantaine d'années qui revient tout juste d'une virée en tricycle couché en Espagne et au Maroc. La discussion s'engage passionnément et nous échangeons nos contacts et quelques bons plans. Un autre personnage vient prendre le relais, marocain vivant à Paris qui nous tient également le crachoir pendant un bon bout de temps !
Difficile de sortir de la station… Mais bon, la nuit est tombée depuis longtemps et nous ne sommes plus vraiment pressés… A tel point que nous allons boire un verre et acheter de l'eau avant de rejoindre l'extrémité d'une des plages de Melilla sur les conseils du serveur. La zone est soit disant dangeureuse du fait de tests de feux d'artifices, c'est du moins ce que nous pensons avoir compris en lisant le panneau en espagnol qui nous barre la route. Impeccable, nois ne serons donc pas dérangés par le voisinage ! Au moment de monter les tentes, quelques pétarades de l'autre côté de la falaise nous procurent un moment de doute, mais finalement pas plus de danger… Et je m'endors donc en songeant à la douche de plage toute proche qui m'attend pour demain matin !