Serbie (& Croatie)
Serbie :
Distance parcourue : 615 kms
Durée : 17 jours
Date d'entrée : 2015-07-03
Date de sortie : 2015-07-17
Croatie :
Distance parcourue : 135 kms
Durée : 2 jours
Date d'entrée : 2015-07-18
Date de sortie : 2015-07-19
Jour 920 - Arrivée à Belgrade
Dimanche 5 juillet 2015 - 75 kms - Post n° 581
Barth : En entrant en Serbie, nous venons de faire disparaître le décalage horaire avec la France ce qui a pour premier effet de faire se lever le soleil aux alentours de 4h30 du matin. Comme la météo est en train de tourner au plein soleil, il est de bon ton de se lever aux aurores et de pédaler au maximum tant que la fraicheur matinale ne s'est pas évaporée. Sentir la chaleur des premiers rayons solaires en admirant le paysage du Danube me renvoi en Asie, dans ce souvenir d'aubes tropicales qui annoncent la fournaise des heures suivantes. Nous avons ainsi pris l'habitude de décoller à l'heure où les abeilles partent au boulot…
Nous abordons à présent la partie la plus spectaculaire du Danube, les gorges de la porte de fer ! Après avoir eu le plaisir de saluer Marie, une quimpéroise pédalant vers la mer Noire, c'est parti pour quelques grimpettes et des paysages assez grandioses à la clé et sur une route plutôt calme en comparaison avec celle que nous apercevons côté roumain. Notre ami Tobias dont le rythme de pédalage est un peu plus intense que le notre, nous abandonne pour foncer en avant, et le jour suivant, après une longue série de petits tunnels nous voilà déjà sortis de la montagne. Ces derniers jours, le thermomètre n'en finit pas de grimper, au point qu'il devient difficile de pédaler aux heures les plus chaudes. Un bon prétexte pour déguster une bière en relançant les contacts sur internet en vue de notre arrivé à Belgrade…
Une dernière étape à Kovin où j'arrose d'une bouteille de vin blanc serbe mes 34 printemps révolus, et quelques coups de pédales nous ramène au bord du Danube qu'il suffit de traverser pour se retrouver au cœur de Belgrade. Nous filons directement à Bike Kitchen, un atelier ouvert de réparation de vélos où Nikola nous attend pour nous remettre les clés de l'appartement de Marija et Andreja, deux membres du collectifs qui viennent de partir pour une rando vélo. L'appart n'est pas disponible le soir même, on s'offre donc le luxe d'une petite nuit dans un hôtel du centre, avec comme à chaque fois d'émouvantes retrouvailles avec le concept de la douche chaude, avant de retrouver Tobias pour un dîner en ville.
Le lendemain, au moment de quitter notre hôtel, nous croisons trois jeunes migrants syriens en quête d'un endroit qui accepterait les sans-papiers pour une nuit… Au dire de la réceptionniste, la Serbie semble être un point de transit important pour ces réfugiés de plus en plus nombreux qui cherchent à rejoindre les pays les plus riches de l'Europe. Un peu plus loin, c'est Alexandar, un papi qui n'a pas la langue dans sa poche et à qui nous tenons le crachoir pendant une bonne demie-heure en écoutant ses souvenirs malicieux des sixties dans un anglais approximatif. L'ambiance de Belgrade est estivale, et malgré ses deux millions d'habitants la capitale Serbe paraît si calme en comparaison à nos souvenirs d'Istanbul ! Nous voilà donc avec un appartement pour quelques jours, le temps que Fanch et Roxana nous rattrapent… Avec deux chats, l'un noir, l'autre blanc, en guise de colocataires, qui font remonter de ma mémoire les mélodies savoureuses du chef d'oeuvre de Kusturica du même nom…
Jour 930 - Ciao Belgrade
Mercredi 15 juillet 2015 - 60 kms - Post n° 582
Fanch : Cher journal de bord. Tout d'abord, je m'excuse de t'avoir laissé en léthargie lors de ces derniers jours. J'avais pourtant beaucoup à dire mais je suis moi-même dans une phase de relâchement que je pense dû à l'accumulation de plusieurs facteurs: une chaleur étouffante, l'ambiance du Danube en période estival, le quotidien d'une ville européenne, toute propre et bien rangée, la formation quatuor qui chamboule une certaine rigueur, l'omniprésence du retour et toutes les questions qui vont avec… Mais me revoilà, pas spécialement motivé mais écrivant ces quelques lignes.
Nous terminons une belle étape qui nous mène à retrouver Barth et Sam dans l'appartement de Marija et Andreja que nous ne connaissons pas encore. Nos corps moites sur lesquels se sont accumulés la poussière des 300 derniers kilomètres se détendent enfin. La vague de chaleur qui ravage l'Europe nous pousse dans nos retranchements, sur la route nous avons survécu à la canicule mais dorénavant, nos gestes sont lents, lourds, mesuré, nous nous affalons comme des voiles un jour de calme tropical. Le Danube fut radieux mais ces trois derniers jours de route furent… Intensifs.
Ici, nous rencontrons à nouveau Busra, plasticienne et membre d'Atolye Istanbul. Elle vient à Belgrade présenter l'une de ses installations lumineuses (pour un aperçu de son travail, cliquer ici) à l'occasion de l'exposition « Formless: Fluid Reality in New Media Art » au Salon du Museum of Contemporary Art (Moca) situé au cœur de Belgrade. Nous avions auparavant envisagé la possibilité, si nous nous recroisions, de l'assister à mettre en espace son travail. Alors que Rox et Sam profitent des joies de la vie citadine, que j'essaie laborieusement de me mettre au boulot, Barth lui offre de son temps ainsi que l’œil de sa caméra. Le vernissage approche, Bursa me demande en urgence si je me sens capable de spécialiser la piste audio de sa projection vidéo, j'ai une journée devant moi mais c'est une tâche complexe qui ne s'improvise pas. Après avoir tenté le tout pour le tout, j'abandonne le défi une heure avant l'ouverture des portes. Le son sera finalement diffusé en stéréo mais le travail de notre amie sera cependant une réussite et enfin, on va pouvoir aller boire un coup pour faire retomber la pression.
Les jours qui suivent sont consacrés à la flânerie, nous prolongeons notre séjour dans la capitale serbe et chacun profite de ce temps pour se reposer. Sam a repris la route, on espère le recroiser prochainement. Je mets à jour quelques notes, mate Interstellar dont je viens de découvrir l'existence, quelques docus qui traîne sur le disque dur et fait pas mal de recherches sur le web. Puis je pense, je pense au voyage, au retour, je pense à autre chose, un peu trop peut-être puisque mes nuits s'en trouvent raccourcies. Et je n'arrive toujours pas à écrire.
Mercredi 15 juillet. Nous sommes sur le départ alors que Marija et Andreja rentrent -plus tôt que prévu- de leurs périple en vélo. Andreja a chuté à pleine vitesse, s'est abîmé la main et ne pouvait continuer ainsi. Nous sommes en quelque sortes chanceux de rencontrer nos hôtes jusqu'à présent mystérieux. Nous prenons le temps de partager un petit déjeuner, saupoudré de quelques fragments d'aventures. Le soleil suit sa route d'été, il est 9 heures et nous ne pouvons pas attendre davantage avant de prendre la route.